J'veux pioncer, pleaz' T^T

I can't sleep,
Bloodshot eyes,
And I still feel fine.

Voilà une semaine à tout casser que le norvégien avait fait la connaissance de son colocataire de chambre. Un gamin, pas plus haut que trois pommes, un poil (voyons totalement, Auen...) soumis, et sacrément trouillard. Il semblait pas bien méchant, mais Auen avait et galère toujours à se lier d'amitié avec lui. De plus, chose non aisée, dû à la fatigue constante éprouvée par le jeune homme durant ces derniers temps. Cette fatigue porte un nom. La flemme ? Vous plaisantez, haha, trop simple ! Non, elle a une gueule de chacal et est constamment en train de pleurnicher. Vous voyez ? Non ? Toujours pas ? Un p'tit effort allez... ANUBIS ! Eh oui ! Le Dieu était dans une période dépressive; même si ça ne change pas de d'habitude, me diriez-vous. Mais là, l'ex-blond cherchait vraiment à comprendre et surtout, à faire taire le chacal. Depuis quelques jours il avait décidé d'être invivable avec lui, geignant sans relâche, soupirant, ça devenait de moins en moins vivable pour le jeune homme, qui n'en dormait plus. Il en avait marre d'être mal, physiquement dans un premier temps, par sa faute. Et maintenant ça devenait psychologiquement. Si il avait su que faire une cohabitation avec un dépressif était si usant, il aurait volontiers laissé sa place ! Prochain tour, vous voyez l'truc.


En plus, Auen s'était résolu à devenir sérieux, et à, contre toutes attentes, aller en cours ! C'était bien une grande première pour lui. Il n'a jamais été quelqu'un de très assidu. Il se savait avec de bonnes capacités et des notes plus que correctes, ne frôlant pas l'excellence, mais pas très loin derrière. Alors il avait négligé les cours, préférant faire la bringue, ou encore s'isoler dans des coins aux paysages plus que magnifiques. Et si ce n'était pas cela, il se débrouillait pour trouver un endroit où faire du sport, une chose qu'il aime plus que tout. Cela lui permettait d'oublier les gémissements interminables d'Anubis. Mais là n'était pas la question, Auen était donc ici, sur sa table, à tenter de suivre tant bien que mal les cours; luttant contre son sommeil. Il avait une sale tête (du moins lui trouvait que.), des cernes à lui en manger le visage, et un air tout aussi éveillé et attentif; ironie pure, n'est-ce pas. Ses paupières se faisaient lourdes, et Auen commençait doucement à poser sa tête dans ses bras, voulant fermer l'espace d'un instant les yeux. Chose gâchée par Anubis. Encore une fois.


"Ne devrais-tu pas suivre les cours, Auen ?"


Un ton moins monocorde qu'à son habitude. Enfin en forme ? Une lueur d'espoir ? Le jeune homme laissa échapper un long bâillement à s'en décrocher la mâchoire, avant d'enfouir sa tête dans tes bras, grommelant d'un ton plus que faiblard :


"Tu me demandes de suivre dans cet état, Anu ? Tu connais l'ironie, maintenant ?"


Le jeune homme était réellement épuisé, ce n'était pas vraiment lui d'être aussi mou. Fin, ça lui arrivait, mais là, nan, pas le cas. Fin pas le moment, quoi. Saisissant sa bonne volonté, Auen se redressa sur son bureau, et se décida de continuer à écrire, se forçant même à copier plus vite pour ne pas chuter dans les bras de Morphée, qui en serait plus que ravie. Un beau gosse comme lui, attendez. Auen, tu t'égares làààà, tu t'égares !
Le norvégien s'était en effet perdu dans ses pensées, et avait, malheureusement, sombré dans le sommeil. C'était plutôt agréable. Il aurait bien dormi plus longtemps, mais une voix étrangement ferme, bien que monocorde, le sorti de son doux coma.


"Auen ! Réveilles-toi, bon sang ! Debout !"


