C’était il y a environ 50 ans, dans les provinces malfamés de Thaïlande, un endroit où le tourisme sexuel est monnaie courante. Une jeune fille, d’une beauté et d’une douceur extraordinaire naquit. S’en était presque surnaturel. Tellement improbable qu’elle devint presque une légende urbaine. On racontait qu’autour d’elle s’étendait une aura de bonté, et que sa beauté éclairait l’endroit auquel elle se trouvait. Son père et sa mère, était très heureux de ce présent que leur offrait la nature, mais se rendirent bien compte, que dans ce quartier, ce n’était rien d’autre qu’un cadeau empoisonné. Dans la rue, tous les étrangers se tournaient vers l’enfant, qui n’était alors que nourrisson. Certains tentèrent même déjà de l’acheter, le regard déjà luxurieux. Les parents voulurent mettre leur enfant en sûreté, par tous les moyens. Ils n’en eurent pas le temps. Avant même qu’ils puissent trouver une famille d’accueil dans une grande ville, un groupe de mafieux avait déjà kidnappé la jeune fille.
Elle fut forcée au travail dès l’âge de 8 ans, et enfanta à l’âge de 16 ans. C’était un miracle qu’elle ne soit pas tombée enceinte plus tôt. L’enfant était au moins aussi belle que la mère, mais quelque chose différait néanmoins. L’aura qu’elle répandait n’était pas pleine de douceur, contrairement à celle de l’adolescente brisée : celle-ci, d’ailleurs, continuait, malgré toutes ses épreuves, à être douce et attentionnée. Non, le bébé avait une façon de regarder à faire froid dans le dos. Elle avait beaucoup plus de caractère que sa mère. Et cela se vit en grandissant. Elle restait une soubrette de bas étage, mais elle avait une lueur rebelle dans le regard, qui en faisait la préférée de bien des clients. Sa mère tomba vite dans l’oubli, et finit par mourir, à l’âge de 30 ans d’une maladie vénérienne. Quatre année plus tard, un riche homme venu d’occident, et plus exactement des Etats Unis, vint secouer le colosse dans ce bordel, et tomba éperdument amoureux de la jeune femme. Il l’acheta, au prix d’énormément d’argent, et la ramena dans son pays, pour en faire sa femme.
Loin d’être sotte, la jeune femme se laissa faire, et lui fit un enfant, qu’elle nomma Maya. Ainsi, elle s’assurait de son lien avec son mari, rassurait les autorités locales quant à la légitimité du mariage, et paraîtrait comme mature aux yeux du monde. Maya était telle que sa grand-mère à la naissance, mais n’a eu pour modèle que sa mère durant ses trois premières années. D’autant plus, qu’elle ne s’occupait absolument pas d’elle. Ce n’était pas limite si elle laissait le biberon à l’extérieur du berceau, en lui lançant « Tu le veux ? Viens le chercher ! ». Ce n’est qu’au bout de trois ans qu’elle décida d’appeler quelqu’un pour s’occuper d’elle. C’est ainsi que la petite fille reçu l’éducation de Perry Mason, une jeune femme anglaise de bonne famille qui avait décidé de se faire fille au-pair en Amérique.
Le début fut plus que difficile. Maya faisait preuve du même comportement outrageusement mauvais que sa mère. Elle fit vivre un enfer à Perry pendant les premières années. Mais celle-ci était d’une patience exemplaire, à un tel point que, au 8 ans de Maya, celle-ci piqua une crise. Comme quoi, Perry était énervante. Perry était toujours là malgré toutes les méchancetés. Perry n’était pas en pleurs, comme elle l’était lorsque sa mère se comportait ainsi avec elle. La nourrice lui expliqua alors un petit peu son histoire. Elle était elle-même sœur aînée de 4 enfants, et les avaient principalement éduqués : ses parents n’étaient jamais là. Alors elle possédait la patience. Elle rajouta également que malgré tout ce que l’enfant lui faisait subir, elle parvenait à voir le bien en elle. « J’y crois. Je crois en toi. » Lui avait-elle dit. Maya pleura. Mais c’était de joie car elle avait enfin trouvé quelqu’un pour être avec elle.
