• Si elle devait être une qualité, elle serait la loyauté. Toujours prête à tout pour ses amis, elle se dévoue totalement à leur bien-être, faisant parfois passer sa propre personne après eux. Combien de fois elle avait fait une croix sur ses propres désirs pour satisfaire les autres ? Elle ne s'en souvenait plus. On pourrait dire qu'elle est conciliante, mais c'est surtout qu'elle a peur de déplaire.

• Si elle devait être un défaut, elle serait le mensonge. Que ce soit pour faire plaisir, cacher ses véritables intentions ou tout simplement se débarrasser d'une conversation gênante, elle ment comme elle respire. En revanche, elle ne ment jamais pour embellir sa vie. Cette habitude reste quelque chose qu'elle aimerait changer. Elle a tendance à s'attirer des problèmes à cause de ça.

• Si elle devait être une couleur, elle serait le rouge. Passionnée et déterminée, elle se fixe des objectifs qu'elle atteint presque tout le temps. Elle ne détourne jamais les yeux de sa cible, tournant presque à l'obsession. Quand ça prend trop de temps, cela en devient presque maladif. Car oui, Lena n'est pas non plus très patiente.

• Si elle devait être un animal, elle serait un chat. Fière et toujours ennuyée, elle sait quels sont ses points forts et ne veut pas reconnaître ses points faibles, bien évidemment. Cependant, elle se lasse rapidement des diverses activités si elles ne concernent en aucun cas son objectif. Si cette chose ne sait pas capter son intérêt, elle abandonnera presque immédiatement.

• Si elle devait être une saison, elle serait le printemps. La température y est tiède, comme son humeur en général. Jamais trop joyeuse, mais pas non plus déprimée en permanence, c'est un savant mélange des deux. La température de son humeur est donc en permanence... blasée. En surface elle semble toujours se moquer de tout, bien que ce ne soit pas toujours le cas.

• Si elle devait être une fleur, elle serait le lys. Noble et distinguée, elle fait toujours très attention à son apparence. Malgré la couleur peu commune de ses cheveux, à savoir violet, résultat de plusieurs teintures et bien que sa coupe puisse sembler un poil négligé, c'est en réalité plusieurs heures de préparation qui se cachent derrière. Ils sont coupés court derrière et un peu plus longs devant, une mèche tombant devant ses yeux. Même si tout le monde ne les verront que violets, leur véritable couleur est en réalité gris. Ses yeux légèrement plissés, trahissent des origines japonaises lointaines. Sa carrure pourrait facilement être confondu avec celui d'un mannequin de défilé de mode. Filiforme, sa poitrine ne dépasse pas le petit bonnet B. Cependant, sa taille elle atteint facilement le mètre soixante-quinze. Lena est une femme très mince. Même un peu trop maigre pour les standards de beauté.

• Si elle devait être un style vestimentaire, elle serait Bon Chic Bon Genre. Toujours habillée d'une chemise et d'un pantalon de toile, elle l'agrémente la plupart du temps avec de gros bijoux dorés ou argentés. Elle a un sens de la mode plutôt respectable. Son uniforme est toujours propre et bien repassé. Elle tient énormément à l'apparence et à la première impression. Pour elle, l'habit fait le moine.

• 5 Mars 1998 :
Prise de violentes nausées, Anne Wellington se précipite dans les toilettes. Appuyée sur la cuvette des toilettes, son déjeuner partait dans les égouts. N'importe qui aurait détesté ça. Mais pas elle. C'était un des symptômes qu'elle avait tant attendu. Elle souriait et posait tendrement sa main sur son abdomen. Un léger murmure s'échappa de ses lèvres. "Enfin". Le soir, elle annonça la nouvelle à son mari. La nouvelle le réjouit tout autant qu'elle. Il allait sans dire que l'enfant serait choyé. Peut-être même un peu trop, qui sait ?
Née dans une famille aisée, l'époux montait sa propre entreprise depuis à peine un an alors que sa femme était une simple employée de bureau.

