La Jalousie d'un Dieu?

Jaime S.  Farseer - Calypso S. Adiathesía

La mythologie nordique avait toujours beaucoup intéressé Calypso. De par la manière dont les mythes étaient contés, les héros et leurs dieux embellis, et ses créatures à la fois terrifiantes et merveilleuses. Mais si tout les dieux semblaient posséder des atouts inégalables, il y avait bien un dieu qui semblait presque être aussi beau que futile qu'une décoration. Celui qui représentait l'amour, la lumière et la beauté. Celui que tout le monde appréciait. Et qui avait bien pu hériter d'un Dieu aussi "parfait" que lui? Calypso. On ne pouvait pas dire que Baldr était une plaie, loin de là ! Mais on ne pouvait dire qu'il qu'était d'un grand intérêt. Ses sujets de conversations se limitaient à l'observation des choses ou des personne qu'il voyait à travers les yeux de celle qu'il aimait appeler sa nixe.

Et aujourd'hui n'était pas coutume. Sortie du Pensionnat, Calypso avait pris plaisir à se balader sur les plages de sable qui entouraient Galway. La mer, en ce jour plutôt houleuse, résonnait dans les oreilles de la jeune femme, tandis que le vent soufflait sur les cheveux détachés de celle-ci, envoyant ces derniers de part et d'autres de son visage. Cela ne dérangeait pas la jeune grecque, qui avançait ainsi face au vent. Ses vêtements volaient en tout sens, suivant le sens du vent, faisant ainsi frissonner leur propriétaire.

«-Tu aurais du te couvrir mieux que cela, Calypso. Je ne voudrais pas voir te douce beauté entravée par des yeux bouffis, et une peau brûlante. »

La grecque se contenta d'hausser les épaules, se fichant bien de tomber malade. A force de passer son temps à se protéger de chaque danger qui pourrait altérer sa beauté, elle en avait oublié la sensation du vent contre sa peau, la pluie, et la froid glacial qui s'emparait de son corps. C'était des sensations qui lui donnaient l'impression d'être vivante. Car bien qu'elle vivait une très belle vie, la jeune femme voulait parfois se laisser aller. Comme toute personne de son âge.

Alors qu'elle marchait, les traces de ses pas effacés à chaque remontée de la mer, Calypso repensait à ses relations avec Baldr. Elle savait qu'il avait accès à ses pensées,mais son respect était tel qu'il faisait souvent mine de ne pas être là. Depuis qu'elle était possédée, la jeune femme avait pris beaucoup de temps pour découvrir son Dieu, ce dernier étant peu concerné par sa propre personne. Et même aujourd'hui, elle ne savait de lui que ce qu'elle avait lu dans les livres. Et cela n'avait pas été très joyeux de découvrir les circonstances de la mort de ce dieu aussi lumineux. Et même les raisons de pourquoi elle avait été choisie par Baldr lui étaient inconnues.Γνῶθι σεαυτόν... Connais-toi toi même. Ce précepte grec lui revenait en tête, à ce moment précis, comme pour l'aider. Pour une fois, elle se décida à ouvrir un dialogue plus censé avec Baldr, qu'elle considérait  comme un second père.

«Dis, Baldr... Pourquoi... Pourquoi m'as-tu choisi?»

«-Après toutes ces années, penses-tu vraiment que je ne suis là que pour ta beauté, jeune nixe? J'ai vu ce jour-là de la colère en toi. Mais aussi de l'amour. Tu es quelqu'un qui méritait mon attention. Tel une lumière resplendissant au milieu de la sombre obscurité qui régnait dans cette salle, la première fois que je t'ai vu. J'ai su au premier regard que je pouvais apaiser ton coeur. Mais j'ai aussi vu en toi ce futur, qui t'es encore inconnu. Celui qui changera surement ta vie, et qui fera de toi une femme encore plus belle et encore plus accomplie que tu ne l'es aujourd'hui, malgré les manières que tu te donnes. »

Calypso fut troublée, se contenant de rougir comme elle ne l'avait pas fait depuis des mois, voire peut-être des années. A la fois intrigué par ce futur que mentionnait Baldr, et à la fois gênée de s'être toujours interdit de penser que Baldr ne voulait rien d'autre que sa beauté physique, la terminale se contentait de soupirer, non pas d'exaspération, mais de contentement. Son père l'avait elevée de manière à ce que seuls les sentiments d'une meneuse, d'une héritière de grande famille ne filtrent dans ses attitudes. Elle en avait même souvent oublié son frère. Ramenant ses vêtements à elle, ce léger sourire trônant toujours sur son visage, demeurant alors silencieuse pendant quelques minutes, immobile face à la mer. La contemplant de ses yeux céruléens, la nixe ne pouvait s'empêcher de repenser à toutes ces mythologies grecques, nordiques, aztèques, ou mêmes shintoïstes. Toutes ces histoires, tous ses mythes... Peut-être qu'un jour, à sa manière, elle écrirait l'histoire.

