Les cours venaient de se terminer et la grisaille rendait le lycée encore plus morose qu'à son habitude. Maya errait, sans but à l'interieur du bâtiment, tandis que la voix dans sa tête l'enguirlandait en lui disant de se bouger le fessier. L'agitation dans les couloirs lui donnait mal à la tête. A moins que ce soit les phrases incessantes d'Arès. Ou le manque de sommeil. La jeune femme avait surtout besoin de s'isoler. Elle avait d'abord pensé au local, histoire de jouer un petit peu, mais elle avait peur que d'autres gens s'y trouvent et lui demande de jouer avec eux. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas. Simplement, elle était trop épuisée pour jouer en rythme avec d'autres personnes. Même avec un métronome, elle en aurait sûrement été incapable.
"T'as jamais fini de te plaindre, garce."
"C'est ta faute si j'en suis là, abruti fini. Si tu me laissais pioncer, je serais moins emmerdante"
Perry aurait été choqué par son langage mais lorsqu'on évolue avec quelqu'un qui ignore jusqu'au sens du mot "douche", il faut bien se mettre à son niveau.
"Et arrête de penser que je suis jocrisse !"
"Je le pense pas, murmura Maya, avec un sourire moqueur inhabituel pour elle, Je le sais"
Si seulement elle avait pu fermer son esprit au torrent d'injures qui suivit... Il s'amusait à crier comme un putois à l'intérieur de sa boite crânienne et elle savait bien qu'il le faisait exprès pour la rendre folle. Personne ne ressortirait gagnant de cette histoire. Dans un premier temps, elle avait besoin d'un endroit calme. De quelque chose dans lequel se plonger pour l'oublier. Ses jambes s’arrêtèrent devant la porte de la bibliothèque. Parfait endroit. Elle poussa la lourde porte sur ses gonds et entra dans la vaste pièce.
Arès criait tellement fort que Maya avait peur que la documentaliste l'entende. Elle se hâta de déposer son sac sur une chaise, juste à côté d'un garçon aux cheveux décolorés, avant d'aller chercher un livre. Sous le coup des émotions violentes que lui procurait son Dieu, elle avait quasiment balancé son sac sur l'objet qui avait reculer d'un mètre, venant percuter le jeune homme. Dans sa confusion, la jeune femme n'avait rien remarqué, alors que tous les regards s'étaient tournés vers elle. Plongée dans le rayon science fiction, à la recherche du bon bouquin pour pouvoir passer ses nerfs, elle ne remarqua pas qu'une ombre s'était dressée derrière elle.
Et le temps était venu pour moi de commencer à m'y mettre sérieusement. J'avais passé chaque soir à me défiler, à procrastiner et à tout remettre au lendemain. Mais dans deux jours, c'était la date butoir pour rendre mon devoir de mythologies. Un essai fatidique sur le panthéon du Mont Olympe. Génial. La mythologie grecque ne me passionnait déjà pas vraiment, mais en plus de ça, il fallait que Loki me marmonne sans cesse que c'était vraiment un panthéon d'idiots finis qui n'arrivaient même pas à la cheville des scandinaves. Il était pénible dès qu'il fallait que je me mette au travail, c'est sûrement pourquoi je suis devenu si fainéant, et lui d'humeur massacrante à la première ombre de dissertation. Ne pouvant résolument pas travailler dans ma chambre –trop de divertissement–, aussitôt les cours terminés, je me ruai dans la bibliothèque pour avoir une place qui me permettrait de discuter avec mes amis, si certains me rejoignaient, sans être dérangé par le documentaliste qui ne rigolait jamais, dans ces cas-là. Aussitôt arrivé, je m'installai tranquillement, réservant ma place à l'aide de mes affaires largement étalées sur une table, et partis à la recherche de livres qui pourraient m'aider à répondre à l'horrible question rhétorique du professeur Rosier. Essai sur la Grèce au fil des dieux, La mythologie grecque et sa place dans l'humanité et Le Mont Olympe et ses caractéristiques me semblaient parfaits et suffisants. M'installant sur ma table, de laquelle personne n'avait osé s'approché, je fis barrière à toute pensée néfaste venant de Loki, préférant quand il était d'humeur à m'aider. Mais si le sujet tournait autour d'un groupe de dieu qu'il n'aimait pas, je pouvais toujours rêver. J'ouvris les trois livres afin d'avoir une vision globale du sujet, commençai une petite mind map sur une feuille écornée et me plongeai entièrement dans mon sujet. Comme quoi, je savais être efficace quand il le fallait !
