Catane, à l'est de l'île. C'est dans une Sicile colorée et festive que Rosa vit le jour. Il fallut trois essais, deux pertes, pour que Vincenzo et Margareth Nicolas aient enfin leur premier enfant. Rosa naquit au début du mois d'avril, sous le signe du Bélier. Un signe de feu, tout comme la jeune fille qu'elle devint. Car tant attendue par ses parents, l'enfant fut gâtée, nourrie au possible. Si elle voulait une glace ? On lui apportait. Et quand plus tard, on commença à vouloir s'opposer à ses caprices, la petite se mettait à hurler et à trépigner. Rosa, de son nom complet Rosa Anna Nicolas, eut vraiment tout, tout ce qu'elle voulait.
Jusqu'au déménagement. Ça, elle ne l'avait pas prévu. Quitter son collège, sa maison, ses amis... et quitter son meilleur ami fut plus dur encore. Cette fois-ci, le caprice ne passa pas.

« Mais c'est le travail de papa, chérie, on ne peut pas faire autrement...
Non, non ! Je veux rester ! Vous, vous partez, mais moi je reste ! »

Et quand on la laissa crier pour terminer les cartons, Rosa courut se réfugier dans les bras de sa mère en pleurant. C'est à partir de ce moment-là que la petite se calma. Nouvelle arrivée dans un nouveau collège, elle se fit muette, plus renfermée. Seule. Il fallut se réadapter, s'intégrer. Ce fut le plus difficile. Alors, petit à petit, Rosa commença à s'habiller autrement. Avec des vêtements plus voyants, et donc, plus chers. Bientôt l'argent de poche ne fut plus suffisant, et les revenus de la famille trop modestes. Alors dès qu'elle gagnait de l'argent grâce à un petit boulot, Rosa économisait jusqu'à s'acheter la nouvelle paire de chaussures, le dernier blouson à la mode. Elle grandit en pensant que si elle était coiffée, maquillée comme une star, alors on la remarquerait davantage. Alors on l'intégrerait aussitôt. Elle grandit en souhaitant se sentir importante, regardée, aimée.
Regardez-moi, j'ai tout. On pourrait devenir ami, comme ça ?

Sauf que ça ne se passe pas toujours comme on le pense. On peut être bien jolie dans ces vêtements de marque, ça attire du monde un moment, puis ça finit par jaser, par rigoler. Et Rosa, exclue encore une fois, n'en devint que plus superficielle. À tel point qu'elle ne faisait plus rien, au lycée. Ah si, elle faisait tout, mais n'étudiait pas. Les petits copains, les anti-sèches, les heures de cours manquées... mais étudier, çaaaa, non. Ça n'apporte rien.
Alors bon, ça va quelques semaines, on se dit qu'elle va redresser la barre, et puis non. On a donc décidé de l'envoyer dans ce fichu pensionnat, où elle ne pourrait ni sortir, ni faire les boutiques (ils ne connaissent pas internet). Surtout que depuis quelques mois, papa et maman essayent d'avoir un nouvel enfant, en plus d'être captivés par leur boulot. Alors, la fille dépensière et bêcheuse...

Alors la voilà là.