Alors qu'elle était plongée ainsi dans ses réflexions, la jeune femme sentit une présence à quelques mètres de là. Sentant Baldr se tendre légèrement, elle se retournait. Jaime Farseer, un autre éléve de terminale se tenait là, sur la plage, bravant le vent. Se sentant de bonne humeur, elle leva le bras.

«Jaime! Youhou ! Jaaa-iii-me ! »

L'incompréhension d'un humain

Jaime & Calypso

Mon corps se mouvait comme une vipère argentée en eau trouble. La mer, brassée par le vent, s’était transformée en une bouillie d’écume dont ma tête, de la même couleur que cette mousse désagréable, en dépassait lorsque je remontais pour respirer.

La natation avait, depuis longtemps, été un de mes sports favoris pour la facilité de déplacement que l’on acquiert dans l’eau. Ce n’est pas fatigant, c’est agréable, souvent chaud, et encore mieux que dans la piscine, un tout nouveau monde s’offre à nous lorsqu’on prend la peine d’ouvrir les yeux dans ces étendues salées. Si j’avais été un animal, ç’aurait très probablement été un poisson. Je pouvais rester des heures à nager dans tous les sens par-dessous la surface, ramassant les coquillages trop timides pour se dévoiler à marée haute et taquinant les crabes.

Je sentais cependant qu’il était venu, le temps de me rhabiller pour ne pas tomber malade. Certes, nager par un temps pareil n’était pas la meilleure idée que j’avais eue, mais au moins, c’était vraiment facile de rentrer dans l’eau, avec une telle température extérieure. Sortir était une toute autre histoire. Pressé par Loki, qui n’aimait pas vraiment la mer, de peur de tomber sur Njord, je courus jusqu’à ma serviette et m’emmitouflai dedans avant de remettre mes vêtements.

Il était temps de quitter la plage, mais je plongeai mon regard par-delà l’horizon,  là où les vagues se mêlent au ciel. Pour moi, une telle scène était presque hypnotique ; je ne pensais pas à grand-chose, je noyais juste mes yeux dans une telle immensité d’eau, sous laquelle se cachaient créatures inconnues et abysses titanesques.

Le vent dans mes cheveux, qui avaient formé une croûte de sel, me martelait le front, le visage et la nuque. Mes yeux me piquaient, rougis par l'eau et ses trop nombreux minéraux, et ma peau me démangeait. Le sable fouettait mes mollets et je ne désirai soudain plus qu’une chose : rentrer. Plaçant mon sac humide sur mon épaule, je me tournai, mais aperçus avec horreur une silhouette lointaine. Je fis demi-tour, faisant mine de ne pas l’avoir vue, mais il était trop tard : je l’entendais déjà crier mon nom. Bien. Je me dirigeai vers la source de l’apostrophe, mais n’arrivai pas à distinguer qui en était à l’origine.

« C’est la princesse grecque de terminale M. »

Instantanément, je devinai les traits de Calypso Adiathesía qui me faisait des signes du bras pour m’inciter à m’approcher. Je m’énervai : cette fille désirait voir tout à ses pieds, et le fait qu’elle ne se donne même pas la peine de marcher jusqu’à moi me donnait une bonne impression d’elle.

Pour une fois, les rôles s’inversèrent et c’est Loki qui m’incita à me sociabiliser. Je m’avançai donc à contrecoeur en direction de la jeune femme, et poussai même le vice jusqu’à lancer la conversation, sur un air légèrement faux mais de bonne volonté.

« Eh, salut Calypso. Qu’est-ce que tu viens faire ici par ce temps-là ? »

La Jalousie d'un Dieu?

