"Une place pour chaque chose et chaque chose est à sa place."

La première chose qui saute aux yeux lorsque l'on connait Kiera est son côté pragmatique et terre à terre. Elle a un énorme sens des responsabilités et s'investit à 100% dans son travail, aucun détail n'est négligé, et elle est persuadée que tout peut être analysé.
Lorsqu'elle a décidé quelque chose, elle reste fixée sur les conditions qu'elle avait établit au départ. Confiante et sûre d'elle, la jeune fille ne supporte vraiment pas les gens indécis qui ont du mal à prendre des décisions et elle perd rapidement patience lorsque l'on est pas d'accord avec ses principes et ses règles.

L'adolescente peut paraître très réservée mais elle est en réalité relativement aimable lorsque l'on apprend à la connaitre. Digne de confiance et loyale, elle ne supporte pas les personnes malhonnêtes et a énormément de mal à pardonner, par ailleurs, l'irlandaise ment vraiment rarement et n'a aucun mal à reconnaître ses tords, même si elle est souvent convaincue que ses méthodes sont les meilleures.

Kiera fait passer l'honnêteté et la franchise avant les considérations émotionnelles, ce qui la fait souvent passer pour une personne froide, voire inhumaine, en vérité, elle est plus du genre à montrer son affection par des gestes, par des cadeaux, plutôt que par des mots. Elle éprouve beaucoup de mal à exprimer ses émotions et son affection, mais ne lui dites jamais qu'elle est une personne désagréable et hautaine, elle se vexerait énormément, car elle souffre de cette facette de sa personnalité, pourtant, elle fonctionne ainsi, et elle ne se verrait pas changer. Les sentiments, c'est pas vraiment son point fort, c'est peut être pour cela qu'elle n'a jamais vraiment eut de relation amoureuse.

Même si l'adolescente préfère travailler seule et ne se soucie pas vraiment des autres, elle adore faire partager sa connaissance et son savoir aux autres, d'ailleurs, elle serait ravie de vous expliquer un cours que vous n'auriez pas compris. Par contre... Elle ne sait vraiment pas réconforter et l'empathie n'est pas vraiment son truc.

Toujours en quête de savoir, Kiera a l'esprit vif et concret. Elle veut toujours élargir ses connaissances et ce, quel qu'en soit le domaine.
Autonome, la jeune fille n'aime pas dépendre des autres et agit rarement en groupe. Elle préfère avoir un groupe d'amis restreints mais loyaux, comme elle, plutôt qu'un tas de connaissances qui ne seraient pas forcément toutes honnêtes.

On apprécie son calme et son esprit rationnel, mais on se lasse vite de son côté pointilleux et un peu trop perfectionniste. Tout doit être parfaitement bien exécuté et le fait de recommencer un travail jusqu'à ce qu'il soit parfait ne lui fait pas peur !  

Kiera est réaliste. Kiera est toujours concentré, mais Kiera n'est pas très spontanée et sa grande franchise peut blesser beaucoup de gens, le soucis, c'est que comme elle ne sait pas comprendre les gens, elle ne réalise même pas qu'elle les vexe.

Très exigeante avec elle même, elle l'est également avec les autres. Elle attend de son entourage qu'il fonctionne avec droiture et qu'il ne se néglige pas. Elle n'hésitera pas à dire à quelqu'un qu'il agit mal à son goût.
Très ponctuelle, elle apprécie également cette qualité chez les autres et a horreur des paresseux, des gens qui se laissent vivre, doucement, tranquillement.
Organisée, sa chambre tout comme son esprit sont parfaitement rangés. Tout fonctionne selon une logique qu'elle juge imparable. Elle a vraiment horreur du désordre, en fait, on pourrait même dire qu'elle en a peur. Elle ne comprend pas comment l'on peut être organisé si l'on est désordonné.

Courageuse, Kiera ne recule pas lorsqu'elle est menacée et elle agit souvent son consulter les autres. Malgré tout, elle cherche au maximum la sécurité et la stabilité dans sa vie. Elle n'est pas du genre à provoquer les autres.

