Sujet: [Terminé] Isolate [JUJUUUUUU ♥] Jeu 23 Juil - 2:49
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Isolate...
"I'm lost without a chance in hell. And I'm lost with doubts, I can't avoid this"
J'ai froid, si froid... Je ne sens plus mes membres. Où suis-je, sérieux ? Je ne vois rien, je n'entends rien, ma tête me semble si lourde... Ce noir, tout ce noir, il me fout la trouille... Où suis-je sérieux... ? J'ai bon toucher ce noir, me mouvoir, rien... Rien ne change... Anubis... ?Anubis, t'es où, mon vieux... ? Anubis...
...
Je sens mes jambes, enfin. Elles sont lourdes, et mouillées... Mouillées ? C'est quoi tout ça... ? Où est ce brouillard noir ? Qu'est-ce que je fous avec les pieds dans l'eau moi ? L'eau... Elle... sacrebleu !! Elle est rouge ?! Recule, mec, recule, sacrebleu, recule-toi ! Qu'est-ce-qui se passe ici, bordeel ?! Allez, calme-toi mec... Tu peux déjà plus bouger avec ce sentiment d'oppression, alors tu ne vas te faire peur, hein ? Calme-toi Auen, tout vas biiien, zeeen. Je dois respirer, c'est un mauvais rêve, hein ? Ce paysage glauque à souhait dans lequel je me trouve là, c'est un rêve ! Calme-toi Auen ! Cette forêt de sang n'est pas réelle. Cette eau écarlate aussi ! C'est juste un mauvais rêve, un sacrebleu de mauvais rêve ! Anubis, où es-tu mon vieux... ? Hein, t'es où ?
...
J'ai de nouveau froid, et mes jambes viennent de me lâcher dans cette eau qui me répugne tant... Je flotte, l'eau m'engourdissant... Froid, si froid... Où suis-je... ? C'est quoi, tout ça... ? Et où est ce foutu chacal dépressif... ? "ANUBIIIS !" J'ai bon hurler son nom pour la énième fois, seuls les battements de mon coeur complètement paniqué me répondent... Je me noie, ouais. J'ai plus qu'à fermer les yeux, ce n'est qu'un mauvais rêve, n'est-ce-pas ? Du sang... ? Mes mains... ? Je... saigne ? HEIN ?! Je saigne ?! Que... j'... étouffe. Ma gorge, ma gorge, me... Anubis... ? C'est quoi cette tête ? Eh, il te prends quoi ? Aide-moi, mon vieux... ! Anubis... ? ANUBIS ?! ANUBIIIIIIS !
J'ouvrais les yeux en sursaut, haletant, serrant mes draps, la respiration rapide. Respire, mec. Respire. C'était pas le pensionnat ici. J'étais où là ? Oï. Mes membres étaient toujours engourdis... J'm'étais suis encore pris une murge ou quoi ? A mon avis, si c'était la murge, elle devait être mémorable pour que je me réveille dans une chambre d'hosto ! Quel con je fais, ahlàlàlà ! Ouais, ces murs blancs un poil crados, cette odeur de vieux croûtons et cette télé qui me passait les infos en boucle me laissait croire à un hosto. Pourquoi avais-je des cathéters dans tous le corps par contre... ? J'm'étais vautré en étant bourré, une fois de plus ? J'aurais voulu rire... J'aurais voulu. Seule une horrible douleur me faisant recroqueviller sur moi-même, qui portait mes mains à ma gorge me faisait comprendre que c'était pas une murge, la fautive. Aucun son, rien, juste ma respiration haletante et saccadée remplissait cette pièce. Je ne pouvais plus... Parler ? J'avais bon bouger la mâchoire, articuler un son, rien... Le néant. Et cette douleur insupportable. Ma gorge me faisait souffrir, c'était juste ignoble. Qu'est-ce-qu'il s'était sacrebleu de passé ?! Serrant les poings, encore faible je rageais. Oui, je rageais. Anubis ne me donnait aucun signe de vie, il fichait quoi le cachet de prozac, là ?
