Être le fils du PDG d'une des plus grandes lignes d'hôtel d’Écosse aurait pu être quelque chose de très bénéfique pour Lucas mais comme tout héritier d'une riche famille qui se respecte, l'arrogance et la prétention se sont immiscés en lui comme la peste sur les petits gens du Moyen-âge. Fier de ce qu'il est et de son ascendance, le jeune homme n'hésitera pas à vous rappeler que sa famille est bien plus riche que la votre et que son argent peut lui faire atteindre les sommets. Enfin, ça c'est dans son idéal. Et comme toutes les familles prestigieuses et élitistes comme la sienne, l'amour familial n'est pas ce qui est le plus présent au repas ou en général dans la demeure des Hamilton. Autant dire que Lucas n'est pas du genre très tactile ou affectueux, au contraire. Si vous venez vers lui pour l'enlacer ou lui montrer un peu d'amour, il est presque certain qu'il sera soit très mal à l'aise, soit agressif et qu'il vous repoussera en vous rabaissant de la pire des sortes.
Pourtant, malgré sa présomption, ce lycéen possède quelques qualités plutôt nécessaire pour son avenir déjà tout tracé. En effet, l'éducation qu'il a reçu lui a permit d'acquérir la culture et la passion pour les études qui ont fait de lui ce qu'il est aujourd'hui : Un garçon intelligent et cultivé. Cela lui permet d'être l'un des meilleurs de sa promo et aussi d'être la fierté de sa famille. Cette dernière lui a également enseigné les bonnes manières à avoir devant le beau monde et à être distingué et soigné. C'est peut-être d'ailleurs un  peu un défaut à ce stade puisqu'il en devient totalement maniaque et perfectionniste. Mais cela lui importe peu puisque lui le vit assez bien. C'est le principal, n'est-ce pas ?
Cependant, si pour les études, tout roule pour lui et qu'au niveau familial, tout est plutôt stable -bien que très superficiel-, pour ce qui est du relationnel, Lucas est une véritable calamité. Tout ce qu'il sait faire, c'est rester seul à la bibliothèque ou dans un coin du campus avec, pour seule compagnie, ses livres. Et lorsqu'il essaie d'être sincère et gentil avec autrui, il fini toujours par faire une gaffe qui rappelle à quel point se faire des amis est pour lui une mission impossible. Néanmoins, nul ne sait si cela est du à son caractère ou à son manque de confiance en lui. Vous en doutiez ? Allons, malgré ses ambitions et sa détermination, Lucas n'en reste pas moins un adolescent avec un sacré poids sur ses épaules et dont les parents possèdent une grande attente le concernant. Il est normal que pour quelqu'un comme lui, la confiance soit un sujet compliqué, surtout lorsque cela le concerne lui-même. Est-ce qu'on peut dire qu'il se cache derrière le nom de sa famille pour essayer de se donner un peu de valeur ? C'est possible. L'héritier Hamilton n'est pas un mauvais gars, il est juste très maladroit et un peu trop hautain pour son propre bien, mais gardons espoir, cela lui passera peut-être avec le temps. Pour le moment, il se contente de ses talents d'observateur et d'éloquence pour tromper son entourage et faire croire qu'il ne perd jamais pied. Ce qui est, vous l'aurez compris, une pure façade.

En parlant de façade, beaucoup vous diront que l'habit ne fait pas le moine et qu'il ne faut jamais se fier aux premières apparences. Mais ces mots ne s'appliquent qu'à moitié au jeune homme. Son attitude, sa manière de s'habiller, son physique… Tout ce que vous verrez de lui dans son apparence montre qu'il ne vient pas des bas quartier et qu'il fait surtout très attention à l'image qu'il renvoie.
Toujours bien habillé, l'adolescent ne troquera jamais ses pull et chemises contre des sweat et autres guenilles vulgaire et dérangeante -sauf peut-être en privé ou pour traîner où il se permettra un tee shirt simple et une veste à capuche sobre-. La seule excentricité qu'il s'est permit jusqu'à ce jour concerne ses cheveux qu'il a teint en rose. Pourquoi ? Il n'en sait lui même trop rien, il aime juste beaucoup cette couleur, et ça allait plutôt bien avec ses yeux bleus et sa peau clair et rosâtre, alors, pourquoi pas.
Concernant sa carrure physique… Eh bien, elle est comme qui dirait inexistante. Du haut de ses 1m73, le jeune homme ressemble à une brindille fragile à cause de son manque évident de musculature. On peut en effet dire qu'il a un corps de lâche donc pour ce qui est de se battre, autant dire que c'est perdu d'avance. D'ailleurs, Lucas a horreur de la bagarre. Pour lui, c'est une chose barbare et inutile, mais ce qu'il ne dira pas, c'est qu'il a surtout horreur qu'on touche à sa coiffure qu'il prend des heures à faire : Bien coiffé sur les côté, et une petite mèche qui remonte sur le devant, donnant à sa chevelure un aspect de barbe-à-papa. Il n'aime pas non plus être blessé : Ce serait idiot d’abîmer sa gueule d'ange, vous ne pensez pas ? Et puis, comment expliquer les contusions et blessures à sa famille pour qui la première impression est une chose non négligeable ?
Il n'y a pas grand-chose de plus à dire sur son apparence. Il ne possède ni tatouage, ni piercing, ni bijou, hormis une bague familiale à la main gauche ornée d'une petite émeraude et de fines décoration dans un métal onyx.  