La jeune fille adore le sport, mais seulement lorsqu'elle n'est pas en équipe. La coopération n'est pas son point fort, elle cherche sans cesse à être la première partout, et elle ne veut pas se laisser ralentir par les autres. Elle est particulièrement fan des disciplines qui nécessitent une grande concentration, une bonne précision, et beaucoup de patience. Ainsi, elle pratique le tir à l'arc et la natation pendant son temps libre.

Petites anecdotes "rigolotes".
- Kiera est du genre à lire le manuel d'un objet qu'elle achète, même si les manipulations pour s'en servir sont très simples.
- Elle a d’excellents résultats à l'école et dans toutes les matières, notamment en sciences, en revanche, elle n'a pas une grande sensibilité artistique, l'art ne l'intéresse pas vraiment.
- Elle est très observatrice et a une excellente mémoire.
- C'est une personne qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et qui ne supporte pas les gens incapables de se défendre.
- De par son côté réaliste, elle ne croyait vraiment pas aux fantômes et aux esprits avant de se faire posséder, d'ailleurs, il lui a fallut du temps pour comprendre que ces entités existent bien.
- En vérité, Kiera est assez timide, elle ne va pas naturellement vers les gens et ne donne pas sa confiance facilement.
- Si de manière générale, on la qualifie d'érudite, l'irlandaise ne sait absolument pas cuisiner. Mais récemment, elle s'est mise en tête d'apprendre à faire des oeufs au plat. Autant vous dire qu'elle a beaucoup de mal.
- Elle a une passion secrète pour les choses mignonnes et s'extasie rapidement devant un petit chaton.

Les pieds ancrés au sol, la tête solidement fixée sur ses épaules et l’expression du visage peu émotive, c'est ainsi que l'on décrit Kiera. Elle a l'air d'une statue de pierre, droite et inflexible. Ses vêtements sont toujours bien repassés et stricts. Jamais elle ne porterait de tenues trop extravagantes. Son style est classique, elle porte rarement des pantalons et s'habille en général avec des couleurs sobres.

Kiera, elle prend vraiment soin de son apparence. Elle ne songerait vraiment pas à sortir de chez elle négligée. D' ailleurs, elle a souvent tendance à juger les gens qui ne font pas attention à eux.

Ses longs cheveux noirs aux reflets bleutés sont propres et bien coiffés. Ils sont ultra raides et lui arrivent presque jusqu'au dessus de ses fesses. Ses coiffures sont classiques, soit elle lâche ses cheveux, soit elle les attache en queue de cheval ou en tresse.

La jeune fille aborde une silhouette fine et élancée. Ses jambes sont plutôt longues, sûrement grâce à la natation, son ventre est plat, tout comme... Sa poitrine. Elle aurait pu complexer dessus, puisqu'elle se soucie assez de l'image qu'elle renvoie d'elle, pourtant, ça ne la dérange pas plus que ça. De manière générale, son corps lui plaît, elle en est plutôt fière, et tente chaque jour de se montrer sous son meilleur jour.

Kiera aborde des yeux d'une délicieuse couleur caramel. Ils sont tellement clairs qu'il paraissent dorés lorsque le temps se fait clément. Ses prunelles sont assez captivantes, et pourtant, elles ne transmettent pas vraiment d'émotions ni de sentiments et restent impassibles même devant certaines choses assez graves (comme la misère du monde par exemple), du coup, lorsque dans des moments d'extrême faiblesse, elle se laisse submergée par ses émotions (cela est vraiment très rare), on le remarque immédiatement.

Ne vous méprenez pas si vous avez l'impression que l'adolescente vous dévisage ou vous regarde de haut, ce n'est pas vraiment le cas. En général son visage est neutre et ne s'exprime pas beaucoup, si bien que lorsqu'elle est vraiment heureuse, elle n'esquisse qu'un léger sourire.

Sa voix penche plus vers le grave que vers l'aigu, elle parle avec douceur, c'en est presque apaisant.

Sa marche est droite et assurée. Confiante, Kiera regarde toujours devant elle. Parfois, pourtant, elle s'arrête et se tourne un instant pour contempler le passé qui lui apprit tant de choses.

