Cet après-midi commençait de manière mouvementée. Enfin, elle commençait, c’était déjà pas mal. Je m’étais endormie alors que j’étais allongée pour dix minutes sur mon lit pendant la pause de midi.
Je me relevais rapidement observant l’heure sur mon téléphone. Bon… j’avais loupé mon premier cours mais je pouvais encore me rendre au second. Une partie de moi se demandait si ça en valait la peine mais après tout ce qui s’était passé depuis cette rentrée autant se faire le plus discrète possible.
Je me dirigeais vers la salle de bains pour me recoiffer et me remaquiller légèrement. Autant ne pas marquer sur mon visage "Salut ! Je viens de faire une sieste de deux heures".

Je sortais ensuite de ma chambre pour me rendre dans le bâtiment où se trouvait mon cours. C’était un cours de gestion et je trouvais, personnellement, que c’était scandaleux que cela fasse partis des cours obligatoire. Certes en option tourisme il était important de savoir gérer des biens… mais bon ce ne m’intéressais pas vraiment et le prof n’était pas des plus passionnant.

Arrivée devant la classe la porte était déjà fermée… super j’étais tout de même en retard. Je soupirais avant de tirer sur mon chemisier. Le prof avait la réputation d’être plus clément avec les jolies filles, ce que j’étais. Je défis un boutons de plus du de la chemise de mon uniforme. Pour la jupe pas besoin de faire de chichi je l’avais déjà raccourcie de base.
Je frappais a la porte avant de rentrer sans attendre la réponse de mon enseignant, un sourire radieux sur le visage.

« Bonjour, désolée du retard ! J’ai été… retenue. »

Je passais une main dans ma chevelure d’or attendant une réaction.

« Bon… Bon allez-vous assoir, rapidement s’il vous plait O’Riley »

Tient, il connaissait mon nom ? Etrange…

*A force de ne jamais venir, c’est peut-être pour ça…*
*Ou… il a peur qu’on le tue lui aussi …*
*Un point pour toi.*

Je souris en allant m’assoir à une place libre du deuxième range. Certainement pas mon emplacement favoris dans la pièce mais je n’avais pas vraiment le choix.

Je sortis mes affaires de mon sac et décidais de suivre le cours d’une oreille plus ou moins attentive.
Je ne cache pas que je me maudissais sur le fait que j’étais venue en cours, j’aurai pu… continuer à dormir, ou aller jouer de la musique ou encore aller à Galway. Enfin une multitude de choses autres que d’être ici.

« …Et O’Riley va nous en parler plus en détail…N’est-ce pas mademoiselle ? »

Oups… Je souris à l’enseignant en cherchant vaguement un indice dans ma mémoire sur ce qu’il aurait bien pu dire… Super, je n’avais rien écouté… J’allais, encore, finir chez le dirlo… Mon père allait, encore, m’engueuler. Mais bon qu’on soit claire ça ne changerai pas grande chose par rapport à d’habitude.

*Il a demandé ce qu’était le diagramme de Pareto*
*Dieu merci !*
*Je sais… que ferai tu sans moi…*
*N’en fait pas trop non plus.*

« Ahem… Alors le Diagramme de Pareto est un moyen simple pour classer les phénomènes par ordre d'importance. Mais la distribution de Pareto est aussi souvent utilisée en entreprise comme base de simulation stochastique pour des variables aléatoires représentant des investissements chiffrés de projets. »

*Et tu sais ça comment ?*
*Jordan étudie la gestion de patrimoine. Et j’ai du endurer ses séances de révisions tout un été à Miami… Tu n’imagines pas le calvaire…*

« Bien… Passons donc aux exercices… »

Le cours continua encore un moment mais on ne m’interrogea plus. Tant mieux. Lorsque l’on nous annonça que c’était enfin terminer je me dirigeais hors de la salle rapidement pour arriver dans le couloir où les élèves se précipitaient eux aussi pour échapper à l’heure de cours qui venait de passer.

Je m’adossais au mur froid un moment sortant mon téléphone pour remercier mon frère de son aide involontaire. Voilà, une journée de cours enfin de terminée.

Ce matin je me réveillais difficilement. Enroulé dans mes draps comme à mon habitude, je paressais et somnolait jusqu’à ce que mon réveil sonne. Je me préparais alors, enfilant mon costume munit d’un foulard bleu des plus saillants. Je fis un brin de toilette avant de sortir du dortoir et d’aller vers la salle de cours.

