Aël ouvrit les yeux pour les refermer aussitôt. Qui avait eu l'idée de mettre une lumière aussi forte et blanche dans une pièce où des gens allaient se réveiller ? Car l'odeur chimique lui parvenant ne trompait pas, elle était dans l'infirmerie. Mais maintenant qu'elle était consciente, la lumière s'infiltrait sournoisement sous ses paupières, dessinant un réseau rouge de veine et de peau. Elle était plus ou moins intacte puisque elle pouvait bouger, elle se mit d'ailleurs sur le coté, refermée sur elle même, la tête contre les genou. Voilà qui était mieux...
« Enfin éveillée ? Tu ne devrai pas faire ça, c'est mauvais pour ton dos petit chat »
Une voix... Surnaturellement douce. Aël releva la tête et regarda autour d'elle, se frotta naïvement les yeux. Personne. Elle prit peur, se releva, un peu vacillante, constatant avec satisfaction et surprise qu'on lui avait laissé ses vêtements, une longue jupe bleue et un chemisier noir, elle ne devait donc pas dormir depuis longtemps. Elle récupéra ses lunettes pliées sur la table de nuit et fit rapidement le tour de la pièce, plutôt dépourvu d'endroits ou se cacher, entièrement immaculée et imprégnée d'odeur de désinfectant. Elle retourna s’asseoir sur le lit, regarda dessous, machinalement. Elle savait qu'il n'y aurai personne. Elle le savait, mais l’admettre... Possession. Elle ne voulais pas vraiment y croire, froidement rationnelle qu'elle était. Elle ferma les yeux en se laissant tomber sur le matelas.
« Heu... Bonjour ? Je m'appelle Aël et... »
Elle s’arrêta un instant dans sa pensée, il serait plus approprié de vouvoyer un dieu, même mentalement non ? Elle repris donc « Et vous ? »
Elle eu l'impression curieuse et légèrement agaçante d'entendre un petit rire dans sa tête. Pas vraiment moqueur, plus amusé et doux. Toujours cette douceur, c'est ce qui acheva de convaincre la petite brune que ce qu'elle avait dans la tête n'était pas humain, tant de douceur, de bonté, c'était réellement divin. Elle supposa qu'elle était bien tombé vu certain dieux des mythologie qu'elle avait étudié.
« Je m'appelle Brigid, tu peut me tutoyer si tu veux... Ça ne sert à rien d'essayer de t'adresser spécifiquement à moi, j’entends toute tes pensées. Mais si ça peut t'aider de continuer de le faire, ça ne me dérange pas... Je m'en voudrai si tu devenais folle petit chat. »
La déesse avait dit ça sur se qui allait devenir l'habituel ton de sa voix, douce et calme, mais ça la fit frissonner... Folle. Elle enroula un bracelet autour de son index... Folle.
« Je suis désolé petite ! Je ne voulais pas t'effrayer ! Ça ira d'accord ? Je te protégerai ! Je ne voulais pas de faire de mal ! Tout va bien, tu vas voir ! »
« D'accord, d'accord, je te crois sur paroles... »
Elle se demanda pourquoi cette déesse, cette créature mythique tenait autant à son bien être... Et pourquoi elle paniquait pour une simple interrogation...
« C'est parce que je suis la déesse de la guérison, je ne veut pas que les gens aillent mal ! S'il te plaît, s'il te plaît, va bien d'accord ? » La voix était toujours aussi douce mais un peu affolé, hystérique, elle avait cette inflexion absolue, divine : Aël irait bien.
« O...okay » Bafouilla-t-elle mentalement.
Il y eu un instant de flottement ou elle se contenta de faire errer son regard le long d'une fissure au plafond.
« Tu parle ma langue ? Je te comprend, je t’entend même mais ta voix est... étrange »
C'est en tout cas ce qu'elle adressa à la déesse mais ce que Brigid compris fut « étrangement douce » mais elle décida de la laissait tranquille et faire comme si elle n'entendait que ce qui lui était adressé, pour le moment.
« Non, je parle un ancien dialecte celtique mais les pensées n'ont pas vraiment besoin de langue tu sais. » Répondit elle en anticipant la prochaine question.
« Ah, Aël, je m'appelle Brigid »
La jeune fille hocha la tête puis rougit. Elle n'avait même pas pensé à demandait le nom de la personne qui allait partager son esprit... Il n'y avait personne dans la pièce, il ne servait à rien de hocher la tête, il fallait qu'elle s'exprime en pensée maintenant.
On la guida vers un nouvel étage, on l'assigna à une chambre bleu et blanche, plutôt impersonnelle et qui allait plus ou moins le rester. Un lit en hauteur, un bureau où trônait un ordinateur, un armoire et un fauteuil dans un coin.
Elle déposa ses vêtement dans l’étagère, les piles étaient bancale, mais elle détestait plier ses vêtements, donc ils resteraient comme ça, elle classa en revanche amoureusement ses livres, caressant distraitement les plus cornés, promettant aux plus neuf un sort identique. Elle sourit, ça y est, elle était chez elle.
« Woh, je suis un peu triste, ça manque de couleur... Dis... tu voudrais pas mettre une plante dans un coin ? Ça a beaucoup de vertus tu sais ? » La déesse commença à épiloguer sur les propriétés comparées de la racine de guimauve et de moutarde en cataplasme pour guérir la bronchite du nourrisson.
