La première chose que l'on remarque chez moi c'est ma chevelure couleur feu, c'est mon atout principal. Je suis fier de porter ce patrimoine génétique sur le haut de mon crâne et jamais je ne changerai de couleur de cheveux malgré toutes les critiques que je peux me recevoir. Mais parlons de moi plus précisément. Je suis un jeune homme d'1m70, pour environ 60kg -ce qui me place dans la moyenne-. Je n'ai jamais été un gros mangeur et les nombreuses heures de piscine m'ont laissé un corps athlétique assez bien dessiné. Pour en revenir à ma tête, elle est de forme ovale et laisse apparaître des cheveux roux. La plupart du temps ils sont coiffés-décoiffés, ils m'arrivent en haut du cou et sont plutôt longs, j'ai souvent des petites mèches qui me tombent dans les yeux mais pour être honnête, j'ai la flemme d'aller chez le coiffeur. Sur le reste de mon visage on peut voir deux yeux, en amande et de couleur ambré (marron clair), mes sourcils sont assez longs et fins, mon nez est légèrement pointu et ma bouche n'est pas très pulpeuse. J'ai un teint de peau plutôt pâle, ne profitant pas beaucoup de soleil qu'offre l'Ecosse.

Mais il n'y a pas qu'avec ma couleur de cheveux que je me fais remarquer. Pour contraster un peu avec ma personnalité, je porte souvent des vêtements colorés. Pourquoi ? Tout simplement parce que le rouge, le vert, le violet c'est beaucoup plus beau que le noir, le bleu foncé et gris. Je porte vraiment de tout, des t-shirts, des chemises, des vestes, des pulls, des pantalons, des jeans, des shorts, le tout en restant quand même harmonieux dans les couleurs. Est-ce que j'aime la mode ? Pas vraiment, je serais le dernier à me ruer dans un magasin lors des soldes pour obtenir le dernier t-shirt que tout le monde veut. J'ai un style plutôt geek, ayant toujours des petites références sur mes t-shirts, mes ceintures ou même mes chaussettes. Tiens parlons-en de mes chaussettes, le jour où j'aurais les deux même, cachez-vous ! C'est un signe d'apocalypse imminent.

Pour finir, j'ai une tache de naissance sur le bas du dos, elle ressemble un peu au marteau de Thor, si on imagine bien. J'ai également quelques taches de rousseur parsemés sur mon visage et sur mes bras ; j'ai également les deux oreilles percés au niveau du lobe et j'aime bien porter des bracelets et des colliers de temps en temps.




« Rory, est-ce que tu m'écoutes ? »

Je crois que c'est la question qu'on me pose le plus souvent. Est-ce que j'écoute vraiment quand on me parle ? Pas vraiment. Je suis le genre de personne à être facilement distrait, le moindre bruit me réveille la nuit, un simple éclat attire mon regard et pour être tout à fait honnête, je préfère généralement me perdre dans mes pensées plutôt que d'écouter des choses qui ne m'intéressent pas. C'est vrai que comme ça je peux paraître froid ou je m'en foutisme mais pas du tout... enfin pas complètement, je m'ennuie juste facilement, ce qui a tendance à embêter les gens qui engagent une conversation avec moi. J'arrive rarement à rester concentrer plus de quelques minutes. J'ai toujours besoin de faire quelque chose, vous ne me verrez jamais écouter le prof' sagement en cours, c'est tout simplement impossible pour moi de ne pas commencer un dessin sur mon cahier ou de parler à mon voisin d'à côté. Je passe sûrement pour un égoïste en disant ça, mais je parle généralement que quand le sujet m'intéresse. Alors vous êtes en train de vous demander "okay tête de carotte, qu'est-ce qui t'intéresse dans la vie?" et je vous répondrais comme pas mal d'ado aujourd'hui "les jeux vidéos, les séries TV, la musique, la piscine", ce genre de truc qui ne devient pas super ennuyant au bout de trois minutes.

Mais alors pourquoi je n'aime pas parler du PIB du Brésil et pourquoi j'aime encore moins que quelqu'un m'en parle ? Tout simplement car je n'aime pas parler de choses que je ne connais pas. Je ne sais pas si je dois pointer ma mère poule du doigt quand je dis ça, mais je suis du genre froussard et je n'aime pas du tout ce qui m'est inconnu. Je déteste le changement et je suis facilement perdu quand quelque chose ne se passe pas comme prévu. Vous pouvez vous imaginer à quel point je déteste l'école maintenant, et à quel point c'est énervant pour un perfectionniste dans l'âme de ne pas savoir quelque chose qui est pourtant simple. 2,246 billions USD en 2013 ! C'est pourtant pas compliqué de savoir le PIB du Brésil.