Jaime S.  Farseer - Calypso S. Adiathesía

Calypso était de bonne humeur. Cela était évident, car en temps normal, la jeune nixe ne serait pas permis ce genre de fantasies. Interpeller Jaime de manière aussi chaleureuse, ca n'était pas son genre. Mais la réponse de Baldr l'avait réjouie, et sa journée avait plutôt bien commencé. Elle fit un effort, en voyant Jaime arriver sa direction, car elle s'avança elle aussi de quelques pas. Pas beaucoup, mais elle avait au moins fais deux ou trois mètres, c'était déjà un exploit ! L'élève de terminale M engagea la conversation, soulageant la grecque. Au moins, ce n'était pas à elle de faire le premier pas, et elle était de voir quelqu'un de bien élevé, pour une fois.

« Eh, salut Calypso. Qu’est-ce que tu viens faire ici par ce temps-là ? »

Lui adressant un sourire, la jeune femme jetait un regard par-dessus sa propre épaule, désignant les vagues. Elle avait bien évidemment remarqué les cheveux mouillés de son camarade, mais trouvait déplacé de poser la question alors qu'elle n'avait même pas répondu à la sienne. L'éducation avant tout, comprenez. Passant une main dans ses longs cheveux blonds, toujours aussi gracieuse, elle envoya un nouveau sourire digne de Colgate à Jaime.


«Je viens souvent ici, je trouve cet endroit... Magnifique. Et toi? Tu sembles apprécier la froideur de l'eau !»

La petite remarque fut accompagnée d'un léger gracieux, résonnant légèrement dans les airs, mélodieux et clair. Sans s'en rendre compte, elle faisait usage de son charme, comme elle l'aurait fait avec quelqu'un ayant un peu de cerveau. Pas qu'elle draguait quiconque, mais c'était sa manière à elle de sympathiser, mais aussi de montrer sa supériorité. En l’occurrence, elle voulait vraiment faire un effort, Jaime étant un des rares élèves de sa classe qu'elle n'avait pas vraiment cerné mais qui ne lui avait pas non plus déplu.

A vrai dire, la plage de Galway était un de ses endroits préférés. Calypso aimait y passer du temps, à écouter le bruit des vagues, réfléchir, sentir le vent souffler sur son visage... Elle n'avait pas l'air, comme ça, mais Calypso était toute autant une gentille princesse qu'une vilaine peste. Mais n'était pas né celui qui la découvrirait ainsi. L'amour? Calypso en rêvait, mais personne ne lui convenait. Alors elle se contentait de faire comme si ce dernier n'était pas pour elle. Son abruti de frère avait lui aussi compris cela, sauf qu'il s'en servait à mauvais escient. C'était outrageant de voir régulièrement des filles toutes plus idiotes les unes que les autres se presser pour aller dans son lit. Plusieurs groupies de sa classe lui parlaient constamment de Paris et  à vrai dire, la jeune grecque détestait cela. Déjà parce que cela signifiait qu'il attirait lui aussi l'attention, mais aussi qu'il faisait n'importe quoi de son nom de famille. Depuis quand les Adiathesia étaient des coureurs de jupons?

De son côté, Baldr se contentait de diffuser un peu de chaleur au fond du coeur de Calypso. Elle n'essayait jamais de montrer ses vrais sentiments à l'égard de ce dernier, parce qu'elle se jugeait trop bien pour ça, sachant pertinemment que son dieu connaissait toute la vérité mais la respectait et se contentait de ne pas y faire attention.

«On a pas vraiment eu l'occasion de faire connaissance, alors je me disais que cela aurait pu être sympa, tu en penses quoi? »

Cela la tuait un peu de dire ça, mais la curiosité de Calypso était vraiment... Un vilain défaut.

La Jalousie d'un Dieu?

Jaime & Calypso

Toute en sourires charmeurs et courbettes exagérées, Calypso restait fidèle au portrait que je m’étais fait d’elle. Héritière d’une grande famille grecque, avais-je entendu. Elle devait faire le ravissement de son clan : physiquement parfaite –bien que trop, beaucoup trop pour mon goût–, scolairement impeccable, socialement excellente. Que devait-elle penser de moi, simple roturier aussi banal qu’inintéressant ? J’étais étonné qu’elle aille jusqu’à en savoir mon prénom. Etait-ce une marque d’intérêt, chez elle ? Ou allait-elle apprendre les prénoms de tous les élèves par simple politesse ?
Politesse ou pas, elle feignait –encore une fois : ou pas ?– une curiosité qui me déstabilisait. Je ne devais pas en dire trop sur moi, ou la conversation risquait de ne pas tourner à mon avantage. Ma maigre expérience m’indiquait que d’ordinaire, les filles comme elles pourraient s’épancher sur leurs mésaventures pendant des heures. Je devais donc lui poser la question qui déclencherait son monologue.

