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Mama, just killed a flower
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 :: Annexes :: ◄ Le Parc
MessageSujet: Mama, just killed a flower Mama, just killed a flower EmptyJeu 16 Avr - 23:45
Mama, just killed a flower - ft. Ashton H. Gray
Ce n’était sans doute qu’un jour comme les autres. Un de ces jours d’un ennui mortel. Un de ces jours où les cours magistraux s’enchaînent, longs, chiants… Encore de ces cours sur des livres dont Gyula ne connaissait que les titres et qu’il avait très rapidement abandonné dans son bureau. Ils devaient maintenant avoir une certaine couche de poussière sur leur couverture, mais tant pis, ce n’était pas aujourd’hui qu’il prendrait le temps de les sortir et encore de les lire ! Il trouverait bien un résumé sur internet ou même le travail de quelqu’un qui l’aurait mis en ligne. Il y avait tant de solutions ! Tellement qu’il n’avait même pas envie de suivre les cours. Freyr était mitigé quant à la décision de son hôte, il savait l’importance des cours mais il admettait volontiers que les cours étaient ennuyants surtout comparé aux longues promenades que faisait le Norvégien. C’était donc comme à son habitude qu’il avait quitté le pensionnat tôt dans la matinée et était partie se promener dans les plaines et champs aux alentours du pensionnat. Il avait déjà bien pris ses repères à présent et s’éloignait chaque jour un peu plus se faisant de longs treks qui pouvaient durer toute une journée. Il ne manquait de rien, son sac à dos étant assez rempli en tout ce qui pouvait être nécessaire pendant ses promenades.
Les alentours de l’école étaient splendides, jamais il n’avait imaginé que la campagne irlandaise pût être encore plus belle que sur les photos ! Il marchait, oubliant ses problèmes malgré la présence et la voix constante du Vane qui ne pouvait pas s’empêcher de commenter les lieux, la nature et la présence exceptionnel du soleil. C’était son œuvre et il n’en était pas peu fier. L’étudiant ignora ses remarques, à chaque fois qu’il sortait c’était le même discours qui durait des heures et des heures, ou du moins c’est l’impression que ça lui donnait. Il se concentrait tant bien que mal sur la musique que diffusait ses écouteurs et sur le chemin qu’il devait emprunter. Il sortit du sentier et s’engagea dans une zone qu’il n’avait pas encore pris le temps d’explorer. Il se prit les pieds dans quelques branches et perdit bêtement son équilibre de temps à autres sous les railleries de sa divinité solaire. Il s’en fichait, après tout, c’étaient des choses qui arrivaient surtout dans des chemins aussi broussailleux et gadoueux que celui-ci.

C’est sur un énorme rocher que le jeune homme fit sa pause déjeuner, savourant un sandwich, quelques chips et surtout des salmiakki, une spécialité nordique dont il raffolait. Il s’hydrata bien et profita un moment de la vue avant de reprendre sa route. Ce n’était que dans ces moments qu’il se sentait particulièrement léger, qu’il se sentait bien. Il n’y avait pas toute l’atmosphère oppressante d’Immortalia, il sentait moins la crainte de tout, la crainte pour sa propre vie, la crainte que son secret, leur secret, soit découvert. Chaque inspiration lui donnait l’impression de se purifier, de retrouver des sensations qu’il avait abandonné une fois l’immense portail de l’école franchi. Il s’arrêta un instant observa le ciel, les oiseaux changeaient de direction, s’agitant alors que le bleu qui s’étendait au-dessus de leur tête disparaissait peu à peu derrière une couche de nuages noirs.


« Avais-tu prévu ça ?
- … Et toi ?

Un soupir lui échappa, il regarda rapidement autour de lui, mais comme il s’y attendait, il s’était bien trop éloigné pour pouvoir espérer rentrer vite avant l’averse qui s’annonçait. Il ne devait pas renoncer pour autant et entreprit de rentrer aussi vite que possible, faisant de grandes enjambées et tentant des chemins qui lui semblaient être des raccourcis. Il réussit à parcourir près de la moitié de son trajet de retour quand la pluie s’abattit sur la prairie. Les gouttes étaient grosses et dignes de grêlons quand le vent les accompagnait puissamment. Gyula dût se replier sur lui-même à certains moments sans pour autant s’arrêter de marcher, il devait continuer, ne surtout pas s’arrêter, atteindre l’endroit qu’il détestait tant à tout prix, pour être sauf. Une étable aurait pu faire l’affaire, mais il n’était pas idiot, il n’en avait pas croisé sur son chemin, à moins de se perdre, il n’avait aucune chance d’en trouver une. Ses cheveux et ses vêtements collaient contre sa peau, il glissait plus souvent sur les pentes, se retrouvant avec de la gadoue plein les bottes et les vêtements. Un de ses pieds se retrouva même coincé dans la boue et il tomba, se mettant couvrant davantage de boue. Il ne perdit pas de temps et se releva tant bien que mal après quelques échecs et reprit sa marche comme si de rien était. Il ne pestait pas. Pas cette fois. Même Freyr gardait le silence comme pour le laisser se concentrer.
La pluie cessa alors qu’il commençait à voir le pensionnat au loin. Il haletait, grelottait mais continuait de marcher, il devait se dépêcher pour se laver et se changer le tout sans attirer l’attention des pions… C’était un sacré défi mais il était prêt à le relever. Qu’avait-il de mieux à faire après tout ? Aller en cours ? Dans son état, ce n’était même pas concevable !
Il prit le temps d’essorer sa veste noire et ses cheveux, ce n’est qu’à cet instant qu’il se mit à râler : ses cheveux allaient se mettre à onduler, c’était désagréable de marcher dans des vêtements trempés et d’entendre le bruit de ses chaussures détrempées qui lui donnait l’impression de marcher dans une bouse infinie. Il en avait marre de frissonner, lui qui n’était pas frileux devait à présent supporter les spasmes de son corps. Il avait gardé sa veste sur son épaule, ses bras nus pouvant mieux sécher et la sensation était aussi moins désagréable.

Une fois arrivé au niveau de l’entrée, il passa une main dans ses cheveux qui avaient déjà bien séchés et ondulés avec le retour du soleil. Il soupira puis inspecta les alentours, il valait mieux être le plus discret possible, éviter tout membre du personnel et même élèves. Il se faufila par un de ses chemins habituels qu’il savait à l’abri des regards et alors qu’il s’approchait du dortoir, il s’arrêta pour contempler une partie du parc qu’il pouvait voir de là où il se tenait. Les rayons de soleil donnèrent un aspect magique à la nature environnante, aux gouttes qui perlaient sur la végétation.

- Ne traine pas trop, ce serait fâcheux que tu tombes malade !
- Oui, oui… j’sais. juste… un instant…

Le soupir de Freyr accompagna le couinement des bottes de son hôte. Malgré sa tenue débraillée, sa peau parsemée de gadoue sèche, il s’approcha du parc, faisant tout de même attention à ne pas croiser trop de monde. Ses yeux dorés par les rayons de soleil se posèrent sur un buisson en fleur, il marcha sur la pelouse abîmée par l’averse et s’approcha dudit buisson. Il inspecta les feuilles et les fleurs qui semblaient mal en point, peut-être dû à une maladie, mais il n’était pas totalement sûr de ça. Ce n’est qu’après une inspection des parages qu’il se rendit compte de sa terrible erreur. Sa poitrine se serra alors qu’il leva son pied et constata les dégâts. Il avait été tellement préoccupé par le buisson et au fait de rester à l’écart des regards indésirés et curieux qu’il n’avait pas fait attention au parterre fleuri sur lequel il venait de marcher.

- Fæn… »
Gyula Eriksen
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MessageSujet: Re: Mama, just killed a flower Mama, just killed a flower EmptyDim 19 Avr - 22:15



Mama, just killed a flowerft. gyula eriksen
Mes yeux tombent sur la scène et je tressaille. A cause de la vue de mes fleurs écrasées, ou à cause de l’identité de la personne qui a commis ce crime ?

***

La journée avait bien commencé, jusqu’à cette tempête de tous les diables. Je n’avais pas prévu ça, et j’avais tout simplement oublié de regarder la météo. Artémis, riant de moi alors que je fuyais la pluie, tombant à grosses gouttes dans une cacophonie digne d’un orchestre débutant, ne faisait que noircir mon humeur, déjà mise à dure épreuve par l’averse, ruinant mes projets de l’après-midi. J’avais quand même l’espoir que la pluie s’arrête rapidement, on était dans ces périodes étranges où on pouvait se prendre le déluge dans la gueule sans s’y attendre, et revoir le Soleil une petite heure plus tard.

De retour dans mon logement, je pestais contre les nuages gris qui avaient assombri si vite le ciel. J’avais à peine eu le temps de couvrir le potager d’une bâche, de même que les plantes que j’étais en train de repiquer. Bon, c’était déjà ça de fait. J’ai jeté un coup d’œil dans le miroir. L’eau gouttait de mes cheveux dorés, un peu aplatis à cause de la pluie mais carrément en bataille à cause du vent qui soufflait en rafale. J’ai décidé de prendre une douche rapide, et le temps que je finisse de me sécher et d’enfiler des vêtements secs, la pluie avait cessé. Un sourire est apparu sur mes lèvres : la besogne pouvait reprendre. Artémis m’a demandée, réellement intriguée, si je comptais vraiment sortir et aller patauger dans la boue, alors que je pouvais juste me reposer le reste de la journée. « Just call it a day. » Elle n’a pas tort, mais je voulais vraiment retourner voir l’état des jardins, et essayer de finir la tâche que j’avais entamée.

’Fais ce que tu veux. Moi, je me repose.’
’Ah bah putain, enfin la paix !’

Je cherchais vraiment les ennuis. Artémis m’a engueulé pendant quelques minutes, alors que je me coupais une pomme puis que je la dégustais, debout devant ma fenêtre. Une fois calmée, elle est retombée dans le silence et j’ai enfin souri. Encore un peu, et j’allais avoir un stupide mal de tête, difficile à faire retomber avec un seul comprimé de paracétamol.

J’ai enfilé la veste, désignée pour le jardinage car déjà constellée de traces de terre, et je ne me suis pas précipité pour rejoindre le jardin. Cette nonchalance qui m’habite m’a permis d’arriver au meilleur moment, comme l’entrée d’un personnage sur la scène du théâtre. Le hasard existe-t-il ? Comment savoir si les événements de la vie sont chronométrés par un metteur en scène sans visage, jouant avec le temps, jouant avec les gens, souriant dans l’ombre et ricanant avec malice ?

Je suis donc arrivé dans le jardin, j’ai d’abord voulu faire un tour, comme j’aimais le faire à chaque fois que je sortais. Si j’étais allé directement voir le petit coin de terre où j’étais en train de planter les pousses, je ne l’aurais peut-être pas croisé, je ne l’aurais peut-être pas vu. J’aurais pu continuer de l’éviter, faire semblant de ne pas le voir, déglutir avec difficulté et effacer de mon esprit notre rencontre au sommet de la colline. Honteux. Tout simplement honteux. Mais j’ai voulu faire mon stupide tour.