Le bleu ouvrit lentement les yeux, se faisant éclater au passage les rétines par le soleil qui passait au travers de la fenêtre à côté de laquelle il se trouvait. Oui, bleu, môsieur, a opté pour des cheveux bleus cette fois. Il était allongé dans un lit, ce même lit collé à la fenêtre, d'où son aveuglement. Se redressant lentement, le norvégien secoua nerveusement la tête afin de se remettre les idées en place. Une odeur d’antiseptique, ou un truc du genre. Une pièce avec des lits, impeccablement rangée, avec quelques produits type pour soigner les bobos des élèves. Il était donc à l'infirmerie, eh ? Comment cela était possible ? Il était en cours, il y avait bien 20 minutes, même pas ! Lorgnant de ses pupilles la pièce, le jeune homme bailla, avant de se caler au fin fond de son lit.


"Anubis, c'est toi qui m'a réveillé ? Je fiche quoi, ici ? J'étais pas en cours ?"


Auen était perplexe et ne cessait de se questionner. Il dormait en cours, depuis quand on expédie un élève à l'infirmerie parce qu'il pionce ? Non, c'est pas ça, visiblement. Il attendait une réponse du chacal, qui se faisait lentement attendre.


"Tu ne t'es pas vraiment réveillé, Auen. Tu t'étais évanouis, à ce qui semblerait. Alors tes camarades t'ont amené ici. Penses à les remercier."


Une voix sèche. Le chacal semblait bien plus soucieux pour lui que ne l'aurait cru Auen. Soupirant avec un léger sourire, il se remit à la contemplation du paysage dehors.


"Ah ouais, carrément ? Tu m'as vraiment achevé, idiot d'chacal."


Un ton jovial, bien que toujours fatigué dans le fond. Auen ne pouvait plus vraiment reprocher à Anubis son état, tant celui-ci semblait être soucieux pour lui. C'était bien étrange tout ça. Mais bon, il lui en voulait un tout pitit peu encore, oui un tout pitit peuuuu. Rancunier. Toujours. C'est en tournant la tête que le jeune homme s’aperçut qu'il n'était pas tout seul en ces lieux. Une jeune fille, avec une chevelure brune, si ces yeux explosés par le charmant soleil, voyaient bien. Ne savant que faire, puis affichant son sourire habituel; quoi que forcé, vive la fatigue; il se décida à engager la conversation. Ils étaient deux ici, après tout. Autant s'occuper !


"Salut ! Tu fais quoi, toi ici ? T'es malade aussi ?"

Mary était cloué au lit, avec quarante-deux de fièvre, les yeux larmoyant et à moitié fermé, abattue par la fatigue. Elle était à l'article de la mort. Elle avait un rhume! Un simple rhume qui lui enlevait toutes ses forces, à tel point qu'elle n'en avait même plus pour engueuler Asclépios!

A travers ses paupières, elle vit deux personnes en porter une troisième. Elle avait des cheveux...bleus? Son esprit malade devait lui jouer des tours. Elle ferma les yeux sur cette image, plongeant dans un sommeil - elle l'espérait, réparateur.

Elle fut réveillée par une vois masculine, lui demandant si elle était malade.

- Evidement que je suis malade, on est dans une infirmerie, répondit-elle avec mauvaise humeur. Comme toujours...

Mary laissa échapper un grognement lorsqu'elle se redressa sur son lit. La pièce tanguait légèrement, tout comme le jeune homme qui lui avait parlé.

- Et toi, t'es malade aussi je suppose? Je m'appelle Mary-Malaria si ça t'intéresse.

L'adolescente ferma les yeux un instant pour essayer de faire taire Asclépios, qui lui reprochait son humeur exécrable, puis elle fixa le jeune homme, agacée mais tout de même un peu curieuse.

Oups, I did it again.

I can't sleep,
Bloodshot eyes,
And I still feel fine.

Et zut... Il aurait mieux fait de continuer à faire le mort dans son lit, ça aurait ravi Anubis ! L'ex-blond se sentait quelque peu concon, au ton de la jeune fille, qui se faisait irrité, de l'avoir réveillée. Il était tellement à l'ouest avec cet état de semi coma, qu'il avait à peine envisagé l'idée qu'elle aussi pouvait être malade et clouée au lit ! Même s'il avait demandé ! Un vrai poisson rouge, doublé d'un doué. Le norvégien et le mur, vous savez ? Oui, oui, vous savez. La réponse fût donc sans appel.


- Évidement que je suis malade, on est dans une infirmerie. Comme toujours...


