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En quête de paix
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MessageSujet: En quête de paix En quête de paix EmptyVen 1 Avr - 3:03


En quête de paix

feat Calypso S. Adiathesia






Un barbu désespéré qui va potentiellement trouver un havre de paix, du moins c'est ce qu'il espère. Que trouvera-t-il et qui pourrait venir à sa rencontre ?

C’en était trop, je devais fuir et trouver un lieu où me reposer seul, totalement seul. Les évènements précédents étaient de trop pour moi, il m’était impossible de faire le vide dans mon esprit et sitôt retrouvé la forme, je partis en courant. J’aurais pu me réfugier dans ma chambre mais on m’avait averti d’un changement de dernière minute et je n’étais de toute évidence pas seul dans celle-ci, or dans l’instant présent je ne voulais voir personne. Il était même impensable que je passe devant un miroir ou que je m’arrête devant une vitre car j’aurais pu ne pas me reconnaître. Une voix dans ma tête qui se proclame déesse celtique et qui prétend au futur contrôle du corps qui est le mien, mais qu’est-ce que j’ai fumé pour en arriver là ? D'ailleurs, “mon corps” n’est peut-être déjà plus mien, je ne fais que courir à travers des couloirs sans fin et j’ai perdu toute notion du temps, je ne sens même plus mes jambes se mouvoir. Il ne manquerait plus que je ne me mette à faire des gestes insolites et ce serait la fin. Comment garder son calme dans un moment comme celui-ci ?! Mes pensées s’affolent, mon cœur bat la mesure et je me sens comme étranger dans ce corps qui, jusqu’à preuve du contraire, porte encore mon nom.
Ma course prit finalement fin lorsque je ressentit une étrange sensation : une odeur de fleurs me parvint au nez et un frisson me parcouru l’échine de façon si intense que je crus un instant que l’on ait versé de l’eau glacée dans mon dos. Les yeux fermés, je me concentrai sur cette sensation, tentant de savoir d’où elle provient. Ouvrant finalement un œil, je vis par la fenêtre les serres du pensionnat. N’y ayant jamais pris garde auparavant, je ne savais même pas où elles se trouvaient puisque après tout, je me contentais de me cacher dans ma modeste chambre lorsque je n’étais pas en cours. Et pourtant, je ressentais à l’instant présent une irrésistible envie de m’y rendre, d’emplir mes naseaux de ces odeurs si particulières et découvrir toutes ces plantes dont je ne sais rien. C’est ainsi qu’avec un début de sentiment de sérénité, mes pas me menèrent dans ce lieu lumineux et à l’ambiance si particulière.
Je me trouvais désormais devant une porte vitrée, celle-ci menant à la serre du pensionnat. Pénétrant en ce lieu étrange, j’étais entouré d’un nombre incroyable de variétés diverses et variées, je n’en connais pas une seule mais où que se pose mon œil, je découvrais un nouveau végétal. Entre les pots posés sur des tables et le sol meuble dans lequel étaient plantés certains des spécimens, il n’y avait aucun espace libre. Pas d’espace et pourtant tant de vie et d’harmonie, je ne me sentais pas à l’étroit pour un sou alors que j’étais un insecte au milieu d’incroyables plantes qui parfois faisaient plusieurs mètres de haut. Par ailleurs je m’y sentais très bien, la sensation de froid demeurait mais elle était agréable ce qui en soi était un fait étrange, car la chaleur était forte et l’humidité omniprésente. Je marchais désormais d’un pas nonchalant car je me contentais de respirer et apprécier. Jamais au grand jamais je n’aurais imaginé me réfugier dans une serre pour fuir une si intense détresse. D’ailleurs, ce mot n’était plus qu’un souvenir car mon esprit s’était immédiatement apaisé parmi toutes ces beautés de la nature, je pense que je n’ai jamais été autant en symbiose avec moi-même et à cette pensée, je souris.
Il m’était impossible de dire depuis combien de temps j’étais là, les bras tendus et écartés, paumes vers le ciel, à tourner sur moi-même. Des minutes ou des heures à humer l’air et à laisser vagabonder mes pensées, perdu, et pourtant je ne m’étais jamais senti autant à l’aise qu’ici : j’étais chez moi. C’est lorsque le soleil commença à disparaître à l’horizon que je senti comme une odeur particulièrement forte et agréable me monter au nez. Curieux, j’ouvris un œil et vis d’où provenait cet arôme : devant moi, dans un petit pot d’argile se trouvait une petite fleur à longue tige. Je n’en connaissais évidemment pas le nom, cependant j’étais fasciné par sa beauté. D’une couleur magenta très vive, la fleur était grande ouverte et d’autres plus jeunes se trouvaient plus bas le long d’une solide tige verte. De toute évidence, la plante était jeune. Je voulais en savoir plus et tandis que je me questionnais, une voix particulièrement familière raisonna dans les tréfonds de mon esprit :
“   Rose trémière est son nom.
   Elle représente la beauté sauvage
   Que jamais nous n’asservirons,
   Car elle survivra à tous nos outrages.


Cette voix provenant d’une part sombre de moi aurait dû me mettre dans un état de panique insurmontable tel que lors de mon séjour à l’infirmerie, et pourtant cela n’eut aucun effet sur moi car entouré de toutes ces plantes, l’individu avec qui je partage mon corps était devenu une part fleurie de mon âme et je me sentais prêt à l’accepter. C’est à cet instant précis que je compris que cette possession n’était peut-être pas si mal, que plus jamais je ne serai seul et que je saurais en savourer les avantages. Fermant de nouveau les yeux, je leva le visage vers le ciel et prononça quelques mots à l’intention de mon hôte :
Sombres étaient mes pensées à ton arrivée. Nous sommes si différents, de nombreux siècles nous séparent et pourtant, je me sens capable et heureux de te souhaiter un bon retour en ce monde, Eithne Reine d’Irlande et Mère des Dieux.

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