« Ce n’est pas exactement ça. Disons que je cherche simplement à fuir la froideur de l’air. Quoi de mieux qu’un endroit aussi beau, n’est-ce pas ? »

En effet, la plage de Galway était belle, avec ses grands rochers abrupts qui fondaient comme par magie pour devenir du sable fin qui vous chatouille la plante des pieds. Au nord, une herbe grasse et épaisse s’étendait à perte de vue dans une mer verte. Elle ondulait au gré du vent, telles les vagues d’un océan capricieux, tant qu’on s’attendait à voir surgir un bateau qui faisait voile vers d’autres villes. Au sud, l’Atlantique Nord se fondait dans l’horizon, ses ondulations encore calmes dans la baie.
Belle, oui. Mais elle ne l’était pas tant qu’au regard plongeant, sous la surface. L’eau légèrement verdâtre entourait un tout nouveau monde auquel n’importe qui n’y est pas sensible. Au fond de moi, j’avais presque envie d’en parler, encore et encore, pendant des heures, à qui voudrait l’entendre, à qui voudrait le découvrir. Mais Calypso n’était, à mon humble avis, pas la bonne personne. Elle ne comprendrait pas, tournerait les talons d’un air moqueur et s’en irait à tout jamais.

« On a pas vraiment eu l'occasion de faire connaissance, alors je me disais que cela aurait pu être sympa, tu en penses quoi? »

Après mûre réflexion, je m’étais peut-être trompé sur son compte. Si elle était si populaire, c’était bien qu’elle devait être gentille, au fond. Peut-être pas gentille, mais au moins attentive et pas aussi égoïste, narcissique et égocentrique qu’on la disait. A vrai dire, je mourais d’envie d’en savoir plus sur elle. C’est vrai, elle était dans ma section, dans ma promo, dans l’Eternel Asgard, même. Je l’avais toujours jugée inaccessible, je pensais qu’on ne pouvait que l’effleurer du doigt avant qu’elle ne s’évanouisse dans une volute de tissu vaporeux, et voilà qu’elle me proposait ce que je voulais inconsciemment. Lisait-elle dans les pensées ? Je rougis. Son dieu lui conférait peut-être ce pouvoir, et si elle avait lu en moi ce que je venais de me dire, c’en était fini. Autant aller m’enterrer sous trois kilomètres de béton et n’en ressortir éventuellement qu’à l’aube de mes quatre-vingts ans, quand je serai sûr que tout le monde m’aura oublié.

« Quatre-vingts ? Pas assez. Tous les dieux se rappelleront encore de l’imbécile qui s’imagine n’importe quoi, » intervint sagement Loki. Merci, je me sentais beaucoup mieux et beaucoup plus léger grâce à son intrusion.

« Oui, avec joie ! repris-je avant que Calypso ne se demande à qui elle avait affaire, pour qu’il mette tellement de temps à répondre. Veux-tu rester sur la plage ou chercher un abri plus agréable ? Ce n’est pas que la plage ne soit pas agréable, hein, surtout. C’est juste que je m’étais dit, peut-être… »

« Arrête de te donner en spectacle… »

Je baissai la tête, rouge de honte et de colère envers moi-même.

« Peut-être… Tu préférerais être au chaud. Moi je pense, je pense que je préfère rester ici, mais si jamais je me trompe et que toi tu ne préfères pas, tu peux avoir une idée d’où on pourrait aller ? »

Je sentis, simultanément, mon ange gardien, mon subconscient, Loki, le dieu de Calypso, l’ange gardien de Calypso, Calypso, Njord et tous les grains de sable faire un magnifique facepalm à l’unisson. Je compris alors à quel point j’avais l’air idiot, à me mélanger comme ça. Que m’arrivait-il ? Je n’avais jamais parlé à une riche héritière qui avait des airs de princesse, et notre différence me mettait tellement mal à l’aise que j’en oubliais les bases du langage. Je ne savais pas à quoi m’attendre avec elle, et je ne pouvais rien anticiper. J’étais plongé dans un état de stress terrible, et même les vagues d’apaisement que Loki me transmettait en riant n’y faisaient rien.

La Jalousie d'un Dieu?

