Elle glandait. Ou s'adonnait folâtrement à une activité l'obligeant à rester bêtement debout et à alterner un à un le soutien que lui offrait ses jambes à tour de rôle. Bien que ça corresponde dans les deux cas, à une situation où l'ennui régnait pour dominer pleinement la brune. Si ce n'est pas plutôt " la ronger entièrement tandis qu'elle baillait sûrement pour la énième fois de la journée. " Elle fixait un point. Un point invisible. A moins que ce n'en soit simplement un dépourvu de valeur, vide d'intérêt. Elle ne savait pas vraiment. Et elle s'en foutait pas mal, à vrai dire. Seul un parterre d'ancolie captait son regard hasardeux et acéré. Elle aimait bien les ancolies, les contempler paraissait d'ailleurs l'apaiser. A moins que ceci ne se révèle là qu'être une vague idée, une image falsifiée pour ainsi dire, illusoire et éphémère. « Tu es bien plus agréable silencieuse Heather. » prononce une voix dans sa tête. Toutefois, elle ne tint nullement compte de la pic lancée - bien que la divinité ne s'était vraisemblablement pas gênée pour l'interpeller avec son second prénom, chose qu'elle haïssait plus que tout.

« -  Je pourrais dire de même de toi. Tu es bien encombrant ...
- Tu luttes face à la possession, c'est simplement l'effet de ce vain combat sur ton corps. Tu ne me rejetterais pas ainsi, peut-être n'aurais-tu pas cette migraine intense aussi persévérante.
- Tu es psychologue maintenant ?
- Non, mais tu en aurais bien besoin d'un.
- Ainsi donc, tu te soucierais de moi ? »

Elle ricane. Amère. Ce rire acrimonieux qui semble résonner bien plus férocement en son crâne que dans l'endroit où elle se trouve actuellement. " Stupide. Stupide ! " Murmure-t-elle à diverses reprises sans trouver la fin de sa tirade. " Que c'est ironique ! Une divinité mortuaire qui se soucie d'une humaine, aussi vulgaire soit-elle  ... " A cette faible lamentation - bien que ça résonnait plus comme une constatation qu'elle tentait d'assimiler, Thanatos répondit par un soupire. Il était blasé. Quoiqu'un brin las. Agacé par le caractère de celle qui hébergeait ses " restes. " Il entendait souvent cette comparaison revenir à la bouche de la brune, cette phrase qui rappelait sans cesse qu'il était associé à la " mort. " Il l'était certes : c'est une vérité. Mais pas la mort à laquelle tout le monde songeait. Et sans cesse, inlassablement, Elionorya répétait cette même erreur, cette même confusion qu'il percevait comme, dérangeante.

« - Je ne me soucierais de toi qu'après que tu es assimilée diverses choses. Notamment à t'ouvrir aux autres plutôt que de les regarder dédaigneusement avec mépris. »

Aussitôt, elle se raidit. C'était exactement ce qu'elle faisait : elle balaya le parc du regard, orienta son regard sur une personne susceptible de l'irriter en une quelconque façon, et rejetait tout le mépris assimilé rien qu'avec une expression hautaine, lacérante et désagréable.

« - Bonjour. »

Absorbée par la justesse des propos de la divinité, elle n'avait nullement perçu l'adolescente s'approcher suffisamment près d'elle pour débuter une interaction sociale avec sa propre personne. Cette dernière souriait étrangement, presque d'un sourire froid qui établissait directement une certaine distance entre les elles deux. Pourquoi l'approcher pour lui adresser une telle expression ? Elle n'eut pas plus l'occasion de réfléchir à ceci, qu'une seconde réplique vient à sonner aux creux de ses oreilles. Une mine interrogative cette fois-ci dominait le visage de son interlocutrice.

