You shall not pass

Paris & Calypso Adiathesia

Calypso était la reine de cette école. Rien ne lui échappait, lorsque cela concernait sa classe, et surtout son frère, si elle devait nommer une personne à proprement parler. Bien sûr qu'elle avait remarqué leur nouvelle alliance, entre Auen Sorensen et lui. Et cela ne plaisait pas du tout à la nixe. Sa famille payait une fortune pour que l'enseignement et l'accueil reçu soit acceptable, et il se permettait de leur cracher ainsi au visage? C'était un Adiathesía bon sang !

«Un Adiathesía rejeté par toute sa famille, Calypso.»

La grecque frôla de peu la crise de nerfs. Elle n'avait jamais abandonné son frère jumeau, lui ayant toujours tendu une main favorable qu'il refusait de sa propre initiative. C'était lui qui avait décidé de la haïr, de la considérer comme son ennemie. Paris Sirius Adiathesía n'était ni plus ni moins qu'un sombre idiot. Plongée ainsi dans ses pensées, elle ne comprit donc pas on criait soudainement à l'inondation. Une seconde plus tard, elle était trempée, sans qu'elle ne su d'où cela venait. Des pieds à la tête, l'eau dégoulinait le long de ses formes,  et ses vêtements laissaient donc transparaître sa peau, ainsi que la couleur et la forme de ses sous-vêtements plutôt... avantageux. Tout le monde autour d'elle, tout particulièrement les garçons, la laissait passer, ne se gênant pas pour regarder longuement son corps, avide et parfois même avec un regard empli de désir. Elle se sentait violée, par de simples regards et était complètement... humiliée. Alors qu'elle aboyait sur quelqu'un, elle entendit un nom courir parmi certaines personnes. Puis un second.

C'est à ce moment-là que la jeune femme vut rouge. Ouvrant d'un seul coup la porte du troisième étage, elle continua à monter en direction du toit, suivant les traces d'eau et les affolements, ses mains couvrant ses formes comme elle le pouvait. Elle n'avait pas pu se changer dans les toilettes inondées. Ses talons claquant furieusement sur le sol, Calypso se dirigeait rapidement vers son but, et ouvrit soudainement la porte du toit. Son regard n'avait plus rien de doux, de gentil, lorsqu'elle arrivait à hauteur de son jumeau. Son visage était déformé par la fureur ses mèches dégoulinant encore une peu, et elle ne ressemblait plus à la magnifique Calypso. La main de cette dernière la démangeait énormément, et elle dut faire preuve d'un énorme self-contrôle. Tentant de le garder du mieux qu'elle le pouvait, elle ne respirait plus la chaleur, et c'est d'une voix entrecoupée par la haine et l'humiliation qu'elle venait de subir qui l'habitait.

«Paris... Sirius... Adiathesía... J'exige des explications.»

Elle laissait passer un temps, prenant une grande respiration, avant de reprendre d'une voix colérique, forte, aurotitaire, et dont on ne lui connaissait pas.

«TOUT DE SUITE!»

Calypso avait toujours été indulgente envers son frère. Elle lui avait rarement fait la morale, mais jamais elle n'avait été aussi en colère. Jamais. Paris venait de franchir une limite sur laquelle même son petit doigt n'aurait pas du se poser. Alors que Baldr commençait à peine à parler, Calypso se ferma immédiatement, lui hurlant mentalement de se taire. C'était entre son jumeau et elle.

My Dear Love...

Paris & Calypso Adiathesia

Elle était là, trempée, dévoilant des atouts malgré elle, et ce, devant son imbécile de frère. Et lui? Il semblait juste s'en fichait. Son regard digne de celui de son père, il se permettait encore de lui tenir tête, après ce qu'il avait fait? Il avait si peu de considération pour sa famille, ou ne serait-ce que pour sa propre soeur? Celle qui l'avait élevé alors que leur père ne voulait pas entendre parler de lui? Même encore aujourd'hui, elle devait assumer la mauvaise réputation de Paris presque sans rien dire. Son père la sermonnait, passait son temps à en vouloir à Paris, et elle le défendait, c'était Calypso qui prenait la plupart de ses colères à sa place. C'était Calypso qui tentait de protéger malgré tout son frère du peu d'amour que leur parents lui témoignait. Et il lui crachait au visage. Tout simplement. Et il pensait que la jeune femme allait laisser passer ça ? Qu'elle allait définitivement le couvrir un minimum auprès de ses professeurs?

