Après avoir un peu, beaucoup, galéré avec les transports en commun de Galway, Numa arriva finalement au village. Elle aurait vraiment dû y aller à pied !
Maintenant qu’elle avait 16 ans, elle pouvait travailler. Non pas qu’elle manquait d’argent. Son père subvenait parfaitement à ses besoins, et sa bourse allégeait encore plus les dépenses de la jeune fille. Elle pourrait presque prétendre à être riche …
En vérité, Numa voulait tout simplement vivre ailleurs qu’à Immortalia. Entre la bibliothèque, l’atelier, sa chambre, et l’infirmerie où elle prenait le thé avec l’infirmière. Même la ville de Galway commençait à l’ennuyer. Numa préférait la nature, les pâturages de Knocksouth avec ses moutons, ses lapins sauvages, ses oiseaux qui chantent sur votre passage. Et cela tombait bien, elle avait lu dans les New du comté de Galway qu’il y avait un centre de réhabilitation d’animaux sauvages. Enfin, c’était surtout la patronne qui était mise en avant avec son beau visage te ses long cheveux roux de feu.

Numa arriva enfin devant le centre. Est-ce une bonne idée finalement ?

*On en a parlé des dizaines de fois Numa. Tu en a besoin. Tu m’as fais très peur ce soir là, j’ai vraiment cru que tu allais faire une bêtise.*

Gõu avait raison d’avoir peur. L’absence de son père le jour de son anniversaire l’avait profondément affecté, elle s’était isolée de tous, même de sa divinité, durant presque deux semaines. L’esprit du chien avait fait de son possible mais heureusement, elle avait pu appeler son meilleur ami qui a su l’aider à aller mieux. De plus, les fausses rumeurs la concernant n’avaient pas aidé à son moral.

Le commun des mortels trouverait certainement ça enfantin et puéril de déprimer parce que papa n’était pas venu la chercher comme promis. Mais la jeune fille était âme fragile, elle n’avait rien pour la raccrocher à ce monde qu’elle n’affectionnait, hormis son père.
Après cet épisode, l’esprit du chien avait encouragé son hôte à se trouver une nouvelle occupation, un emploie par exemple. Maintenant que la jeune file avait 16 ans c’était totalement possible. Au début elle était partie pour travailler avec des éducateurs canins, ayant l’esprit du chien comme divinité, cela pouvait s’annoncer amusant et « facile ». Mais lorsqu’elle apprit qu’il y avait un centre de réhabilitation d’animaux sauvages, la jeune femme eut un grand coup de cœur.
Elle avait appelé le centre et la patronne semblait assez ouverte. Elle ne cherchait pas particulièrement d’employés, trouvant son équipe complète, mais ne pouvait refuser des étudiants en quête de leur avenir.

Numa passa les portes vitrées du bâtiment. Ce dernier ne semblait pas avoir d’étages, répartie sur la longueur et possédait un immense jardin. Ils pouvaient bien se le permettre vu que le village était très petit et ouvert sur les champs. De loin, il semblait même que le centre était le plus grand et le plus moderne de tous les bâtiments du village.

En entrant, Numa vit une jeune et jolie demoiselle derrière un comptoir. Elle semblait lire un manuel de biologie. Elle était bien jeune et il ne faisait aucun doute qu’elle était étudiante. Ses cheveux roux et ses yeux verts trahissaient ses origines typiquement locales. L’inconnue leva la tête et offrit un sourire rayonnant à la française. Numa s’approcha doucement en s’exprimant :

_Bonjour, je m’appelle Numa, je viens pour l’entretien d’embauche.
_Oh c’est toi ? Mais je ne pensais que ça serait un vieux ! T’es qu’une adolescente !
_...
_Mais attend, tu viens d’Immortalia ?
_Oui.
_Moi aussi ! Je suis étudiante vétérinaire ! Je m’appelle Dawn, tu sais Dawn, comme le soleil qui se lève !

