Par où commencer. Les points positifs ? Pourquoi pas ! La plus grande qualité de Moira est que c'est une femme qui est à l'écoute des autres. Pour une psychologue, c'est une chose plutôt normal, mais bon. Sait-on jamais, il valait mieux le préciser. Elle reste une personne attentive aussi. Cependant, et malgré son apparence, Moira est quelqu'un d'autoritaire. Afin de ne pas être touchée de trop près par les problèmes de ses patients, elle veille à ne pas donner trop de compassion, ni trop de clémence. Elle préfère avoir une attitude neutre afin de vérifier que les personnes ne lui mentent pas, ou ne se joue pas d'elle. C'est une façon de faire comme une autre. Digne de confiance, un secret ne sortira jamais de sa salle de travail. Elle ne parlera jamais de ses patients sauf s'il y a des risques, comme par exemple, un possible sociopathe, mais cela reste extrêmement rare. Disons plutôt que s'il devient un danger pour lui-même, en cas de dépression par exemple, elle en parlera à quelqu'un de plus compétent. Bien entendu, d'abord, elle verra avec ses supérieurs ce qu'il faut faire. Il ne faut pas oublier qu'elle reste assez jeune, et que son expérience est tout de même plutôt faible. Très terre à terre, la jeune femme peine parfois à imaginer un futur proche et heureux. Elle préfère vivre au jour le jour. Les rêves sont utopiques à ses yeux. Mais en grande professionnelle, elle se retient bien entendu de le balancer à ses proches. En dehors de son travail, elle reste une femme blasée. Depuis que la déesse a pris possession d'elle, elle en a assez de l'entendre s'extasier sur tout. Ou plutôt, à toujours vouloir aider son prochain. Ok, c'était un des buts de Moira en devenant psy. Mais Frigga y mettrait trop du sien, elle se donnait corps et âme. En contradiction avec son métier, elle s'était mise à boire pour faire taire ces voix qui la harcelaient beaucoup trop. C'est ainsi qu'elle s'était rendue compte que les voix se faisaient moins présentes. Ou du moins, qu'elle semblait moins les entendre. Malheureusement, Moira est vite tombée dans l'alcoolisme. Même si elle le niera toujours. Cependant, une fois bourrée ou pompette, elle a tendance à mieux s'entendre avec la déesse, s'adoucissant bien trop. Depuis la présence de Frigga, Moira semble avoir tout de même pas mal avancé sur le plan de la gentillesse.
En dehors de cela, il s'agit d'une femme rancunière, jalouse, et cynique. Elle joue un rôle lorsqu'elle entre dans la peau de psy. Elle est plutôt active, et a horreur du bordel. Lorsqu'il y en a trop à ses yeux, elle se retrouve vite agacée et doit se retenir de ranger lorsqu'elle n'est pas chez elle. Vous l'avez compris, elle est maniaque. Et heureusement pour vous, elle n'est pas perfectionniste, même si elle y ressemble. Sa maison est toujours bien rangée. Ce qui est parfait à ses yeux, puisqu'ainsi, elle n'a presque rien à faire lorsqu'elle rentre chez elle. Ce qu'elle cache, c'est que c'est une grande joueuse de jeux vidéos. Ah ça, elle n'excelle pas du tout. Elle est plutôt dans la moyenne. Mais elle adore ça. Ça la détend, ça l'empêche de repenser à des histoires tordues, ou tristes. Elle plonge dans un autre univers.
Pour se pencher vers ses goûts, comme dit plus haut, elle adore les jeux vidéos. Elle aime aussi les tatouages et en possède plus d'un sur son corps. L'un d'eux lui prend le bras gauche entier, et l'autre fait tout son dos. Elle n'en a pas encore énormément, mais elle ne compte pas s'arrêter là. Moira utilise du bodypaint pour cacher son bras aux yeux de tous. Uniquement quand elle va travailler. Elle ne fait pas vraiment attention aux vêtements qu'elle porte une fois chez elle, généralement, et malgré son côté maniaque, elle peut rester quelques jours avec les mêmes vêtements et ne se sent pas obligée de les laver très souvent. Pour aller bosser, au contraire, elle veille à prendre des tenues correctes. Habituellement, elle choisit des vêtements aux couleurs proches du bleu, ou du bleu marine. Pourtant, ce n'est pas sa couleur favorite.