La plus part du temps, dans les films, les personnages principaux ont souvent une vie horrible et cruelle, emplit d'injustice avec au minimum un parent mort ou disparu. Et bien évidemment, de nombreuses épreuves leurs tombent au coin de la figure, les obligeant à s'en sortir de manière farfelu. Sans oublier le meilleur ami qui fini toujours par mourir de manière tragique sous les yeux du héros.
Mais la vraie vie, ce n'est pas ça. La vraie vie est, certes, une pourriture, mais contrairement au film, elle en reste une, et tu ne deviens pas badass, encore moins sans raison. Pourtant, certains ont la chance de naître dans des milieux avec de nombreux avantages tel que l'argent ou la renommée. On peut dire que la vie est une sorte de roulette russe : Soit tu traverse les flots de la vie sur un bateau de luxe, soit tu te retrouves contraint de ramer sur un rafiot percé.

Pour ce qui est de Lucas, ce dernier a eu la chance de voir le jour parmi les bateaux luxueux et le caviar à foison. Depuis maintenant trois générations en comptant son père, sa famille est à la tête d'une grande ligne d'Hôtel de luxe axée en Écosse qui n'accueillent que les gens avec les moyens mais qui sont en contrepartie traité comme ils le méritent : des Dieux pleins aux as.
Le jeune étudiant n'a donc connu que richesse et vie luxueuse depuis sont plus jeune âge. Enfant unique des Hamilton, il n'est pas difficile de comprendre que le garçon est le plus grand espoir de ses parents, et en particulier son père qui tient à tout prix à ce que son fils reprennent l'entreprise que son propre père lui a légué. Et c'est ce que fera Lucas car depuis tout petit, ce dernier sait qu'un jour, il sera le PDG des Hôtel Hamilton et autant dire qu'il en est fier.
Mais être né avec une cuillère en argent dans la bouche ne lui assure pas la relève. Il lui a donc fallut travailler dur durant ses études, depuis ses premières années d'école à maintenant. Et pour cela, son père fit en sorte de l'inscrire dans les établissements les plus prestigieux de la région, n'hésitant pas à user du blason familial pour obtenir toute sorte de faveur. Mais ça, l'adolescent n'en sait pas grand-chose. Pour être honnête, ses parents et lui ne communiquent que très peu. Cela s'arrête aux simples règles de politesse et de bienséances, et parfois un peu plus mais les discussions ne tournent en général qu'autour des études, de la politique, et de l'entreprise. Néanmoins, cela ne fut pas une gêne pour Lucas qui fit tout ce que son père avait décidé pour lui, sans broncher.
Mais si son paternel était un homme influent et charismatique, comme tout père de famille riche et cliché qui se respecte, il n'en restait pas moins juste et honnête avec autrui.  A la différence de Lucas qui possédait l'arrogance de sa mère, cet homme savait que dans ce monde, la terreur n'offrait pas le pouvoir. Du moins, pas éternellement. A vrai dire, il était plutôt manipulateur. C'était un homme éloquent, juste, et honnête, mais seulement à partir du moment où cela était bon pour son propre intérêt.
Quant à Mme. Hamilton, cette dernière était une femme douce envers son fils mais strict et arrogante avec les étrangers. Un drôle de mélange, pour ainsi dire. Elle ne prenait que très rarement les décisions, mais n'hésitait pas à souffler des idées dans les oreilles de son mari.
En résumé, tant que l'héritier Hamilton marchait droit et allait dans le sens de ses parents, tout irait bien pour lui. Mais à la moindre déroute… Vous n'avez pas besoin de précision, si ?

