«Les hommes font leur histoire, même s'ils ne savent pas l'histoire qu'ils font.»

La brise du vent. Celle-ci amenait un air frais, qui ne déplaisait guère au jeune professeur. Vous me diriez qu'est-ce qu'il foutait dehors, de nuit, sous un lampadaire près d'un bassin alors qu'on se les cailles et qu'il est tard ? Eh bien... Aiden n'était pas du genre à fermer l’œil de si tôt. N'arrivant pas à ressentir le moindre signe de fatigue après une bonne journée de cours; durant laquelle il avait pas mal crisé après les incapables qu'étaient ses élèves (sérieux depuis quand l'Inde se trouve en Afrique... ? Il a bon être prof d'Histoire, même la géo est de partie ! Si elle était bien su au moins...), l'irlandais avait envisagé d'aller corriger ses copies au grand frais (pas le magasin, ouuups.). Nous le retrouvions donc ici, devant un petit bassin, au calme, le cul vissé sur un banc; les jambes croisées avec sa mallette et ses copies pour seules compagnes. Malgré une nuit dégagée, Aiden avait quelque peu bataillé afin de trouver un angle de lumière parfait pour massacrer... pardon corriger les copies de ses élèves. Stylo en main, il semblait plutôt blasé... complètement blasé. Un long soupir, qui vint vite confirmer l'hypothèse du blasé. Lisant attentivement chacune des feuilles de ses élèves, Aiden désespérait.


- Médiocre...
Lâchait-il d'un ton proche du désespoir le plus total. Prenant son stylo fétiche, le rouge, (vous attendiez à quelle couleur sinon ?) le jeune prof commença à écrire dans la marge tout ce qui n'allait pas. Et autant le dire, il allait écrire bien plus que l'élève lui-même ! Puis encore cette copie... Celle d'un norvégien, aux cheveux roses et avec un QI équivalant à celui d'une huître. Pourquoi se donner la peine de la lire ? Sachant qu'elle serait tout aussi catastrophique que les précédentes. Il tenait juste à bien faire son boulot d'enseignant. Et partiellement de tyran. L'excuse du norvégien pour avoir fait juste une introduction ? "Panne d'encre, m'sieur. Voyez je pense à la nature, j'économise des feuilles.". Un soupir excédé de l'irlandais, qui affichait dès lors un sourire amusé.

- Ecolo dans l'âme, hein ?
Un ton mauvais, le norvégien avait sacrément abusé avec tous les devoirs qu'il avait rendu. Tous avait ce même genre d'excuse débiles du parfait branleur.

- Aiden... C-C-Calme-toi. Il... Il n'avait juste pas travaillé !
Mais qui voilà ? Bunny. Celui-ci, aussi gentil qu'une crème pâtissière trop sucrée, tentait encore de convaincre le jeune prof à la compassion. Plié, disons-le.


- Ferme-la Bunny. Je ne t'ai pas sonné.

Une intonation tranchante, Aiden ne supportait décidément pas sa divinité. Un couinement intérieur et le calme. Voilà qui était fait.
"Si tu tiens tant que ça à la sauvegarde des arbres, puis-je te suggérer de sauvegarder aussi ton entourage, en leur épargnant ta connerie ?". Voilà la réponse et remarque d'Aiden sur la copie du rosé. Aucun tact, aucune recherche d'aide. Il n'en valait pas la peine et se foutait éperdument de lui. Alors pourquoi perdre son temps ? Continuant sur sa lancée, l'irlandais n'épargna aucun des élèves : remarques vaches, blessantes, cassantes, mais au fond constructives pour les uniques bosseurs de sa classe qui devaient être à l'extraordinaire chiffre de 3 ? Et encore ? Au moins ses cours auront servi. Enfin, un peu. Au pire tant pis, il n'allait pas perdre son temps si la classe ne voulait pas s'y mettre. Ses diplômes lui, il les avaient. Dur, dites-vous ? Non, tyrannique et impitoyable serait plus juste. Et en parlant tyrannie, le voilà qui se lançait dans la composition d'un sujet de contrôle pour son prochain cours. Il voyait déjà les élèves râler d'avoir eu une dissert' la dernière fois. Les pauvres choux ! Rien que cette pensée fit lâcher un léger rire à l'irlandais. Puisqu'ils n'imprimaient pas, autant les forcer à comprendre qu'ils devraient ? Lui, ça l'occupait, alors tout le monde est heureux ! On va dire, hein...


- Aiden... P-p-pourquoi être aussi dur avec ta classe... ? Ils... Ils v-vont échouer !