• 20 Novembre 1998 :
Le jour de l'accouchement. Tout était censé se passer pour le mieux, comme dans un rêve. Ce ne fut pas le cas. L'accouchement durait maintenant depuis plus de vingt heures. L'épuisement prenait le dessus sur le bonheur et l'empressement. Anne ne souhaitait qu'une chose, que toute cette souffrance prenne soin.
Sa vie était loin d'être en danger, bien évidemment, les progrès de la médecine moderne permettait aux femmes de pouvoir accoucher sans le moindre risque. Mais la nervosité et la peur étaient tout de même présentes.
Ce fut après vingt-deux longues heures d'attente que la petite princesse vit enfin le jour. Sur les faire-part de naissance y était inscrit Lena Wellington, 2,6 kilogrammes, née le 20 Novembre 1998 à 18 heures et 54 minutes.
Les cadeaux et les félicitations arrivaient à profusion. Des proches, des amis ou encore des collègues de travail. Tous étaient heureux pour le jeune couple qui n'attendait déjà plus que de rentrer chez eux, dans le cocon familial.

• 24 Décembre 2003 :
La petite princesse sourit d'une grimace qui semble artificielle. Elle n'est pas vraiment heureuse et pourtant elle a tout pour l'être. Catégorisée comme un enfant prodige, il semblerait que rien ne lui résiste.
Que ce soit le domaine artistique avec le piano ou le violon qu'elle pratique depuis moins d'un an avec beaucoup de succès, ou bien le domaine scolaire où elle décroche à chaque fois un score parfait, tout semble lui réussir.
Elle semblait même porter bonheur à ses parents. Suite à une affaire chanceuse, le chiffre d'affaire de l'entreprise appartenant à son père avait décollé en flèche, le permettant même d'implanter d'autres succursales dans des pays étrangers.
Alors pourquoi cette petite princesse n'était pas heureuse ? Parce qu'elle était seule. Ses parents l'aimaient toujours bien entendu, mais ils travaillaient tout deux pour lui permettre d'avoir la vie aisée dont ils n'avaient pas eu la chance de bénéficier. Seulement, allez expliquer cela à une enfant de cinq ans à peine. Elle voulait ses parents et personne d'autre.

• 1 Janvier 2010 :
La vie facile de la petite Lena, dix ans, continue sans aucune difficulté. Elle a continué le violon, mais a décidé d'arrêter le piano. Elle commençait à se lasser de cet instrument.
Et quand Lena se lasse, ce n'est pas à moitié. Elle refuse tout simplement, se permettant de faire des caprices pour le moins embarrassants du point de vue d'un adulte.
A cet âge là, elle était déjà plus grande que tout le monde. Plus grande que les garçons, même si ça n'avait rien de surprenant, la puberté ne les ayant pas encore frappé.
Elle grandit plutôt isolé des problèmes des gens de classe moyenne. Innocente et insouciante, elle a du mal à être sociable. Une barrière entre la "plèbe" et elle-même se créer. Tout le monde la voit comme la princesse de son monde, hors de portée des autres.

• 15 Septembre 2013 :
Elle rentre au lycée. Un lycée prestigieux qui n'accepte que les meilleurs dans l'une de ses ailes. C'était son objectif. Arriver à se faire accepter dans cette aile qui avait l'air si particulière, si spécial... si magique.
C'était fini les caprices d'enfants. Comme s'en était fini des robes de petite fille. Elle était maintenant en uniforme presque en permanence. En rentrant chez elle, c'était le pyjama en flanelle confortable et elle révisait.
Sa matière de prédilection était la chimie. Elle aimait le fait de pouvoir observer des transformations, créer des choses à partir d'autres. C'est la fameuse citation de Lavoisier qui la décidera à en faire son domaine d'expertise plus tard.
Elle n'avait plus le temps pour des passes-temps aussi futiles que le violon. Elle devait toujours s'améliorer, travailler toujours plus dur, toujours plus longtemps.

