Une vision qui changera tout

La nuit était devenue ma complice. Car sous les rayons de la lune, nous révélons notre frai nature. Nous ne nous montrons pas comme en plein jour, nous ne choisissons pas notre paraître. Je suis parfois tellement égoïste, mais je ne pouvais pas la laisser m'échapper. La lune bleue était pour ce soir... Je sais, c'est stupide! J'ai demandé à Cris de me couvrir en quittant la chambre, lui sortant une excuse du genre... "Je vais juste m'aérer un peu, puis j'ai envie d'être un peu seule". Heureusement qu'il me laisse assez d'intimité.
Aussi, j'avais fait mon choix de lieu: l'observatoire... Cette tour un peu en hauteur serait le meilleur point de vue. Quelques secondes, quelques instants simplement de pur égoïsme, et de pure beauté.
La montée des marches avait été tranquillement, ma main sur la rambarde. je me demandais juste... Si je fais le bon choix. Mes limites, encore une fois, j'allais les frôler, me jouer d'elle. La nature a un jour décidé quelque chose pour moi, et j'allais à nouveau aller contre elle. Il y aura des conséquences oui, la fatigue... Mais je pense qu'à niveau équivalent, la beauté d'une fameuse lune bleue... Je pense que ça en valait la peine, même pour quelques secondes. Je posais finalement pied sur le pallier, devant la porte qui mène à l'observatoire. Avec une lenteur volontaire, je défais mon bandage qui couvre mes yeux. Je défais cette barrière volontaire et inavouée. Je ne le sais pas encore, mais ce bandage est plus qu'un accessoire, c'est un symbole.
Heimdall... Je suis prête. Fis-je dans un chuchotement mental.
Très bien Vic... Dès que tu commences à fatiguer, dis le moi, et j'arrête...
Sa voix sonnait comme un peu inquiète, mais il savait aussi que dès que j'en aurais assez, je stopperais de moi-même. Les yeux clos, je passe la porte qui grince légèrement sur mon passage. La solitude a du bon...
J'ouvre lentement mes yeux, qui prennent la couleur de l'or le plus pur qui soit, se levant vers l'immensité infini de l'univers. Capter, un simple instant, une simple image. Et la lune, pleine bleue, de sa plus belle robe. Et moi, je sens que cette couleur si douce m'emplis les poumons, le cœur, et ça gonfle en moi... Cette émotion de découvrir quelque chose de fascinant, qui... Vous empêche de penser, ou de bouger. Et voilà que cette instant ne dure pas plus d'une seconde. Une simple... Fraction de temps, perdue dans l'ailleurs.
Mes jambes fléchissent, je sais que j'attend la limite. Souviens toi Vic, souviens toi à jamais de ça. Souviens toi de ce ciel, de cette Lune...

Vic' ? C'est toi ? Tu fais quoi ici ?"

Et d'Auen. Mes yeux quittent le ciel, sur le point de se clore. Sa voix... Sa voix, c'était bien elle. Je tombe sur cette pièce immense, sur ce sol, sur cette terre, loin de mon monde. Et je tombe... Sur lui. Mes yeux tombent sur lui. Et cette image se grave en moi, comme chaque chose que j'espère un jour au fond de moi pouvoir concrétiser. Et que je crains chaque jour de voir changer. Des cheveux comme le blé, des yeux comme l'océan... Sa cicatrice dans le cou me fait monter une nausée. Merde, non, pas cette image là, je n'en... Je n'en veux pas!
Je fascié sur la droite, mes yeux clos finalement, mais l'image reste comme imprimée sur ma rétine. Une stigmate indélébile dans mon âme. Je lève une main pour la coller contre mon front, calmer ma pensé. Tout, tout est tellement brouillé dans ma tête d'un coup. Un coup d'éclair, à l'intérieur même de mon esprit, venait de me frapper sans doute. Et la tête qui tourne.
Je m'assois sur le sol à genoux, ne pouvant faire plus, le temps que... Que je me calme un petit peu. C'est ça, je dois prendre mon calme... Le prendre, et le retenir...
Son air jovial, son sourire, sa cicatrice, ses cheveux, ses yeux, ses traits. Je les revois, encore. Encore. Encore... En boucle dans mon cerveau. Je calme ma respiration. Merde, j'allais encore l'inquiéter pour rien. D'une main fébrile, je me plaquais littéralement le bandage sur le visage, le nouant très rapidement. Limites, revenez. Merde, j'ai franchie... Non... C'est...
Je dois semble bizarre, ainsi prostrée, les mains tremblante sur mon bandage qui refuse de se nouer. Mes doigts ne sont que des empotés. Et mon cœur m'étouffe sous le coup de la surprise. Je n'avais pas... Je ne pensais pas... Voir quelqu'un de réel en jour, ailleurs que sur ma photo de famille. J'avais encore... Triché. Merde!
Je levais une main vers lui. Je ne sens plus rien, je sais même pas si il est à droite, à gauche, ou derrière moi, proche, ou loin. J'en sais strictement rien. je ne voulais pas... L'inquiéter plus que ça.