Et voilà que le lièvre revenait en force. 'Fin si cela est de la force... ah erm. Trop gentil, trop gnangnan, il pensait toujours mieux au bien-être des élèves d'Aiden mieux qu'Aiden lui-même. Ce qui avait le don d'agacer le brun. De quoi ce mêlait cette chose divine, qu'il haïssait tant ? Redressant la tête et s'affalant légèrement sur le banc, l'irlandais sortit une cigarette de sa veste cintrée, la portant à sa bouche. L'allumant celui-ci rétorquait au lapin, un ton un poil irrité :

- Eh bien devient donc prof', Bunny. Avec une patate cuite comme toi, je doute que tes cours fassent long feu.
Il expirait, laissant ses pupilles vertes lorgner le ciel étoilé. Il n'y avait pas à dire, la nuit était des plus belles ce soir. Quelle heure pouvait-il bien être ? Il s'en fichait. Pour ne pas dire qu'il s'en badigeonnait les cou****s avec le pinceau de l'indifférence. Elles lui traversèrent l'esprit, arrachant une expression apaisée à l'irlandais. La solitude, rien de mieux. Seulement celle-ci ne dura pas. Des bruits de pas se firent entendre, amenés par le vent. Se redressant de son banc, le jeune prof tentait d'identifier la personne arrivant en sa direction. Quelle plaie. Vu la carrure imposante de la personne, ce n'était pas un élève. Il l'aurait vite remarqué, un mastodonte pareil dans ses cours ! L'ombre se dessinait peu à peu, laissant apparaître un homme noir comme l'ébène à la stature gigantesque. Des muscles de partout, un rugbyman, quoi. Levant un sourcil surpris, le brun avait déjà vu cette tronche quelque part, mais où ? Ramenant sa cigarettes à ses lèvres, il se cala calmement au fond du banc, calant avec lui ses cours et copies.

- P-parle-lui Aiden !
Le lapin se voulait enthousiaste, lui. Pas Aiden. Un ultime soupir, puis un regard stoïque envers son interlocuteur. Un prof, vu l'âge ?

- Je ne suis donc pas le seul à chercher un coin de solitude à l'air frais ?
Pas de collègue. La flemme. Restons polis, c'est tout.

- M-merci Aiden !
Le lapin se réjouissait qu'Aiden est fait le premier pas. Sautillant intérieurement, il était passé de patate cuite à Duracell. Que de joie en perspective ! Retenant un râle intérieur, il ne manqua tout de même pas l'occasion de dire au lapin de se taire. Comme s'il allait suivre les conseils d'une patate cuite hyperactive, faut arrêtez de fumer la moquette à un moment.

T_T:

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«Les hommes font leur histoire, même s'ils ne savent pas l'histoire qu'ils font.»

La journée avait été longue. Levé à six heures trente le matin même, Aasir s'était octroyé seulement deux pauses : une pour le déjeuner, d'une durée de quinze minute et une pour le goûter, de cinq minutes. Le reste du temps, il l'avait passé avec des mollassons de toute origine. Leur entrainement se révélait chaque jour comme une véritable plaie. A part quelques sportifs, la plupart était des flemmards de première catégorie ou bien des incapables. Parfois même les deux en même temps. Il était dix huit heures trente lorsque les cours s'étaient terminés, et Aasir n'en pouvait plus. Malgré tout, le Kényan resta afin de ranger tous les tatamis sortis, le matériel non rangé, faire l'inventaire. Deux bonnes heures lui furent nécessaires. Il faisait encore jour : l'équinoxe de printemps venait de passer.  Motivé par la vue de l'astre du jour à cette heure, il décida de rester s'entraîner encore un moment. Ce soir, cela serait Kenpo.

Les minutes défilèrent sans qu'ils s'en rendent compte. Le tigre s'endormit tandis que le professeur Maka affûtait son corps et son esprit. Ses poings cessèrent de fendre l'air aux alentours de onze heures du soir. La porte du gymnase, restée ouverte, laissait passer un courant d'air frais sur les perles de transpiration saine d'Aasir. Il effectua donc un salut, sortit du ring dont il se servait pour tous ses entrainements personnels, et s'avança vers la vestiaire. La douche fut la bienvenue. L'eau ruisselante sur son torse d'ébène lui donna un aspect presque huilé lorsqu'il sortit de la douche. Les lumières chimiques des vestiaires se reflétait sur son crane, lui donnant l'air d'un petit soleil. Le professeur se passa une chemisette avec un short de sport, alla mettre ses affaires pleines de sueur au lavage, et sortit du bâtiment sans prendre le temps de mettre des chaussures. Pas besoin de toute façon.

