Sujet: Re: N'est-ce qu'une simple blessure ? [PV Nika L. Iélanov] Mar 13 Nov - 4:29
Suis-je fait pour vivre ?
Outre la compresse, je sentis les gants en plastique passer sur ma peau. C’était froid et désagréable. Je n’aimais pas cette sensation mais je ne dis rien. Je ne gémis pas non plus, tout comme je ne bougeai pas. Je n’en avais pas la force. J’en mettais déjà beaucoup trop dans le simple fait de respirer. C’était quoi une “pneumonie” ? Etait-ce ce qui m’empêchait de respirer, qui me fatiguait ? Je n’en savais rien et j’avais trop l’impression d’être dans ces moments de solitude et de faiblesses. Je n’aimais pas ça. C’était une période triste. Aussi triste que lorsque Toueris ne me parlait pas. A moins que je ne l’entendais simplement pas ? Quoique cela ne changeait pas grand-chose au fait que je ne parvenais pas à l’entendre. Ce n’était pas la première fois, mais cela me donnait l’impression de perdre quelque chose d’important. Un sentiment étrange que je n’aurais su nommer ou décrire. Et alors que je voulais dormir, cela me faisait réfléchir tout en respirant plus ou moins avec difficultés, m’empêchant de tousser le temps que j’étais avec quelqu’un.
La voix de l’adulte à mes côtés sonna doucement à côté de moi. Elle disait des mots qu’on n’avait jamais dit pour moi en plus de mots que je ne comprenais pas du tout. Encore ces mots… C’était quoi ? Que voulaient-ils dire ? Et… la “sécurité”... ? Comment devais-je me sentir si “rien de mal pouvait arriver” ? Je ne comprenais que la moitié des paroles qui m’étaient dites et Elle n’était pas là pour m’expliquer. Elle n’était pas là pour me faire la morale. Pas même alors que j’aurais pu l’écouter sans broncher. Enfin… Si. Peut-être un peu. Peut-être… Mais sans aucun doute moins que lorsque j’étais en pleine forme. Pourtant, j’avais tellement besoin d’elle. J’avais toujours eu besoin d’elle. Si elle venait à m’abandonner, je ne savais pas ce que j’allais pouvoir faire. Je ne voulais pas être seul…
La chaleur enveloppa mon corps tremblant sous le poids des températures contraires qui se battaient. Puis, dans mon champ de vision, la dame s’en alla avec ce qu’elle avait utilisé pour me piquer. Je ne fis pas attention à ce qu’elle fit par la suite, ne voulant bouger. On ne m’obligeait pas à le faire pour la toute première fois. On s’occupait de moi et se préoccupait de moi. C’était ce que m’avait dit ma Déesse et il semblait que c’était réellement le cas… Etait-ce vraiment ainsi ? C’était tellement différent de ce que j’avais vécu jusque-là que je ne comprenais pas pourquoi, comment… Doucement, tremblant, je pris le pan le plus proche de la couverture qui me couvrait, et je la ramenai plus contre moi. J’avais mal au ventre, mais j’étais sûr que ça allait passer. Comme lorsque mes parents me punissaient. C’était pareil. La douleur allait s’atténuer doucement, après un long moment. Ce serait difficile au début, mais c’était tout. J’en étais persuadé.
Somnolant, je fermais les yeux pour les rouvrir régulièrement. Je n’étais pas spécialement sur mes gardes, mais il m’arrivait de tousser de temps en temps. Dans ces moments-là, il me semblait que mon corps se déchirait de toute part et le pire était au niveau de la poitrine et du ventre. Ce dernier ne me laissait aucun répit. Je parvins néanmoins à rester calme le temps de pouvoir entendre deux sonneries. Deux heures, environ, passèrent donc avant que je commence à m’agiter en gémissant de plus en plus. Allongé en chien de fusil la plupart du temps, il m’arrivait de passer à la position foetale en espérant que ça irait mieux. Mais ce n’était pas le cas. J’avais tellement mal… L’envie de pleurer me prit malgré moi alors que je tenais inutilement mon ventre. En fait, plus le temps passait, pire c’était. J’avais l’impression que la douleur montait de plus en plus dans mon corps. Au point que lorsque la troisième heure sembla être passée, j’avais l’impression qu’elle atteignait mon épaule gauche. Et, n’en pouvant plus, je me mis à appeler aussi plaintivement que de façon peu audible :
Sujet: Re: N'est-ce qu'une simple blessure ? [PV Nika L. Iélanov] Mer 19 Déc - 22:55
Suis-je fait pour vivre ?
Pendant que je somnolais, je sentais un tissu humide passer sur mon visage.Cela me fit énormément de bien sans que je comprenne pourquoi. Mais, également, je ne cherchai pas à comprendre plus que cela. Je n’en avais pas la force. Je ne m’en sentais pas capable. Alors, je profitai qu'on me laisse faire pour simplement me laisser porter. L'infirmière restait douce, calme, gentille avec moi. A aucun moment elle ne me frappa ou ne me donna l’impression que ce que je faisais était mal. Depuis le début, elle était comme ça. Comme mes amies, elle me disait que j’avais le droit d’être comme j’étais. La sensation qui en résultait était étrangement agréable. Presque gênante, mais agréable. En plus de cela, elle me parlait régulièrement, veillait sur moi, formait un cocon invisible de sécurité. Tout cela m’était si inconnu. Pourtant, je n'avais plus peur. J’avais… confiance ?
À un moment donné, je sentis qu'on manipulait mon poignet douloureux.J’eus mal, mais ce n’était pas assez fort pour que je me sente en danger ou vraiment mal. Pas comme lorsque mon ventre se mit à devenir une gêne constante et impossible à supporter. Non, là je sentis seulement de la résistance, du tissu entourer mon poignet et le contact de l'infirmière qui faisait tout pour ne pas me déranger.
Et lorsque vint la douleur insupportable et mon appel à l’aide elle me dit qu’elle était là, près de moi. Je ne saisis pas tous les mots, mais l'intonation de sa voix et sa proximité me rassurèrent un peu. Malheureusement, le silence suivit et la douleur continuait son chemin. Ne me sentant pas de parler de nouveau, anglais et japonais se mélangeant inlassablement malgré tous mes efforts pour les démêler. Alors, doucement, très lentement, tenant toujours mon ventre de ma main blessée, je tendis l’autre vers Nika pour prendre sa blouse ou, si elle était à portée, sa main. Je lui faisais confiance. C’était ce que je pensais. Je ne savais pas ce qui allait m’arriver, mais une chose était sûre, je n'aimais pas ce qui était en train de m’arriver. Cela me faisait extrêmement peur. Allais-je mourir ? … Est-ce que ça allait passer ? J'espérais que ça allait passer. Mais, en attendant, j’avais l’impression que j'allais exploser.