On entendait les enfants pleurer dans la salle de classe. Et ceux qui ne laissaient pas couler leurs larmes n'avaient pas l'air plus heureux. Pourtant, il y avait au fond de la classe une petite fille qui regardait la scène, impassible. Elle s'approchait finalement du groupe et se tournait vers son professeur. D'une voix peu émotive, elle lui demandait :
"Monsieur, si ça ne vous dérange pas, est-ce que je pourrais rentrer chez moi maintenant ? J'ai des devoirs à faire alors..."

Un peu choqué, le professeur haussait les sourcils et s'approchait, l'air inquiet, vers l'enfant. Les autres lui lançaient des regards colériques, indignés, ils ne parvenaient pas à la comprendre. Personne ne pouvait la comprendre, elle ne se comprenait même pas elle-même !
"Mais enfin Kiera... Le lapin de la classe est mort ! Il faut lui rendre un dernier hommage tu ne crois pas ?"
"Il y a vingt-quatre personnes qui pleurent son départ, je pense que ça suffit non ? Je m'en vais. Je n'ai pas de temps à perdre. Désolée pour le lapin."

Elle quittait enfin la classe, calmement. Les autres n'en revenaient pas. Elle non plus. Elle savait que ce n'était pas bien d'agir ainsi, mais elle n'avait aucune envie de gaspiller de son temps à pleurer comme les autres.
Cette petite fille, on la trouvait cruelle. Cette petite fille, on la trouvait bizarre. Cette petite fille, elle souffrait réellement, mais elle ne le montrait pas car elle ne voulait pas avoir à expliquer ses problèmes, car elle préférait rester seule.

On la voyait toujours lire des livres de sciences durant les récréations, elle n'allait jamais aux goûters d'anniversaires où on l'invitait, elle ne faisait jamais équipe avec les autres lors des travaux collectifs. Petit à petit, les autres commençaient à se moquer d'elle, à lui dire des choses méchantes, à essayer de la vexer, et pourtant, cela n'avait pas l'air de l'atteindre. Il fallait qu'elle se concentre sur son travail, et ce n'était pas quelques moqueries qui allaient l'arrêter si facilement.

Pour tenter de la faire réagir, on se mit alors à la faire trébucher, à lui lancer des boulettes de papier sur la tête, à lui couper des mèches de cheveux, et pourtant, elle ne répondait toujours pas. Mais ce que les autres enfants ne savaient pas, c'était que la gamine pleurait tous les soirs dans son lit, qu'elle usait de stratagèmes pour ne pas aller à l'école. Ses parents, des gens très intelligents, et observateurs, avaient su réagir assez vite avant que cela ne dégénère. Ainsi, la petite Kiera changea de nombreuses fois d'écoles, et on la fit suivre par un psychologue. Ses relations avec les jeunes de son âge ne s'amélioraient pas, alors, ce qui lui rendait immédiatement le sourire, c'était la visite hebdomadaire qu'elle faisait avec son thérapeute. Il l'écoutait, la comprenait, et ne la jugeait pas. Normal, c'était son métier vous allez me dire, mais lorsque l'on a que huit ans comme Kiera, on voit les choses différemment.

Chez elle tout était bien ordonné. Le père était un comptable, et la mère un médecin. Ils avaient offert à leur fille la meilleure éducation, puisqu'ils en avaient les moyens, et elle ne manquait de rien, pas même d'amour. Comment expliquer alors son caractère si froid et distant avec les autres ? Les parents pensaient que ça ne pouvait pas se justifier. Elle était née comme ça, voilà tout. Elle préférait l'intelligence à la gentillesse, le savoir aux loisirs, la droiture à la négligence, et l'ordre au désordre. Ils n'allaient pas s'en plaindre. Ils étaient d'ailleurs très fiers de leur enfant et n'hésitaient pas à la féliciter pour chacune de ses réussite.

Les années passèrent Kiera entrait enfin au collège. Là, elle fit la rencontre d'autres adolescents un peu comme elle, peut être un peu plus extravertis, mais elle arrivait à avoir des discutions intéressantes avec eux. Alors elle s'épanouissait un peu plus. Ce fut à cette époque là également qu'elle se mit à faire du sport. Alors, elle pouvait se défouler, se vider la tête, elle n'était plus la petite fille renfermée d'avant. Pourtant, nombreux étaient encore ceux qui la trouvaient bizarre.