Physiquement, c'est une rousse aux yeux verts. Elle est tout de même déçue de ne pas avoir de tâches de rousseur, mais bon, d'un autre côté, elle ne s'en plaint pas vraiment. Elle mesure 1m69, mais préfère que l'on arrondisse à 1m70. Lorsqu'elle porte ses talons, elle peut atteindre le mètre 75.  En dehors des cours, elle adore ses Doc martens.

Commençons par le commencement. Plutôt logique me dira-t-on.
Moïra est née dans une famille moyenne, et aimante. Elle ne s'est jamais sentie mal aimée, ou rejetée. Elle n'a jamais vraiment mal vécu le fait d'être la cadette de ses deux frères. Pourtant, elle n'avait jamais été la plus souriante.
En ce qui concerne les cours, elle avait tout pour être la fille normale par excellence. Celle qui n'embêtait personne, et qui n'était pas embêtée non plus. Au contraire. Elle avait déjà assisté à toute sorte de harcèlement tout au long de sa scolarité. En un sens, elle se disait que tant qu'elle ne s'y mêlait pas, elle était innocente. Mais elle n'avait fait que s'aveugler. Une fois, elle avait croisé le regard d'un des élèves harcelés. On lui avait jeté de la farine et lancé des œufs. Allez savoir comment les professeurs n'avaient pas vu les coupables. Il y en avait toujours qui passaient entre les mailles du filet, ou d'autres victimes qui n'osaient le répéter aux enseignants.
En croisant son regard, elle n'avait pas osé le soutenir. Elle avait lâchement détourné les yeux avant de passer son chemin pour rejoindre sa classe. On dit que certains deviennent matures plus rapidement que d'autres. Ce n'était pas vraiment son cas. Elle s'était quelque peu enfermée dans son cocon où elle se sentait bien. Oh ce n'est pas du jour au lendemain qu'elle eut envie d'aider les autres. Sa froideur était digne de maladresse. Ce n'est qu'à la fin du collège que Moïra se mettra à se rapprocher des gens, et à les écouter. Juste, les écouter. Elle n'allait pas pouvoir aider en quoique ce soit.
Au fil du temps, elle s'orienta vers la psychologie, souhaitant aider d'une autre manière, en écoutant. Bien sûr, elle savait bien qu'un psychologue ne faisait pas que cela, mais elle refusait d'abrutir certaines personnes avec des calmants, ou autre. Alors, parler, c'était une des seules choses qu'elle pouvait faire de bien.
Et puis, ça gagnait pas trop mal.
Pour se faire, et après le lycée, elle s'était rendue en Angleterre pour poursuivre un cursus de psychologie. Elle ignorait pourquoi elle avait pris la décision de s'éloigner de son pays natale pour les études. Probablement parce qu'elle n'avait que très peu voyagé. Parfois, avec ses parents, elle partait en week-end, mais plus le temps passait et moins la famille avait le temps. Les frères avaient eux aussi des études, dont un qui s'était entre temps marié, et les parents qui n'avaient pas forcément les moyens de toujours partir bien loin.
Le jour, Moïra était plongée dans ses bouquins. Elle n'aimait pas forcément cela, mais avaient besoin d'être une des meilleures. Même si au fond, elle ne l'était pas, cependant, en se donnant à fond, elle arrivait à avoir la moyenne ! Le soir, elle bossait dans un bar en tant que serveuse. Il fallait bien payer son loyer et sa bouffe ─ ainsi que quelques jeux vidéos une fois de temps en temps, on ne va pas lui retirer ce petit plaisir ─ alors elle travaillait.
C'est d'ailleurs ainsi qu'elle fit la rencontre d'une personne qui va bouleverser sa vie. Non je déconne. Il va juste la draguer. Cela lui arrivait souvent. Elle n'était pas spécialement belle, mais une fois bourrée, les gens vont jusqu'à trouver des lampadaires sexy, donc bon.
