« Bon à savoir, si Merry détient des informations compromettantes à votre sujet, il vous est possible d’acheter son silence  pour la modique somme de 496 tablettes de chocolats. En fait, à part son corps, vous pouvez tout lui acheter avec du chocolat.»
Ton physique ? Tu as ce qu’on appelle communément une bonne bouille, probablement parce que ton visage et ta silhouette fluette te donnent l’apparence d’une gamine de douze ans alors que tu en as déjà seize. A ton plus grand malheur, ta croissance semble avoir pris fin le jour de ses dix ans et tu atteins tout juste le mètre cinquante. Ce qui ne t’empêche pas pour autant d’avoir l’air agressif : avec ton regard noisette un peu farouche et ton incontrôlable tignasse châtain, tu sais inspirer la crainte quand tu le veux. Pas assez à ton gout cependant, parce que des gens continuent à te  sauter dessus pour te faire des câlins alors que tu n’as rien demandé. Attention; les gens, tu n’as rien contre eux, mais tu aimerais bien qu’ils arrêtent de te tapoter sur la tête comme si tu étais une gamine de huit ans.
D’ailleurs, ton physique n’est pas le seul aspect de ta petite (sans mauvais jeu de mot, ha)  personne qui a tendance à te faire paraître plus jeune. Tu es en effet réputée pour être une pile électrique, ce qui a longtemps fait de toi le cauchemar d’une grande partie du corps professoral. Même si tu es loin d’être une mauvaise élève, ton attitude bavarde et ton incapacité totale à te concentrer plus de deux minutes t’ont valu bon nombre d’exclusions de cours et d’heures de colle. De toute façon, ta scolarité n’a jamais été ta priorité - au lieu de faire tes devoirs,  toi, petite rebelle, t’as toujours préféré traîner tes amis sur les terrains de sport. Malgré ce qu’on pourrait croire à cause de ta petite taille, t’es absolument increvable et tu peux passer ta journée à courir dans tous les sens sans ressentir la moindre fatigue.
Mais même te certains la considèrent comme la gamine hyperactive du coin, tu peux aussi te montrer calme et faire preuve de maturité. Bon, ok, faut bien avouer que pour ce dernier point, c’est plus rare. [Comment ça le narrateur est pas sensé faire de commentaires ? Bref, j’en reviens au sujet.] Oui, parfois, tu peux rester tranquille pendant un bon bout de temps. Tiens, quand tu joues sur ta Gameboy, par exemple. Tu passes parfois des après midi entières, seule sous ta couette avec ta précieuse console. Il t’arrive aussi de regarder par la fenêtre et d’avoir de longs moments d’absence, au point même d’oublier ce qui t’entoure. Aussi, tu es capable d’avoir des réflexions très sérieuses, mais jamais tu n’en feras part aux autres. Ta bonne humeur, ton apparente hyperactivité, c’est un masque dont tu te sers pour te faire accepter. Certes, te qualifier de timide serait probablement exagéré, mais on ne peut nier que tu as une certaine peur des inconnus et du rejet que tu caches derrière ton attitude juvénile et insouciante. T’exagères souvent sur les mauvais jeux de mots et les blagues perverses pour cacher cette timidité qui t’ennuie pas mal. Faut dire que derrière ton apparence innocente, ça t’arrives d’avoir l’esprit sacrément mal placé, et si certains te désignent comme une petite perverse, ce n’est pas pour rien. Tu ne nies pas que tu as l’art des remarques balancées l’air de rien pour voir la réaction choquée de la personne en face. C’est un de ses jeux préférés, au grand malheur de tes amis.  
