L’antre de la Folie

La jeune femme pénétrait dans le lieu dit, plongé dans l'obscurité. Aucune lumière ne filtrait, et Calypso n'était pas en possession des clés des salles des lumières. Avançant d'un pas prudent, elle se concentra lentement. Ses pensées se dirigèrent vers Baldr, et son unique lumière. Une chaleur douce l'envahit, et quand elle rouvrit les yeux, son corps était devenu une intense lumière, plus pure sue tout ce qui pouvait exister.

«Si tu ne portais pas cet accoutrement, tu serais magnifique, ma chère Nixe. »

Cette dernière sourit, acceptant le compliment, et s'avançait dans la pièce, traversant les rangées pour arriver sur la scène. Il n'y avait personne. Pourquoi était-elle persuadée que quelque chose se produirait ici? Son instinct lui criait sue c'était ici qu'était la clé, mais... Il n'y avait personne.

«L'échec est nécessaire à la réussite...»

S'apprêtant à répliquer sans douceur, la jeune femme fut interrompue par l'ouverture de la porte d'entrée. De loinw, elle ne voyait pas qui s'était, et fit cesser immédiatement la lumière qui émanait de son corps. Était-ce le soit disant assassin? L'excitation prenait peu à peu son corps, alors qu'elle s'imaginait tous les scénarios possibles et inimaginables.

«Qui est la? Vous venez pour réitérer cette farce stupide? Ne cherchez pas, vous êtes démasqués ! »

Calypso sentait déjà sa gloire arriver.

L’antre de la Folie

Elle l'avait suivit à travers les couloirs, sans chercher à la rattraper, sans la héler pour la retenir. Elle la rattraperait bien assez tôt. Et cette opinion se mua en certitude lorsque la demoiselle poussa une porte. La salle de théâtre. C'est ce que Cassandre put lire lorsqu'elle parvint à son tour devant la porte. Bon. Elle n'était pas familière du lieu, même si elle avait souvent affaire avec le club de théâtre, qui ne se gênait pas pour l'importuner dès que le besoin de tel costume ou tel décor se faisait sentir…

Poussant à son tour la porte, Cass' fit un pas à l'intérieur avant de se stopper, intriguée. La … lumière qui l'enveloppait vacilla un instant avant de disparaître. Elle clignât des paupières, incertaine quant à ce qu'elle venait de voir. Et si la perplexité s'étendait chez Cassandre, c'était l'excitation qui poussait et se développait chez Idunn. Et lorsque Cass' fronçat les sourcils en quête d'une explication, Idunn se contenta de répondre, évasive :

Je sais qui se trouve à l'intérieur.

Le léger gloussement qui suivit irrita délicieusement Cassandre, alors qu'elle aurait préféré faire mine que cela l'indifférait au plus au point. Les secrets qu'on ne lui dévoilait qu'en partie avaient pour habitude de tourner dans sa tête pendant de longues heures sans trouver de réponse…

- Qui est la? Vous venez pour réitérer cette farce stupide? Ne cherchez pas, vous êtes démasqués !

Elle ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel, bien que la gamine ne puisse sûrement pas s'en rendre compte dans cette obscurité. Sortant de la poche de son sweat une petite lampe de poche -oui, elle s'était coltiner la ronde post-fête…-, Cassandre l'alluma et éclaira brièvement son visage avant de la diriger vers le sol.

- Je ne crois pas que cet événement puisse être qualifié de farce stupide. Et en ces circonstances, je crois bon de ne pas laisser les élèves se promener seuls dans le Pensionnat.

Elle promena la lampe aux alentours, cherchant à repérer d'autres éventuels étudiants présents. Rien. Du moins, rien de vivant hormis elle et l'étudiante.

- Vous vous appelez comment ? Vous avez noté quelque chose d'anormal ici ?

Avoue que tu ne te sens pas aussi rassurée que tu le prétend Cassandre… C'est normal, tu sais ?
Mes émotions ne sont pas ton problème.

L’antre de la Folie

Dans le noir, seul le bruit de sa respiration lente et assurée tenait compagnie à la Terminale. Elle ne savait pas à qui appartenait la silhouette aperçue quelques secondes plus tôt, mais Calypso n'en avait pas peur. Au contraire, elle trouvait cela amusant. Car à ses yeux, il était impensable qu'elle se soit trompée. Se déplaçant légèrement sur la scène, connaissant vaguement ses dimensions, un faible rai de lumière vint alors l'éclairer. Eblouie, Calypso mit sa main devant ses yeux pour s'en cacher, le temps que ce qui semblait être une surveillante décide de diriger celle-ci vers le sol. La jeune femme reconnaissait vaguement la pionne. Delauney, si ses souvenirs étaient bons.

- Je ne crois pas que cet événement puisse être qualifié de farce stupide. Et en ces circonstances, je crois bon de ne pas laisser les élèves se promener seuls dans le Pensionnat.

