Un pas. Un autre. Un troisième. Main dans une poche, un bras courbé maintenu sur sa hanche droite, casque déposé au creux de son cou, elle s'avança mollement au milieu d'un fertile carré d'herbe verdoyant. Elle foula dédaigneuse ce même sol qu'elle traversait très certainement une centaine de fois dans la journée - elle se surprit à maudire intérieurement la personne ayant mis en place son foutu emploi du temps la forçant à passer d'un endroit à l'autre. Toutefois, elle coupa court à ce flot d'insulte lorsqu'elle se rendit compte qu'elle ne faisait que travers le parterre épanouie du parc de l'établissement. Elle vadrouillait. Du moins, c'était bien ce qu'elle faisait encore il y a peu. Maintenant, elle se sentit presque obligée à jeter un coup d'oeil - intéressée et curieuse fallait-il admettre, en direction d'un banc disposé au loin. Une ombre se dessinait à l'horizon pour peu à peu, paraître nette et existence aux yeux de l'adolescente. Un sourire - frivole, frêle, quasi-irréel vint à se peindre sur le pâle visage de la possédée. Curieusement - bien que premièrement, étrangement, percevoir au loin sa " fidèle " amie avec laquelle elle se distrayait d'un appétit sans fin à élancer de nombreuses pics sans parvenir à en voir le bout provoquer en sa personne un élan d'allégresse. Ce n'était pas une amitié. Tout du moins, ça ne pouvait clairement pas en être une. La définition même établit à ses termes, à ce concept humain basé sur un ressentiment éprouvé par une communauté d'abrutie, empêchait d'appliquer ce mot à la relation entretenue par les deux lycéennes. C'était ce que prétendait Elionorya. C'était ce qu'elle percevait. C'était ainsi. Pas autrement. Pour elle, ceci ne se basait uniquement sur un amusement. Sur une distraction. Ce sont des camarades. Des camarades de jeux. L'une s'envoyait une moquerie - quoiqu'un brin frivole, tandis que l'autre enchérissait pour surenchérir par la suite et indéfiniment jusqu'à ce que la lassitude prenne le dessus - ou l'envie de tourner la page histoire d'entamer une nouvelle feuille blanche pour y tracer de nouvelle règle avec un nouvel amusement. Même si y résidait principalement ce premier concept : une affection refoulée à travers des taquineries - parfois méchante, tout du moins bien plus ainsi que mièvre et mielleuse. Besace ajustée à l'épaule, sucrerie en bouche - elle mâchouillait avec acharnement son pauvre chewing-gum, elle s'arma de courage - à moins que ce ne soit simplement son dédain qui reprenait le dessus, et se dirigea jusqu'à sa camarade : Calypso.

« - Tu n'as rien à redire pour une fois, Tétanos ?
- Mon nom n'est pas Tétanos. Il avait articulé suffisamment fort pour provoqué une migraine - certes temporaire mais lacérante à son réceptacle, pour reprendre dans un souffle las : Mais Thanatos. »

Il n'ajouta rien à cela. Toutefois, à en juger par la grimace affichée sur le blafard visage de la brune, son mécontentement seul avait suffit à l'étourdir d'une vive douleur poignante au crâne. Elle ralentit sa cadence pour prendre le temps de se focaliser sur une toute autre chose pour échapper à sa souffrance - souffrance qui s'éteignit rapidement néanmoins. Hors de question pour Elionorya de rater sa chance de profiter de ce tranquille instant où la divinité ne lui rappellerait pas rapidement son état de total infériorité face à la Divinité qu'il était.

« - Alors Reine des Neiges ? Toujours l'espoir de te faire dorer la pilule au soleil ? »

Le temps du Pensionnat ne permettait pas toujours de sortir sans porter de veste, ou d'avoir son parapluie à portée de main. C'était surement une vraie plaie pour les élèves, qui rêvaient souvent d'un temps superbe, ou de quelques flocons de neiges, pour parfaire ce temps terriblement ennuyeux. Mais pour une fois, la météo avait décidé d'être clémente. Si les nuages lourds et gris avaient faiblement éclairé le visage d'une jeune nymphe, lors de son réveil, ils s'étaient maintenant légèrement dissipés, laissant les rayons du soleil réchauffer ces terres humides et froides.