***

Je tressaille. Mon premier réflexe est de tourner les talons, mais le destin perdu de mes pauvres fleurs m’en empêche. Un léger soupir m’échappe, je me retourne et je le regarde. Exactement comme dans mes souvenirs, la boue en plus, les larmes en moins. Je ne sais pas comment me comporter face à lui, je me sens carrément bancal. Artémis ne dit rien, elle tient parole, ça me rassure presque. Elle ne l’a pas apprécié, la dernière fois. Les mains dans les poches de ma veste, l’humidité semble d’infiltrer sous mes vêtements. Il est de dos à moi, il ne m’a sans doute pas vu. Un bon point pour moi, j’aurai l’avantage de la surprise. A cette pensée, je me rends compte que je suis dans l’optique d’un conflit. Je me braque tout de suite, je m’en sens presque honteux, je me dis que je fais un peu pitié, mais en baissant les yeux sur les p’tites fleurs écrasées sous ses rangers, je me dis que l’affrontement s’est offert à moi, qu’il est inévitable.

Je me râcle la gorge, relevant la tête pour planter mon regard dans ses yeux alors qu’il se retourne.

« Gyula, bonjour ! »

Mon ton est enjoué, mon sourire agréable. Les rayons de Soleil se reflètent sur mes cheveux, bordel je dois être beau, non ? Artémis ne dit rien. Elle est vraiment en mode off. J’enchaîne.

« J’vois que tu t’es pris l’averse. C’est par rage que t’as décidé de piétiner le parterre de fleurs ? »

Je le regarde. Un frémissement me parcourt. J’empêche les souvenirs de revenir, je ne veux plus ressentir cette putain de faiblesse.
Ashton H. Gray
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MessageSujet: Re: Mama, just killed a flower Mama, just killed a flower EmptyJeu 23 Avr - 14:53
Mama, just killed a flower - ft. Ashton H. Gray
Le raclement de gorge fit sursauter Gyula qui manqua de glisser à nouveau en faisant volte-face. Ses yeux s’ouvrirent en grand et ses lèvres s’entrouvrirent en constatant qui lui faisait face. Sa poitrine se serra. C’était la dernière personne qui souhaitait voir. Freyr ne pût retenir une remarque sur un ton triomphant quant au fait qu’il aurait dû l’écouter, encore une fois puisqu’il était toujours de bon conseil et que son humain ne l’écoutait que trop peu. Ce dernier n’y prêta pas attention, trop déconcerté par cette rencontre. Il avait l’impression de devoir lutter pour rester debout, comme si ses jambes étaient prêtes à rompre sous son poids, ou le poids du choc. Il referma ses lèvres, les pinçant un peu, et, après un court instant, prit la peine de regarder autour du jardinier pour vérifier s’ils étaient seuls. Son karma était si mauvais que ça ? Qu’avait-il fait dans sa vie antérieure pour mériter tout ça ?
Ashton rayonnait. Littéralement. Il avait ce grand sourire qu’il lui connaissait, cet air presque amical, ses cheveux ressemblaient à de l’or avec les rayons de soleil qui s’y reflétaient. Il avait tout des héros antiques dont la beauté était souvent égale à celle des dieux, ou du moins c’est l’image que se faisait le Norvégien, encore une fois. Certes, sa tenue n’allait pas avec l’idée, mais visage et sa posture faisaient beaucoup.

« Il n’est pas digne des héros. Cesse de le mettre sur un piédestal.

Le Vane n’avait pas tort, il devait arrêter de se faire des idées stupides comme ça. Il devait arrêter d’être troublé pour des choses aussi futiles.
A la remarque du blond, il passa ses mains çà et là comme pour tenter de retirer la boue de sa peau et de ses vêtements, en vain. Il serra les dents à la question, baissant son regard sur le parterre de fleurs et grimaça un peu avant de soupirer. Ses yeux à l’aspect doré par le soleil se reposèrent sur son interlocuteur. Il le contempla. Aucun mot ne semblait vouloir s’échapper de sa bouche, il n’essaya même pas de faire un effort. Il craignait beaucoup de choses. Les remarques sur leur précédente rencontre, les moqueries, les jugements, le chantage, la pitié… Tout était possible. Il se battrait s’il le fallait, mais il n’osait pas faire le premier pas. C’était surtout ça qu’il redoutait plus que les remontrances par rapport à sa destruction de plantes. Lui-même s’en voulait et ferait de son mieux pour arranger ça. Mais comment arranger une situation passée ? Une relation humaine ? Il rêvait d’avoir le don de faire oublier ou juste d’oublier ce qu’il voulait. Les événements de la colline auraient été les premiers souvenirs qu’il aurait effacés.
Il lui fallut un moment avant de se rendre compte de la situation. Il était là, droit comme un piquet à dévisager le jardinier qu’il avait fait attention d’éviter et qui attendait vraisemblablement une réponse de sa part. Il baissa finalement le regard, comme pour se ressaisir et prit une profonde inspiration.

- … S’lut… D’solé pour les fleurs… J’les avais pas vues…

Il les regarda et constata les dégâts supplémentaires qu’il avait causé en se retournant. Il leva un pied puis l’autre comme pour vérifier de l’état des plantes gadoueuses et écrasées qui se trouvaient en dessous, lui arrachant une petite moue désolée. Ca lui faisait de la peine de les avoir autant malmenées, il avait toujours été sensible à cela. Il s’excusa auprès de son dieu, de ses dieux, de la Nature, aussi. Lui qui avait toujours été soigneux avec elle, il avait brutalement achevé des pauvres fleurs innocentes. Il fit quelques enjambées sur la pointe des pieds pour quitter le parterre sans faire trop de dégâts, il manqua de glisser à nouveau mais reprit tant bien que mal son équilibre. Malheureusement, la distance entre Ashton et lui venait de se réduire et il fit un pas sur le côté pour en rétablir une plus… Supportable.

- J’peux en r’planter pour compenser ? Hum… Elles sont pas récupérables, là, alors… Hm… Faudrait les r’planter… Enfin. C’ton boulot, hein, j’dis juste ça comme ça !

Il fronça instinctivement les sourcils, reprenant une expression dure et froide comme au début de leur première rencontre. C’était un automatisme, une sorte de protection qu’il avait. Ses poings s’étaient serrés plus pour se ressaisir que parce qu’il était énervé, se rendant compte de son geste, il détendit ses doigts avant d’en pointer un en direction des buissons.

- Ils sont malades. ‘Faudrait qu’tu les soignes… C’pour ça qu’j’étais là.
- Il serait préférable que tu t’en occupes, tu saurais sans doute mieux y faire, surtout avec mes merveilleux conseils !~
- C’son métier, pas l’mien…

Un grommellement lui échappa suivi d’un soupir. A croire que Freyr savait l’agacer aux pires moments. Il passa nerveusement une main dans ses cheveux bruns puis sur sa nuque. Ses jambes ne semblaient pas vouloir lui obéir alors que sa tête ne cessait de crier de fuir. Pour une fois, même le dieu nordique semblait d’accord avec le fait de rester en compagnie du jeune jardinier. Loin de là l’idée qu’il pût l’apprécier, mais il voulait pousser Gyula à gratter autant d’informations que possible.

- Ne te dégonfle pas maintenant, Eirikr. Depuis le temps, il doit bien en apprendre davantage sur l’administration et sur Freyja !
- … Et s’il sait rien ?
- Ca resta une information à prendre en note.

L’étudiant pinça les lèvres et reporta son attention sur Ashton qui semblait toujours rayonnant, comme si les rayons de soleil faisaient exprès de se poser sur ses cheveux et de les illuminer.

- J’peux t’filer un coup d’main si t’en as b’soin. Juste pour soigner les plantes, hein, comme dit, c’pas mon boulot. J’pense qu’tu sais gérer, mais vu qu’j’ai foiré, j’te dois ça. 'Fin... J'le dois surtout aux fleurs. »

Son ton était détaché et offensif comme s’il lui faisait un reproche alors qu’il ne proposait que son aide. Il espérait qu’il la refuse, qu’il n’ait pas à passer trop de temps avec lui malgré la demande de son dieu. Si seulement il pouvait éviter de repenser, mentionner ou pire encore, revivre ce qu’il s’était passé sur cette foutue colline… Il n’était plus le même depuis. Il s’était un peu endurci, apprenait à mieux gérer la possession, sans doute grâce à un de ses colocataires avec lequel il pouvait parler assez librement. Ca aidait plus qu’il ne l’avait imaginé. Il s’était aussi endurci physiquement, ayant repris le muay thaï et s’entraînant dès que possible, sans oublier ses longues randonnées qui l’aidait à son renforcement musculaire.  Il s’était bien repris en main pour éviter de se retrouver dans ce genre de situations et pourtant, il avait l’impression qu’en une fraction de seconde, Ashton avait tout balayé.
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MessageSujet: Re: Mama, just killed a flower Mama, just killed a flower EmptyDim 26 Avr - 23:35



Mama, just killed a flowerft. gyula eriksen
« Au moins, tu t’excuses. Déjà que j’ai eu une nana qui a roupillé sur mes fleurs la dernière fois… »

Un sourire ironique naît sur mes lèvres, c’est un peu pour me protéger, je l’avoue, j’arrive pas lui faire face sans trois mille barrières entre la réalité et mon esprit qui s’effrite rien qu’au souvenir de cette stupide, stupide colline. J’aimerais juste m’en aller, mais il y a une chose encore non résolue : mon putain de parterre. Mon regard remonte sur le criminel et je mobilise toute ma volonté pour ne pas détourner les yeux, qui glissent sur ses cheveux noirs ondulés, sur son visage aux traits fins et agréables. Je déglutis. Pourquoi est-ce que ça n’arrive qu’à moi ? Je suis écartelé entre irritation et malaise.

L’irritation prend un peu plus de place alors que le gars me prodigue des conseils sur la façon dont je devrais m’occuper de ce jardin immense. Je le regarde, mon sourire a disparu, je le regarde simplement. Au fond de mon regard se battent tension et agacement. Mes bras sont croisés, mon attitude tout entière témoigne de mon repliement vers moi-même, je n’ai même pas la force de faire semblant d’être à l’aise et totalement sympathique. J’arrive pas à simuler quoi que ce soit en face de ce gars-là, il m’énerve. Cependant, il me dit que les buissons sont malades. Je fronce les sourcils. J’ai pas encore eu le temps d’inspecter minutieusement toutes les plantes, c’est pour ça que je ne suis pas au courant. Impossible d’avoir failli à mon travail de jardinier, hein ? Si Artémis n’était pas en train de pioncer, elle se serait foutu de ma gueule, y’a pas photo, pour elle, je ne suis qu’un bon à rien.