Bien sûr, c'était sans compter sur une espèce de fille a l'air complètement déjanté. Du coin de l'oeil, je la vis débouler dans la bibliothèque comme s'il s'agissait d'une salle de sport. Je sentis Loki s'énerver : si on me déconcentrait, mon travail risquait de durer encore plus longtemps, pour son plus grand malheur ! Avec ses cheveux en barbapapa, elle semblait totalement désaccordée avec le genre de fille qui squatterait une bibliothèque, et je m'en voulus de devoir me coltiner un boulet pareil alors qu'il ne me restait que très peu de temps avant de devoir rendre mon devoir. Je soupirai très fort en espérant qu'elle m'entende. Je n'aurais peut-être pas dû, car elle se dirigea droit vers moi, à vive allure. Je tournai la tête le plus vite possible, fixant d'un air résolu mes livres, et je n'eus pas le temps de vérifier si l'autre était toujours là que je me pris quelque chose de lourd et dur sur le coin du nez. Je fus propulsé à un mètre derrière moi, fesses par terre et un peu sonné, me demandant ce qui m'était arrivé. Je vis une chaise couchée non loin de moi et compris alors que la fille avait je ne sais comment réussi à me l'envoyer sur la tête. « Non mais elle… Mais elle ! Va la voir et crie-lui dessus, Jaime ! » Loki était furieux, je ne crois pas l'avoir déjà vu comme ça. Pour ma part, j'étais énervé, mais elle avait réussi à m'envoyer en même temps que cette chaise dans une autre dimension où je ne savais plus comment réagir. « Allez, bouge-toi ! Frappe-la, non mais tu l'as vue ? Elle se prend pour qui ? » « Ça va, ça va, je vais aller la voir, mais arrête de crier, tu me donnes encore plus mal à la tête que ce que j'ai déjà... » Péniblement, je me levai. La barbapapa ambulante semblait avoir disparu, mais un rapide coup d'oeil au regard des autres élèves m'indiqua le rayon Science-fiction. Tiens, tiens… drôle d'assortiment pour une drôle de demoiselle. Je me remis les cheveux en place –enfin, s'ils avaient déjà une place– et partis la voir. Je me postai à quelques mètres derrière elle, et soudain, ne sus plus quoi dire. « Euhhhh… Loki ? » « Quoi ? » marmonna-t-il d'une voix dépitée. « Je dis quoi, maintenant ? » « ... » « Allez, s'il te plaît... » Loki me murmura finalement une phrase assez construite pour que la nana d'en face sache que, vraiment, percuter les gens sans s'en rendre compte ne faisait pas partie des usages courants. « Salut, m'annonçai-je d'une voix forte et froide. Je n'avais aucune envie de jouer les admirateurs. Surtout pas avec ce genre de fille. T'as vu ce que tu m'as fait, tout à l'heure ? Et tu comptais revenir, tranquillement, avec un livre et t'installer à côté de moi sans t'excuser ? Tu te crois où, chez les sauvages ? » « Non, sur le Mont Olympe... » taquina Loki silencieusement. Cela me ferait vraiment rire, si son dieu était grec. Vraiment.
Le rayon était assez bien fourni pour un centre de documentation. Maya ne savait pas vraiment ce qu'elle cherchait, mais de toute façon, un livre sans image endormirait forcément le Dieu. C'était à se demander s'il savait lire d'ailleurs. En réalité, il n'en voyait juste pas l'utilité, et le faisait bien sentir à son hôte lorsque celle-ci soulevait la couverture de n'importe quel ouvrage. Commençant par le début de l'alphabet, elle choisit un roman d'Isaac Asimov. Arès souffla que c'était un nom pourri, mais la jeune femme l'ignora. Elle voulut se retourner pour aller s'asseoir, heureuse d'avoir enfin un moyen pour obtenir un petit peu de paix, avant de s'apercevoir qu'une silhouette lui barrait la route. C'était le jeune homme aux cheveux décolorés à côté duquel elle avait "placé" son sac, et il n'avait pas l'air très content !