Numa regarda la jeune femme, partie dans une tirade. Elle avait l’impression que cette fille haussait le ton et Numa avait vraiment envie de lui dire « Arrête de crier, je suis à moins d’un mètre de toi. ». Mais s’abstint. La brune ne voulait pas être désagréable, surtout pour une personne gentille qui semblait vouloir absolument leur trouver des points communs.

_Dawn, arrête de hurler, tu fais peur aux oiseaux ! cria une voix dans l’autre pièce
_Pardon ! répondit la jeune femme en criant également avant de se tourner vers Numa. Bref, la patronne a dû s’absenter, elle a une réunion avec les différentes associations qui subventionnent le centre. Mais installe-toi dans son bureau.

Dawn sortit du comptoir pour se rendre à une porte sur sa gauche. En ouvrant, elle fit signe à sa cadette de la suivre. Les deux jeunes filles traversèrent un couloir dont les murs étaient blanc cassée, laissant entrée toute la lumière possible. D’ailleurs, tout le bâtiment était de couleurs très clairs. C’était accueillant et chaleureux. Le soleil passait dans toute les pièces, même celles ou les fenêtres n’étaient pas très grandes. Ce lieu avait quelque chose de doux et apaisant.

L’irlandaise ouvrit une porte au fond du couloir où il y avait simplement noté « Administration. » sur une plaque. La porte avait une vitre carrelée si épaisse qu’on ne pouvait pas voir ce qu’il y avait à l’intérieur, mais qui laissait traverser la lumière intérieur vers le couloir.
Le bureau de la patronne semblait plus strict que le reste du bâtiment. Tout était impeccablement rangé. Les meubles étaient symétriques, le fauteuil collé au bureau, les sièges invités étaient parallèles audit bureau. Rien ne dépassait sur les étagères, ni même sur le bureau, et encore moins dans les dossiers sur le bureau. Même les stylos avaient chacun leurs portes stylos, parfaitement alignés.
Dawn installa Numa sur un des fauteuils invités et la rassura gentiment.

_La patronne peut paraitre rude, mais elle est très gentille. Sois simplement naturel et tout se passera bien !

La française remercia son aînée et attendit patiemment. Elle se mit à jouer avec ses bagues en imaginant des scénarios plus ou moins rassurant dans son esprit. Heureusement, il y avait Gõu et son impatience pour l’aider à oublier un peu le stresse grandissant en elle.

*C’est loooong !*
*Un peu de patience, elle va arriver d’une minute à l’autre.*
*Qui est assez sot pour faire attendre une divinité ?*
*Un esprit qui a fini avant dernier dans une course parce qu’il jouait dans la rivière, précisement.*
*Grrr ! Et ça t’amuse de te moquer ?*
*Exactement.*

Numa et Gõu parlèrent encore un peu, se taquinant gentiment comme des frères et sœurs, avant que la porte ne s’ouvre à nouveau, laissant entrer une grande et belle dame dans la pièce. Elle était vraiment belle avec ses cheveux presque rouges, ses grands yeux verts qui semblaient avoir des nuances violettes et son maquillage qui la mettait en valeur.
Numa se leva par politesse et serra la main que lui tendit l’adulte. Cette dernière semblait un peu contrariée, comme si elle avait passé une désagréable journée. Elle n’arrivait pas à sourire et ses sourcils restèrent fermes et sévère. Ce n’était pas vraiment la bonne journée pour un entretient apparemment.
La patronne invita l’adolescente à s’asseoir et commencer l’entretient. Elle alluma rapidement son ordinateur en rangeant méthodiquement la paperasse qu’elle avait sous le bras.