Quoi qu'il en soit, la vie de Lucas fut digne d'une jeunesse dorée et superficielle baignée dans le manque d'amour familiale. Enfin, heureusement pour lui, être habitué à ce mode de vie fit qu'il ne ressentit pas le manque affectif. Ou plutôt, qu'il s'y fit.
Puis les années passèrent jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge d'entrer au lycée. Pour cela, son mode de vie changea quelque peu. Les écoles aux alentours de chez lui n'était, au goût de son père, pas assez prestigieuses pour lui. C'est pour cette raison qu'il fut envoyer au Pensionnat Immortalia. Ce fut d'abord assez bizarre pour lui de se retrouver dans un dortoir, obliger de vivre avec d'autres lycéen qui n'était clairement pas de son niveau social. Aussi, sa maladresse en relationnel eut raison de sa réputation et surtout de sa situation actuelle : Lucas n'est pas particulièrement apprécié à cause de son arrogance, considéré à tort ou à raison comme un « sale gosse de riche ». Dire qu'il n'a que peu d'amis est un euphémisme, si vous voulez mon avis.
Mais pour le moment, cela lui importe peu. Parce qu'à dix-huit ans, il a d'autre soucis en tête…

Parfois, dans la vie, il y a des choses qui nous arrivent et qui semblent totalement irréelles. Vous savez, ce genre de chose que l'on ne peut croire que lorsque l'on s'y retrouve confronté. Comme se retrouver possédé par un Dieu Nordique en plein milieu de sa scolarité. Oui, ce genre de chose… Vous n'y croyez pas ? Ne vous en faites pas, Lucas n'y croyait pas non plus, jusqu'à ce qu'il se retrouve contraint d'accepter la chose.
Au début, tout cela avait été vraiment compliqué pour l'adolescent. Il avait d'abord pensé être fou, avoir développé une sorte de schizophrénie, ou autre maladie mentale. Il avait même cru à une conséquence du stresse ou de la fatigue dû à sa scolarité, alors il avait tenté d'ignorer la voix de son Dieu qui ne semblait pas tellement ravi non plus, juste habitué, et qui lui répétait sans cesse que ce n'était pas un mauvais tour de son esprit.
Puis vint la phase de la colère, celle qui commençait à faire péter des câbles au jeune Hamilton qui ne pouvait se retenir de hurler contre cette voix incessante dans sa tête, ne réalisant que trop tard que quelqu'un pouvait potentiellement l'avoir entendu. Heureusement, le rosé avait la présence d'esprit de ne faire ce genre de chose que très rarement et que lorsqu'il était seul, mais cela ne l'empêchait pas d'être agressif avec autrui.
La réalisation et l'acceptation vinrent plus ou moins en même temps, même si acceptation chez Lucas ne signifie pas qu'il est d'accord avec tout ça. Pour être honnête, même s'il ne luttait plus contre l'évidence, il avait développé une haine débordante pour cette divinité répondant au nom de Baldr.
Pourtant, la curiosité du lycéen fut plus forte que sa fierté et il ne put s'empêcher de faire des recherches sur ce fameux Baldr. Il lu alors différentes choses sur lui et décida d'écouter de temps en temps les informations que daignait lui lâcher son possesseur sur lui.

Cependant, cette possession ne fut pas le seul changement dans la vie du jeune homme. Le lendemain de sa disparition, il fut transféré parmi les élèves de la section M, et découvrit donc enfin le secret qui entourait ces élèves si particuliers. Secret qui devait bien évidemment rester inconnu aux élèves de la section N.
Les cours furent en grande partie les mêmes que ceux qu'il suivait auparavant, mais quelques matières se rajoutèrent néanmoins à son emploi du temps : Apprentissage d'une langue antique, Mythologie, contrôle de la possession ou encore de pouvoir. Des cours plutôt passionnants, en somme.

Voilà ce à quoi ressemblait sa vie depuis quelques mois. Mais malgré tous ces chamboulements, sa soif d'apprendre et son assiduité en cours restèrent intactes. C'est pour cette raison que l'adolescent aux cheveux rose se retrouvait, comme à son habitude, le nez plongé dans ses bouquins. Cela faisait maintenant presque une heure que le garçon étudiait, ayant directement rejoint sa chambre après la fin des cours. La journée s'était déroulée d'une manière assez banale, d'ailleurs. Il s'était levé, avait assuré en cours, puis était retournée à sa chambre comme dit précédemment. Le train-train quotidien, en soit.
Mais à force d'être penché sur son bureau, son dos commença à le faire souffrir et son corps lui réclamait de bouger. Aussi, l'adolescent se pencha un peu en arrière pour s'étirer, et se leva de sa chaise en attrapant son sac à bandoulière et son téléphone portable. Il était temps pour lui d'aller se promener un peu dans le campus.

