L’antre de la Folie

Calypso n'avait pas eu si tort que ça... Ce qui se trouvait dans le bureau du Directeur n'avait été qu'une réplique de l'arme légendaire, et elle est plutôt réaliste... C'était peut-être même la vraie, sans que la jeune femme n'en ait eu conscience. Mais Calypso n'en avait pas fini avec ses recherches. Car oui, elle était vraiment têtue, quand elle s'y mettait. Seulement, le problème de la bo-bonne au Directeur l'embêtait sérieusement... Elle ne se considérait plus comme une enfant, et savait se battre. Pourquoi alors la pionne s'obstinait-elle à la suivre partout, comme un chien? Pendant un instant, Calypso se fit la remarque que c'était déjà ce qu'elle faisait à longueur de temps auprès du fou qui contrôlait ce Pensionnat.

Prenant le papier, Calypso saisit un stylo pour y appliquer sa douce écriture, fine, lisible, et penchée, dont la calligraphie était magnifique. Et oui, Calypso restait Calypso, même avec son sale caractère. Elle remplit vaguement le formulaire comme la pionne le lui avait indiqué, tentant de paraître transparente sur le papier... A vrai dire, elle n'avait pas vraiment grand chose à indiquer, si ce n'est que les rideaux de la salle de théâtre était anormalement noirs. Lorsqu'elle eut finit, elle leva les yeux au plafond, cherchant Baldr de la pensée. Aucune réponse, ce dernier était bien décidé à méditer dans son coin. Se mordant la lèvre, soucieuse de l'état de son Dieu, qu'elle affectionnait plus qu'elle ne voulait le montrer, la jeune femme espérait qu'il revienne au moins en forme. Mais laisser montrer ses sentiments face à la secrétaire n'était pas forcément le mieux à faire. Les domestiques ne méritaient pas de voir la douceur de Calypso.

Car oui, Calypso avait de la douceur, cachée par la taille énorme de ses chevilles.

S'éloignant une nouvelle fois du bureau, elle ne pouvait tout de même s'empêcher de voir ses pensées entièrement dirigées vers Baldr. A vrai dire, même si elle voulait découvrir qui était l'auteur de la farce, elle aurait préféré éviter de tomber sur ce message particulièrement déstabilisant. Alors que son coeur se serrait, une douce chaleur vint la réconforter, sa poitrine brillant légèrement, comme si Baldr, malgré sa "distance", lui incitait à ne pas se laisser abattre par son propre moral... Souriant doucement, elle mit ses mains sur sa poitrine, laissant cette lumière s'éteindre petit à peu. Mais elle feint vaguement l'indifférence, s'adressant à lui à voix haute, espérant qu'il l'entende ainsi.

«Comme si je m'inquiétais pour toi!»

Elle appuya alors sur la poignée de la porte, se tournant vers la secrétaire. Toute son attitude était bien plus gentille qu'elle ne l'aurait voulu, considérant la femme comme son inférieure, mais tout ces événements se bousculait dans la poitrine de la nixe. Souriant ni trop faussement, ni trop réellement, Calypso fit un mouvement de tête en direction de la porte.

«Je compte me rendre dans le parc, si vous voulez m'accompagner, n'hésitez pas. Ca nous fera toujours de la compagnie en ce jour qui devrait être festif ! »

Tentant de briser un peu la glace, elle regarda Cassandre pendant une ou deux secondes, avant d'ouvrir dans son intégralité la porte, et de s'élancer dans les couloirs sombres de l'établissement. Si cette dernière la rejoignait, tant mieux... Sinon, cela ne changerait pas grand chose. Mais elle entendit bientôt des pas derrière elle, et c'est avec un sourire qu'elle comprit que la secrétaire l'avait suivie. Fredonnant un vieux chant grec, elle déboulait bientôt dans le Parc, suivie de près par madââââme Delauney.

«Cela ne vous intrigue-t'il pas? Le Directeur qui demande aux Possédés d'enquêter sur cette... "affaire"? »

Même pour une pionne, Cassandre devait surement avoir son avis sur la question, et la jeune nixe aimerait l'entendre. Après tout, cela ferait toujours des ragots croustillants...