Cours de gestion à la possession

Jeudi 21 avril 2016, 13h30

Arrivé très en avance pour mon premier cours magistral destiné aux terminale M – il s’agissait de notre deuxième rencontre, à vrai dire, mais la première étant une introduction à mon concept de cours, je n’y voyais là qu’une entrée fade et insipide que l’on servait avant un plat majestueux –, je relisais mes notes de cours non sans une certaine appréhension. L’inquiétude que mes élèves remarquent ma tension n’arrangeait en aucun cas ma situation : s’ils s’apercevaient trop vite que j’étais un professeur tout à fait débutant, le reste de l’année se déroulerait probablement dans un chaos certain pour moi. J’inspirai et expirai puissamment. Mon cœur ralentit progressivement et je retrouvai le calme dans lequel j’avais opéré lors du premier cours.

« Neal, n’oubliez pas ce que je vous ai suggéré au petit-déjeuner : imaginez-les nus, ou en sous-vêtements si cette vue vous offusque trop, et l’appréhension devrait disparaître. Je vous fais de toute façon absolument confiance pour la gérer lorsque le moment sera venu, je sais que vous en êtes plus que capable. »

Merci, Horus. J’éprouvai un agréable sentiment de plénitude à entendre mon dieu me proférer de tels encouragements ; dans sa justesse et sa clairvoyance, il ne pouvait pas se tromper. Assis derrière mon bureau, je levai des yeux sombres vers les premiers élèves qui franchissaient timidement le seuil de la porte que j’avais ouverte au préalable. A chaque « bonjour » que j’entendais, je hochai poliment la tête.

Je soupirai bruyamment lorsque le vacarme assourdissant, inévitable, se propagea dans ma classe comme une nuée d’insectes. Il n’était pas encore deux heures ; je n’avais pas encore le droit de prendre mon autorité sur la classe tant que la cloche n’avait pas marqué le début de la double heure de cours. Afin d’éviter de me concentrer sur les vagissements insipides des élèves qui pensaient probablement discuter de sujets tout à fait convenables et intéressants, j’écoutais Horus qui abusait d’un délit de faciès sur tous les nouveaux arrivants.

« Ah, regardez-moi ce rouge à lèvres : a-t-elle essayé de se confondre avec un babouin ? » ou encore « Comment peut-il oser sortir avec une telle coupe de cheveux ? », avant de conclure par un grandiose « La puberté ne les a pas épargnés. »

Un rictus se forma au coin de ma bouche ; c’est avec cette expression vaguement moqueuse que je me levai pour aller fermer la porte lorsque la cloche retentit. J’y mis un peu trop de conviction et elle claqua ; de quoi faire taire la plupart des élèves.

« Nous allons maintenant cesser les discussions primitives pour se consacrer à l’enseignement du savoir. J’imagine que vous vous souvenez parfaitement de mes éclaircissements du dernier cours ; si ce n’est pas le cas, référez-vous en à vos camarades une fois la lecture terminée. »

Je balayai la salle du regard, l’expression sévère, avant de continuer mon monologue.

« Comme je vous l’ai présenté lundi dernier, nous allons apprendre ensemble à gérer votre possession, notamment en évitant qu’elle ne devienne totale. Il va sans dire que l’annihilation d’un élève comme vous autres ne serait pas une grande perte ; néanmoins, par obligation et respect envers vos familles, nous devons nous assurer de votre bien-être. Vous êtes déjà en terminale, et les enseignements de gestion que l’on vous a dispensés ont été lamentables jusqu’ici ; il ne va pas sans dire que j’attends de vous un travail exemplaire pour rattraper votre retard. »

« Bien. Nous arriverons sans nul doute mieux à un résultat favorable lorsque l’on comprend les bases du mécanisme. Quelqu’un peut-il me parler du processus de possession ? Qu’en savez-vous ? » lançai-je à la cantonade, n’espérant pas une réponse convenable.

Résumé de l’action:

HRP:

J’étais enroulée dans mes couvertures rêvant d’une virée shopping sur Paris lorsque mon réveil se mis à sonner. Je le fracassais d’un coup de poing avant de m’assoir en grognant. Ma colocataire n’était pas là. C’est vrai que je n’avais pas eu cours ce matin, mais elle surement. Quelle heure était-il ? Midi, j’avais le temps. Une journée de plus dans ce fichu pensionnat. J’avais imaginé faire des coches sur mon mur telle une prisonnière mais Hadès m’avait tellement expliqué à quel point il trouvait mon idée pathétique que j’avais abandonné.

Je descendais de me lit me trainant jusqu’à la salle de bain. Ma coloc avait des gouts de luxe et je ne lui en voulais pas. Cette salle de bain à l’italienne était carrément démente. J’entrais dans la douche, laissant couler l’eau chaude sur ma peau. Je me frictionnais vivement avec un gel douche soit disant vitalisant. Pour me réveiller un peu plus je mettais l’eau froide en route ce qui me valut un petit cri. Au moins, c’était efficace !

Je te rappelle que tu as pas intérêt à être en retard aujourd’hui…
Pourquoi donc ?
Le nouveau prof, D’arcy… c’est son premier cours aujourd’hui.
Merde c’est vrai !

Sortant rapidement de la douche je me séchais les cheveux et me brossais les dents. Me regardant dans la glace je décidais de me maquiller légèrement. Je sortais et enfilais rapidement l’uniforme de l’établissement. Je lissais ma jupe sur mes jambes et ajustais le nœud de ma cravate pour qu’il ne soit pas trop contre mon cou.
Pour une fois, je ne voulais pas être en retard. Premièrement parce que ce prof n’avait clairement pas l’air d’être un rigolo. Ensuite, car malgré tout c’était une matière qui était intéressante pas comme les maths ou la chimie. Avec ce cours on apprenait un peu à gérer nos colocataires de caboche. Enfin c’est ce que j’espérai surtout.

Je sortais de ma chambre avec toutes mes affaires. Pour une fois j’avais plus d’une demi-heure d’avance. Je fis un saut au réfectoire pour manger une tartine rapidement. La majorité des élèves présents avaient l’air d’avoir la tête profondément dans le c*l les cours de la matinée avait dû être durs. Je n’aimais pas être dans cet était léthargique, sauf en lendemain de cuite. Ma technique de la douche froide me permettait d’éviter la tête de zombi.

C’est vrai que tu n’es pas la pire…
Il y a mieux tu vas dire ? Je suis quand même canon !
La fille là-bas, et l’autre à côté de ce type en bleu et aussi…
C’est bon j’ai compris merci Hadès.

Je sortis du réfectoire. Pour me rendre au cours j’avais le choix entre passer par les couloirs ou par le par l’extérieur et de longer le bâtiment. Vu la pluie torrentielle qui battait dehors je choisi la première option.
Tout en marchant dans les couloirs je me demandais comment ce cours allait bien pouvoir se dérouler. C’est vrai, la possession est différente pour chacun non ?
Après avoir sillonné dans les couloirs, zigzagant entre les élèves j’arrivais enfin dans ma classe. Monsieur D’arcy était déjà présent.

« Bonjour, lui dis-je avec un sourire »

J’allais ensuite m’installer à ma place habituelle, au fond de la classe près de la fenêtre. Je sortis mes affaires. Quelques élèves étaient déjà présents alors que d’autres étaient en train d’arriver sous le regard sévère de notre enseignant.
Lorsque la classe fut plus ou moins au complet il se leva un air légèrement mauvais sur le visage avant de fermer la porte. Je ne savais pas ce qui arriverait aux retardataires mais j’étais heureuse de ne pas en faire partis.

« Nous allons maintenant cesser les discussions primitives pour se consacrer à l’enseignement du savoir. J’imagine que vous vous souvenez parfaitement de mes éclaircissements du dernier cours ; si ce n’est pas le cas, référez-vous en à vos camarades une fois la lecture terminée. »

Il avait quand même l’air sacrément hautain le gugus. Mais au moins il avait l’air de savoir de quoi il parlait. De ce qu’on m’avait dit ce n’était pas forcément le cas de son prédécesseur.
Il expliqua rapidement le but de son cours, c’est-à-dire évité que notre divinité ne prenne le control total de notre corps. Hadès ne m’avais pas eu l’air de ce genre pour le moment, mais je ne voulais pas me reposer sur mes lauriers. Il finit en critiquant l’ancien enseignant et ses techniques. Je soupirais légèrement, il était quand même un peu trop sur de lui quand même…

Ne va pas t’attirer ses foudres…
C'est ton différent avec Zeus qui te fait dire ça ? On ne sait même pas qui est son dieu. Mais non, je vais essayer. Pas au premier cours en tout cas.