Le jardin était magnifique sous la lune. Les reflets argentés lui donnait un air irréel. Aasir n'en avait cure. La seule chose qu'il voulait désormais, c'était pouvoir se  détendre. Arriver dans son appartement, allumer la télé et manger des pâtes devant les looney tunes. Toutefois son appartement était au bout de la grande plaine, et il y avait a marcher. Le champion passa devant plusieurs bâtiment sans s'arrêter, quand quelque chose vint lui piquer le nez. L'odeur du tabac. Quelqu'un fumait dans le jardin. Se sentant responsable vis à vis de l'établissement, il suivit l'odeur de fumée jusqu'à voir une silhouette assise sur un banc.

Celui ci était penché vers l'avant, comme s'il lisait quelque chose, et des volutes de fumée sortaient de temps en temps de sa bouche. Aasir l'entendit parler tout seul, ou plutôt ronchonner. Quelque chose le perturbait dans sa lecture visiblement. De dos, il avait l'air jeune. Plus jeune que Maka en tout cas. Si c'était un élève, il n'avait pas le droit de fumer à l'intérieur de l'établissement. Il marcha vers lui. Ce dernier, levant la tête, l'examina. Son visage était maintenant rendu visible par le clair de lune. Il disait quelque chose à Aasir. L'avait il déjà vu quelque part ? En cours peut être. Il continua d'avancer lorsqu'une voix plutôt posé, qui ne faisait pas penser à celle d'un élève qui est en train de faire quelque chose d'interdit, lança :

- Je ne suis donc pas le seul à chercher un coin de solitude à l'air frais ?

Aasir alla placer ses mains sur le banc, face au bassin des carpes, voûtant légèrement son dos. Il examina le visage de cette personne. Il lui disait franchement quelque chose. Où l'avait il aperçu déjà ? Un long moment se passa avant que cela fasse connexion dans le centre nerveux bien amoché par les coups de l'ex champion. Pendant ce temps, le vent souffla doucement, faisant voler les feuilles dans leurs arbres qui semblait couvrir un murmure autre que celui de la nature. Quelque chose de plus humain. Pourtant, lorsque le vent s'arrêta, ce chuchotis s'arrêta également. Ce fut alors qu'Aasir parla, de sa voix grave et profonde, à faire vibrer la terre :

-Ne seriez vous pas le professeur O'Farell ? Je crois avoir participé à votre pot d'arrivé ici.

Aasir n'était pas resté longtemps au dit pot d'arrivé. Il se déroulait avant la possession du corps, et le professeur trouvait ce genre de sauterie totalement hypocrite. Accueillir avec un grand sourire des gens qui ne seront surement plus que du bétail dans une vie postérieure était en contradiction avec les principes de Maka. Il avait du se présenter vaguement, puis s'éclipser pour aller frapper un sac de sable. Aucun souvenir impérissable, aucune grande amitié. Rien d'autre qu'une poignée de main froide autour d'une verre de champomy.

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«Les hommes font leur histoire, même s'ils ne savent pas l'histoire qu'ils font.»

Aiden ne savait pas vraiment comment il devait se sentir face à cet homme à la carrure si imposante. Non pas qu'il était intimidé, mais le colosse devait bien avoir 2 voir 3 têtes de plus que lui ! Et pour ne pas arranger ce contraste gros tas de muscles - brindille, la voix caverneuse de l'individu vint planter le dernier clou de l'édifice.

-Ne seriez vous pas le professeur O'Farell ? Je crois avoir participé à votre pot d'arrivé ici.

L'irlandais resta un moment, dubitatif, clope au bec, comme si l'on venait d'appuyer sur le bouton pause dans un film. Maintenant que l'homme s'était penché sur le banc afin d'admirer le bassin (il supposait, vous savez Aiden et les autres...), son visage commençait à lui parler. Un collègue, forcément. Mais qui ? Il était venu à son pot d'arrivé ? Ah oui, le fameux pot...
- Auquel tu n'es même p-p-pas resté, A-Aiden...



