Laudius est plutôt androgyne, et encore ce n’est qu’un faible mot. Il n’est pas particulièrement grand du haut de son mètre soixante-dix, et ses cheveux de neige d’une longueur bâtarde n’aide pas à se décider quant à son sexe. De plus sa peau pâle correspond aux critères de beauté d’une femme dans de nombreux pays, et le confondre avec la gente féminine est largement possible. Pour finir de dépeindre ce tableau androgyne, j’ajouterais que cet homme est fin, et tout aussi bien fait que de nombreuses femmes. Son regard ne se démarque pas vraiment, il est d’une belle couleur chocolat, virant parfois à l’ambre en de rares circonstances. Concernant les goûts vestimentaires du jeune homme il n’y a rien d’extraordinaire, même si cela reste tout de même un minimum recherché. Il porte un jean simple noir, accompagné d’une chemise blanche, et par-dessus, très exceptionnellement est jetée une veste de costume, le tout accompagné de d’un collier et d’un tour de cou.

A propos de ses goûts, il serait juste de dire que Laudius ne déteste pas grand-chose sinon la frivolité inutile. Souvent sérieux dans ses actions, il n’en reste pas moins une personne vive d’esprit qui joue souvent avec les nerfs des gens. Il n’est pas rare de l’entendre rire, mais ce n’est que rarement innocent.  Il est depuis longtemps admis que professionnellement parlant cet homme pourrait aller loin, si seulement la motivation suivait. En dehors de cela il reste un ami fidèle et il en faut beaucoup pour le décevoir et le voir tourner le dos à quelqu’un. En revanche se détourner de lui peut être une erreur plus que fatale. En termes d’amour, s’il n’a jamais rencontré quelqu’un, il n’est pas hostile à l’idée d’une histoire d’amour qui perdurerait dans le temps.
Il cache pour beaucoup son passé, et régulièrement le récit change et aucune cohérence ne permet d’en tirer une information quelconque. Son choix se comprend au vu de son enfance et de sa famille, mais il n’en reste pas moins une personne entraînée au combat d’usure, aussi bien mentale que physique, et il semble avoir une certaine culture générale, ainsi qu’une longue série de principes qui le laisse passer pour un gentleman.

Cette histoire n’est pas l’une de celle que l’on raconte. Pourquoi ? Parce qu’elle est semblable à celles de nombreuses personnes. Si banale que la conter serait une insulte à un lecteur. Allons-y plongeons ensemble dans cet océan d’inepties qu’est la vie.
Commençons par le commencement. A Londres, en ce temps-là, dans l’un des manoirs qui jonchent les beaux quartiers vivaient une famille un peu spéciale, tout le monde ne pouvait se venter de faire parti d’une longue lignée de Lord anglais. Quoi qu’il en soit, il n’y avait rien de particulier dans cette famille sans histoire, un foyer modèle sans enfant. Bien entendu comme tous les couples ils avaient connu les mêmes difficultés que n’importe quels parents ; quelques difficultés à assurer une descendance. Au bout de plusieurs essais finalement la vie offrit un enfant à ce couple.
La gestation dura un peu moins de neuf mois, et la naissance du jeune garçon se fit sans encombre. Il fut nommé Laudius, un honneur qu’il lui était fait en tant que premier né du sexe fort.
Il grandît alors dans un cadre plus que confortable. Dès qu’il fut en âge de parler et d’écrire un professeur vint chaque jour lui prodiguer des leçons. Les thèmes étaient variés, allant de la culture générale à la musique. Arriva alors ses sept printemps et sa première leçon de combat commença. D’abord des arts de défenses, comme le judo, puis lentement la dérive se produisit jusqu’à arriver à des arts plus nobles comme la canne et l’escrime. Cette partie l’enfance de notre jeune homme était alors parfaite, pas une ombre au tableau. Sa relation avec ses parents étaient quasiment idyllique et il s’était prit d’affection pour le fils du majordome qui passait de temps à autre chercher son père le soir.
Cette amitié n’était pas très bien vue de la famille, mais tolérée en raison de sa jeunesse, et plus mise sur le compte de l’inexpérience que d’une réelle amitié.
En grandissant le lien qui s’était tissé s’étiola, il n’y avait presque aucune réciprocité dans cette relation, et comme dans beaucoup de cas de figure l’effet de nouveauté avait disparu.
L’entrée dans l’adolescence lui faisait beaucoup de bien, et au lieu de se rebeller stupidement, il préférait étudier encore et toujours, et approfondir sa science du combat à l’arme blanche. Il arborait cette morphologie bâtarde que l’on connaît à beaucoup d’adolescent, une finesse étrange, accompagnée d’une résistance nouvelle. Nombreux sont ceux qui à cette période connurent leur corps définitif, même s’il manquait encore quelques développement musculaires à venir, et ce fût le cas de notre jeune héro.
Cependant si sa relation avec ses parents étaient aussi parfaite c’était pour la simple et unique raison que jamais il n’avait été contre leur avis, et ce jour devait arriver. Un matin, alors qu’il se préparait, il nota l’apparition d’un cheveu blanc, ce n’était rien, mais maintenant qu’il le savait là, impossible pour lui de l’ignorer.