« Salut. T'as vu ce que tu m'as fait, tout à l'heure ? Et tu comptais revenir, tranquillement, avec un livre et t'installer à côté de moi sans t'excuser ? Tu te crois où, chez les sauvages ? »
Ce que Maya lui avait fait ? Elle n'en avait aucune idée. Dans sa tête repassèrent les événements de son arrivée. Elle était rentrée, passé devant la secrétaire et... Au moment où elle comprit ce qui avait dû se passer, Arès éclata de rire :
"Ahahahhahah, il s'est pris ton sac dans la tronche ! Bien visé la garce !"
Déjà gênée, la remarque d'Arès la mit encore plus mal à l'aise. Le feu lui monta aux joues, et elle s'empressa de s'excuser, se courbant presque. Le Dieu criait tellement fort qu'elle avait peur que le garçon l'entende et que cela ne fasse qu'attiser son courroux, déjà grand. Lorsqu'elle se redressa pour croiser le regard du lycéen, elle avait presque les larmes aux yeux. Son malaise y ressortait, ainsi que toute sa fatigue. Elle lui fit le sourire le plus franc et le plus joli qu'elle puisse faire dans son état. Cela donna à son visage un triste aspect merveilleux.
"Je suis vraiment désolée que mon sac ait mal atterri... Je n'ai pas fait attention, j'étais plongée dans mes pensées, je me souviens à peine d'avoir balancé mon sac... Je suis désolée..."
Alors qu'Arès imitait le bruit d'une régurgitation violente, comme il aimait à le faire lorsque Maya se montrait trop compatissante ou trop gentille à son goût, cette dernière, inquiète, avança d'un pas vers le garçon :
"Je ne t'ai pas fait mal au moins ? Les livres, ça pèse lourd, et pour peu qu'ils atterrissent au mauvais endroit..."
"Mais arrête un peu de jacasser, grognasse ! Tu vois bien qu'il a rien, alors cesse de lui lécher le c** !"
Maya retint une réplique cinglante, son regard se durcissant l'espace d'une seconde. Elle espérait juste que le garçon, qu'elle regardait dans les yeux à ce moment là, ne se serait rendu compte de rien.
La jeune femme se confondit en excuses devant moi, s'inclinant à la manière des orientaux et ne me laissant apercevoir que sa chevelure rose bonbon. A vrai dire, je m'attendais à une explosion d'un caractère impétueux ; j'aurais pensé que cette fille était superficielle et n'aurait pas supporté que quelqu'un se braque devant elle. Je n'imaginais vraiment pas une telle réaction, qui me parut honnête et désintéressée. Loki, qui avait réussi à me faire sortir de mes gonds, restait muet de stupéfaction. « Si je m'attendais à ça... » « Et oui, tu vois, Loki, des fois, ça sert à rien de s'énerver. J'ai l'impression que je l'ai vraiment mise mal à l'aise, la pauvre. » « Et elle, elle ne t'a pas mis mal à l'aise, peut-être ? » « Mais ça va, je te dis ! Je sens déjà plus rien. » Mon cœur se serra alors que je vis les yeux de la jeune femme s'emplir de larmes. Elle souriait, probablement pour se donner une contenance, mais je me sentis tout d'un coup vraiment coupable. Je n'aurais pas dû lui crier dessus comme ça. « Quoi, tu vas quand même pas te laisser faire ? Tu vois pas qu'elle fait ça uniquement pour que tu la laisses tranq... » « Tais-toi, je hurlai. Elle est presque en train de pleurer, et parce que j'ai suivi ton conseil. Tu crois pas en avoir fait assez ? » Je me renfrognai. Bien qu'il soit vraiment pénible en cette période, je déteste toujours me prendre la tête avec Loki. Après tout, il est la personne la plus proche de moi et mon meilleur ami. « Excuse-moi, Loki, je ne voulais pas être aussi méchant. » Pas de réponse. Il boudait, sûrement. Mais comme il pouvait entendre mes pensées, il savait que je regrettais sincèrement et marinerait un peu avec ça. J'espérais que ça lui ferait du bien. Soudain, la