Souriant – sensible – extraverti – rêveur – distrait – travailleur – exigeant – immature – influençable – poli –

Raffole de pâtisseries et boit du thé toute la journée – Aime la lecture – A peur des chiens depuis qu’il est tout petit – ne tue jamais les araignées car « elles mangent les autres insectes ! » – son vêtement fétiche est un sweat bleu clair avec une tête de chat comme capuche et une queue de chat derrière -

Au premier abord, Nathaniel est un rayon de lumière. Avec ça peau diaphane, ses grands yeux bleu clair et ses cheveux tout aussi bleu, on le prendrait pour un ange. Oui, enfin à condition d’aimer les cheveux bleus, ce qui est loin d’être le cas de tout le monde. Comme si avoir les cheveux ne suffisait pas, il les attache sur le coté droit, absolument en permanence, pour donner un style asymétrique à sa coiffure.

Pas très grand, avec sa fine silhouette surmontée de cette chevelure azur, il n’est pas très impressionnant. Méfiez-vous pourtant, car il pratique la capoeira depuis plus de dix ans, et sa meia-lua de frente en a déjà surpris plus d’un.

Malgré ses années de pratique, ses muscles sont très discrets. De plus sa phase « je-fume-au-lieu-de-manger-parce-que-c’est-plus-cool » n’a pas aidé au niveau de son poids.

Le plus souvent, vous le verrez habillé avec des couleurs claires, qui renforcent son apparence diaphane. Là aussi, c’est en opposition avec l’année passée, où il eut une période « je-ne-mets-que-du-noir-car-je-suis-un rebelle ». Blazers et gilet clairs, sweat bleu ciel… faire l’inventaire de la garde-robe du jeune homme risquerait de vous faire perdre un temps précieux. Et encore, c’est sans mentionner sa collection de chaussures, bottes et basquettes !
Bref, Nathaniel aime les vêtements, et dispose d’une belle réserve… encore que vivre dans un dortoir risque de lui demander certains sacrifices.

Le petit ange aux cheveux bleus est un garçon souriant, ouvert, quoiqu’un poil timide au premier abord, ayant le rire facile et les yeux pétillants. Poli, distingué, il se montre serviable et accommodant… ou il essaie. Monsieur à tendance à prendre la mouche un peu rapidement quand il est contrarié et il peut se montrer un peu capricieux ; toutefois il n’est pas rancunier – en général- et la mauvaise humeur ne dure jamais longtemps.

Il essaie de ne pas trop se prendre au sérieux et d’avoir du recul ainsi qu’une bonne dose de second degré sur lui-même, notamment depuis ses mésaventures de l’année passée. En revanche dès qu’il est question de ses études, plus questions de rigoler ! Il a assez fait le mariole avec Dan, maintenant au boulot ! Ses parents, et surtout son grand-père, l’ont toujours poussé à être le meilleur en tout et il s’y emploi avec acharnement. Toutefois à force de se montrer aussi exigeant avec lui-même il a aussi tendance à se montrer exigeant avec les autres qui n’apprécient pas toujours.

Il est en droit plus pour plaire à son aïeul que par vocation, mais pas question de paresser pour autant. Il est conscient qu’il a bien failli ne pas être pris au Pensionnat Immortalia à cause de son redoublement en terminale. Par conséquent il a à cœur de réussir haut la main comme il l’a toujours fait auparavant !

Mais, derrière le garçon souriant et travailleur, il y a toujours un enfant un peu perdu, un peu trop prompt à s’attacher et à pardonner, qui bien qu’il prétende avoir un sale caractère, se montre assez influençable.

Le rejet de son grand-père appartient au passé, mais il n’est pas oublié pour autant. Nathaniel à peur qu’on ne l’aime pas qu’on ne s’intéresse pas à lui. Les cheveux bleus sont aussi une façon d’attirer l’œil, de se faire remarquer. Même s’il tentera toujours de le nier, il souffre de la distance qui existe entre lui et ses parents et craint que personne ne l’apprécie.