-Oui... Oui, c'est moi... Pardon Auen... Tu m'as surprise et... J'ai cru que j'allais faire une attaque.

Demi-vérité, demi-mensonge.
Vic... Tu te sens bien? La voix d'Heimdall raisonnait comme inquiète...
J'ai juste... Un peu la nausée, mais ça va... J'ai du ouvrir les yeux trop longtemps...
Tu es certaine qu'il n'y a pas autre chose?
Sa question resta sans réponse. Je ne la connaissais déjà à l'époque, mais je refusais de l'entendre. J'étais juste... Terrorisée. Je finissais de nouer mon bandage dans un soupire de soulagement. Je me sentirais presque... Mieux?

A l'aide de mes mains, je me relevais lentement, bien qu'encore prise de vertiges. Mais finalement, je le supportais bien. Enfin, mieux que les battements de mon cœur qui me cogne, encore, et encore dans la poitrine.
Je... Bafouillante, je tentais de reprendre un état plus.. Normal. Il les avait forcément vu, mes yeux... Non, partons du principe que non... Je tentais de sourire légèrement. Factice. Merde, c'était si évident?

-Alors... Qu'est-ce que tu fais... De beau par ici? Tu es venu voir la Lune Bleue?

Demandais-je en pointant vers le ciel, levant légèrement la tête. Cette lune bleu était tâchée de reflet blond, et d'une pointe d'azur. Cette image n'était pas... Ce que j'avais espérer voir. Et ça, encore une fois, je ne le supportais pas, à cette terrible époque.

Une vision qui changera tout

Je culpabilisais un peu, de le rendre coupable de ma crise de panique, mais je n'allais pas honnêtement lui dire que... Enfin, je n'allais pas lui raconter ce dont je n'ai pas envie de parler, un point c'est tout. J'ai juste le cerveau trop en vrac pour ce genre de choses... Je pris sa main avec douceur pour me relever, me tenant sans doute face à lui, j'imagine... Mes repères reviennent lentement, mais surement, me faisant des petits électrochocs.
Il s'excusait, pour la surprise... Tu m'étonnes, si je devais réagir à ce point là quand on me fait un bouh ou une surprise comme ça, je serais déjà à l'hosto. Je tentais vainement de lui sourire de façon un peu plus vrai. Sourire factice de merde qui me colle au visage...
Je bafouillais, avec ma voix légère en secouant les mains vers l'avant.

-Ne t'excuse pas Auen... C'est moi, j'ai débarquée comme ça... Je vais bien, t'en fais, c'est pas ta faute...

Je glissais une main le long de mon avant bras, soucieuse, mais déjà un peu plus calme. Il n'a vraiment pas vu, pour mes yeux... Tant mieux, si je peux dire... Je n'aurais pas voulu lui expliquer ça maintenant. Pas ce soir.. Je suis encore trop secouée.

"La lune ? Ouais. J'adore me perdre dans des paysages idylliques, sans fin, sans rien. Ainsi mon esprit plane un peu et ça me repose. Surtout avec ces derniers évènements ! J'en avais réellement besoin !"

Je levais moi aussi la tête vers le ciel, pour la regarder. Comme si je pouvais le faire. Et je l'ai fait. Mais ça, personne sans doute n'en saura rien... Parce que ça appartient à mon propre univers, et qu'il n'est pas comme celui des autres.

-J'ai toujours trouvé le concept de la nuit très reposant... Je me vide la tête dans ces moment-là.

Mais la lune bleu que je vois est bardé de cicatrice. La nausée me remonte dans la gorge, mais je la refreine. Tant que je peux... Je tente de garder la tête sur les épaules... Au moins, Auen rit, il ne se rend sans doute pas compte de ce que je traverse. Tant mieux, il a déjà bien assez de problème à lui tout seul, je ne vais pas coller les miens en plus sur son dos...
J'inspire un grand coup. Juste respirer... Juste ça.

