Smell Like Teen Spirits!

Load up on guns and bring your friends
It's fun to lose and to pretend
She's over bored and self assured
Oh no, I know a dirty word...  

"Enfin! Moins fort, ma chère Mary-Malaria, s'écria le Dieu de la médecine d'un ton plaintif. Je ne m'entends plus penser, je peux à peine mettre de l'ordre dans mes notes, c'est un vrai cauchemar. "

La jeune fille consentit à baiser un peu le volume de la musique qui se déversait dans son casque. Elle entendait les pensées du Dieu tourbillonner et s'agiter; il était tellement exacerbé par son travail qu'il ne prenait même plus la peine de lui cacher ses pensées. Malheureusement, celles-ci allaient tellement vites que Mary n'arrivaient pas à en saisir le sens. L'adolescente se dit que c'était une véritable aubaine pour discuter un peu avec Asclépios de ses énigmatiques projets.

- Dis, Asc', commença-t-elle d'une voix doucereuse, nous sommes seuls dans la chambre, je suis plutôt en bonne santé, et de bonne humeur... et si tu me parlais de ce que tu faisais?

" Je vois, s'exclama le Dieu tout heureux. Tu t'intéresses enfin au superbe art qu'est la médecine, j'ai réussi à attiser ta soif de connaissance! Je vais pouvoir enfin te montrer mon art dans toute sa splendeur, sa beauté, son mystère, sa transcendance!"

Mary ferma les yeux, et se mordit l'intérieur des joues pour s'efforcer de ne pas éclater de rire. Asclépios se mettait toujours dans de tel état quand elle s'intéressais à la biologie, à la chimie, et à la médecine en général.

" Enfin, revenons-en au fait, fit-il d'une voix un peu plus posée mais toujours aussi joyeuse. Depuis que j'ai baisser tes défenses humanitaires, je notes toutes les maladies que tu as eu, leurs effets, le traitement approprié... tout ce qui pourrait être utile à la prospérité pour soigner les personnes qui souffrent de ses maladies. Et peut-être qu'un jour, quand tu seras majeure, nous pourrons développer ces traitements, ou bien les faire développer par d'autre personnes, vu que tu veux devenir... hum, comment cela s'appelle déjà? demanda le Dieu d'une voix un peu embarrassée.

Etant un Dieu tout puissant, Asclépios n'avait sûrement pas l'habitude d'oublier certaines choses.

- Tatoueuse, répondit gentiment Mary. D'ailleurs, j'aimerais tellement m'en faire un... un de miens, évidement.

" Tu veux dire les dessins que tu fais en cours? Bien sûr, ils sont magnifiques, mais Mary... tu devrais te concentrer en cours. Et puis tu es sûre de vouloir qu'une aiguille s'enfonce dans ton bras pour y déverser de l'encre?"

- Evidement, Asc'. On en a déjà parler, il me faut juste l'accord de mon père. Il a dit que j'aurais peut-être le droit à mes seize ans, murmura d'une voix rêveuse Mary, les yeux brillants. Imagine un peu...

La jeune fille fut alors interrompue dans son rêve éveillée par la porte de sa chambre qui s'ouvrit brusquement.

Angry&Hungry

Mary regarda qui avait claqué la porte, et leva les yeux vers Yuuki, sa colocataire et amie. La jeune fille, en posant son casque, remarqua que celle-ci avait l'air plutôt mécontente. Cela était peut-être dû au fait qu'elle n'avait pas mangé - en effet, Mary ne l'avait pas vu dans le self avec les autres élèves.  

- Salut Yuuki, lui répondit l'adolescente en essayant de ne pas paraître trop froide.

Elle détestait qu'on l'interrompe en pleine rêverie, mais Mary adorait Yuuki et était prête à ne pas lui faire subir le sort qu'elle réservait aux autres personnes qui l'auraient dérangées. Un saignement de nez intensif pendant toute une soirée. Voir plus si vous réveiller Mary en plein rêve.

"Fait un effort, essaye de ne pas paraître aussi en colère. Enfin, un petit effort ma chère Mary-Malaria.

"Non. Je m'excuserais demain. Je me comporterais mieux demain. Juste demain, prononça-t-elle d'un ton catégorique.

- Alors, Yuuki, pourquoi tu as claqué la porte cette fois? Héphaïstos te fais encore des misères, c'est ça?

Elle avait proposé cette hypothèse, celle qui lui était venue en première à l'esprit. Aussi, il faut bien avouer que la mauvaise humeur des élèves de la section M avait le plus souvent un lien avec leurs Dieu. Il n'y avait pas beaucoup de couple Dieu-Hôte qui fonctionnait comme le leur, avec Asclépios, sur un respect mutuel. Les camarades de Mary avaient le plus souvent des relations... explosives, dirons-nous. Donc l'hypothèse de Mary était la plus plausible.

