Ou : la fois où Hansel a pensé à démissionner si fort

Mary et Dr. Hansel

Dr. Hansel a écrit:

Un éternuement sonore se fit entendre, et le Docteur se rappela qu'elle devait vraiment parler à la fille d'Asclépios. La situation devenait intenable - hier seulement, il lui semblait que la gamine avait la peste.

Tous ses élèves étaient des cas sociaux, c'était la seule explication. Et pour être tout à fait honnête, les dieux n'étaient pas beaucoup mieux.
Pourquoi crois-tu que je les méprise tous ?
Les réponses fusèrent sous son crâne. Parce que Seth était un vieux croûton qui haïssait son frère pour un empire déjà mort il y a des milliers d'années. Parce qu'il avait un sérieux problème freudien avec sa famille. Parce qu'il était détestable, parce qu'il détestait tout le monde, parce que de toute façon tout le monde le détestait. Parce qu'honnêtement, ce type avait tant de sérieux problèmes psychiatriques qu'à moins de devenir une ermite couverte de dreadlocks dans une caverne avec sa chèvre, Hansel ne l'écouterait jamais.
Comme dans, jamais de toute sa vie.
Non, ma chérie. Parce qu'ils nous sont tous inférieurs.
Pas faux, fit une voix fluette dans sa tête, qu'elle chassa sans plus de palabre. Elle avait bien assez avec les pensées de l'autre tête de bouc.
المزرعة, la ferme, répondit-elle à la place.
Seth se manifestait de plus en plus et elle n'appréciait pas du tout cela. Non, pas du tout.
Mensonges, susurra le dieu d'un ton étrangement sensuel très dérangeant.

Bah. Elle avait des problèmes plus importants que la frustration sexuelle d'une momie. Sa prochaine patiente, par exemple. Elle relut - inutilement, puisqu'elle le connaissait déjà par coeur - son dossier :
"petit caractère bien à elle" "très gentille" "se défend" "très loyale" " impulsive" "problème de colère ?" "mensonges=> mythomanie légère ?"  -"dessine en cours => problème d'attention ?" "étrange faculté à aller à l'infirmerie le jour d'interrogations" "bonne entente avec son dieu"
Honnêtement, elle était loin d'être une priorité au niveau des rendez-vous. AU contraire, elle avait l'air de se faire plutôt bien à la vie du Pensionnat. Ou, tout du moins, elle n'avait pas encore essayé d'enfoncer son stylo bille dans la trachée de quelqu'un, ce qui était mieux que certains pensionnaires.
Tu te souviens de notre jeunesse ? Moi, possédant ton bras pour mettre une baffe à cette إمرأة قذرة ?
Moi, me faisant punir à ta place pendant que tu dormais dans notre tête.
Détails.
Pourquoi était-il si actif ce jour-ci, de toute façon ? Il n'avait guère d'intérêt pour les affaires mortelles en général, trop occupé à guetter le possédé d'Osiris et méditer des vengeances futiles, ou autres plans ridicules pour obtenir plus de dessert. Il n'y avait rien de spécial chez cette élève qui pourrait exhorter en lui tant d'agitation. À la limite, elle pouvait être excitée de rencontrer Asclépios - dieu de la Médecine - son dieu, en fait. Mais que pensait-il de la psychanalyse, la psychiatrie ? Il se pouvait qu'elles ne soient même pas de vraies disciplines à ses yeux - non, un dieu aussi ancien devrait être plus sage - c'était le dieu de la Médecine, enfin ! Quoique, son dieu à elle était assez bélître, cela ne signifiait donc rien.
Seth resta silencieux devant les interrogations de sa possédée (et son insulte aussi gratuite qu'injuste, estimait-il), confirmant la suspicion qu'il lui cachait quelque chose.

Mais aujourd'hui n'était pas le jour pour réfléchir aux préciosités de l'imbécile - et déjà, le Docteur pouvait voir sa patiente arriver sur l'écran.
Hansel rangea les papiers, se tourna, regarda à la fenêtre où les nuages bloquaient toute vue vers l'azur d'un air qu'elle espérait pensif. Elle attendit cinq secondes, puis elle lança, avant que son invitée aie eu le temps de cogner à la porte :
« Vous pouvez entrer, Miss Gaskhart.  »
Yaaass, quelle classe, chantonna-t-elle à l'intérieur sous l'approbation muette de Seth.