"Dis-moi... Cette question va te paraître peut-être un peu... Indiscrète. Et si tu ne veux pas y répondre je comprendrais ! Comment c'est... de ne pas voir ? Je veux dire... Le monde est-il plus beau à tes yeux... ?"

Je tournais mon visage vers lui, la bouche légèrement entrouverte. Je... Je ne m'y attendais pas pour le coup, ça me surprend toujours... Je rougis légèrement, détournant le regard sur le côté à mon tour. Enfin, le visage, on se comprend. Pour moi, oui... Le monde ne peut qu'être beau... Même s'il existe des choses immondes, comme la guerre, la faim, tout ça... Je pense qu'on a tellement de bonnes choses...
Je passais mes deux bras derrière ma tête, debout, faisant quelques pas pour m'éloigner, mais aussi pour réfléchir un peu.

-Je... Suppose que je suis un peu privilégiée... Je...

Cherche tes mots Vic, merde!

-Mon instructeur, quand j'étais petite, me disait souvent ça: "Quand on te décrit quelque chose, c'est ton imagination qui va la produire... Tu auras toujours une vision plus édulcorée des choses, rien ne pourra jamais réellement te choquer, car ton cerveau ne voit que ce qu'il peut comprendre."

Je baisse mes bras, regardant un petit peu autour de moi sans rien voir, cherchant... A expliquer les choses. Comme je peux, et avec mes propres mots.

-Tu pourrais me mettre dans une pièce pleine de sang ou de cadavres... Je sentirais l'odeur, je pourrais toucher le sang mais... Je n'aurais pas l'image en tête réellement...
Disons plus simplement que j'ai mon propre univers... Et qu'il est complétement différent du tiens, ou des autres... C'est juste des sensations, des formes... Il n'y a rien de vrai dans ce que je vois. C'est même parfois un peu... Triste.

Je lui souris, tranquille. C'est si simple que ça. Je vis dans un monde complétement idyllique, parfait... Simple et édulcoré. Ma vie se résume juste à mon petit monde, qui s'accorde à celui qui m'entoure. Si les personnes sont des triangles pour moi, alors je le ferais comme des triangles... Comme quand j'avais tracé ces dessins dans la main de Law, cette nuit là.
Secoue la tête, oublie... Cet évènement n'a pas sa place ici.

-Je ne vois rien de mauvais, ou de "moche"... Mais je passe à côté de toute les choses belles... La lune de ce soir n'est pour moi qu'un cercle d'une couleur dont je ne connaitrais jamais la teinte, par exemple...

Je ris, cette image étant totalement absurde. Je le sais maintenant, ce qu'est le bleu. Je le sais, parce que je triche. Que je triche contre les lois que la Nature m'a infligé d'office. Je triche, et ça me rend malade, et pourtant tellement plus vite. Ma punition aujourd'hui, c'est d'avoir vu la cicatrice. Cette chose, cette ligne abstraite prend tout son sens. Douleur, colère, trace, honte. Ce simple trait prend toute son ampleur dans ma tête, au fur et à mesure que le temps passe. Et ça me rend... Malade.
Je m'arrête de marcher dans cette observatoire qui résonne creux. Comme ma tête. Et je lève la tête, mes cheveux tombant en cascade dans mon dos.

-Le monde que je "vois" est juste fade... Il n'est ni beau, ni moche... Il est juste comme j'ai envie qui soit... Et ce n'est pas si mal... Mais ça n'a rien de bien non plus...

Je redresse la tête dans un soupire, mes mains se joignant dans mon dos. Je suis peut-être partie trop loin... Sans aucun doute même. Mais en soit, cette réponse était la bonne, la vraie.
Je me retourne vers lui avec un grand sourire.

-Désolée, j'ai un peu plombée l'ambiance... Je pars toujours sur des grands discours pour des trucs pas si important que ça. Je suis juste aveugle, et je le resterais toute ma vie. On peut rien y changer... Même avec un dieu de la vision dans son corps.

Toujours une question de limite. Des limites que je ne franchirais plus, des limites qui deviennent des remparts entre moi et la réalité. Cette lune bariolée de cicatrice me rit au nez. Ma punition, pour avoir triché. Et elle est méritée.
Je cherche un coin où m'asseoir, y posant mes petites fesse, les genoux repliés sur le côté (comme les sirènes quoi).