Globalement, on pouvait dire que Kiera était bien dans sa peau, et assez stable. Elle vivait dans une ambiance agréable et aucun événement ne venait troubler sa tranquillité.
Vers la fin de ses années collège cependant, il lui était arrivé quelque chose de peu sympathique. Les gens de sa classe la savait très assidue et prête à tout pour le travail. Une de ses camarades en profitait, lui demandant d'abord de l'aider pour ses devoirs, puis abusant de jour en jour de sa gentillesse.

"Kiera, aujourd'hui j'ai un rendez-vous suuuuuper important ! Je voulais savoir si ça ne te dérangeait pas de finir mon travail, en plus j'ai pas trop compris, et puis... Je te revaudrais ça, promis !"
"Hm... Oui si tu veux, mais il ne faut pas que cela devienne une habitude !"

Devinez quoi ? C'était devenu une habitude. Kiera ne pouvait pas dire non au travail, si bien que d'autres élèves peu scrupuleux commencèrent également à lui demander des services. Elle était alors rapidement submergée par le travail. Elle ne s'en rendait pas compte immédiatement. D'ailleurs, si ses parents ne le lui avaient jamais dis, elle aurait continué ainsi jusqu'à la fin de sa scolarité.

"Kieraaaaaa ! J'ai prévu de sortir avec des potes, tu peux faire mon devoir de phy..."
"Non. Débrouille-toi à présent. Je ne suis pas ton esclave."

Des rires. Tout ce qu'elle récoltait, ce fut des rires. L'adolescente haussait un sourcil, ne comprenant pas vraiment cette réaction. Dans tous les cas, elle avait la ferme intention de ne pas céder, même si l'autre insistait.

"Allez Kiera ! T'façons t'as pas d'amis, t'es tellement bizarre, tu sors jamais, qu'est-ce que ça peut te faire ?"

Là, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Kiera était persuadée qu'elle avait réussi à se faire des amis, au final, tous les gens qui lui demandaient des services n'étaient que des profiteurs.
Du jour au lendemain, elle se retrouvait vraiment seule. En temps normal, cela ne lui aurait rien fait, mais dans ce cas là, elle était sous le choc de penser que les gens ne s'intéressaient à elle que par intérêt. C'était la première fois que ça lui arrivait. Elle ne laissait rien transparaître, comme à son habitude, mais elle s'était juré de ne plus faire aussi facilement confiance aux autres.

Kiera entrait ensuite au lycée où elle était perçue comme une fille étrange et froide. Personne n'osait l'approcher de peur de sa réaction. Elle se contentait de cela. Mieux valait être seule que mal accompagnée après tout. Pourtant, après quelques semaines, une jeune fille de son âge vint faire sa connaissance. Elle était exactement l'opposé de l'adolescente. Super extravertie, énergique, bruyante, pas forcément très travailleuse, mais toujours de bonne humeur. Elle voulait absolument faire sa connaissance, Kiera ne partageait pas ce désir, du moins, au début. Elle se méfiait tellement des gens qu'elle la repoussait à chaque fois. L'autre ne se laissait pas faire et on ne pouvait qu'admirer sa détermination !

"Dis moi au moins ton prénom ! T'as l'air super sympa ! Pourquoi tu restes toujours toute seule ? C'est pas mieux d'être avec des gens ?"
"Kiera, on est dans la même classe, tu es censée le savoir. Les gens me gonflent, je préfère être seule."
"Gneugneugneu je préfère être seule, arrête tes bêtises un peu !"

Ce genre de remarques avait le don d'agacer l'introvertie. D'ailleurs, elle ne comprenait pas pourquoi l'autre la suivait comme ça. Elle n'avait rien de spécial, elle n'était même pas sympa avec elle.
Jour après jour, elle s'habituait à sa présence, même si elle ne l'acceptait pas encore tout à fait, puis les deux adolescentes se rapprochèrent. Finalement, lorsque l'on regardait bien, elles se complétaient assez bien. Kiera restait sur ses gardes bien sûr, mais elle apprenait petit à petit à se sociabiliser un peu plus. C'était une amitié qui commençait, c'était une amitié qui aurait pu se développer d'avantage, si seulement elle n'avait pas reçu ce courrier.

