Qui m'a collé un pareil poivrot ?!
Bah si j'ai bien compris… c'est toi. Tu as oublié l'option “satisfait ou remboursé” ?
Aislinn éclate de rire ce qui fait que je ne prête même plus attention à ma colocataire déséquilibrée, j'ouvre les yeux à temps pour voir une main qui s'approche et cela m'étonne tant que je les referme instantanément. Aurais-je oublié que je l'ai priée de m'aider à me relever il y a vingt secondes ? Il semblerait. Quoique, là j'y pense. Mais d'ailleurs, j'y pense, mon corps se lève de lui-même, j'ai quatre bons litres qui remuent dans la panse, mon amie me tire par le bras comme on prend une tasse par la anse. Mais que se passe-t-il dans ma tête, pourquoi ce chaos ? Il ne peut s'agir de l'alcool même s'il n'aide probablement pas à aller mieux.
Un vivant n’a pas la force mentale pour lutter contre un dieu, ce que tu as tenté. J'ai beau n'être qu'un oisillon coincé dans sa cage, ça rend tes pensées orageuses.
Des pensées chaotiques ou une possession totale, j'ai choisi le bon cheval je pense. Je suppose que si tu avais réussi cela m'aurait tué, mon esprit aurait été déchiré.
Probablement. Qui sait ? Tu veux qu'on teste ?
Non merci.
Je fini par ouvrir les yeux et je reste bloqué un instant de voir que je suis quand même bigrement haut pour quelqu'un qui était allongé un instant plus tôt.
- Eh bien Usain Bolt, ce n'était définitivement pas ta meilleure course, dit Aislinn en replaçant mon bras sur son épaule.
Je lui laisse les rênes tandis qu’elle s’élance en traînant ma carcasse. J’aurais perdu toute notion de temps et d’espace si sa voix ne s’était élevée pour reprendre les mythiques paroles de Plant. J’en agite légèrement la tête en rythme avec la Gibson double manche de Jimmie, cela fait passer en un éclair le trajet du retour. Tant mieux, je n’aime pas marcher. Visiblement mes grands parents sont encore debout car on peut apercevoir de la lumière à travers les carreaux de la porte, cela m’étonne. Il est tard et le pub est fermé, or ils se couchent tout de suite après pour se lever très tôt et nettoyer à l’aurore habituellement.
Aislinn frappe trois coups secs sur la porte sans attendre, espérant ainsi que quelqu’un vienne la débarrasser du poids mort qui l’encombre.
- Tu as les clefs au cas où personne ne vient ? demande-t-elle.
- Oui bien-sûr. Quelque part. Attends, je vais les retrouver.
Mon corps repose autant voire davantage sur le mur que sur mes cannes, il est donc difficile de chercher dans mes poches mais je parviens cependant à mettre la main dessus. Elle m’aide tandis que je tente de déverrouiller la serrure mais rassurez-vous, je n’ai pas bu suffisamment pour échouer. Je suis juste un peu long à réussir.
- Je vais y arriver ne t’inquiète pas, je suis un champion !
Je ne sais même pas si elle a répondu quelque chose, soit je n’ai rien entendu, soit elle est restée silencieuse, en tout cas aucune parole n’est parvenue à mes oreilles. Le seul son est le grincement de la porte qui s’entrouvre devant moi. Je passe un pied puis me fige, en proie à une mauvaise impression. Très mauvaise en fait, d’autant que les souvenirs de mon départ précipité un peu plus tôt me reviennent. Miséricorde...
- Aislinn, tu ferais mieux de rentrer chez toi maintenant, je ne peux guère t’y aider mais je te remercie néanmoins de m’avoir ramené. Ca devrait aller maintenant, je l’espère en tout cas, dis-je avec une pointe de nervosité qui se noie dans un océan d’incertitude avant de me retourner pour déposer un baiser sur sa joue.
Je reprend mes pas lentement et, jetant un dernier regard désolé à mon amie, je referme la porte. Mon instinct me dit que la suite promet de ne pas être la joie et je veux lui éviter un tel spectacle, d’autant que je l’ai suffisamment embarrassée aujourd’hui. A mesure que j’avance dans la pièce, un bruit me parvient. Je n’entend pas très bien mais il semble venir de l’une des chambres au dessus, et il pourrait expliquer pourquoi personne n’est descendu m’ouvrir malgré que la belle blonde ait toqué.
Il est temps de subir le revers de ton comportement immonde.
Quoi ? Mais qu’est-ce que tu dis là, tu as compris ou entendu quelque chose qui m’a échappé ?
Nous partageons le même système auditif, mais la lucidité est mienne.
Une pointe d’énervement se fiche en mon coeur aussi je continue à avancer. Le bruit est désormais plus audible et je commence à comprendre, aussi ma température interne chute d’un coup : ce sont des sanglots. Une jeune femme pleure dans l’une des chambres, et il ne peut s’agir que d’une seule personne.