« Bien. Nous arriverons sans nul doute mieux à un résultat favorable lorsque l’on comprend les bases du mécanisme. Quelqu’un peut-il me parler du processus de possession ? Qu’en savez-vous ? »

Je regardais les autres élèves, qui eux aussi avaient eu ce réflex. Je haussais vaguement les épaules préférant ne pas répondre plutôt que répondre une idiotie.

Je suis de ton point de vue sur ce coup-là.

Résumé:

*Time to go Fergal.*
J'ouvre grand les yeux, me réveillant au son de la voix de Sifflotin. Plusieurs semaines maintenant que c’était comme ça tous les matins mais mon corps restait incapable de se réveiller calmement.
*Quelle heure est-il...*
*Si j'ai bien compté, six heures du matin.*
Je passe mes mains sur mon visage. Tournant la tête, j'attrape mon portable et regarde l'heure.
6h02.
*Pas loin.*
*Tu n'as jamais besoin de dormir ?*
*Je compte en dormant.*
*Sérieusement ? Je comprends mieux pourquoi j'ai l'impression d'avoir bossé toute la nuit quand je me réveille.*
Je me lève en silence pour éviter de réveiller Nathanaël qui dort encore.
*C'est quoi le programme aujourd'hui ?*
J'attrape un pull à capuche vert avec un pantalon de combat gris.
*On va aller bosser à la biblio la matinée et...*
Je sens un immense sentiment de joie envahir Sifflotin rien qu'en entendant le mot bibliothèque. Il aimait assouvir son savoir.
*Et on ira assister au cours de contrôle de la possession.*
*Pourquoi ?*
*...*
*Tsssssss*
…
La matinée se passa sans encombre. Sifflotin avalant livre sur livre. C’était étrange de juste avoir besoin de lire pour avoir déjà l'information stockée, analysée et croisée avec d'autres en quasiment un instant.
*Entraînement. Il y a des humains comme moi.*
*J'en doute. Tu restes un dieu Sifflotin.*
*C'est vrai... mais certains de vos plus grands scientifiques étaient capables de grande prouesse avec leur esprit.*
*Si tu le dis, en attendant j'ai faim donc on va aller bouffer un truc.*
Ouvrant la porte du pensionnat, je fis la moue.
*Hé bien. Semblerait que tu vas devoir courir.*
*Meh... Vivement que je maîtrise la métamorphose dans son intégralité.*
*Pourquoi ?*
*Les écailles protègent de l'eau non ?*
*Ça dépend desquelles mais oui certaines sont hydrophobes.*
Vérifiant que ma capuche est bien en place et tirant sur mes manches, je passe le porche de la porte en la refermant derrière moi. Je commence à courir en direction du lycée. Mais la pluie Irlandaise ne se laisse pas faire si facilement. Résultat, j'arrive au self trempé.
J'attrape deux paninis avec une canette de coca et retourne me poser à une table pour manger tranquillement dans mon coin.
*Rappel moi pourquoi tu veux aller à ce cours ?*
*Pour eviter que tu essayes de me tuer ?*
*...*
*Quoi ?*
*Tu sais bien que je ne peux plus le faire...*
*Je n'ai aucune preuve que ce que tu racontes est vrai.*
*L’accès a ma pensée et la connaissance de mes sentiments ne sont pas suffisantes ?*
*Ça ne prouve rien...*
*Fait pas celui qui ne comprend rien à la situation... Nos esprits se touchent pas endroits...*
*...*
*Bref... tu devrais te dépêcher si tu ne veux pas être en retard.*
Je sors mon portable pour vérifier l'heure. 13H45.
*Merde*
J'avale en vitesse mon repas et me dirige sur un pas de course en direction de la salle de cours.
J'arrive juste avant que la porte se referme. Je me glisse à l’intérieur alors que celle-ci claque derrière moi. Me tournant vers l'avant de la pièce, je fais face à ce que je devine être le professeur à la vue de son costume.
"Yoh" fis-je avec un bref hochement de la tête.
Je me retourne en retirant ma capuche. Je contemple les têtes qui me fixent tel un monstre.
*Pfff comme d'hab...*
Je m'avance jusqu'à la première rangée de table qui était restée libre et m’assois. Je me rends rapidement compte que je fais tache.
*Heu... pourquoi tout le monde est déguisé ?*
*Ça s'appelle un uniforme Fergal...*
*Et pourquoi ils ont tous du papier blanc devant eux ?*
*Tu dois ramener tes affaires pour prendre des notes normalement.*
*Mais merde pourquoi tu ne me la pas dis !*
*Je pensais que tu avais déjà été en cours avant...*
*Non. Je n'avais que des cours personnels à la maison avec mon tuteur.*
Sentant le malaise lentement grimper en moi, je me concentre sur notre professeur.
« Bien. Nous arriverons sans nul doute mieux à un résultat favorable lorsque l’on comprend les bases du mécanisme. Quelqu’un peut-il me parler du processus de possession ? Qu’en savez-vous ? »
Sans attendre je réponds.
"C'est un peu le même principe que le dualisme corps-esprit philosophique non ? Sauf que là il y a deux esprits et un corps."
Haussant les épaules, je reprends.
"De toute manière on sera probablement tous loin de la bonne réponse alors autant nous la donner de suite non ?"
*Fergal...*
*Quoi ?*
*En classe, il faut lever la main et attendre l'autorisation de ton professeur avant de pouvoir parler.*
*Merde...*
Ignorant mon malaise grandissant, je continue de fixer le professeur.

Résumé:

C'était un jeudi qui s'annonçait comme les autres, suivant un programme similaire à ceux qui l'avait précédés les semaines passées. Un réveil en douceur, le jeudi était la seule journée où Eireen se permettait de traînasser au lit. Elle ne se fixait aucune heure de réveil et si elle se réveillait tôt, elle flemmardait tranquillement emmitouflée dans sa couette, jouant à un jeu sur sa Nintendo 3DS ou lisant un bouquin. Elle s'habillait ensuite rapidement pour aller grignoter quelque chose pour le petit déjeuner et s'occupait à nouveau avec des activités autres, non liées aux cours.

Puis arrivait onze heure. Un étirement et elle préparait ses affaires pour aller à la piscine. C'était ici que le programme variait un minimum par rapport aux autres Jeudis. D'habitude Eireen passait facilement deux heures dans l'eau et prenait son temps sous la douche. Sauf qu'aujourd'hui le cours du début d'après-midi avait reprit sa place dans l'emploi du temps, alors la jeune fille avait revu son programme et avait coupé dans ces heures de natation. Elle aurait pu raccourcir ses temps de flemmardise mais... Non. Aujourd'hui non. Peut-être jeudi prochain. Enfin bref.

C'est avec les cheveux encore légèrement humides qu'Eireen passa le pas de la porte de la salle de cours, saluant poliment le professeur du même bonjour que les élèves qui étaient entrés avant elle. Elle se plaça au deuxième rang et sortit tranquillement ses affaires de son sac. Rien de bien particulier, juste de quoi prendre des notes si nécessaire. Elle ne jeta qu'un coup d’œil rapide au dernier élève qui avait pu rentrer avant que la cloche ne sonne et posa son regard sur la porte que l'enseignant venait de claquer.

**Le glas vient de retentir.**

La voix d'Hestia avait retentit dans un gloussement. Il n'y avait sans doute qu'elle pour s'amuser de l'attitude du professeur d'Arcy. Pas qu'elle se moquait de lui, loin de là, ce serait très déplacé de sa part et connaissant la déesse, cette hypothèse était tout à fait insongeable. Elle s'amusait surtout de la situation dans laquelle se trouvaient les élèves. A voir s'ils seraient capable de faire face comme il se devait à leur enseignant.