-Je suis quand même contente de savoir que tu vas mieux toi... Je dois avouer que je m'inquiétais un peu... Comme on est amis...

Oh, éclair de génie!! Je sors mon téléphone portable, restant quelques instants sur ma photo que j'ai mise en fond d'écran. Celle de ma famille, devant la maison de ma grand mère... Ils sont tous là, je l'ai ai compté, la première fois que je les ai vue... Tous souriant sur la photo, moi les yeux clos sans mon bandage parce que mon oncle ne l'aime pas trop... Et qui tient la main de mon petit frère, la main de mon père sur mon épaule, et son autre bras autour de la taille de ma mère.
Je déverrouillé le téléphone avec mon clavier en braille, entrant quelques trucs avant de le tendre à Auen, dans la rubrique "Nouveau Contact".

-Je ne t'avais pas vraiment demandée ton numéro, la dernière fois...

Une vision qui changera tout

Auen tenta tant bien que mal de me rassurer, mais je savais déjà qu'au fond de lui, j'avais sans doute suscité une réaction involontaire. C'est peut-être mon imagination qui tente de me faire coupable, je n'en sais rien... J'ai juste l'impression de perdre pied encore un peu plus... Juste une impression de vide qui se creuse dans ma poitrine. Je récupérais mon téléphone en le sentant vibrer dans ma main. Après quelques manipulations presque automatique, j'ajoutais ce nouvel ami à ma liste de contact, après Mary, Aelter, Lawrence, Cris... Je ne m'en étais pas encore rendue compte, mais cette liste était incroyablement grande à présent. Bien plus que ces dernières années du moins... C'est à la fois incroyable, et pourtant... Je n'ai pas tant l'impression d'avoir changée. Peut-être que c'est l'effet d'Heimdall, celui de me donner un peu plus de confiance en moi? Sans doute... Je fais des efforts, parce que je sais qu'il me regarde, et qu'il me donne toujours de bon conseil.
Je secouais légèrement la tête, verrouillant rapidement le cellulaire pour le remettre dans ma jupe.

"C'est bête comme question... Mais comment fais-tu pour envoyer des SMS... Enfin... Je... Raaaaah chuis con, oublie !
...Je crois que parfois je t'envie... De voir tout ce que tu veux comme tu veux. Ça fait moins mal..."

Je lui souris, lui désignant la place à côté de moi, l'invitant à s'asseoir. Je veux juste me remettre de mes émotions, et me dire que le moment présent, comme le prochain, sera calme, et sans accroc. Ni mauvaise surprise. Je sens le froid au bout de mes doigts, alors je me ménage un maximum, et je crois qu'Heimdall fait de même... Je navigue à l'aveuglette, réellement, et ceux depuis déjà bien longtemps.

-Tu sais, ce n'est qu'une question d'automatisme... Et puis, j'ai un film plastique spéciale... Même si ça ne se voit pas, il y a des petites indications en braille, au dessus de chaque lettre du clavier numérique. Donc quand je suis perdue, elles m'aident beaucoup...
Mais je les utilise de moins en moins, c'est presque automatique maintenant! Un peu comme tout les jeunes de notre âge, tu me diras.

Je ris, légère. Juste souffler, me reposer. Laisser la tête partir loin, sans retour. Enfin, pas trop non plus, je dois rester sur mes gardes, à côté de lui... Mais Auen à l'air tellement bien, je ne peux juste pas imaginer qu'il puisse changer maintenant, comme ça, d'un coup...
Oublie les balafres, la souffrance ou la misère. Tu ne les a jamais vu, ça n'est jamais arrivé. Tu n'as pas à voir ça, tes yeux sont clos à toute les vérités. Oublie Victoria, oublie simplement...
Ma voix me semblait lointaine à moi-même. Je ne sais pas vraiment pourquoi...

-Tu sais... Parfois, j'aimerais ne pas être comme moi, justement... J'aimerais être comme tout le monde, pouvoir critiquer quelqu'un qui a mis un t-shirt d'une couleur qui ne va pas du tout avec son pantalon... Voir un film à effet spéciaux et les voir, plutôt qu'attendre l'audio description... Je dis ça de façon tellement égoïste, mais...

Je ramenais lentement mes genoux contre ma poitrine, posant mon menton sur ces derniers. Le fait d'être aveugle t'épargne des choses comme le traumatisme visuelle, t'attire la sympathie des hypocrites, la méchanceté parfois pour certain qui sont jaloux du traitement privilégié que tu peux recevoir.

