Blue est une jeune femme aux cheveux bleus, teints, et aux yeux de la même couleur. Elle est assez grande, et malgré un visage assez mature, elle fait plus jeune qu'elle ne l'est en réalité. Son visage oscille souvent entre une grande colère, un froid glacial, ou une curiosité enfantine. Son regard profond semble pouvoir sonder l'âme des personnes en face d'elle, même s'il n'en est rien. En classe, elle porte des vêtements stricts, mais dès qu'elle sort du pensionnat, elle enfile des vêtements moulants et révélateurs. Vue sa stature, il n'est pas bien difficile pour elle de se mettre en valeur, puisqu'elle peut s'avouer choyée par la nature. Sa peau parfaite, son teint clair et ses formes sont ce qui fait sa beauté. En fait, pour les irlandais, elle a un petit air exotique, en grosse partie à cause de son accent qu'elle a conservé, mais aussi à cause de son visage, qui adopte quelques traits de son pays natal. Elle aime porter des couleurs sombres. Autour d’elle on pourrait presque voir une aura noire se dessiner lorsqu’elle est en colère, ou sentir un froid glacial souffler lorsqu’elle est ennuyée par quelque chose.
Assez sévère, elle est dure d'approche pour tous ceux qui ne la connaissent pas. Effectivement, elle se met facilement en colère et se montre très prétentieuse et dédaigneuse. Elle utilise toujours le sarcasme et l'ironie, ce qui vexe son entourage. Elle se fiche complètement d'avoir ou non des amis, tant qu'elle continue de correspondre avec son amie d'enfance, Leyah. Dans son temps libre, elle aime aller boire dans les bars pour se trouver un partenaire d'une nuit. Elle ne croit pas à l'âme soeur, ni au coup de foudre, et pense que l'amour est une vraie perte de temps. Elle aime la littérature et se concentre activement sur ses études sur les nano-robots.
Niveau caractère, elle peut sembler dure à cerner à cause de plusieurs choses. Par exemple, elle donne l'impression de détester les personnes trop gentilles, alors qu'en réalité, ce qui la met en colère, c'est de voir des gens oser abuser de la gentillesse d'autrui. Aussi, elle semble mépriser profondément les élèves tire-au-flanc et sans objectifs fixes dans la vie, mais elle ne fait que s'inquiéter pour leur avenir. Bien sûr, elle ne le montrerait pour rien au monde, plutôt mourir ! Mais son petit secret, le pire, est qu'elle ne peut pas supporter de voir ses élèves se faire intimider. Si elle est témoin d'une scène pareille, le monstre se déchaîne et elle est prise d'une furieuse envie de tuer ces impertinents. Elle ne le fait pas, évidemment, mais attention à ne pas la déranger dans ces moments-là, tout comme après qu’elle ait passé toute une nuit à travailler. Le manque de sommeil est son pire ennemi et il la rend encore plus désagréable qu’à l’accoutumée. Une fois le monstre apprivoisé, Blue s’avère être très protectrice et toujours de bon conseil. Même si elle est assez rude dans sa façon de parler. Elle ne s'intéresse pas vraiment au fait de se faire des amis, mais si les autres font les premiers pas et qu'elle s'entend bien avec quelqu'un, elle s'y attachera plutôt facilement. D'une nature cachée assez mère-poule, elle prend soin de ses amis, à sa façon. Elle peut facilement être appâtée avec de la mousse au chocolat ou un feu de cheminé. Lorsqu’elle découvre quelque chose de nouveau, on dirait une enfant, mais attention à ne pas le lui dire, sous peine de recevoir le coup le plus violent de toute votre vie. En somme, elle est une personne complexe, mais franchement prévisible.