Lorsqu'il quitta le bâtiment des dortoirs, Lucas s'arrêta un instant pour profiter de l'air frais sur son visage et des rayons du soleil. Novembre n'avait jamais été son mois préféré, mais il devait bien avouer que la température actuelle accompagnée des feuilles rougeâtres qui recouvrait le sol donnait un certain charme à cet endroit.
Puis soudain, alors qu'il contemplait la vue qui s'étendait devant ses yeux, une voix morne mais d'où se dégageait une pointe d'admiration se fit entendre dans sa tête, comme un écho.

« Toutes ces couleurs chaudes, c'est magnifique, tu ne trouves pas ? »

Lucas, qui était le destinataire de cette question, soupira un peu. Malgré sa haine pour ce parasite, il devait bien avouer que ce dernier avait bon goût en matière de beauté. Aussi, le jeune homme haussa les épaules et se mit à marcher sans but tout en répondant à voix basse au Dieu.

« C'est vrai. Mais j'apprécierai que tu arrêtes de me parler pour ne rien dire, Baldr. »

A peine ses mots furent-ils prononcés qu'il ressentit un léger agacement de la part du nordique. Si ce dernier avait eut un corps, Lucas aurait été certain qu'il aurait levé les yeux au ciel d'un air ennuyé. Lorsque le jeune homme avait lu toutes ces histoires sur le descendant d'Odin, il s'était imaginé que ce dernier était quelqu'un d'enjoué, de doux, et de très naïf. Pourtant, bien que le Dieu était effectivement doux et pacifiste, il était loin d'être débordant d'énergie et nunuche comme il le pensait. A vrai dire, il semblait plutôt être simplement bienveillant, et particulièrement calme. Il n'avait pas non plus l'air de juger les autres pour ce qu'ils étaient et n'était pas prétentieux comme aurait pu l'être une personne aussi adulée et aimée que lui. Non, il semblait plutôt être ce genre de personne en retrait, observateur et rempli de sagesse. Un bon conseiller, en somme.
Ce n'était pas plus mal pour Lucas. Ce dernier se consolait souvent d'être possédé en se disant qu'il aurait pu tomber sur pire comme Dieu. Au moins, Baldr n'était pas du genre à l'enquiquiner, ou à lui prendre la tête.
Perdu dans ses pensées, le garçon aux cheveux rose ne remarqua que la journée touchait à sa fin que lorsque l’extérieur se retrouva plongé dans une douce couleur orangée. A nouveau, l'héritier Hamilton s'arrêta pour prendre le temps d'observer le ciel crépusculaire.
Si l'étudiant n'était pas du genre affectueux, il n'en restait pas moins sensible et émotif, et cette période de la journée le rempli d'une certaine nostalgie qui lui arracha un profond soupire. C'est sûrement dans ce genre de moment qu'il avait horreur d'être seul. La solitude, quand bien même il y était habitué, n'en restait pas moins l'une des choses les plus douloureuses pour un être humain.

« Tu finiras bien par te faire des amis. Mais pour y arriver, il faudrait d'abord que tu t'ouvres aux autres et que tu cesses d'être agressif quand quelqu'un te tend la main. »


A l'entente soudaine de la voix, Lucas sursauta légèrement avant de froncer les sourcils.

« Qu'est ce que j'ai dit tout à l'heure ? »


Mais le Dieu reprit malgré la menace subtile du jeune homme. Après tout, qu'est ce que ce dernier pourrait bien lui faire ?

« Tu as envie de parler, Lucas, je le sens. Alors arrête de me repousser quand j'essaie de t'aider. »


Seul le silence répondit à Baldr qui n'insista pas. Cela ne faisait pas si longtemps que ça que les deux âmes avaient été liée, pourtant, la divinité avait rapidement cerné son hôte. Il savait que dans quelques secondes, ce dernier allait lui répondre, qu'il prenait juste le temps de réfléchir un peu.

« Je déteste quand tu lis en moi, tu le sais. Pas vrai, Baldr ? »
Dit-il avec une pointe de cynisme.

Un petit rire franc et amusé résonna dans sa tête, mais aucune réponse ne vint. Ce n'était pas la peine, le rosé savait que le Dieu avait acquiescé.

Après encore quelques minutes à profiter de l'air frais, Lucas retourna dans sa chambre. Il avait encore des révisions à terminer, après tout.