C'en était définitivement trop. Paris était immature, il ne voulait pas grandir. Pire encore, aux yeux de Calypso, il était idiot qu'il ne fasse tout cela que pour se faire remarquer. Pourquoi le regard de sa propre soeur ne lui suffisait pas? Il 'attirait l'attention que lors de quelques secondes, les gens se fichaient de lui lorsqu'il faisait ses idioties, parce que cela amusait la galerie... Ses conquêtes d'un soir étaient toutes des cruches, comme celles qui accompagnaient Calypso. Qu'attendait-il de tout ça? Il avait la chance de ne pas attirer l'attention comme elle faisait, il pouvait partir sur une réelle base de contact avec les gens. Et il fichait tout ça en l'air?

Baldr ne parlait pas. Il semblait lassé de ces enfantillages, et il se permit même de bailler. Calypso, toujours autant en colère, ne fut que plus énervée encore. Alors qu'elle s'apprêtait à ouvrir la bouche, pour aboyer de nouveau sur son frère, celui-ci sortit un arc. Et elle savait très bien ce que c'était. Les objets de ce genre devaient normalement finir dans son bureau.

«Paris ! Qu'est-ce que tu fiches avec...»

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase. La flèche transperça son coeur, avant de disparaître. Seul un énorme battement de coeur se fit ressentir, et alors que quelqu'un d'autre débouchait sur le toit, Calypso vit le Directeur.

Elle s'arrêta un instant.

Jamais elle ne s'était aperçue que le Directeur était aussi majestueux. Affichant un sourire presque irréel, la jeune femme s'avança, sans forcément savoir quoi dire. Le Directeur la regardait aussi, alors qu'ils ne disaient mot. Calypso n'osait pas s'avancer. Son corps se mettait alors à s'illuminer de la lumière la plus pure qui soit, magie donnée par Baldr, même si ce dernier... Actuellement... Ne comprenait plus rien.

«Ma nixe? Que se passe-t'il? Ma nixe? »

«C'est l'homme de ma vie...»

Je n'en reviens pas

Paris & Calypso Adiathesia & Le Directeur

La journée du Directeur n'avait pas forcément bien commencé. Entre la paperasse de l'année qui s'accumulait, les professeurs qu'il fallait harceler pour avoir les notes de clôture des bulletins du second trimestre et les élèves dont les cœurs s'enjouaient à mesure que le printemps s'installait dans la vallée humide de Galway, le pauvre vieil homme n'avait plus de temps pour lui. Pourtant, il avait décidé de prendre une pause revigorante et se promenait tranquillement dans les calmes couloirs, couvant du regard son oeuvre magistrale.

Cependant, à Immortalia, on ne pouvait décidément pas jouir du repos des guerriers. Un élève de sixième, chétif et binoclard, vint à lui l'air angoissé.
« Professeur, professeur ! »
Ses yeux s'écarquillèrent, et il rougit comme une tomate au soleil : « Pardon... Monsieur le Directeur! »

N'étant pas d'humeur à le rembarrer sans ménagement, le vieil homme courba un peu plus son dos déjà courbé pour arriver à la hauteur du petit.
« Oui, que me voulez-vous, jeune homme ? »
« Je crois que deux élèves se battent dans la salle de classe, là-bas », lâcha-t-il d'un air apeuré en pointant une salle du bout du doigt.
« Très bien, » soupira le Directeur. « Je vais voir ce qui s'y passe. Merci de m'avoir prévenu. »
L'élève prit congé sans un seul mot et détala aussi vite qu'un lapin.
On aurait étrangement dit qu'il souhaitait attirer l'attention du directeur sur quelque chose de moins évident que les événements qui venaient de se passer, juste sous son nez. Pourtant, ni les cris des élèves, ni les bruits assourdissants, ni les cheveux et tenues mouillés ne semblaient l'alarmer.

Quant au vieil homme, justement, il prit lentement, appuyé sur sa canne, le court chemin jusqu'à la salle. Plein de prudence, il écouta d'abord aux portes, car le sentiment que ces deux élèves étaient de section M le prit quand il entendit une voix familière. La Présidente du Conseil des Élèves. Mais comment se nommait-elle, déjà ? Les neurones affaiblis du pauvre sénile lui jouaient souvent des tours, mais il se crispait pour se souvenir son nom aux consonances olympiennes.