barbapapa, ayant terminé ses excuses ou n'ayant plus d'idée pour les continuer, s'avança vers moi. « Je ne t'ai pas fait mal au moins ? Les livres, ça pèse lourd, et pour peu qu'ils atterrissent au mauvais endroit... » Ne sachant que faire, je reculai de quelques centimètres, avant de me figer. De là, je pouvais apercevoir ses yeux. Ou plutôt, les nuages sombres qui apparaissaient régulièrement au plus profond de ceux-ci, tels des orages de colère impuissante. « Tiens, tiens… voilà qui risque d'être intéressant. » A un moment, j'avais eu un doute concernant la possession de la barbapapa. Une élève a l'air aussi déjanté ne pouvait qu'être de la classe M, mais depuis ses excuses, je n'en étais plus aussi sûr. Cependant, j'avais très bien compris ce que Loki entendait par là ; ses yeux m'indiquaient qu'ils étaient deux, là-dedans, et qu'ils ne s'entendaient pas bien. Pas bien du tout, même. Jouant la carte de l'indifférence, j'espérais me radoucir suffisamment pour en apprendre plus. Je sentais que Loki était aussi très curieux, sur ce coup-là : je pourrai me racheter. « Oh, ça va, j'étais un peu sonné, au début, mais je vais mieux, merci. J'accepte tes excuses, mais sache toutefois qu'une chaise pèse légèrement plus lourd que quelques livres. Moi, c'est Jaime, Terminale M. Et toi ? »
Maya poussa un énorme soupir de soulagement. Presque comme si elle s'était arrêtée de respirer en attendant ne serait ce qu'un infime pardon. Maintenant qu'elle savait qu'elle était pardonnée, elle pouvait souffler. La jeune femme entendait Arès ricaner, dans un coin de son crâne, face à sa fragilité mais elle ne pouvait se comporter autrement : ce dieu lui pompait toute son énergie, et avait l'air content de le faire. De quoi la rendre dingue. La demoiselle aux cheveux roses se demandait parfois comment elle faisait pour passer à côté de la combustion spontanée. Arès devait aimer s'amuser avec ses nerfs. Elle se demandait des fois si elle n'aurait pas fait mieux de rejeter complètement la possession : au moins, elle serait morte sans douleur, et n'aurait pas eu la tâche de s'occuper du Dieu le plus jocrisse de TOUT LE PANTHEON OLYMPIEN.
"Merci... Je suis soulagé que tu me pardonnes... Je n'ai pas l'habitude de réagir ainsi, tu sais..."
Maya se tut un moment, et réfléchit à ce qu'elle était devenue. Son regard s'était perdu dans le vide, droit sur le visage de Jaime mais elle ne s'en rendait pas compte. Tout s'effaçait autour d'elle. Elle revoyait son ancien amour, aujourd'hui disparu. Elle revoyait ses heures passées, dans la quiétude de la musique. Elle revoyait surtout le sourire de Perry... Qu'aurait elle dit, maintenant qu'elle la voyait ? Elle n'avait aucune nouvelle, ni de la gouvernante, ni de son homme. Aucun des deux ne répondaient à ses lettres, longues et tendres. Elle ressentait le besoin de pleurer. Il aurait suffi que le Dieu ouvre une fois sa bouche et elle se serait effondrée. Toutefois, même lui semblait avoir compris l'intensité de ces pensées, et leur caractère vital à la survie mentale de son hôte : il ne pipa mot.
Ce fut peut être un mouvement, une parole, mais Maya finit par revenir à la réalité. Elle remarqua, rapidement, par dessus l'épaule de son interlocuteur que quelqu'un la dévisageait avant de reporter son attention sur le jeune homme aux cheveux décolorés qui se tenait devant elle. "On dirait une fille..." soupira mentalement le Belliqueux. Il ne rajouta rien de plus. Avait il compris qu'il avait trop poussé aujourd'hui ? La barbe à papa mit quelques secondes supplémentaires à s'apercevoir qu'elle aurait du avoir une meilleure réaction qu'un simple acquiescement à la présentation du garçon.