_Pardonnez moi de mon retard, les réunions ne sont jamais les bienvenues dans un emploie du temps.
_Ce n’est rien.
_Alors, commença la patronne en regardant son ordinateur, Mademoiselle … Numa … de Rell … Cela est de quelle origine, si ce n’est pas indiscret ?
_Mes parents étaient français. Et mon prénom est une invention de ma mère.
_Original. Je vois que vous n’avez que 16 ans, vous pensez vraiment être à la hauteur pour ce genre d’emploie ?
_Je ne suis sûr de rien.
_Vous ne semblez pas être confiante. On travaille avec des êtres vivants qui vont se débattre, griffer, mordre, piquer, il ne faut pas être hésitante.
_Je suis navrée.
_Et vous êtes étudiante. Vous étudiez toute la semaine, je présume. Vous désirez travailler le week-end parmi nous, c’est ça ?
_Oui.
_Et pourquoi nous ? Vous voulez devenir vétérinaire, soigneur ?
_Je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie, à dire vrai.
_Alors pourquoi ?
_Je suis fascinée par la faune et la flore. J’ai besoin d’une activité qui me sorte du quotidien. Avec peu de contact humain.
_Hm je vois. Pensez vous vraiment que vos réponses m’incitent à vous prendre dans notre équipe ?
_Non. Mais je suis sincère. Vous mentir ne servirait à rien.
_Je vois sur le commentaire de vos dossiers scolaires que vous êtes une élève sérieuse, brillante, studieuse. Malheureusement, même si votre caractère est exemplaire, il n’est pas suffisant pour travailler avec nous. J’imagine que vous n’avez aucune expérience avec les animaux.
_Aucune.
_Je n’ai donc pas de poste pour vous.
_Ne puis-je pas apprendre ?
_ Je ne veux pas avoir de patience à former une adolescente qui me fait perdre mon temps.
_Je suis désolée …

Numa baissa instinctivement la tête, abattue. Qu’espérait-elle en venant ici avec seules motivations sortir de son quotidien et s’épanouir auprès des animaux ? Elle ferait mieux de retourner à ses activités manuelles et ses promenades solitaires.
Soudain, la porte s’ouvrit dans un fracas, faisant sursauter les deux femmes. Un homme d’une vingtaine d’années entra, il était simplement vêtue et aussi irlandais que les deux femmes du centre. Il avait un l’air contrarié.

_Patronne ! L’heure est grave.
_Ceallach, commença ladite patronne dont le visage devenait de plus en plus irrité, je t’ai prévenu que si tu abimais cette porte ou le mur, je déduirais tout de ton salaire.

L’arrivant s’arrêta près de Numa et la regarda un instant, étonné. Les expressions de cet homme étaient très visibles sur son visage et changeaient assez radicalement. Puis, comme si tous ses soucis s’envolaient, il offrit un grand sourire à l’adolescente.

_Enchanté toi, moi c’est Ceallach ! dit-il en lui faisant un signe de la main
_Cette demoiselle allait justement nous quitter.
_C’est ta couleur naturel ? Ils sont super beaux tes cheveux ! continua l'arrivant en ignorant sa patronne
_Oui. Et merci.
_T’es venue pour travailler ?
_Elle n’est pas prise, essaya de s'affirmer la dame
_Tu penses quoi des rongeurs ? demanda l'homme, toujours en l'ignorant
_Ils sont mignons.
_Et des rats ? Genre les gros rats des champs qui font ta jambe !
_Ils sont mignons.
_Et ta peur des serpents ?
_Non.
_Des grosses araignées ?
_Non.
_Des requins ?
_A part si je me trouve dans le bassin avec eux, non.
_Ok. T’es engagée !
_Ceallach !
_Sors petite, n’assiste pas à ce bain de sang. Mais préviens ma famille et mes amis, dis leur que je les aime.
_Vous ! Sortez ! Toi ! Assis !

Numa n’osa pas désobéir et sortit de la pièce assez rapidement. Elle referma la porte derrière elle et alla s’adosser au mur dans le couloir.
Elle pensait que l’étrange énergumène allait se faire disputer d’une manière sévère, mais aucun cri ne sortait du bureau de la patronne. Numa ne comprenait vraiment pas ce qu’il se passait. Qui était ce Ceallach ? Il était sérieux quand il voulait l’engager seulement après lui avoir posé ces simples questions ? Pourquoi était-il si souriant en la voyant ?
Alors que Numa s’interrogeait sur l’étrange scène qu’elle venait de vivre, un autre jeune homme traversa le couloir avec une cage dans les mains. Il s’arrêta devant la porte avant de se tourner vers Numa. Lui aussi semblait avoir une vingtaine d’année et les attributs d’un typique irlandais.
Il s’exprima d’une voix calme et douce pour un garçon.