Deux choix s’offraient à lui, premièrement se teindre les cheveux de sa couleur naturelle, à savoir un brun chocolat, ou alors un blanche pour masquer définitivement le cheveu, ou seconde possibilité arracher le cheveu au risque d’en voir pousser encore plus.
Une nuit passa et le lendemain il était fixé, ce serait blanc. Il annonça à ses parents son choix, qui eux se moquèrent allègrement d’une réaction aussi puérile. Laudius ne se dégonfla pas, il s’en alla voir un coiffeur et fît faire sa couleur. A son retour, il y eut une dispute, une première pour lui, sans doute que pour son père aussi, qui décida de ne plus lui adresser une parole aimable. C’est l’âme en émoi que le jeune homme décida qu’il était temps pour lui de quitter le cocon familial, espérant sans doute qu’un éloignement lui serait profitable.
Il envoya son dossier scolaire à de nombreuses écoles, soyons clair sur un fait : il n’en espérait qu’une. Et elle lui répondit, le convoquant pour un entretien préalable avec le directeur. Cette première pour lui le rendit si nerveux qu’il ne put en dormir, et lorsqu’il partît en direction du lieu de ses études il ne pouvait se contenir qu'avec de gros efforts.
L'entretien se déroula sans que rien ne le perturbe, à peine quelques questions sur ses origines, beaucoup sur ses capacités mentales et sa culture. Après une heure de réflexion sur le sujet il lui fut annoncé qu'il était accepté sous réserve d'un examen supplémentaire.
Cela lui faisait parfaitement peur, et lorsque le jour de l'examen arriva, il dut faire face à la salle interdite.
A son réveil, sa vie avait changé et il en était conscient… Son intégrité mentale ne serait plus jamais la même, et il tremblait de peur plus que jamais. Lui qui n'avait jamais rien connu de véritablement stressant faisait face à quelque chose qu'il était le seul à pouvoir et devoir affronter.
A la fin du lycée, en raison d'un manque d'expérience et d'une forte instabilité mentale, il décida de poursuivre son cursus. Durant cette période il fît un vrai travail d'introspection, et il découvrît alors une force intérieure nouvelle. Il accepta enfin sa nouvelle part de lui-même.
Cette fois, tout était parfait dans le meilleur des mondes, et après avoir fini ses études et une malencontreuse expérience d'un des professeurs, il décida de postuler pour devenir le remplaçant de ce dernier.

Je ne saurais vous dire à quel point ma vie à changé depuis qu'elle est arrivée. Depuis le début de ma vie, je crois que j'étais destiné à cette rencontre. Elle est entrée dans ma vie à sa façon, avec son unicité. Dans un silence tonitruant et sa sobriété exubérante.
En y repensant une larme perle au coin de mon oeil lorsque je sens un léger courant d'air, une présence.
"Anupet? C'est toi?"
"Chut, écris."
Le jour de notre rencontre était sans aucun conteste le jour le plus stressant de ma vie. J'étais convoqué dans la seule salle qui restait interdit à quiconque n'y est pas invité. Lorsque le message m'étais parvenu, une peur si intense s'était emparé de moi que je n'avais pas osé sortir de ma chambre avant l'heure fatidique. J'avais dû me préaprer avec une attention toute particulière, si bien que pour la première fois depuis longtemps j'étais parfaitement irréprochable. Ma chevelure de neige était parfaitement domestiquée et ma tenue un peu plus soignée qu'à mon habitude.
Chaque pas que je faisais en direction de cette salle semblait battre la mesure d'une marche funeste. J'avais le sentiment très étrange d'avancer vers l'échaffaud alors que ce n'était qu'une simple convocation, il était pourtant très facile de savoir pourquoi; je n'avais jamais été habitué à être convoqué de cette façon, c'était la première fois pour moi. Petit à petit, pas après pas, la peur se mêlait à l'excitation. Lorsqu'enfin la porte se profilait au fond du couloir, mon coeur battait à tout rompre.
Un dernier coup d'oeil sur ma montre m'indiquait qu'il était temps de pousser la porte.
Je frappais tout en la poussant, je m'attendais à la trouver fermée mais non, elle s'ouvrit sans un bruit, pas même un grincement. Ce n'était plus une peur panique qui était en moi, mais une sourde inquiétude, pourquoi cette pièce était-elle baignée dans le noir?
Avec le recul je saurais dire qu'une telle profondeur de noir ne pouvait être que celle des ténèbres.
Au bout de deux pas à peine, la porte claqua avec fracas et si je perdais seconde après seconde mes repères au centre de la pièce un flambeau s'illumina laissant apparaître au fur et à mesure une sorte de temple des temps anciens. Je cherchais à comprendre ce qu'il se passait, mon regard cherchait un point de repère concret, une présence quelque chose, mais il n'y avait rien, sinon une statue de chacal assit. Je m'en approchais comme d'un talisman contre ma peur, et au moment de le toucher il s'effrita, ne laissant aucune trace. Mon regard suivi la poussière s'envolée alors qu'une partie de mon esprit se questionnait, comment était-ce possible sans vent?