-Dès que tu commences à être différents, les gens te voient comme si tu étais une sorte de monstre de foire... Je m'en fiche un peu, honnêtement, j'ai appris à faire avec mais... Ne rien vouloir voir n'est qu'une solution de facilité, je le sais...

Je soupire, tournant la tête vers lui, roulée ainsi en boule, mon bandage sur les yeux. Un petit sourire étirait mon visage.

-Tu souffres toujours... Vivant, voyant, aveugle ou mort... Les êtres humains souffriront toujours... Toi et moi n'avons pas les mêmes souffrances, mais nous souffrons quand même, chacun à notre façon...

J'ai trop poussée sur les pouvoirs d'Heimdall, j'ai la tête tellement lourde... Et le cœur qui me pèse dans la poitrine, mes sens sont simplement dans le brouillard complet. Et mon cœur ne connait plus aucune véritable frontière.

-Alors, s'il te prend des envies œdipiennes... Ou même si l'autre y songe... Ce n'est pas ça qui te sauvera, loin de là... Vous ne ferez simplement que souffrir encore plus... Et tu feras aussi souffrir ceux qui sont autour de toi...
Tu as un bon cœur Auen, alors je sais que tu ne le feras pas...
Et puis, une fois fait... Tu n'auras aucun moyen de tricher, ou de revenir en arrière... Un handicape... Ce n'est pas une chose qu'il faut volontairement s'infliger.

J'affichais un petit sourire confiant, toujours dans sa direction. Pourquoi je parle de ça. Pourquoi je dis tout ça. Je ne comprends toujours pas pourquoi ces mots quittent la gorge tiède, mais ils le font, et je ne les empêche pas pour autant. Ce qui doit arriver arrivera de toute manière... Une loi qui me parle... Ceux a envier, c'est les gens qui aiment, c'est les gens qui te font te sentir bien. Je m'enfonce de plus en plus dans mes propres ténèbres ces derniers temps. Parce que je refuse d'ouvrir les yeux. Je refuse ce monde qui n'est pas le mien. Je m'inflige cette propre souffrance. Le tiraillement, brûlant dans ma poitrine. Mais ce soir, ce soir... Je suis allée trop loin, et j'ai perdue... Cette innocence que je voulais préserver n'est simplement plus... Les balafres ornent mon ciel mental en un sourire narquois de la vie.
Je lui souriais toujours, bien qu'une larme perlait le long de ma joue à travers mon bandage mal remis.
Je me redressais rapidement, l'essuyant du revers de la main. Cette larme n'était pas la mienne mais... Qu'importe.

-Et sinon, tu t'y connais un peu en astronomie? Demandais-je en toute innocence, pour changer de sujet.
Pas de question embarassante, cette larme n'était rien... Rien.

[HRP: Désolée, la qualité du RP risque d'être un peu moins bonne (grosse fatigue IRL) que précédemment, mais j'espère que ça ira quand même >< ]

Une vision qui changera tout

Il ne me rejoignait pas, gardant ses distances. Je ne lui en veux pas... Après tout, moi aussi j'en suis satisfaite, de cet écart. D'une certaine manière... J'étais aussi bien à l'aise à côté de Auen que dans le vide. Non, c'est maladroit, de le dire ainsi... Tant pis, j'abandonne pour ce soir. Ce soir... C'est tout, voilà.
Je sentais la tension monter, j'avais encore dis quelque chose qui aggravait la situation... Tu m'étonnes Vic, parfois, franchement... Incapable de faire attention aux sentiments des autres, et d'un seul coup, tu finis par vouloir les aider quoi qu'il t'en coute, quitte à toi même en souffrir. Humain débile
Je me mordais la lèvre, inquiète. Stressée. La fatigue évidente n'était plus qu'une anxiété, retranscrit par les muscles tendus de ma nuque et de mes mains, agrippées à mes coudes, toujours dans cette position qui me replie sur moi-même. Je fermais les yeux sous mon bandage, mes cils frôlant l'étoffe légèrement. Ne me demandez pas de penser maintenant, je n'y arriverais pas. Ma satisfaction vint bien vite, quand Auen changea de sujet. Il aurait pu ne pas le faire. Mais la tension entre nous était si écrasante... Il le fallait, c'est pour le mieux je suppose.