Nathaniel Sibley fait partie de cette catégorie de personnes, qui sont nées avec une cuillère en argent dans la bouche, et le reste de l’argenterie à portée de main.

Son père, Michael Sibley, haut-fonctionnaire Irlandais travaillant pour l’Union Européenne, est un homme très compétent qui n’a jamais lésiné sur les efforts pour arriver à la position où il se trouve aujourd’hui.
Il a rencontré sa femme, Nina Korzeniowski, en Belgique. Elle est la fille unique de Slawomir Korzeniowski, l’homme à la tête des bijouteries du même nom, qui possède plusieurs mines de diamants en Afrique.

Les deux jeunes gens se sont mariés contre l’avis de Slawomir, qui en chef de famille autoritaire, refusait de voir sa seule et unique fille épouser un « petit opportuniste », comme il l’appelait à l’époque. Mais à mesure que son genre gravissait les échelons de la diplomatie européenne, il finit par se faire à l’idée, sans toutefois se montrer très enthousiaste.

Sa femme, Elana, était morte assez jeune et Nina était sa seule fille. Aussi, lorsque celle-ci tomba enceinte il mit tout en œuvre pour tenter de s’entendre avec son gendre afin de ne pas être exclu de la vie de son futur petit-fils.
La naissance de Nathaniel Sibley mit fin aux derniers griefs que le patriarche entretenait encore à l’encontre de son gendre. L’enfant vint au monde lors d’une matinée ensoleillée d’Aout 1999 à Dublin, car Michael avait tenu à ce que son fils naisse sur « son » île.

Cependant Mr Sibley fut rapidement muté au Brésil et c’est là-bas que Nathaniel passa son enfance.
Slawomir, refusant d’être encore séparé de sa fille, suivit la famille. Le patriarche au caractère bien trempé, fut la figure paternelle de Nathaniel. En effet, Michael Sibley, trop pris par le travail, n’avait guère de temps à consacrer à son fils. Exigeant, autoritaire et très stricte il ne lui laissait rien passer… les rares fois où il s’en occupait. En revanche le grand père, qui était réputé tyrannique et qui s’était montré si dur envers son beau-fils, s’adoucit, voir se ramollit complètement, devant la bouille d’ange de celui qu’il voyait déjà comme son héritier.

Nathaniel bénéficia d’une éducation très élitiste. Son grand père lui imposa des cours particuliers en plus de l’école, qu’il lui donnait lui-même. Il le poussa également vers le sport, « un esprit sain dans un corps sain mon garçon ! » répète-il encore régulièrement. Ainsi, il avait 7 ans lors de son premier cours de capoeira, discipline qu’il pratique encore, souvenir de son enfance heureuse en Amérique du Sud.

Profitant du fait que son fils finissait l’école primaire, Michael Sibley en profita pour se faire muter, et monter en grade. Grand-père Korzeniowski et les Sibley atterrirent ainsi en Estonie. Nathaniel voyait de moins en moins sa mère, désormais très impliquée dans la société Korzeniowski et souvent en déplacement. Et son père lui, demeurait toujours aussi effacé de la vie familiale. Le jeune garçon se rapprocha encore de son père qui continuait à le pousser à exceller dans tout ce qu’il entreprenait. Sous l’influence de ce dernier, il fut rapidement remarqué comme un brillant élève, premier dans presque toutes les matières.

Cependant cela a aussi pour effet de l’éloigner de ses camarades. Il n’avait pas trop le temps de s’amuser entre les cours et son grand père. C’est là qu’il a commencé à réaliser que « l’excellence », tant vantée par sa famille et vers laquelle son grand père le poussait sans arrêt avait un coût.