Je suis mille fois plus qualifié que cet hurluberlu pour enseigner la gestion, je ne sais même pas pourquoi tu t’obstines à assister à son cours.

Je faisais semblant de l’ignorer. Il me faisait la même sérénade tous les matins, je commençais à en avoir l’habitude. Je filais rapidement de couloirs en couloir afin de rejoindre la salle de cours. Je n’étais pas en retard, mais je n’étais pas non plus en avance. Arrivant dans la dite salle, je m’assis dans l’avant-dernière rangée de table. Cette place était stratégique puisqu’elle m’assurait de rester en arrière afin de pouvoir garder le contrôle de la salle quel que soit le placement des autres étudiants. La dernière rangée était souvent désignée pour combler les trous dans les places avancées, ce choix était vraiment le meilleur.

Bon, ce n’est pas tout ça mais l’Olympe ne se recréera pas si je ne fais rien pour… Être emprisonné dans ce corps qui n’a de cesse de me résister ne m’aide pas vraiment à réunir tout le monde. Je me demande si notre appétit en commun pour la maîtrise et les conquêtes ne pourrait pas m’être utile. Il me faut trouver un moyen de lui faire faire ce que je veux en lui faisant croire que l’idée vient de lui. Oh mais que vois-je ? Une jolie petite créature blonde à foulard bleu qui tombe à point nommé. Par moi-même ! J’ai de cesse de m’étonner de mon tallent. Je sens que mon plan va pouvoir s’accomplir plus rapidement que prévu. Il n’est pas né celui qui me résistera !

Alors que le cours venait de commencer, une jeune femme d’une beauté sans pareil pénétra dans la salle, feignant des excuses au professeur pour son retard. Elle était vraiment ravissante et avait ce petit côté intouchable dans le regard qui m’intriguait.

On pense à la même chose ?
Oh que oui ! Je sens qu’on va bien s’amuser.

Le reste du cours fût une alternance entre moment d’écoute et moment de réflexion intense sur la façon dont j’allais aborder cette adorable sucrerie. Etrangement, je n’ai pas souffert durant le cours. Zeus et moi étions sur la même longueur d’onde. Il réfléchissait à des idées pendant que je suivais et on discutait stratégie quand je m’accordais quelques pauses. C’était une des premières fois que l’on agissait dans un but commun et je me sentais pousser des ailes tant cet instant était jouissif. Inutile de vous préciser que le temps passa très vite et la fin du cours arriva tout aussi rapidement. Alors que je rangeais mes affaires, je la vis se diriger vers la sortie. Il fallait que je l’interpelle de manière assez subtile pour ne pas l’effrayer. Je terminais donc dans le calme et sortait de la salle accompagné de mon voisin de table.

Elle se tenait là, adossée au mur à pianoter sur son téléphone. On aurait dit une fiction à l’eau de rose tant la scène semblait clichée. Je décidais alors de rentrer dans le jeu, me rapprochant tout en parlant avec mon camarade du diagramme de Pareto qui avait été abordé en cours. Arrivé à la hauteur de ma cible, je le salua et interpela la demoiselle.

« Hey, how you doin’ ? »

J’étais en train de regarder mes autres sms alors que les élèves me passaient devant. J’avais plusieurs soirées de prévues dans la semaine et sur le weekend. C’était bien ça m’occuperai et je m’amuserai bien. Point négatif, mon taux de présence en cours allait surement chuter. Mais au final, ce n’était pas justement à ça que servait les années d’université.

*Je dirais que techniquement non… Elles sont là pour t’instruire.*
*Ouais ouais…*

Je fus cependant interrompue lorsque je vis quelqu’un s’arrêter à ma hauteur. Je relevais les yeux de mon écran pour observer l’inconnu. C’était un garçon, il me semble que nous avions des cours en commun mais je n’aurais pas mis ma main à couper non plus. Il était plutôt pas mal, grand brun aux yeux bleus.

J’arquais un sourcil interrogateur en attendant de savoir ce que me voulait mon camarade.

« Hey, how you doin’ ? »

Je pinçais les lèvres pour ne pas éclater de rire. Il était sérieux le Don Juan là ? J’avais déjà eu mieux comme phrase d’approche. Là il citait carrément Joey Tribbiany de Friends. Eh ouais, pas de bol pour lui, comme toutes les ados de mon âge je connaissais la série…

*Pathétique.*
*Misérable*
*Minable ?*
*Je dirai même lamentable.*

Pour une fois que j’étais sur la même longueur d’onde qu’Hadès… c’était une première.