"A part le B.A-Ba, et les choses style que la lune gravite autour de la Terre, non pas des masses ! Ce n'est pas ma grande passion !"

Il sembla vouloir dire quelque chose, mais sa voix se stoppa, avant de prendre, étrangement mélodieuse... Indochine?

"J'ai demandé à la lune, et le soleil ne le sait pas. Je lui ai montré mes brûlures et la lune s'est moquée de moi. Et comme le ciel n'avait pas fière allure et que je ne guérissais pas, je me suis dit quelle infortune ! Et la lune s'est moquée de moi. ♪"
-J'ai demandé à  la lune si tu voulais encore de moi... Elle m'a dit "j'ai pas l'habitude de m'occuper des cas comme ça"....

J'avais suivis sans m'en rendre compte, tournant subitement la tête vers Aeun avant de rire avec lui, sans pouvoir m'arrêter. "Des cas comme ça", en effet... On est des cas, incapables de ne pas réfléchir ou de discuter du sens de la vie. Le poids sur mes épaules tombait d'un seul coup, comme libérateur, me quittant dans les éclats de rire que nous avions à l'instant en commun.
Je passais doucement une main sur ma bouche pour calmer mon rire. Je n'aimais pas du tout chanter en publique... Déjà que ma tante insistait à chaque repas de famille pour que je pousse la chansonnette après m'avoir entendue à un karaoké, quand j'avais 5 ans... (TRUE STORY BRO).
Je pourrais un petit soupire, avant d'être interrompue par Aeun, posant une question sur... La photo? Perplexe, je sortais mon téléphone avant de le déverrouiller. Il n'y avait que celle là de toute façon...

-Oui, c'est bien ça... Ma mère me l'a envoyé peu après mon arrivée ici... Elle est là, normalement. Fis-je en désignant une petite femme bonde au yeux marrons. A sa droite, c'est mon père, qui a la main sur mon épaule, et je le montrais encore une fois cette homme au physique de fonctionnaire à lunettes, brun avec ses yeux bleus océans. Mon petit frère est juste devant moi, le nain là qui me ressemble un peu trop il parait, ajoutais-je dans un petit rire, me souvenant qu'il n'avait que 9 ans encore...

Je me sentais nostalgique d'un seul coup... Ils me manquaient juste tellement... Je souris tristement, inclinant un peu le téléphone sur le côté.

-Ils me manquent un peu... Enfin, tout le reste... J'ai grandis dans un petit village où toute notre famille vie... Ma grand mère, mes cousins de tous les côtés... Je ne te raconte pas les réunions de famille, on finit presque toujours à 20 autour de la table...

Tapotant sur mes genoux, je poussais un petit soupire las. D'habitude, en Aout, on fêtait mon anniversaire avec tout le monde... Sauf que j'étais en Egypte cette année là... Et donc, pour la première fois de ma vie, nous n'avions pas accomplis ce rituel.

-J'ai hâte de les revoir... Vivement les vacances de la Toussaint!

Ajoutais-je sur un ton un peu plus enthousiaste. J'allais les revoir, de toute manière, pas besoin de déprimer ni quoi que ce soit qui s'en rapproche. Encore quelques semaines de cours, pas grand chose...

-Et toi, tu vas voir ta famille aux prochaines vacances? Demandais-je avec douceur, tournant mon visage vers le sien.

Une simple conversation, normale, entre deux ados qui vivent dans un pensionnat. C'est ce qui manquait... J'imagine.

Une vision qui changera tout

Vic, ce soir, tu fais absolument tout de travers. Absolument tout... Sans exception. Je me mords légèrement la lèvre quand je sens à nouveau Auen qui s'en va, puis revient, comme un lion derrière les barreaux de sa cage. Il m'avait posé la question, alors je... Lui avais juste répondu, je ne comprends vraiment plus pourquoi... C'est vrai qu'à notre époque, avoir une famille comme la mienne était un peu exceptionnelle... La fameuse famille parfaite, pas d'assiettes cassée ni de papier, d'avocat ou encore de garde partagée. Non, juste une famille simple, et sans soucis... Ce n'était peut-être pas le cas pour Auen. Peut-être qu'il avait des problèmes avec sa famille, lui, et que j'avais réveillée ces blessures... Stupide.

"Je... Je n'ai pas de famille. Enfin, on a coupé les ponts on va dire. Alors je ne vais plus les voir. Ma vraie famille est ma famille adoptive les Sørensen. Seulement... Je ne vais pas les voir non plus."