Blue est née au Canada dans une ville entre Québec et Rimouski. Ayant été élevée près du fleuve, elle a passé les premières années de sa vie dans un kayak, à évoluer près des baleines et des différents animaux marins. On aurait pu croire que ces premières expériences de vie l’aurait conduite sur une voix sportive et d’active défenseuse de la nature, mais il n’en est rien. Dès que cette petite tête de mule a eu l’âge de prendre des décisions par elle-même, elle a arrêté le kayak malgré la pression familiale. Non, mais passer des heures à pagayer pour voir le dos d’une baleine ? Ça passe si tu le fais une ou deux fois, mais après l’avoir fait toute ta jeunesse durant, ça commence à aller à un moment. En plus, Blue n’est pas le genre de personne à sortir dehors courir un marathon alors qu’il fait -10. Les sports de combats l’ont immédiatement plus attiré et ses parents ont fini par accepter de l’inscrire. C’est grâce à eux, indirectement, qu’elle a pu atteindre le niveau le plus haut dans beaucoup de sports et qu’elle est aujourd’hui assez expérimentée pour se défendre. Bien sûr, elle n’était pas une pratiquante particulièrement active, alors elle se contentait de suivre les cours et de se garder une bonne condition physique pour accéder aux niveaux supérieurs. Une fois qu’elle atteignait un palier acceptable, pas nécessairement le plus élevé, mais une fois qu’elle était capable de gagner des affrontements, elle abandonnait ses pratiques actuelles pour se diriger vers une nouvelle forme de combat. Assez volatile, comme combattante, en somme. A l’école, ce n’était pas vraiment la même chose.
Au primaire, cette gamine était tout sauf première de classe. Le pitre ? Celle qui n’écoute jamais ses enseignants ? Celle qui se bat avec les autres ? Ouais, c’était à peu près le portrait que les profs se faisaient d’elle. Ils ravaleraient bien leurs insultes s’ils savaient ce qu’elle est aujourd’hui, mais nous y reviendrons plus tard. Elle n’avait pas forcément toujours des bonnes notes, jusqu’à ce qu’elle arrive en 5ème année de primaire, où ses résultats ont soudainement augmentés drastiquement. Marquée par les fréquentes dépressions de sa mère et par sa situation familiale instable, Blue a pris comme résolution de devenir une femme forte et indépendante. Peut-être n’était-ce pas ces termes qui prenaient place dans sa tête, à l’époque, mais le fait est que plus tard, elle voulait un emploi, pour ne pas être dépendante d’un homme comme son père. Bien sûr, pour un enfant, les bonnes notes signifient l’avenir, alors la pré-adolescente qu’elle était s’est concentrée de son mieux sur ses études. Pendant tout son secondaire, elle a eu les meilleures notes de son école, mais sans jamais participer aux concours proposés par ses professeurs. Non mais sérieux. Avait-elle vraiment du temps à perdre pour prouver à des idiots qu’elle était la meilleure ? Franchement. Ses cours d’arts martiaux lui prenaient beaucoup de temps, à l’époque, et elle aimait se garder du temps pour lire. A la fin de son secondaire PEI, elle a intégré un cégep anglophone sous l’ordre de son père. Ce père… Il avait beau être un coureur de jupon qui trompait sa femme, il voulait le meilleur pour sa fille. Au moins avait-il une qualité, n’est-ce pas ? C’est pour ça que lorsqu’elle a atteint les 16 ans, la petite famille de Blue, qui avait encore les cheveux bruns à l’époque, a déménagé vers la ville de Québec. A cette époque, Monsieur Eden a ramené un vieil ami chez lui. Un neuro-physicien. Coïncidence ? Non, bien sûr que non. C’est de cet homme passionné par son travail que Blue tient son intérêt pour les sciences touchant au cerveau. Grâce à lui, son indécision face à son futur métier s’est transformée en profonde détermination. Elle voulait devenir neuro-physicienne à son tour, point final. Elle s’est donc plongée dans ses études et est entrée à l’université à 19 ans. Connue comme une élève studieuse, malgré le temps qu’elle accordait à ses sports de combat, elle a été réussi l’exploit de sauter une année et a fini son université à 21 ans. Bien sûr, elle a ensuite cherché à se spécialiser et a été se placer aux côtés des meilleurs de sa spécialisation. Usant des contacts de son père et de ce fameux vieil ami, elle a pu se faire recruter par de brillants chercheurs. Quittant sa famille, elle a rejoint un labo en Irlande, où elle a commencé à étudier les nano-robots. Pour marquer le coup de son départ, elle a été se teindre les cheveux en bleu, pour s’accorder avec son prénom, et a changé de look pour passer de la gentille petite fille à la femme indépendante qu’elle voulait devenir. C’est à cette époque qu’elle a commencé à sortir dans les bars et qu’elle a rencontré Leyah, la fille d’un cardiologue reconnu, qui est rapidement devenue sa meilleure amie. Enfin, ça c’est une autre histoire. Le fait est que ces deux femmes se sont attaché l’une à l’autre au point que Blue fait encore aujourd’hui l’effort de lui écrire des lettres à la main. Pourquoi à la main ? Demandez à Leyah d’ouvrir un ordi, pour voir.
Après quelques années passées en Irlande, elle a commencé à se faire un nom dans le milieu de la neurologie, établissant des contacts avec plusieurs autres chercheurs comme elle. Finalement, une chose en engendrant une autre, elle a commencé à être sollicitée dans différentes universités pour exercer le métier de professeure. Au début, elle a refusé la plupart de ces offres, avant qu’une demande particulière titille son attention… Immortalia.

En tirant un peu sur mon écharpe, je m’engouffre dans la pièce qui me sert de chambre. Le petit appartement qui payé par le Directeur n’est clairement pas aussi luxueux que ce à quoi je m’attendais. Je ne pense pas avoir assez de place pour mener mes expériences ici. Il va falloir que je réquisitionne une des salles d’Immortalia. Ou alors je pourrais m’inscrire à l’un des clubs en lien avec mes recherches… Peut-être celui de botanique, comme ça je pourrais étudier les effets de la magie sur les plantes. Ce serait un bon début pour mes études.