C'est dans le but de profiter de ce temps que Calypso s'était installée sur un banc, dans le parc de l'établissement. Si l'herbe était toujours humide et ne lui permettait pas de s'asseoir dessus, elle avait préféré d'installer confortablement pour regarder le ciel. Elle repensait à ce qu'on lui avait dit la veille, à propos de son frère jumeau. D'après ce qu'on lui avait dit, il passait son temps à courtiser les filles qu'il rencontrait, et parvenait à en obtenir leur faveur. La jeune grecque savait pourquoi il faisait ça. Paris n'était pas prétentieux. Il voulait simplement... Attirer l'attention du monde, avoir un projecteur dirigé sur sa personne. Tout comme avait eu Calypso dès sa naissance. Pourtant, la jeune femme appréciait son frère! Plus jeune, elle s'en occupait comme si cela avait été sa propre mère! Mais aujourd'hui, lorsqu'ils se croisaient, chacun avait développé sa propre fierté. Leur relation était difficile, et la Possession n'avait pas aidé les choses.

«Ton frère te préoccupe toujours autant, jeune beauté? »

La voix de Balder se voulait douce, rassurante... Et aussi monotone. Cela ne plaisait pas à Calypso. A ce moment précis, elle ne désirait pas de son ennuyante attention. Serrant les dents, la grecque usa mentalement d'un ton qui se voulait hautain et cinglant.

«N'ouvre pas la bouche, pour me poser des questions qui ne te regardent pas, Balder. Tu es tout aussi utile quand tu es silencieux. »

Alors qu'elle entendait son dieu soupirer, et retourner dans un petit coin de son esprit, Calypso entendit une voix derrière sa petite personne, qu'elle connaissait bien. Une question, posée sur un ton taquin mais aussi narquois? Ca ne pouvait être qu'une certaine Première. Tournant doucement la tête vers Elianorya, sa longue natte suivant le mouvement de son crâne, Calypso lui adressa un sourire éclatant.

« - Comme si j'avais besoin de ça pour m'embellir! Tu t'es décidée à sortir de ton trou, Blanche-Neige ? »

C'était assurément de petits surnoms entre les deux jeunes femmes. Secrètement, Calypso trouvait que "Blanche-Neige" avait des qualités - ou des défauts- qu'elle n'avait pas, et qu'elle lui enviait. Mais elle se gardait bien de lui dire, préférant se comporter comme si elle n'était bien évidemment que la Grecque la plus connue du Pensionnat. Paris n'occupait plus ses pensée, tout allait pour le mieux. Quant à Balder, il ne put s'empêcher de lâcher un grand et long soupir pour bien faire comprendre à la jeune femme qu'il trouvait tout cela complètement futile. Cette dernière ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel mentalement.

Mouvement de tête. Simplement, doucement, la tête de la blonde s'orienta en direction. La longue natte coiffée et brossée avec soin de son interlocutrice suivit ce sobre geste. Un sourire étincelant se dessina sur le pâle visage de la nymphe. Si elle, Elionorya, laissait transparaître quotidiennement un sourire malicieux presque provocateur et arrogant, à l'inverse, Calypso, s'en tenait à sobrement, sourire réellement - tout du moins, de quelque chose à l'allure franche et honnête.

« - Comme si j'avais besoin de ça pour m'embellir ! Tu t'es décidée à sortir de ton trou, Blanche-Neige ? »

Blanche-Neige ? Ce sobriquet taillé pour sa personne afin d'éventuellement, convenir et répondre à celui accorder à son interlocutrice " Reine des Neiges. " Elle ne s'en plaignait pas. Elle l'aimait assez d'ailleurs. C'était sympathique. Quoique, si elle s'efforçait de creuser dans l'unique but de déceler un moindre défaut quant à ce surnom, certainement trouverait-il quelque chose de réducteur à ajouter - toutefois, elle ne préférait nullement s'étaler sur le sujet. Certainement parce qu'elle n'était plus " cette fille là, tu sais, celle qui est franchement désagréable et qui ne sait proférer rien d'autre que des insultes. " Bien qu'elle n'accordait nullement une quelconque importance à toutes ces remarques. Elle serait bien stupide de se mêler à ces personnes-ci - bien qu'au fond, elle n'était pas différent d'eux.

« - Une amie.
- Tu as dit, Tétanos ? Interrogea-t-elle d'un air détaché.
- Vous autre, humains, employez le terme " ami " pour décrire une affection certaine envers une personne, Rétorqua-t-il en levant mentalement, les yeux au ciel.
- Aussi, nous autre, pour te décrire employons le terme " emmerdeur. " »

Elle ne se serait pas gênée de ponctuer sa phrase par un majestueux doigt. D'ailleurs, elle affectionnait pleinement manifester sa gratitude immense par ce geste si impétueux et déplacé. Toutefois, elle se retint de le faire et n'y pensa juste. Après tout, ceci suffisait pour faire comprendre à la divinité son attention.