Je l'entendais s'asseoir devant moi, lourdement... Comme s'il cédait sous une terrible poids. L'autre? Je me le demandais. Sauf que... En bien non, ça ne pouvait pas être possible, Auen était trop... Je ne sais pas, ils n'ont juste pas la même odeur tous les deux, je l'aurais sentis s'ils avaient échangé.
Mon sourire se noit dans une petite moue attristée, alors qu'il complimente ma famille... Je marmonne, un peu absente.

-J'essaye de les voir le plus souvent possible...

Je me mord la livre, fermant les yeux derrière mon bandage. Non... Si. Heimdall?
Ce pourrait-être une bonne chose Victoria...
Mais tu ne trouves pas que c'est un peu... Je ne sais pas...précipité?
Tu as toujours été une personne qui écoute ton cœur... Fais le si tu penses que c'est nécessaire.
J'inspirais, déglutissant légèrement, avant de tourner la tête de droite à gauche. Je n'arrive pas à parler... Trouve le courage Victoria... Le courage, tu en as plein!

-Si ça te dis... On a une chambre d'ami, à la maison... Enfin... Je pense que c'est un peu triste de passer ses vacances tout seul au pensionnat... Alors...

Mon dieu, j'ai l'impression d'avoir 4 ans! Je bafouille, pas même certaine que ce que je voudrais dire et de ce que je voudrais faire comprendre.

-Tu ne voudrais pas venir passer les vacances chez moi? C'est un petit village en Angleterre tranquille, il n'y a pas beaucoup de monde... Mais on peut aller pêcher, se balader... Enfin, on ne s'ennuie pas quoi...

J'avais l'impression de lui vendre un voyage dans une agence de tourisme... C'était totalement ridicule mais... Le laisser seul dans son état, je ne sais pas pourquoi... Mon instinct me chuchotait à l'oreille que ça n'était pas une bonne idée.

Une vision qui changera tout

Anxieuse, j'attendais le verdict. Le terrible... Verdict. Puis je me rendais compte, petit à petit, que la situation risquait d'être embarrassante, pour lui comme pour moi... Non... Bon, d'accord, je l'avoue, c'était la première fois que j'allais passer des vacances avec quelqu'un chez moi. Un ami... Mec... Mon père allait me faire une blague presque sérieuse sur le fait qu'à mon âge, on ne ramène pas encore de garçon sous son toit. Ma mère va me demander son CV complet et son bulletin scolaire... Ou alors non, elle ira le chercher elle-même, comme je la connais. Mon frère va presque être jaloux... Oh, et ma grand mère aura déjà commencée les préparatifs pour le mariage. Auen était en couple... Avec Hansel! Le fait qu'il passe possiblement des vacances chez moi n'allait pas l'embêter, elle? Je ne voulais absolument pas me mêler de leur relation, ou faire du remue ménage dans leur histoire... C'est beau l'amour, je ne veux pas gâcher ça pour le moins du monde.
Je serrais mes mains, l'une contre l'autre dans une sorte de prière silencieuse...

"Je... Tu sais, j'ai l'habitude ! Je suis plus à une année près ! Mais... "

Le refus arrive, il est là, tout proche... Je le sens, et j'ai une boule qui se forme dans ma gorge. C'était peut-être... Trop tôt? Trop brutal? J'en sais rien... J'aurais juste souhaitée pouvoir faire quelque chose pour lui, lui permettre de se changer les idées, de tenir ma promesse de ne pas lâcher sa main...

"Je ne dirais pas non ! C'est très gentil de ta part... ! Je... Raaaaaaah, j'perds mes mots ! J'accepte volontiers !"

Deux mots. "J'accepte". Juste ces deux mots firent s'envoler boule au ventre, doute et anxiété. D'un seul coup... Une vague de joie me submerge. C'est comme si au final, il acceptait mon aide... C'est comme si, au final, cette soirée catastrophe n'avait pas... Si, elle a fait du mal c'est évident. Ce que je veux dire, c'est que malgré tout ça... Je suis capable de faire quelque chose de bien. Sans me contrôler, je me penchais en avant pour lui faire un gros câlin, un sourire immense au visage. J'ai limite l'impression d'irradié de joie, de soulagement... De simple lumière. Et la voix d'Heimdall qui me chuchote que c'est le cas, je ne l'entends pas, car mon esprit n'en ai pas encore capable, de comprendre ça.