- Tu ne trouves pas ça exagéré ? Les élèves qui font partis des clubs ont peut-être besoins de leurs salles pour faire leurs propres projets…

La voix incertaine de l’Esprit du Lièvre me tire de mes pensées. Enfin, sa voix… Peut-on vraiment appeler « voix » ce qui ne produit aucun son ? Étant confiné dans une partie de mon esprit, ce Dieu, ou ce qu’il en reste, me communique ses pensées au travers de mon esprit. Je suppose qu’on pourrait parler de télépathie, mais encore là, j’ai une certaine réticence à appeler cela ainsi. Dans les films, et dans le langage populaire, la télépathie s’applique lorsqu’un esprit possédant un don, et habitant un certain corps, peut communiquer avec un autre esprit habitant lui-même un autre corps. Là est donc la différence, puisque ce Lièvre et moi habitons… Le même corps. Eh oui ! Après mon passage dans la fameuse salle 3.4 du Pensionnat Immortalia, un Dieu chinois a investi mon corps et mon esprit, faisant de moi son hôte. On parle ici bel et bien de possession. Et franchement ! A la fois c’est une chance inouïe pour moi -qui n'a jamais rêvé de connaître la vraie magie ?-, autant je suis dégoûtée qu’un autre esprit puisse habiter à l’intérieur de moi-même en ayant accès à toutes mes pensées. J’ai un sourire froid à l’intention de ce parasite.

- Je pense que c’est une maigre compensation puisque je prête mon corps aux projets lugubres et mystérieux du Directeur.

Le lapin semble se faire tout petit dans mon esprit.

- Certains élèves ne sont-ils pas aussi victimes de ce traitement ?

Je hausse les épaules.

- C’est pas comme si j’en avais quoi que ce soit à faire de toute façon ! Le Directeur subventionne mes recherches en échange des cours que je donne dans son école et que je sois l’hôte d’un prétendu Dieu. Je peux bien me permettre de réquisitionner un local.

Le calme froid et habituel qui règne en moi ne fait plus si peur au Lièvre, qui ose encore rouspéter. Il a gagné de l’assurance, celui-là ! Lorsqu’il s’est introduit dans ma tête, j’ai piqué une de ces crises dont j’ai le secret et je l’ai effrayé comme pas possible. C’est incroyable à quel point les lapins peuvent être des bêtes soumises. En même temps, avec leur gabarit, mieux vaut pas s’en prendre aux plus forts. Même s’ils ont l’atout d’être tout mignons, ils n’en restent pas moins inoffensifs.

- Les élèves aussi méritent d’avoir de la place pour mener leurs projets.

Une pointe de colère enfle en moi et je fais clairement comprendre au lapin de se taire, ce qu’il fait. Pour être tout à fait sincère, je m’attendais à pire, pour une possession. Je pensais que j’aurais constamment à lutter pour garder le contrôle et que ce serait une vraie guerre, mais c’est là tout le contraire. L’Esprit du Lièvre est un esprit étonnamment calme et conciliant. Moi, qui suis du genre à me mettre facilement en colère, ait tendance à mieux me contrôler depuis qu’il m’habite. Ses paroles ont le don d’être reposantes et me calment souvent malgré les situations qui me tapent sur les nerfs. Et grâce à cette aptitude, ce simili-Dieu a réussi à percer mes défenses et à m’extorquer –de force- des compliments à son égard ! Pff ! Comme si je pensais sincèrement qu’il était gentil et adorable ! Je n’aurais jamais dit ces choses si j’avais été en pleine possession de mes moyens ! C’est évident ! C’est très évident, même !
Le Lapin ne sort pas une seule réplique face à mes pensées, et je le comprends. Je lui aurais sans doute fait passer le plus mauvais quart d’heure de sa vie sinon. Bien sûr, je ne peux pas le blesser physiquement, mais je peux lui crier dessus pendant des heures. Même les Dieux peuvent finir par en avoir marre qu’on leur répète la même phrase en boucles non-stop.
Je souris brièvement, ravie au souvenir de mes méthodes d’intimidation efficaces, puis je me dirige vers mon lit. Sur mon oreiller, une montagne de livres trônant paisiblement en attendant que je les consulte pour préparer mes cours. Je pense sincèrement que le fait d’être professeure dans une école comme Immortalia va m’apporter une expérience que je n’aurais eue nulle part ailleurs. La première preuve en est clairement la possession.

- Pourquoi tu m’as choisi, moi ?

Je demande avec une nonchalance parfaitement naturelle au lapin. Exténuée par ma longue journée, je me laisse tomber sur mon lit et pousse tous les bouquins par terre.

- Tu es une personne de confiance. Je sais que je suis entre de bonnes mains avec toi.

Je hausse un sourcil, puis m’étend sur le dos, les yeux rivés sur ma fenêtre.

- C’est quand même bizarre cette histoire…

Le Lièvre ne répond pas tout de suite, mais je sens dans mon esprit son calme venir lentement me contaminer, me plongeant dans un état proche du sommeil.

- Toutes les histoires commencent bizarrement.

Poussée par l’aura du Dieu, je me laisse enveloppée par le sommeil, et je n’ai pas le temps de répondre quoi que ce soit. La nuit me tend les bras.