Du haut de ses quinze ans Ellyn rejetait toute autorité, elle ne supporte pas qu'on lui dicte sa conduite, mais le fait savoir avec calme du moins la plupart du temps. Venant d'un milieu aisé, elle a néanmoins une bonne éducation, est très cultivée grâce aux nombreux livres qu'elle dévore tout le long de la journée. C'était, petite, une fille intrépide, impulsive et avide d'aventures ce qui lui valait de nombreux problèmes de par son imprudence, heureusement que sa sœur était là pour la sortir du pétrin! Hélas sa santé fragile l’empêche de pratiquer certains sports, ses parents s’inquiètent, car elle est souvent victime de malaise et parfois la prive de sortie de peur qu'elle se blesse. Ellyn a tendance à se refermer sur elle-même durant les périodes difficiles c'est sa façon à elle de gérer le problème, elle ne mange pas et parle à peine et s'enferme dans sa chambre pour pleurer. Cacher ses émotions, çela elle ne connaît pas, elle exprime tout ce qu'elle ressent sans gène ce qui a tendances à énerver le peu d'amis qu'elle a, mais de toute façon cela lui importe peu, car depuis le décès de sa mère Ellyn préfère rester seule. Elle est plutôt du genre à soigner son apparence, même si elle ne se maquille presque pas, elle porte toujours de nombreux bijoux sur elle et possède un style vestimentaire très soigné quoi que peu commun. Ses grands yeux verts ressortent sur sa peau laiteuse, elle est petite et fluette, pour se différencier de sa sœur jumelle elle s'est coupée ses longs cheveux roux dans lesquels elle adore y accrocher de jolies petites fleurs bleues. La musique et le dessin sont comme une ancre pour elle, cela lui permet de se calmer, penser à autre chose, se détendre.

Kenmare était pour moi, lorsque j'étais enfant, le jardin d'Eden. Évidemment nous ne vivions pas dans le centre même mais dans un coin reculé ou nulles bâtisses se trouvaient excepté notre manoir bien sûr.  Nous possédions un magnifique et gigantesque jardin fleuris qui entourait la maison, entretenu par le temps, qui est très humide en Irlande. J'avais pour habitude de me réfugier dans ma cabane secrète quand j'étais contrariée ou lorsqu'il pleuvait, et je rester là sur ma chaise de fortune, faite de branches et de feuilles, à écouter la pluie, observer le ciel jusqu'à que l'orage cesse. Bon généralement je ne pouvait y rester très longtemps car au moment où ma mère s’apercevait de mon absence dans le manoir elle sortait derechef dans le jardin et criait mon nom paniquée, car oui ma mère avait tendance à exagérer. J'étais alors contrainte de quitter ma thébaïde, dont l’existence devait selon moi demeurer secrète, elle était néanmoins connue de ma sœur puisque lorsque nous étions toutes petites nous n'avions aucuns secrets l'une pour l'autre. Au delà de notre propriété se trouvait d'immenses forêts, ou nous aimions ma sœur et moi nous y aventurer, nous prenant tantôt pour des fées, tantôt pour de vaillantes guerrières.

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Puis un jour un événement tragique changea notre vie paisible, les gens me disaient qu'avec le temps la douleur s'en ira, que c'est peut être mieux ainsi mais pour moi tout ça c'est des conneries qu'on nous sort parce que personne ne sais ou ne comprend vraiment comment réagir face à ce qu'il s'est passé, moi je voulais vivre toute ma vie avec cette douleur de peur de l'oublier.
Vous vous demandez sûrement « Que s'est il passé ? » mais nous y reviendrons plus tard, donc depuis ce jour un voile noir et blanc fut déposé sur mes yeux, tout me semblait taciturne et obscur. Recroquevillé dans ma cabane j'attendais que quelqu'un crie mon nom paniqué, me cherche mais personne ne vint et à ce moment précis je compris que ce n'était plus un refuge mais plutôt une prison de souvenirs, plus jamais je n'y retourna. Ma sœur Erin essaya tant bien que mal de me faire rire ne serais-ce qu'esquisser un sourire mais je ne le pouvais, non en fait je ne le voulais pas tout simplement, pourquoi diable devrais-je me forcer à être joyeuse alors que je veux juste crier à m'en briser les cordes vocales. En parlant de crier le soir même après l’événement,j'ai fait un rêve que je fis presque tout le temps après cette nuit, il commence toujours de la même façon : je marche tranquillement dans les couloirs du manoir puis soudain j’aperçois ma mère qui descend les escaliers, je lui court après et en dévalant les escaliers, trébuche sur l'avant dernière marche et m'étale de tout mon long sur le sol je me relève aussitôt et découvre la porte d'entrée entre-ouverte. Je me faufile alors dans le jardin, elle m’apparaît de dos, immobile, entre les arbres je lui crie de se retourner ignorant à chaque fois le tableau macabre qui va se peindre dans mon esprit au réveil, ma mère se retourne lentement et des taches rougeâtres apparaissent sur sa longue robe perlée, puis son visage se déforme, des coupures affleurent sur ses joues et un rictus déforme sa bouche. Alors je me mets à crier, je crie si fort que mon visage se brise comme de la porcelaine. Puis c'est en sursaut et en sueur que je me réveille, je n'ai jamais parlé à personne de ce rêve, c'est une promesse que je me suis faite.
Bon vous avez dû trouver après tous ces indices non? Au moins qui cela concerne, car ou sinon vous n'êtes pas très futés.