*Tu crois qu'il le pense vraiment ?*
**Quoi donc ?**
*Que l'annihilation d'un élève n'est pas une grande perte.*
**Peut-être, peut-être pas. Ce serait idiot de s'énerver pour cela. Il peut dire ou croire ce qu'il veut, ce qui importe pour toi c'est d'apprendre de son savoir.**
*C'est dans le même genre que « Il faut souffrir pour être belle » ?*
**Il y a de cela oui.**
*Hum...*

Eireen n'arrivait clairement pas à percevoir la même chose qu'Hestia vis à vis du professeur. Il fallait dire que du haut de ses dix-sept ans, elle était loin d'être pourvue de la sagesse de la déesse. Elle n'était qu'une ado qui même si elle ne le montrait pas, elle appréhendait beaucoup ce cours et cet homme qui savait imposer sa personne et susciter le malaise chez les autres, surtout ses élèves. A sa question Eireen s'était attendue à ce que le silence se fasse roi pendant un long moment mais c'était sans compter l'intervention du garçon aux cheveux blancs assis au premier rang.

Sa proposition ne lui sembla pas mauvaise, en tout cas elle pouvait ouvrir sur un débat à ce propos, c'était juste la suite qui risquait de ne pas être appréciée de l'enseignant. S'il posait la question ce n'était pas pour rien.

« Je pense que le but est de regrouper nos idées pour pointer ce qui est bon mais surtout ce qui ne l'est pas et peut-être nous orienter vers la bonne réponse sans toutefois nous la donner. Un peu comme un diagnostique différentiel. Sinon, je pense aussi que le processus de possession tient certaines bases du dualisme corps-esprit mais je serais incapable d'expliquer plus. C'est... Flou. »

Elle avait aussi prise la parole sans lever la main mais ça lui semblait stupide de le faire alors que le sujet était déjà entamer, surtout que son début de réponse s'adressait au garçon, arborant la neutralité qui la caractérisait tant. Elle ne redoutait pas le retour car elle préférait savoir si elle se trompait plutôt que de rester ignorante et c'était bien pour cette raison qu'ils étaient ici non ? S'ils savaient déjà tout, ce cours n'aurait pas lieu d'être. A voir maintenant comme il allait se dérouler.

Résumé:

Gestion de possession: Cours 1

feat. La classe

J’avais peu dormi cette nuit, Hypnos oblige…Ennuyé et inquiet, il n’avait pu se retenir de me garder éveiller pour converser de tout et de rien et lorsque j’avais enfin réussi à m’endormir, il avait décidé que c’était par mes rêves qu’il me contacterait. Résultat : je n’avais pas du tout l’impression d’avoir dormi et je ne me rappelais de notre conversation que par bout isolé. Le matin avait donc paru arrivé trop rapidement et en bon étudiant modèle que j’étais, m’étais levé, de larges et profonds cernes décorant mon visage pâlot. Sans un mot, j’avais fait ma préparation habituelle : lavage complet de ma personne, taille de mes ongles impeccables, revêtement de mon uniforme efficacement repassé la veille et finalement, renflouement de mon sac de mes ouvrages scolaires et cahiers de notes ainsi que de mon nécessaire de survit en plus: pompes, antibactériens, trousse de premiers soins miniature, etc. Prêt pour la journée, j’avais assisté à mes cours du matin et profité de mes temps libres pour avancer mes travaux…rien de palpitant en soi et quelqu’un ne se priva pas de me le rappeler question de rendre le tout plus pénible.

*Roooooh….Je dormirais…C’est lourd tous ces cours…*

Je levai un sourcil.

*Moi, j’aurais dormi cette nuit, mais oui maintenant aussi…Ce serait tout de même moins lourd si on dormait la nuit.*

*Cela fait des millénaires que je suis nocturne. Tu t’attends à ce que ça change comme cela toi?*

*Je sais, mais je suis humain, j’ai 17 ans…j’aimerais rester en santé et pour ça j’ai besoin d’un sommeil régulier et à des heures raisonnables… *

*Je sais, je fais des efforts…*

*Je sais…reste que c’est pénible.*

*Sur une note plus joyeuse…nous serons tellement crevés ce soir que ce sera facile!*

*Vivement la fin des cours alors!!!* Lançais-je d’un air rêveur.

Autour de midi, j’avais mangé au self, mes bouquins toujours sous les yeux…je DEVAIS me tenir occupé pour ne pas dormir afin d’étirer jusqu’à ce soir et reprendre un bon rythme. Toutes les 5 minutes, je regardais l’heure dans l’espoir que la journée avance plus rapidement. N’y avait-il pas un dieu du temps quelque part à Immortalia pour nous épargner!? Enfin, la fin du déjeuner arriva et je me levai pour aller en cours. Comme à mon habitude, j’entrai dans la classe discrètement afin de ne pas être trop remarqué, saluai le nouvel enseignant, M. D’Arcy, d’un « Bonjour. » doux, quasi murmuré, accompagné d’un signe de tête respectueux. Nous n’avions eu qu’un seul cours jusqu’à présent avec le nouveau prof et il promettait d’être intéressant quoique stressant. Néanmoins, j’arrivais à voir l’utilité d’un tel cours, surtout vu mes récentes tensions avec Hypnos. Lui-même était d’accord sur le fait que nous devions régler la situation. Malgré tout, j’avais beaucoup de difficultés à laisser passer ses écarts de comportements, soit ses tentatives des possessions légères dès qu’il se trouvait une excuse « valable » depuis mon massacre sur le toit. Ma divinité m’affirmait également ne pas apprécier mon attitude irritée dernièrement et je lui concédai le point. Nous en étions venus à la conclusion que nous devrions recommencer nos efforts de compréhensions. Ce cours nous le permettrait sans doute et je comptais bien y porter toute l’attention qu’il méritait. Quant à l’enseignant, il m’avait paru sévère aux premiers abords, mais je me rassurai en me disant qu’il ne devait pas avoir le choix avec des étudiants possédés et que cela permettrait d’avoir des cours efficaces et sans trop de discipline à faire. Parfait! J’étais là pour apprendre. Balayant la pièce du regard, je cherchai la place idéale, mais n’étant pas le premier arrivé, il me restait peu de choix intéressant...meh…Aislinn avaient décidément choisi une bonne place.

*Si tu t’entrainais convenablement on aurait pu lui voler sa place, mais non tu vas devoir te contenter de stresser au fond là-bas! Ou là…ou là….Avoue, aucune place ne te convient vraiment. Tu vas passer les 15 prochaines minutes à stresser pas vraies?*

L’idée de foutre une raclée à Aislinn pour sa place me fit sourire tellement c’était ridicule, mais l’image était marrante.

*Mais non…juste…une place à l’avant serait idéale pour rester éveiller…mais je serai exposé et dos à tous…C’est un risque de recevoir toutes sortes de trucs par la tête dans le cours. J’aime moins l’idée donc….le milieu…qui veux s’assoir au milieu? J’me sentirais vulnérable. Le fond…je serais protégé par deux murs dans le coin et j’ai une vue d’ensemble…mais je vais aussi voir tous les stimuli créés par les autres étudiants….Quoique…ça me tiendrait éveillé…ou pas…comme je suis au fond et facilement déconcentré….meh…*

*Tu veux la place du prof? Ça, c’est une place de choix! Endormons-le! Ça lui apprendra à sous-estimer ses étudiants!*

*Mouais, je ne voudrais pas le sous-estimer non plus. Je vais m’abstenir. Va pour le coin opposé à Aislinn.*

J’avançai donc à travers les rangées pour atteindre la place désirée. Je saluai mon « entraineuse » timidement de la main avant de m’assoir, plaçant mes effets personnels : cahier ouvert en face de moi, stylo et crayons à droite selon l’ordre de taille, efface en haut à droite, aiguisoir en haut à gauche, bouteille d’antibactériens dans ma poche de veston, bouteille d’eau près de l’aiguisoir, j’étais prêt à commencer!