C’est là, que Nathaniel se rend compte que le monde utopique, dans lequel il vit depuis qu’il est tout petit, n’est pas si parfait.
Puis vient le Lycée. Cette fois, départ pour Washington. Son père est ravi, sa mère un peu moins, toutes leurs affaires sont en Europe. Elle ne sera à Washington qu’une semaine par mois. Elle ne peut pas se permettre d’être aussi loin de la société. Et puis de toute façon, il n’y a pas de problème, puisque que grand père est là pour s’occuper de Nathy. Nathy, c’est son petit surnom à la maison. Enfin, c’est surtout son grand-père qui l’appelle comme ça.
Ce dernier est un peu triste, mais au fond ça ne le gêne pas vraiment. Après tout ça ne change pas tant que ça. Et puis son grand-père l’aime, il se plie en quatre pour lui – enfin il paye des gens pour le faire- et à la maison, Nathaniel est un vrai petit prince ; donc au final tout le monde s’accommode de cette situation.

Sauf que le lycée à Washington, même privée, c’est une autre ambiance. Ici, ils sont nombreux à être des privilégiés, et Nathaniel est loin d’être le plus riche. Son coté premier de la classe et fils à papa a toujours fait qu’il a eu du mal à se faire des amis. Mais là les réactions sont carrément hostiles. Surtout que vu ses résultats, on lui fait sauter la classe de première pour passer directement en terminale. Nathaniel se retrouve isolé et assez malheureux. Et là, pour la première fois, son grand-père n’y peut rien.

Dans le même temps, alors que la puberté vient mettre son grain de sel, il réalise que les filles bah … ce n’est pas trop son truc. Forcément, comme pour tout, il va se confier à son grand-père. Mais pour la première fois, il rencontre le rejet net, catégorique et irrévocable de celui qui lui tout appris et qui l’a réellement élevé. Pour Slawomir, il n’est pas question que son petit-fils à lui soit une de ces « grandes folles ». Il va faire de brillantes étude, rencontrer une charmante jeune fille de bonne famille, se marier, prendre la direction de la société et lui faire pleins de beaux petits-petits-enfants. Donc non, il ne peut pas être homo.
Et puis, ce n’est pas « normal d’être comme « ça ». Il n’a aucune raison de l’être lui a qui on a toujours tout donné. Ce n’est pas « naturel », alors qu’il arrête un peu de faire son intéressant, les caprices, ça commence à bien faire.
Et à ce moment-là, la bulle aseptisée dans laquelle Nathaniel vivait jusque-là, éclate violemment. Ce refus absolu, est incompréhensible. Pire, se faire rejeter par son grand-père, ce n’est pas quelque chose qu’il pensait possible.

Pourtant Nathaniel est un garçon intelligent, et même s’il est un peu trop immature, un peu trop gâté, il sait qu’il a de la chance. Il sait qu’il ne devrait pas se plaindre. Il sait des milliers des personnes, des millions même, donneraient n’importe quoi pour avoir sa vie.  Mais il sait aussi qu’avec ses parents c’est pas l’amour fou.
Alors oui, ils accepteront très certainement son coming-out. Mais ils le feront surtout parce qu’en réalité, ça ne les intéresse pas trop.

Mais ce que Nathaniel ne savait pas, c’était que son grand-père pouvait le rejeter ainsi. Non, ça il ne l’avait jamais imaginé.

Et c’est ainsi que le jeune homme, qui jusqu’ici n’avait jamais causé le moindre souci à sa famille, se métamorphose en un véritable démon. D’ailleurs, si jusqu’ici Il n’a jamais été désagréable avec ses proches, c’est parce qu’au final, tant qu’il était bon à l’école, on lui passait tout, surtout grand-père.

Désormais, c’est la guerre ouverte. Plus question d’obéir gentiment à son grand-père chéri. Nathaniel claque les portes, il ne mange plus avec sa famille. D’ailleurs il ne mange grand-chose. Il répond, et dis des gros mots, il arrête de faire ses devoirs. Il laisse pousser ses cheveux et s’habille toujours en noir. Il quitte son club de capoeira.
Mais rien ne change. Son père n’est de toute façon jamais là et sa mère non plus. Pour son grand père, il fait une petite crise d’adolescence et il finira par rentrer dans le « droit chemin ».