« - Je m'appelle Aëlle et toi ? »

Pour la première fois, elle semblait hésiter. Elle réfléchissait. Elle réfléchissait à tout ce qu'avait prononcé Thanatos, que ce soit actuellement ou précédemment. Elle réfléchissait à la situation présente. Elle hésitait réellement. Non. Elle ne désirait pas l'attention de Thanatos ... A moins que si. Elle voulait l'entendre dire qu'il se préoccupait d'elle. Bien qu'elle le détestait - avec un semblant de pointe d'amertume, il restait l'unique personne à pouvoir comprendre la nature même de ses sentiments. Sa présence la rassurait notamment. Elle n'était, plus vraiment seule. Et quelqu'un se souciait pour elle - même si elle se doutait que ce n'était uniquement par possible " intérêt. "

« - Elionorya.»

Brièvement. Simplement. Elle avait répondu. De façon courte. Sans réel intérêt. Elle se foutait bien que la personne se barre par la suite - ça l'arrangeait. Elle ne voulait pas sympathiser. Juste, avoir l'air un minimum aimable pour que la divinité n'ait rien à redire sur son comportement. De toute façon, cette conversation ne semblait guère enchanter son interlocutrice. Peut-être même se sentait-elle obligé. Un peu comme elle. Avec son Dieu. Peut-être était-elle aussi possédée ? Sûrement résidait-t-elle, tout comme elle, dans la section M. Bien qu'à ses suppositions elle n'accordait que peu d'intérêt à connaître la réponse.

Décidément, quelque chose clochait. Son interlocutrice enroulait avec un semblant de nervosité un bracelet autour de son bras pour à la seconde d'après dégager les mèches de sa chevelure brune d'un unique souffle, pour que finalement, son regard s'oriente à nouveau en direction d'Elionorya. Cette dernière ne releva nullement ces divers mouvements et se préoccupa, comme toutes les autres fois depuis la naissance de son demi-frère, d'elle et uniquement d'elle.

« Ah ... Elle sourit. Et... Tu es à quel étage ? »

Quel étage ? En quoi ceci pouvait-il bien la préoccuper ? Elle ne s'interrogea pas plus sur la question - ceci était banal, elle ne se sentait aucunement menacée et ça ne l'intéressait actuellement peu de venir à rembarrer aussi facilement une personne. Du moins, dans l'actuelle situation où, indirectement, elle espérait obtenir des résultats avec le Dieu qui la possédait, il valait mieux se plier en une quelconque façon à ses volontés.

« - Celui des M. »

Elle ne retourna toutefois pas la question à l'adresse de son interlocutrice. Son amabilité possédait des limites - et l'intérêt qu'elle portait à l'égard de la brune lui était à tel point insuffisant qu'elle pourrait ainsi déclarer qu'il correspondait au chiffre " nul " dit " zéro. " Toutefois, elle dû intimement reconnaître que l'évolution des expressions de la personne face à elle l'intriguait fortement. Elle piquait en elle, une vive curiosité qui juste là, fut bien longtemps enfouie profondément. A l'instant, Aëlle venait de recouvrir ses prunelles noisettes de ses paupières pour aussitôt dessiner un sourire sur son visage. Un sourire, nonchalant. Presque un automatisme. Cependant, il paraissait quelque peu sincère. Mais elle ne parvenait nullement à clairement placer un terme sur ce simple geste. Elle demeurait juste, observatrice. Puis, ça s'arrête ici. Tout ce qui touchait de près comme de loin à des expressions, des sentiments ou bien des interactions sociales, seule une libre interprétation survenait. Mais rien susceptible d'être perçu comme " concret. "

« - Elle doit abriter un Dieu. Sa question ainsi que ses réactions s'expliqueraient.
- Pour qu'elle passe d'une expression peu franche à ça ... Sa divinité doit être largement plus sympathique à vivre que toi, Tétanos.
- Et son réceptacle, plus vivant et chaleureux.
- Malheureusement pour nous deux, alors. »

Discrètement, elle afficha un sourire. Faible. Petit. Moqueur. Mais, amusé. Malgré ce fait, malgré qu'eux deux désiraient occasionnellement avoir à faire à une personne - que ce réceptacle, que ce dieu, malgré les longues heures d'embrouilles, de discussions intenses dans l'unique but de débattre sur un sujet insignifiant, elle affectionnait la présence du dieu. Juste, sa présence. Rien que ça. Le savoir présent - de part l'insoutenable migraine qu'elle ressentait à chaque fois qu'il désirait se manifester clairement dans l'esprit d'Elionorya, la rassurait doucereusement. Juste, ça. Juste, sa présence. Elle n'avouera jamais que c'est l'entité elle-même. La personne elle-même qu'elle affectionnait. Cette personne qu'elle côtoyait chaque jour à chaque instant. Pour elle c'était un minimum normal.