*Il me semble que tu as changé ton « set up » de bureau non?*

*Ouais j’essaie de faire changement. Je test.*

*Oohhh…let’s get wild then! Tu supporteras?*

*Mais oui, mais oui…J’aime bien la disposition. Elle te convient aussi?*

*Si tu savais comme je m’en ….Enfin…Je ne tiens qu’à ton bonheur et ta paix d’esprit.*

Je ricanai sachant que y’avais bien que moi dans ma tête qui pouvait être dérangé par cela. Hypnos voulait simplement que je lui fiche la paix avec des détails du genre. Il trouvait que je rendais sa vie stressante pour rien, sans parler de la mienne. Je tentais donc de faire de mon mieux pour réduire ma propre nervosité, mais sans succès, mais pour le moment, malgré la fatigue, j’étais finalement plutôt bien…je notai l’arrivai de Fergal qui s’était installé à l’avant et moi je restais à l’arrière, silencieux, aiguisant de façon égale mes divers crayons à mine. Enfin, après un moment, le cours commença.

« Comme je vous l’ai présenté lundi dernier, nous allons apprendre ensemble à gérer votre possession, notamment en évitant qu’elle ne devienne totale. Il va sans dire que l’annihilation d’un élève comme vous autres ne serait pas une grande perte ; néanmoins, par obligation et respect envers vos familles, nous devons nous assurer de votre bien-être. Vous êtes déjà en terminal, et les enseignements de gestion que l’on vous a dispensés ont été lamentables jusqu’ici ; il ne va pas sans dire que j’attends de vous un travail exemplaire pour rattraper votre retard. »

*Non, mais j’ai bien entendu?*

*Oui tu as bien entendu…il ose. Il a du courage ou il est stupide pour affirmer une telle chose devant une classe d’étudiants possédés aux pouvoirs incontrôlés. Vrai ou pas je parle…*

*Personne ne fera rien…personne ne fait jamais rien. Que ce soit vrai ou pas, je ne trouve pas que c’est un sujet de rigolade…déjà la possession involontaire c’est inacceptable, mais fini par être tolérable….pas le choix…, mais l’annihilation c’est juste dégueulasse. Surtout pour un truc qu’on n’a pas choisi…*

Il avait carrément osé dire que notre annihilation ne serait pas une grosse perte. Mon cœur s’était serré à ces paroles comme j’avais réalisé dernièrement l’absence de nouvelles de Yuuki et d’Aelter. J’avais eu beau tenter de les contacter…je restais sans nouvelles. Je craignais évidemment le pire et j’étais bien décidé à faire ce qu’il fallait pour des informations sur leur cas. J’avais d’ailleurs commencé à travailler sur la chose la soirée précédente, rédigeant une affiche que je comptais bien distribuer si ni l’un ni l’autre ne se manifestait après avoir entamé des recherches plus approfondies moi-même. Bref, horrifié par les mots limite cruels de l’enseignant, j’étais bien décidé à ne pas lui faire plaisir et à donner tout ce que j’avais pour lui montrer que ses étudiants n’étaient pas « jetables » et pas des incapables comme il semblait le croire. J’croisai les bras, m’appuyant sur le dossier de ma chaise, un air sérieux, concentré, je portais attention à la suite.

« Bien. Nous arriverons sans nul doute mieux à un résultat favorable lorsque l’on comprend les bases du mécanisme. Quelqu’un peut-il me parler du processus de possession ? Qu’en savez-vous ? »

Je levai une main hésitante, la rebaissant rapidement alors que Fergal avait pris la parole sans lever la main. Il semblait bien déterminé à balancer sa réponse.

"C'est un peu le même principe que le dualisme corps-esprit philosophique non ? Sauf que là il y a deux esprits et un corps."

Il ajouta finalement…

"De toute manière on sera probablement tous loin de la bonne réponse alors autant nous la donner de suite non ?"

« Je pense que le but est de regrouper nos idées pour pointer ce qui est bon, mais surtout ce qui ne l'est pas et peut-être nous orienter vers la bonne réponse sans toutefois nous la donner. Un peu comme un diagnostic différentiel. Sinon, je pense aussi que le processus de possession tient certaines bases du dualisme corps-esprit, mais je serais incapable d'expliquer plus. C'est... Flou. »

En réponse à Ferg, Eireen, une jeune demoiselle rousse comme moi, avait ajouté au commentaire. Je ne la connaissais pas autrement que comme une collègue de classe généralement silencieuse. Cette intervention était donc assez exceptionnelle en soi donc. J’avais remarqué également un certain talent pour l’économie de mots… chose qu’Hypnos semblait me reprocher de manquer par moment, mais pas en classe. En classe j’étais généralement plus discret…Toutefois, aujourd’hui le sujet était assez intéressant pour que je me lance et j’étais sans doute aussi motivé par l’attitude dégradante de l’enseignant envers ses élèves. Pris d’un élan de courage, encouragé par Hypnos et voyant que personne ne semblait se préoccuper de lever la main, j’osai moi-même ajouté mon grain de sel, rappelant ainsi la présence de ce fantôme roux isolé au fond. D’abord timidement et faiblement, puis de plus en plus rapidement, je défilai tout ce qui me passait par le crâne.

« Je connais mal la théorie probablement, mais de ce que j’en sais…C’est intéressant… ça déprendrais quelle part de la théorie on considère comme la plus probable, ou même si nous sommes-en accord avec ce concept de dualisme. Parlons pour parler! Il serait pertinent de voir combien de temps ou dans quel état un esprit peut vivre sans corps…Si ça se trouve, la 3.4 est remplie de momies…ou de petits pots Mason remplis d’une divinité. S’ils nous ont possédés, c’est qu’ils avaient sans doute besoin d’un corps, mais pourquoi?…Dû moins dans l’optique que ce n’est pas que pour le plaisir, ce dont je doute personnellement. Ça dépend peut-être aussi de la divinité de chacun. Oups…je digresse…Le point est qu’un transfère sans corps a été effectué au départ : de eux à nous…Enfin…je crois, comme personne ne semble se rappeler de sa possession, on ignore s’il y avait corps ou pas avant qu’ils prennent le nôtre.... M’enfin, reste que la théorie est jolie, mais une division totale corps/esprit me semble impossible au naturel, même sans la possession…sinon une blessure ou maladie dégénérative au cerveau n’aurait aucun impact sur les capacités mentales ou psychiques, or c’est le cas. Dans notre contexte, si on est pour une dualité, cela impliquerait donc que le second esprit n’a aucun contrôle ou effet sur le corps. Ce qui est faux puisque nous avons des pouvoirs. Plusieurs en ressentent des effets physiques clairs…les métamorphoses chez Constellations d’Orient entre autres, des douleurs physiques lors de l’utilisation des pouvoirs, un rythme de vie perturbé par celui de sa divinité. "

*Je ne me sens pas visé du tout…*

Je pris une grande respiration avant de poursuivre.

« Aussi, le terme « possession » implique une prise de corps...Les divinités ne possèdent pas que notre mental …surtout considérant qu’ils peuvent carrément en prendre le contrôle physique dans le cas d’une possession totale. Donc…mouais…mais selon moi c’est plus complexe que de réduire ça à des esprits totalement indépendants. »

Je gesticulai, présentant une main puis l’autre, au fur et à mesure ou je changeais de questionnement ou en opposais deux.

« Enfin…tout ça…c’est dans l’optique où ce qui nous possède est un esprit comme on l’entend…Nous n’avons pas à faire à des esprits ordinaires de films sci-fi…du moins je ne crois pas. Ce sont des divinités pas de simples « esprits humains », du moins c’est ce qu’ils clament être."

*WOW, fais attention à tes paroles jeunes hommes! Un peu de respect! Je t’ai déjà donné raison de douter de moi?*

*Désolé, manque de tact…*

Je laissai tomber ma tête vers l’arrière fixant le plafond un moment, les bras pendants de chaque côté de ma personne, le regard un peu absent.