"Je suis Maya Mason... Terminale M..."
Un temps. Le temps qu'elle comprenne qu'il avait dit être aussi dans la terminale M. Yeux écarquillé, surprise.
"Attends tu es en Terminale M, toi aussi ? Je ne t'y es jamais vu !"
~~"Arrête de t'exciter comme ça, tu me files mal au crâne !"~~
~~"Chacun son tour mon gars." ~~ Mais elle comprenait quelques part pourquoi elle ne l'avait jamais vraiment remarquée : non seulement, elle était sûrement occupée avec le cours, mais en plus elle devait canaliser le Dieu. Elle baissa la tête lorsqu'elle s'aperçut qu'en réalité, à part les filles de sa chambre, elle ne connaissait pas grand monde...
(c)LOKIA
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Sujet: Re: Nerveuse ? Juste Fatiguée [ABANDONNE] Sam 4 Oct - 0:43
Un peu de mieux ?
Jaime&Maya
Touché par les excuses sincères de mon agresseur, ma colère se dissipa aussitôt et disparut dans les limbes. J’étais même plutôt enclin à discuter avec cette demoiselle, qui avait l’air plus douce et intelligente que ne lui laissaient penser ses atouts physiques.
Déçus par le calme qui était revenu trop rapidement à leur goût, les autres pensionnaires s’en étaient retournés à leurs occupations : à vrai dire, je ne devais pas être le seul à avoir un devoir à rendre. Tant mieux : avoir senti tous ces regards sur moi m’avait donné la chair de poule. Malgré mes cheveux décolorés, je préférais largement passer inaperçu, et cette barbapapa ambulante ne m’y aidait pas vraiment.
Sans prévenir, le bonbon rose eut une absence et il me sembla même qu’elle avait les larmes aux yeux. « Oui, on connaît ça, la fille qui fait la forte mais qui a d’énormes soucis familiaux. Plus cliché, tu meurs. Ah, je devrais faire une liste de tous les stéréotypes qu’on peut vérifier, ici ! » s’emporta malicieusement Loki, à demi-amusé et à demi-énervé.
Je décidai de l’ignorer, non sans un petit sourire en coin. Mais soudain, la barbapapa, qui devait être blonde sous sa couche de rose, parut comprendre qu’on était dans la même section et s’étonna de ne m’avoir jamais vu. Il était vrai qu’en deux ans, pas une fois je ne me souvenais l’avoir vue. Pourtant… « Oui, c’est bizarre qu’on ne se soit jamais croisés. Mais tu ne me dis vraiment rien, enfin, je veux dire que je t’aurais vite repérée, avec tes cheveux. Haha, j’imagine que l’argument est aussi valable de mon côté… » Un silence s’installa peu à peu entre nous deux, mais je décidai, avec un regard gêné sur les étagères alentour, de le combler, pour paraître tout de même un minimum avenant. « Alors, comme ça… euh… tu lis de la science-fiction ? C’est quoi, ton livre préféré ? » M’avançant comme un frénétique vers les étagères, je me mis hardiment en quête du mien. J, K, L… M. Cherchant d’un rapide coup d’œil la couverture stylisée que je connaissais si bien, je l’attrapai du bout des doigts et le fourrai sous le nez de ma nouvelle rencontre. « Regarde. C’est Metro 2033. C’est un bouquin d’un russe, ou quelque chose comme ça. Ca se passe dans le futur, après une guerre nucléaire. Les gens sont obligés de vivre sous terre, là où le métro passait. S’ils sortent, ils meurent asphyxiés ou se font attaquer par des créatures qui ont subi des mutations génétiques. La radioactivité, enfin, tout ça, tu vois. Mais sous le métro, il y a aussi des choses bizarres. Mais je ne t’en dis pas plus. Lis-le, tu verras, il est génial. Flippant. Un peu. Mais génial. » Avoir trouvé aussi rapidement mon livre préféré était une aubaine, et j'osais espérer qu’avoir fait un énorme premier pas vers la barb… vers Maya suffirait à lancer la conversation. Elle avait l’air plutôt dégourdie et enjouée, alors j’osais croire que ça passerait, tout seul.
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