Comme pour presque chaque personne vivant sur cette terre, David a eu le droit à une naissance dans les règles. Un accouchement. Son enfance fut également des plus banales. David joua au foot dans la cours de récréation à l'école, il se fit des amis et apprit à lasser ses chaussures tout en comptant jusqu'à douze. Il crâna également devant toute la classe en récitant l'alphabet à l'envers, chose qu'il ne pourrait sans doute plus faire maintenant, mais bien que tout ceci soit absolument digne d'intérêt, l’événement qui changea réellement sa vie fut son entrée dans ce fichu pensionnat.

David n'était au départ pas vraiment emballé par cet endroit. Il avait déjà prévu toute la suite de ses études et elles ne comportaient pas de passage dans ce lieu, aussi prestigieux ou réputé qu'il fut. Il ne pensait pas avoir le niveau et ne voyait pas l'intérêt de se lancer dans une entreprise vouée à l'échec comme celle-ci. En plus de ça, le pensionnat était assez loin de chez lui et il n'était pas vraiment emballé à l'idée de partir aussi loin de sa famille. Au bout d'un mois de harcèlement, le grand frère de David finit par également commencer à lui dire de venir, que si on insistait autant c'est qu'il devait bien avoir sa place là-bas et qu'il avait les capacités de réussir. Finalement, c'est plus par affection pour lui que par réelle envie qu'il s'engagea à rejoindre les rangs de ce pensionnat.

Au début, son intégration fut des plus normale. Il ne prêtait pas grande attention à ce nain de directeur sur lequel il avait déjà trébuché une fois sans le vouloir et suivait ses cours avec attention pour faire honneur à sa famille et ne pas décevoir les attentes de son frère. Cependant, au bout d'un délais somme toute assez cours, il fut invité à se rendre dans cette fameuse salle. Ce dont il se souvient ? Simplement son réveil avec l'étrange impression d'avoir été violé, plus la petite tête chauve du directeur penché sur lui et qui lui donna une vague envie de vomir. Une sale impression d'avoir été envahi plus la tête du directeur ? Il se demanda s'il souhaitait vraiment connaître le fin mot de l'histoire.

Celui-ci lui raconta alors une histoire abracadabrante. Une histoire de dieux antiques, de possession, de survie, (alors comme ça j'ai failli mourir sans le savoir ? Les frais de scolarité ont intérêt à être remboursés à vie, après ça.) et aussi de grand retour dans la tête des gens. Quant à la personne dans sa tête, si elle avait un nom comme « Toutou », il demanderait à y retourner pour échanger. Voilà merci. Cependant, ce qu'il retint le plus dans cette histoire, c'est qu'on l'utilisait sans même lui dire pourquoi et ça, il ne pourrait le souffrir.

Il resta encore un moment à l'infirmerie et faillit faire une crise cardiaque la première fois que la présence lui parla. Elle avait une voix grave, pour une femme, le genre de voix qui mettait des frissons dans le dos de n'importe qui, mais pas dépourvue de charme. Elle lui dit qu'elle s'appelait Eris, qu'elle était autrefois là crainte et respectée déesse de la discorde et de l'émulation. Celle qui avait créé la pomme d'or par vengeance et qui avait donné aux chefs Grecs la force de continuer à se battre pendant la guerre de Troie. Elle lui dit également qu'elle n'essayerait pas de le posséder totalement tant qu'il ne l'y forcerait pas en essayant de la renier, elle, son existence et sa présence dans sa tête.

Cette présence perturbante devint donc sa colocataire permanente. Une colocataire crainte, car elle pouvait sans cesse lire dans ses pensées, voir ce qu'il voyait, entendre ce qu'il entendait et parfois même influencer légèrement son environnement lorsqu'il ne faisait pas attention. Puis, au fil du temps, elle était devenue une colocataire appréciée, pleine de sagesse et partageant la même curiosité que lui à l'égard du proviseur et de son plan pour faire revenir les divinités. Eris voulait en savoir autant que lui. Elle ne voulait pas se faire utiliser.

Pendant toute sa scolarité, David essaya d'être un élève modèle. Il voulait devenir brillant pour attirer l'attention du directeur, lui montrer à quel point sa possession se passait bien, à quel point il pouvait tout maîtriser rapidement pour entrer dans ses bonnes grâces et Eris l'y aida beaucoup. Au fil du temps, David et Eris se rapprochèrent, si tant est qu'ils le purent et David se rendit peu à peu compte que ce qu'il ressentait pour la présence dans son esprit n'avait plus rien à voir avec la simple envie de collaborer du début de leur aventure. David était tombé amoureux d'une présence dans sa tête.

Bien évidemment, Eris le su tout de suite et elle lui assura avec moult détails qu'une fois qu'elle aurait retrouver son apparence, si un jour elle la retrouvait, elle n'hésiterait pas à le faire devenir le père de ses prochains enfants, malgré qu'elle en ai déjà environs quatorze. Pas exactement des enfants pleins de joie et de vie, en plus. Quoi qu'il en soit, David se sentait tout à fait capable de devenir père de quatorze enfants si ça signifiait pouvoir enfin voir Eris, la regarder dans les yeux, rien qu'une fois, lui toucher ne serait-ce que la joue pour vérifier qu'elle était bien réelle, effleurer ses lèvres d'un baiser pour enfin en sentir la saveur et voir son sourire lorsqu'elle prononçait son prénom. Cependant, pour le moment tout ceci était impossible et David le savait bien.

A la fin de ses études, David n'était pas beaucoup plus avancé dans son enquête, aussi décida-t-il de rester travailler ici, prétextant s'être prit d'affection pour le lieu, déclarant qu'il adorait le Pensionnat et souhaitait voir les élèves avec les dieux récalcitrant trouver un terrain d'entente grâce à son aide et son expérience... Il fut donc engagé comme surveillant du pensionnat en attendant d'avoir l'âge d'être professeur ou autre, lui permettant ainsi de rester et de continuer à chercher les secrets du proviseur avec bien plus de moyens, désormais.