Et ça me revenait, telle une énorme baffe dans la tronche. C'est l'esprit douloureux que mon cerveau, pour une fois qu'il marchait, me rappelait gentiment pourquoi j'étais ici. On était rentré d’Égypte. Un sacré voyage. Bien, même un peu trop. J'm'étais retourné la tête comme toujours. J'avais fait hurlé les profs et j'avais ris avec Jude et Hans, enfin la grosse éclate ! Alors pourquoi étais-je là ? Une seconde douleur à la tête, me faisant gémir. Bon sang, j'encaissais mais là... Je ne voulais pas... je...
J'avais baissé ma garde, voilà tout. Anubis n'avait pas supporté ce voyage. Il était devenu encore plus dépressif, ce con. Et y'avait eu cette fille-là, et son air de blasé. Anubis s'en était jamais remis, et j'avais suivis, c'est ça ? Ses sentiments m'avaient rongé, et j'avais baissé ma garde, pensant qu'Anubis ne ferait rien car ce n'était pas son genre. Pas son genre. Il m'avait bien eu ce connarrd. Il m'avait bien eu ! Pourquoi t'ais-je cru, Anubis ?! Pourquoi ais-je cru un instant que je te rendrais heureux ?! POURQUOI DIS-MOI PUTAIIN !
Si te rendre heureux c'est me tuer, ne te prives plus enfoiré ! J'avais la haine, puis la rage, tout. Je voulais voir ce maudit chacal se faire étriper par Andjéty. Ah lui, d'ailleurs ! Si je l'emmerdais tant, pourquoi n'avoir pas été plus franc, hein ?! Ça m'aurait évité de tomber encore dans le même panneau ! Ils se sont bien foutus de moi, hein... ? C'est pas ma gorge tranchée qui dira l'inverse, tch ! Oh, je ne peux plus parler, vous allez pas vous plaindre, si ? Hahaha, quelle bande de connards. Oh ça, oui.
Que devais-je faire, hein ? Dites-moi, ô vous qui savez tout, DITES-MOI MERDE ! Je suis cloué là, dans ce lit blanc, faible, la gorge tranchée, incapable de parler ! Devrais-je me réjouir ?! Devrais-je sourire comme je l'ai toujours fait ?! Devrais-je m'en branler ?! HEIN ?! Et puis ceux qui m'ont trouvé, ont-ils bien dormi ?! Hein, ANUBIS ?!! ONT-ILS BIEN DORMI AVEC UN MEC A MOITIE MORT A LEURS PIEDS ?!! Était-ce donc si facile... Si facile de prendre cette lame dans la cuisine et de m'achever... ? Pourquoi, mec, pourquoi... ? Que t'avais-je fait pour le payer ainsi ? Qu'ais-je fais pour payer ta lâcheté ? Je te hais Anubis, je te hais. JE TE HAIS.
...
Et bon dieu, que je suis pitoyable à chialer, à hurler silencieusement malgré la douleur croissante, à vouloir tout brûler. Pitoyable. Même elle n'avait pas eu ce "privilège" de me voir si misérable. C'est bien le mot, misérable... Je n'avais plus qu'à rester là, sur moi-même à attendre que ce sentiment de trahison, de honte, de rage parte... Même si je doutais qu'il ne partirait pas comme ça. Anubis, enfoiré, pourquoi m'avoir fait ça... ? Je... Mon regard se posait sur mon dossier médical au pied de mon lit. Retirant les cathéters grimaçant, je me pliais avec difficulté au rebord du lit pour attraper ce fichu bout de papier. Oh ? Un marqueur et une ardoise à mon intention pour... parler ?