_Elle est occupée ?

Numa acquiesça

_Tu es la fille qui était avec Dawn ?

Numa acquiesça

_Tu es embauchée ?
_Je ne sais pas. Ça semble en cours de discussion.

Le jeune homme et Numa se regardèrent un moment. Mais, étrangement, il n’y avait aucune gêne dans ce silence, surtout de la complicité. Ils avaient l’air de deviner que tout deux étaient des personnes très réservé et problématique au niveau de la sociabilité.
Finalement, le jeune homme esquissa un sourire en affirmant :

_Tu es mignonne.

Numa cligna des yeux et pencha la tête en émettant un faible « Merci. ». La demoiselle n’était pas une habituée des compliments. Surtout si soudainement et spontanément. Elle n’avait rien fais de « mignon » pour mériter une gentille attention.

*Oh ! Il est charmant ce garçon, je l’aime déjà.*
*Si tu le dis.*

Après quoi, le jeune homme reporta son attention sur la porte, comme s’il était passé à autre chose. Il alla doucement toquer à la porte avant de l’ouvrir. En l’ouvrant, les paroles dures et sèches de la patronne se firent entendre. Apparemment la pièce était insonorisée, c’était pour cela que Numa n’entendait pas les cris de rage qu’émettait cette femme.

_J’y vais.
_Oui c’est bon vas-y ! Et toi je n’ai pas fini ! continua de hurler la patronne dans son bureau

L’inconnu referma rapidement la porte, comme s’il avait peur de se prendre un truc à la figure. Il revint vers la petite brune et sans expression particulière sur le visage, lui affirma simplement :

_Viens avec moi, ils en ont pour un moment.

Numa le suivit, ne sachant pas vraiment ce qu’elle devait faire. Ils quittèrent le centre en passant par une entrée sur le coté, sûrement pour éviter l’étudiante à l’entrée. Le jeune homme entraina Numa dans les pâturages, en silence, traversant les petits sentiers campagnards, profitant de la fraicheur de cette saison et de la belle vue hivernale sur le village.
Arrivé dans un terrain isolé, le roux ouvrit la cage et un petit oiseau sautilla timidement en dehors. Il se tourna vers les deux humains, surtout le roux, puis s’envola majestueusement vers le ciel dégagé. Le garçon le regarda goûter à la liberté. Numa observa un moment le jeune homme. Il semblait sourire en regardant l’oiseau disparaitre à l’horizon, comme heureux de voir ces ailes battre le vent. Qui était donc cet homme ? Pourquoi l’avait-il emmené pour libérer l’oiseau ? Les questions de Numa s’arrêtèrent lorsqu’elle posa également les yeux sur l’animal libre. Et son regard se perdit dans l’immensité du ciel. L’animal fut rejoint par d’autres de son espèce. Ils firent des pirouettes dans le ciel, comme si c’était un rituel de retrouvailles. Avant de s’envoler loin du compté de Galway.
C’était si beau. Malgré le ciel grisâtre, nuancé par des nuages tout aussi gris comme s’il allait pleuvoir, c’était simplement magnifique. Les yeux de Numa se détachèrent de ce merveilleux spectacle lorsque les oiseaux disparurent au loin de Galway. Le regard de la jeune femme se tourna vers le roux qui la regardait déjà en souriant. Les deux jeunes gens échangèrent un long regard complice. Ce moment unique, ils l’avaient partagé ensemble. Et ils s’en souviendraient longtemps.

Après quoi, l’inconnu reprit la case et ramena Numa au centre.
Il l’emmena dans le couloir, ni vu ni connu, comme s’ils n’étaient jamais partis. Et comme par magie, ou destiné, la porte s’ouvrit au même moment, laissant les deux adultes sortirent, toujours en se disputant comme un vieux couple.