Bien sûr, Héphaïstos, le Dieu possesseur de Yuuki n'était pas méchant, loin de là. Et Mary le savait très bien, puisque c'était un ami de veille date - et de beuverie, sûrement- d'Asclépios. Mais, même en étant plutôt sympathique, il pouvait être très lourd.

"Mary-Malaria, enfin! s'écria le Dieu. Héphaïstos n'est pas un compagnon de beuveries! C'est une personne tout à fait respectable, qui m'aidait... et tu devrais le respecter!"

" Respectable, répéta le jeune fille en gloussant. Et il t'aidait à quoi, au juste? Testé la résistance d'un corps divin à l'alcool?"

"Puisque tu le prends comme ça, commença le Dieu..."

Cela annonçait qu'il allait être d'une humeur exécrable toute la soirée, mais tout sera oublié demain, quand elle lui présentera ses plus plates et plus sincères excuses. Mary commençait à bien connaître son fonctionnement.

I'm fine, but how are you?

Mary souri lorsque Yuuki lui demanda comment elle avait deviné la cause de sa mauvaise humeur. Elle entreprit d'expliquer à son amie comment elle connaissait ceci.

- Bizarrement,  commença-telle, les élèves de la section M souffrent de douleurs, maux de têtes, mauvaises humeurs... à cause de leurs Dieux. C'est comme ça que j'ai sût pour toi. Et oui, je vais bien, merci Yuuki, conclua la jeune fille d'un sourire sincère.

Entre temps, Héphaïstos força vraisemblablement sa pauvre colocataire à passer un message à Asclépios.

" Et bien, ma chère Mary-Malaria, réponds-lui. Enfin, ce n'est pas vraiment polie ce que tu es en train de faire. Et permets-moi de te dire que ça peut être très dangereux d'ignorer un Dieu!

"Pouvait, rectifia mentalement la jeune fille. les dieux soient loués, je ne vis pas à l'époque de l'Antiquité, je n'y aurais jamais survécu!"

"C'est bien vrai ça, persifla Asclépios, comment aurais-tu fait pour vivre sans cet...ordinateur? Et ne me parle pas de livres, tu ne peux pas en effleurer un sans l'écorner en le prenant entre tes  doigts malhabiles...

" Je parlais de mon incapacité à respecter les personnes plus puissante que moi, les Dieux en l'occurrence... enfin bon. Tout ça ne rime à rien Asc'. Je ne sais même plus pourquoi on se dispute, c'est ridicule. Tu veux bien en rester là?"

" Evidement, ma très chère Mary-Malaria. Et tu me vois ravie de constater que tu as pris la voie de la sagesse en proposant de ton propre chef cette option. Encore bravo."

Pour une fois, le Dieu ne lui cacha pas ses sentiments, et Mary su qu'il disait vrai. Elle ressentait une vague de fierté d'être félicité par une divinité, et de la reconnaissance envers celui-ci.
Sur ces entre-faits, Mary et Asclépios avaient complétement laissé de côté Yuuki et Héphaïstos pendant leurs conversation mentale silencieuse.

- Désolée Yuuki, longue conversation..., s'excusa-t-elle avec un sourire contrit et embarrassé. Asclépios te passe aussi le bonjour, Héphaïstos. Sinon, Yuuki, pourquoi tu n'as pas mangé au self ce soir?

Cet simple fait intriguait un peu l'adolescente, il est vrai. Etant la plupart du temps malade, Mary se devait de manger en grande quantité pour reprendre des forces, et elle ne comprenait pas ce qui pouvait pousser quelqu'un à sauter un repas comme ça.

Do you want some cookies?

Yuuki mit aussi longtemps qu'elle-même à lui répondre. C'était un grand inconvénient, d'avoir une voix dans sa tête qui vous reprenait sur ceci ou cela, vous faisait la morale et n'était jamais, au grand jamais, d'accord avec vous. Mary, compatissante, ne fit aucune remarques sur le laps de temps entre sa question et la réponse.
La jeune fille lui raconta la raison de son absence au self - une histoire trop prenante à lire qu'elle lui montra, presque heureuse d'avoir une preuve à l'appuie.

- Oh, je vois, dit-elle en regardant vaguement la couverture. Il a l'air bien, peut-être que je te l'emprunterais un jour où je traînerais à l'infirmerie.

"L'éternelle histoire d'amour de Roméo et Juliette, soupira Asclépios, un brin mélancolique. Un amour bafoué que rien ne peut arrêter...ça me rappelle tellement de souvenirs...

Mary se força à se taire pour ne pas avoir à subir un interminable monologue divin. Lorsqu'il était lancé sur un sujet qu'il jugeait passionnant, rien ne pouvait l'arrêter et si par malheur on osait lui demander de se taire, il prenait la mouche et pouvait bouder pendant plusieurs heures.
Donc la jeune fille fit comme si de rien n'était, et rapporta son intention sur sa colocataire. L'option la moins risquée et la plus agréable en somme.

-   Oui, ma soirée c'est bien passée, même si j'ai été très surprise quand tu as claqué la porte, confessa Mary. J'étais en train d'expliquer à Asc' mes projets d'avenir pour devenir tatoueuse... Mes dieux, mais tu dois mourir de faim d'ailleurs!