Un soupir destiné au lapin. Il se souvenait à présent. L'homme qui lui faisait face était un des professeurs de sports. En même temps vu sa carrure, il n'allait pas faire du chant, ah erm. Maka, il lui semblait ? Il n'avait eu guère le temps de faire plus ample connaissance, celui-ci s'étant aussitôt éclipsé, visiblement pressé. Tout individus aurait reproché au professeur Maka ce manque de politesse, mais pas Aiden. Ça l'avait même amusé. Il préférait amplement les personnes comme lui, qui disaient ou affichaient leur avis. Et puis bon, il fallait le dire, Aiden lui-même s'était empressé de faire de même et de partir dès qu'il avait pu, plantant la plus part des collègues. L'irlandais n'aimait pas ce genre de "stupidités" comme il dirait. Il trouvait cela purement hypocrite. Allez, venez, on vous offre un pot d'arrivé et on vous colle une de nos immondices divines. Fallait pas se foutre du monde si ? Même si Aiden n'avait pas prévu sa possession, ce genre de regroupement l'ennuyait. Si bien que quand son collègue était sorti de la salle, Aiden avait suivit quelques minutes après, préférant aller s'enfermer dans ses bouquins. Aucune excuse, aucun prétexte, la franchise de l'irlandais à l'état pur. Il n'était pas venu ici dans le but de faire ami-ami autour d'un verre. Seulement d'enseigner.


- P-peut-être devrais-tu re... remettre ceci en cause, Aiden ?
La voix du lapin se faisait tremblante. Depuis que le professeur Maka avait parlé, le lapin s'était simplement écrasé dans un coin de l'esprit de l'irlandais, apeuré par une telle sonorité. Un vrai boulet. Aussi mignon soit-il, un boulet reste un boulet. Peut-être oui. Peut-être non. Aiden n'avait jamais été un grand sociable. Mais étrangement le professeur Maka semblait être dans le même cas, pourtant il lui avait répondu. Et malgré cette voix caverneuse, elle invitait au dialogue. Finissant sa cigarette dans un ultime souffle, l'irlandais écrasa ce qu'il en restait, avant de ranger d'un geste posé ses copies et cours dans sa mallette. Ceci fait, il se décida enfin à décoller ses fesses du banc, lorgnant mieux son collègue qui, à chaque vue devenait de plus en plus impressionnant. Puis de nouveau cette envie. Ne lâchant pas le professeur Maka des yeux, Aiden fouilla sa veste avant d'en extirper une seconde cigarette. Il avait toujours été un gros fumeur, et ça ne serait pas demain la veille qu'il arrêterait aussi simplement. Allumant calmement celle-ci, il se décida à répondre à son collègue, qui devait bien attendre depuis un lustre déjà :


- En effet. Professeur Maka je suppose ? Vous n'êtes pas resté bien longtemps vous aussi, à ce pot. Je devrais vous remercier. J'ai pu me permettre de filer aussitôt après votre départ. Si je ne me trompe pas, vous n'aimez pas ce genre de choses vous aussi ?

Un ton posé, le brun s'était contenté de tirer une latte au clair de lune, sous le charme de cette nuit étoilée. Quel romantique ce coincé.

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«Les hommes font leur histoire, même s'ils ne savent pas l'histoire qu'ils font.»

Le grand homme avait ses yeux perçants braqués sur le jeune qui fumait sa cigarette. Ses traits n'étaient pas déplaisants quoiqu'un peu durs et froids. Il n'avait pas l'air non plus d'être un grand parleur, et ce, malgré le fait qu'il lui ai adressé la parole le premier. On avait donc du le pousser à le faire, s'il était aussi renfermé que ce qu'il laissait paraître. Par son Dieu par exemple. Quelque peu curieux, Aasir alla mentalement titiller le tigre qui se réveilla durement. Ce dernier ronchonna ouvertement dans l'esprit du kenyan, tandis que celui ci regardait attentivement l'autre professeur. Celui ci s'était figé, dans ses pensées. Il termina sa cigarette, l'écrasa sur le banc et la jeta dans le parc. Un mouvement qu'il aurait du éviter. Ce fut avec une voix calme mais néanmoins puissante que l'ancien champion de boxe le mit en garde :

-Je ne sais pas si cela est dans votre habitude, Professeur O'Farell, mais j'apprécierai que vous ne jetiez pas votre mégot dans l'herbe. Il y a des poubelles ici, vous pouvez l'y écraser et l'y jeter.

-Que tu es barbant, Aasir. Tu me réveilles simplement pour cet échange ?

La divinité était partie pour se rendormir. Aasir l'en empêcha et lui demanda alors de jeter un coup d’œil vers le jeune homme. Voir si elle arrivait à détecter son entité. Par simple curiosité. Durant ce temps là, le professeur d'histoire, lui semblait il, se ralluma une seconde cigarette. Aasir esperait que cette fois, il ne la jetterai pas n'importe où. Se répéter n'était pas dans ses habitudes, il avait horreur de ça. Ce ne fut que maintenant qu'il se décida de répondre a la question que lui avait posé son équipier.