Il s'agissait de documentation concernant une certaine école. Une école prestigieuse où les élèves étaient tous excellents et où l'enseignement était très bon. Kiera n'avait pas vraiment envie d'y aller, elle arrivait enfin à trouver sa place sans son école, alors, elle ne parlait pas de ce qu'elle avait reçu à ses parents, car elle s'avait très bien que sinon, ils l'enverraient là-bas. Elle était alors tranquille... Pour un court instant, puisque quelques semaines plus tard, elle reçu à nouveau cette même documentation, et au plus elle tentait de cacher cette publicité, au plus elle en recevait. Ça commençait par quelques papiers par semaine, puis un par jour, puis plusieurs par jour, bientôt, les boites mails de la famille étaient assaillies de publicité invitant l'adolescente à rejoindre l'établissement. Elle ne pouvait plus vraiment cacher tout cela, et comme elle s'y attendait, ses parents l'avaient inscrite là-bas. Bien évidement, elle ne leur en voulait pas, elle savait qu'ils agissaient pour son bien. Elle dut alors faire ses adieux à son amie, elle pensait que tout se passerait bien, mais l'autre avait décidé de lui en vouloir. Grand bien lui en face, Kiera était alors prête à commencer une nouvelle vie de solitaire là-bas. Elle ne voulait plus s'attacher, plus jamais. Elle ne comprenait pas la réaction de son ex-amie, elle ne voulait pas la comprendre. Elle voulait repartir à zéro, sur d'autres bases.

Je me souviendrais du jour où je me suis fait posséder toute ma vie. Vous me direz, il est tout à fait normal de se rappeler de ce genre de choses ! Mais moi, je me souviens de tout, dans les moindres petits détails, il faut dire que j'ai toujours fait attention à tout, cela n'a rien d'étonnant.

Il faisait beau, le jour où je me suis fait posséder. Le ciel était bleu, le soleil, doux. Temps plutôt rare en Irlande, il est pourtant tellement cliché de décrire ce genre de paysage, je vous épargnerais pourtant la légère brise de vent qui faisait danser mes longs cheveux d'ébène, car comme vous l'aurez compris, il n'y avait pas de vent.

Ce jour-là, j'avais passé près d'une heure à me promener dans le parc, j'aimais bien me reposer sur l'herbe lorsqu'il faisait bon, comme ce jour précis. J'avais un livre à la main, un livre sur l'astronomie, je regrettais vraiment qu'il n'existe pas un club de sciences dans cet établissement, alors je me documentais comme je le pouvais. Je venais de finir mon repas. Une salade de riz avec une pomme. C'était la pause déjeuner, et j'allais bientôt reprendre les cours. Tous ces petits éléments sont peut être totalement insignifiants à vos yeux, mais ils sont importants pour moi, ils me premettent de mieux situer l'action, il faut dire que j'ai encore beaucoup de mal à me faire à cette nouvelle vie.

Bref, il était temps de retourner à l'école, j'attendais cela avec une grande hâte, car je devais me rendre en cours de chimie, et c'était bien connu, la chimie faisait partie de mes matières préférées. Cependant, le destin, ou sûrement autre chose, en avait décidé ainsi. A peine avais-je franchis le seuil de la salle de classe que mon professeur m'interpella.

"Mademoiselle O'Callaghan, vous êtes convoquée chez le directeur."
Je ne vous raconte même pas la peur que j'ai ressentie en apprenant cette convocation. Je n'avais jamais rien fais de mal, j'avais des résultats plus que bons, alors je ne comprenais pas ce que l'on pouvait bien me reprocher. J'espérais qu'il ne s'agissait pas de quelque chose de grave, mais je vous assure que je n'étais pas bien du tout. Chaque pas qui me rapprochait du bureau du directeur me donnait des sueurs froides de plus en plus importantes.

Je le voyais, un large sourire aux lèvres, comme s'il manigançait quelque chose. Il me fit signe de le suivre. Il m'emmenait dans une salle mystérieuse. Moi, toujours à cheval sur les règles, j'avais jugé bon de me l'ouvrir, de toutes façons, cela n'aurait probablement rien changé.