« Quoiqu’une divinité n’est qu’une divinité dans l’optique ou on la croit, l’être non? Ou alors elle est une divinité, car elle est faite différemment…comme une autre division, une autre espèce… « ce sont des divinités et pas des humains »…En quoi est-ce que c’est différent? Faudrait savoir… C’est différent parce qu’on croit en elle ou parce que physiquement elle est ce qu’elle est? Alors maintenant ils sont quoi si on n’y croit plus? Des esprits normaux? Rien ne dit que la conception de notre esprit est la même que le truc qu’on a dans le crâne. Ni que c’est compatible à notre corps…je ne sais pas si c’est clair, ce que je dis….Rien ne dit que c’est un esprit comme on l’entend, ni que la chose avait un corps auparavant ou à certains moments ou plutôt qu’il fût similaire au nôtre s’il en avait un…puisque le monsieur le directeur semblait affirmer qu’ils en avaient. Si ça se trouve, c’étaient tous des animaux ou des aliens. Ou, ou….des p’tits nuages, donc des particules physiques, qui s’infiltrent et affecte nos neurones. Un genre de gaz toxique. Si ça se trouve…nous sommes tous fou ou sous les effets d’une substance inconnus qui nous donnent de super pouvoirs et affectent nos fonctions nerveuses et ou neurologiques. Je devrais tellement écrire un roman...Bref, trêve de digression débile, mais c’est clair ce que je veux dire?…En gros…si ce n’est pas un esprit comme la théorie l’implique, celle-ci s’applique-t-elle encore? Bref c’est intéressant comme piste, mais il y a beaucoup à savoir et comprendre…Et bon soyons franc…ils n’ont jamais voulu nous dire de quoi il en retournait précisément une fois à l’infirmerie. Tout est fait pour qu’on ne comprenne rien à ce processus…Je n’ai pas le sentiment qu’on va régler ça aujourd’hui dans un cours. Je me trompe? En plus, on pourrait nous dire n’importe quoi qu’on serait tous très ouvert à y croire en fait…ne serait-ce que pour avoir des enfin des réponses... Je suppose que l'administration en sais assez pour répondre à la plupart de ces question, mais je parle d'un point de vu d'un étudiant ignorant en la matière.....Il y aurait de quoi philosopher longtemps.....C’était quoi déjà la question?»

Je doutais soudainement de la pertinence de mes propos, ne me rappelant plus exactement l’objectif de départ visé par la question de l’enseignant. Finalement, Je bâillai, me cachai de ma main, puis secouai ma tête pour me réveiller. Je commençai ensuite à tripoter le coin de mon cahier de notes soudainement mal aisé d’avoir déblatérer un tas d’imbécilité probablement peu cohérente…Bien que dans ma tête j’étais arriver à me faire un peu trop de plaisir à m’imaginer un tas de trucs aléatoire et comique…la dernière en liste…la matrice.

*Rooooh….je suis tellement, mais tellement fatigué! Je dis n’importe quoi… perdu dans mes propres paroles….Quel imbécile je fais!*

*Faudra en prendre et en laisser…mais ce n’est pas tout mauvais…Il faudrait juste que tes mots ne sortent pas au même rythme que tu les penses…Prends-le temps…Je resterais tout de même silencieux pour le restant du cours. Je ne suis vraiment pas habitué à ce que tu prennes les devants en cours et je crois que c’était bien comme ça aussi…*

*Doooh….* Fis-je déçu de moi d’avoir finalement osé dans un moment où j’avais cruellement besoin de sommeil. Pour ma défense, le sujet était vraiment intéressant! Et pour une fois que l’on avait la chance de poser des questions!

J’plaquai une main contre mon visage, autant pour cacher ma soudaine honte et le rougissement de mes joues que pour frotter mon œil au passage afin de ne plus en sentir le picotement.

Résumé:

(c)LOKIA

« Non, monsieur », répondis-je sèchement à l’élève au teint maladif qui avait déjà commencé à se faire remarquer. Bien piètre performance, d’ailleurs. « Le but étant de développer votre sens de la réflexion, de vous faire émettre des hypothèses et de me poser des questions qui ne vous seraient peut-être pas venues en m’écoutant simplement, je souhaite que vous essayiez de répondre, que vous vous trompiez ou non. Je vous ferai également remarquer qu’en classe, on n’est pas censé prendre la parole lorsque cela nous chante, surtout que vous avez empêché quelqu’un qui le désirait de s’exprimer ; puisque j’apprécie la spontanéité, néanmoins, je vous propose de continuer cette partie du cours sous forme d’un débat, si cela peut vous aider à prendre la parole plus facilement. »

J’ignorai complètement le début de réponse qu’il avait entamé pour me tourner vers une jeune femme qui avait pris ma défense puis avait formulé un essai à son tour.

« Tout à fait, oui, vous avez raison. Je comprends que vous soyez dans le flou ; nous allons écouter encore quelques réponses pour voir si quelqu’un peut vous aider à le dissiper. »

Le rouquin que le premier avait empêché de lever la main prit alors la parole et m’assena le plus long roman qu’on m’avait jamais sorti, qui me fit l’effet d’une brique lancée en plein visage. Néanmoins, je fus impressionné par le naturel avec lequel il était capable de mettre le doigt sur de nombreux points tout à fait exacts et m’engageai à répondre à chacune de ses questions avec attention et précision.

« Bravo, jeune homme. Pourrais-je avoir votre nom ? Il semblerait que vous ayez beaucoup réfléchi sur le sujet, pour mettre en lumière autant de remarques très pertinentes. Je vous félicite ; je vais essayer de vous expliquer dans la mesure de mes moyens les quelques points dont vous n’êtes pas sûr.

» Tout comme vous, je n’ai pu rentrer qu’une seule fois dans la salle 3.4, et c’était il y a une éternité. – Vieux schnock ! – Si je gardais une once de souvenirs de ma possession, le temps qui passe me l’a enlevée ; je ne peux donc malheureusement pas vous dire si cette salle renferme des esprits lâchés qui se promènent tranquillement sous une forme éthérée, s’ils sont enfermés comme des poissons dans un bocal ou toute autre hypothèse que j’ai pu formuler. Je vous rejoins sur la pertinence de savoir combien de temps ils peuvent survivre sans corps ; m’est avis qu’ils peuvent y rester une éternité, mais qu’ils sont alors incapables d’accomplir quoi que ce soit – est-ce un destin pour un dieu ? Je ne crois pas.

» Sans vouloir rentrer dans un sujet qui se rapproche trop de la philosophie, matière dont je suis loin d’être maître, j’estime qu’on les appelle « divinités » car ce sont comme une autre espèce. Regardez les divinités égyptiennes : leurs représentations font d’eux des chimères, presque des monstres – EH –. Ils possèdent également ce que l’on appellerait injustement des pouvoirs ; or, à part nous, il n’existe a priori pas d’autre humain à proprement parler qui puisse en disposer. Je pense que si les humains d’antan croyaient en ces personnes, c’est justement grâce à leur aspect et à leurs pouvoirs qui leur permettaient de grands accomplissements.

» Votre imagination dépasse néanmoins un peu les bornes. Je n’ai pas eu l’occasion de beaucoup échanger avec le directeur de l’établissement, mais je doute qu’il mette en place un programme avec des matières adaptées aux divinités simplement pour le bon plaisir d’un nuage de toxines. Néanmoins, je n’en sais pas plus que vous concernant la forme de ce qui nous habite, n’étant pas un élément important du programme – je suis arrivé comme vous, élève au Pensionnat, m’y suis fait posséder et y suis simplement retourné bien plus tard – ; mon dieu lui-même n’a pas franchement l’air de se rappeler de ce qu’il était lorsqu’il m’attendait. Mais vous avez entièrement raison, nous aurions de quoi débattre là-dessus pendant de nombreuses années. Votre réflexion était néanmoins très intéressante, Monsieur. »

Satisfait de l'intervention des deux derniers élèves et souhaitant relancer le débat vers un sujet un peu moins philosophique, je posai une nouvelle question, plus abordable par la majorité :

« Quels sont les raisons qui, selon vous, feraient que votre dieu voudrait vous posséder totalement ? N'hésitez pas à me demander de plus amples explications sur ce qui a été dit si vous en ressentez le besoin, d'ailleurs. »

Résumé de l’action:

« J’avais dû me retenir de rire lorsque je vis la tête de notre enseignant alors que Fergal prenait la parole sans permission. Je pense que si il l’aurait pu il l’aurait crucifié sur place. J’étais d’autant plus étonnée par sa présence, lui qui m’avait assuré qu’il n’était jamais présent en cours… Enfin, après tout je m’en fichais.
Comme je l’attendais D’Arcy ne se fit pas prier pour remettre le blondinet à l’ordre. Bon, faut dire qu’il l’avait un peu cherché aussi.