« J’les soignerai, t’en fais pas pour ça. »

Ma voix vacille entre la fermeté et la détente. On peut y retrouver un peu de sympathie, si on cherche bien, mais je reste plutôt neutre, pour ne pas dire froid. Je ne sais pas comment réagir, alors je suis à deux doigts de laisser mon instinct prendre les rênes, mais ça serait trop catastrophique de faire ça. J’inspire longuement, puis j’expire profondément, mes yeux déviant sur le reste du jardin, s’attardant sur un arbuste non loin de là, sans intérêt à par celui de me permettre de déplacer mon attention de Gyula. Mais cet impertinent étudiant sait comment reprendre le contrôle de la scène et de centrer la lumière sur lui. Le Soleil illumine son visage, et mes yeux ne peuvent que s’y attarder. Je suis mécontent, mais j’écoute ses paroles. M’aider ? Je lâche un rire amusé. C’est plus fort que moi, je ne peux que m’esclaffer devant une proposition pareille.

« N’es-tu pas dans la même position que moi ? J’suis sûr que tu veux te barrer d’ici, t’as sûrement aucune envie de rester en ma présence. »

Mon ton est sarcastique, mon regard est de l’ambre liquide et brûlante, mes bras se sont décroisés pour faire un geste vers le haut, paumes vers le ciel et coudes fléchis, avant de retomber le long de mon corps squelettique. Je garde le contrôle, hors de question que je perde de ma superbe devant ce mec qui éveille en moi bien plus que de l’inconfort. J’esquisse un sourire amusé, mes mains se fourrent dans les poches de ma veste, je fais un pas en avant. Ce geste me coûte, mais je ne le montre pas.

« Mais pourquoi pas ? T’as bousillé mes fleurs. Je suis heureux de recevoir ton aide, surtout que t’as l’air d’être calé sur le sujet. »

Il est plus près. Je suis vraiment con. Cette proximité ne me plaît pas, j'aimerais me reculer, finalement, mais j’aurais l’air ridicule, comme un pantin réalisant une chorégraphie des plus risibles. Je le regarde dans les yeux, avalé par la couleur presque dorée de ses prunelles. De nouveau, ma pomme d’Adam se retrouve baladée de bas en haut alors que je déglutis, presque péniblement. Partir, partir, partir. Et pourtant, rester. Mais quelle merde, cette vie. Je souffle, et j’incline la tête sur le côté, un sourire railleur peint sur mon visage.

« Tu veux te changer, avant de t’atteler à la tâche ? Ah, peut-être que tu as cours, on peut faire ça une prochaine fois, si tu préfères. J’aurais peut-être préféré avoir Déméter, elle m’aurait été plus utile pour l’entretien de ce jardin. »

Une de mes mains sort de sa poche et va frotter l’arrière de mon crâne, alors que je lance un regard à l’horizon, derrière les hauts arbres du parc. Les nuages sont encore là, à traîner au fond, mais le Soleil a repris ses droits.
Ashton H. Gray
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MessageSujet: Re: Mama, just killed a flower Mama, just killed a flower EmptyMer 29 Avr - 23:30
Mama, just killed a flower - ft. Ashton H. Gray
Ashton ressemblait à la météo ambiante. Il passait de rayonnant et chaleureux à un genre de tempête orageuse qui pouvait facilement s’aggraver. Gyula n’avait pas besoin de le connaître pour craindre le tempérament du jardinier. Peut-être était-ce Artémis qui le rendait ainsi, qui dégageait cette sorte d’aura intimidante, il ne savait pas et ne voulait pas savoir, au fond. Ca lui faisait mal. Autant leur attitude respective que la situation. Si seulement ils avaient pu continuer de s’ignorer comme ils l’avaient fait jusqu’à présent !
Il serra les mâchoires en l’observant et l’écoutant, hochant simplement la tête en réponse, il n’avait pas besoin de faire plus, il n’avait pas besoin de parler. Ca ne servait à rien d’ouvrir la bouche dans ces circonstances, ça ne faisait qu’empirer les choses… Le Norvégien se raidit en sentant le regard insistant de son interlocuteur. Pourquoi le regardait-il comme ça ? Se moquait-il de lui ? Il devait bien se fendre la poire avec sa déesse ! L’enfoiré !

« Ne te fais pas avoir. Au moins tu fais l’effort de converser comme il se doit. Je te préviendrai quand tu pourras le lui faire payer.

Cette sensation d’être un pantin collait à la peau du jeune homme, il détestait ça mais savait qu’il ne pouvait rien faire contre. Son dieu avait une idée en tête et il n’y pouvait rien même s’il le souhaitait.
Il devait être fort. C’était une épreuve comme une autre. Il inspira, il savait que ce n’était que le début. Il ajusta sa posture, se tenant plus droit, le menton relevé, fier, le regard froid, cherchait et soutenait celui ambré du blond. Il allait lui tenir tête. Lui faire ravaler les moqueries auxquelles il avait probablement pensé. Lui montrer lequel d’entre eux était le plus robuste. Qu’il ne fût en aucun cas perturbé par les souvenirs de leur précédente rencontre, bien que ce soit faux, ils lacérèrent toujours un peu plus son cœur, le creusant et rouvrant la plaie à chaque fois qu’il y repensait.  Il était prêt à utiliser ses poings dans ce combat même si c’était contre lui…
Il prétendit être fort, c’était un de ses atouts, prit sur lui pour proposer son aide et en échange qu’avait-il reçu ? Un rire moqueur. Le considérait-il si peu ? Inconsciemment, il avait espéré ne pas être autant sous-estimé par cet homme à qui il s’était ouvert avec une facilité déconcertante. C’était blessant. Mais il savait encaisser. Il avait toujours su le faire et renvoyer des coups plus forts. En serait-il capable à cet instant alors qu’il arrivait tout juste à parler sans hésitation ? Son regard se durcit au moment même où ses poings se resserrèrent. Il ne pouvait pas dire que le Vane voulait des renseignements. Il ne pouvait pas non plus assumer sa volonté de quitter les lieux au plus vite. Prendre ses jambes à son coup. Non mais ! Il manquerait plus que ça !

- Ce n’est pas digne d’un guerrier.

S’était permis de commenter Freyr. Gyula le savait. C’était dur à entendre, mais il le savait. Il devait rester fort et prendre le contrôle de la situation.
L’étudiant fût pris de court à l’approche du jardinier, ses muscles se raidirent prêts à reculer, à l’éloigner loin de ce dernier, mais il se contrôla assez pour ne pas bouger d’un iota. Il garda son air fier sous les compliments de sa divinité. Ses lèvres étaient sèches, mais il se retint de les humecter, ce n’était pas le moment, il n’allait de toute façon pas parler encore. Il devait se préserver à travers le silence. Son regard se plongea dans celui de son interlocuteur avant de rompre cet échange invisible pour observer davantage son visage et son cou. Sa pomme d’Adam, la naissance de son torse… Rien n’échappait à son regard vorace et colérique qui se reposa sur celui plus clair de l’homme qu’il voulait mépriser. Il osait même lui offrir une échappatoire ! C’en était presque humiliant ! Rageant ! Il voulait lui cracher toute sa colère, toute sa frustration, mais il resta impassible, il sentait que même le dieu nordique s’agaçait. Ses sentiments étaient contagieux… Il devait sérieusement apprendre à les maîtriser… S’il s’emportait… Par sa faute… Leur faute ?... Un soupir lui échappa et il s’humecta finalement les lèvres avant de finalement prendre la parole :

- Me compare pas à toi. J’m’en fous d’toi, ok ? J’veux juste aider ces plantes alors garde tes conn’ries pour toi. T’veux Déméter ? Bah va chier ailleurs, va falloir t’contenter d’moi et oh ! Du dieu grâce à qui tout ça est possible !

Il grommela en s’écartant et passant une main dans ses cheveux comme pour apaiser un peu sa colère. Il en profita pour détourner son regard puis le reposa sur Ashton, comme aimanté.

- Si j’reste, c’pas pour toi, c’pour les plantes alors garde ta merde d’sentiments pour toi. Si ça t’fait autant chier d’être avec moi, t’as qu’à m’le dire direct’ment et pas accepter pour ensuite t’plaindre.  J’peux m’barrer sans problème, j’ai pas qu’ça à faire.

Il laissa son sac glisser de son épaule et tomber par terre, à côté de lui comme pour mieux montrer son état quasi belliqueux. Il détestait ce qu’il ressentait, mais c’était mieux que cette sensation de faiblesse qu’il avait ressentie avant. Bien mieux, oui… Pourtant… Il sentait que quelque chose n’allait pas, même de la part de Freyr… Quelque chose n’était pas correct. Il était sans doute trop tard pour faire marche arrière.

- Les cours c’pas un problème. J’suis pas à une absence près.

Gyula pinça les lèvres, il savait qu’il aurait dû se taire mais ça avait été plus fort que lui. Comme s’il voulait se rendre plus récalcitrant qu’il ne l’était vraiment, comme si c’était un concours de qui a la plus grosse. Ouais. Lui c’était bien un gros dur.
… Qu’est-ce que c’était ridicule. Même à ses yeux. Il ne pouvait toutefois pas revenir sur ses paroles et s’approcha d’un pas sûr de son aîné.

- Bon, dis-moi c’que j’dois faire pour les plantes que j’puisse m’casser d’là. »

Ah ! Qu’est-ce qu’il avait envie de s’enrouler sous sa couette ! Il avait honte ! Son comportement était loin d’être correct mais en même temps si l’autre ne l’avait pas cherché… Et Yngvi… D’ailleurs celui-ci restait silencieux, c’était généralement mauvais signe, mais comme à son habitude, l’étudiant étranger ne se posa pas de question, ne l’interrogea pas non plus, il savait que le dieu avait parfois besoin de son « temps » autant que lui avait besoin de moments de tranquillité, mais quelque chose n’allait pas, c’était inattendu au vu de la situation… En espérant qu’il ne subît pas son caractère changeant plus tard.
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MessageSujet: Re: Mama, just killed a flower Mama, just killed a flower EmptyDim 3 Mai - 23:08



Mama, just killed a flowerft. gyula eriksen
Mon corps n’est pas du tout relâché. Je n’aime pas ça. J’ai l’impression de perdre les pédales, et ça ne fait que cinq minutes que notre face à face a débuté. Je suis un crétin, et j’ai envie de me gifler pour reprendre mes esprits. Mais je les ai, mes esprits. Ils sont là. Trop là. J’essaie de repousser les images de cette stupide colline mais elles ne cessent de revenir, encore et encore, sans s’effacer. Mais pire que ça, ce sont les sentiments qui affluent. J’ai toujours réussi à maîtriser le flot de mes émotions. La haine, la peur, la jubilation… Tout est censé être contrôlé. Comment faire lorsqu’un rouage a disparu ? Je le regarde, et je ne peux pas m’empêcher de le détester. Parce qu’il a tout foutu en l’air, que j’aimerais juste être tranquille, et que je ne peux même pas être méchant avec lui parce que…

’Parce que ?’