Calypso se retint de lever les yeux au ciel. Personne n'étais vraiment sûrs qu'un crime ait vraiment lieu. Cela aurait pu être dans l'intérêt du Directeur de ne prévenir personne hormis l'infirmière pour que la supercherie soit la plus réaliste possible. Soit, si Demoiselle le Pion voulait rester avec elle, c'était son problème. La jeune femme se jugeait assez grande pour être seule ainsi. Baldr, lui... Semblait fixer la Surveillante. Ne jugeant pas bon de demander ce qui le dérangeait, Calypso se contenta de se retourner, car quelque chose l'interpella.

« Vous vous appelez comment ? Vous avez noté quelque chose d'anormal ici ?»

Elle n'était à vrai dire pas très sure de ce qu'elle avançait. S'approchant, elle se mit de nouveau à illuminer son corps de cette même lumière transcendante qui lui avait permit de s'éclairer un peu plus tôt. S'agenouillant, elle saisit doucement le rideau de la scène.

«Adiathesia.»

A vrai dire, elle hésitait à donner son nom complet. Généralement, son nom de famille suffisait à ce qu'on ait déjà entendu parler d'elle, au moins une fois. Mais se forçant, elle ajouta.

«Calypso. Il y a en effet quelque chose d'anormal... Les rideaux de cette salle sont censés être d'un rouge peu commun... Or... Ils sont devenus étrangement noirs... On devrait peut-être en informer le Directeur, qu'en pensez-vous?»
«Ne t'enflamme pas, jeune nixe... La patience est une vertu qu'il te manque bien. »

Calypso se fichait bien de l'avis de la pionne. A ses yeux, c'était son avis qui primait. Et le fait qu'elle ait découvert quelque chose la rendait encore plus confiante. Faisant cesser la lumière qui jaillissait de son corps, elle passa lentement une main dans ses cheveux, avant de se diriger vers Madâââme Delauney. Tentant de faire un effort, elle articula doucement.

«Qu'en pensez-vous?»

L’antre de la Folie

Et soudain, c'était revenu ! Ainsi donc, elle n'avait pas rêvé. Du corps de l'étudiante iradiait une légère lumière, qui se voyait nettement dans l'obscurité ambiante. Si Cassandre était bel et bien au courant de certains pouvoirs que les Dieux offraient à leur possédés, en voir un de ses yeux lui faisait toujours un drôle d'effet. La mettait… mal à l'aise. Quand bien même c'était elle-même qui opérait…

- Adiathesia…  Calypso.

La secrétaire ne releva pas l'hésitation dont la dénommée Calypso avait fait preuve.  A vrai dire, Cassandre se fichait un peu des rumeurs étudiantes, tant qu'elle ne venaient pas perturber l'organisation qu'elle avait planifié. Alors oui, il y en avait qu'elle connaissait mieux que d'autres. Les présidents de clubs qui l'asticotait pour obtenir des fonds. Les dossiers d'admission qui passaient forcément par l'infâme pile qui trônait sur son bureau. Les noms des familles influentes qui faisaient des dons substantiels au Pensionnat. Tout ça. Mais en tant que personne, Calypso n'avait jamais vraiment suscité l'intérêt de la jeune femme… Et pourtant, elle possède quelque chose en elle d'assez intéressant je dirais…

- Il y a en effet quelque chose d'anormal... Les rideaux de cette salle sont censés être d'un rouge peu commun... Or... Ils sont devenus étrangement noirs... On devrait peut-être en informer le Directeur, qu'en pensez-vous?

Cassandre se renfrognât. Il y avait toujours des gamins turbulents pour détériorer le matériel scolaire. Sincèrement, quel profit en tirait-il ? Peindre un rideau en noir… Quel mauvais goût en plus. Et qui allait payer la remise en état de tout ce bazar? Hein? L'école pardieu ! Une ligne supplémentaire dans la colonne Dépense. Une de plus. A croire que depuis qu'elle était là, les sorties d'argent se multipliaient inlassablement, sans aucune pitié pour elle. Un carnage économique, que le Directeur approuvait sans réserve, allant même jusqu'à la forcer à accéder aux moindres demandes de ses petits protégés. Et il trouvait toujours un moyen de redresser la barre,  d'étranges financements venant combler les trous au fur et à mesure.

- Qu'en pensez-vous?

La question répétée la fit sortir de sa réflexion, remarquant que la gamine s'était "éteinte" et qu'elle s'était rapprochée d'elle.

- Sortons, il n'y a rien d'intéressant à voir ici. Si ce rideau a été saccagé, il faut en faire une déclaration. Vous êtes celle qui a découvert cette dégradation. J'aurais besoin que vous me suiviez au bureau du Directeur pour remplir le papier en question.

Certes, c'était sûrement moins glorieux que tout ce qu'elle s'était imaginé. Tant pis, Cassandre n'était pas là pour satisfaire son besoin de reconnaissance… Et elles sortirent toutes deux dans le couloir.