Milena aurait pu être une jolie fille, si elle prêtait un peu plus d'attention à son apparence. Ses longs cheveux d'un rose vif (grâce à une teinture) cascadaient sur ses épaules, jusqu'à tomber dans le creux de ses hanches. Le plus souvent, elle ne les attachait pas, ne prenait pas cette peine. Cette tignasse très vive contrastait très bien avec la pâleur de sa peau, et s'accordaient avec ses joues, qui prenaient très vite une jolie teinte rosée dès qu'elle faisait un trop gros effort. Mais ce qui marquait le plus les gens chez elle, ce qui retenait leur attention, c'était ses yeux. D'un bleu électrique et toujours plein d'émotions, leur expressivité avait tendance à surprendre au premier abord. Mais Milena, de nature réservée, cachait ses grands yeux derrière une frange légèrement trop longue.
La jeune fille était de taille moyenne (1m68) et très mince. Elle n'avait pas beaucoup de poitrine, ce qu'elle trouvait plutôt pratique parfois, et son corps n'était pas très musclé, mais tout en longueur et en finesse.
De plus, sur son bras droit, tout en faut, figurait un tatouage « 03 » dont elle n'avait pas la moindre idée d'où il venait (voir son histoire ^^)

Au niveau vestimentaire, Milena n'avait pas de style précis. Comme elle n'aimait pas vraiment aller faire les magasins, elle se contentait des quelques vêtements déjà en sa possession. Elle n'était pas du genre à avoir un dressing bien rempli avec une multitude de choix. Non, elle c'était plutôt le genre à avoir 2 ou 3 jeans, quelques hauts, et une ou deux robes qu'elle aimait bien porter de temps en temps.

Et, la plupart du temps, Milena avait l'air de rêver. Les yeux dans le vague, contemplant quelque chose qu'elle seule pouvait voir, elle était perdue dans son propre univers, parlant très peu. Parlant tellement peu, que rares étaient les personnes ayant entendu le son de sa voix. Etant une excellente musicienne, elle préférait s'exprimer à travers ses instruments comme le violon ou encore la guitare. Elle n'avait pas de style de musique précis, elle touchait à tout, aimait découvrir de nouvelles choses. Et quand quelqu'un lui parlait, elle se contentait de l'ignorer, dans sa bulle.
Mais malgré son absence de contact avec les gens, Milena restait très observatrice de tout ce qui l'entourait, vive d'esprit, et pour ceux qui arrivait à lui faire briser son silence et à passer outre son air rêveur, elle se révélait être une personne très attentive et très douce, compréhensive.

16 août. Le jour de sa naissance, ou plutôt le jour où elle s'est réveillée, en début d'après-midi, dans sa chambre d'hôpital. Sa mémoire vide de tous souvenirs passés, Milena a ouvert les yeux dans cette petite pièce blanche et impersonnelle qui devint son quotidien l'année qui suivit. Elle avait été trouvée évanouie dans une ruelle de Londres, seule, ses vêtements déchirés, sans aucun papier sur elle. Le personnel de l'hôpital avait pensé que sa famille viendrait bientôt la réclamer, mais non. Rien. Pourtant les enfants qui disparaissent sont souvent très recherchés, mais elle ne semblait manquer à personne. A croire qu'elle n'avait pas d'existence avant son réveil. Les médecins l'avaient longuement examinée à son arrivée, et elle avait quelques bleus, quelques griffures et un tatouage sur le bras, tout en haut du bras. Un nombre « 03 ». Mais les marques sur son corps s'arrêtaient là. Ils en avaient déduit qu'elle avait été agressée mais impossible d'être sûr tant qu'elle n'était pas réveillée. Pourtant, une fois les yeux ouverts, la jeune fille s'était enfermée dans un mutisme impénétrable. Pendant 2 mois elle ne parla pas. Elle passait ses journées à errer dans les couloirs, à attendre dans sa chambre. Les yeux dans le vide, semblant regarder quelque chose qui n'existait que pour elle, Milena restait dans son monde, son univers, indifférente aux choses qui se déroulaient autour d'elle. Les mois défilaient, et, petit à petit, elle réapprenait à parler, elle réapprenait à vivre. Elle avait 10 ans.