« Attends… laisse-moi deviner. »

Je marquais une pause en jaugeant le garçon une nouvelle fois.

« Si le verbe aimer n’existait pas, tu l’aurais inventé en me voyant… Mon père n’est pas terroriste… même si oui j’avoue je suis une bombe. Et non, non mon nom de famille n’est pas Google et tu ne trouveras pas tout ce que tu recherches en moi. Alors t’es mignon mais les dragueurs un peu beauf j’ai l’habitude et aujourd’hui je passe mon tour. »

Je lui envoyais un sourire ravageur accompagné d’un clin d’œil avant de me décoller du mur et de m’avancer dans le couloir.

« Mais t’en fait pas Casanova, je suis sûre et certaine qu’une ou deux filles tomberont dans tes filets… mais va voir du côté de la bibliothèque. Elles sont moins difficiles à ferrer là-bas. »

Je lâchais un rire cristallin avant de partir dans le couloir en le faisant un petit signe de la main. Avec une repartie comme je lui avais envoyé j’étais à peu près certaine de ne plus en entendre parler.

Il était vrai que le jeune homme était mignon mais je n’étais pas vraiment d’humeur à me faire tenir la jambe par un garçon qui n’y connaît rien aux filles.

*Tu préfères ton artiste ou ton barman ?*
*Par exemple, mais les gamins sans expériences non merci.*
*Bon en tout cas tu l’as bien remballé.*

Je souris, contente de moi-même en un sens, un boulet de moins sur ma route.

HRP:

Je riais intérieurement. Je n’aurais pu rêver plus appétissant pour commencer. Je n’avais pas encore eu le temps de lui dire quoi que ce soit qu’elle s’était déjà mise à attaquer, et elle n’y était pas allée avec le dos de la cuillère. Le plus croustillant est de réussir à briser cette carapace forgée des dragueurs à la sauvette qu’elle a pu rencontrer dans sa vie. Elle osait me comparer à ces moins que riens qui ne cherchent rien d’autre qu’un moyen de se dépuceler facilement. La pêche ne faisait que commencer et le poisson avait  déjà montré le bout de ses nageoires. Je riais si fort qu’un petit sourire se dessina sur le coin de mes lèvres alors que ma tête se penchait sur la gauche.

Elle veut aller sur ce chemin là …
Intéressent ...
Je dirais même plus. Fascinant.

Des étoiles brillaient dans mes yeux. Je redressai la tête et fixait la jeune femme commencer à s’en aller. J’avais une mèche qui venait me cacher l’œil droit et je la remontais tout en m'exprimant suffisamment distinctement pour que l'olympienne puisse entendre correctement.

« Ne pars pas si vite en besogne Maria, j’ai bien peur que tu te trompes sur ton interlocuteur. Il se trouve que j’ai quelque chose qui pourrait t’intéresser. Bien sûr, rien ne t’oblige à m’écouter, après tout ce n’est pas comme si tu connaissais le verbe s’amuser. Tu as le droit de préférer rejoindre tes amies à leur soirée bibliothèque pour travailler ton prochain partiel, et qui sait tu tomberas peut-être sur le prince charmant que tu décrivais à l’instant. À bon entendeur … »

Sur ces mots, je plaçais ma main droite sur mon front et la leva dans une sorte de salut avant de détourner la tête et me diriger vers l’internat. Je marchais d’un pas lent et détaché comme j’en avais l’habitude. Où est-ce que j’avais bien pu mettre ces billets déjà … Ils étaient surement dans un des tiroirs de mon bureau. Sans aucun doute celui du haut, puisque c’était là que je rangeais tous les trucs qui pouvaient me servir plus tard.

Tu ne serais pas en train de mettre sur la table les billets VIP du concert des Pentakills que tu as reçus pour ton anniversaire par hasard ?
Il se trouve que tu ne comptes pas pour une personne à part entière, donc il me reste un billet.
Haha, très drôle. Evite de trop me prendre à la légère ou tu risques de vraiment le regretter.
Désolé, mais bon on veut la même chose, non ?
Ça me permet seulement de te tolérer, ça ne te donne pas le droit d’ignorer qui je suis.
Très bien, je suis désolé.
Reste que c’est une bonne idée que tu as eu là, j’ai hâte de voir sa réaction.
Merci, moi aussi pour être franc. Vu le caractère, ça m’étonnerai qu’elle n’aime pas le hard rock celtique.