Elle descendit précipitamment du lit du dessus, faillit tomber de l'échelle en loupant une marche et se jeta sur la planche mouvante de leur chambre. Elle en sortit un petit paquet de gâteaux, et un autre de pop-corn. C'était malheureusement tout ce qui pouvait tenir dans un espace aussi exigu, au grand dam de Mary.

- Tiens, sers-toi, dit-elle en lui refilant les deux paquets. Et j'ai aussi toute une trousse de médicaments si tu as une migraine.

" Parfois, tu es bien ridicule ma très chère Mary-Malaria. Prévenante, mais tout de même un peu ridicule. "

Mary ignora l'insulte divine et se contenta de sourire à Yuuki, un peu rougissante à cause de sa précipitation, mais aussi de la remarque du Dieu.

Your... sword?

Mary regarda sa colocataire piocher avidement dans leurs réserves. Elle avait vraiment eu une bonne idée en allant acheter quelques victuailles en ville lors de sa dernière sortie.

"La prévoyance avant tout ma chère Mary-Malaria, prononça Asclépios, un poil grandiloquent. Je l'ai toujours dit, et je le dirais toujours...! "

La jeune fille laissa le Dieu lui faire mille et un conseils, qu'elle ne suivrait pas plus qu'elle ne les écoutait! Mais bon, si cela pouvait faire plaisir à Asc', et si cela pouvait lui éviter d'être de mauvaise humeur - et de ne déclencher ni maladie, ni migraine chez son hôte- c'était tant mieux. Tout ce qu'elle avait à faire, c'était d'ignorer la voix dans sa tête, une chose qui n'était pas aussi aisée qu'on pouvait le penser, mais Mary était passé maître dans cet art après un peu plus de trois ans de cohabitations.

"Enfin, bref... se dit mentalement la jeune fille, en rapportant son attention sur Yuuki.

Celle-ci lui demandait si elle n'avait pas vu son... son quoi? Bokuto? Qu'est-ce que c'était, ça? Aaaah oui, la sorte d'épée en bois avec laquelle elle s'entrainait, c'est vrai! Comment avait-elle put oublier un accessoire aussi peu commun?
Mary regarda instinctivement tout autour d'elle, dans le vain espoir de trouver l'épée de Yuuki sur le sol, ou sur leur lits... Mais rien, évidement.

-   Non, je suis désolée Yuuki, mais je ne l'ai pas vu. Tu es sûre de l'avoir mise dans la cachette, demanda-t-elle après s'être accordé un temps de réflexion

" Il ne manquerais plus qu'il y est un voleur dans le Pensionnat... et puis une épée en bois, qui pourrait vouloir voler ça?"

"Tu l'as dit, ma très chère Mary-Malaria. Cet asile, que le Directeur ose appeler école, n'a pas besoin d'un élève kleptomane..."

" Tu, t'es de retour toi? s'étonna faussement la jeune fille."

"Et bien oui. Mais avant tout, chère Mary-Malaria, l'idée de l'égarement de l'objet susnommé n'est à écarter en aucun cas. Peut-être que cette chère Yuuki l'as oublié après un entraînement, tu ne crois pas?

" Tu as sans doute raison... enfin on verra bien ce qu'en dit Yuuki.

I'm so tired...

Nul trace de cette satanée épée! Mary se demandait bien où elle était passée. Enfin, c'était quand même un objet d'une forme particulière et de taille moyenne tout de même. Même si ce n'était pas sa propriété, la disparition de l'objet de son amie la frustrait grandement.

- Je ne vois pas où il peut être, surtout si tu dis l'avoir rangé... je ne pense pas que quelqu'un irait jusqu'à le voler. Elle réfléchis quelques instants et conclu sans grande conviction:  Peut-être qu'il réapparaîtra demain...

Mary remonta l'échelle du lit double, et s'assit sur le matelas, ses jambes se balançant dans le vide avec un rythme régulier, presque hypnotique.
Puis Yuuki lui fit savoir qu'elle se sentait très fatiguée, et quand elle-même souhaiterait se coucher.

"Je pense que je vais y aller aussi. Est-ce que ça te vas, Asc'?"

"Tu sais que ma préoccupation première à ton égard est de te maintenir en bonne santé, ma chère Mary-Malaria. Bien évidement que si tu as un cycle normal du sommeil, cela me va amplement."

"Mouais, me maintenir en bonne santé pour me refiler toute les maladies... soupira la jeune fille."

"Ma très chère Mary-Malaria,l'avertit de Dieu, je ne tolères point d'insolence après vingt et une heure, et tu le sais très bien."

Mary s'abstint de répondre, et s'adressa plutôt à sa colocataire:

- Tu peux éteindre si tu veux, Yuuki. Je vais aussi me coucher.,  dit-elle en se glissant sous sa couette. Bonne nuit, et à demain alors.