1er Février 2018, 13h45 à Galway.
- Gouzi gouzi ma jolie Grace ! dis-je avec le sourire jusqu’aux oreilles.[/color]
- Oh lalala mais quel gâteux son père ! s’exclame ma chère et tendre Sandy.
La raison de mon emballement et d’une joie de vivre inconnue au bataillon jusqu’ici ? Le petit bout de choux de deux mois et demi qui se trouve devant moi n’est autre que ma superbe fille Grace Nathalie Rosaleen O’Sullivan ! La nécrose qui me dévorait s’est évaporée tout au long de la grossesse pour finir par disparaître lorsque mes yeux se posèrent sur mon enfant. Comment une pensée négative pourrait survivre à tant de bonheur, je vivais le plus bel instant de ma vie ! Son prénom nous est venu instinctivement, nous n’avons fait que lui greffer le prénom de feu nos mères respectives, Nathalie étant évidemment celui de la mienne. Il nous semblait logique qu’elle porte un prénom français en raison de sa binationalité.
Bon tout ça c’est merveilleux, mais allons nous continuer de parler de mon sublime bébé toute la journée ? Non, hélas. Car en ce premier février, la fête celte de la lumière et de la pureté m’appelle.
1er Février 2018, 19h30 sur les falaises de Moher au sud de Galway.
Célérité n’est autre qu’insuffisante
Face à l’impatience, et d’un cœur battant,
Et d’une hystérique liée aux rites d’antan.
Concentré, je ne réponds pas aux borborygmes incessants de la déesse, fût-ce-t-ils poétiques. Préparation longue et minutieuse que celle du rituel d’Imbolc, d’autant que je suis seul pour préparer, enfin physiquement je veux dire. Comment aurais-je pu connaître les rites disparus depuis de trop nombreux siècles ?! Avec Eithne comme maître de cérémonie, je ne pouvais pas mieux tomber !
Tu devrais être dévoué corps et âme à ce rituel. A ton panthéon. A Moi ! Il ne devrait y avoir qu’une intense volonté d’honorer ce début du mois d’Anagantios, ton enfant n’est qu’un mortel parmi tant d’autres.
Aucun enfant ne peut être qualifié de simple mortel parmi tant d’autres. C’est ma fille et je l’aime, je ferais tout pour elle. Elle passera toujours avant un culte quel qu’il soit, même si nous sommes tous deux étroitement liés, Eithne. Alors oui, c’est de façon intéressée que je pratique ce rituel, ça te fait plaisir et si par un miracle cela peut aider ma si chère Grace, je serai le plus heureux des Hommes.
Tu n’es qu’un ingr…
Je l’aime, je ferai tout pour elle. TOUT ![/ color]
Ces derniers mots lancés avec force et fracas, interrompant violemment toute possibilité de plainte de la part de la déesse ne font que la faire se renfrogner davantage, m’octroyant un délai supplémentaire pour continuer les préparatifs en silence. Qui aurait cru que cela serait aussi compliqué que de créer un mini bassin artificiel en haut d’une falaise de plus d’une centaine de mètres ? Toujours est-il que je l’ai fait, ça fait partie du rituel que de laisser émerger huit chandelles de l’eau. Par contre pour les trois rivières on repassera, je ne suis pas sorcier.
Utilisant l’eau restante pour les ablations rituelles, je prends place face à l’immensité de l’océan et débute la cérémonie.
Seul celui qui dépasse la dualité des choses intègre la Mère et devient lui-même matrice.
Hum… c’est pas faux.[/ color]
[
Qu’est-ce que tu ne comprends pas ?!
Bon tais-toi maintenant, je vais démarrer le rituel.[/ color]
Joie, alégresse !
Je me place face au cercle formé par les chandelles, au centre duquel se trouve un ours en peluche destiné à rediriger le rituel de purification vers ma fille adorée. Respirant un bon coup l’air marin, je fixe l’horizon sans prêter gare au bord de la falaise qui se situe à seulement trois mètres. Si proche d’une mort certaine, heureusement je ne m’en approche pas.
- Louée sois-tu ;
Gloire à toi, déesse mère,
En ce jour de fête de lum…
- Mais qu’est-ce que tu fiches ici ?! m’interrompt Aoife, ma cousine.
Je me tourne vivement, les mains toujours écartées et ouvertes vers le ciel, tel un pantin.
- Aoife ? Mais que fais-tu ici ?!
- Je viens engueuler et ramener à la raison mon cousin qui préfère opérer des rituels passés d’âge plutôt que d’être auprès de sa famille.
- Mais c’est pour ma famille que je suis ici, c’est pour ma fille !
- C’est pas parce que tu as une déesse folle à lier dans la tête que tu dois la laisser te corrompre. Ce rituel ne soignera pas ta fille, être à ses côtés l’aidera bien plus ! L’amour est la seule vraie magie en ce fichu monde !
- Je fais confiance à Eithne quand à l’efficacité du rituel… et elle me laisse tranquille comme ça. Elle en a besoin, et moi aussi au fond. Je ne sais plus qui est qui, où s’arrête ma conscience et où débute celle de la plus belle femme d’Irlande…
Tombant à genoux tant les idées se bousculent dans ma tête, je me retrouve à moitié dans l’eau, éteignant la plupart des chandelles.