HRP:

Je m’étais déjà relativement bien éloignée lorsque j’entendis la voix du jeune homme de toute à l’heure s’élever dans le couloir. Ralentissant légèrement mon pas pour écouter ce qu’il avait à dire je continuais tout de même ma route l’air de rien.

« Ne pars pas si vite en besogne Maria, j’ai bien peur que tu te trompes sur ton interlocuteur. Il se trouve que j’ai quelque chose qui pourrait t’intéresser. Bien sûr, rien ne t’oblige à m’écouter, après tout ce n’est pas comme si tu connaissais le verbe s’amuser. Tu as le droit de préférer rejoindre tes amies à leur soirée bibliothèque pour travailler ton prochain partiel, et qui sait tu tomberas peut-être sur le prince charmant que tu décrivais à l’instant. À bon entendeur … »

Je fis claquer ma langue sur mon palais alors que je me maudissais d’être autant curieuse… et d’avoir un égo un peu surdimensionné. Moi ? Fille de bibliothèque ?! Jamais ! Et en plus il avait osé émettre l’hypothèse que je ne sache pas m’amuser. Il ne savait décidément pas à qui il avait à faire.

*Mon dieu ! Il te fait marcher et toi tu cours !*
*Je sais… mais je peux pas laisser ça comme ça non plus… et puis dans tous les cas, tant que je m’amuses…*

En soupirant contre moi-même je me retournais pour trouver mon interlocuteur du regard. Ce dernier avait déjà tourné les talons et marchait en direction du pensionnat. Je pinçais les lèvres en me tâtant à savoir s’il fallait que le suive ou non. Mais ce fut l’envie qui pris le dessus sur la raison et je partis en direction de l’inconnu.

Je rejoignis rapidement le garçon. Arrivant à sa hauteur je me calais sur son pas d’une démarche gracieuse avant de lui parler sans pour autant le regarder.

« Premièrement, la bibliothèque très peu pour moi… enfin a moins d’aller en explorer ses recoins pour d’autres genres d’activités… Ensuite ! Tu ne sais pas à qui tu parles en osant dire que je ne sais pas m’amuser. Je suis sûre que tu es un petit joueur comparé à moi. Toi qui a l’air si sur de toi… »

Je marquais une pause en passant une main dans ma chevelure d’or.

« Alors Dionysos, tu proposes quoi, pour s’amuser ? »

Foutue curiosité… En plus, il fallait dire que le jeune homme était assez canon. Et son air trop sûr de lui me donnais un mélange de sentiment… entre l’envie de lui en foutre une et l’autre de continuer sur ce petit jeu avec lui. Car oui, vu les étincelles dans ses yeux il n’y avait pas photo, on venait de commencer une partie. Maintenant il restait à voir qui ferait échecs et maths.

*Tu es un peu tordue tout de même pour aimer ce genre de chose…*
*Non, c’est divertissant de voir que quelqu’un semble avoir un peu de caractère. *

Je marchais sans me retourner. Je jubilais intérieurement, cachant tout sentiment derrière mon visage le plus naturel qui soit. Elle venait de mordre à l’hameçon, tout reposait maintenant sur ma capacité à tenir la canne avec suffisamment de poigne et de douceur pour que le filin ne se brise pas. Je ne prêtais pas vraiment attention à ce qu’elle disait, mon objectif était maintenant de récupérer les billets et d’organiser le tout pour que l’échiquier soit fin prêt pour notre petite partie.

Je sais qu’il me ressemble pour ce qui est de faire la fête mais de là à me confondre avec mon fils, faudrait voir à ne pas abuser non plus ! Elle ne perd rien pour attendre ! D’ailleurs ça faisait longtemps que je n’avais plus entendu parler de lui. Héra ne l’a pas gâté lui non plus …
De quoi parles-tu ?
Il devient vraiment urgent que je te fasse des cours approfondis sur notre histoire et nos coutumes. Des abrutis et ignorants j’en ai croisé des tas mais toi tu es la crème de la crème dans ce domaine.
Doucement ! Je n'ai peut-être pas de connaissances dans l'histoire des dieux grecs mais pour ma défence, je n'ai pas vécu cette époque. Moi au moins je ne suis pas vieux au point de devoir partager un corps avec un mortel pour survivre !
Prométhée vous a conçu trop arrogant, un jour vous recevrez la leçon que vous méritez et ce jour-là, il n’y aura plus personne auprès de qui pleurnicher pour vous sauver.
Peut-être mais en attendant j’ai du pain sur la planche alors si tu pouvais m’aider, ça serait fort aimable de ta part. Il faudrait trouver qui la possède pour réduire au plus possible nos chances d’échec.
Tu crois que ça marche comme ça ? On sait qui possède qui au premier regard ?
Peut-être pas, mais il y a peut-être quelque chose que je peux dire ou faire qui puisse trahir son identité, non ?
Hum … Je vais y réfléchir.