Un autre coup en pleine gueule. Je comprenais dès lors toute l'étendue de ce qui m'attendais. Ne plus parler jusqu'à ce que ma gorge aille mieux, supporter une cicatrice et... Le pensionnat. Auen le mec cool qui faisait que des conneries s'était égorgé en public, vraiment ? NON. NON. NON. ANUBIS... Si je pouvais te sortir de ma tête ton enfer ne ferait que commencer. Je serrais les dents et les poings, furieux et dépité. C'est en reposant le dossier que je m'aperçus que je n'étais plus seul. Depuis combien de temps... ? Non, je ne voulais pas de visite aussi pitoyable ! Je ne... J'avais redressé la tête et cette bouille rêveuse si familière me regardait. Jude... ? Pourquoi il fallait que ce soit toi qui me voit si mal... ? Pourquoi... ?! Tournant la tête dépité et amorphe, je me saisissais de l'ardoise et du marqueur, et gribouillais rapidement dessus avant de la montrer au roux-cool :
"Que fais-tu là... ?" Je baissais l'ardoise, définitivement mal, main sur la gorge. Je suis juste misérable, merde.
Ce matin, ça a été un vrai choc. Oui, un choc. Un bouleversement dans ton quotidien paisible — as-tu déjà connu ça auparavant ? Probablement pas. Ça fait mal. Tu ne te souviens pas avoir jamais connu pareille douleur auparavant, même quand vous aviez dû partir avec Maman en sachant que revoir Papa serait alors très rare. Là, c'est… C'est différent. Différent, oui. Tu ne saurais pas dire pourquoi, tu ne saurais pas dire comment, mais ça l'est, c'est tout.
Vous reveniez à peine de votre voyage en Égypte, un voyage bien mouvementé, ponctué çà et là de petites mésaventures bien amusantes, parfois faisant frôler la crise cardiaque aux profs, mais jamais aucun mal ne fut fait. Du moins, pour toi. Vraiment, ce voyage, tu l'avais apprécié, adoré même, c'était ton premier hors de l'Irlande. Un mois de pur bonheur, entouré des personnes que tu aimes, que demander de plus ? Vraiment, vraiment, tu en garderas toujours des souvenirs impérissables.
Justement, en parlant des personnes que tu aimes. Auen. Auen. C'est parce que tu l'apprécies énormément que ça fait aussi mal ? Ce matin… Ce matin, tu as appris qu'hier, il… Il… Il a… Enfin…
«Excuse-moi, Jude, commence, très doucement, une voix que tu n'as jamais connue si prévenante à ton égard, mais il est fort peu probable que ce soit ton ami qui ait agi de la sorte. Comme je te l'ai déjà évoqué, c'est certainement Anubis qui est derrière cela.»
Anubis… Oui, certainement. Tu sais bien qu'Anubis, il ne va pas bien, «il est dépressif», pour reprendre les mots du rosé. Mais… Oui, «mais». Toi et ton imagination débordante, vous ne pouvez pas vous empêcher de vous représenter les pires scénarios, et c'est impossible de penser à autre chose — l'un des mauvais côtés de ne pas savoir revenir seul à la réalité.
Incapable de faire quoi que ce soit d'autre que te morfondre, tu as décidé de ne pas aller en cours aujourd'hui, tu vas trop mal pour ça. Tellement mal que tu as dû laisser Thôt prendre possession de ton corps pour t'amener à l'hôpital — t'aurais pas pu faire trois pas. Là, tu te trouves devant la porte de sa chambre. C'est si calme, si calme… L'hôpital est vide et pourtant habité à la fois, c'est une atmosphère qui te met très mal à l'aise. Tu te sens comme… Écrasé ? Tu aurais presque du mal à respirer. Tu sens comme une boule dans ta gorge, qui descend jusqu'à l'estomac, ça fait mal.
«Allez, entre, maintenant.»