- Sandy... dis-je à voix basse avec émotion.
Je fais un pas de plus mais avec une maladresse parfaitement explicable, je heurte une chaise à proximité et m’écrase au sol en amenant la moitié du mobilier environnant. Le vacarme est total, mon entrée est réussie au plus haut point.
Ca va tu es contente ? Je vais bien passer pour un c*n.
Je vais surtout me repaître de la suite. Le silence est parfois bien plus annonciateur de malheurs que le bruit des canons.
Je reste figé tandis que j’entend un bruit de pas qui se rapproche et qui atteint l’escalier, cette attente insupportable va bientôt prendre fin. Le visage courroucé de ma grand-mère me le confirme.
- C’est pas bientôt fini ce boucan ?! Tu aurais pu être discret au moins, surtout après tout le mal que tu as fait ! J’ai honte de toi !
Je reste silencieux dans la semi obscurité, je ne suis désormais plus que spectateur. J’avale avec difficulté ma propre salive tant je suis nerveux.
- Mami, je suis désolé...
- Ah ça tu peux l’être, après toute cette pagaille ! Tu croyais pouvoir revenir ainsi et t’en sortir à bon compte ? Tu ne saisis pas la portée de tes paroles et actions, tu es responsable de bien des maux ce soir !
Avec les hurlements à faire trembler les murs d’Ella, je n’ai même pas entendu descendre mon grand-père. Sa fatigue est certaine, mais sa déception encore plus.
- Tu me déçoit terriblement mon petit… je ne pense pas que tes parents t’aient appris à te comporter en tel goujat, et tout ça pour quoi ? La luxure ? C’est bas comme comportement...
- Ce n’est pas...
- Ce n’est pas ce que tu voulais faire ou non, mais tes actions qui nous ont conduit à cet instant présent, finit-il avec tristesse.
- Tu sais à quel point elle a souffert et ce qu’elle a traversé, elle ne méritait pas que tu lui fasse vivre un tel cauchemar !
Comme pour appuyer ces dires, le regard dévasté de la jeune femme rencontre le mien : sans que je ne l’entende, elle est descendue pour voir la loque que je suis, affalé au sol et pitoyablement incapable de se justifier. Mais comment disculper ce qui ne peut l’être ?
- Je suis désolé Sandy, je ne voulais pas te faire tant de mal... dis-je en tentant de me relever mais sans y parvenir, trop alcoolisé et affaibli par cette épreuve.
Fuyant ce spectacle lamentable, la voilà qui retourne à l’étage sans un mot et en pleurs. Je ne puis la blâmer, je suis le seul responsable de son malheur. Il ne me reste plus qu’à espérer qu’elle réussisse à s’en remettre et surtout qu’elle ne commette pas l'irréparable. Je suis un imbécile et aucune de mes actions ne parviendra à sauver la conjoncture actuelle, le danger que je suis ne fera qu’aggraver la situation, ne reste que la fuite. Lâche comme toujours face à ce que je ne puis contrôler, ma faiblesse : le coeur.
Lisant dans mes yeux comme dans un livre ouvert, ma grand-mère s’avance et va à la caisse enregistreuse pour en extraire quelques billets qu’elle me tend.
- Prends-les et va-t'en ! Je ne veux plus te voir tant que tu n’auras pas réparé tes bêtises, il est temps d’être un adulte responsable, rien n’est jamais sans conséquences. Tu te paieras l’hôtel et tu retourneras à ton école demain.
Je me saisis timidement des billets puis regarde mes grands-parents remonter les marches tandis que s’élèvent plus fort que jamais les sanglots de Sandy. Péniblement, je réussi à me hisser sur mes jambes et me dirigeant vers la table la plus proche, j’y dépose l’argent. Je ne mérite pas qu’on m’aide à trouver où dormir, je ne mérite même pas d’avoir un toit sous lequel dormir ce soir. Je vais me débrouiller et cuver dans un coin, là où mes pas indécis me mèneront. Mes clés ne me serviront plus jusqu’à nouvel ordre, alors je les dépose sur les billets avant de retourner à la porte que je ferme derrière moi tandis que parvient à mon oreille le déclic de la serrure sécurisée.
- Je suis tellement désolé Sandy… je reviendrais lorsque je saurais comment réparer mes erreurs. J’y arriverai, je te le promet...
- HRP:
Voilà voilà, désolé Aislinn si notre partie en commun est très courte mais comme tu m'amènes à la porte je supposais que ça pouvait être tourné comme une fin et je n’allais pas t’embêter davantage. J’attends un signe de ta part si tu veux que je déclare fini notre RP ou si tu veux taper un petit texte pour finir de ton côté.
J’espère que ce RP t’aura plu malgré sa durée...