« - Normal que je me rende utile pour ainsi emprunter ton corps ?
- Mes pensées ... Elle articula fortement, de façon exagéré dans sa tête pour reprendre d'un ton détaché et las, Mes pensées ne sont pas un livre que tu peux ouvrir et lire à ta guise aussi facilement sans aucune pudeur.
- Il semblerait bien que si, Heather. »

Elle grogna. Simplement. Naturellement. Comme toujours au final. Comme à chaque fois, elle finissait quotidiennement - comme une habitude, un tic, une manie, par grogner, grincer des dents dans l'unique but d'exprimer son soudain mécontentement.

«  - Ma déesse c'est Brigid, la déesse celte de la guérison et légèrement surprotectrice, je suppose que tu as eu moins de chance ?»

Une Déesse Celte ? Totalement désintéressée de son propre environnement, c'est à peine même si elle se souvenait de l'existence d'un autre panthéon que les Grecs - sans parler qu'elle ne soupçonnait nullement la présente d'une majeure partie des divinités logées dans l'Olympe. Alors, venir ainsi à toujours de près comme de loin et côtoyer un groupe étranger au sien se résumait simplement à se jeter pleinement dans l'inconnu la tête en avant. De sorte à se plonger dedans, nager, jusqu'à se noyer sous ce flot intense de nombreuses nouvelles informations. Même si simplement, elle viendrait à fourrer ses mains dans les poches de son pantalon pour souffler bruyamment et détourner son attention sur une toute autre chose que l'intérêt principal.

« - Thanatos. Commença-t-elle nonchalante, Divinité mortuaire du panthéon grec. »

Après, en ce qui concernait sur son possible manque de chance face à son actuelle possession, elle ne saurait définir avec précision son ressentie sur la chose. Disons, que les hauts et bas existent et persistent pour s'envoler et disparaitre. Premièrement, elle l'avait haït. Haït autant que possible. Pour finalement doucereusement s'habituer à sa présence. Pour ainsi dire, il existait pire. Pire comme situation qu'elle. Bien que jamais elle ne se l'avouerait. Son monde vivait pour son unique personne. Sans sa présence, il ne saurait coexister. Il ne saurait subvenir, perdurer à l'usure du temps. Elle soupire. Elle ne veut pas avoir à soulever les poussières de songes enterrer et implanter depuis bien des jours, des mois voir des années - et sans même qu'elle ne s'en rende réellement compte. Elle efface tout ceci, simplement, rapidement, pensivement, elle redresse alors son regard et dévisage le visage de son interlocutrice. Vierge. Un visage vierge. Dénué de sentiment. Fade. Acrimonieux.

« - Surprise ? Tu pourrais te confondre dans son image. Un reflet ... Aussi terne et ennuyeux que toi.
- Je ne relèverais pas cette pique. »

Intérieurement, elle sourit. Un sourire entièrement maladroit et crispé. Presque gêné et forcé. Simplement pour accentuer son actuel ressenti sur la phrase prononcée par le Dieu.
- Je ne suis pas chanceuse. Commença-t-elle finalement, d'un voix monocorde, Je ne suis pas malchanceuse. »

D'un fébrile haussement d'épaule, cette phrase dépourvue d'un quelconque enthousiasme venait d'être ponctuée. Elle se fichait bien de tout ça. Toutefois, comme lassée envers sa propre personne, elle ne possédait aucunement la force ni même l'envie de paraître désagréable.

« - Parce qu'elle te ressemble. »

Sourdement, lourdement, mais toutefois dans un élan de véracité, cette réplique tonna aux oreilles d'Elionorya telle une révélation. Ou plus, comme une confirmation et affirmation.