Elle avait l'habitude qu'on s'adresse à elle le soir, et pourtant, elle avait agrémenté la conversation. Après tout, un homme qui ouvrait sa propre boite, jeune, et qui semblait avoir foi en l'avenir, c'était toujours plus agréable que les vieux riches qui s'amusaient à payer plus dans l'espoir que Moira reste un peu plus avec eux.
Il s'était présenté sous le nom de Wilhem Brixton. Elle n'entendait pas non plus d'accent anglais dans sa voix, mais bon. Sous un coup de tête, peut-être la fatigue ou autre, elle avait fini son service plus tôt. Et pour la première fois, elle était restée au bar avec lui pour parler, et boire. Cela lui changeait de ses bouquins ou de son appartement plutôt vide.
Et peu de temps plus tard, oh, plus qu'une soirée, ils s'étaient tournés autour avant de finalement sauter le pas et sortir ensemble. Il lui avait parlé de ses projets, de son meilleur ami. Et avec le temps, il s'était mis à squatter chez elle. C'était quelqu'un de possessif. C'était certain, mais cela n'avait jamais dérangé Moira. Au contraire, elle avait un compagnon de jeu, dans tous les sens du terme. Elle pouvait se divertir avec lui. C'était agréable. Mais même en étant en couple, elle ne l'aimait pas forcément. Elle avait toujours eu du mal avec cela. C'est une des raisons qui fait que ses relations ne durent jamais très longtemps. Et pourtant, celle ci dura près de 2 ans avant qu'elle ne rompe. Durant ces deux années, elle s'était rendue compte qu'ils agissaient plus comme des sexfriends que comme un couple. C'était assez dérangeant pour elle. Oh, pas que cela l'ennuie mais elle ne trouvait pas ce genre de relation saine. A ses yeux en tout cas.
A la fin de ses études, elle avait voulu retourner au pays, en Irlande, dans l'espoir de trouver du travail. Persuadée d'avoir son diplôme, elle avait cherché à l'avance des emplois dans des écoles. Elle insistait pour travailler dans des écoles, même si ce n'était pas toute la semaine. Elle faisait en sorte d'être dans plusieurs écoles.
Elle retourna alors en Irlande après avoir fait ses adieux à Wil, rompant ainsi. Ce n'est que plus tard qu'elle entendra parler d'Immortalia et qu'elle postulera là bas sans se douter de ce qui allait l'attendre.

Depuis l'apparition de Frigga, Moira est perturbée. Chaque jour. Elle se sent observée. Heureusement qu'elle est tombée sur une déesse plutôt calme. Ou du moins, peut-être un peu trop mielleuse à son goût. Pour la jeune femme, il valait mieux garder ses distances avec ses patients, les écouter, mais ne pas trop interférer. Du moins, si, un minimum. Mais il ne fallait pas oublier qu'une « thérapie » n'est jamais à vie, et qu'il ne fallait pas que ces personnes s'attachent trop. Au contraire, ils venaient, ils parlaient, se confiaient. Et elle les écoutait, cherchait, essayait de comprendre d'où pouvait venir le problème. Pour Moira, le psychologue est là pour donner au patient l'occasion de s'exprimer et d'être entendue sans qu'une personne ne la juge en retour. Certes, vu ainsi, Frigga ne jugeait pas non plus. Mais Moira avait du mal avec sa façon de faire. Elle n'aimait pas cela du tout, mais d'un autre côté, elle appréciait tout de même cette déesse. Elles n'en parlaient pas, mais la psy avait une admiration pour la déesse. Leur relation est des plus étranges. Dès que Frigga plaint un des patients, Moira aura toujours tendance à lui demander de se taire, ou d'arrêter. Et d'un autre côté, sa gentillesse, sa bonté, et sa douceur maternelle font que la psy ne peut s'empêcher d'admirer tout cela. En réalité, leur relation est plutôt ambiguë. Frigga n'a aucun soucis avec Moira, mais malgré la réticence de Moira, si Frigga disparaissait, elle le vivrait mal. Habituée à sa présence, et à ces voix, en un sens, cela l'apaise.
Au début, Moira avait eu pas mal de mal avec l'arrivée de cette déesse. Sa possession, bien que loin d'être désagréable ─ après tout, elle aurait pu tomber sur pire ─, avait été difficile à affronter. Se concentrer sur le patient, pas sur la voix qui la harcelait parce qu'elle n'avait pas pris de déjeuner le matin. Ou se retenir de dire de la fermer à cette chère Frigga. Ou même avoir l'air d'être intéressée par ce que dit le patient alors que la déesse prend le dessus sur ses paroles.