Je retiens un grognement. Et c’est maintenant qu’elle se réveille, elle. C’est malvenu. J’ai envie de partir. Et puis, la cerise sur le gâteau. Ses mots. Sa voix. Son regard. Si je n’étais pas aussi fier, je me serais presque recroquevillé sur place. Mais je suis Ashton Hayden Gray, et je ne baisse pas les yeux devant les autres. Je préfère les faire s’effondrer. Pourtant, c’est dur. Je sens la rage, l’amertume, et toutes ces émotions que j’adore normalement éveiller chez les autres, et qui me fait l’effet inverse lorsque j’observe cela chez Gyula. Mon masque de neutralité ne se fissure pas encore, non, je ne suis pas si faible. Et j’entends le rire d’Artémis, en arrière-plan, loin de mon esprit, alors que le fiel se déverse par la bouche de mon interlocuteur. J’apprends entre deux vulgarités que monsieur sèche souvent les cours. S’il croit que ça va m’attendrir… Mais très vite, mon esprit est de nouveau emporté par son agressivité. Je ne pensais pas que ça allait tourner au vinaigre aussi rapidement. J’ai essayé de garder le ton léger, malgré mes railleries. J’en ai connu, des gens au sang chaud, qui s’énervent en un clin d’œil. Je me suis souvent fait tabasser par ces mêmes gens. Mais ça me faisait rire, au fond. Et ça me faisait du bien. ’La souffrance et toi, c’est une histoire d’amour, hein ?’ Je ne lui réponds pas. Elle est si heureuse de me voir perdre pied. Mais j’ai l’impression qu’elle est également agacée. Elle ne l’aime pas trop, Gyula. Alors, le voir triompher sur moi, même si je suis… moi, ça lui déplaît un peu. Un peu. Mais elle ne dit rien. Elle me laisse me débrouiller. Et d’un côté, je lui en suis reconnaissant.

Il a fini de parler. Est-ce qu’il attend vraiment une réponse, avec ce qu’il vient de déballer ? A quoi s’attend-il ? A ce que je m’agenouille et que je le supplie de m’aider ? Que je joue au gentil chiot, qu’il puisse me gratter entre les oreilles et que je finisse par remuer la queue pour lui ? Qu’est-ce qu’il veut ? Je ressens une tension dans mon dos. La colère se dispute à la détresse et je ne sais pas quoi en faire. J’ai envie de l’insulter. Une spontanéité me prend, la même que sur la colline, je la déteste, elle aussi. Elle ne m’aidera pas. Je la rejette avec difficulté. Mes yeux me brûlent, et je n’ai aucune idée s’ils brûlent également de rage. De dépit ? J’ai un peu mal, mais je mets ça sur le compte des fleurs écrasées. (Artémis ricane.)

« Je te propose qu’on mette nos différends de côté, pour réparer ton erreur. Et après, je pense que ça nous arrangera tous les deux que l’on ne se revoie jamais. »

Je joue à l’adulte. Au raisonnable. Ça me coûte, vraiment. J’aimerais le faire souffrir. Quand je vois son visage, quand je repense à son contact, j’ai envie de le détruire. ’Je sais que tu as envie de faire autre chose, et ça me dégoûte.’ Une fois de plus, je la laisse parler sans lui répondre. Comment dire ? Elle me soûle, elle aussi. Ils se sont tous ligués contre moi. Même moi. Je suis mon propre ennemi, dans cette situation inattendue. Je respire. Et je m’approche, avec précaution. Je m’étonne presque, à rester calme. A ne pas cracher mon venin sans pitié ni pour lui, ni pour mon pauvre cœur qui ne supporte pas ces vagues de… d’émotions, qui déferlent sans aucune considération pour ma santé mentale. Je passe devant lui sans ciller, et je vais m’accroupir devant le parterre fleuri.

« Déjà, il faut déterrer ces pauvres fleurs. Ensuite, j’ai des graines qu’il faut que j’aille chercher au local. J’connais pas tes pouvoirs, tu peux accélérer la croissance des plantes ou pas ? »

J’ai l’air désintéressé, mais s’il avait vraiment ce pouvoir, en temps normal, ça m’aurait émerveillé. Enfin quoi ! Contrôler la vie d’un organisme vivant, c’est incroyable. Mais là, j’ai la tête trop pleine et le cœur pas loin de déborder aussi. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas senti aussi minable. Depuis que je l’ai rencontré, en fait. Je me retiens de lui lancer un regard meurtrier. J’aimerais reprendre le contrôle du bateau, mais la barre est déjà occupée par la stupidité et la houle est beaucoup trop forte. ’Jolie métaphore. Mais je t’assure que si tu étais en proie aux eaux déchaînées par Poséidon, tu n’aurais aucune chance de t’en sortir, surtout en l’absence de bénédiction divine. Personne ne te l’accorderait.’ Elle ne m’aide pas. Elle ne m’aide pas du tout. J’ai envie de péter un câble.
Ashton H. Gray
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MessageSujet: Re: Mama, just killed a flower Mama, just killed a flower EmptyLun 4 Mai - 23:56
Mama, just killed a flower - ft. Ashton H. Gray
Gyula ne comprenait pas. Ses mots n’avaient pas l’air de l’affecter, c’en était presque vexant. Peut-être qu’il s’était fait des idées… Qu’est-ce qu’il pouvait être naïf ! Comment avait-il pu croire qu’il y avait quelque chose… Un genre de connexion entre eux ? Il ne montra pas ses sentiments, gardant son air fier et coléreux, écoutant ce qu’Ashton avait à lui dire. Il se sentait prêt à faire des efforts, pour les plantes évidemment, mais la suite de ses paroles l’affecta plus qu’il ne l’imagina. Son cœur s’était serré au point qu’il avait la sensation de ne plus pouvoir respirer, il sentit des picotements au bout de ses doigts et ses oreilles rougirent. Il avait su se passer de sa présence pendant tout ce temps et pourtant le fait de mettre des mots aussi durs, à ses yeux, le blessait particulièrement. Il détourna son regard, la gorge nouée, et hoche brièvement la tête en signe d’accord. Si c’était ce qu’il fallait… Des images de leur précédente rencontre lui revinrent. Sa grimace quand il avait goûté un salmiakki pour la première fois. Son rire. Ses regards. Freyr l’appela calmement et cela suffit pour lui faire reprendre contenance. Ses ongles s’enfoncèrent dans la paume de ses mains, juste assez pour que la douleur chassât sa nostalgie et sa peine. Il prit une grande inspiration et se concentra sur la situation actuelle, ignorant finalement ce qu’il venait d’entendre et ses souvenirs. Il avait la sensation de piocher dans la force du dieu nordique, comme si ces quelques minutes avaient suffi à l’user.
Il se sentait prêt pour les prochains instants. Pour les plantes. Il se le répétait. C’était son objectif. Peut-être réussirait-il à faire parler le jardinier, mais il était de moins en moins sûr de réussir sa mission. Il avait revêtu sa froideur et son dédain habituel, ceux qu’il utilisait pour les inconnus. Il était redevenu inconnu pour lui et ça ne servait à rien de tisser une quelconque relation, ils ne se verraient plus jamais après tout. Il était sûr de lui. Sûr d’y arriver. Mais quand son aîné passa devant lui pour inspecter les fleurs, ses effluves parvinrent aux narines de Norvégien, lui rappelant l’étreinte. Il se souvint de la chaleur qui se dégageait de son cou, de son odeur qu’il avait appréciées… Sa gorge se serra à nouveau et il serra les mâchoires pour ne pas céder. Un contact et son armure se désagrège. Elle avait déjà commencé à se fissurer, craqueler à cause d’une simple odeur.

« Ressaisis-toi, Eirikr. Il faut que tu apprennes à bien doser tes sentiments. Sois tu exploses, sois tu es pathétique.
- C’facile à dire pour toi…

Le regard de Gyula errait sur la blondeur des cheveux d’Ashton, sa nuque et son dos, c’était la première fois qu’il les voyait comme ça. Dans ces conditions, en tout cas. Il les avait déjà vus quand ils s’étaient séparés sur cette colline. Il avait envie d’enfouir ses mains dans ses cheveux et de caresser son dos comme il l’avait déjà fait. Il tressaillit comme s’il reprenait connaissance et pinça les lèvres à la question de son aîné faisant la moue.

- J’sais pas.

Qu’avait-il de plus à dire ? Malgré les cours, ses pouvoirs ne s’étaient jamais développés ni même manifestés ne serait-ce qu’une fois au grand dam du dieu viking. Le Norvégien ne savait même pas s’il était soulagé de ne pas avoir une autre chose de surnaturel dans sa vie ou frustré de ne pas avoir plus de connaissances ni la moindre pratique sur quelque chose qui semble banale pour un possédé. Il se massa la nuque et détourna le regard avant de finalement s’accroupir à côté de lui. Son genoux faillit toucher celui de l’adulte avant de se serrer contre son jumeau, voulant éviter tout contact physique. Son regard se figea sur les fleurs alors que ses pensées répétèrent des scènes de la colline puis de leur échange. Il se frotta les yeux, la fatigue de sa marche et de la pluie se faisant sentir puis regarda le jardinier qu’il détestait autant qu’il l’appréciait.

- J’peux m’occuper des fleurs pendant qu’tu vas chercher les graines, ça f’ra gagner du temps et ça évit’ra qu’on passe du temps ensemble.  
- Et comment comptes-tu obtenir des informations si tu ne passes pas du temps avec lui ?
- Laisse-moi gérer…

Sa voix était lasse, résignée autant que lui. Il devait se faire à l’idée que ça ne servait à rien de lutter, à quoi bon étant donné qu’ils ne se verraient plus. Il ne baissait pas totalement sa garde ni les armes, ce n’était pas son genre et la situation ne le permettait pas. Il était juste fatigué de tout ça. Et puis… Ils s’étaient vus au plus bas. Presque en tout cas.

- Oh, je vois. Tu penses l’amadouer pour lui soutirer des renseignements ! C’est une façon de faire que je n’approuve pas, mais pourquoi pas. Exceptionnellement !
- La ferme… Laisse-moi tranquille juste… cinq minutes, c’tout c’que j’te d’mande.
- Cinq minutes pour que tu aies au moins un vrai plan.
- … Merci. »


Il regarda en coin d’œil Ashton avant de finalement se laisser tomber à genoux et commencer à creuser la terre sans la moindre conviction. L’état de la terre ne le gênait pas, autant que le fait de creuser à mains nues, il s’en foutait, le contact avec l’élément froid et humide lui rappela sa propre condition et quelques souvenirs inutiles du jardin de son enfance. Il était beaucoup trop sentimental et ça l’agaçait plus qu’autre chose. Il devait se reprendre en main, mais comment face au jardinier ? Au moins… Il ne s’énervait plus, c’était déjà ça… Il voulait lui parler sans vraiment en avoir envie, de toute façon, il n’avait rien à dire… Il regrettait vraiment d’être aussi nul que ça en relations humaines… Être nul au point d’en perdre une personne appréciée… Il voulait s’excuser de son comportement à la con, il était doué pour ça, mais sa fierté était trop présente pour qu’il en fût capable. Quel con il faisait !
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MessageSujet: Re: Mama, just killed a flower Mama, just killed a flower EmptyMar 5 Mai - 17:59



Mama, just killed a flowerft. gyula eriksen
Au milieu du bordel de mon esprit, Artémis finit par se frayer un chemin, et me susurre avec un délice non camouflé, ’Je te l’avais dit. Ce garçon allait te faire du mal.’ J’ai envie de hurler. Ma respiration se précipite, s’affole et se soustrait à mon contrôle. J’espère que Gyula ne s’en rend pas compte. J’espère qu’il ne voit pas à quel point il me retourne le cerveau. Je ne sais même pas pourquoi, et pourtant, je me pose la question depuis le début. Après être revenu de cette balade jusqu’aux collines. Après l’avoir aperçu, deux ou trois fois, et l’avoir évité avec succès. Pourquoi ? C’est con, mais c’est comme si mon âme se trouvait attirée par la sienne, d’une façon ou d’une autre, que ça me plaise ou non. Les yeux rivés sur les pétales noircis par la boue et les tiges tordues par les chaussures de l’autre, j’essaie de faire le vide dans mon esprit, mais celui-ci voit des pensées partir dans tous les sens.