« - Peut-être. »

Un sourire. Invisible aux yeux de tous. Cette mélancolie refoulée apparente couplée à une expression malicieuse et énigmatique, ce sentiment ne demeurait réelle uniquement dans l'antre refoulée de l'adolescente. Cet antre toutefois ouvert à Thanatos.

Il était amusant de constater l'écart avec lequel chacun répondait. Après tout, devoir mener une double conversation en une divinité ayant élu domicile dans un corps mortel pour aussi s'ouvrir et s'adonner à une personne en tentant du mieux que possible de répondre aux espérances de la personne, il fallait reconnaître là que c'était une tâche compliquée - quoique, finalement aisé une fois la monotonie installée de nouveau pour balayer la nouveauté anciennement présente. Clairement, il était notamment bon de se poser des questions quant à cette possession. Précisément sur le fait, d'être légèrement schizophrène sur les bords. Ou même, si au fond, elle n'était tout simplement pas " malade. " Après tout, les fous n'ont eux-même pas conscience de l'être. Peut-être ce pensionnat si étrange avec une classe spécialement à part, n'était pas finalement, un asile. Un asile pour des jeunes cinglés délirant quant à l'existence possible de Dieu de divers panthéons.

« - Techniquement, si pour toi un fou se résume à ne pas en avoir conscience, tu ne peux l'être puisque tu te remets en question.
- J'ajouterais, Elle ricana, presque d'un rire sincère face à la réplique de la divinité, CQFD. »

Rapidement, elle coupa court à son rire, pour se focaliser sur son interlocutrice. Elle aussi, semblait parfois peinée à gérer sa divinité. Elle passait d'un visage vide et creux, à une certaine nervosité où s'affichait un mal intérieur - peut-être les mêmes migraines qu'elle ressentait de temps à autre suite à la présence trop forte et omniprésente du Dieu.

« - Qu'est ce que tu fais dans le jardin ?»

Sincèrement ? Pas grand-chose. Peut-être qu'au début, avait-elle eu le maigre espoir de percevoir une ombre familière se faufiler au travers de feuilles virevoltantes au grès du vent - toutefois, à présent, ceci ne semblait plus être sa principale occupation. C'est à peine même, si elle possédait une quelconque raison d'être ici. Elle ne sortait pas réellement. Autre éventuellement pour les cours, tout le reste restait pour proférer son ennui sur une cible libre et faible rien que pour le plaisir. Un plaisir malsain mais attrayant cependant.

« - Pas grand-chose. J'observe, peut-être. »

Monocorde. Incertaine. Elle tanguait. Mais qu'importe. Oui, qu'importait. Qu'importait qu'elle connaisse ou non la raison de sa présence ici : ça ne l'aidait nullement. Nullement, à ... faire quoi au juste ? Elle ne savait même pas ce qu'elle désirait faire, ou devait faire ! Elle se mordit brièvement et discrètement la lèvre inférieure. De telle réflexion éveillait en elle confusion et n’attisait plus de douleur qu'elle n'en apaisait.

« - Tu es curieuse ? »

Cette réplique fut ponctuée d'un mouvement de tête sur le côté, comme pour accentuer de cette mimique, l'interrogation émise. Curieuse ? Peut-être l'était-elle, oui. Bien qu'elle n'en semblait que peu convaincu quant à cette possibilité. Elle aimait simplement admirer les plantes qui envahissaient et ornaient les lieux - cette beauté verdoyante et parfumé parvenait à légèrement apaiser cette âme en peine. Peut-être demeurait-elle un brin curieuse quant aux personnes qui divaguaient intérieurement pour se laisser perdre sur le parterre fleurissant du parc. A moins qu'elle n'orientait son regard uniquement lorsqu'une chose se démontrait susceptible de l'intéressée, bien qu'elle le détournait rapidement emplit d'une soudaine lassitude.

« - Je ne sais pas vraiment. Elle détourna le regard pour venir par la suite à hausser les épaules et reprendre légèrement pensive. Peut-être. »

Elle avait conscience que ceci ne favorisait nullement la conversation - à l'inverse, elle ne faisait que couper court à tout ceci. Toutefois, quelque part, elle ressentait la nécessité de venir à entretenir cette discussion, même si elle n'osait aucunement venir à ajouter quoique ce soit. L'indécision devait sûrement là, un caractère omniprésent pour l'adolescente.