Nathaniel, fait exprès de ramener des mauvaises notes et il répond aux professeurs, il arrive en retard, il sèche. Alors forcément, il se fait des « amis ». Il fume, il boit, il ne rentre plus tous les soirs. Il se fait percer et teint ses cheveux en bleu.
La fin de l’année arrive et ses résultats et son comportement sont devenus si mauvais en quelques mois, qu’on le fait redoubler. Grand-père est furieux. Là ses proches commencent à réagir, mais à ce moment, Nathaniel a juste envi de leur faire mal, surtout à son grand père.

Les choses dégénèrent. Nathaniel s’enferme dans sa rébellion. Ses parents ne comprennent pas et ne savent pas quoi faire. Sa mère ne s’entend plus avec son grand-père. Elle l’accepte comme il est et quoiqu’il fasse. Mais ça ne suffit plus. De toute façon, grand père lui, n’a pas l’intention de céder.
Ici, le chef, c’est lui et personne d’autre.

Alors Nathaniel continu. Et puis qu’on se le dise, Nathaniel n’aime pas être seul. Avant ses camarades ne l’aimaient pas, mais ça n’était pas grave puisque grand père était là. Mais maintenant… alors il suit ses nouveaux amis. Pour les impressionner, il fume et boit de plus en plus, il est prêt à tout pour qu’on l’accepte. Il essaie la drogue pour être encore plus « cool ». Une fois, deux fois… puis il arrête de compter. Il a des amis maintenant, et c’est tout ce qui compte. Ils sont une petite bande comme ça, et ils enchainent les soirées. Et Nathy est toujours là pour mettre l’ambiance.

Et puis, il rencontre Dan. C’est le dealer de la petite bande de rebelles. Lui n’est pas riche. C’est pour ça qu’il deal. Dan est en terminal dans un autre lycée. Il n’en est pas à son premier redoublement et il a déjà 19 ans. Dan a des piercings et des tatouages, il se maquille les yeux et se met du verni, il est musclé et personne ne lui fait peur. Dan le trouve mignon. Dan l’a embrassé et maintenant Dan sort avec lui. Nathaniel fait tout ce que Dan lui dit, comme ça il est sûr que Dan l’aimera toujours…

Quand il y repense aujourd’hui, Nathaniel se dit qu’il a vraiment été très, très, très idiot. Et là, il reste poli. Qu’elle idée de sortir avec un dealer ? Forcément il a fini par arriver trop défoncé au Lycée. C’était un 28 Novembre. Le lendemain de l’anniversaire de Dan…
La soirée, Nathaniel ne s’en souvient pas trop mais vu les photos qui ont circulées ensuite c’est surement mieux. Par contre, ce dont il se souvient très bien, c’est quand le lycée a appelé son père. Celui-ci ne voulait pas y croire au départ. Pour lui c’était juste une passade. Ça finirait par s’arranger dès que sa femme et son fils se réconcilieraient avec Slawomir.

Mais apparemment les choses étaient déjà allées bien trop loin. Quand il était venu le chercher, le directeur et l’infirmière lui ont expliqué que son fils se shootait, qu’il couchait avec un dealer et n’allait quasiment plus en cour. Il était très maigre et très fatigué. Des photos de lui tournaient sur les portables de certains lycéens. Le directeur lui avait déconseillé de regarder les fameuses photos, sans doute diffusées par Dan.

Nathaniel s’attendait à l’engueulade de sa vie… au lieu de ça c’est Slawomir qui s’est fait passer un savon. Mais un bon gros savon, dans les règles de l’art. Il ne pensait pas qu’un jour, son père, si intelligent mais si discret, s’en prendrait de la sorte à l’autoritaire Slawomir Korzeniowski. Ce dernier s’est fait mettre dehors, par son gendre.

Nathaniel a atterri en cure et ses parents sont venus le voir toutes les semaines. Il est rentré à Noël. Son premier sans son grand père. Enfin presque. Parce que ce dernier a fait une attaque.  Le soir du réveillon.