« - L'amabilité te ronge, Heather.
- Je t'en remercie, Té-ta-nos. »

Elle avait articulé. Elle avait pris le soin de lentement, et soigneusement détaché les syllabes du surnom attribué au Dieu qui logeait actuellement dans son corps. Elle haïssait le surnom de Heather, ainsi se devait-elle de venir à une quelconque façon répliquer - autant que possible, bien que ça n'exaspérait simplement un peu plus la divinité déjà dirons-nous " blasé " de nature. Pour preuve, il ne fit que souffler bruyamment pour joindre à ceci, un simple soupire.

« - Ta modestie ... Commença-t-elle à l'adresse de Calypso dans un sourire narquois, Une qualité innée chez toi. »

Légèrement, elle ricana - à moins que ce ne soit simplement un doucereux rire, bien qu'habituel chez sa personne. Puis, levant légèrement sa jambe pour frapper de son talon le sol terreux, elle commença à tournoyer sur elle-même dans un sourire malicieux.

« - Eh bien oui, je sors surprenant n'est-ce pas ? Il faut bien que je fasse l'honneur de ma présence si désagréable et rebutante à mes fidèles.
- C'est le cas de le dire. Marmonna Thanatos couplé à nouveau par, un roulement de yeux.
- Toi, la ferme le émo punk. »

Mentalement, elle s'imaginait écraser férocement et lourdement le pied du Dieu, bien qu'elle doute d'un quelconque effet sur cette illusion - toutefois, elle se sentait légèrement apaisée à la pensée de lui avoir infligé ceci - bien que notamment, ce ne soit ni réellement méchant ou bien " machiavélique. " Cependant, elle ne l'entendit pas répliquer, ainsi elle soupira, soulagée.

Calypso avait vaguement compris que les relations entre Elianorya et son dieu n'était pas des plus faciles. En effet, vu le caractère explosif de la jeune femme et celui de son dieu... Ca ne devait pas être simple tous les jours. Aussi ne fut-elle pas surprise lorsqu'elle vit les traits de son "amie" se durcir légèrement l'espace d'un instant. En un sens, elle la plaignait, mais aussi l'enviait. Au moins, ses discussions avec son Dieu n'était pas vide, et inintéressante.

«-Tu découvrirais peut-être une voie plus passionnante, si tu t'ouvrais à des sujets plus vastes que ta personne, jeune nixe.»

Calypso ne put s'empêcher de faire une légère grimace, essayant de garder son calme. Il venait d'insinuer qu'elle n'était qu'une femme belle, prétentieuse et narcissique. Et ce n'était pas un bon point à aborder avec elle. Pas du tout. Manquant de hurler dans sa tête toutes les injures les plus polies qu'elle avait en réserve, elle préféra en rire faussement, mimant une fille complètement superficielle.

«Oh, tu as raison, Baldy d'amour ! J'y penserais, la prochaine fois que je serais devant mon miroir! »

Un nouveau soupir retentit dans ses pensées. Elle le vit refermer les portes de son propre esprit. La grecque n'avait jamais eu accès à cette partie de l'esprit de Baldr. Tout ce qu'elle avait vu, c'était d'immenses portes dorées derrière lesquelles se cachaient surement le royaume de son dieu. Mais à quoi ressemblait donc cet énigmatique Breidablik ? Etait-ce le monde si merveilleux dont elle avait tant lu?

« Ta modestie ... Une qualité innée chez toi.
Eh bien oui, je sors surprenant n'est-ce pas ? Il faut bien que je fasse l'honneur de ma présence si désagréable et rebutante à mes fidèles. »

La regardant tournoyer sur elle-même, Calypso ne put s'empêcher d'admettre qu'elle possdédait une certaine grâce. Pas aussi grande que la sienne, mais ... Il y avait de quoi en faire jalouser plus d'un. Les paroles de son amie firent apparaître sur son doux visage un immense sourire. Pendant un instant, elle ne put s'empêcher de vouloir montrer qu'ici, ce n'était pas elle la fidèle, mais bien Elianorya. Elle préférait jouer autrement. Se contentant de passer une main sur le long de sa natte, Calypso lui répondit d'un ton tout aussi moqueur.

«Comment pourrait-on être fidèle à quelqu'un d'aussi rebutant? C'est bien connu que tu ne souhaites qu'une seule chose...  »

Elle savait qu'elle jouait avec le feu. Mais elle aimait énerver Elianorya comme cette dernière aimait la vexer dans son égo. Encore une fois, l'image de son frère revient dans ses pensées. Aujourd'hui n'était vraiment pas sa journée. Le voir avec toutes ses filles la rendait jalouse. Et donc de très mauvaise humeur, bien qu'elle faisait tout pour ne pas le montrer.

«Mon éternel ... succès?  »

[HRP: Désolée du temps que ca a pris. Je devais poster il y a déjà 4/5 jours, mais les circonstances ont fait que je n'ai pas pu le faire. Vraiment, vraiment désolée ! ]