C’est vraiment étrange, que notre deuxième rencontre se déroule de la sorte. Etrange, mais pas vraiment étonnant non plus, du moins de mon côté. Parce qu’il m’a percé à jour dès les premières secondes, parce que je ne pouvais rien faire qui ne lui porte préjudice, sans que ça ne me revienne en pleine figure la seconde d’après. Et toujours, toujours, le souvenir de son corps contre le mien, la réminiscence d’une chaleur réconfortante, une chaleur dont je suis avide. Une chaleur que j’ai l’impression de ressentir, alors que l’étudiant s’accroupit à son tour à mes côtés, beaucoup de proche pour que je ne sois serein. Cette rencontre était, en un sens, obligée de tourner au vinaigre. Parce que j’essaie de me protéger, et d’oublier ma vulnérabilité. Combien de fois ai-je failli pleurer, là-bas ? Trop pour pouvoir compter. Et je pense que tous les deux, on a envie d’oublier cette expérience. On s’est mis à nu, sans même se connaître, nos âmes se sont rapprochées pour presque se toucher, et c’est quelque chose qui m’attire inexorablement et qui pourtant me repousse, me dégoûte, me donne envie de tout foutre en l’air. M’attacher à quelqu’un n’est plus dans mes cordes.

Je l’écoute, et ses paroles reviennent me frapper dans la poitrine. Ma gorge se serre et je déglutis avec difficulté, les yeux toujours figés sur les fleurs, maigre distraction à côté de celle qui se trouve à quelques centimètres de moi. Mes avant-bras reposent sur mes cuisses tandis que j’attrape mes mains pour les serrer, doigts entrelacés. Dire ces mots ne m’a presque rien fait, mais les entendre me déroute. Et, c’est à ce moment que je me rends compte du sens, des conséquences de ces paroles. Ne plus jamais se revoir. N’est-ce pas un peu radical ? J’ai encore tant de choses à lui demander. Je ne connais rien de lui.

’Je pense que c’est mieux comme ça. Il reste un inconnu, et il ne te blessera plus.’
’Tiens, tu tiens à moi, Artémis ?’
’Non. Ton mal-être me fatigue juste. Contrôle toi.’

D’un côté, elle n’a pas tort. J’aimerais pouvoir reprendre le contrôle. Mais à chaque fois que je tends la main, il s’échappe. Je le sens, je le frôle, mais je n’arrive jamais à l’atteindre, et il me file entre les doigts, me laissant plus perdu encore. C’est ainsi tiraillé que je me lève, lui lançant un « J’reviens alors. », ne lui proposant même pas d’outils de jardinage, la tête ailleurs, le cul entre deux chaises que je nomme avec sarcasme : attirance et égoïsme. La folie, quant à elle, englobe les deux, les liant sans pour autant pouvoir les mêler.

Je manque de trébucher au moins six fois sur mon chemin jusqu’à l’abri. J’y dégote un sachet de graines, et je demande distraitement à Artémis si elle pourrait m’aider pour les faire pousser. Faut dire que je ne lui ai jamais vraiment demandé d’accélérer la croissance des plantes dont je m’occupe. J’essaie de laisser ça à la nature, ne pas interférer avec elle. La déesse me répond qu’elle pourrait faire en sorte que les insectes et les animaux n’interfèrent pas avec le bon déroulement de leur croissance, et qu’elle pourrait peut-être influencer la nature pour que les fleurs poussent dans un environnement favorable. Enfin, « elle ». Plutôt moi. Elle ne peut plus rien faire, et pourtant, elle continue de se tromper. C’est par moi qu’elle utilise ses pouvoirs, dorénavant. Je suis son hôte, son réceptacle, son intermédiaire avec le monde extérieur, et si ça l’irritait au plus haut point auparavant, elle a appris à s’y faire. Je suppose qu’elle a déjà eu d’autres hôtes plus énervants que moi, par le passé, mais elle n’a jamais voulu m’en parler. Peut-être oublie-t-elle aussi ? J’ai tant de questions sans réponse, qui ne font qu’accroître ma colère glaciale envers le directeur et ses manigances.

J’attrape un seau, j’y fous une petite pelle, un petit râteau, mon sachet de graines, le tout reposant sur un fond de terreau maison – l’avantage d’avoir à proximité des fermes. J’ai également enfilé des gants, et par mesure de précaution, j’en ai pris une autre paire que j’ai fourré dans la poche de ma veste, et je me suis remis en route. Et encore, et toujours, cette contradiction qui me tord le ventre. J’ai envie d’y retourner, d’une part pour redonner sa gloire passée au parterre de fleurs, et d’autre part pour… pourquoi ? parce que. Et en même temps, mes pieds me semblent lourds, et ma détresse me tire en arrière, j’ai l’impression de nager à contrecourant. Cependant, la brise fraîche, me calme un peu, sans pour autant changer quelque chose à mon esprit bourdonnant de pensées.

Je reviens sans bruit, l’herbe atténuant mes pas, et grâce à l’agilité que la possession me confère. Je vois donc Gyula avant que celui ne me voie. Penché sur le sol, je ne vois qu’une partie de son visage, mais c’est suffisant pour me serrer le cœur sans que je ne veuille expliquer pourquoi. Je n’arrive pas à deviner ses émotions, ça me frustre. J’espère qu’il est aussi troublé que moi. Je me haïrais si j’étais le seul à subir tout ça. Je m’arrête, et mes prunelles ambrées glissent sur ses cheveux, en suivent les jolies courbes, caressent sa nuque, apprécient les lignes de ses épaules. Artémis me rappelle à l’ordre avant qu’ils ne s’aventurent plus bas, et mes pieds se remettent à bouger, me faisant avancer jusqu’à lui. D’un coup d’œil, j’examine son travail, fait grossièrement. Je ravale une remarque désagréable sur la qualité du déterrage, et je me contente de me mettre à genoux moi aussi, laissant un bon mètre entre nous deux.

« S’tu sens un truc chelou, c’est pas moi, c’est le terreau. »

Je préfère préciser, on ne sait jamais. Je sors la paire de gants de ma poche et je la lance à côté de lui, sans rien de plus qu’un « Tiens. » nonchalant. Calme. Avec quand même ce frémissement au fond de la voix. Mes yeux dérivent un instant sur ses mains couvertes de terre, et je grimace. Il aura en aura sous les ongles aussi, et c’est le pire : interminable à laver, avec l’impression d’être souillé à jamais. Mon esprit divague lui aussi, je m’imagine lui prendre les mains pour les frotter, l’aider à les nettoyer, puis à les sécher, avec une douceur impensable dans la situation actuelle. Un ricanement d’Artémis me fait revenir à la réalité et je laisse échapper un soupir d’agacement envers moi-même.

« Bon, maintenant, on va juste casser les mottes qui restent, enlever les racines qui pourraient encore être là, ajouter un peu de terreau et ratisser. Puis on pourra planter les graines en faisant des trous. »

Je ne sais pas pourquoi je fais ça. Je pourrais lui dire de s’en aller. Que je n’ai pas besoin de son aide. Que de toute façon, il faudrait que je commande d’autres plantes, parce que ces graines ne suffiront pas. Que je ne sais même pas pourquoi je lui ai proposé de planter des graines. Acheter des fleurs déjà adultes aurait été plus intelligent. Mais il semblerait que mon grand intellect se retrouve réduit à néant en présence de ce stupide Norvégien. ’Donc, si j’ai bien compris, tu as tout fait pour qu’il reste ?’ Je lui réponds qu’elle a très mal compris et qu’elle devrait se la fermer si elle ne voulait pas que j’aille passer ma frustration sur une quelconque fille trouvée dans un club miteux. Un silence outré me répond et je me retiens de sourire, devinant les pensées de la déesse.

L’envie de dire à Gyula que je rigolais, tout à l’heure, qu’une séparation définitive n’est pas nécessaire, et sans doute pas envisageable, me chatouille l’esprit. Mais en même temps, comment expliquer le fait que je me sente si mal lorsqu’il est là ? Comment supporter cette avalanche d’émotions négatives ? La faiblesse laisse toujours un goût amer dans la bouche, surtout lorsqu’elle a été observée par quelqu’un d’autre. Alors je ne dis rien, je fais ce que j’ai dit précédemment : je casse les mottes de terre qui restent, je retire les fines racines blanches qui contrastent avec la terre encore mouillée – bien que je ne sente rien à travers mes gants. Sortant les outils et le sachet du seau, je prends des poignées de terreau et j’en parsème le rectangle de terre central, bordé par les plantes vivaces basses ayant survécu au piétinement par Gyula, avant de mélanger brièvement terre et terreau. Les deux petits buissons placés dans chaque coin, du côté opposé à là où nous nous trouvons, n’ont subi aucun dommage eux non plus. Au final, le bilan n’a été que floral.
Ashton H. Gray
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MessageSujet: Re: Mama, just killed a flower Mama, just killed a flower EmptyMer 6 Mai - 18:20
Mama, just killed a flower - ft. Ashton H. Gray
« J’reviens alors. »

C’était la phrase qui lui servait de bouée autant que de crève-cœur. Il avait déjà commencé à creuser, très vaguement, la terre sans jeter le moindre regard au jardinier, attendant avec une certaine impatience qu’il ne soit plus là pour respirer comme si sa simple présence le mettait en apnée. Il étouffait. Le blond prenait trop de temps à s’éloigner, trop aux yeux du Norvégien qui n’en pouvait plus. Ce dernier ne se retourna qu’une fois et vit à peine la silhouette du blond qui s’effaça de son champ de vision. Enfin. Un soupir lui échappa. Son cœur continuait de tambouriner dans sa poitrine et son corps sembla s’engourdir soudainement avant de finalement craquer. Son flot de pensées et questions firent monter des larmes à ses yeux et il n’eût pas le courage de les chasser. Il renifla et creusa la terre comme il pût, frotta ses yeux avec ses avant-bras. Ce n’était pas une grosse crise, il arrivait encore à se contenir, bien heureusement… Ce n’était que quelques larmes çà et là. C’était déjà trop pour Freyr et lui. C’est pour les plantes, se répéta-t-il comme pour se rassurer sur le fait que le sort des plantes l’inquiétait plus que celui de sa relation avec l’hôte d’Artémis. Il renifla à nouveau et essuya correctement ses yeux et ses joues avant de se remettre à travailler correctement. Il avait l’habitude, certes, pas sur ce type de sol, et était confiant dans ses gestes, sa mère les lui avait montrés et expliqués. Il se souvint de ses mains qu’il avait toujours trouvé grandes jusqu’à ce que, une fois adolescent, il s’était rendu compte de leur petitesse, elles avaient toujours eu cet aspect doux et chaleureux… Le même genre de chaleur qu’il avait ressenti dans les bras du jardinier.
Il soupira, sans doute pour la énième fois. Il se sentait misérable et honteux de cette situation. Il laissa son esprit vagabonder du mieux qu’il pût, parfois interrompu par des ressentis de Freyr. Au moins, il n’intervenait pas, il ne savait pas si les cinq minutes comprenaient le temps passé seul… tant pis, au moins ça lui laissait un peu de temps pour lui. Il avait l’impression de progresser un peu dans leur relation, peut-être que le fait d’avoir quelqu’un avec qui parler dans filtre aidait plus qu’il ne l’imaginait, finalement. Peut-être que ne plus à avoir à penser à la colline serait tout aussi bénéfique…

« Gyula, il est de retour.