Et malgré les disputes et la rancœur, la famille s’est sacrée. Alors les Sibley ont passé la nuit aux urgences.
Au final ce n’était rien de grave, une petite attaque provoquée par le stress, selon le médecin. Il allait s’en remettre mais il faillait qu’il prenne du repos. Sachant très bien d’où venait le stress de son grand père, Nathaniel s’est d’abord sentit très coupable. Mais au final, cet accident leur a permis, à tous de prendre bien du recul sur les derniers mois.

Slawomir s’est dit que finalement il pouvait peut-être faire un effort. Dans la vie y a des choses bien plus graves qu’être homosexuel… mourir seul sans sa famille parce qu’on a été trop idiot par exemple. De toute façon homo ou pas, son petit-fils est tout simplement le plus beau, le plus intelligent et le plus fort. Alors le prochain garçon qui viendra tourner autour de son petit-fils, il lui fera bouffer des bouteilles de verres brisé, et pas uniquement par l’orifice buccale !
Comme excuses, on a déjà vu mieux, plus poétique et plus émotionnel. Mais ça n’a pas empêcher Nathy de finir en larmes dans les bras de son Grand-père. Le 31, ils l’ont passés tous ensembles et cette fois personne n’a finis aux urgences.

La vie a repris son cours. Nathaniel a retrouvé son grand père, et il a compris que ses parents, même s’ils n’étaient pas très disponibles, seraient toujours là pour lui. Nathaniel s’est remis au travail, et a réussi à valider son année de terminale, avec de bons résultats, même si « tu aurais pu faire mieux quand même ! » avait rouspété son grand-père. Oui, il s’était calmé… Un peu. Ils ont beaucoup parlé, lui et son grand-père. Les choses ne seront probablement jamais comme avant mais Nathaniel se dit que grandir c’est peut-être ça. Etre dessus par ses ainés, puis se rendre compte qu’ils ne sont pas infaillibles, comme lui.

Récemment, son père a réussi à se faire muter en Irlande. Tout ce petit monde est donc revenu habiter à Dublin, terre natale des Sibley. Sauf que Nathaniel n’y est pas resté longtemps. En effet il a été accepté au Pensionnat Immortalia.
Son grand père n’était pas entièrement ravi. Certes il s’agissait d’un établissement avec une excellente réputation. Cette fois, il allait vraiment devoir laisser son petit-fils se débrouiller tout seul. Il s’est consolé avec le fait que ce dernier allait suivre ses indications et faire une License de droit.  

Nathaniel lui était plutôt satisfait. Certes, il quittait réellement son grand père pour la première fois. Mais les cicatrices de l’année passée ne sont pas totalement refermées. Même s’il a pardonné, il n’a pas oublié le rejet initial de son mentor. Il avait dû s’incliner et s’inscrire en droit, même si ce n’était pas ce qui l’intéressait le plus. En revanche il avait gardé ses cheveux bleus. Que son grand père choisisse ses études passait encore, mais qu’il se permette de s’ingérer dans son look, ça pas question !

Enfin, au pire, Galway-Dublin, ce n’est pas si loin.

Pour lui cette année était un nouveau départ. Il était bien décidé. Il allait se faire des amis, des amis qu’il pouvait supporter sans être ivre, il allait rependre le sport sérieusement, et surtout, il n’allait pas sortir avec un abruti, dealer de surcroît.

Non vraiment, il était dans de très bonnes dispositions le premier septembre en arrivant au pensionnat. Il avait eu une petite conversation avec le directeur, qui lui avait fait comprendre qu’il n’avait pas intérêt à reproduire ses « exploits » Washingtoniens.  Evidemment, Nathaniel l’avait assuré que cela n’arriverait pas, que tout cela n’avait été dû qu’à une situation personnelle compliquée mais que c’était définitivement derrière lui. Il avait bien insisté sur la remontée miraculeuse de ses notes sur la deuxième moitié de l’année et surtout, sur l’impeccabilité de son dossier avant ses deux années de terminales.