Faut dire, ce que tu déteste le plus, c’est l’ennui. C’est très certainement pour ça que t’as tendance à t’attirer des problèmes depuis qu’elle est toute petite : tu ne supportes pas la routine. Les règlements, très peu pour toi. T’as rien contre l’autorité en soi, mais tu ne vois pas l’intérêt de la plupart des règles qu’on t’impose. Tu préfères encore te fier à ton propre jugement : à partir du moment où tu considères que ce que tu fais n’est pas mal d’un point de vue moral, tu te fiches royalement de respecter ou non le règlement. Une manière un peu prétentieuse de voir les choses, et qui t’apportes pas mal d’ennuis avec les adultes en général. Faut dire que tu les portes pas dans ton cœur, les adultes – et ne parlons même pas des professeurs. A tes yeux, ils passent leur temps à chipoter pour des trucs incroyablement superficiels. Une vision des choses que tu gardes sagement pour toi – en toute honnêteté, rares sont ceux pour qui tu as du respect, mais ça ne t’empêche pas de te comporter de manière courtoise avec la plupart d’entre eux, parce que tu sais que ça reste la meilleure manière d’éviter l’ennui des punitions. Un petit sourire, des excuses récitées sur un ton faussement désolé, et tu parviens généralement à les convaincre que « c’est fini », que tu ne recommenceras pas et que t’as compris la leçon. C’est bien le seul avantage de ta bonne bouille innocente après tout.
Que dire de plus sur ta personnalité ? Les informations qui suivent sont assez dérisoires mais, qui sait, peut être serviront-elles si un jour à un éventuel lecteur souhaitant apprivoiser la tornade que tu es. Après tout, t’es pas très dure à approcher, suffit d’engager la conversation pour que tu te prennes à ton tour au jeu et que tu assailles de questions (déplacées et indiscrètes pour la plupart, est-ce utile de le préciser ?) ton interlocuteur.

-J’espère que vous réalisez que c’est quand même la septième fois ce mois-ci ! Il serait peut être temps de prendre des mesures sérieuses, vous ne croyez pas ?
Tes parents se tortillent sur leurs chaises, leur gêne est palpable. Tu devrais probablement ressentir un peu de culpabilité, après le sermon que vient de leur passer la directrice à cause de toi. Au lieu de ça, tu te concentres sur le doux son du ruisselement de la pluie le long des carreaux de la fenêtre. Depuis le temps, tu ne devrais même plus t’en rendre compte. La pluie, c’est monnaie courante ici. Tu n’as pas toujours habité en Irlande, mais en Angleterre – là où tu es née – la météo était tout aussi pourrie. Tu sais que tu devrais t’y être habituée mais rien n’y fait. A seulement neuf ans, tu as déjà déménagé trois fois. Des alentours de Londres à l’Ecosse, de l’Ecosse au Pays de Galles, du Pays de Galles à l’Irlande. L’avantage, c’est que tu n’as jamais été dépaysée par la météo. Pluie, pluie et encore pluie.  Ça t’ennuie un peu parce que ce que tu aimes le plus, c’est courir sous le soleil. Alors tu te réfugies dans les jeux vidéo. Ce Noël, t’as eu une Nintendo DS. Tu supposes que c’est le meilleur moyen que tes parents ont trouvé pour compenser leurs sempiternelles absences. Ils travaillent tous les deux dans l’immobilier. Pour ce que tu en voies, ça rapporte pas mal, mais ça leur prend surtout beaucoup de temps. D’ailleurs, la directrice va probablement pas tarder à embrayer sur le sujet – en général, quand elle convoque tes parents, c’est principalement pour les faire culpabiliser. Leur dire que si leur fille – oui, toi - fait autant de bêtises, c’est probablement parce qu’elle cherche leur attention.
Au fond tu sais que c’est faux. La seule raison pour laquelle tu as commencé une bataille de purée à la cantine, c’est que tu t’ennuyais. Si tu as séché le cours de mathématiques pour aller jouer au basket avec les grands, c’était uniquement pour éviter les deux heures d’ennui mortel qui t’attendaient. Tu te fiches bien de savoir si tes parents se soucient ou non de toi. La directrice a beau mettre la faute sur eux, au fond, t’aimes pas l’école –et encore moins cette école privée là, elle est pleine de petits riches égocentriques- et c’est la seule et unique explication à ton comportement d’élément perturbateur, comme dit la directrice. C’est elle qui a utilisé l’expression l’autre fois, mais t’aimes bien. Quitte à avoir une réputation, ça ne te dérange pas d’être l’élément perturbateur de l’école. Ça sonne bien, après tout.