Mary et Dr. Hansel

Mary attendait sagement dans le couloir, devant le cabinet de la psychologue du Pensionnat. Elle se demandait encore pourquoi elle avait reçue une convocation, alors qu' Asclépios et elle s'entendaient très bien. Bien sûr, elle lui reprochait quelque fois de lui donner des maladies complètement dégoûtantes, et le Dieu n'aimait pas son impatience, ses mensonges aux professeurs ou aux adultes, et son habitude à s'emporter facilement. Mais ils se supportaient, même très bien. Asclépios l'avait aidé à remonté sa moyenne en biologie, et la rendait malade parfois, quand elle n'avait pas envie d'aller en cours.
" Que de compliments, ma chère Mary-Malaria! S'écria le Dieu, plein de satisfaction. Qu'ai-je fait pour mériter cela?"
"Heu..., la jeune fille chercha une raison et la trouva presque tout de suite. J'ai eu 17 en bio, grâce à toi!"
Un grognement insatisfait se fit entendre, le Dieu de la Médecine ne semblait pas la croire.
"Enfin, si tu ne veux pas avouer que tu m'aimes bien..., dit-il d'un ton malicieux."
"Mais bien sûr que je t'aimes bien! S'emporta la jeune fille. Comparé aux autres dieux, tu es génial, tu n'a jamais voulu me posséder toi!"
"Reconnais-le ma très chère Mary-Malaria, tu m'aimes, susurra Asclèpios d'un ton mielleux"
- Et bien oui, je t'aimes, voilà! Tu es comme un oncle, donc je t'aimes, t'es content?  
"Haha, je t'ai fait avouer!"
"Tu l'as fait exprès, Asc'! Se plaignit Mary d'une voix boudeuse. Tu savais que j'allais dire ça!"
"Oui, je le savais, confessa le Dieu en rigolant, mais te l'entendre dire, une fois de temps en temps, ça fait chaud au cœur ma chère Mary-Malaria. Même si c'est sous le coup de la colère."
- Pff, fit la jeune fille, mi amusée, mi énervée.
Elle allait toqué à la porte, quand elle entendit une voix s'élevait du cabinet:
« Vous pouvez entrer, Miss Gaskhart.  »
Mary ouvrit la porte, et soupira en pensant à la séance qui allait commencer.

HRPG:

Mary et Dr. Hansel

Tout d'abord, il fallait préciser que la Docteur était profondément déçue.
Elle avait prédit l'arrivée de l'enfant avant qu'elle ne frappe et elle l'avait appelée juste alors qu'elle s'apprêtait à toquer ! Cela méritait un peu d'appréhension, non ? Un léger air impressionné tout du moins ? Hansel était même prête à se contenter de surprise. Qu'avaient tous ces élèves pour que nul ne soit plus désarçonné que cela ?
Le silence sardonique de Seth suffit à le lui rappeler. Ces élèves étaient dans un pensionnat surnaturel, sous la coupe d'un directeur aux motivations douteuses, possédés par des dieux depuis longtemps déchus.
Cette gamine avait la peste comme certains ont une écharpe.
Pas étonnant qu'elle garde hardiment son menton levé et son regard plongé dans les yeux de son aîné.

« Bonjour, Miss Gaskhart, commença-t-elle du ton le plus calme et maîtrisé qu'elle pût trouver, avant de rajouter précipitamment avec une voix notablement moins adulte et plus admirative : et bienvenue à vous, Asclépios. »

Une partie d'elle se rappela qu'elle était une psychologue très professionnelle, respectable et supposée rester en position de pouvoir tel une main de fer dans un gant de velours. Cela ne l'empêcha pas de prendre doucement la main de l'enveloppe charnelle d'Asclépios - euh, de Mary - et de lui faire un sourire à mille volts :

« Je suis une grande fan. Je veux dire, je suis docteur donc c'est évident que- j'adore votre travail, vraiment, et si vous en avez le temps et l'envie un de ces jours, ce serait un honneur, un privilège, pour moi, de pouvoir discuter avec vous de, vous savez, votre avis sur les avancées modernes de la médecine, la psychiatrie... Hmmm. Oui, un plaisir de vous rencontrer. Grande grande fan. Uh. Euh. Bref.  »