Mais avant de parler du PIB du Brésil avec moi, il va d'abord falloir m'approcher. Comme je l'ai dit juste avant, je suis plutôt peureux, le moindre bruit me fait sursauter et je déteste tout ce qui est film d'horreur ou histoire sanglante, et je suis également assez réservé et ça depuis que je suis tout petit. J'ai alors développé un bon nombre de défauts autour de ce problème. Je n'accorde pas ma confiance facilement et quand quelqu'un me force la main pour parler avec lui je réponds généralement froidement ou alors je m'enfuis en courant en prétendant ne pas l'entendre. Je suis quelqu'un de têtu, quand je n'arrive pas à faire quelque chose, je le refais encore et encore, jusqu'à atteindre un résultat convenable.

Sans me connaître on pourrait croire que je suis totalement asocial, enfermé dans ma bulle, mais quand les choses se font en douceur, je peux devenir un très bon ami. Malgré ma timidité je suis quelqu'un de gentil. Non mais je veux dire, beaucoup trop gentil. Tu veux 5€ tous les jours pour manger ? Pas de problème si tu es mon ami ; tu as besoin d'aide pour tes devoirs ? D'accord je peux les faire à ta place. Certains en profitent et m'exploitent sans vraiment que je m'en rende compte mais ça ne me dérange pas plus que ça, je suis heureux d'aider. Avec moi vos secrets sont bien gardés. D'un parce que j'ai sans doute écouté que la moitié et de deux parce que je n'oserai jamais parler à quelqu'un de choses qui ne me regardent pas. Je suis quelqu'un de plutôt enthousiaste, qui aime bien rigoler -d'ailleurs il m'arrive souvent de rigoler tout seul, ce qui a tendance à en faire fuir plus d'un-. Même quand je suis seul je suis toujours souriant, je me parlais à moi-même bien avant de me faire posséder alors ça ne change pas grand chose pour moi de m'engueuler avec moi-même au beau milieu d'une foule. J'ai un véritable don pour me mettre dans des situations compliquées et/ou qui ne me regardent pas et comme si ça ne suffisait pas, je deviens extrêmement maladroit dans ces moments. Certains amis me disent que ça fait parti de mon charme, je pense plutôt que je suis maudit, on verra bien.

Oui je sais, ma famille est bizarre. Quand on raconte leur histoire, on pourrait presque croire qu'une entité supérieure a tiré des petits bouts de papier dans un chapeau magique afin de la constituer et que c'est totalement parti en cacahuète. Et alors ? Je ne peux pas les changer, et je ne peux pas non plus changer les regards que nous portent les autres habitants de Glasgow quand on sort faire les magasins. Alors je dois faire avec, j'aime mes parents et j'aime mon frère, malgré le fait qu'on les remarque assez facilement.
Mon père est en fauteuil roulant, il a eu un accident de voiture quelques années après ma naissance et tout ce dont je me souviens c'est qu'on a été obligé de déménager pour avoir une maison sans étage, afin de lui faciliter la vie, vous voyez. C'est un bon écossais, roux, au teint pâle et aux yeux verts, je n'irai pas jusqu'à dire qu'il porte un kilt de temps en temps pour s'amuser ou qu'il passe ses soirées dans des pubs, mais... Parlons plutôt de ma mère. Elle n'a pas été épargnée non plus, elle est née sourde-muette, mais ça ne l'a jamais empêché de s'imposer dans la vie de tous les jours. Avec sa longue crinière blonde, ses yeux bruns-noisette, elle travaille dans un cabinet d'architecte et est l'une des femmes les plus heureuse d'Ecosse. Et vous savez ce qui rend ma mère encore plus heureuse ? Ses deux enfants.

Là encore, on n'a pas été épargné, surtout mon frère. Pour être franc, ce n'est génétiquement pas mon frère, il a été adopté et il vient d'un pays d'Afrique assez pauvre. Il était orphelin et comme mes parents n'arrivaient pas à procréer, ils ont décidé d'adopter. On peut dire qu'il s'est bien plu en Ecosse, il a grandi vite et atteint aujourd'hui les 1m95, noir, on le remarque facilement. Et moi dans tout ça ? J'arrive seulement 6 ans plus tard, un peu par hasard d'après mes parents. Après l'adoption ils avaient arrêté d'essayer d'avoir des enfants, alors ma mère s'est rendu compte qu'elle était enceinte seulement au bout du 5ème mois. Merci maman. Je suis né un 27 juin, des fins cheveux roux sur le dessus de mon crâne et des petits yeux ambrés.

- Oh bonjour Hunter !

Ma mère protesta vivement en tapant sur le bras de son mari.