La jeune fille s'était redressée de son lit, lorgnant elle aussi la pièce comme l'avait fait le jeune homme juste avant. Puis suivit un grognement agacé, confirmant qu'il l'avait réveillée et visiblement embêtée. Doublement doué, mon Auen, que veux-tu ? Le retour du meilleur trio au monde ! Lui, sa connerie et anu ! Vraiment, ce trio avait fonctionné à moitié avec le gamin roux qui lui servait de coloc'. Alors espérons qu'il marquera plus de points avec la jeune brune ! Il piquait du nez, et la jeune fille semblait l'avoir pris en compte, avant de se présenter à lui.


- Et toi, t'es malade aussi je suppose? Je m'appelle Mary-Malaria si ça t'intéresse.


Si ça l'intéressait ? Toujours ! Ils étaient deux, ici, dans ce lieu de mort (Anu, stop avec ça roooh). Fallait bien s'occuper ! A moins de faire une gigantesque fête ! Ça serait génial, pensait-il. Auen lâchait une expression surprise, suivie de son grand sourire joyeux habituel, avant de s'enrouler dans sa couette, gelé. Lui, avoir froid, en bon norvégien ? Tss, tss, pas possible çaaa ! Faut croire que le dépressif l'avait vraiment achevé. Puis tentant de faire une tête normale, même si là il avait beaucoup de mal, avec sa fatigue, il se décida à répondre. On ne fait pas attendre une jeune fille, quoi.


"Mary, donc ! Moi c'est Auen !"
Puis soupirant, se passant la main sur le visage, il se disait qu'il pouvait pas faire pire, niveau présentations loupées.
"Je... Raaah j'aime pas le faire, ça fait déjà deux fois en si peu de temps ! Mais bon, voilà, je m'excuse si je t'ai réveillée !"
Il regardait sur le côté, plus que gêné et limite honteux, car son orgueil en prenait un bon coup, et afin d'oublier son orgueil, le norvégien préféra concentrer son regard sur Mary. Elle semblait vraiment à la mort. Il la plaignait. Lui, était juste fatigué. Elle, semblait carrément crever. Pas de chance.


"Auen, soit plus gentil avec elle."
Oh mon Dieu (pas de réflexions, chuuut). Le chacal revenait d'entre les morts, une fois de plus. Et, avec sa voix, mortellement morose (punaise, on va compter les jeux de mots en rapport avec le funéraire, tien.) ! Allejuiha ! Ça ne lui avait pas manqué ! Même si ça ne faisait que quelques minutes, qui avaient semblé être une éternité pour le jeune homme. La fatigue et ses joiiiiies !
"Oui, oui..." soupira-t-il, renfrogné.
"Ouais, je trouve pas que je suis vraiment malade à proprement parler. Disons que je suis juste fatigué, à cause de l'idiot qui squatte mon psyché."
Un ton jovial, fatigué sur les bords, mais Auen souriait, plaisantant en montrant sa tête. Anubis le crevait oui. C'était indéniable.
"Dis-moi, t'as quoi pour être dans un état pareil ? Car bon, moi à côté j'ai pas à me plaindre ! C'est un idiot aussi, qui te fatigue ?"


Il riait, toujours aussi plaisantin, se demandant si la pauvre Mary était dans cet état un cause d'un Dieu. Peut-être qu'elle aussi logeait un idiot dépressif comme le chacal. 'Fin il espérait pas pour elle, c'est juste affreux ! Mis à part, ça expliquerait sa mauvaise humeur, hein, hein ? Non, non, Auen, ne te cherches pas d'excuses, tu l'as réveillée, elle est de mauvais poil, t'assumes. Pour une fois qu'Anu est PRESQUE pas coupable.
Laissant le temps à la brune de répondre à ces questions en dépit de son état, l'ex-blond s'étalait de nouveau dans le lit, ramenant la couette qui lui servait de veste, sur lui, ressemblant à tout pour tout à une saucisse géante blanche, en drap.
I'M SO FABULOUS !

Le jeune homme s'appelait donc Auen. C'était plutôt original comme nom, tout comme ses cheveux d'ailleurs. Mary l'écouta distraitement pendant qu'il s'excusait de l'avoir réveillé. Bla bla bla... pas très intéressant. Une grande gueule, voilà ce qu'était ce garçon, passant son temps à parler, probablement sans agir.
Mais l'adolescente se figea lorsqu'elle l'entendit prononcer ces mots:

- Ouais, je trouve pas que je suis vraiment malade à proprement parler. Disons que je suis juste fatigué, à cause de l'idiot qui squatte mon psyché.