-Super Auen, je suis trop contente! Je suis sûre que ma famille sera contente de t'accueillir en plus!

Finis-je par lâcher, en me détachant de lui avec une énergie et un enthousiasme brûlant comme le soleil. Je ne sais pas si ça vient de moi, d'Heimdall, ou simplement d'une illusion que je me fait, mais je le sens en moi, presque autant que le froid qui me saisit de temps en temps.
Je me redressais sans peine, à pas léger, comme si tout le poids de la pièce s'en était allé loin de nous.

-Je leur ferais un SMS dès demain je pense... Qu'on puisse s'organiser, et puis le reste! C'est la première fois que j'invite un ami à la maison, alors je crois que... Non, je suis juste contente!

Je joignais mes mains derrière mon dos, tout sourire. La lune d'un coup fait bien pâle figure à mes sens. Je tournais légèrement, excitée comme une puce. Changeante, je le suis... Mais franchement, n'Est-ce pas pour le meilleur? Auen n'a pas besoin d'une personne qui déprime autant que lui à côté... C'est ce que je me dis. Alors... Autant garder le sourire, et le souvenir de ce dernier.

-Il faudra juste voir pour les billets d'avion, comme c'est un peu cher...

Ahalala, les préoccupations d'adultes, mon dieu! Oui? Ah... Cette blague, je pense que je n'y repenserais plus jamais. Et Heimdall acquiesce avec moi.

Une vision qui changera tout

Je l'vais presque sentit rougir, sa température avait augmentée sensiblement de quelques degrés. Moi aussi, faire un câlin comme ça m'aurait fait rougir, puis j'aurais eut honte et me serait confondue en excuse ensuite... Mais là, étrangement, pas du tout! C'était juste venue naturellement, et je ne le regrettais pas. J'espérais, au plus profond de mon cœur, que cette affection ou cette joie que je portais parfois pouvaient faire du bien aux autres. C'est égoïste, de penser ça... Mais légitime, je suppose?
Auen semblait bien s'y connaître en trajet, proposant un moyen de locomotion plus abordable pour nos petits portes monnaies, bien que plus long... J'avoue que je n'ai pris que deux fois l'avion, et aucun autre type de transport si ce n'est le bus pour aller à l'aéroport, au départ pour l'Egypte... Donc bon.
Je ris doucement à sa proposition.

-Je n'ai jamais pris le train, ça sera une bonne occasion pour tester! Puis ma mère a une voiture après, elle pourra nous récupérer depuis Londres assez facilement, même si la route est un peu longue! Par contre, pas question que tu payes tes billets non, je t'invite je te rappelle!

Fis-je en souriant un peu plus, avec une moue presque outrée et joueuse à la fois. L'art de recevoir chez les Limeria, c'est sacré, d'accord? Oh my, je m'emporte totalement, je suis pire qu'une pile électrique. Enfin, à une semaine du départ, je vais être totalement angoissée en me demandant comment les choses vont se passer et mais bon... C'est dans longtemps! Alors, autant ne pas y penser!

-Je te tiendrais au courant par message de comment on va faire pour les dates, tout ça... Et précise vite si tu as une allergie alimentaire ou autre, ma mère fait les courses presque deux semaine à l'avance...

Je riais, un peu moqueuse. Je l'adore ma mère, mais elle ajuste ce petit défaut d'être hyper organisée... Et mon père la taquine toujours en mettant un peu de truc pas prévu dans ses plans tout prévu. Une superbe alchimie...
Oui, je suis fière de ma famille, même si parfois, je ne le dis pas tout haut, et que je les trouve trop protecteur. Je les aime, c'est tout...

-Par contre, il y a cours demain... Je commence avec maths, il vaut mieux que mon cerveau soit fonctionnel parce que sinon... Catastrophe!

Je me passais une main derrière le crâne avec un grand sourire, agitant l'autre main pour faire un signe de bye bye.

-Je vais allée me coucher... Je te dis demain, si mes parents sont d'accord, et tout ça... Tu devrais aussi retourner à ton dortoir, sinon tu vas avoir une mine de déterrer!

Je me dirigeais tranquillement vers la porte, la faisant grincer à nouveau, avant de poser ma main sur la rampe pour me guider plus facilement dans les marches. Avant de disparaitre dans l'ombre, je tournais doucement le visage, toujours ce sourire rayonnant aux lèvres.

-Porte toi bien Auen! On se revoit bientôt!