• 3 Septembre 2016 :
Après trois ans d'études très mal vécu, elle est enfin repérée. À son tour, elle pourra faire partie de l'élite. La sensation d'accomplissement est presque palpable.
Alors, elle rejoint la fameuse salle. La salle 3.4. Rien que son nom lui semblait étrange. Elle avait été acceptée dans la licence de Physique Chimie. Elle pensait qu'en conséquence, dans cette salle, il y aurait des professeurs qui lui donneraient son emploi du temps, la liste des livres de manuels scolaires ou d'autres choses d'ordre logistique.
Il en fut tout autre. La pièce était vide, mais elle était chargée d'énergie. Comme si une décharge électrique la parcourait. Elle pouvait presque sentir ses cheveux crépiter.
Clouée sur place elle entendit un cri de colère, empreint de tristesse avec une pointe de jalousie. Elle sentit quelque chose comme la traverser alors qu'elle était incapable de faire le moindre geste. Puis ce fut le noir.
A son réveil, ce n'était que migraine et bruit. Au début, elle cherchait autour d'elle qui pouvait bien parler aussi fort. Elle se frottait les tempes pour faire partir la migraine, mais rien à faire, cette voix stridente comme des ongles qu'on faisait crisser sur un tableau noir restait en permanence dans son esprit.
Puis on lui expliqua. Elle devait s'estimer chanceuse, Héra avait enfin décidé de posséder quelqu'un. Elle devait se réjouir que quelqu'un tente prendre possession de son corps, décide de régir sa vie comme bon l'entend et l'oblige à aller chasser son époux, Zeus qui avait décidé de posséder, lui aussi, quelqu'un pour, probablement, échapper à son emprise et faire la cour à d'autres. Lena ne pouvait pas s'empêcher de compatir avec lui. Elle aussi aurait tenté de fuir cette psychopathe.
Mais peu à peu, elle finit par la comprendre. Il lui avait fait la cour, à elle, la déesse des mariages. Cependant, il ne se privait guère de courir à droite et à gauche, revenant vers elle uniquement quand cela l'arrangeait.
Peu à peu, elle prit Héra en pitié et accepta de déjouer tout plan de conquête de son époux infidèle. Mais il y avait une chose qu'elle ne lui céderait pas : son corps. C'était un combat intérieur qui ravageait l'esprit de Lena, la rendant toujours un peu plus épuisée, n'ayant pour répit que le sommeil salvateur dont Héra la laissait profiter.
Ainsi, elle se concentrait plus que jamais sur ces études, ne laissant aucune faille permettant à Héra de prendre le pas sur elle. C'est ainsi qu'elle se retrouva pour la première fois en conflit avec le "porteur" de Zeus. Un irlandais. Finalement, elle allait peut-être s'impliquer un peu plus que ça dans la bataille contre l'époux de sa déesse.

Pour l'énième fois, Héra soupira. Elle n'aimait pas que j'étudie. Elle préférait que je sorte et que je suive Zeus, enfin son porteur, pour voir s'il la trompait encore. Avec le temps, elle aurait dû s'y habituer. Mais non, elle, elle était toujours surprise que cela arrivait. Au fond de moi je le savais qu'elle espérait que c'était la dernière fois. Comme une femme abusée donnait pour la centième fois une dernière chance à l'homme qu'elle aimait.
Elle n'avait pas d'autre choix, que pouvait faire la déesse du mariage contre un mari infidèle. Divorcer ? Laissez-moi rire. Mais cela ce n'était rien comparé à ce qu'elle voulait me faire faire.
Elle avait déjà assimilée sa personne à la mienne et celle de Zeus à son porteur. Alors pour elle, même si cet irlandais avait une relation, c'était tout de même une infidélité. Donc elle exigeait punition. Devinez qui devait s'exécuter ? Dans le mille ! Moi !
Moi qui n'aspirais qu'à une chose, étudier. Qui ne souhaitait qu'une chose, réussir. Je voulais découvrir des théories auxquelles personnes n'avaient jamais pensé, surpassé tous les chercheurs qui avaient jamais existé. Inscrire mon nom dans les manuels d'histoire et de science.
Alors, pour me faciliter la tâche, des fois je lui concédais une petite victoire. J'acceptais d'aller pourrir la vie à se pauvre garçon. Dans le fond, je ne le détestais pas réellement. Mais la haine et la jalousie d'Héra était un tel poison pour mon esprit qu'elle avait fini par gagner sur ce terrain aussi. J'avais été corrompu. L'assimilant à tous mes problèmes, moi aussi je voulais voir Zeus souffrir autant qu'il avait fait souffrir Héra. Moi aussi j'avais fondu nos deux âmes en une et avait tout de suite fait l'amalgame entre celle de Zeus et de l'irlandais.
Héra gagnait souvent. Mais elle gagnait des batailles insignifiante, comme le choix de mes vêtements, ce à quoi nous occupions notre temps libres. Elle n'avait pas fait ne serait-ce qu'un pas sur mon âme, encore entachée... mise à part cette haine qui venait la noircir légèrement.
Je secouais ma tête et tentais de me concentrer de nouveau sur mes devoirs. J'observais la formule et je sentis que je l'exaspérais un peu plus. Elle n'allait pas tarder à crier et je le sentais. Après plusieurs mois de "vie commune" je commençais à la connaître.
Tout comme mon mode de pensée n'avait aucun secret pour elle, le sien me paraissait de plus en plus clairs. Peu à peu je brisais les verrous de son esprit. Bientôt je la comprendrais. Peut-être ne le savait-elle pas encore. Je n'avais jamais eu l'intention de la chasser de mon corps. Moi qui avais toujours été si seule, même si sa présence était quelques fois étouffante et douloureuse, elle restait rassurante. Je savais que je n'étais plus abandonnée. Il y avait quelqu'un en permanence avec moi, même si ce quelqu'un en question était une déesse antique grecque qui voulait me voir disparaître afin d'avoir la pleine possession de mon corps. Moi ? Masochiste. Légèrement...