Vint ensuite au tour d’une rouquine de parler. Il me semblait qu’elle s’appelait Eireen, mais je n’en étais pas certaine. Je n’avais encore eu l’occasion de lui parler. Enfin j’écoutais sa réponse et était d’accord avec elle, je hochais donc la tête d’un mouvement d’approbation.
Ce fut ensuite que je perdis un peu le fil malgré moi. En effet, Lawrence avait pris la parole et était un peu partis dans tous les sens. J’avais réussi à le suivre au début mais ensuite j’étais passée à la contemplation du paysage. Je l’aimais bien et ça me faisais sourire de le voir autant passionné mais je pense qu’il avait perdu la majorité de la classe.

Je sortis de mes pensées lorsque le prof repris la parole pour lui réponde. Il nous fit un long monologue que j’écoutais d’une oreille un peu plus attentive. Alors comme ça il avait été élève ici il y a longtemps.

Ma main à couper qu’il faisait partit des coincés.

Je souris malgré moi, faut dire que j’étais du même avis. Il n’avait pas l’air très drôle comme personne. Il faisait sévère et sérieux, pas très commode quoi. Après encore un moment il fini son speech. Wow, il avait limite plus parler que Lawrence, fallait pas les mettre les deux dans une même pièce trop longtemps sinon leur discussion serait sans fin. Je lâchais un soupire malgré moi, j’espère que le reste du cours deviendrai un peu plus passionnant.

« Quels sont les raisons qui, selon vous, feraient que votre dieu voudrait vous posséder totalement ? N'hésitez pas à me demander de plus amples explications sur ce qui a été dit si vous en ressentez le besoin, d'ailleurs. »

Ah ! Voilà enfin un sujet où je pouvais avoir quelque chose à dire. Je me redressais sur ma chaise passant une main dans mes cheveux avant de la lever, attendant l’autorisation de parler.

« Je pense que certain dieux voudraient prendre le contrôle pour ne plus être à la serve d’un humain. J’imagine que pour des divinités qui ont été vénérer, aduler pendant des siècles il est difficile de se retrouver en tant que rôle secondaire dans le corps d’une personne lambda. En plus, je pense qu’en fonction de leur personnalité certain voudraient recouvrir leur gloire passée. Et pour les plus…comment dire… dominant ? Enfin… ceux qui aime le pouvoir quoi, je pense que leur but est peut-être de reprendre le contrôle qu’ils avaient sur les humains dans le temps. C’est vrai quoi ? A l’époque qui n’avait pas peur de la foudre de Zeus ou encore du monde des Enfers d’Hadès ? »

Je marquais une pause regardant rapidement la tête que tiraient mes camarades. Ils n’avaient pas l’air ahuris, je n’avais pas du dire trop d’âneries.

« Bon après c’est mon point de vue, je pense qu’au final on a chacun notre idée sur la question. »

Je me réinstallais contre le dossier de ma chaise, croisant les jambes tout en attendant une réponse de D’Arcy ou la réponse d’un autre élève. Si le but du cours était de débattre c’était un cours où je serai présente.

Et d'après toi je suis de quel catégorie ?
Dans la catégorie calculateur.
Hmmm...

Résumé de l’action:

J’entendis alors la voix d’une fille provenant juste de derrière moi. Je fis basculer ma tête en arrière afin de la regarder pendant qu’elle parlait.
*Rouquine, yeux bleus. Mignonne mais pas mon style.*
* Ce n’est pas un serpent effectivement.*
*J’apprécie aussi les humaines tu sais ?*
*Hein ?*
*Tstststsststs*
Ignorant les ricanements de Sifflotin, j’écoutais maintenant Lawrence qui semblait courir un marathon.
*Il va s’étouffer s’il continu*
*Serai intéresser de voir comment le prof réagirai.*
Alors que Lawrence finissait, je lâchai un petit sifflement.
« Non, monsieur »
Le ton sec de la voix du professeur me fit relever la tête vers lui. Celui-ci semblait énervé par ma réponse. Je n’avais fait qu’exprimer mon avis et j’en payais le prix.
*Tu les fais vraiment toutes pour te faire remarquer hein ?*
*…*
J’écoutais patiemment le blabla du prof.
*Hmmpf…*
*Quoi ?*
*Il vient clairement de nous dire qu’il n’avait aucune expérience, et qu’il n’a pas communiqué avec le vieux qui est probablement le mieux placer sur le sujet. Donc en gros il a que son expérience personnelle.*
*Et ?*
*Rien… Il a été à notre place et au lieu de nous aider il nous crache dessus en disant qu’un de moins ne serai pas un problème…*
*Donc on peut se casser ?*
*…*
Le prof avait posé une nouvelle question à laquelle j’entendis un bras se lever rapidement. Je reconnu alors la voix d’Aislinn. Je l’écoutais calmement avant de me lever en récupérant mon sac et me diriger vers la porte de la classe.
"C’est simplement la liberté. Après tout, nous ne sommes que des prisons pour eux… ou des jouets pour certains. Avec tout le respect que je vous dois monsieur votre seul expérience personnel ne me semble pas être suffisante pour nous enseigner ce cours. Surtout que vous avez la tête d’un gars qui a fait de la psycho. Or nous avons déjà un psychologue spécialisé à notre disposition."
Je fis passer ma capuche sur ma tête et attrapa la poignée de la porte l’ouvrant légèrement.
"Oh ! Et dernière chose, si jamais vous croiser le directeur pour lui rapporter mon comportement. Rappelez-lui que j’attends toujours un remède à ma mort. Vous me trouverez probablement dans la bibliothèque. "
Je sortis de la salle de cours fermant la porte derrière moi.
*Bon débarras…*
*…*
*Quoi ?*
*Rien… je me demande si tu n’aurais pas quelque chose à voir avec ma soudaine réaction.*
*Tststsstss*

Résumé de l’action:

Aed ouvrit un oeil difficilement, puis le deuxième. Actuellement, il était enroulé confortablement dans ses couvertures et se sentait un peu mieux que l'habituelle. Un peu plus reposé. Il avait bien du dormir,cette fois... Il était quel heure, d'ailleurs ?
Rapidement, il regarda l'heure, avant de lâcher un juron. 13 heure. Il était 13 heure et il était encore dans son lit alors qu'il avait cours dans une demi-heure! Ce fut en paniquant qu'il se leva de son lit pour commencer à se préparer en vitesse. Le cours qu'il allait avoir été en plus géré par un d'Arcy, un nouveau qui ne semble pas vraiment d'humeur à accepter les retardataires ou tout simplement être gentil.

*Ou tu peux tout simplement sécher son cours, il te remarquera même pas.* Fit remarquer Morrigan. Elle n'avait pas semblé trop adorer le fait qu'il y avait ce type de cours, mais elle ne lui avait pas interdit d'y aller.

* Je ne vais pas prendre le risque, il risque de me tuer la prochaine fois que je viendrais au cours! Et si j'y viens jamais, il va faire remarquer mon absence et je risque d'avoir des ennuis ... * Et il avait assez d'ennuis comme ça.

* Alors bouges toi !*

Il fila aussi que possible au réfectoire pour aller manger quelque chose, pour éviter de ne pas mourir de faim. Il hésita à manger rapidement pour aller rapidement en cours, ou lentement pour éviter de s'étouffer ou avoir mal au ventre. Mais au final il dut manger rapidement à la demande de Morrigan, qui ne voulait pas qu'ils perdent du temps. Au final, il réussit à ne pas s'étouffer avec de la nourriture.

Tout de fois, il restait en retard. Pas de beaucoup, mais le cours devait déjà être en train de se dérouler. Il sentait déjà ses mains tremblaient légèrement à la pensée qu'il allait sûrement se faire massacrer par le professeur, et il pressa le pas dans les couloirs pour se diriger pour faire son billet de retard,puis aller en direction de la salle de cours. Et sortir son emploi du temps pour bien vérifier que c'était bien cette salle, et que non, il ne c'était pas trompé d'heure, et qu'il n'avait pas paumé son billet de retard.