Bref tout allait bien dans le meilleur des mondes, jusqu’à ce que le directeur le fasse passer par la salle 3.4.
Après ça trou noir. Juste un immense mal de crâne. La panique l’avait gagné un instant : ce serait il fait embarquer dans une soirée étudiante au cours de laquelle il aurait pris de la drogue ? Ainsi, il retombait déjà dans ses pires travers. Sa vie était fichue. Et qu’allait penser son grand-père ? Et comment…

« Mais non, ce n’est que moi, qu’est-ce que tu vas t’imaginer ? »

Sur le coup, Nathaniel serait surement tombé à la renverse s’il n’était pas déjà allongé.

« Que moi » ? Le « que moi » c’était Dagda, dit le dieu-bon. Dieu druide dans la mythologie Celtique. Egalement Dieu du Sacré, de la Science, des Contrats, du Temps et des Éléments, excusez du peu. Oui, « que moi » désormais locataire permanent pour une durée indéterminée de son esprit…
Pour le nouveau départ, là c’était réussi !

(...look at that butt !)

8h35, Samedi matin. Nathaniel, se prépare pour aller à la bibliothèque. Il veut faire de nouvelles recherches sur Dadga, et la mythologie celte en général. Même s’il est né en Irlande, il n’a jamais vécu ici et il se rend compte que ses connaissances sur le sujet sont assez lacunaires. Tout en s’attachant soigneusement les cheveux, uniquement sur le côté droit bien entendu, il récapitule à voix haute, un peu comme s’il présentait un exposé à son miroir :

-Dagda, le dieu druide, dit le dieu bon. Attention, pas le gentil dieu, non non, le dieu qui est bon dans tous les domaines…

« Absolument tous oui… »

-Magie, guerre, poésie, musique… tout y passe…

« Oh que oui, elles y passent toutes ! »

-Seigneur de la parfaite connaissance et maitre de tous les dons, après Lug, il est le dieu le plus important des Tuatha Dé Danann. Mais si tu sais, la tribu de Dana ? Bah voilà, là-dedans, lui il est juste en dessous du chef, il est celui qui représente le sacré…

« Mais pas que… »

-Dieux de l’éternité, il commande au temps et aux éléments. Selon la légende, il aurait arrêté le soleil pendant 9 mois, afin de cacher la naissance de son fils.

« Tu sais ce que je peux faire d’autre pendant neuf mois ? »

-Et pourtant, malgré ce CV qui en ferait pâlir plus d’un, Dagda, c’est avant tout un bon gros obsédé, qui s’amuse à hurler “p’tit cuul !!!” dans ma tête dès qu’une fille passe devant moi. Ça devient un peu lourd là…

« Non mais attend tu pourrais au moins essayer ? Ne sois pas si fermé, moi ça me dérange pas plus que ça que tu veuilles du beau mal, certains ont de très beaux cu…

-De très beaux CUIRS, Dagda, ils ont des beaux sacs en cuir !

« Bah voyons ! C’est pas le sac en cuir que tu lui regardais, au grand blond de tout à l’heure. N’empêche qu’une jolie demoiselle de temps à autres ça serait pas forcément une mauvaise chose. »

-Dagda, non…

« Mais attend, peut être que ça va te plaire. »

-Mais non, et puis en plus, là n’est pas la question. On n’est pas là pour ça et puis c’est tout !

« Non mais de la part d’un mec qui a des cheveux bleus on pourrait croire que t’es ouvert d’esprit mais en fait t’es prude comme une bonne sœur. Et encore j’en ai connu quelques-unes qui ont été bien enthousiastes devant mon gou… »

-Ton GOUT pour la musique Dagda, enthousiastes devant ton goût pour la musique ! Merci. Tu as fini maintenant, je peux finir de te présenter au miroir où tu vas continuer à essayer de caser des cochonneries partout ?