Cette sensation était tellement... déconcertante. Ne pas avoir de corps. Rester cloîtré dans un esprit qui n'est même pas le sien, comme si c'était une prison indestructible. Elle semblait à la fois si fragile et parfois si forte. Des fois je retrouvais certains de mes aspects en elle.
Je ne croyais pas à la chance. Si elle est venue au moment même où j'avais décidé de rejoindre mon époux, ce n'était pas tout simplement une coïncidence. C'était le destin. Je voyais à travers ses yeux comme si je voyais à travers un filtre opaque. Quand elle dormait, c'était comme si j'étais aveugle. Moi qui étais si puissante, si crainte des autres. J'en étais réduite à un corps mortel.
Je n'avais eu peur de rien. Je ne connaissais même pas cette émotion. Je n'avais jamais été effrayée malgré mes disputes incessantes avec Zeus. Pas même quand on avait tenté tant de fois de me détrôné de mon rang. Je connaissais tant de sentiment, l'amour, la jalousie, la haine...
Mais maintenant je ne connaissais que ça. Peur de me perdre et de me fondre dans cette jeune fille qui me ressemblait sur bien des points. Peur de perdre Zeus, maintenant que je n'avais plus tous les pouvoirs pour évincer la concurrence. Peur de perdre ma raison de vivre tout simplement.
Dans ce monde où on en avait que faire du mariage, que cette chose impure appelé divorce était courante, j'étais probablement l'une des déesses les plus inutiles. Bien sûr j'avais un passé. Bien sûr j'étais charismatique.
Mais si je perdais le prestige de femme de Zeus, que me resterait-il ? Quelle raison aurai-je pour continuer à me battre ?
Je contemplai cette créature qui m'empêchait de protéger ma position. Je la haïssais. Je la haïssais probablement plus que je n'ai jamais haïs personne. Plus que n'importe quel conquête de Zeus. Je la détestais parce qu'elle était libre. Libre de faire ce qu'elle voulait.
Sur un papier, des lettres que j'avais lus tellement de fois. Des leçons que d'autres élèves avaient déjà vu et revu. Je l'observais silencieusement alors qu'elle notait sur une feuille les passages importants. Je la détestais, mais de temps en temps je me surprenais à étouffer une bouffée d'affection pour elle.
Mais le répit resta de courte durée. La haine, épuisante et assourdissante repris le dessus. Alors je criais. Je criais jusqu'à vider ces poumons que je n'avais plus. J'hurlais pour qu'elle souffre autant que je souffrais de la situation. Elle tomba à la renverse, se tordant de douleur sur le sol. Ce n'était pas suffisant. Ce ne serait jamais suffisant, tant que ce corps ne sera pas miens.