Ce n'était plus de la peur, mais de la crainte, de la vraie, je n'étais plus dans le monde que je connaissais. Puis un pas claqua, je cherchais sans trouver, et finalement la poussière reprit forme en laissant une jeune femme à la peau de cuivre me faire face. Son regard était fascinant, je ne comprenais pas comment il était possible d'avoir un tel regard d'or liquide. Je m'approchais en admirant sa chevelure encore plus pure que la mienne, et son visage angélique. A une distance que je pensais assez respectueuse je m'arrêtais et lui adressais une salutation des plus respectueuses. Elle me sourit avec un air possessif dans l'oeil. Soudain elle me saisit le bras avec une fermeté étonnante, et lorsqu'elle prit la parole la têtte me tourna avec une force inouïe et si ses mots se perdirent dans le lointain je vis clairement son autre main s'enfoncer dans mon coeur.
Je sombrais lentement dans l'inconscience alors qu'un rire perlé raisonna comme une cascade dans mon âme.
Je n'ouvrais les yeux que plusieurs jours plus tard, dans une infirmerie trop agressive pour moi. La blancheur de la lumière m'aggressait et je ne voulais pas rester trop longtemps allité. L'infirmière m'annonça qu'un petit malaise accompagné d'une forte grippe avait eut raison de moi. Je soupirais intérieurement et si je sentais un renouveau je me demandais encore qui était tout ces gens près de moi.
De retour dans ma chambre je cherchais à retracer ce que les derniers jours m'avaient réservé, mais rien, un vide immense dans lequel j'avais le sentiment de pouvoir me noyer.
Je regardais par la fenêtre en constatant que je faisais face au couchant, loin à l'ouest... C'était ça, j'étais complètement à l'ouest.
"Le Soleil couchant hein? T'es moins bête que tu en as l'air."
"..."
"Non, ne parle pas. Tu es mien. Tu comprends? Je ferais de toi mon jouet, et un jour tu mourras pour moi. Je n'ai pas envie de vivre esclave de tes envies, j'ai d'autres aspirations. Alors si tu ne veux pas mourir, ce soir tu vas me faire profiter de la musique."
Un air de stupeur s'était affiché sur mon visage, je regardais le miroir et je semblais parfaitement fou. J'allumais d'une main tremblante la radio, je m'allongeais et soufflais un grand coup. Mon corps tremblait, je ne comprenais plus rien à ma vie, qu'étais-je devenu?
Les heures qui suivirent la voix dans ma tête continua sans cesse de me donner des ordres, mon regard devenait possédé, je tremblais de peur et au bout d'une journée enfermée dans ma chambre je pleurais en la suppliant de me laisser seul, de partir. Inutile de dire qu'elle refusait et se moquant de moi.
C'était là notre première rencontre, mais le temps passant elle et moi apprenions à nous connaître. Sa voix devint rapidement un repère pour moi, et parfois alors que je marchais dans la rue, elle se mettait à rire sans raison apparente.
Lentement mais sûrement nous avons appris à nous apprivoiser, j'obéissais sans pourtant oublier mes propres envies. Ma première rebellion contre elle avait été de courte durée tant elle avait hurlée dans ma tête à m'en rendre fou, cependant elle finit par comprendre que finalement j'avais ce besoin de liberté d'action. C'était à contre coeur qu'elle avait accepté cette condition essentielle à mon bon fonctionnement et au sien.
Une fois elle avait bien tenté de prendre le contrôle de mon corps, elle avait presque réussis à le faire, mais au dernier moment elle s'était rappelé de cette histoire d'un étudiant qui avait subitement disparu... Et elle semblait savoir pourquoi. Sans me le dire elle avait fait passer cette action pour un acte de pitié.
Une autre chose qui avait bien fini par me laisser totalement mort de peur était ma première transformation en chacal... Je m'étais changé par accoup, d'abord une queue et des oreilles, puis ensuite des pattes pour finir par une transformation totale. Heureusement que cette aventure avait eut lieu en pleine nuit, mais j'étais si nerveux qu'il m'avait été impossible de me changer en homme avant des jours.
Finalement c'était elle qui m'y avait aidé. Elle semblait si contrariée par cette condition que je n'avais eut le choix de lui obéir.
Ma vie devint alors tout autre chose que celle d'un humain normal. Et après plusieurs jours de recherches j'avais fini par comprendre qui elle était. Du moins, j'ignorais que ce n'était pas une forme de folie, je pensais simplement halluciner de bout en bout.
Cela dura le temps de deux années, et finalement, au prix d'une longue discussion nous avions réussis à trouver un terrain d'entente elle et moi.
Aujourd'hui, je peux le dire sans rougir, je suis heureux d'être sien, elle a su faire de ma vie un enfer, mais aussi en faire un paradis dans lequel tout est possible. J'aime à penser qu'elle continuera jusqu'à la fin de me montrer la voie. Je sais qu'elle sait combien de temps il me reste à passer dans ce monde, et c'est pour cette raison que je vous livre ici quelques bribes de mon passé.
Je continuerais sans doute encore, mais pour l'heure il est temps d'aller en cours!