Adiathesia ! se rappela-t-il après quelques instants. Il s'agissait probablement de la fratrie qui réglait un énième compte. Ces deux-là n'arrivaient décidément jamais à trouver un terrain d'entente quand il s'agissait d'affaires familiales. Cependant, ils n'iraient pas jusqu'à casser quoi que ce soit et encore moins mettre en danger quelqu'un avec les pouvoirs conférés par leurs vieux dieux. La force de la jeune femme résidait principalement dans sa capacité à faire éclater sa voix sur le bon ton et son frère ne pourrait probablement rien faire d'autre que se soumettre.

Ainsi, le directeur soupira de soulagement et traversa lentement la porte ouverte pour continuer de vaquer à ses occupations, plus loin dans le couloir. Cependant, il n'eut que le temps de baisser la tête sur son torse pour voir l'éclair transpercer sa poitrine puis disparaître en une gerbe d'étincelles. Il releva des yeux blancs de colère, prêt à passer un savon à qui utilisait sans vergogne des objets divins, mais ceux-ci se radoucirent lorsqu'ils aperçurent une créature de rêves représentée par la demoiselle Adiathesia.

« Mais que... Que m'arrive-t-il? C'est une élève, c'est contre la loi... Et elle a probablement plus de soixante ans de moins que moi... Mais je suis sûr que nous sommes faits pour être ensemble... Peut-être qu'elle tiendrait le secret. Ses vêtements humides laissent apercevoir ses courbes et ses dessous... ah, c'en est trop ! »

Le Directeur, sûr de lui, s'approcha des deux jumeaux en reluquant Calypso sans discrétion et se rappela vaguement de la drague qu'il pratiquait dans ses jeunes années. Comment aborder la jeune femme en présence de son frère ? Pire encore, comment pouvait-il lui faire oublier qu'il était son directeur ?

« Bonjour, mademoiselle, monsieur. Je peux savoir ce qui vous amène ici ? Avez-vous besoin de quelque chose ? »

Can you feel the love ?

Paris & Calypso Adiathesia & Le Directeur

Les yeux de la jeune nixe me dévoraient, enflammés par une passion qui me consumait, moi aussi. Oh, c’était dur de se contenir ! J’aurais aimé l’embrasser, là, tout de suite, mais son idiot de frère était sur le chemin. Il me fallait à tout prix trouver un moyen de lui faire prendre congé, qu’on ne soit plus que tous les deux, à profiter de notre amour naissant.

Par chance, celui-ci me tendit une porte grande ouverte. J’aurais pu lui accorder n’importe quoi, à vrai dire, pour peu qu’il s’en aille. Mademoiselle Adiathesia prit les devants, et lui donna la très juste immunité, pour peu que personne ne soit blessé. Etant le Directeur et devant garder un minimum de contenance, je renchéris :

« Oui, tout à fait… Vous avez la totale immunité matérielle en ce qui me concerne. Cependant, faites attention aux autres membres du personnel, Monsieur Adiathesia. Bien qu’ils ne jouissent pas des mêmes pouvoirs que moi, ils pourront toujours vous mettre en retenue. Les punitions n’iront pas plus loin, faute de pouvoir de leur côté, puisqu’il n’y a que moi qui puisse procéder aux exclusions, mais des heures de colle supplémentaires pourraient vous ennuyer. Oh, d’ailleurs, celles que vous et votre ami, Monsieur Sorensen, aviez déjà viennent d’être annulées. Maintenant, vous pouvez disposer, je suppose, hm ? » lui dis-je solennellement mais en ne me privant pas d’un petit clin d’œil entendu à l’égard du jeune homme.

Une fois plus à l’aise, je m’avançai, avec de petites foulées, en direction de ma sirène Calypso. Je pris ses petites mains douces et blanches dans les miennes, sèches et ridées, et contemplai ses yeux bleu azur.

« Oh, ma demoiselle, depuis que vous êtes arrivées ici, j’ai remarqué votre physique exceptionnel et votre intelligence hors du commun. Je n’ai cessé de garder l’œil sur votre dossier scolaire, et je dois dire que vous savez impressionner les hommes comme moi… »

J’approchai mon visage à quelques centimètres de celui de ma bien-aimée, espérant qu’elle pose ses lèvres humides et rosées sur ma bouche flétrie.