_Tu es incorrigible ! hurla la patronne en sortant de la pièce
_C’est dur d’être parfait, répondit ledit Ceallach, il me faut bien certains défauts.
_Mademoiselle, appela la patronne en regardant Numa, Vous êtes engagés. Cet homme sera votre tuteur, il va vous faire visiter les locaux, vous parler de votre travail ici et votre emploie du temps. Je vais préparer le contrat. Sheron, tu as fini ?
_A l’instant.
_Tu peux partir si tu veux.

Ledit Sheron regarda Numa du coin de l’œil avant de reporter son attention sur sa patronne, puis, il se mit à sourire.

_Je suis curieux à vrai dire.
_Pff, vous me désespérez tous. Occupe-toi des cages alors.

La patronne retourna son bureau en claquant la porte avec une certaine violence, pestant contre tout son personnel.

_Elle n’est pas méchante, commença Ceallach, vraiment. Mais tu ne lui a pas fait une bonne impression, c’est tout.
_Moi je te trouve intéressante, continua Sheron avec le sourire
_Moi aussi ! Tu seras notre petite brune dans notre team de roux ! En plus en hiver on reçoit un paquet de copains. Mais je t’aimerais encore plus si tu me montrais tes talents.
_Mes talents ?
_Ton approche avec les animaux. On va commencer doucement, je vais te montrer Peluche, la plus mignonne de toute les lapines du monde !

Ceallach emmène Numa dans le self où il y avait une cage avec un lapin blanc aux yeux bleus. Apparemment c’était la fameuse Peluche. Ça lui allait bien avec son immense pelage partant de tout les cotés, on aurait vraiment dit une boule de poils avec deux yeux et un museau. Sheron croisa les bras et s’adossa au cadre de la porte, curieux de la suite des événements.
Numa le regarda un moment avant de se tourner vers Ceallach qui lui montrait la cage avec insistance. Apparemment il fallait qu’elle amadoue cette boule de poil pour réussir le test du grand rouquin. Et elle s’exécuta, beaucoup plus serine que si c’était un être humain. La demoiselle ouvrit la cage et posa sa main devant. Le lapin vient lui renifler la main avec une légère hésitation. Puis, doucement, Numa vint lui caresser doucement ce qui devait être son menton, avec son index. Le lapin se détendit petit à petit au contact de cette tendre caresse. Puis, Numa recula sa main pour laisser la boule de poil sortir de son habitat, et doucement, elle le prit entre ses deux mains pour le porter comme si c’était un petit bébé, caressant son dos toujours aussi délicatement.

_Pas mal, affirma Ceallach, mais Peluche est très câline, ça sera moins facile avec des animaux sauvages.
_Je ne demande qu’à apprendre.
_Et je t’apprendrais tout ce que tu dois savoir. Tu seras même plus doué que Niel. C’est un soigneur à mi-temps. Il travaille dans une écurie autrement, alors tu ne le croiseras pas beaucoup. Je dirais bien meilleur que Sheron, mais ce type a vraiment un don pour les animaux, je ne peux pas rivaliser !
_Tu es un excellent soigneur Ceallach, ne dis pas n’importe quoi, lui répondit Sheron depuis le cadre de la porte
_Merci mon pote, ça me touche !
_Numa, c’est ça ? demanda Sheron en s’approchant de la jeune femme
_Oui.
_Toi aussi tu préfères la compagnie des animaux à celle des humains, je me trompe ?
_En quelque sorte.

Sheron la regarda un moment, comme s’il essayait de voir au-delà de cette masse de cheveux de jais aux reflets bleus, le visage si impassible de sa cadette. Puis, il se mit à sourire en baissant les yeux et se retira à ses occupations, laissant le tuteur et sa pupille ensemble.
Ceallach se frotta le dos de son crâne, ne comprenant pas vraiment ce qu’il se passait entre les deux asociales, avant d’affirmer :

_Vous faites vraiment la paire tout les deux. Bon, suis-moi, je vais te faire visiter.

Numa ne savait pas comment ce tournant de sa vie allait se passer, mais cette perspective lui plaisait. Entourée de si gentilles personnes, apprenant à soigner les animaux, les apprivoiser, les libérer, c’était une vision mettait son cœur en joie.
Et bien sûr, Gõu serait là pour l’accompagner dans cette formidable aventure.