Il transpirait nerveusement, regardant fixement la porte. Il détestait d'être en retard et de venir au cours. Mais il devait y aller. Il alla toquer à la porte, mais elle s'ouvrit légèrement, laissant entendre quelques paroles à propos qu'on retrouverait quelqu'un à la bibliothèque. Il comprenait pas vraiment ce qui c'était passé, mais au final, un élève ,qu'il n'avait jamais rencontré sortit de la salle en claquant la porte. Il était même pas en uniforme. Et ... Il était malade ou quoi ?! Sérieusement, le teint de ce mec était terrifiant . Pas que le teint, en faite... Aed s'écarta de lui pour le laisser s'en aller, et en espérant de ne pas s'être chopé le truc qui rendait ce mec si chelou, si c'était même contagieux. Mais on ne sait jamais.

Aed toqua à la porte, et l'ouvrit dès qu'il eut l'autorisation de rentrer. Il montra son billet de retard au professeur, disant tout simplement :" Désolé du retard ".
En même temps, il regardait les places disponibles. Toutes les places au fond étaient prises,il allait devoir être devant, ce qu'il détestait car il avait l'impression d'être exposé, et le professeur vous regarder plus souvent aussi. Et être devant n'était jamais pratique si on voulait être discret pour envoyer des projectiles en cours ou discuter avec son pote d'accoté. Remarque que là il n'était pas accoté d'un de ses amis, en plus.

Quel magnifique journée, ce cours aller juste être génial ...

Résumé:

Bref, sec, incisif, tout ce à quoi on pouvait s’attendre du ton de l’enseignant en réponse à la remarque lancée par l’élève au teint plus que pâle. Eireen se rappelait qu’il avait été présent lors de la fête pour Pâques dans les sous-sols de la cathédrale de Galway. C’était lui qui avait porté le masque de lapin ensanglanté si elle ne se trompait pas. Malheureusement, elle n’avait pas le souvenir d’un prénom, ni même d’un surnom alors elle pour elle, pour le moment, ce sera le « Lapin blanc ». Elle était restée de marbre quand le professeur s’adressa à elle, reprenant rapidement ce qu’elle-même avait dit de manière très concise puis se fut Lawrence qui enchaîna. Il lui avait toujours semblé d’une nature curieuse mais c’était bien la première fois qu’elle l’entendait autant parler dans un cours. Pour être honnête, il l’avait perdue Eireen sur certains points mais la jeune fille fit de son mieux pour suivre tous ses propos, histoire de pouvoir relancer quelques réflexions ou, comme l’avait imagé le professeur d’Arcy, dissiper son flou. Oui, ben pas vraiment en fait… Parce-que oui, sur la première partie de la tirade de Lawrence, Eireen voulait bien concéder certains points, surtout qu’il lui rafraîchissait la mémoire sur cette idée de dualité corps/esprit. Tout ça c’était bien joli et sans doute véridique à l’échelle humaine, or le cas ne s’appliquait pas à de simples Humains.

**En es-tu certaine ?**
*La simple possession nous sort déjà du naturel.*
**Mais le naturel de quel point de vue ?**
*… Vous allez réussir à me foutre un mal de crâne.*

Amusée, se fut le rire cristallin d’Hestia qui résonna dans l’esprit de la rouquine avant qu’Eireen ne s’aventure à poursuivre le sujet, sa fierté et sa curiosité étant toutes deux titillées pour le cas.

*Admettons que vous soyez Humains, le fait est que vous avez des pouvoirs. Avantage certain par rapport aux autres Humains donc quoiqu’on fasse ou dise, vous serez toujours classés à part puisque les autres en décident ainsi. Alors je reprends ; du point de vue de ceux qui n’ont pas de pouvoirs, vos capacités et cette histoire de possession n’ont rien de naturelles et c’est ce qui, selon moi, permet qu’une telle chose comme la cohabitation des esprits puisse se faire.*
**Le fait que nous soyons classés « surnaturels » ?**
*Surtout vos pouvoirs et à priori, votre très grande capacité de « survie » et d’adaptation, qui peuvent être comptés comme des pouvoirs qui vous sont intrinsèques dépendamment des points de vue. *
**Ce peut être une hypothèse en effet.**

Hestia était trop amusée par l’échange au goût d’Eireen et elle remercia mentalement l’enseignant d’enchaîner après Lawrence car il lui semblait que c’était un de ces sujets auquel la déesse ne lui fournirait aucune réponse précise et la gamine n’avait pas encore toute la maturité nécessaire pour prendre et réfléchir aux choses avec plus de recul et se contenter de cela. Non, elle, elle se lassait vite au bout d’un moment et finissait par s’agacer de la situation.

Attention reportée sur M. D’Arcy donc. A grand mal, Eireen se retint de hausser les sourcils de surprise, ne s’étant pas attendue à ce qu’il reprenne sans le savoir, le fil de ses propres pensées sur le sujet identitaire des « Dieux ». Finalement, c’était presque dommage qu’il ne se souvienne de rien non plus au sujet de la salle 3.4. Autre point qu’il aborda et sur lequel la rouquine s’était toujours questionnée ; l’amnésie des Dieux eux-mêmes. Soit ils leurs mentaient tous en prétextant ne rien savoir de cette salle qui les renferme, soit ils disaient la vérité. Aucun des deux cas ne plaisait à Eireen car il avait en commun que quelque chose ou quelqu’un était capable d’exercer un pouvoir de contrôle sur eux tous. Déjà l’existence de la salle… La jeune fille réprima un frisson, ça ne la rassurait vraiment pas.

Le deuxième sujet ne sembla pas plaire non plus au lapin blanc qui avait fait une belle sortie de la salle de classe après avoir poursuivi les paroles d’Aislinn. Dommage qu’il se braque autant. Quoique sur ce qu’il avait dit juste avant de partir…

*Tu crois qu’ils utilisent vraiment le fait de pouvoir soigner des maladies incurables comme argument de « recrutement ?*
**Il semblerait… En soit ce ne serait pas mentir car certaines divinités en sont capables.**
*Encore faut-il être choisit par la bonne divinité.*
**Ou pouvoir être mis en lien avec le ou la possédé(e) de cette déité et que ce dernier soit capable d’utiliser ce don pour un tel cas sans risquer d’en mourir d’épuisement.**
*En gros, c’est pas gagné.*
**Pauvre enfant…**

Eireen n’était pas certaine que son camarade de classe aimerait être ainsi prit en pitié, il l’avait peut-être déjà trop connue. Quoiqu’il en soit, il venait de quitter les lieux et un autre garçon en avait profité pour se glisser dans la classe. Eireen ne lui porta que peu d’attention comme à son habitude renoua avec son vieil ami le silence. En même temps, elle n’avait rien à ajouter aussi se contenta-t-elle de hocher brièvement et faiblement la tête pour approuver les propos. Il fallait dire qu’avec Hestia elle était plutôt bien lotie de ce côté-là, c’est pour cela qu’elle pouvait plus se tracasser sur l’idée que quelque chose ou quelqu’un soit capable de forcer le dieu ou la déesse à la possession totale pour une raison x ou y plutôt que sur le sujet de la possession totale.

Résumé:

Je m’attendais à recevoir une raclée verbale de la part de l’enseignant vu la réponse sèche qu’il avait faite à Fergal, mais je fus plutôt surpris. Au contraire, il me félicita et me demanda mon nom! Je cessai de me triturer les mains brusquement, geste que j’avais débuté inconsciemment encore une fois. J’avais le goût de fondre et de me cacher.

« Lawrence Doo…Doogood… », lui répondis-je timidement avant d’entendre la suite de ses paroles affirmant que je semblais avoir longuement réfléchi à la question. Je ne pus réprimer un petit sourire… Il n’en avait même pas idée. Il fallait dire que vu mes nuits blanches j’avais eu largement le temps d’y réfléchir! J’avais passé les derniers mois de ma vie à tenter d’élucider le tout, fouillant à la bibliothèque, sur Internet, me basant sur mes propres observations et théories, etc. Était-ce aujourd’hui que j’aurais des réponses à mes questions? Enfin! Mr D’Arcy affirmait qu’il tenterait d’élucider mes interrogations du mieux qu’il pouvait. J’avais du mal à contenir ma joie à cette idée et sans le remarquer je me tenais sur le bout de ma chaise, les deux mains plaquées sur le bureau, mon attention entièrement tournée vers lui.