Jaime S.  Farseer - Calypso S. Adiathesía

Elle était donc là, devant Jaime, dans un froid qui lui convenait. Elle faisait profiter cet individu de sa présence, de sa lumière -modeste? Mouais.-, et à vrai dire, il avait bien de la chance d'être tombé sur cette Calypso. Comprenez, la jeune gemme semblait de vraiment bonne humeur, elle ne gâcherait cela pour rien au monde ! Mais bien évidemment, il ne fallait pas non plus chercher. Calypso est Calypso, elle ne deviendrait sûrement pas un petit angelot tout mignon juste parce qu'elle s'est levée du bon pied. La grecque avait tout de même sa fierté, son honneur. Alors bien évidemment, en voyant rougir bêtement Jaime, la nixe haussa un sourcil interrogateur, et un peu hautain. Fuyez le naturel il revient au galop, disait-on. Pourquoi rougissait-il pour une question aussi futile que ça? Il n'allait tout de même pas se comporter comme un garçon perdant toute cervelle en sa présence, comme une bonne partie de la gente masculine à son égard?

« Oui, avec joie ! Veux-tu rester sur la plage ou chercher un abri plus agréable ? Ce n’est pas que la plage ne soit pas agréable, hein, surtout. C’est juste que je m’étais dit, peut-être… »

... Oh, si un peu. Par politesse, Calypso retint un soupir déçu. Au moins, il cherchait à lui faire plaisir, et il ne tombait pas non plus dans un ridicule mortel. Elle était venue d'elle-même, ce n'était pas comme si le blond avait décidé de venir lui  p un rendez-vous galant en honneur à la longue chevelure de la grecque ! Alors, elle garda son sourcil froncé, un petit sourire se dessinant en un sens sur ses lèvres... Même si elle espérait que Jaime ne perde pas toute sa tête à cause d'elle, la nixe était partiellement amusée de cette situation.

«- Tu ne devrais pas te moquer ainsi, Calypso ! Tu sais très bien que ton aura est intimidante... Imagine-toi un peu à leur place... Et puis, ses intentions ne sont pas viles, si? »

Les morales de Baldr déclenchaient toujours ce même réflexe, peu gracieux, chez la jeune femme bien élevée mais quelque peu rebelle: Calypso leva les yeux au ciel.... Au même moment où Jaime rougissait de plus belle. Mauvais timing, dira-t'on alors ! -Ratoooon //SBAFF// Mais le dieu n'avait pas tort, la grecque le savait. Il n'avait jamais tort. Sauf que que la jeune femme voulait suivre les règles qu'elle se donnait. Celles qu'elle avait apprises et non pas celle dictée par Baldr. Mais... Depuis quelque temps, la vision de son dieu changeait littéralement, elle se décidait à écouter un peu plus ses conseils. Mais seulement un chouilla.

« « -Peut-être… Tu préférerais être au chaud. Moi je pense, je pense que je préfère rester ici, mais si jamais je me trompe et que toi tu ne préfères pas, tu peux avoir une idée d’où on pourrait aller ? »

Reportant son regard sur les iris de Jaime, Calypso passa une main dans les longs cheveux blonds qui ornait son visage, avant de sourire. Il s'emmêlait complètement les pinceaux ! Elle ne répondit tout d'abord pas à sa question, aussi brouillonne soit-elle... Parce qu'un léger rire sortit de la gorge de Calypso. Pas vraiment glacial, ni amical... Mais il n'était pas forcé. Calypso n'avait pas l'habitude de rire, mais c'était bien la première fois que quelqu'un était si spontané et aussi... Drôle avec elle. Oui, la jeune femme trouvait ça drôle. Peut-être que les étoiles, ou Baldr influait aujourd'hui sur son comportement, mais elle ne voulait pas vraiment terminer cette entrevue maintenant. Sans perdre sa grâce et sa contenance habituelle, elle pencha un peu la tête en sa direction, avant de faire un signe de tête en direction d'un endroit plus proche du village.  Derrière les quelques falaises, se trouvait un café calme et peu côtoyé. Calypso y allait souvent pour sentir l'odeur d'un bon café, tout en étant seule, et non entourée de toutes ces personnes hypocrites.