« - Serait-ce là, de la lâcheté ? A moins que ce ne soit simplement de la timidité, Heather ?
- Aucun des deux, saleté d'émo. »

Sa fierté atteinte, elle grinça les dents face à la réplique de son Dieu. Elle ne savait pas véritablement quoi répondre à ceci au fond. Disons que " touché, coulé " saurait parfaitement correspondre à l'actuelle situation bien qu'elle ne viendrait nullement à l'admettre. Toutefois, Thanatos le savait. Et il ne pu réprimer un sourire en s'apercevant de ceci.

« - Une réplique et l'intérêt mutuel que vous vous portez pourrait disparaitre ? Ajouta-t-il en ricanant légèrement.
- Cesse de t'amuser de mes pensées. C'est vraiment chiant.
- Si ça ne l'était pas, je ne le ferais pas. Répliqua-t-il simplement d'un haussement d'épaule, Tu sais, ton mutisme pourrait tout aussi bien briser cet intérêt. »

Comme si elle n'avait pas conscience de cela ! Bien sûr qu'elle le savait. Parfaitement d'ailleurs. Mais elle ne pouvait décemment se contenter de répondre avec un sourire espiègle - ceci ne lui correspondrait nullement et suffirait certainement à effrayer son interlocutrice de cette soudaine vivacité. Bien que son visage constamment blasé à l'allure fatiguée devait déjà suffire à effrayer une majeure partie de son possible, entourage.

« - Désolé... Hum non, pas vraiment... Ce n'est pas important... J'ai eu... une absence... Tu disais ? »

Tellement prise dans ses pensées - et surtout à chercher un moyen de venir à partiellement cloué le bec à cet oiseau de malheur - un corbeau correspondrait à l'image de Thanatos, elle ne s'était nullement rendue compte de ladite absence de sa camarade. Bien qu'elle avait perçu une certaine agitation - des mouvements troubles, confus, presque indésirables mais qui demeuraient toutefois présents. Soudainement, elle sentit une vague curiosité l'envahir. Envahir son être. Envahir sa personne. Son âme s'agitait intérieurement. Était-ce un sourire qui se dessinait sur ce pâle visage ?

« - Je suis curieuse en effet. »

Elle planta confiante ses prunelles noisettes dans celles émeraudes de son interlocutrice et maintenait son large sourire - elle se demandait même comment il lui était possible de ne pas souffrir avec ses lèvres étirées autant.

« - Curieuse, envers ta personne. »

Enfin, avait-elle osé l'admettre, et avec un engouement certain - presque irréaliste. Elle n'avait pas besoin d'être foncièrement agréable ou attentionné à l'égard de cette personne, ni même de constamment sourire voir, simplement s'ouvrir. Et rien que ces simples faits, suffisait à ressentir une certaine empathie pour cette personne.

« " - Que veux tu savoir ? Je suis parfaitement banale. »

Une telle réponse ... Elle trouvait ça d'un ennui, bien que derrière ce masque soudainement las, se dévoilait un entrain même, un engouement proche d'une allégresse sans limite. Toutefois, véritablement, ceci parvenait à ébranler sa curiosité et son intérêt certain pour la possédée. Si une réplique parvenait à intriguer, à l'inverse elle pouvait creuser un profond désintérêt. Néanmoins, elle était consciente qu'il fallait creuser bien au delà des apparences. Même si, jamais elle ne se résoudrait réellement à le faire. Ceci ne lui correspondait nullement.

« - Enfin, autant que quelqu'un de cette école puisse l'être...»

Elle ricanait intérieurement à l'entente de cette phrase. Après tout, il était juste et bon de le préciser. Les gamins de ce pensionnat représentait sûrement là, des barges atteints d'un fort dédoublement de la personnalité et qui s'épanouissait pleinement dans l'enceinte d'un établissement dirigé par un barge avec le désir de faire revivre les Dieux.