La voix du dieu était assez douce ce qui surprit un peu Gyula.
Il l’avait vu. Ou du moins, il avait deviné sa présence dans un coin de son champ de vision en plus du bruit immonde que pouvait faire ses chaussures sur la gadoue. Malgré cela, l’étudiant n’avait pas bougé d’un pouce et se contenta d’un vague remerciement au dieu nordique. La présence d’Ashton était toujours aussi douloureuse, mais sa courte absence avait permis au Norvégien de récupérer un peu et de renforcer sa carapace. A sa remarque il ne pût s’empêcher de se braquer et ne pût contenir son agacement :

- Tu m’crois assez con pour pas l’savoir ?!

Il n’avait pas haussé le ton, simplement craché son irritation. Il ne le regarda pas pour autant, c’était plus facile de s’énerver sans affronter son regard qu’il trouvait beau. Ses yeux emplis de colère fusillèrent les gants qui atterrirent devant lui, les méprisant et les dédaignant du plus profond de son être alors que ce n’étaient que des gants.

- J’ai pas b’soin d’ça.

Lâcha-t-il sèchement. Il était trop têtu pour lâcher l’affaire. Il le savait mais n’arrivait à rien pour lutter contre lui-même. Et puis, il avait creusé à mains nues, n’était-ce pas trop tard pour se soucier de l’état de ses mains ? Comme il était probablement trop tard pour se soucier de ce qu’il pensait…

- Si je puis me permettre, tu devrais mettre ta colère de côté, pour une fois. Ce combat ne mène nulle part.

Une vague de chaleur douce l’envahit. Il manquait le touché mais la sensation était là, apaisante, réconfortante. Le Vane savait y faire… Souvent, Gyula oubliait que malgré ses traits de guerrier belliqueux, Yngvi prônait la paix. Lui aussi était fort pour le faire tourner en bourrique. Mais il avait une idée bien fixe et était capable de tout pour atteindre ses objectifs, l’humain en était bien conscience, il le ressentait et l’entendait. Un soupir lui échappa et il serra les mâchoires en prenant sur lui pour ne pas s’impatienter davantage. Il écouta donc son aîné et obéit silencieusement. C’était pour les plantes après tout. Il s’en occupa comme il le faisait avec celles de son jardin, sans mettre toute l’affection qu’il avait quand il soignait ses cactus.
Le silence pesait plus qu’il n’était bénéfique, mais comment l’interrompre ? S’excuser n’était pas faisable. Reprendre une conversation saine n’était pas concevable. Faire comme si de rien était l’était encore moins. Il devait pourtant parler. Il en mourrait d’envie. Après tout… C’était la dernière fois qu’il en aurait l’occasion, non ? Il n’était pas à ça près quant au fait d’être pris pour un fou. Ashton l’avait vu de ses propres yeux. Une brève prière à Ganesha pour se donner du courage afin de surmonter cette épreuve – prière qui exaspérait toujours autant Freyr – et c’était parti.

- … Pourquoi t’as accepté que j’t’aide ? T’l’as dit toi-même, t’aurais préféré partir. Alors pourquoi t’es là à faire comme si d’rien était ?

Son ton était assez neutre, ce n’était ni un reproche ni une supplique. Il voulait savoir, avoir des réponses à ses interrogations. Il inspira et finit par le regarder du coin de l’œil.

- J’m’excus’rai pas pour c’que j’t’ai dit. T’as un comport’ment d’merde envers moi. J’dis pas qu’j’suis tout blanc non plus, mais quand même, j’essaie d’faire des efforts. J’te dis ça parce que t’façon, t’l’as dit toi-même : on s’reverra pas après. S’tu veux pas parler, ok, c’pas un souci. J’trouve juste ça con d’pas m’répondre, c’pas comme si ça chang’rait grand-chose. »

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MessageSujet: Re: Mama, just killed a flower Mama, just killed a flower EmptyMar 12 Mai - 18:28



Mama, just killed a flowerft. gyula eriksen
L’amertume grandit en moi sans que je ne puisse l’arrêter. Il m’horripile. Parce qu’il ne cache pas son agacement. J’ai l’impression que je le dégoûte. Et ça me ferait presque mal, presque, si je n’étais pas aussi cynique, aussi distant de mes sentiments. Enfin, je le pensais. Mais mes émotions commencent à s’amalgamer, et la maîtrise que j’avais réussie à récupérer recommence à s’effilocher. Le fil est tiré par les mots pleins d’irritation de Gyula, tout se délie et j’ai l’impression de vivre un mauvais rêve. Et, ce qui m’énerve le plus ? C’est que je n’arrive pas à le haïr. Que je n’arrive pas à éprouver l’envie de le détruire, de le déchirer, de le faire pleurer. J’ai le désir étrange de me réconcilier avec lui, mais ça me débecte de ressentir quelque chose du genre alors qu’il me crache à la figure, alors je mets ça de côté, je n’en parle pas. J’ai pas envie.

Artémis ne m’aide pas. Elle fait exprès de parler, de pointer des petites détails du doigt (‘Tu trouves pas qu’il est plus musclé ?’), de se moquer de ma faiblesse, et la seconde d’après, de me rappeler à l’ordre et me disant qu’elle exige que je sois fort. Qu’elle n’a pas besoin d’un hôte qui flanche à la première difficulté. J’ai envie de la bâillonner et de l’envoyer au fin fond du Tartare. Elle peut parfois être encourageante, mais pas dans cette situation.

De nouveau, la voix de Gyula se fait entendre. Je note un changement qui me noue la gorge. Je suis presque soulagé. L’animosité semble s’être envolée, ou du moins, est presque effacée. Je continue de la sentir, cependant, dans son être. Les êtres humains sont des animaux, alors il y a des choses que je perçois, si j’y prête attention. Et à la périphérie de mon champ de vision, j’intercepte dans ses gestes les restes d’une irritation qui est forcément dirigée contre moi. Ses mots retentissent à mes oreilles. J’ai envie de l’envoyer bouler. Non mais il se fout de moi ? Mes mains s’arrêtent un instant, un court instant, je ne m’en rends pas compte, avant qu’Artémis ne me rappelle à l’ordre. Les mots se mélangent dans ma tête et je dois prendre sur moi pour ne pas les vomir directement sur la terre devant moi. J’inspire et je remarque avec colère que ma respiration est frémissante. Comme si j’avais besoin de ça. J’arrive pas à admettre qu’il me fait tout ça. Qu’il a cette emprise sur moi, que c’est lui qui dirige mes émotions, et non plus moi.

« J’parlais pas parce que j’voulais pas que tu te remettes à m’insulter. »

Rejeter la faute sur lui : fait.

« Et je sais accepter de l’aide efficace quand je la vois. Donc j’t’ai pas dégagé d’ici, même si tu me pourris mon aprèm, parce que ça serait con de te jerter alors que t’es utile. »

Être désagréable : fait.
Un rire sans joie m’échappe.

« Et toi, faire des efforts ? Tu dois plaisanter. Depuis tout à l’heure, j’ai l’impression de me faire cracher dessus. Alors me parle pas d’efforts, t’as juste l’air d’un hypocrite qui essaie de passer pour le bon gars. »

Bouillonner de rage : en cours. J’ai mal, et je le trouve injuste.
’Tu ne t’es pas vu. T’es tout aussi injuste.’
’Je t’ai pas sonné, putain !’
Je n’écoute pas sa réponse indignée et je la fous en veilleuse. Elle me les brise, en partie parce qu’elle a raison. Je suis tout aussi mauvais que lui, mais j’ai trop de fierté pour l’admettre. Mes mains gantées sont plongées dans la terre, elles ont travaillé automatiquement, j’ai de la chance d’avoir l’habitude derrière moi pour faire fonctionner mon corps lorsque mon esprit ne répond pas. La terre et le terreau sont mélangés, j’attrape le sachet de graines, et c’est à ce moment que je me rends compte que mes mains tremblent. Je me mords la lèvre inférieure. Le comble. J'ai envie de hurler, mais je reste silencieux après avoir proféré des mots dont je n'arrive pas à avouer la dureté.
Ashton H. Gray
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MessageSujet: Re: Mama, just killed a flower Mama, just killed a flower EmptyMer 13 Mai - 16:57
Mama, just killed a flower - ft. Ashton H. Gray
Malgré son impulsivité et sa colère, Gyula gardait ses petites manies comme celle qui consistait à observer chaque fait et geste de ses interlocuteurs, à la recherche d’une faille ou d’indices sur leurs intentions ou tout simplement pour mieux les comprendre. Le langage corporel était parfois plus explicite que celui verbal. Les mouvements d’Ashton ne lui avaient pas échappés autant que leur arrêt. Il avait peut-être fait une gaffe. Tant pis. Au moins il disait ce qu’il avait en tête. Ils n’étaient sans doute pas aussi semblables qu’il l’avait imaginé… Ou peut-être était-ce le contraire : ils se ressemblaient trop pour être compatibles ? Il avait déjà entendu parler de ce genre de choses sans avoir vraiment pu le vivre avant maintenant. C’était décevant et blessant, ils avaient tant partagé ensemble alors qu’à cet instant ils étaient en train de se pourrir par fierté mal placée.
Ses mains ne cessèrent leur activité, appréciant le toucher de la terre et le labeur à laquelle elles étaient si familières malgré les conditions. L’averse qui avait frappé la région quelques instants plus tôt avait rendu la tâche plus compliquée mais toujours faisable.
Le Norvégien écouta les réponses du jardinier et se surprit à ne pas être étonné par ses paroles. Il les méritait peut-être. A son semblant de rire, les yeux noisette de l’étudiant se posèrent sur son visage tandis qu’à ses paroles, ses sourcils se froncèrent. C’était peut-être la goutte qui faisait déborder le vase. Freyr fit une rapide tentative pour calmer son hôte, mais il était trop tard, celui-ci avait déjà tapé dans le sachet de graines qui se retrouva à terre, son contenu en partie vidé au sol. Une de ses mains avait agrippé l’épaule de son aîné et il avait balancé son poids de sorte à le plaquer au sol avant que de sa main libre il asséna un coup de poing violent dans la terre, près de sa tête.