Le père absent, la mère je m’en foutiste, Maya évolua au côté de l’anglaise qui s’amusa à lui donner la meilleur éducation qu’elle pouvait. Elle lui apprit tout ce qu’elle savait, en plus de l’éducation de l’école. Bien se tenir dans des lieux publics, avoir un langage adapté à la situation, et surtout à aider les autres. La base de la théorie de la jeune femme était : « Tu peux avoir du caractère, et refuser d’être rabaissée. Mais si quelqu’un a besoin d’aide, tu dois penser à lui, avant de penser à toi. ». La plus grande passion de Perry était l’art, et elle fit tout pour transmettre cela à Maya. L’enfant y fut totalement réceptive, et tirait de grands yeux pleins d’étoiles devant chaque œuvre d’art décortiquée par la baby-sitter. Elle fut particulièrement charmée par la musique, autant classique que contemporaine. Les deux écoutaient parfois 5 heures de musique, allongées toutes deux sur le matelas deux places de la luxueuse chambre de Maya, dans le noir complet, simplement en extase sur la musique. Elles étaient devenues très complices. A 11 ans, Maya considérait déjà Perry comme sa grande sœur.
Lorsqu’elle fut au collège, et particulièrement en 5ème, où ses formes commencèrent à croître, les garçons commencèrent à tourner autour d’elle. Plus qu’à l’ordinaire je veux dire. Plus l’enfant grandissait et plus elle devenait belle. Son sourire faisait chavirer les cœurs. Elle ne le sait pas d’ailleurs, mais certains de ses professeurs avaient un béguin pour elle, malgré son jeune âge. Et en 4ème, elle rencontra un homme. Un qui n’était pas comme les autres. Un qui ne lui tournait pas autour. Un qui ne demandait rien pour lui. Elle tomba amoureuse. Le jeune homme était un an plus agé. Musicien, et incroyablement intelligent. Il n’était pas spécialement beau, et n’avait pas beaucoup de confiance en lui, mais le fait qu’une femme comme Maya le charme lui rendit sa confiance. Quelques mois plus tard, une relation stable s’établissait, sous l’œil bienveillant de Perry, et l’ignorance des parents de la jeune fille.
Souvent, couverte par Perry, l’enfant sortait avec son amoureux le soir. Ils allaient dans des clubs de jazz, où l’on laissait entrer le jeune garçon, qui insistait pour pouvoir jouer et arrivait à flatter l’assistance au bout de deux notes, ou alors, ils allaient chez le garçon, où il lui apprenait à jouer. Elle était douée. Le chant fut maitrisé en un temps record, de même pour les instruments à cordes pincées. Seul le piano lui posait quelques problèmes : la synchronisation de ses deux mains la bloquait. Mais peu importait, elle pouvait accompagner son compagnon, lorsqu’ils allaient dans des clubs. Mais évidemment, rien n’aurait pu être aussi simple.
Portés par la virtuosité de Mattew, son « âme sœur », et la beauté de Maya, ils se firent un nom. Et ce nom arriva à l’oreille de la mère, qui profitait de l’absence de responsabilités pour profiter de sa vie mondaine, et se faire des « amies » toutes aussi viles et riches qu’elles. Celle-ci fut évidemment furieuse, contre Perry, comme contre Maya, et fit renvoyer la première sur l’heure, séparant ainsi les sœurs de cœurs qu’elles étaient devenues. Depuis ce jour, plutôt que de se faire appeler Maya Crowley, qui est le nom de son père, elle préfère le nom de Mason. Maya Mason. Celle-ci fut consignée à la maison, et interdit de sortir. Privé d’amour, et sans aucun moyen de communication.
Bientôt, son père eu un accident. Il fut gravement blessé au dos, et souffrait tous les jours. Heureusement pour lui, il avait accumulé suffisamment d’argent durant sa vie, et put prendre sa retraite anticipée, en restant à chez lui tous les jours. Or, sa femme ne lui prêtait plus attention, et Maya s’embellissait de jour en jour, de la même manière qu’une princesse enfermée dans une tour d’ivoire, attendant le retour de son prince charmant. Mais dans tous ces contes, il y a un pervers libidineux qui essaye de se faire la princesse. Ici, cela sera d’autant plus dégoutant qu’il s’agira de son propre père. Elle lui résista. Et finit, à moitié à poil, en train de courir dans l’immense appartement de son père, pour lui échapper, avant de débarquer dans la salle où sa mère prenait le thé avec ses amies. Son mari avait le cigare à l’air, et sa fille avait l’air de la putain de Babylone, aussi peu vêtue. Elle décida de reprendre les choses en main, et d’envoyer sa fille loin de sa maison. Loin. Très loin. Dans un pensionnat élitiste où elle se ferait écrabouiller et reviendrait en miettes. Le pensionnat immortalia.
Possédée par Ares, le Dieu grec de la guerre, le côté sauvage que Perry avait eu tant de mal à supprimer à tendance à revenir au galop. Maya s’efforce de rester calme avec ses camarades, de continuer à les aider. Mais comment faire, si à chaque fois qu’elle aide, un macho crie dans sa tête « C’est un faible ! Comment je te le bastonnerais celui là ! Il est aussi faiblard qu’un souriceau ! ».