« -Il me semble qu'il y ait un café non loin de la, non? Même si la compagnie du vent et de la mer me plaît, il ne faudrait  pas que tu tombe malade pour si peu.  »

« -Décidément, tu me surprendras toujours... J'espère au moins que tu ne briseras pas ses espoirs, si tant est qu'il en ait. »

Des espoirs? Des espoirs de quoi? Calypso ne préférait même pas entendre cette remarque, et proposa à Jaime d'un geste de la main d'entamer le chemin vers le café. Ouais, elle proposait, mais c'était elle la jeune femme ici. Et elle attendait beaucoup d'un "rendez-vous". Car même si elle ne voyait pas cela comme ça, Jaime était un homme, et les hommes, ça se devait être galant. En début de route, elle se permit de lui poser une nouvelle question. La curiosité de Calypso avait toujours été un vilain défaut.

« -Tu joues de la harpe, c'est bien cela? D'où te viens cet amour pour cet instrument?»

A vrai dire, la harpe était un des instruments qu'elle affectionnait particulièrement, à l'écoute. Cet instrument était complexe, et pourtant, Jaime semblait en jouer avec facilité, du peu qu'elle avait vu. Elle adorait tout ce qui touchait à la musique lorsque cela n'était pas trop violent, et Calypso n'était pas quelqu'un tournant autour du pot. Et les réponses de Jaime... Ne resteront peut-être pas si secrètes ! C'est le destin qui en décidera!

[HRP : Ouiiii, ptet que ca se retrouvera dans tu-sais-quoi? :p OU PAAAAS!]

La Jalousie d'un Dieu?

Jaime & Calypso

Dans le regard de la princesse, un étrange mélange de déception et d’intérêt. Il était donc possible que je n’aie pas gâché une probable bonne entente à cause de ma maladresse maladive, aussi carrai-je les épaules en me reprenant. Mais elle rit. Oh, pour être franc, son rire, il l’était. Pour être mélodieux, il l’était aussi. Mais il était légèrement vexant. Ça devait lui arriver, de perdre ses moyens, non ? Je ne me serais pas permis de rire au nez de quelqu’un qui faisait des efforts immenses pour ne pas perdre pied. Embarrassé, je passai une main dans mes cheveux à la texture bizarre, vous savez, celle où ils commencent à sécher avec plein de sel sur les pointes.
Et puis, elle alla jusqu’à me proposer un endroit. J’avoue que je ne m’attendais absolument pas à une telle réaction, je pensais qu’elle allait me laisser en plan, en guise de punition pour avoir dit n’importe quoi, ou peut-être même pour avoir osé prétendre l’inviter quelque part. Mais il n’en était rien. Celle qu’on racontait inaccessible ne l’était peut-être pas tant, finalement, ou avais-je moi aussi une part de moi digne d’intérêt ?

Je suivis son signe de la main avec un petit acquiescement poli, pour lui dire merci, et lui emboîtai le pas. Elle marchait avec de petites foulées gracieuses, qui faisaient onduler ses hanches comme la nage d’une sirène. Je commençais à comprendre un peu mieux pourquoi tout le monde souhaitait la côtoyer, et son charme ne me laissait pas non plus de marbre, devais-je avouer.

S’ensuit alors une question assez personnelle, mais à laquelle je me plaisais à répondre. Les hostilités étaient lancées, je devais peser chaque mot afin que Calypso ne me prenne pas pour un idiot – si ce n’était déjà fait.

« Ah, euh… oui ! J’en fais depuis que je suis tout petit. Je saurais pas te dire pourquoi j’ai commencé, d’ailleurs ! Je crois que j’ai toujours aimé la forme d’une harpe, et leur son mélodieux… ça va faire treize ans que j’en joue, au début, elles étaient aussi grosses qu’une théière ! arrivais-je à rire de bon cœur malgré la pression que je me mettais. Maintenant, je suis président du club de musique et même si j’ai moins le temps de pratiquer, je joue toujours avec grand plaisir. Si tu veux, un jour, je te ferai un mini récital. Enfin, seulement si tu veux, ne te sens pas obligée, surtout ! »

Je marchai pendant une dizaine de secondes, en silence.

« Maintenant qu'on en parle, il me semble avoir vu ton nom sur la liste des auditions du club. Tu joues du saxo, c’est ça ? Tu peux m’en dire plus ? » lui demandais-je, tout sourire.

La Jalousie d'un Dieu?

Jaime S. Farseer - Calypso S. Adiathesía

La réponse de Jaime ne mit pas bien longtemps à arriver, et la grecque sourit à l'entente de cette dernière. Il ne semblait pas être du genre à se mettre en avant simplement pour plaire à la belle, et c'était plutôt agréable. Pour une fois qu'elle n'avait pas à être glaciale simplement pour refroidir les ardeurs d'un homme, cela la détendait un peu !