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Le 14 mai dans l'après midi, la voiture quitta la route laissant mon père veuf.

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Mon père ne nous parlait presque plus désormais, a contrario de ma sœur cela ne me dérangeait pas tant que cela, les mots me semblaient inutiles à présent.  L'année se poursuivit très bien au niveau scolaire même s'il m'arrivait de m'énerver contre certains élèves qui me demander si je tenais le coup ou si j'avais besoin de parler ils seraient là pour moi, alors je les remballaient en leurs disant de me foutre la paix, j'avais besoin de l'aide de personne sérieux pourquoi les gens ne peuvent pas le comprendre, est-ce si compliqué que ça ? Moi je ne trouve pas.
Depuis mes sept ans je pratiquais de la danse classique mais en ce cours d'année la boxe m'a semblé être une meilleure option, je pouvais me défouler et exprimer ma colère sans que l'on me prenne pour une sinoque. Vers la fin d'année ma douleur semblait s'être un peu estompée, de ce fait lorsque je fis remarquer à Erin, ma sœur jumelle, qu'elle avait grandi et qu'elle me répondit : « En fait je voulais pas vraiment grandir...Je voulais juste atteindre le placard où étaient planqués les bonbons » j'explosai de rire comme pas deux et me surpris à aimer ce sentiment de bien être qui était peu à peu revenu. La maison retrouva peu à peu son allégresse, je lâcha mes lectures et repris goût au grand air des forêts irlandaises. Ma sœur et moi commençâmes à recevoir des demandes d'admission dans un pensionnat d'excellence, quand mon père l'appris la décision était prise : nous irions là-bas pour la rentrée prochaine qu'on le veuille ou non. Erin semblait plutôt réticente à l'idée de partir alors que moi je voyais cela comme un nouveau départ, une façon d'avancer même si j'étais triste de quitter la maison où j'ai toujours vécu. Les vacances d'été passèrent et mes cauchemars furent moins récurrents, il fût temps de se préparer pour les grand départ, un soir Erin se disputa avec mon père et sortie en claquant la porte, je savais qu'elle allait revenir au bout d'un moment, mon père furieux était monté dans sa chambre me laissant seule à table. Avant de monter me coucher, j'écrivis un mot sur un joli papier fleuri et le déposa sur le lit de ma sœur. Ensuite je décida de me rendre une dernière fois à ma petite cabane, en arrivant je fus pris de légers vertiges mais n'y prêta pas attention, je resta là de longues heures puis posa Le portrait ovale, sur ma chaise de fortune. Cette nouvelle était la première que m’aie offerte ma mère, j'y tenais comme à la prunelle de mes yeux et malgré ça je me dis que sa place résidait ici dans cet édicule. Ce dernier passage dans ma cabane était un adieu je pense et en rentrant dans le manoir je me sentis comme libérer d'un poids. Le lendemain nous prîmes le petit déjeuner tous ensemble et je devinai qu'ils s'étaient réconciliés, ce fut une agréable matinée où je partis musarder dans le village et la forêt.