Silencieusement -tu n'as pas décroché un mot depuis que tu appris ce qu'il est arrivé à ton précieux ami-, tu t'exécutes. Et là, tu le vois. Ça pourrait être pire, bien sûr que ça pourrait être pire, ça pourrait être tellement pire. Et pourtant, pourtant, rien que le voir là, alité, avec un épais bandage autour du cou, serrant les poings, visiblement encore plus mal que toi émotionnellement, ça te porte un coup terrible. Tu ne sais pas quoi faire, tu ne peux rien faire, la douleur te paralyse.
Quelques secondes, tu restes planté là, à le regarder. Et puis, lui te voit. Ça doit lui faire un choc aussi — ça se voit sur son visage. Il détourne la tête, et toi tu baisses la tienne. Le voir dans cet état, ça fait mal, ça fait mal. Peut-être qu'il voulait rester seul ? Peut-être qu'il ne voulait pas te voir ? Ça peut se comprendre, après ce qui lui est arrivé… Mais toi, tu voulais juste le voir — savoir qu'il va bien, au moins, qu'il est conscient.
Dans un geste, il te montre une ardoise, où sont inscrits les mots ❛Que fais-tu là… ?❜. Et toi, ça te porte encore un coup terrible. Une ardoise. Sa gorge. Auen… Auen, il… Il ne peut plus parler ? Tu n'y avais pas pensé… Ça veut dire quoi, ça…? Tu ne l'entendras plus jamais ? Plus jamais parler, t'interpeler, rire ? Plus jamais jamais ? Non… Non, c'est impossible… Hier encore il riait aux éclats, hier encore tu l'entendais. Tout ne peut pas basculer d'un coup comme ça, hein ? Une nuit, une simple nuit, et peut-être que tu ne l'entendras plus. Tu… Tu n'arrives pas à y croire. Il y a des chances pour qu'il retrouve sa voix, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?
Toi, tu as encore la tienne. Tu l'as encore, pour lui répondre. Tu veux lui répondre, oui, tu veux lui dire «je voulais te voir», «voir si tu allais bien», «je m'inquiétais», tu veux lui dire tout ça, tout un tas de choses qui s'entassent et se mélangent dans ta tête. Mais rien, rien, ne sort. Tu essaies, tu essaies, tu veux parler, tu veux parler, mais rien. Rien. Tu n'y arrives pas, tu peux juste pas.
Une seconde, deux, trois.
Ce n'est que maintenant que tu réalises toute l'ampleur de cet évènement. Aussi bien sur lui que sur toi. C'est horrible, c'est… C'est… C'est trop. C'est trop. D'un coup, comme si toute ta peine se ravivait et débordait, débordait, sans que tu ne puisses rien y faire, tu fonds en larmes. Honteux, parce que tu n'es certainement pas celui qui en souffre le plus, tu caches ton visage derrière tes mains, comme si c'était un réflexe. Et tu pleures, tu pleures. Tu sanglotes, tu gémis, la voix étranglée, tu ne tiens plus. Pleurer, ça soulage. Parce que ça fait mal, ça fait mal…
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"Why can’t you say sorrow ? Why can’t you say I think I believe ? Why must you steal things I receive?
The enemy is thrown into the sadness, For the enemy there’s only pain and sadness then death."
Pourquoi... ? Pourquoi pleurais-tu Jude ? Comment étais-je censé sourire, là ? Hein, comment ? J'étais là, tête baissée, dépité, à serrer une p'tain d'ardoise du peu de force que j'avais. J'étais là, à sentir tout le poids de ce joyeux foutoir que TU avais orchestré Anubis. Oui, que TU avais planifié, que TU avais exécuté. Maudit sois-tu, Anubis. Maudis sois-tu... Et toi, Jude tu m'avais regardé et toi aussi, tu l'avais compris tout ce poids, hein ? Que devais-je dire ? Que devais-je faire ? Tu t'écroulais toi aussi... Nous nous écroulions tous à cause d'un chacal qui n'assumait pas sa vie... Hahaha, ce foutage de gueule. Toi aussi Jude, te rappelais-tu de la journée qu'on avait passé ensemble ? A rire, à faire les idiots... A rire... Rien que d'étirer un sourire me faisait cracher mes tripes dû à la douleur. Rien que de respirer, de bouger la tête, tout ça, ça me rendait dingue. Je voulais juste la tête de ce chacal sur un pieu, ce n'était pas si compliqué, si ?! J'aurais bon le frapper ce matelas miteux, j'aurais bon me mordre les lèvres pour ne pas pleurer... Rien, RIEN ne changerait d'un coup ! Rien, rien, rien, rien !