« Je... Oui... je suppose. » Elle n'était pas vraiment enthousiaste à l'idée de s'ocupper d'une plante mais elle supposa qu'elle devrait être gentille, et faire ce que lui disait la déesse. Elle jeta un œil à ses livres, leurs promettant une retrouvaille prochaine. Elle descendit l'escalier, traversa des couloirs , sachant pertinemment qu'elle allait le regretter quand elle allait devoir retrouver sa chambre, mais elle s'en voudrai de se brouiller avec quelqu'un qui vivait dans sa tête, et qui était a plus forte raison une déesse.
« Ne t’inquiète pas petit chat, je ne me vexe pas facilement »
Je préfère tout de même te mettre dans de bonne disposition envers moi...  La pensé était fugace, ne lui était pas adressé mais la déesse eu une sorte de sourire. Elle était gentille cette petite après tout, même si elle le cachait très bien.
Elle s’enfonça dans le parc, pesta contre le vent qui poussait ses cheveux devant ses yeux et avisa un massifs de fleurs à l'écart, elle scruta les alentours et déterra une petite pensée blanche, un peu fanée. Elle sentit la déesse grandir en elle, la terre, les plantes, guérir, elle connaissait ça, à travers Brigid, le travail de la terre, la lente pousse des plantes déployant peu à peu leurs feuilles sous les yeux de la déesse, immobile et immortelle. Aël jeta un regard sur ses main brunies et ressentit presque physiquement le fait que maintenant, plus rien ne serai comme avant. Elle secoua la tête, elle allait laisser couler, ce n'est pas comme si elle avait le choix de toute façon. Elle se demanda si ça plaisait à Brigid de posséder quelqu'un, elle supposai que non, elle n'avait pas du choisir de s'imposer si brusquement, elle qui était douceur, mais la déesse resta silencieuse, même si elle entendait les pensées de la jeune fille. Elle mit la plante dans sa poche, enserrant toujours la petite motte de terre dans son poing. Elle retrouva le bon étage, se perdit un peu dans les couloirs silencieux et vides, retrouva enfin sa porte, mit la plante dans une demi-bouteille d'eau puis la plaça sur le rebord de la fenêtre. Elle pris le livre le plus corné, un vieux recueil de poésie et s’endormit blottit sur son fauteuil, bercée par la déesse qui chatonnait sur le fait qu'elle allait finir par se casser le dos à être toujours dans cette position.
Elle s’éveilla et entama sa première journée de cours avec la préscence de Brigid, qui ne cessait de jacasser doucement, et elle ne sut si elle devait être agacée ou amusée tant la déesse semblait être son contraire.

Elle était assise en tailleur sur un banc, lisant à l'ombre fraîche d'un platane du parc, elle avait découvert que beaucoup de gens faisait ça ici, et Brigid voulait toujours être dehors... Ça faisait peu de temps qu'elles étaient ensemble et elle demeurait neutre à propos de la possession... Ça avait des bon et des mauvais coté... Elle se demanda si sa mère verrai la différence à leur prochaine entrevue... Via une webcam bien entendu.
La déesse avait essayé de parler de ses parents à Aël une fois, mais elle s'était sèchement vu répondre que cela ne la concernait en aucun point. Ce qui était vain puisqu'elle avait accès à son esprit mais la déesse n'avait pas insisté... Pour le moment... Mais elle guérirais cette fille que ça lui prenne dix ans ou une vie entière.
Elle se concentra sur ce qu'elle pouvait percevoir du monde par le biais d'Aël. Des gens, inintéressant pour la plupart, pouvant potentiellement la blesser, donc qu'elle devait tenir à distance, puis elle prit un peu plus de place, l'esprit de la jeune brune était ailleurs quand elle lisait, et elle imposa sa vision du monde. Des gens avec des failles à guérir. Des gens qui souffrait. Des gens avec des dieux. Elle voyait les déesse comme une sorte de deuxième squelette, comme un réseau de veine arachnéen, plus ou moins étendu, plus ou moins mouvant... Et des gens blessés, encore et encore. Elle se leva, fit tomber le livre de genoux frêle d'Aël, elle se dressa de la faible hauteur de la jeune fille, faisant craquer les vertébrés habituées à être recourbées, comprimées. Elle avait l'impression de faire danser un pantin, de manipuler une personne inconsciente, sauf que cette personne, ce pantin, c'était elle même non ? Elle tendit le bras pour toucher un passant, pour le guérir... Elle fut chassée, Aël courrai, courrai, courrai, elle finit la course à bout de source, ne pouvant retenir les larmes qu'elle laissait sans rien faire sillonner ses joues, rougissant la peau diaphane. C’était la première fois que Brigid la voyait pleurer et c'était de sa faute.
« Arrête s'il te plaît... Tu me fait mal... Part » Même ses pensées étaient hachées, douloureuses. Brigid se retira le plus loin possible, elle aussi pleurant, perdue dans les méandres de l'esprit de Aël. Alors, elle ne pourrait plus guérir ? Plus voir le visage heureux de la mère d'un nourrisson en bonne santé ? Mais ses pouvoirs étaient là pourtant, fourmillant aux bout des doigts inconscients de la jeune fille, Aël pouvait s'en servir. Aël pouvait s'en servir !
Elle ne voulait pas blesser Aël, s'était donc la jeune fille, son petit chat qui allait guérir ! Mais il fallait qu'elle aille mieux d'abord. La déesse jeta un œil dans l'esprit de la jeune fille, plus de surprise et d’incompréhension que de peur, plus de douleur que de dommage, un mal de tête lancinant lui lacérant l'intérieur des tempes. La déesse le balaya d'un mouvement de tête, aucune migraine n'avait le droit d'importuner l'humaine, son petit chat ! Elle savait qu'il ne servait à rien de se répandre en excuses avec elle, il valait mieux laisser le temps couler et peut être la bercer en chantonnant doucement.