Un matin, alors qu'elle écrivait les problèmes d'un patient afin d'y voir plus clair, pendant que ce dernier parlait, Frigga était intervenue. Ou du moins, seulement du côté de Moira. Alors qu'elle observait son patient, sa main avait commencé à bouger sans qu'elle ne se rende compte. Du moins, jusqu'à ce qu'elle se dise qu'il valait mieux noter une hypothèse. Ce n'est qu'en baissant le regard vers ses écrits qu'elle put voir son bras bouger contre son gré, rédigeant ce qui semblait être une liste de courses d'une écriture qui n'était pas la sienne. La liste se termina sur une phrase simple :
« Et surtout, n'oublie pas de manger ! Je n'ai pas envie que tu nous fasses une crise d'hypoglycémie à ton travail! »
Un moment de grand malaise pour Moira puisqu'elle s'était exclamée à haute voix :
─ Quoi ? Mais laisse moi vivre ! avait-elle presque craché avant de se rendre compte qu'elle avait dit cela devant son patient à qui elle venait de couper la parole.
─ Mh, avait-il d'abord simplement répondu. Je crois que je vais y aller hein...
Moira avait eu beau essayer de le retenir, tout en tentant de garder son calme. Mais ses efforts avaient été vains. Heureusement, par la suite, et dans le mois qui suivit, le patient était retournée la voir :
─ Frigga, on a décidé de s'entendre, non ? continua-t-elle à haute voix, une fois seule et enfermée dans sa salle.
─ Oui, bien sûr. Mais tu sais, avant de prendre soin des autres, apprend à prendre soin de toi.
─ Ce n'est pas une raison pour venir me parler, ou m'emmerder quand je suis en consultation. On avait dit quoi ?
Alors qu'elle parlait, la rousse fouilla dans son sac pour en sortir un thermos où le liquide ambrait ainsi que la forte odeur montrait qu'il ne s'agissait ni de thé ni de café. Elle posa ses lèvres sur le goulot et prit une gorgée de cette boisson alcoolisée. Par bonheur, elle tenait l'alcool :
─ Je sais, je sais, mais je craignais d'oublier. Ce n'était que quelques notes, et tu le sais, je ne t'ai pas interrompu en parlant cette fois-ci, se justifia Frigga d'une voix douce. Tu ne devrais pas boire, tu le sais. Tu es sur ton lieu de travail.
Moira leva une main, comme si elle pouvait la faire taire ainsi :
─ S'il te plaît, si tu pouvais arrêter d'être derrière moi et de surveiller tous mes faits et gestes. Ou du moins... Juste ne pas t'en mêler. Si tu veux m'aider pendant mes consultations, vas y. Mais ne te mêle pas de ma vie, ni rien. Je dois déjà vivre avec toi, et c'est déjà assez difficile comme ça.
A ses mots, la déesse ne répondit rien. Elle n'était pas du genre à vouloir se faire bien voir, mais juste à s'inquiéter. A quoi bon lui tenir tête aussi. Elle appréciait les défis, c'est pourquoi elle continuerait de veiller tout de même sur Moira. Mais elle n'irait pas l'agacer plus que cela. Au fond, elle savait tout aussi bien ce que son hôte ressentait :
─ Depuis que tu es là, je fais des rêves bizarres. D'ordinaire, je ne m'en souviens pas, mais là, ils sont plus précis. Pas tout le temps, mais j'ai l'impression que certains d'entre eux se réalisent.
─ Ce sont des rêves prémonitoires. Mais n'y prête pas vraiment attention. Ils peuvent te jouer des tours, la mit-elle en garde. C'est un des pouvoirs qui te sont quelque peu donné de force.  Mais libre à toi d'en faire ce que tu veux.
─ M'ouais... fit Moira, avant de ranger sa boisson, et de s'installer pour son prochain patient. Maintenant, tu me laisses faire et on se revoit ce soir. Tu n'as cas t'occuper en repensant à ce qui manque à la maison.