« - Vous avez fait un pacte avec lui. C'est ça ? Qu'est-ce qu'il y gagne ?
- Je ne peux te le dire.
- Pourquoi lui, alors ? Pourquoi être venu voir ce fou sénile avec des airs de pervers ?
- Peut-être est-il fou, oui. Mais je n'ajouterais rien de plus à cela. »

Grogner. Voilà ce qu'elle venait à l'instant de faire face à ce manque de vivacité de la divinité - qu'importe, il ne voulait répondre à ses questions. Il ne voulait le faire. A moins que ...

« - Tu ne peux pas le faire parce que ... Toi-même tu ne sais pas ? Demanda-t-elle caustique, un sourire narquois aux lèvres.
- Peut-être.
- Le Grand Tétanos, réduit à l'état de larbin. Que ça doit être douloureux ...»

Il sembla se murer dans un mutisme certain : il n'avait nullement répliquer face à cette phrase. Sûrement par lassitude, ou par simple exaspération pour sa possédée. Il retournait certainement à ses principales activités : dormir à moitié, à moins qu'il ne réfléchissait simplement. Elle soupira face à ce manque de réaction mais n'ajouta rien. Bien que l'envie lui démangeait.

« - Derrière la banalité se cache toujours autre chose. Les personnes les plus simples, miroitent un être des plus compliqués. Répondit-elle simplement, en haussant les épaules. »

Finalement, peut-être qu'elle n'était pas si intéressante. Tout résiderait dans sa prochaine réplique : si elle échouait quant à cultiver son intérêt, eh bien, elle partirait sans demander son reste les mains dans les poches. Elle avait suffisamment perdu de temps pour quelqu'un de terne, morne et banal

«  - Je ne te ferais pas l'offense de te demander si tu es heureuse, ton adorable sourire montre au monde que non avec une grande subtilité, mais tu ne t’ennuies pas ? Tu n'as pas envie de jouer ? Ça me déçoit un peu ... Hum, ça me déçoit pas mal en fait... Mais je vais m’expliquer plus clairement, et peut être adapter les règles à ta paresse - ton désintérêt excuse moi - ... Une réponse, une question, le droit d'omission. Et je me fiche que tu joues ou non, je me débrouillerais pour savoir ce que je veux à la longue ...»

Cette tirade résonna sourdement aux oreilles de la brune. Ainsi donc, voulait-elle jouer ? Eh bien, en voilà une personne arrogante, à moins que ceci ne représente simplement un passe-temps. Un libre passe-temps qui se présentait face à elle, lui tendant allégrement les bras dans l'unique but d'être relever. Toutefois, cette annonce l'étonnait fortement. Sûrement là, était-ce la première fois qu'on venait à survoler simplement les bases d'une conversation - d'un contact social, pour s'attaquer directement au fruit même de sa curiosité : une aussi franche personne, au sourire pour le moins narquois - peut-être malsain bien qu'il exprimait là rien qu'une envie de jouer, de capturer sa proie et de la contempler se faufiler dans le piège tendu pour se faire pitoyablement attraper. Elle devait admettre : elle était impressionnée. Néanmoins, ceci ne représentait actuellement nullement une pointe d'admiration. Juste, allégrement choquée d'observer une personne étaler ainsi un topo sans craindre - ou même tenter la politesse ou les bases de la " civilisation " comme énoncerait certainement une personne qu'elle possédait dans le collimateur.

« - Tu ne répliques pas ?
- Non. Pour une fois que ça se démontre intéressant, je ne compte pas laisser cette proie s'échapper aussi facilement.
- N'es-tu donc pas celle qui, actuellement, est chassée ? Je m'interroge sur ce qu'elle désire savoir à propos de toi. Après tout, elle l'a dit, tu n'es pas une fille épanouie, quel intérêt de côtoyer une personne qui ne masque même pas son " malheur ? "
- Tu te poses bien des questions, pour un larbin.
- Tous les larbins ne sont pas stupides. Certains peuvent mettre se rebeller et renverser la tendance tu sais ? Répondit-il du tac au tac face à la pique de son réceptacle.
- Stupides comme intelligents, un larbin est ennuyeux. »

Elle reporte finalement ses prunelles noisettes aux teintes rubis en direction de son interlocutrice. Sans tarder elle laisse paraître un immense sourire sur son pâle visage. Un sourire confiant. Un sourire fier. Un sourire joueur. Un rire, un éclat de rire résonne. Un rire au ton froid, quoique finalement, amusé. Au abord distant il se démontre légèrement chaleureux - bien que ceci se démontre simplement le reflet même d'elle qui relevait " ce défi. " Bien qu'intriguée, elle plante fermement son pied dans l'herbe, redresse son visage et acère son vif regard.