Elle le regarda droit dans les yeux d'un regard plus noir que la Grande Peste.

- Qu'est-ce que tu as dit? murmura-t-elle d'une voix glacée.

Mais il ne l'entendit pas, et continua à parler, encore et encore. Elle commençait à douter, doute qu'Asclépios vint à confirmer.

" C'est un des nôtres. Il est comme toi, annonça le dieu d'un ton irrévocable."

Mary tremblait. La discrétion. Le mot d'ordre des gens comme "eux". Pourquoi a-t-il fallu qu'un dieu veule de lui? Elle était étonnée que le Pensionnat ne soit pas encore au courant.

" Vas-y, tu peux, chère Mary-Malaria.."

L'adolescente ne se fit pas prier plus longtemps. Surmontant la fièvre et la douleur, elle posa ses pieds sur le sol froid, et s'avança vers le jeune homme.

- On ne doit pas le dire, sérieux! C'est censé rester un secret, t'es débile ou quoi?!

Et elle lui asséna une baffe retentissante, qui lui laisserais sûrement une marque rouge. Mais Mary s'en foutait, sincèrement.

I'm With Stupids...

I can't sleep,
Bloodshot eyes,
And I still feel fine.

La jeune fille avait sûrement dû parler, mais le norvégien ne l'avait pas entendu, trop dans son monde pour cela. La seule chose qu'il entendit puis ressentit, fût cette baffe mémorable.

- On ne doit pas le dire, sérieux! C'est censé rester un secret, t'es débile ou quoi?!

Elle s'était levée, malgré son état, lui en collant une bonne. Un silence de la part du jeune homme se fit, avant qu'il n'éclate de rire comme pas possible. Sérieusement ?! C'était qui celle-là pour lui foutre une baffe ?! (Bah, Mary, non elle l'a dit, Auen...) A lui ?! Il s'excuse, lui tape gentiment la discuss' et il se prends une baffe ? C'était quoi cette illuminée, là ? Certes elle était malade, et il l'avait vu, mais fallait pas pousser. Puis cessant de rire, et laissant un sourire s'installer sur son visage, le norvégien la défigura avant de reprendre d'un ton étonnement calme :

"Eh, calmes-toi, veux-tu ? T'es malade, ok. Mais pas la peine de m'en coller une à cause des idiots qui squattent notre psyché. Sois logique, tu sembles l'être. Crois-tu que le dirlo de ce pensio' se taperait un délire à mettre les élèves comme nous et les autres dans une même infirmerie, sachant que les cas sont plus graves pour nous, ce qui ferait tâche ?"


A ceci, il marqua une courte pause, s'esclaffant, regardant le sol, amusé. Il n'en revenait pas. Il en découvrait tous les jours. Allez à l'infirmerie vous rétablir ! Mon oeil ! Vous vous mangerez juste une baffe de la part d'une brunette agacée !
"Auen, elle n'a pas tord aussi, sais-tu ?"
Anubis se faisait suggestif, supposant au jeune homme de ne pas pousser trop la chansonnette avec Mary.

"Ouais, elle pas tord, Anu, je le sais. Mais bon, je cause à qui je veux, comme je le veux. A toi, comme à elle. J'vais pas me prendre la tête à faire la différence, puisque je ne traîne jamais avec des élèves normaux. On a pas notre étage pour rien, Anu."

Un long soupir, le jeune homme passa sa main sur sa joue, quelque peu rouge. Il n'avait jamais réussi à converser avec le dépressif que par la voix haute. Par pensée, il avait déjà essayé, et cela lui mangeait une énergie phénoménale. Énergie déjà consommée dans le fait de supporter un geignard H-24. Ce même geignard ayant des dons à te foutre dans une tombe, on sait tu aimes ça, Anu, te caches-paaaas ! Bon les dons, c'est un peu (BEAUCOUP ?) de la mauvaise foi, il n'est pas obligé d'en user, mais bon... Quand quelqu'un vous manque, v'savez... Un léger rire.

"Dis-moi, tu frappes toujours comme ça, pour faire connaissance, Mary ?"