Puis, elle avait été envoyée de familles d'accueil en familles d'accueil. De foyer en foyer, pendant 1 an. Et un jour, elle avait été réclamée par une tante qui affirmait l'avoir reconnue dans la rue. Elle avait donc une nouvelle fois déménagé. Et c'est ainsi qu'elle s'était installée dans la ville d'Oxford, dans une jolie maison témoignant des bons revenus financiers de sa tante. Cette dernière lui avait parlé de sa mère (qui était sa sœur), de son père. Elle lui avait montré de vieille photo de famille, lui avait appris son nom, son prénom, sa date de naissance. Elle l'avait inscrite à des cours de musique, seule chose qui semblait intéresser Milena. Elle l'avait aussi inscrite dans une école spécialisée pour les élèves ayant énormément de retard au niveau scolaire. Mais un retard que Milena avait bien vite rattrapé, et du haut de ses 17 ans, elle avait pu intégrer une classe de Terminale normale.
Puis arrivèrent les premières pubs pour le Pensionnat. Et finalement, poussée par sa tante et comme était disponible là bas un cursus de Licence en Histoire des Arts, elle fit ses valises et débarqua au Pensionnat dès la fin de sa Terminale.

Milena se réveilla et ouvrit difficilement les yeux. Elle porta les mains à ses tempes douloureuses tandis qu'un mal de crane s'établissait dans sa tête. Elle essaya de rassembler ses quelques souvenirs des événements passés et le moment de la possession lui revint en mémoire. Elle soupira et coinça sa tête entre ses genoux. Ce fichu mal de crane était insupportable si bien qu'elle ferma les yeux pour s'isoler de toute source de lumière susceptible d'accentuer sa migraine. Elle ne se rappelait pas de grand chose. Elle revoyait le directeur lui parler d'une classe spéciale, une classe qu'il avait souhaité qu'elle intègre. Comme à son habitude, elle n'avait pas vraiment posé de question et s'était contentée de hausser les épaules. Elle n'avait parlé à personne dans sa classe précédente alors en changer ne la dérangeait pas. Mais suite à ça, trou noir.
Et c'est à ce moment là qu'elle l'entendit pour la première fois. Et lorsque sa voix grave résonna dans sa tête, elle sursauta de surprise.



Milena écarquilla les yeux, sa tête toujours coincée entre ses genoux. La voix semblait provenir de son esprit, mais la jeune fille ne pu s'empêcher de jeter un regard derrière elle. Personne, elle était seule.



Milena ne prit pas la peine de lui répondre. Elle ne parlait à personne, et elle ne se mettrait certainement pas à parler parce qu'elle entendait des voix. Peut-être devenait elle folle ? Elle sursauta une deuxième fois lorsque la voix s'adressa à elle une nouvelle fois.



Milena se redressa brusquement, ses souvenirs remontant peu à peu à la surface. La pièce 3.4 où le Directeur l'avait emmené, prétextant un dernier détail à régler avant son changement de classe, elle se rappelait avoir eu mal, très mal.. Puis plus rien, le noir complet.



Ce fut au tour de Nuada de l'ignorer, la laissant réfléchir, et Milena se leva en soupirant, ses longs cheveux glissant sur son visage pâle et inquiet. Un Dieu dans sa tête. Il n'avait pas l'air belliqueux ou violent. Mais après tout, il ne lui avait adressait qu'à peine trois phrases, elle se trompait probablement, non ? La jeune fille fronça les sourcils, ayant encore un peu de mal à comprendre comment tout ça fonctionnait.




Et c'est ainsi que démarra une sorte de cohabitation, assez étrange. Nuada lui parlait souvent, faisait des commentaires sur tout et rien, donnait son avis sur un cours, un lieu, une situation, n'hésitant pas à montrer son désaccord face à certains choix de la jeune fille, et au fur et à mesure que les jours passaient, Milena en découvrit un peu plus sur lui. Il lui faisait penser à un juge, impartial, qui commentait presque toute ses actions, mais qui malgré tout restait amical. Souvent de bons conseils, elle avait fini par s'habituer à sa présence dans sa tête, à sa voix qui surgissait soudainement et qui au début la faisait sursauter. Elle ne ressentait aucune animosité à son égard, même si elle gardait quand même la désagréable sensation d'une intrusion dans ses pensées. Sensation qui probablement ne disparaîtrait pas de sitôt. Après tout, elle avait quelqu'un dans sa tête qui pouvait suivre le cours de chacune de ses pensées, difficile de se sentir immédiatement à l'aise..