Comme tous les matins, Katarina se réveilla de bonne heure pour s'affairer à faire du rangement dans sa chambre et pouvoir s'avancer dans ses devoirs de la semaine. Aujourd'hui, elle était en repos : la nouvelle fut bonne et celle-ci décida d'en profiter pour faire un tour à la bibliothèque et approfondir ses recherches sur la mythologie grecque. La pile de livres qu'elle avait déjà emprunté ne lui suffisaient plus : il lui fallait les rendre dans quelques jours et elle avait déjà fini de les lire pour la plupart.

   ─ Évite de trop te surmener, dit Héra.

   Cette voix la fit sursauter alors qu'elle refermait la porte, tenant contre sa poitrine quatre ou cinq gros livres qui pesaient très lourd. Elle faillit les faire tomber mais les rattrapa de justesse, serrant les dents de peur. Son corps se tendit, son coeur manqua un battement et elle mit quelques instants avant de reprendre son souffle avec peine. Heureusement, l'accident fut échappé de peu : il y avait eu plus de peur que de mal.

   Elle claqua de la langue par mécontentement et fronça les sourcils tout en soufflant sur sa frange qui lui barrait la vue. Décidément Héra avait le don d'intervenir dans les moments où elle se pensait le plus tranquille.

   ─ Bravo Héra. Depuis quand tu te soucies de moi ? demanda la peste d'une voix railleuse.

   ─ Je ne me soucie pas de toi, je me montre juste prévenante. Un corps fatigué ne sera jamais à même de réfléchir correctement à force de se tuer à la tâche, répondit Héra d'une voix glaciale.

   Katarina grogna de mécontentement avant de reprendre sa route et se trouva d'un coup ridicule de se parler à elle-même dans un couloir isolé ou aucun étudiant ne traînait pour l'heure. Elle se concentra à nouveau sur son objectif principal : la bibliothèque. Le poids des livres commençait sérieusement à lui peser sur les bras, sa petite taille ne lui permettait pas de soulever des charges aussi lourdes. Elle tint le coup tout le long du trajet et refusa l'aide de quelques étudiants qui demandèrent à l'aider tout en jetant parfois des coups d’œil par dessus les livres pour vérifier si elle ne s'était pas égarée dans le mauvais couloir.

 Après une bataille acharnée, ce parcours héroïque et passionnant prit fin une fois arrivée à la bibliothèque. A l'aide de ses fines jambes, elle parvint à ouvrir les grandes portes qui étaient déjà a moitié ouvertes. Se frayant un passage dans l'ouverture, elle prit la direction vers la table la plus proche pour y poser ses livres et enfin soulager ses bras endoloris.

 Elle passa sa main dans ses cheveux pour les remettre en place et tira une chaise pour s'y asseoir avant de finalement remarquer une présence familière. Elle leva la tête et son coeur rata un nouveau battement en reconnaissant ce visage si familier qui se présentait juste en face d'elle, plongé dans un de ces livres à l'odeur enivrante et aux pages jaunies par l'âge. Katarina sentit une drôle de sensation lui prendre le ventre, comme si elle venait d'arrêter de respirer et que son sang avait accéléré sa course dans ses veines.

   C'était impossible qu'il s'agisse de lui, elle devait sûrement confondre. Ses lèvres s'ouvrirent pour laisser échapper un soupir, un nom qu'elle n'avait pas prononcé depuis bien longtemps maintenant :

 ─ Lucas... est-ce que c'est toi ? dit-t-elle fébrilement, ses mains se mettant à trembler sans qu'elle ne sache pourquoi.

  Sa gorge se serra, elle sentait les larmes monter et son coeur battre hors de sa poitrine alors qu'elle se demandait si c'était à nouveau un de ces rêves éveillés qu'elle faisait parfois.