" Vraiment, je n'ai jamais vu un garçon aussi malpoli. Tu as vu comment il se comportais avec cette fille ? Il aurait pu lui tenir la porte en sortant de la classe. As-tu observé comment il s'est rué vers le self ? Comment s'il n'y avait que lui qui avait faim. Il faut toujours être poli envers les femmes. De mon temps, j'étais le plus galant des Dieux. Il faut dire que j'étais aussi le plus beau, et ... "

Oh, tais-toi le Frêne Rayé. J'en peux plus.
C'était une matinée comme les autres. Réveil comme les autres, mâtinée assommante de cours avec tous ces profs et ces élèves plus malades les uns que les autres.
Et puis Freyr qui ne pouvais pas s'arrêter ne serais ce que quelques secondes de faire ses commentaires sur le tout et rien. J'en attrapais de violentes migraines.
Les heures s'étaient succédées, lentes, comme depuis les vacances. Je n'avais toujours pas compris d'où venait ce "Dieu" dans ma tête. Je n'avais pas encore eu l'occasion de parler de ça aux autres élèves, je ne parlais à personne. Je n'aimais pas les gens d'ici. Je n'avais trouvé personne de fréquentable, ce qui ne changeait pas beaucoup de d'habitude, un ramassis de gamins immatures et bruyants.
J'avais trop souvent envie qu'on me fiche la paix. C'était la seule chose que je n'avais aucun moyen d'obtenir.

"Toujours aussi morose ma jolie petite Kim ? Dommage, avec une aussi jolie taille, et d'aussi jolies jambes, tu pourrais plaire à n'importe..."

Avez-vous déjà essayé de ne pas écouter la lancinante petite voix qui vous susurre de belles phrases toujours les plus tentantes les unes des autres ? Généralement diamétralement opposées à ce que vous souhaitez faire au moment présent, mais qui semble toujours proposer une initiative plus attirante, plus prometteuse ? Difficile de la laisser de côté. On a très envie de la faire taire, cette voix douce qui résonne au fin fond de votre esprit.
Pourtant, j’en viens à la regretter. Par rapport à ce dieu pervers et lourdingue, n’importe quoi paraît préférable. N’importe quoi !
Les élèves emplissent les couloirs, bavardent, crient, s’excitent, se ruent vers le self comme des félins affamés libérés de leur cage et partant en quête de chair fraiche à dévorer. Il y a des lycéens de toutes les années, de toutes les tailles, de toutes les origines. Il y en a qui subissent la même chose que moi, certains se souviennent peut être pourquoi, contrairement à ma situation. Étrangement, Freyr n’a pas de réponse à me donner quand c’est moi qui lui parle. Surtout sur ce sujet.
Je commençais à être sérieusement agacée. Du bruit, des élèves insupportables, un Dieu trop bavard me faisant le récit de ses aventures épiques et de toutes ses conquêtes dans toutes les langues tout en faisant une critique détaillée de chaque personne passant dans un périmètre de 10 mètre commençait à devenir sérieusement insupportable.
Surtout quand une espèce de garce blonde me bouscula tout en m’écrasant le pied de ses chaussures aux talons un peu trop pointus, moi qui portais des converses issues de la contrefaçon…
Je fis volte-face et lui barrais le passage. J’avais besoin d’une victime de mon agacement perpétuel des derniers jours. C’était tombé sur le portrait type des gens pouvant facilement figurer sur ma liste noire.

▬ Hé blondasse, commençais-je à vociférer. On s’excuse quand on bouscule les gens.

En complément de ma mauvaise humeur je lui jetais un regard noir.

La journée de Calypso avait démarré sans trop de remous, rendant celle-ci d'une humeur plutôt agréable. Chantonnant une petite mélodie dans un coin de sa tête, elle savait cependant que cela dérangeait Baldr. Ce dernier ne prit pas la peine de lui ffaire remarquer, sachant pertinemment que la jeune femme ne s'arrêterait pas pour le bon vouloir de son Dieu. C'est ainsi qu'elle le "vit" s'enfermer dans ce qui semblait être un souvenir de Breidablik. En effet, Calypso avait fait des recherches sur Baldr, et il s'était avéré qu'il avait eu une des vies les plus douces qui ait pu exister, mais aussi une des morts les plus ridicules qui soit. A vrai dire, la nixe maudissait ce dénommé Loki, ce fils d'Odin perfide, et sans coeur. Oh, bien sur, elle adorait son acteur dans les derniers films qui étaient sortis au cinéma, mais maintenant qu'elle savait que le véritable Loki pouvait être dans la tête de n'importe qui dans son entourage... C'était assez différent.

Sa journée de cours démarrait donc doucement, sans que rien ne vienne troubler la presque complète tranquillité qui s'était installée dans l'esprit de la Grecque. Aucune pensée vile envers son frère, aucun garçon un peu trop lourd à son horizon, mais tout les regards dirigés vers elle et son corps de déesse... Bref, tout allait pour le mieux. Cependant... Si elle s'attendait à ce que tout cela soit gâché par une minuscule petite fourmi... Calypso aurait préféré changer de trajectoire. En effet, alors qu'elle était dans un couloir un peu trop rempli, elle bouscula par iiiinaaaadvertaaaaance une élève qui passait par là. Oh bien sur, elle n'avait pas fait exprès de la bousculer, ni d'enfoncer son talon profondément dans son pied... Mais que voulez-vous? Elle n'avait qu'à passer ailleurs ! S'apprêtant à continuer son bonhomme de chemin, la phrase qui parvint à ses oreilles lui fit légèrement perdre le sourire.

▬ Hé blondasse. On s’excuse quand on bouscule les gens.

Calypso se retourna, et croisa un regard noir. Qu'avait-elle bien pu faire de particulier à cette peste pour qu'elle se permette de l'appeler comme ça, elle ? Elle qui, de grâce, n'avait pas réprimandé cette jeune gamine pour s'être retrouvé sur son passage ! Dans sa tête, Baldr débuta un semblant de sermon. Sermon qu'ignora complètement la Terminale, répondant ouvertement à la jeune fille

*Ma nixe... Apprends à regarder autour de toi! Tu aurais pu t'excu-*
«Si le crapaud veut des excuses, il n'a qu'à être plus poli.»
*Quelle étrange signe de politesse que tu fais là, Calypso...*

Jamais la jeune femme ne s'excuser pour un fait aussi magnanime que celui-ci. Et puis, après tout, elle n'avait fait que répond à sa bave. Les gens dans ce Pensionnat était réellement mal élevé. On accueillait n'importe quelle vermine, pour un peu que celle-ci rapporte de l'argent à l'établissement. Si Calypso était directrice d'un établissement comme celui-ci, elle trierait un peu mieux ses élèves.

Regardant la jeune femme avec un peu de dédain, elle n'était cependant pas agressive. La jeune nymphe n'aimait simplement pas qu'on la prenne pour une élève de pacotille, et qu'on lui manque de respect ainsi. N'importe qui aurait pu la bousculer, cette gamine !

[HRP: Désolée pour le temps de réponse, comme dis sur liens de Nathanaël, j'ai eu quelques petits soucis !]