- Quoi ? On avait dit que notre premier fils s'appellerait Hunter, comme mon père !

Le problème, c'est que ce n'était pas vraiment leur premier fils et ça, ma mère le savait très bien. Elle n'avait pas pu choisir le prénom de mon grand frère, elle n'allait pas laisser passer cette occasion. C'est comme ça que je suis né, Rory Hunter Blackwood. Après avoir rappelé à mon père qu'elle avait souffert pour me mettre au monde, ils ont décidé de mettre le prénom de ma mère en premier et celui de mon père en secondaire. Je ne m'en suis jamais plaint personnellement, je n'ai jamais croisé un autre Rory de toute façon.

Mon enfance à été "normale", si on peut considérer ce contexte familial comme normal... J'ai toujours été un enfant calme, qui ne parlait pas beaucoup et préférait rester dans son coin devant un dessin animé ou un livre plutôt que d'aller jouer avec les autres. J'ai toujours été distrait et quand j'étais jeune, énormément naïf. Mes parents ont du me perdre une centaine de fois dans les magasins. Alors oui, les 10 premières fois on a tous été très inquiet, mais au bout d'une cinquantaine voir plus, on savait exactement où se rendre quand on se perdait de vue. Mon frère et moi avons toujours été très gâté, dès qu'on voulait un nouveau jouet, mon père cédait. Dès qu'on voulait aller quelque part, ma mère cédait. C'est comme ça que très jeune on a pu aller dans de nombreux clubs de sport. J'ai fait une année de foot, une année de basket, une année de hockey, mais rien ne m'intéressait vraiment.

- Papa, l'année prochaine je veux essayer la piscine !, dis-je d'un ton qui paraissait un peu trop enthousiaste à son goût.

- Hmm, tu es sûr de toi ? Ça ne t'intéresse pas le hockey ?

- Non, c'est ennuyant, je sais pas bien patiner alors on m'a collé au but, et c'est nul.

La répartie d'un enfant de 9 ans. En réalité, être juste devant le filet ne me dérangeait pas plus que ça, tout ce que je voulais, c'était rester avec mes copains. Et cette année, ils avaient décidé de partir faire de la piscine. L'eau ne m'avait jamais attiré plus que ça auparavant, mais pour un gamin de 9 ans, c'était important de faire comme les autres, alors je me suis lancé. C'était la première fois qu'un sport me faisait plaisir, la première fois que j'étais totalement heureux de lâcher la télévision pour partir me dépenser. Alors vous vous en doutez, j'ai continué d'en faire ! De moins en moins avec les cours, mais je continue d'adorer ça. Et quand je ne suis pas à la piscine, ni en cours, je passe mon temps libre devant des jeux vidéos. Cette fois-ci c'est à cause de mon frère que je m'y suis mis. J'aime bien tous les styles de jeu, et très honnêtement, je préfère rester chez moi que d'aller en cours.

V'voyez, j'ai un gros problème paradoxal, j'adore apprendre, mais pas qu'on m'apprenne. Chez moi, seul, je peux lire n'importe quoi et apprendre tout ce que je veux, en cours, j'ai juste l'impression de ne rien savoir et c'est déprimant. J'ai commencé petit à petit à sécher l'école, simulant des problèmes de santé pour rester à la maison. En milieu d'année scolaire, mes parents ont décidé de m'envoyer dans un internat afin de me reprendre en main. Là-bas, pas de fausses excuses -je n'allais jamais oser mentir aux infirmiers, j'étais déjà trop timide pour aller les déranger si j'étais vraiment malade-. J'ai donc rejoint le pensionnat Immortalia après les vacances de Noël, c'était situé assez loin, en Irlande, mais il était très réputé pour leur taux de réussite et mes parents pouvaient s'offrir le luxe de me payer ce genre d'établissement. J'étais un peu triste de devoir délaisser mon cocon familial. J'ai fini mon année de première normalement et un peu avant la fin des cours, j'ai été appelé dans la salle.

Oui certes, j'avais l'habitude de me parler à moi-même, mais jamais une petite voix s'était décidé à me répondre. Les premiers jours j'ai cru que j'étais devenu fou, que je manquais d'ordinateur ou que mon cerveau avait fondu à cause de la chaleur de l'été. Mais finalement on s'habitue, ironiquement, à avoir une autre personne à côtoyer. Le problème c'est que je devais vraiment tout partager avec elle. Autant dire que mes premières douches ont été très rapide et que j'allais aux toilettes qu'en cas d'extrême urgence. Pourtant je pouvais me considérer comme chanceux, je n'avais pas eu la pire des Déesses, Déméter était gentille et de ce que j'avais pu voir des autres élèves de la classe M, on pouvait tomber sur des cas plutôt difficile.