Premier point abordé, celui du contenu de la salle…aucune donnée, car aucun souvenir…Il est d’accord sur la pertinence de savoir combien de temps ils peuvent survivre sans corps. Il émet l’hypothèse d’une faiblesse sans corps. Intéressant et assez logique, mais encore une théorie. Est-ce un destin pour un dieu? Bonne question… Est-ce un destin pour nous d’être possédé? Une autre question intéressante non? Je retins tout de même, mais avais l’impression qu’il s’en ficherait bien, comme il nous l’avait fait bien comprendre au début du cours.

Je commençai toutefois à noter toutes les questions et théories émises par lui, ou moi-même et éventuellement les autres étudiants, puis ajoutai mes réponses à lui faire à la suite de ses explications. Je ne voulais surtout pas oublier quoi que ce soit.

Ensuite, selon l’enseignant les divinités seraient possiblement une autre espèce aux aptitudes différentes que l’on attribuerait à des phénomènes paranormaux comme des pouvoirs, les anciens les ayant même vénérés. Très scientifique comme point de vue, j’aimais bien, je respectais, tendait à être d’accord, mais ça manquait de fantaisie pour mon bon plaisir et me contentai d’hocher la tête. S’il y avait un truc que j’aimais bien dans cette école, c’était l’aspect merveilleux de ce qui s’y passait, mais moi-même tendais à rester sceptique. Je pouvais toujours rêver par contre! Ce que D’Arcy sembla me reprocher par contre…oups…Mon bref sentiment de fierté d’avoir apporté des points intéressant s’évanouit instantanément.

*C’était peut-être osé comme réflexion le nuage de toxine, mais la question se pose concernant la forme de ces aptitudes tout comme la leur. Que ce soit chimique ou autre…il y a forcément un transfert d’énergie ou n’importe quoi….*

À moitié entre mes dents, de façon inaudible, et dans ma tête, je n’avais pas osé tenter de défendre mon imagination trop débordante à son goût.

*Oh qu’il te laisse rêver un peu ce coincé!*

Je retins un fou rire en pinçant mes lèvres. Hypnos avait beau avoir trouvé lui aussi que je m’étais un peu écarté, il était bien placé pour me comprendre et s’il avait pu lui balancer à la figure son désaccord, il l’aurait fait. Malheureusement pour lui, il était coincé dans mon crâne et moi, je restais silencieux.

*Ça va, il est là pour nous apprendre. S’il croit que je suis à côté de la plaque…*

*Ça ne reste que des théories, tu l’as dit toi-même. Il n’a pas de réponses concrètes non plus! Vous êtes dans le même bateau!*

*Jules Vernes avait des idées farfelues et une imagination débordante, plusieurs sont devenus réalité…*

*Voilà! Je ne sais pas qui c’est, mais c’est l’esprit à avoir!*

Achevant sur le sujet de sa première question, D’Arcy enchaina avec la suite. Il s’agissait d’une question plutôt troublante d’ailleurs, concernant les raisons pour une divinité de nous posséder totalement.

J’avalai difficilement ma salive. C’était passé si prêt avec Hypnos, dans un moment de panique, et depuis qu’il y avait goûté c’était…c’était une crainte récurrente chez moi… Je le sentis lui-même se tendre, du moins, son manque de réaction m’en disait long. J’allai frotter mon bras droit, l’air inconfortable soudainement. J’attendis que quelqu’un se manifeste avec impatience, la tension me semblait difficilement tenable. Devais-je parler, donner mon avis, partager mon expérience…me taire? À ma grande surprise, ce fut Aislinn qui brisa le silence en premier.

« Je pense que certains dieux voudraient prendre le contrôle pour ne plus être à la serve d’un humain. J’imagine que pour des divinités qui ont été vénérer, aduler pendant des siècles il est difficile de se retrouver en tant que rôle secondaire dans le corps d’une personne lambda. En plus, je pense qu’en fonction de leur personnalité certains voudraient recouvrir leur gloire passée. Et pour les plus…comment dire… dominant ? Enfin… ceux qui aime le pouvoir quoi, je pense que leur but est peut-être de reprendre le contrôle qu’ils avaient sur les humains dans le temps. C’est vrai quoi ? À l’époque qui n’avait pas peur de la foudre de Zeus ou encore du monde des Enfers d’Hadès ? »

Aislinn avait marqué une pause, me laissant le temps de me repasser en tête ce qu’elle avait dit et ses implications....Et les Enfers d’Hadès elle avait dit… Parlait-elle par expérience? Risquait-elle la possession totale? Je m’inquiétai soudainement pour elle et le regard que je lui lançais devait en dire long. Peut-être devrais-je lui en parler? De mon expérience à moi? Ou encore…lui faire savoir qu’elle n’était pas seule si elle avait besoin d'aide au moins. Oui, j’allais devoir la rencontrer en privé. Nous avions notre entrainement prochainement, ce serait peut-être l’occasion? Ou pas, s’il y avait trop des gens dans le Dojo…

« Bon après c’est mon point de vue, je pense qu’au final on a chacun notre idée sur la question. », l’entendis-je terminé d’une voix qui me paraissait lointaine alors que je me perdais dans mes propres réflexions. À peine eu-t-elle achevé que Fergal avait enchainé en me tirant de ma réflexion par son levé soudain. Il résumait mon point de vue et en fait, une bonne partie de mon expérience à moi. C’était ce qui manquait à Hypnos, sa liberté, je le savais, même si nous n’en parlions pas. Comment oserait-il se plaindre de la perte de sa liberté lorsque la sienne m’avait retiré la mienne également. C’était depuis ma possession que j’étais surveillé comme tous les étudiants M d’Immortalia. Nous ignorions même ce qu’il adviendrait de nous à la suite de nos études. Nos plans personnels tomberaient-ils à l’eau?

Encore une fois, Fergal me tira de ma nouvelle pensée en affirmant ce que tous pensaient sans doute un peu au fond. D’Arcy n’en savait pas tellement plus que nous, autre sa propre expérience qui n’était peut-être pas suffisante. Il en profita pour lui donner son opinion de lui et de son utilité au sein de l’établissement…Aouch…J’observai D’Arcy, puis Fergal, et ainsi de suite, ignorant quoi faire. Je détestais les conflits…Encore une fois, je m’étais remis à frotter mon bras, fronçant les sourcils à la dernière affirmation du jeune homme sur un « remède à sa mort » avant que ce dernier ne quitte la pièce.

*On parle de recherche d’immortalité là? Il a de l’ambition le jeune homme!*

*Je…euh…ne crois pas…Il…Tu as vu comment il a l’air…malade?*

Je réalisais à l’instant que c’était peut-être plus grave qu’il n’y paraissait. La situation de nombre d’élèves était définitivement moche…Aislinn avec Hadès, Fergal avec sa propre vie…et puis quoi encore!
Enfin…même si j’avais tendance à appuyer les dires de Fergal sur le manque de réponses de l’enseignant, j’allais tout de même prendre tout ce qu’il pouvait bien me donner ce prof!

Entre temps, un autre jeune homme entra dans la pièce, un air un peu trop nonchalant à mon goût pour un retardataire. Je me contentai de l’observer prendre place, puis retournai mon attention sur l’enseignant, un air malaisé sur le visage. Tant de questions…Oh! D’ailleurs! Je sortis une feuille de notes sur laquelle j’écrivis le nom de Neal J. D’Arcy, couleur des cheveux, taille approximative, la couleur des yeux, quelques notes de ses théories…À côté de la section « divinité », j’inscrivis un gros point d’interrogation. Je le trouvais discret au sujet de sa propre possession. Sa propre expérience aurait été pertinente pour ses étudiants non?

*Et pour tes notes…*

*Erm…ouais…Mais je ne me risquerai certainement pas au premier cours de lui passer un interrogatoire.*

*Sage décision pour une fois.*

*Je suis curieux, pas suicidaire. J’arriverais certainement à compléter tout au long de l’année scolaire et les suivantes.*

Résumé:

» Cours de gestion à la possession - Premières
» Cours de gestion à la possession - Secondes
» Pensionnat et Possession △ Fonctionnement
» Possession = Tatouage [PV Leila]
» Les recensements △ Bonjour, c'est pour déclarer une possession !

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