Il jouait donc de la harpe depuis longtemps? Cela s'entendait énormément... Calypso aimait tout ce qui était mélodieux, et elle s'était plus d'une fois laissé envoûter par ce que jouait ce jeune homme, lorsqu'elle était dans le local de musique. Baldr lui-même s'était laissé plaire, et à vrai dire, il aimait bien la petite tête blonde de ce dernier. A croire qu'il aimait beaucoup les blonds !

«J'aime me perdre dans la contemplation de ce qui est beau, est-ce un mal? »

La nymphe ne put retenir un sourire, et se perdit un instant dans ses pensées, se souvenant de chaque matin passée avec Baldr. Depuis quelques temps, il était bien la seule personne lui donnant des conseils juste et avisés. Parfois, c’en était un peu énervant, car il ne voyait que le bien autour de lui, ne perdait jamais son calme, et était simplement observateur… Mais parfois, c’est aussi ce dont elle avait besoin. Sortant de ses pensées, Calypso se reprit, et rit à la proposition de Jaime, non méchamment. Il était vraiment amusant, contrairement à d’autres personnes qu’elle avait croisées !

« Avec plaisir, oui ! Écouter un si bel instrument est un privilège ! »

Elle pouvait peut-être être un peu plus elle-même en présence de Jaime. Et surtout, il n’y avait pas toutes ses groupies pour la suivre et commenter le moindre de ses faits et gestes, ce qui était particulièrement agaçant. Jaime reprit la parole, et Calypso ne put s’empêcher un nouveau sourire.

« «Maintenant qu'on en parle, il me semble avoir vu ton nom sur la liste des auditions du club. Tu joues du saxo, c’est ça ? Tu peux m’en dire plus ? »

Il était curieux ! Si Calypso avait l’habitude de questionner les gens à leur propos, en revanche… Elle n’avait pas l’habitude de soit. La jeune femme, malgré les apparences, ne venait pas afficher son pedigree au premier venu. Certes, sa réputation et ses grands airs le faisait pour elle, mais … Elle n’aimait pas s’afficher elle-même. A vrai dire, le monde lui mâchait le travail ! Se raclant doucement la gorge, cherchant ses mots pour ne pas paraître idiote sur une telle question, elle mit bien quelques instants à répondre, jaugeant la question.
Lorsqu’elle fut sûre de ses paroles, la jeune femme se mit à parler d’un ton assuré, mais qui ne se voulait pas hautain -quoi que.


«J’appartiens aux saxophonistes oui. La musique est quelque chose se doit d’être apprise pour atteindre une certaine éducation. J’ai choisi le saxophone pour le son si particulier qui s’en dégage, et parce que dès ma plus tendre enfance, je suis tombée sous le charme de Stan Getz. Mon père m’a donc offert le privilège d’apprendre aux côtés de Steve Coleman.»

Avoir le privilège d’apprendre au côté d’un des saxophonistes modernes les plus connus? C’est si peu inhabituel pour Calypso qu’elle ne devait peut-être pas se rendre compte que cela passerait pour de la prétention. Après tout, elle avait juste eu de la chance de naître en tant qu’Adiathesia, c’était pas plus que cela. Même si son frère n’avait rien eu… Et qu’elle avait été la seule à recevoir une éducation digne de sa famille.

«Enfin… Ca n’est pas bien grandiose. Le Saxophone permet simplement de m’évader ailleurs. »

Ils arrivèrent au café, et Calypso passa le pas de la porte d’entrée. Jaime trainait derrière lui une odeur de sel qui ne dérangeait pas outre mesure la jeune femme. S’installant à une des meilleures tables du café, elle fit un sourire à l’un des gérants et alors qu’il s’approchait pour recevoir leur commande, elle adressa un nouveau sourire à Jaime.

«Un Café à la crême de Gianduja et cerises Morello, s’il vous plait. Jaime? »

Un choix digne de Calypso? Après tout quel mal y avait-il à se faire plaisir? Attendant que Jaime commande, elle se passa une main dans les cheveux, alors que Baldr commenta une nouvelle fois la situation.

« Tu vas l’intimider, si tu continues… Essaie donc d’être plus douce et moins... »

«Moins quoi, Baldy? »

Bien évidemment, il n’y répondit pas. Il avait failli vexer la nixe, et cela n’aurait pas été de très bon augure vu le moment. Hésitant quelques peu à poser cette question, la jeune femme prit une grande inspiration, et leva les yeux vers Jaime, espérant ne pas retomber difficilement sur ses pieds.