Pendant ce temps, il me fallait gagner du temps … Je profitai du fait que je devais aller chercher les billets pour laisser à Zeus le temps d’élaborer une stratégie de découverte.

« Je dois faire un tour dans mes appartements avant toute chose, j’ai quelques affaires importantes à régler. Libre à toi de me suivre, m’attendre ou m’abandonner pour retourner à tes livres. Inutile de préciser que toute question restera sans réponse tant que je n’aurais pas terminé. »

Le visage toujours impassible, j’avançais d’un pas décidé mais plutôt lent par rapport à mon habitude afin de gagner le plus de temps possible sans qu’elle ne puisse se douter de quoi que ce soit. Le dortoir se rapprochait mais rien ne me venait à l’esprit. Puis une idée germa et prit forme rapidement. Peut-être que ça n’aiderait pas Zeus mais au moins ça ne coûtait rien d’essayer. Alors que nous faisions face à la porte du dortoir, je me tournais vers la demoiselle et lui demandais d’un ton qui se voulait naturel et posé.

« Si je te dis musique, que me réponds-tu ? »

Nous marchâmes côtes à côte en silence un moment. Je lui envoyais des regards à la dérobée alors que lui affichait un air impassible, imperturbable. Je commençais à m’impatienter, il tendait des perches et ensuite s’en allait comme ça.
S’il continuait trop longtemps dans cette voie il allait perdre mon intérêt pour lui.

*De mon point de vue, il n’était déjà pas digne d’intérêt de base… Pourquoi faut-il toujours que tu t’intéresses à ce genre de cas ?*
*Ce genre de cas ? Développes.*
*Entre l’artiste, ton barman… tous de la mauvaise graine. *
*Qui te dit qu’il est un mauvais garçon ? Il a un style plutôt classique pour l’instant. Et depuis quand deviens-tu papa poule ?*

Pour toute réponse Hadès grogna ce qui me fit sourire. Il n’avait pas tort sur le fait que j’avais tendance à être attirée par le côté bad boy de certains garçons. Mais pour le moment, l’inconnu ne m’avait rien montré qui allait réellement dans ce sens. Certes, il avait l’air d’avoir du caractère et du répondant mais cela ne faisait pas tout. Il avait su capter ma curiosité, à lui de la garder à présent.

Nous étions finalement arrivés à la hauteur du couloir menant aux dortoirs des garçons… un couloir pas si inconnu pour moi, surtout de nuit si vous voyez ce que je veux dire… Cela étant, je ne connaissais rien du jeune homme, il ne me semblait pas avoir entendu parler de lui… mais ma vie sociale était un peu médiocre ces derniers temps. Peut-être était-il dernièrement possédé ? D’ailleurs avec qui pouvait-il bien faire coloc ?

Nous nous arrêtons devant une porte et il se tourna vers moi. Tiens enfin un regard !

« Si je te dis musique, que me réponds-tu ? »

Musique ? Il était sérieux ?! J’aurais pu lui répondre un million de chose à ce sujet… La musique était ma passion, ma raison de vivre, sans exagérer ou presque. Mais quelque chose me disait que ce n’était pas réellement ce qu’il attendait. C’était une façon de continuer le jeu, de tester je ne sais quoi.
Je lui envoyais un sourire flamboyant avant de lui répondre avec assurance posant mon regard sur ses lèvres un instant. Tout ça manquait d’action à mon goût.

« Je te répond Rock. »

Je plongeais mon regard dans le sien, essayant de discerner si ma réponse correspondait aux attentes de mon partenaire de jeu. Sur mon visage je continuais d’afficher un air sur de moi, pas question de flancher.

Je plaçais une main sur ma hanche avant de m’appuyer sur le mur du couloir. Le temps passait et je commençais à me dire que peut-être que ce jeune homme n’était qu’un coup dans l’eau, paraissant intéressant mais n’étant au final que du vent.