- Oh c'est vraiment gentil de penser ça.

- ... Est-ce que tu peux éviter de me parler quand je suis en train de... enfin, quand je suis sur mes toilettes.

- Oui, oui, j'ai juste entendu que tu parlais de moi et-

- Sshht.

Se concentrer, faire le vide dans son esprit. Cette relation était étrange, bizarre, surtout dans les moments intimes comme ici. J'ai tiré la chasse d'eau et je me suis préparé pour sortir. Déméter s'était réveillée avec la bonne idée de m'apprendre tout ce qu'elle savait sur les plantes. Je déteste quand on me force à apprendre quelque chose. Pour être honnête, je me souciais peu des plantes et des fleurs qu'on pouvait trouver aux alentours, mais ça avait l'air de lui faire tellement plaisir que je ne pouvais pas lui dire non.

- Savais-tu que voir des coquelicots est un signe pour savoir si la terre est cultivable ? Si ils peuvent pousser, c'est qu'il y a très peu de pesticide dans la terre !

Je roulais des yeux, qu'est-ce que je m'en fichais des coquelicots et de la terre cultivable moi. Cependant les fun facts de Déméter m'amusait de plus en plus tellement elles étaient inutiles à mes yeux. De temps en temps elle se manifestait, souvent quand j'étais dehors ou que je voyais quelque chose de végétal sur un écran, et pile à ce moment là, elle faisait surface pour me dire quelque chose dont je ne me souciais absolument pas. Des fois je l'écoutais, des fois je l'ignorais, j'avais vraiment de la chance de l'avoir, si j'étais tombé sur un tyran je me serais sans doute laissé complètement submerger pour ne pas avoir à l'écouter parler tout le temps.
J'avais décidé de passer par la bibliothèque avant d'aller me perdre dans la nature, histoire d'emprunter un livre de botanique. Je m'étais dit que si j'apprenais d'un coup tout ce que je pouvais savoir sur la botanique, Déméter n'allait rien pouvoir m'apprendre à mon insu. Grave erreur, quand je la lançais sur ce sujet, elle pouvait me parler de fleurs pendant des années sans s'arrêter, c'était une vraie encyclopédie vivante. Il n'était même pas 10h et je courais déjà dans la nature pour essayer d'éviter le plus de plante possible. Je me suis assis, adossé à un arbre, devant un attroupement de marguerites. Ahah, tu étais piégée Déméter ! J'ai ouvert le livre de botanique à la bonne page. J'ai pris une grosse bouffée d'air. Ma déesse n'avait envie que d'une chose, parler, étaler son savoir, partager ses fun facts à propos de la nature avec moi. Je lui ai fait signe qu'elle pouvait commencer.

- Alors ici nous avons vraiment de beaux spécimens de camomille !

Je suis retourné quelques pages en arrière, comme si tout était totalement planifié. Bah oui, ça se voyait que c'était de la camomille, franchement Rory. Tandis qu'elle parlait, j'hochais la tête en lançant des petits "hmm, hmm", me concentrant plus sur mon livre que sur ce qu'elle disait.

- Et si on en ramenait pour en faire une tisane ?!

J'ai relevé la tête, une tisane... ? Vraiment ? Elle pensait que j'avais 75 ans ou quoi ?

- Je ne pense pas avoir besoin d'une tisane... tu sais j'arrive à dormir correctement la nuit.

- Oh, non, non, non, la camomille est surtout utilisée pour les troubles digestifs. Comme tu es resté un petit moment aux toilettes ce matin je me suis dit que...

J'ai toussoté, très fort, pour lui couper la parole. Déméter tu étais vraiment très gentille mais, là c'était vraiment trop.

- Non, on va éviter d'arracher les fleurs de toute façon, tu penses pas ? Ça serait vraiment dommage que l'espèce de... petit regard dans le livre de botanique. De chamaelemum nobile soit en danger à cause de moi !

- Chamaemelum nobile, et une dizaine suffiront, il y en a dans tout le champ, je t'assure qu'après ça, tu iras aux toilettes vraiment plus facilement.

J'ai secoué mes mains dans tous les sens pour lui dire de se taire. D'accord, c'est bon, j'allais la boire ta tisane, mais je t'en supplie, arrête de me parler de mes passages aux toilettes. Elle savait que je venais de céder, et ça la faisait sourire. Comment je le savais ? Je souriais également, partagé entre la honte et la joie d'avoir quelqu'un pour veiller sur moi. On s'entendait de mieux en mieux, elle était beaucoup trop gentille, un peu comme moi. Une tisane aux fleurs, vraiment, qu'est-ce que je ne ferais pas pour qu'elle soit contente.