Circé est une enfant d'Irlande. Et mis à part ce détail exotique, il n'y a pas grand chose à raconter. Elle n'a pas eu de parents riches, ni même de don particulier pour quoi que ce soit. Née d'une famille on ne peut plus modeste, de deux parents ouvriers, elle a passé l'enfance la plus standard qu'il fut possible de donner à une enfant de ce rang. L'école publique ne fut pas une partie de plaisir, mais étant particulièrement discrète  et peut être un peu chanceuse. Au moins assez pour ne pas devenir bouc émissaire.

Très jeune déjà, elle préféra la compagnie des livres à celle des hommes. Plus riches et variés. Et il en résulta donc qu'elle eût plus de bonnes notes que d'amis. Mais loin de la rendre triste, ceci contribua grandement à sa différence de caractère. Non pas qu'elle n'eût jamais d'amis. Loin s'en faut ! Elle en avait. Ou du moins, disons plutôt qu'il y avait des enfants qui l'aimaient bien. Et ça la surprenait toujours parce qu'elle ne parlait pas, ou très peu. En tout cas, jamais pour ne rien dire. Pourquoi les livres? Certains disent que ses parents n'avaient pas assez d'argent pour avoir tous ceux qu'ils auraient aimé avoir, et qu'ils lui ont fait comprendre très vite que les livres sont un trésor précieux et à protéger. Et ce genre de paroles, si jeune, ça reste dans la tête.

Alors à la place d'un doudou, Circé avait un livre de contes Irlandais. Elle s'endormait avec, elle le serrait contre elle quand elle était triste, et les autres enfants trouvaient ça étrange, mais pas assez pour la détester. Et c'est resté. L'adolescence n'a fait qu'exacerber ce qui faisait sa singularité depuis quelques années déjà. Seulement, elle ne s'attendait vraiment pas à ce qui suivrait. Persuadée d'être une jeune femme normale, vouée à un avenir tout à fait banal, je vous laisse imaginer sa surprise quand elle sut que par un concours de circonstances parfaitement improbable elle avait obtenu une place dans une école de grande renommée au directeur..Particulier. Surprise avant d'être honorée, elle prépara ses affaires.Persuadée qu'ils s'étaient trompés, elle se disait que dans le pire des cas, elle pourrait toujours lire tous les livres de la bibliothèque et partir en suite, comme convenu !