... La gosse n'est pas ici pour que tu te comporte comme la  groupie prépubère d'un chanteur des One Direction, gronda Seth avec dédain.
De un, comment connais-tu seulement les One Direction ? Tu es dieu millénaire, face de chacal. Tu désacralise toutes les illusions que j'eusse pu avoir à ton égard. (Hansel aimait utiliser du subjonctif plus-que-parfait dans la vie courante pour rappeler qu'elle avait un doctorat. Comme si quiconque pouvait l'oublier quand elle le rappelait deux fois par semaine.) De deux, il faut arrêter d'insulter les adolescentes comme cela, on ne fait que refuser leurs opinions et leurs goûts sous le prétexte de- Oh. Seth ne l'écoutait déjà plus, trop occupé à taire ses pensées pour qu'elle ne puisse savoir ce qu'il mijotait.
Parfois, c'était un avantage d'avoir un dieu fourbe et calculateur qui se moquait éperdument des problèmes des mortels dans son cheminement pour devenir le roi des dieux - ou bien simplement assassiner Osiris dans son sommeil, qui sait ?
La plupart du temps, elle aurait tué pour être possédée par Asclépios. C'eût été bien plus logique. Et puis, avec toute cette connaissance, tout ce talent médicinal... La Salle avait forcément dû faire une erreur. Stupide Salle.

« Veuillez vous asseoir, Miss Gaskhart.  » Elle tenta de sonner professionnelle et adulte pour regagner un peu de sa dignité - effort à présent inutile. D'autant plus qu'elle tenait encore la main de Mary dans la sienne, ce qui la força à se dégager doucement pour marcher d'un pas rigide jusqu'à son fauteuil. Elle remonta ses lunettes sur son nez - d'un signe de main, invita la patiente à prendre place sur le sofa de velours rouge, courtoisie du directeur, aussi superfétatoire que cliché.

« Alors. Pourquoi pensez-vous être ici aujourd'hui ?  »

Spoiler:

Mary et Dr. Hansel

 


Mary entra dans le cabinet de la psychologue, un air légèrement méprisant sur ses traits. Alors c'était ça, la psychologue de ce lycée? Elle ressemblait à n'importe quelle jeune femme, et son cabinet était le pur cliché du cabinet de psychologue: même le sofa rouge était là pour parfaire le tableau.

"Déçue? Lui demanda Asclépios en sondant ses pensées."

"Un peu, reconnut-elle. Disons que je m'attendais... à pire. Quelque chose à l'image de cet endroit, je ne sais, une salle de torture peut-être... Mais non, tout est normal ici."

« Bonjour, Miss Gaskhart,et bienvenue à vous, Asclépios. »

On sentait l'admiration dans sa voix lorsque la Docteur s'adressa à Asclépios. Mais la situation prit une tournure vraiment étrange quand celle-ci prit la main de Mary. Mais qu'est-ce qu'il lui prenait, tout d'un coup? La jeune fille n'écoutait déjà plus la Docteur, qui débitait un monologue d'éloges à l'adresse d'Asclépios. Oh, bien sûr, Mary avait l'habitude. Les professeurs de l’établissement étaient tous au courant pour la possession, et ses profs de bio n'avaient pas tari d'éloges sur le travail du Dieu. C'est bien simple, elle avait entendu des congratulations exprimés par des centaines de mots différents au cour de ses années au Pensionnat.

"Encore une de tes fans, je suppose, fit-elle à l'adresse du Dieu.

"Oui, c'est bien ce qu'il me semble, très chère Mary-Malaria."

"Et blablablah... quel ennui, soupira-t-elle. Je pensais être venue voir une psychologue, pas une groupie hystérique de ton travail Asc'."

"Voyons, Mary-Malaria, montre du respect envers tes ainés, veux-tu? la gronda Asclépios."

"Respect? Tu rêves!"

Enfin! La psychologue avait finis de parler, et elle avait même retrouvé son calme, et Mary sa main. Elle l'invita -enfin, lui ordonna- de s'asseoir sur le véritable cliché des psychologues qu'était son sofa rouge.

« Alors. Pourquoi pensez-vous être ici aujourd'hui ?  »

Et la séance commença, d'un ennui plus mortel qu'une épidémie de peste noire pour Mary. Pourquoi était-elle ici? Plusieurs réponses s'offraient à la jeune fille. D'abords, elle avait reçu une convocation, ce qui sous-entendait que si elle ne l'honorait pas, elle serait bonne pour une, ou plusieurs, heure de colle. Et franchement, Mary avait d'autres choses à faire que de rester coincée dans une salle de classe pour une éternité. Donc ce Mary dit tout simplement la vérité à la psychologue, sans faire attention à Asclépios qui la mettait en garde contre les impertinences.

-Mais parce que je n'ai pas le choix.