« J’suis pas un putain d’hypocrite !!

Il s’était assis sur lui, une jambe de chaque côté du bassin du blond pour le maintenir au sol, une main fermement appuyée sur son épaule pour garder son buste plaqué au sol. Il haletait et ses narines frémissaient à chaque respiration. Son poing était comme cimenté à la terre et restait figée. Il se rendit compte de ce qu’il avait fait qu’après coup, mais il était trop tard pour revenir en arrière alors… Autant continuer ?

- Tu m’cherches d’puis tout à l’heure avec tes conn’ries et… ! Tu m’fais chier, bordel !! Avec tes faux sourires, ta fausse sympathie ! Tu m’dégoûtes !!
- Du calme, Gyula. Il vaudrait mieux éviter de l’affronter ici.

Le dieu nordique avait raison. Il serra son poing avant de se détendre un peu, tentant de respirer plus calmement pour calmer ses ardeurs, il resta toutefois sur lui mettant tout son poids pour éviter, du mieux qu’il pouvait, un retournement de situation. C’était plus par principe qu’autre chose puisqu’il s’était préparé à encaisser n’importe quel coup et n’importe quel mot. Ce serait douloureux mais au moins les choses seraient claires et il aurait sans doute une raison valable de ne plus chercher à le revoir. Ses mâchoires se crispèrent avant de se détendre en un soupir las. Ses yeux noisette se permirent une dernière exploration sur le visage du jardinier, un visage qu’il avait eu le loisir d’apprécier auparavant, maintenant il le contrariait plus qu’autre chose. L’expression de l’étudiant nordique était moins agressive, un mélange de peine et de fatigue. Il était épuisé. Autant par sa longue promenade que par l’averse et la tension entre eux. Il se relâcha petit à petit et finit par poser son front contre l’épaule d’Ashton, le dos courbé et le poing toujours dans l’herbe gadoueuse. Cette situation le rendait fou, même le Vane le lui confirmait insinuant une nouvelle fois que le jardinier avait une très mauvaise influence sur lui. Il respirait plus calmement, l’odeur de la terre se mêlait à celle du blond, inconsciemment il chercha la chaleur qu’il avait connu dans ses bras, en vain, c’était frustrant, ça lui confortait dans l’idée qu’il s’était faite. Ce qu’il s’était passé la dernière fois était exceptionnel. Jamais ils ne connaîtraient de moment de complicité comme ils l’avaient eue. Ce type n’était pas celui qu’il avait apprécié connaître, à qui il avait bêtement conseillé de visiter son pays natal et devant qui il avait chanté et pleuré. Il ne ressentait qu’une douleur dans sa poitrine et ne bougeait plus. Il finit par déglutir, il ne pouvait pas rester comme ça sans rien faire et il se décida à reprendre la parole, incapable de cacher son mélange de colère et de peine.

- J’sais qu’j’ai été con aussi, j’l’ai dit. C’pas nouveau, j’suis borné et impulsif, tu d’vrais l’savoir… Après c’qui s’est passé là-bas, sur la colline, j’savais qu’on s’rait pas potes mais j’pensais pas qu’tu s’rais comme ça. »

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MessageSujet: Re: Mama, just killed a flower Mama, just killed a flower EmptyMer 27 Mai - 17:26


Mama, just killed a flower

Le monde devient flou et tout bascule. Les graines sont éparpillées sur le sol, mais je n’ai pas le temps d’admirer les motifs qu’elles ont créés, je ne sens que le choc de mon dos contre le sol, ma tête qui heurte l’herbe fraîche avec une douleur qui me fait grimacer. L’impact du poing contre la terre me fait tressaillir. Mes yeux se retrouvent à admirer le bleu du ciel, contre lequel tranche la silhouette de Gyula.

Gyula. Je sens son poids sur moi, ça me perturbe, je suis à la fois irrité et attiré par lui, et ça ne fait qu’attiser mon agacement sur le moment. Mes yeux ne suivent pas les ordres de mon cerveau, et voilà qu’après avoir caressé furtivement ses yeux brûlants de colère, ils se retrouvent bloqués sur ses lèvres qui bougent et font pleuvoir sur moi des mots crachés avec une hargne qui me blesse plus que je n’oserais l’avouer. Je suis obnubilé par cette chair, par l’odeur de la terre, de la pluie, et de l’étudiant qui se mêlent et qui me donnent le tournis. Ou c’est peut-être le choc contre le sol qui me fait perdre la tête ? Je préfère pencher sur cette seconde option.

Ma gorge est nouée, mais en même temps, être dans cette position de faiblesse ne me plaît pas. J’essaie de me dégager, mais ce boug est fort. Plus fort que moi. ’Ca ne m’étonne pas. Tu as toujours été faible. Mais j’avoue que ça me vexe un peu que mon hôte soit maîtrisé par un possédé nordique.’ Je grogne. C’est pas le moment de se lancer une compétition contre les autres panthéons. J’essaie de le repousser, encore une fois, m’aidant de la fermeté du sol en dessous de moi, mais peine perdue, il ne bouge pas d’un pouce, et ça ne fait qu’amplifier ma rage. La frustration me gagne, je déteste être prisonnier de quelqu’un, de quelque chose, de ne pas être libre de mes mouvements, d’être entravé comme un simple animal, de ne pas pouvoir faire ce qui me chante. Ça me fait câbler. Je déteste ça. Je le déteste.

Mes lèvres s’entrouvrent, je suis prêt à lui déverser ma haine, lui cracher au visage (’Mauvaise idée, avec la gravité, le crachat risque de te retomber dessus.’) mais voilà que Gyula sort une autre carte de sa poche sans fin. Je sens la chaleur de son corps se mêler vaguement à la mienne, pendant que son front repose sur mon épaule. Pardon ? Que fait-il ? Il n’a pas le droit. Pas le droit d’appuyer là où ça fait mal, d’utiliser mes faiblesses contre moi. Ne s’est-il pas rendu compte à quel point il me…

Ses paroles interrompent mes pensées à temps, je l’écoute, son souffle réchauffe ma veste, je n’ose plus bouger. Le ton qu’il emploie me fait mal. Qu’est-ce qu’il veut que je fasse ? J’lui en foutrais des « j’pensais pas qu’tu s’rais comme ça ». Son poids a quelque chose d’étouffant, je manque d’air, pourquoi est-ce que j’arrive pas à respirer ? Il n’y a plus que le ciel, à présent, lorsque je regarde là-haut. Mes yeux commencent à me picoter, mais je serre les dents et la sensation se dissipe. Ma poitrine se soulève et s’abaisse, avec une irrégularité qui témoignent de ma colère. De mon indignation face à l’injustice qu’il me fait subir.

Mes bras sont relâchés de chaque côté de mon corps, la paume de mes mains – toujours couvertes des gants – tournée vers le ciel. Avec toute ma volonté, je m’empêche de les mouvoir. Je sais où est-ce qu’elles vont atterrir si je les laisse bouger. Et je ne veux pas, oh non, c’est impensable. Pas après la « discussion » que l’on vient d’avoir. Pas après mon comportement ignoble – mais tout à fait légitime, non ? -, pas après son attitude de chieur professionnel.

« Pourquoi t’es comme ça ? »


J’ai posé la question à mi-voix, mais je sais très bien qu’il peut l’entendre. Il est près. Trop près. Ma respiration repart au galop mais je la contrôle et elle se calme. Le trot semble un bon compromis. Je ferme les yeux, les rayons du Soleil m’aveuglent, j’ai mal. Mes mains se referment en un poing, doucement, puis se desserrent, avec la même lenteur.

« Moi, j’ai cru qu’on s’entendrait bien. Mais, dès que je t’ai vu, y’a tout qui s’est mélangé dans ma tête. »

C’est presque inaudible. C’est chuchoté, murmuré, soufflé, je ne veux presque pas qu’il l’entende. Mais même avec la meilleur volonté du monde, je n’arrive pas à retenir mes pensées dans ma caboche, elles veulent s’enfuir, et elles sont rapides. J’en rattrape la plupart, mais quelques-unes trouvent le moyen de passer à travers les mailles du filet et me voilà dans de beaux draps. La vérité prononcée, je me remets à me voiler la face, c’est plus simple, c’est plus facile d’être énervé et d’être amer et de ne pas affronter ce qui me fait si peur.

« Mais vu c’que tu dis, t’as pas l’air d’être du même avis. »

Ma voix s’est faite plus ferme, plus agressive, mais il y a toujours ce léger frémissement qui persiste au fond. Je le déteste. Mes yeux sont toujours clos, je ne vois que du noir, ça aurait pu être bien, mais mon cerveau ne me laisse jamais tranquille, et les images de la dernière me reviennent, plus vives que jamais, et tout mon corps se crispe. J’ai l’impression de ressentir de nouveau mon âme se déchirer. Etre en sa présence ne m’apporte que des soucis. La vulnérabilité qui s’installe dès qu’il est là me rend fou, j’ai l’impression de redevenir moi-même et j’aime pas ça, je veux continuer de faire semblant, de jouer le jeu. La vie est faite de stratégies, de pièces de théâtres, de jeux d’acteurs, et je dois continuer de m’y adapter, ou je ne m’en sortirai jamais.

« T’es vraiment un chieur, putain. C’est pas d’la fausse sympathie. J’suis peut-être un hypocrite sur certains points, mais c’est pas d’la fausse sympathie. »


Mes yeux se rouvrent lentement, mes paupières papillonnant sous la lumière qui m’agresse la rétine, je tourne le visage et les cheveux sombres de Gyula entrent dans mon champ de vision. Son odeur se fait plus forte, j’ai envie d’attraper ces cheveux et de le repousser, le frapper, le souiller de la terre qui nous entoure, le laisser là et partir. J’arrive à retirer ma main du gant, elle s’élève, je la vois qui se rapproche de la tête de Gyula, doucement, mais elle s’arrête, flottant dans l’air à quelques centimètres de ces cheveux. ’Tu n’es qu’un menteur, Ashton. Tout ce que tu as envie de faire, c’est de caresser ces stupides cheveux. Je le sais. Arrête de mentir.’ Je secoue la tête. Non, non, c’est pas vrai. Je laisse ma main retomber sur le sol, de nouveau inanimée. On est dans une impasse. Je dois m’en aller.