« Oui oui, vas-y continue, le miroir trépigne d’impatience. »

-Non, c’est bon, de toute façon tu m’as fait perdre le fil, je sais plus ce que je voulais dire. Et puis on a plus le temps il faut y aller. T’aurais pas un petit tour de magie à m’apprendre rapidement pour arriver à l’heure ?

« Nathaniel Sibley ! Je t’ai déjà expliqué qu’il ne fallait pas jouer avec la magie ! Et puis la dernière fois que tu as essayé tu es tombé dans les pommes et tu es resté au lit toute la journée avec un mal de crâne pas possible. »

Oui, le dieu frivole se transforme en maitre du sacré, de la science et du Temps, dès qu’il l’estime nécessaire. Car sous cette épaisse et nauséabonde couche d’humour graveleux, c’est quand même un des dieux majeurs du panthéon Celte qui se cache. Et même si d’après ce que Nathaniel a trouvé jusque-là, il est souvent représenté de façon comique avec une tunique trop courte pour cachez-vous-savez-quoi, il n’en est pas moins une divinité majeure avec ce que ça implique de puissance t de responsabilité.

-Oui, d’accord, j’ai peut être été un peu ambitieux pour une première fois. Mais juste un petit truc, t’es dieu de temps normalement non ? Tu dois bien avoir un petit truc pas trop complexe en réserve, non ?

« Oui, et mes « petits turucs » vont rester bien tranquilement en réserve. Il n’est pas question de se mettre à faire n’importequoi, surtout pas pour aller faire des recherches personnelles un samedi matin jeune homme ! »

-Bon d’accord je finis de me préparer et j’y vais, sans me servir de nos pouvoirs. Tant pis pour l’ouverture.

« On parle de la bibliothèque universitaire. Un samedi matin. Je ne vois vraiment pas pourquoi il faut que tu y sois à l’heure, et je ne vois pas ce que tu espères y trouver… Non parce que c’est pas en allant passer tes journées là-bas que tu vas tremper le biscuit ! »

Cette fois, Nathaniel lève les yeux et choisi de ne pas répondre. Si Dagda repart dans ses blagues douteuses, c’est que pour lui le débat est clos. Nathaniel pense qu’il pourrait utiliser les pouvoirs sans l’accord du dieu, mais il ne préfère pas.

La colocation a été un peu… difficile les premiers temps mais ils sont parvenus à une sorte d’équilibre. Un équilibre forcé par la menace d’annihilation qui plane au-dessus d’eux. Menace plus ou moins appréciée, car au départ, Dagda aurait bien voulu prendre totalement possession de son hôte, en effaçant complètement ce dernier.

Enfin ça c’était avant songe Nathaniel en se brossant les dents. Il se demande si Dagda peut tout entendre de ses pensées ou s’il ne les entend que lorsqu’ils se « parlent ». Ce point, le met assez mal-à-l’aise. Il se doutait bien qu’en logeant sur le campus il aurait forcément moins d’intimité qu’à Dublin, dans le duplex de ses parents. Mais là il devait carrément renoncer à toute notion de vie privée. Plus rien n’était secret. La divinité lui avait assuré que seules les pensées qu’il acceptait de partager étaient perceptibles pour lui… Mais Nathaniel le soupçonne d’avoir affirmé une telle chose uniquement pour le mettre à l’aise.

Au final, Nathaniel n’a pas trop creusé le sujet. Si c’est vrai, tant mieux, sinon… et bien il est reconnaissant à Dagda de prétendre une telle chose et de respecter son intimité autant qu’il le peut. Il reste assez mitigé par cette possession. Mais au moins maintenant, il y a toujours quelqu'un pour lui. Et puis après tout, le dieu non plus n’a pas vraiment choisi cette situation.

D’ailleurs, si il y a bien un point sur lequel, Nathaniel et Dagda sont d’accord, c’est qu’ils doivent absolument découvrir quels sont les plans du directeur. Quel est son but réel et pourquoi fait-il cela ? voilà une question à laquelle le Dieu-bon-en-tout, et le premier-de-la-classe n’ont pas l’ombre d’une réponse… pour l’instant !