-Non, en effet. La fête, ce n'est pas mon truc.

Il ne pouvait pas décemment tout lui dire. Qu'il savait à quoi servait la possession, qu'il approuvait, mais désapprouvait tout le fessier en culotte de cheval que l'on faisait autour. Il se contenta donc de dire cela. Dans le même temps, entre deux bâillements, le Tigre apprit à Aasir que la divinité de son interlocuteur était chinoise, mais qu'il n'en savait pas plus. S'ils avaient été étudiants, ils auraient été camarades de classes. Tel Bugs Bunny et Daffy Duck. Les coins de la bouche d'Aasir montèrent légerement au même moment ou l'éclairage public du dortoir décida de s'éteindre, plongeant l'ensemble du campus dans le noir complet.
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Le jeune prof se perdait dans ses pensées au fur et à mesure qu'il expirait sa fumée. Seule la voix grave et puissante de son collègue vint l'en déloger. Le lapin, bien plus rapide à la connexion que l'irlandais, sursautait intérieurement effrayé par la voix du professeur de sport.

-Je ne sais pas si cela est dans votre habitude, Professeur O'Farell, mais j'apprécierai que vous ne jetiez pas votre mégot dans l'herbe. Il y a des poubelles ici, vous pouvez l'y écraser et l'y jeter.

Oh. Il n'y avait tout bonnement pas prêté attention. Aiden c'était simple : cendrier si il y a tant mieux, sinon l'écologie peu pour sa poire, ça finissait parterre. Voyant le regard du colosse se poser sur lui, quelque peu insistant, l'irlandais esquissa un léger sourire avant de se lever, de saisir le mégot qu'il avait jeté sur l'herbe et de se diriger d'un pas calme vers la poubelle la plus proche. Lorgnant calmement son interlocuteur, le noiraud lâchait d'un geste bref son mégot dans la poubelle.


"Cela vous convient-il, professeur Maka ? L'idée m'avait échappée. Veuillez m'en excuser."
Un ton posé, Aiden ne s'était nullement senti agressé de la part de son interlocuteur et s'était exécuté platement, laissant une excuse au passage. Même avec son sale caractère, l'irlandais savait être quelque peu respectueux quand cela se faisait sentir. Se calant sur le côté du banc, il ne décrochait pas ses yeux de la voûte étoilée, tentant mentalement de calmer le lapin qui ne se sentait plus à son aise. Depuis que le professeur Maka avait posé son regard sur l'irlandais, le lapin était pris d'une soudaine frayeur, se terrant au plus profond de l'esprit d'Aiden. Agacé, celui-ci le questionnait mentalement :

"Qu'est-ce-qui ne vas pas, Bunny ? C'est sa divinité le souci ou encore sa voix ?"
Aiden ne voyait que deux solutions envisageables à la vue de la situation. Tout effrayait le lapin, mais là, rien ne s'y prêtait sauf son collègue. Donc CQDF, soit lui et sa grosse voix, soit sa divinité. Le lapin chouinait, entre deux mots avalés que c'était la divinité. Une  collègue de sa mythologie qui lui faisait peur. Soupirant longuement, l'irlandais avait écouté à demi-mot la réponse de son collègue trop centré à dire au lapin de se taire. Quelle plaie ce dieu.


-Non, en effet. La fête, ce n'est pas mon truc.
Sincérité ou bien ? Aiden décelait une once de doute. Il ne lui disait pas tout. Quoi, peur de le froisser ? Il préférait amplement la vérité.
"P-p-peut-être qu'il n'a p-p-pas envie de s'étendre là-d-d-dessus... Aiden."
Pourquoi fallait-il toujours que ce stupide plat sur pattes l'ouvre sur un sujet où d'office il serait inutile ? Dites-le lui ?

"Tais-toi Bunny."
Lâchait-il sèchement devant le professeur. Oups, tant pis. Après tout entre possédés, osef ? Expirant la fumée, Aiden regardait dès lors son interlocuteur, non gêné de la discussion qu'il venait d'avoir avec le lapin. Enfin, discussion, si on peut nommer ça ainsi.

"Je comprends bien. Dites-moi, quel est votre point de vue sur toute cette mascarade que met en place le Directeur, Professeur Maka ?"
Direct, franc. Aiden ne cachait pas son avis, et son aversion envers le Directeur et ses "conneries" comme il dit souvent. L'avis de son collègue l'importait un peu, voulant savoir quel type de personne il était réellement.
Bah un colosse ça s'voit pas ? OUT.

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