J’inspire profondément – putain, encore cette odeur – et, mon autre main quittant son gant à son tour, je referme mes bras sur lui. Je l’enlace, et derrière le masque et le stratagème, je ne peux m’empêcher de me dire que ça m’avait manqué. Son contact m’avait manqué. Je le serre contre moi, mes mains glissent sur son corps, je retiens mon souffle, mes doigts remontent en caressant le tissu, puis la peau de son bras me maintenant au sol. Mes doigts s’enveloppent autour de son poignet de son avant-bras, et, d’un mouvement brusque de mes hanches, mes pieds bien à plat sur le sol, je le fais basculer latéralement et je me retrouve dans la position haute, je le domine, et j’éprouve une satisfaction malsaine qui me donne envie de vomir. Parce que c’est lui. Parce que j’veux pas lui faire du mal. Mais ça me ferait tellement du bien de le détruire, si seulement ça ne me faisait pas autant souffrir en retour.  

Je ne profite pas longtemps de mon avantage, je me relève, les jambes tremblantes. Je ne sais pas à quoi ressemble l’expression sur mon visage, j’espère qu’elle est composée, mais en même temps, ma respiration est catastrophiquement irrégulière, mes épaules jouent aux montagnes russes, tout comme mon humeur. Je lui lance un regard où j’espère que l’agacement et la haine règnent, mais Artémis rigole en disant que je dois sans doute ressembler à un animal sauvage effrayé.

« J’pense pas que c’était une bonne idée que tu m’aides. »

Mes traits se déforment peu à peu alors que je me détourne. Le rictus plein d’amertume ne veut pas quitter mon visage, de même que le poids sur ma poitrine. J’ai froid, tout d’un coup. Je récupère avec hâte les gants, les outils de jardinage, le sachet à moitié renversé de graines. J’évite de le regarder. J’ai l’impression que c’est une mauvaise revisite de notre première rencontre. Une fois de plus, c’est moi qui pars, c’est moi qui récupère mes affaires et qui me fait la malle. C’est moi qui suis au bord des larmes et qui quitte la scène en feignant ne pas être meurtri. Je suis un lâche, et c’est la seule chose qui puisse me protéger dans ce monde. Artémis ne dit rien, elle a compris que j’étais à bout.

***

Je suis de retour dans mon logement. Je suis couvert de terre. J’ai tout laissé dans le local, et je n’ai pas fait de détour pour revenir. Je laisse tomber la veste sur le sol de mon séjour, mes chaussures déjà retirées à l’entrée. Je déboutonne mon pantalon en marchant vers la salle de bain, il glisse le long de mes jambes et je le dégage en deux pas, avant de retirer mon pull d’un geste rageur pour le jeter à côté de la porte de la salle de bain. J’ai besoin d’arrêter de penser, d’arrêter de ressentir. Le dernier vêtement se voit retiré dans la salle d’eau, à l’abri de tout regard, et enfin, l’eau brûlante coule sur ma peau, ruisselle dans mes cheveux en y récoltant la terre, et finit sur le sol de la douche pour être rapidement avalée par les canalisations. L’eau lave la boue, et avec elle, les émotions qui me broient le cœur. J’en ai eu assez pour une semaine entière.

Ashton H. Gray
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MessageSujet: Re: Mama, just killed a flower Mama, just killed a flower EmptyJeu 28 Mai - 16:47
Mama, just killed a flower - ft. Ashton H. Gray
Gyula le sentait lutter, il le voyait même à contre-cœur, mais il savait que dans cette position, il lui serait difficile de lui échapper. Il espérait qu’il y parviendrait autant qu’il en espérait l’inverse. Il ne savait pas quoi penser, quoi vouloir, il s’attendait à tout et à rien. C’était le bordel dans sa tête. Plus qu’à son habitude. Comme la dernière fois… C’était douloureux, mais il le fallait. C’était comme retirer un pansement d’un coup sec. Ca faisait mal sur le coup, mais ça irait mieux par la suite. Il se le répétait pour s’en persuader, c’était vain, il le savait, mais il ne pouvait s’empêcher de se le dire et redire encore et encore malgré les remarques déplaisantes de Freyr qui le trouvait particulièrement idiot à cet instant.

Le silence d’Ashton lui pesait, lui faisait peut-être même plus mal qu’une quelconque réponse. Ajouté à cela sa fatigue et sa peine, il se laissa aller, s’appuyant contre lui, profitant de son odeur, de son semblant de chaleur qui n’avait rien à voir avec celle qu’il lui avait connue. Il apprécia les mouvements de son corps à chacune de ses respirations, même si elles trahissaient l’état d’esprit de son aîné et mettaient le Norvégien mal à l’aise. Inconsciemment, sa respiration tenta de suivre la sienne mais lorsqu’il en eut conscience il la calma aussitôt, à moitié honteux de son attitude. Il l’écouta, en silence. Il ne comprit pas où il voulait en venir, ne sût pas quoi répondre à sa question et préféra, de toute façon, garder le silence. Il sentait au fin fond de son être que ce n’était pas le moment de parler. Il s’en félicita alors qu’il écouta les paroles du blond. Elles étaient agréables autant qu’elles étaient cruelles, elles le confrontaient à sa stupidité, à son sang-chaud et sa fierté mal placée. Pourquoi n’avaient-ils tout simplement pas commencé par ça ? Ils n’en seraient pas là, ils ne se seraient pas dit toutes ces choses qu’ils… Que Gyula ne pensât qu’à moitié si ce n’était pas moins. Son ton lui brisait le cœur, il avait l’impression d’être témoin d’une confidence qui ne lui était pas adressée, comme s’il n’était qu’un fantôme écoutant contre son gré et contre celui du vivant les paroles et pensées de ce dernier. Pourtant, il ne savait pas ce à quoi pensait Ashton. Il n’arrivait pas à le cerner et ne cherchait pas à faire le moindre effort pour. Il écoutait juste, acceptant son statut de spectateur.
L’étudiant se demanda s’il faisait exprès de le blesser avec ses mots, de faire en sorte que chacune de ses phrases parût plus violente à ses oreilles que les précédentes. Il avait l’impression que leur position était inversée, alors que lui le dominait physiquement, il avait la sensation d’être coincé, comme bloqué contre un mur, comme si ce type le forçait à faire face à son embarras et à l’absurdité de son comportement. C’était dur à accepter…

« Tes pensées m’écœurent de plus en plus, reprends-toi et vite.

La voix de Freyr le ramena plus ou moins à lui, ou en tout cas lui fit reprendre conscience de ce qu’il se passait, de la chaleur qui émanait du beau blond, de son odeur aussi, mais surtout du geste qu’il faisait. Il ne le voyait pas clairement mais du coin de l’œil il pouvait deviner son bras levé. Il ferma les yeux, s’attendant à recevoir un coup (finalement, il aurait préféré ça à leur échange) qui ne vint finalement pas. Il garda les yeux fermés, n’osant plus bouger comme enveloppé dans une bulle rassurante, comme si ne rien voir signifiait qu’il ne s’était rien passé.

- Tu n’es plus un enfant, Eirikr. »

Non, en effet. Il le regrettait presque. Les choses étaient toujours plus simples pour les enfants. Il lui arrivait parfois de regretter d’avoir grandi et d’être devenu adulte (depuis quand ? Il ne s’en était rendu compte qu’une fois toutes les responsabilités de la vie que la société lui imposait lui étaient tombées dessus du jour au lendemain).
Et, comme si son souhait tacite s’était exaucé, il frémit de tout son corps et son être à l’étreinte qui le surprit. Pourquoi maintenant ? Pourquoi après ses propos ? Allaient-ils recommencer le même scénario que sur la colline ? Sa gorge se noua et son cœur se mit à battre à tout rompre, il pria pour qu’il ne l’entendît pas, son esprit s’embrouilla davantage, il ne savait plus quoi penser. « Pourquoi ? » était la question qui revenait le plus souvent. Il se mit à espérer que c’était un geste pour mettre un terme à leur querelle futile pour qu’ils purent repartir de bons pieds. Il resserra doucement ses doigts sur son épaule, l’embrassade lui avait manqué plus qu’il ne l’avait imaginé. Après ses mots, il ne pouvait que l’apprécier davantage, mais le dieu nordique le mit en garde alors qu’une de ses mains s’égarait sur son bras. Son hôte n’en fit rien, frissonna simplement au contact inattendu et rouvrit les yeux pour constater le geste. Il ne comprit pas pourquoi il lui faisait ça, la caresse était douce et pourtant… Il réalisa soudainement mais n’eût pas le temps de réagir ni de ressentir quoi que ce soit de concret. Il venait de se faire avoir. Le contact de la terre dans son dos ne le gêna pas, pas plus que le poids du jardinier. Sa respiration s’accéléra, il se sentit davantage honteux, honteux de ne pas avoir compris avant, il lui en voulait presque de lui avoir fait ça. Jouer de ses sentiments… De ses souvenirs… Il n’entendait même plus le Vane s’énerver et l’inciter à reprendre le dessus, ses yeux dorés et gênés par le soleil étaient rivés sur le visage de son aîné. Il entrouvrit les lèvres, mais n’eût le temps de rien que déjà la distance s’imposait entre eux.
Il resta un instant immobile avant de finalement se redresser sur les coudes puis s’asseoir par terre en repliant une jambe, prêt à se lever lorsqu’il le vit s’éloigner. Il ne sût pas comment interpréter son expression et il se leva d’un bond, s’approchant d’un pas avant de finalement s’arrêter. A quoi bon le suivre ? C’était douloureux. Trop douloureux. Voir sa silhouette se rapetisser à mesure qu’elle se fondait dans le décor lui rappela une nouvelle fois la colline. Pourquoi la scène se répétait-elle à nouveau ?... Etait-ce donc la dernière fois qu’il le verrait ? L’idée lui déplût énormément, d’autant plus après ce qu’il venait de se passer. Mais que s’était-il passé au juste ? Freyr lui donnait des suggestions mais il avait cessé de l’écouter depuis un moment déjà. Son attention se reporta sur une autre silhouette qui apparût dans son champ de vision. Un pion. Eh merde… Il attrapa rapidement ses affaires, jetant un bref coup d’œil aux graines encore éparpillées, il se baissa pour les pousser dans les trous qu’ils avaient creusé avant de les recouvrir tout aussi rapidement avant de prendre ses jambes à son cou et courir dans le parc jusqu’à échapper au surveillant. Il attendit un moment avant de pouvoir retourner dans sa chambre, balancer ses affaires sur son lit et prendre une bonne douche chaude bien mérité.

Alors qu’il retirait la terre et la gadoue de sa peau et de ses cheveux, il songea à sa rencontre avec Ashton et se mordit la lèvre se retrouvant à nouveau perdu. Il lui en voulait autant qu’il le remerciait de lui avoir ouvert les yeux, d’avoir utilisé sa sympathie pour reprendre le dessus… Bref, de tout. Un soupir et les propos de sa divinité attitrée lui parurent plus claires, il dût s’excuser plusieurs fois et accepter des promesses qu’il ne tiendrait sûrement pas pour finalement être tranquille et pouvoir se reposer.

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