- Ca me dévore de jour en jour, je me lève parfois sans être capable de me reconnaître dans le miroir jusqu’à ce que mon regard croise celui de ma tendre Sandy…
- Il n’y a qu’une seule et unique magie valable en ce monde, sache-le. Retrouve ta famille et cesse donc ces pitreries.
Un ouragan fait surface dans mon esprit tandis que mon cœur lui se manifeste plus fort que jamais.
- Tu as raison. Rentrons, elle sera heureuse de voir sa tante adorée.
Alors que je me relève, la conscience toute puissante de la terrible entité celte s’éveille et gronde.
Tu ne fuiras pas tes responsabilités, lâche ! Continue immédiatement le rituel, tout de suite !
Non, j’ai plus important à faire. Je n’ai agi que pour te faire plaisir jusqu’ici, mais il y a bien plus important. Ma fille elle, est en vie et a besoin de moi. C’est bien plus important que toutes ces futilités !
Je ne te laisserai pas fuir tes responsabilités, si tu n’as pas les épaules pour assumer le rôle qui est le tien alors je m’en occuperai moi-même !
Un énorme grondement s’élève en moi, je tente de me mouvoir de nouveau mais rien à faire, la déesse exerce une pression phénoménale sur mon système nerveux ce qui ne me permet que de bouger le bout des doigts.
Arrête ça espèce de folle, tu dépasses les bornes ! C’est mon corps !
Plus maintenant, si je dois détruire chaque parcelle de ta conscience pour honorer mes frères je le ferai sans état d’âme. Je suis une déesse et tu n’es rien. Rien !
Je ferme les yeux avec difficulté et tente de me concentrer. Aoife qui a assisté à la scène sans savoir ce qui se trame réellement, semble aussi inquiète que dubitative.
- Asulf, ça va ? Qu’est-ce qui t’arrive ?! Tu sembles… ailleurs.
Je donnerai tout pour réussir à prononcer le moindre mot, je suis dépité. Et intrigué par la petite odeur de brûlé qui commence à me monter au nez. Mais d’où cela pourrait-il provenir si ce n’est des chandelles…
- Tu brûles, le bas de ta tenue a pris feu sur cette bougie ! Roule-toi vite dans l’eau !
La panique me prend au cou, mais rien à faire je n’arrive pas à me mouvoir librement, je suis engoncé dans un tombeau de chair.
Si tu ne me libère pas tout de suite, nous allons brûler vif, est-ce cela que tu souhaites ? Retourner errer dans le néant sans goûter à la moindre des joies que la vie peut offrir ? J’ai une femme et un bébé, aies pitié, je ne peux les abandonner ! Il m’a fallu du temps mais j’ai fini par prendre goût à la vie, je ne veux pas sombrer tout de suite…
Une déesse n’a pas d’ordre à recevoir de la part d’un misérable mortel, tu as mérité ton sort. Meurt !
Je sens cependant une hésitation la concernant, me permettant d’amorcer un demi-tour sans savoir que ma cousine désespérée devant mon état végétatif avait pris de l’élan dans le but de me projeter dans le petit bassin improvisé, usant dans la panique et de manière involontaire de la puissance du sanglier. Résultat ? Au lieu de m’étaler dans la fine couche d’eau, me voilà propulsé à deux mètres en direction du bord de la falaise. Aoife réagit au quart de seconde et bondit en voyant venir la catastrophe et réussi à m’attraper la main. Ouf ! Nous nous écrasons violemment sur l’herbe, cela fait déjà un souci un moins à régler, n’oublions pas que je suis en feu. Et que la bordure de falaise sur laquelle nous sommes se détache brusquement.
Désolée, s’excuse finalement Eithne, ouvrant les yeux sur les conséquences de son acte.
Quelle triste fin que de tomber comme deux imbéciles d’une falaise de plus de cent mètres de haut à cause de l’égoïsme d’une immortelle. Seule chose positive, la chute dure deux secondes, laissant mon esprit se remplir d’images de ma si chère Sandy et de notre petite Grace. J’aurais tant aimé l’élever. C’est sur cette dernière pensée que mon corps heurte avec une violence inouïe un rocher.
Le corps broyé et brûlé d’un jeune homme a été retrouvé en bas des célèbres falaises de Moher suite à un effondremen. Sa cousine présente sur les lieux lors de l’accident est quand à elle portée disparue, son corps n’ayant pas été retrouvé.
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- Mot d’adieu:
Après deux ans sur le forum, voici mes adieux ! J’ai passé de bons moments et rencontrés des gens formidables, cela restera à jamais gravé en moi-même si hélas je laisse beaucoup de choses inachevées. J’aurais aimé développer tant de choses concernant mes deux personnages ainsi que de futurs candidats très différents, mais hélas en dehors des souvenirs toutes les bonnes choses ont une fin.
Bon courage et bonne continuation, que la barbe soit avec vous !