« Je sais que cela n’est jamais très poli lors d’une première rencontre, mais c’est quelque chose qui m’inquiète beaucoup concernant les élèves. Tu n’es pas dans la Section M par hasard. Et… Je voulais savoir comment cela se passait pour toi. Tu as sûrement déjà entendu parler d’élèves disparus peu après leur entrée en section M. Ou même d’élèves changement radicalement de comportement, comme si une part d’eux-même avait été absorbées par… ces dieux? »


Calypso avait bien évidemment baissé un peu la voix pour éviter que les dirigeants du café ainsi que les éventuels clients ne l’entendent pas. Mais la question est directe, et Calypso appréhendait seulement un rejet complet de sa question. Il était rare qu’elle aborde le sujet, mais elle sentait que peut-être Jaime n’était pas un de ces idiots sans cervelle.

La Jalousie d'un Dieu?

Jaime & Calypso

« J’appartiens aux saxophonistes oui. La musique est quelque chose se doit d’être apprise pour atteindre une certaine éducation. J’ai choisi le saxophone pour le son si particulier qui s’en dégage, et parce que dès ma plus tendre enfance, je suis tombée sous le charme de Stan Getz. Mon père m’a donc offert le privilège d’apprendre aux côtés de Steve Coleman. Enfin… ce n’est pas bien grandiose. »

Je tirai une mine déconfite ; je n’avais jamais entendu pareilles absurdités. Je serrai les poings jusqu’à ce que mes phalanges en soient blanches. D’où se permettait-elle d’étaler son immense fortune devant des connaissances dont elle n’avait pas idée du milieu social ? Je me retins de lui rétorquer que j’avais eu les bases avec un professeur d’une école de musique de village, et que j’avais progressé grâce à des tutos sur internet, pour la remettre en place, mais je me rendis vite compte qu’elle ne pensait pas à mal. Elle était juste plutôt maladroite, elle n’avait pas dû être habituée à côtoyer des gens qui n’avaient pas eu Fred Astaire en prof de danse et Maria Callas en prof de chant. J’inspirai un bon coup pour oublier ce qu’elle venait de m’annoncer sur le ton le plus normal du monde alors que nous entrions dans le café, lui ouvrant évidemment la porte comme un gentleman.

Une fois installés, je laissai la demoiselle commander en premier. Crème de quoi ? Cerises quoi ? Calypso et moi n’évoluions décidément pas dans le même monde. Je pris peur à la pensée de l’addition salée que je devrai payer, mais voulus faire comme elle, dans une tentative vaine de me mettre à sa hauteur de colombe alors que je n’étais qu’un rat sale, ou pour l’embêter, je ne savais pas trop.

« Ce sera un thé à la bergamote et lait de soja, s’il vous plaît. »

Dès que le serveur eût tourné les talons, Calypso se pencha vers moi et commença à me murmurer une question, qui me rendit pour le moins perplexe.

Je profitai de l’arrivée de nos boissons pour réfléchir à ma réponse. Je ne voulais absolument rien lui divulguer me concernant, Loki ou moi, surtout qu'elle faisait partie du même groupe de divinités que moi (et respectais les anciennes volontés de Loki de foutre le fessier en culotte de cheval au Panthéon des Ases), mais partageais, d’une certaine manière, ses inquiétudes.

« Eh bien… Je suis plutôt heureux que tu me poses cette question ; elle a été source d’inquiétudes pour moi depuis quelques temps. J’ai rencontré quelqu’un qui est devenu totalement bipolaire depuis sa… possession. De timide maladif, il peut passer à une extrême violence. Il n’a même plus la même voix, c’est son… dieu qui prend le contrôle. Pour les disparitions dont tu parles, j’imagine qu’ils ont mal supporté les premiers jours de possession. C’est compréhensible. J’ai souffert physiquement, au début. Ça ne m’étonnerait pas tant que ça que la salle 3.4 soit jonchée de cadavres. Quant à savoir si ça se passe bien pour moi… je dois avouer que tout va pour le mieux, j’ai été très chanceux. »

*clin d’œil intérieur*

« Et toi ? Pour que tu m’en parles, tu dois avoir une idée derrière la tête. Où veux-tu en venir ? » lui demandais-je, sur mes gardes et sirotant mon thé.