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Je refermais mon livre, et scrutais la gare qui m'apparaissait au loin, le train eu une petite secousse et ma sœur leva les yeux vers moi.
- Alors, partante pour cette aventure ?
-Et comment ! Répondis-je

« Heureusement que tu n'es pas un mâle, sinon je t'aurais décapité. »
Ce furent les premiers mots qu'Atalante prononça à mon égard, et pour tout vous dire cela m'a un peu refroidie. Je dois avouer que mes premiers jours avec elle ont été fort éprouvant mentalement et physiquement. Lundi dernier après avoir terminé les cours de la matinée, suite à un rapide coup d’œil dehors, j'eus envie de gambader dans l'herbe mouillée par la rosé du matin, n'osant m’élancer devant tout le monde je réfutai cette idée et continua d'avancer dans le couloir. Inopinément ce désir refit surface dans mon esprit mais plus vivace que jamais! Je me mis à sprinter comme si j'avais le diable à mes trousses, c'était comme si je volais, mon manteau claquait au vent tandis que mes cheveux se détacher peu à peu de mon chignon, je me délectais de cette étrange et agréable sensation de flotter entre les nuages. Toutefois ne voulant le reconnaître je fronça les sourcils et me stoppa net.

-Doux Jésus, on ne t'as pas appris à garder tes envies fantasques pour toi ? Serait-ce trop te demander ?!M'écriai-je

Elle sourit de toutes ses dents et laissa échappait un rire assez flippant après réflexion faite, ah oui ce qu'il faut savoir à propos d'Atalante c'est que généralement tout ce qu'elle fait est inquiétant (je crois qu'elle a un grain mais ne lui dite surtout pas).

-Me raconte pas de salades Ellyn, rapporter la faute sur les autres ne changera rie au fait que TU voulais sprinter, j'ai simplement renforcé cette idée par mon propre désir  dont tu t'es servis en tant que bouc émissaire et puis tu devrais surveiller ton langage envers une grande déesse telle que moi et réaliser l'honneur que je te fais d'être dans un tel corps, me rétorqua t-elle.

Un rictus se dessina sur mon pale visage, « Un honneur ? Et puis quoi encore » pensai-je. Les portes de la bibliothèque s'ouvrirent et je me faufila à l’intérieur esquivant quelques terminales, je m'assis à une table, ouvris mon sac et déversa maintes affaires de cours.

-Tu la mets en veilleuse maintenant Attila, lui chuchotai-je, elle détestait que je l'appelle ainsi, je pense que c'est dû au fait qu'elle voue une haine sans égale à tous les personnes de sexe masculin, pourtant il y en a de très mignon dans ce lycée..

Vexée, elle alla larmoyer dans son coin, et je pus enfin travailler calmement si je puis dire, car elle ne pouvait s’empêcher de lancer quelques grognements pour exprimer sa frustration. Pour tout vous dire je commençais à l'apprécier, malgré son mauvais caractère elle avait de bon cotés. Il m'arrivait de ressasser mes vieux démons, et un soir de demi lune, j'étais d'humeur taciturne et soudain je sentis une chaleur m'envahir, la même sensation que j'éprouvais lorsque  ma mère me prenait dans ses bras, oui d'une certaine façon Atalante tenter de me réconforter, je devinais ses longs bras m'entourer mais je ne l'a remerciais pas car les mots étaient inutiles nous n'en avions point besoin pour nous comprendre. Oh et aussi surprenant que cela puisse paraître, nous avons des points commun ! Même si elle est du genre sauvage et farouche contrairement à moi qui suis plutôt flegmatique, nous nous entendons sur certains sujet puisque Atalante est du genre érudit elle aussi. Ainsi ils nous arrivent d'avoir des conversations réfléchies et captivante, parfois même sans nous disputer, ce qui relève du miracle. Cependant, Atalante ne pouvant tenir en place, malmène mon corps, si je puis dire, en faisant de multiples exercices qu'elle juge essentiels pour mon (soi disant) « bien être », mais étant sujette à de nombreux malaises, cela m'oblige à la réprimander plus souvent que je ne le voudrai. Je ne peux pas lui reprocher de vouloir se défouler car elle est comme ça, c'est dans sa nature elle adore courir(surtout dans les forêts) et puis je la plains sincèrement, tomber dans dans un corps fragile comme le mien alors qu'on est une déesse hyperactive avouez on a connu mieux.