« - Pourquoi ne pas simplement me demander ce que tu veux savoir ? Tu as peur de perdre l'amusement que tu peux tirer de cette partie de jeu ? A moins simplement que tu sais d'avance que je ne répondrais pas et tu comptes me piéger pour que je réponde comme tu le voudrais ? »

« - Bah... Vu les réponses laconiques que tu m'as servis, j'en avais pour deux heures ... En plus tu risques de te fermer complètement si je pose des questions frontales sans prévenir... Mais je ne veux pas te piéger ! Ça irait contre l'intérêt de - mon intérêt. Droit d'omission, ça veut dire que tu peut taire des choses tu sais ...  Elle eu une moue goguenarde. En plus j'admets que c'est plus amusant comme ça. " Le sourire de prédateur revint teinter ses lèvres. C'est équitable, chacune va satisfaire sa curiosité... Et puis ... J'ai une autre raison, qui vaut à elle seule le coup de te parler... »

Eh bien, elle soufflerait presque d'admiration face à cette tirade. Évidemment : elle avait pensé à tout. Ce serait sous-estimer son chasseur de limiter ses capacités de réflexion. Bien qu'elle ne songeait nullement au fait qu'elle parvienne à ainsi établir précisément des éléments afin de les associer à sa personne. Quoique, certaines choses établit à son être demeurait fausse. Se fermer ? Disons simplement, qu'elle se serait contentée de répondre acerbe avec un sourire mauvais peint sur son pâle visage. Toutefois, elle fut impressionnée par la certaine part de naïveté de son interlocutrice. Comment pouvait-elle omettre un élément aussi essentiel dans ce type de conversation ? Elle pouvait mentir. Bien que prise de fierté et d'un intérêt nouveau, elle ne viendrait nullement à empiéter dans une chose aussi vulgaire et rabaissant. Elle était certes, désagréable mais elle n'éprouvait aucunement le besoin de mentir. Elle prononçait toujours ce qu'elle pensait. Ainsi, peut-être qu'au fond ressentait-elle une pointe d'admiration pour la brune. Avait-elle prévu ceci ? Non. Non. C'est stupide. Une personne aussi, imprévisible ne pouvait se résumer à de simple supposition basée sur un temps de conversation énormément limité.

« - Tu utilises drôlement ton cerveau, étonnant. Je le pensais inexistant ces derniers temps.
- Peut-être ressentais-je le besoin de m'abaisser au niveau des abrutis pullulants dans cet internat miteux.
- Magnifique pirouette, dis-moi.
- Je t'en remercie. »

Sans plus de cérémonie, elle ferma - autant le pouvait-elle, son esprit afin de taire les possibles paroles de la divinité et se replongea dans une intense réflexion. Bien qu'au final, elle venait très certainement d'avoir fait le tour pour le conclure sur une pensée : ce jeu allait être amusant.

« - De toute façon que tu sois souriante et polie ou pas m'est égal ... Quel âge as-tu ? »

Question simple. Toutefois basique. Sûrement fallait-il tourner autour de celles fondamentales avant de pouvoir définitivement s'en éloigner pour finalement, venir à toucher les cordes sensibles. Bien qu'au final, frontale ou non, elle s'en foutait largement. Après tout, ce qui pouvait paraitre personnel pour l'un, ne l'était nullement pour l'autre.

« - Tant mieux, je ne comptais pas l'être. Du moins, pas avant que ça ne devienne intéressant. Dix-sept ans. Je te retourne la question. Répondit-elle dans ce qui paraissait être l'ombre d'un sourire. »