Après tout, tu ne le sais pas encore, petite Merry, mais c’est une réputation qui va te suivre encore un bon bout de temps. Jusqu’à ce que tu te fasses virer à cause de ladite réputation, en fait. Tu savais que ça devrait arriver un jour, et en fait ça t’étonnes même que tu aie réussi à tenir aussi longtemps. Bien sûr, ça ne ravit pas tes parents autant que toi. Leur sentence ? Ils t’envoient en pensionnat dans le Connemara. Ça ressemble un peu à une stratégie pourrie pour se débarrasser de toi mais tu ne leur en veux pas. En fait, t’es même assez surprise qu’ils t’aient acceptée. Ton dossier scolaire est plutôt bon parce que même si tu n’aimes pas ça, tu as certaines facilités, et tes appréciations ont du y être pour quelque chose – d’accord, la directrice ne peut pas t’encadrer, mais ta bouille adorable aidant, les profs sont généralement gentils avec toi. Le Connemara, donc ? On dirait bien que c’est là bas que tu vas passer les prochaines années de ta vie…

Test RP!:

Thémis et toi, c’est pas vraiment le grand amour.
Faut dire que dès le départ cette drôle de colocation s’annonçait mal. En même temps, quelle idée de mettre la déesse de l’ordre et de la justice dans le corps d’une gamine qui n’a que faire des lois et règlements…
Bizarrement, tu ne déteste pas pour autant Thémis. Elle est chiante, ça, c’est sûr, et tu as très souvent l’impression d’entendre une vieille chouette râleuse. Le problème, c’est que la déesse a toujours raison, et que vous le savez toutes les deux. N’empêche, tu trouves qu’elle abuse : envahir le corps d’une ado innocente – bon, ok, l’adjectif innocente n’est peut être pas celui qui te convient le mieux, mais passons - contre son gré au nom de la Justice, c’est légèrement…incohérent ?
Et c’est bien là la source de conflit entre vous deux : vos visions de la justice sont en léger décalage. En tant que figure de la Justice Divine, Thémis défend l’ordre de manière impartiale ; toi, tu lui reproches souvent son approche utilitariste, son absence de compassion. Là où la déesse considère l’ensemble du puzzle, tu préfèrera examiner chaque pièce dans les moindres détails. L’ordre du monde, tu t’en tapes un peu : pour toi, la justice, ce serait plutôt de défendre la veuve et l’orphelin, tout ça, et tant pis si ça fait bisounours. T’as bien conscience que la justice de ta déesse est plus efficace, n’empêche que tu préfères quand même écouter ton cœur. Même si ça sonne niais.
D’autant plus que les grandes ambitions de Thémis se heurtent toujours à la flemme monstrueuse d’une Merry trop occupée à jouer aux jeux vidéos pour faire régner la Justice. Sans parler du fossé générationnel qui vous sépare/ - Thémis, en sa qualité de membre du comité des vieilles déesses grecques relou, a été très vexée quand tu l’as traitée de déesse de second plan parce que t’avais jamais entendu son nom nulle part. Depuis, tu as du subir des cours de rattrapage sur la mythologie grecque, à ton plus grand déplaisir. Ça a au moins servi à confirmer un de tes doutes : oui, Thémis est si ennuyeuse que même les pires de tes professeurs de lycée ne lui arrivent pas à la cheville.  Bon, t'es pas non plus totalement ingrate, et tu es bien consciente qu'être la possédée de Thémis a aussi quelques avantages, par exemple cette nouvelle capacité à trouver de suite les coupables, qui t'es bien utile pour tricher au Cluedo.