Amusé, taquin, Auen s'en fichait pas mal de la baffe. Il n'allait pas s'emporter pour si peu. Puis bon, si il l'avait foutu dans le mur, sa fierté serait réduite à néant. On ne frappe pas une demoiselle, mais si sur le coup, ça avait bien failli être le cas. Il peut-être un enfoiré, il en a conscience, mais là, y'avait pas le feu. Puis se levant, gardant la couette du lit sur lui (I'm Darth Vader, hell yeaaah !), il commença à faire les cents pas dans la pièce.


"Puis si j'ai tord, tant mieux. Je me coucherais moins bête ce soir ! Et puisque le tabou est réglé, reprenons ou... ?"
Malgré la baffe démentielle, l'ex-blond gardait toujours son ton jovial. Disons qu'il est le type de personne dure à énerver, enfin il faut trouver le comment. Et ça, seul le chacal en a le secret, au désarroi du bleu ! Mais bon, au fond, il trouvait la situation plaisante, enfin quelqu'un avec une once de caractère.
"Ce qui est pas pour me déplaire..."
Lâcha-t-il pensif, une expression toujours aussi enfantine au visage. Qui aurait cru, sincèrement, qu'il avait 19 ans, là, en le voyant ?
Personne, et oui.

Mary soupira. Ce jeune homme était vraiment un gamin. Elle aurait dû le deviner rien qu'en regardant sa couleur de cheveux. Il marchait devant elle, sa couette enroulée autour de lui. Il avait vraiment l'air ridicule.
Bon, il était plutôt sympa, oui, mais tout de même très gamin. Ce qui était bizarre car il avait l'air bien plus âgé qu'elle.

- Nan, ça, c'était la connaissance soft. Très soft même...

Elle repensa en souriant au jour où elle avait fait connaissance avec Elionorya. Oui, Auen pouvait s'estimer chanceux de ne s'en tirer qu'avec une rougeur à la joue, vraiment chanceux.

Mary se déplaça lentement vers son lit, essayant de faire abstraction de la douleur et de sa tête qui tournait. Mais elle se sentait faible, sur le point de tomber et d'abandonner. Ce qu'elle n'avait jamais fait, et ne ferais jamais. Elle respira un bon coup, marcha aussi vite qu'elle pût et se laissa choir sur son lit, avec un soupir de soulagement.

- Donc...je veux bien reprendre, mais je t'ai tout dit, tu ne crois pas? Je ne vois pas de ce que je pourrais rajouter.

Elle croisa les bras, en attendant sa réponse.

I'M ON THE WAY ♪

Can't sleep ? Don't care, I'm fabulous !
Still fine ? Yeah, cause I'm SO fabulous !

Punaise pas bavarde la brunette... Le norvégien, toujours enroulé dans sa couette, tel Darth Vader (oui, c'est un gros fan de Star Wars, ça se voit tant que ça ?); soupira légèrement. C'était plutôt marrant au début, même agréable, car la brunette avait montré du caractère, mais là... Tout retombait à plat, même l'ambiance se faisait mortelle, et Dieu sait si Anubis s'en réjouissait; même si c’est le Dieu en question. Bref, le calme du début qui régnait quand il comatait, revenait petit à petit, et la tête d'Auen qui s'était montré joyeuse, affichait elle aussi une expression toute aussi morte que l'ambiance. Il avait bon lui poser des questions, engager un dialogue, rien n'y faisait. Sèche, quelque peu colérique et peu bavarde. C'était ce qu'il en voyait, de la brunette, là. Les deux adjectifs du début lui plaisait, mais le dernier l'emmerdait profondément. Certes, il aime les personnes de caractères, mais pitié bavardes ! Après tout, était-elle peut-être crevée, et avait-elle besoin de repos ? Ou il l'embêtait tout simplement, et en son fort intérieur, il savait déjà la réponse. A cela, il balança la couette avec nonchalance avant de laisser un échapper un long bâillement, en disant long sur ce qu'il pensait. La brunette attendait, glaciale, les bras croisés, une réponse. Qu'avait-il à dire à ce genre de personne si fermées, même si l'apparence l'est moins ? Que dalle. Rien, nada, le vide intersidéral, retour à la guerre des étoiles, ouais.