"Mais monsieur, vous avez dit vous-même qu'il était interdit de rentrer là."

Il ne m'avait pas vraiment laissé le choix. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi il faisait ça. Je me disais qu'il acceptait bien de montrer ce qu'il y avait dans cette salle pour les élèves vraiment curieux, moi, je n'avais jamais vraiment eu envie de savoir ce que cachait cette pièce... Bref, après cela, c'est le grand vide. C'est fou ça, je suis capable de me rappeler du moindre détail de cette journée, sauf de ce moment précis. Je suis sûrement tombée dans les pommes. En tout cas, je me suis réveillée à l'infirmerie avec une horrible migraine. On m'a dit que ça allait passer, que je n'avais qu'à prendre une aspirine, dormir un peu, et que tout irait bien.

Je mentirais en disant que les choses vraiment bizarres se sont manifestées immédiatement après le malaise que j'avais fait, il a bien fallu deux ou trois jours avant que je commence à entendre une voix dans ma tête.

Une voix douce, féminine, un peu aiguë s'était enfin fait entendre. Je ne vous dis même pas la réaction que j'ai eue quand je l'ai entendue.

"Oh, leur couple à l'air d'aller mal... Quelle tristesse."

"Qui a parlé ?" Avais-je dis, vraiment surprise.

Le silence. J'étais pourtant certaine d'avoir entendu une voix, et je n'étais pas folle, je le savais. D'ailleurs, les jours suivants mon passage à l'infirmerie avaient vraiment été très bizarres.

"Non franchement, j'rigole pas. Qui. A. Parlé ?!"
"Ne... Ne sois pas si agressive... Ça va... Je vais t'expliquer."
"Attendez. Vous êtes dans ma tête ? J'suis en train de rêver en fait, c'est ça ?"
"N... Non... Bon... Tu te souviens du jour où le directeur t'a emmené dans la salle 3.4 ? Bon eh bien... Dans cette salle sont renfermés tous les esprits des Dieux Antiques, et à chaque fois qu'une personne entre là-bas, un Dieu prend possession de son corps. J'ai senti que c'était enfin à mon tour. Je suis Sigyn, déesse de la fidélité, je ne suis pas la plus connue, donc je ne sais pas si tu as déjà entendu parler de moi..."
"Haha. Oui, je suis en train de rêver."

Des esprits. Non mais franchement. Je n'avais jamais cru au paranormal. Pour moi, tout pouvait être expliqué par la science, et toutes ces histoires d'esprits, de fantômes, de vampires, ou encore d'aliens, ce n'était que des bêtises, ça n'existait pas. Tout au long de cette journée, la voix n'avait cessé d'essayer de communiquer avec moi, je ne lui répondais pas directement, mais j'avais l'impression qu'elle pouvait lire en moi comme on pouvait lire dans un livre ouvert.

"Bon... Kiera... Je suis désolée, mais il va falloir... Coopérer tu ne crois pas ?"
"Ah ! Mais ça suffit maintenant. Je suis calme mais là, tu me tapes vraiment sur le système. Ca n'existe pas les esprits !"
"Comme tu voudras..."

Ce genre de tension entre Sigyn et moi dura plusieurs jours avant que je me fasse une raison. Et je vous assure, j'ai encore beaucoup de mal à y croire. Sigyn et moi, on est différentes, et en même temps, on se ressemble tellement. C'est une grande sentimentale, pas moi. Elle se laisse souvent marcher sur les pieds, elle est très soumise, ce n'est plus vraiment mon cas. Elle est naïve aussi, j'ai appris à ne plus faire confiance aux autres, mais elle n'a pas que des défauts. Elle possède une douceur que je n'ai pas, une empathie pour les autres que je ne comprends pas, une envie et une curiosité de rencontrer les autres que je ne voulais plus avoir. Notre plus grand point en commun, c'est notre loyauté envers les autres. Au final, nous nous complétons, et nous nous entendons plutôt bien, même si je ne supporte pas vraiment sa faiblesse d'esprit et que j'aimerais la rendre un peu plus forte. De son côté, elle tente de me rendre un peu plus sociale, mais ce n'est vraiment pas quelque chose de simple. Le monde me rend tellement mal à l'aise.