« Et toi ? Qu’as-tu donc de si intéressant à me proposer ? »

Le jeune homme m’intima de ne pas bouger alors qu’il poussait la porte de sa chambre. Je m’adossais au mur en sortant mon téléphone de mon sac. Je pianotais dessus en attendant le séduisant jeune homme.

Le temps passa et je commençais à m’impatienté. Il en mettait du temps le type…
Je grimaçais décidant de lui donner 3 minutes supplémentaires et pas une de plus. Pinçant les lèvres je croisais mes bras sur ma poitrine de mécontentement. On ne me faisait pas attendre de la sorte sans en payer un minimum le prix. J’espérais que l’attente allait en valoir la peine.

Au bout de 2 minutes et 16 secondes la porte se rouvrit sur le jeune homme. Il avait l’air comme… changé… J’haussais les épaules, je devais probablement me faire des idées… Mais mon instinct était sur le qui-vive. Impossible de dire pourquoi, mais j’avais mes sens en alerte.

Je souris tout de même à mon camarade, lui faisant une moue enjôleuse tout en était légèrement boudeuse.

« Tu en as mis du temps Casanova… »

« Devine ce que je te rapporte ! »

Il avait deux billets à la main et il les tendait fièrement tel un trophée. Je reconnaissais la forme de billets de concert, mais de là où j’étais impossible de dire de quel groupe il s’agissait. Mais dans tous les cas il avait réussi à capter à nouveau mon attention.

« Intéressant je dois bien l’avouer. »

Je lui souris charmeuse alors que je voyais l’éclat dans ses changer. De charmeur et sûr de lui je vis la peine et la peur les remplir, je fronçais légèrement les sourcils dans comprendre la raison de se changement de comportement.

« Fuis Aislinn… »

L’éclat avait disparu à nouveau, comme une étoile filante disparaissant dans la nuit… étrange de plus en plus étrange.

*Je ne veux pas dire… mais ce n’est pas normal. Et j’ai beau être parano surement, mais tu devrais écouter ce conseil *
*Encore 2 secondes… je veux en avoir le cœur net. *
*Aislinn…*

Je secouais la tête en arborant mon plus beau sourire, pas question de lui faire croire que j’avais compris qu’un problème se tramait, quel qu’il soit.


« Regarde les deux billets VIP pour le concert de King qui aura lieu dans une semaine ! Il n’y aura qu’une personne à avoir la chance de m’accompagner, et j’ai décidé que ce serait toi ! »

Je souris de plus belle, feignant l’excitation. J’en attrapais un. Dommage que ce soit un type a problème… le concert avait l’air intéressant.

Je me rapprochais de lui, oui son attitude avait changé. Oui il était possédé j’en était sûre. Une aura se dégageait de lui, forte, intense. Je me méfiais carrément de lui maintenant. Que la possession soit volontaire ou non, j’allais devoir me tirer de ce mauvais pas… Mais j’étais a peu près certaine que ce n’était rien de volontaire, pas après l’avertissement. Pas après la détresse que j’ai vu mourir dans les yeux du beau jeune homme.
J’avais vu trop de morts ces temps et je savais à quoi ressemblait la lueur dans leurs yeux vides.

« Mais quelle magnifique surprise. »

Je posais mes mains sur son coup, ressentant une décharge sur ma main. Je lui fis un sourire charmeur alors que mes yeux sondaient ses réactions. Je me mis sur la pointe des pieds pour coller ma bouche sur son oreille afin de lui murmurer la suite.

« Mais je ne pense pas que je vais pouvoir… finalement je ne préfère pas sortir avec des dieux mégalomanes ! »

Je donnais un coup rapide sur son cou tout en concentrant mon pouvoir sur lui, réussissant à l’atteindre. Il fallait croire que je m’améliorais.
Il était maintenant mort, pour un instant. Un instant ultime qui me permettrait de m’enfuir voir le directeur qui pourrait l’aide… ou le tuer.

« Je suis Aislinn O’Riley, possédée d’Hadès. Alors avant de t’en prendre a moi apprend a connaitre tes ennemis. Maintenant tu vas rester sagement là le temps que je m’éloigne très loin de toi. Conn*rd ! »

Je saisissais rapidement le second billet dans sa main avant de m’enfuir au pas de course en direction du bureau du proviseur. Je ne lui faisais pas confiance mais je me voyais mal faire autrement.

*Les billets c'étaient vraiment nécessaire ?*
*Oh oui ! Ca va être une tuerie ce concert !*