"Auen, calmes-toi."
"Je le suis, Anubis. Je sais juste plus que dire, c’est tout."
Regardant la fenêtre, ennuyé, il tourna les talons, s’apprêtant à sortir de l'infirmerie.
"Que fais-tu, Auen ? Tu es encore faible, retournes te reposer !"
Haha, le chacal s’inquiétait vraiment d'un rien, et c’eût le mérite de faire glousser l'ex-blond, qui reprit d'un ton aussi morose que celui de son Dieu, bien rare à son habitude.
"Je retourne en cours, Anu. Je vais bien mieux, cesses donc de t'en faire. Pour une fois que je suis motivé à y aller, que sécher, vas-tu me le reprocher ?"
Un véritable avocat, te retournant chacun de tes arguments contre toi, le Auen. Il était tout à fait au jus que le dépressif souhaitait voir son hôte suivre assidûment les cours, en bon élève, avec ses capacités. Mais là était le souci, l'assiduité. Et Auen, ne connaissait pas ce mot. Le chacal ne répondit guère, ne trouvant sûrement rien à redire, ce qui fit doucement rire le norvégien, qui esquissait un léger sourire moqueur.


Puis se souvenant qu'il n'était plus si seul dans cette pièce, même si il aurait pû y croire, il jeta un rapide regard en direction de Mary. Une des premières figures féminines qu'il croisait. Pas qu'il n'en voyait pas, dans sa classe, loin de là. Mais il s'en foutait complètement. Alors pourquoi avoir adressé la parole, à une fille qui semblait avoir 2-3 ans de moins que lui ? Car il était seul, à se tourner les pouces, ici ? Peut-être bien. Ou tout bonnement, car il y était contraint par la force des choses. C'est ce qu'il affirmera. Après tout, il oubliera bien vite la petite brune, n'étant guère un visagiste et un éléphant pour les prénoms. Puis n'étant guère une personne gardant contact, surtout. Il vient, il se sert, s'il vous garde tant mieux, sinon tant pis, puis repars. Tel est Auen. Et ça ne changera plus. Continuant de scruter Mary, il lâcha un ultime soupir, avant de tirer la porte, laissant derrière lui son lit en désordre, s'avançant dans l'ouverture de la porte.

"Ravi de t'avoir connue, mais je vais y aller. Comme je disais, ça va mieux. Prends-soin de toi !"

Il la salua vite fait, se forçant, autant le geste que le ton lui coûtait. Il se sentait pas vraiment mieux, juste un gros mensonge, pour échapper à cet ennui intense. Il déteste ça, lui ! Faut que ça bouge quoi ! Il était au dehors de la salle, marchant dans les couloirs, trainant des pieds.
"Tu exagères, Auen."
"Je le sais bien, Anubis, mais que veux-tu, ..."
Le chacal était un peu distant, lui reprochant son inconscience, mais il s'en foutait. Tout droit, ou le mur, eh oui. Il avait besoin de bouger, quitte à s'écrouler lamentablement plus loin, il s'en foutait. Lui, ses envies, ce qu'il veut d'abord, le reste, au feu ! Puis quoi, il gérait tout, de toute façon ! Alors pas de souci ! Il gère tout court. Il le sait bien, parce que...
"I'M SO FABULOUS !"


"Tu me désespères, Auen."
"Tu crois ?!"

Un rire, et une avancée dans le couloir en s'éloignant au fur et à mesure de l'infirmerie, manquait plus que un fond sonore digne de Star Wars, et ça serait parfait, tel l'empereur s'enfonçant dans les ténèbres des couloirs.

Pour Mary :

Le jeune homme était parti, sans prévenir et aussi vite qu'il était arrivé. C'était bien dommage, il était plutôt sympa et pas mal, physiquement parlant...

-" Tu ne t'es pas montré très amicale, dit Asclépios d'une voix posée. C'est pour cela qu'il est sûrement parti, chère Mary-Malaria.

- On se demande bien pourquoi, répliqua la jeune fille, furieuse contre elle-même.

Elle se glissa dans la chaleur de ses couvertures, et les rabattit sur sa tête d'un geste rageur. Dans la chaleur de son lit, l'adolescente se dit que, après tout, elle pourrait toujours lui dire la raison de son mutisme. Ce n'est comme si il y en avait beaucoup des comme lui. Il comprendrait. Du moins elle l'espérait.