Et plus je te regardais Jude, plus la douleur ne faisait que croître. Je te voyais pleurer, déverser toutes ces émotions, comme si au fond tu voulais savoir comment j'allais... Réellement ? Puis-je encore avoir confiance dans les gens ? Puis-je encore ? Ou vais-je encore finir crucifié au grand public ? Bon sang, que j'aurais voulu rire ! Rire de moi ! Rire de ma misérable condition ! Que je suis pitoyable, ah ! Mais même me foutre de moi-même, Anubis me l'avait enlevé. Que me restait-il ? Un état instable, une rage envers toi, ô chef des lâches, et une voix brisée pour un moment ? Seulement ça ? OH TU AURAIS PU FAIRE BIEN MIEUX, ANUBIS ?! J'expirai silencieusement ne pouvant faire autrement. J'aurais voulu te dire à quel point ta présence me ravissais Jude. Te nommer le roux-cool, te taquiner lourdement et rire avec toi... J'aurais voulu, bon sang ! J'aurais voulu te rassurer et te dire que ma voix reviendrait, te dire que ce n'était rien, que j'allais bien, que j'allais avancer que j'allais...MENSONGES.
MENSONGES, HORRIBLES MENSONGES. Non rien n'allait bien ! Ma voix ne reviendrait pas de si tôt ! Et je ne pourrais plus rire avec toi avant longtemps, je ne sourirais plus aussi ! Je ne... Tout allait mal. Je ne pourrais même pas te dire que ta présence me touche, ni même te rassurer et te consoler. Rien. Je n'ai plus l'âme à ça. Je n'ai l'âme à rien. Sourire bêtement à la vie, faire croire que tout va bien, en profiter... Cette noiraude et son dieu m'avait descendu de mon nuage et montré ce à quoi je fermais les yeux depuis des années. AU FEU TOUT CA ! Au feu toute cette joie inutile, toute cette mascarade ! Que ça brûle, je m'en branle ! Je n'ai et ne serais plus aussi conciliant. Vous, vous tous. Vous paierez.
Jude, Hans, ô vous tous qui malgré tout ça restez... Merci. Je crois que j'ai encore un intérêt à défendre. Tandis que le reste sombrera.
...
Je redressais alors la tête, desserrant la mâchoire après ce petit interlude rageur, qui reprendrait d'une façon ou d'autre, oh... ? Souris, ducon, souris... Même pas en rêve. Ce sourire qui me qualifiait tant, cette joie si propre à ma personne, cette connerie signature de mon être, cette connerie... Le fameux trio, hein ? Ma connerie, Anubis et moi-même ? Moi-même était exit, et miss connerie avait couché avec Anubis pour un billet vers la morgue, tss... Je regardais Jude, voulant lui faire comprendre que ouais, ça allait mal, c'était ainsi, et que beaucoup de chose allaient bouger quand je ne serais plus convalescent. J'n'ai peut-être plus la parole, mais encore j'ai mes membres. Je baissais les yeux sur mon ardoise, effaçant et griffonnant de nouveau :
"Hey, roux-cool, souris. Merci d'être venu."
Même mon écriture se voulait sèche, morne comme ce foutu chacal. J'étais incapable de mentir à sourire. Incapable de nier à nouveau toute cette douleur tous ces problèmes qui me faisaient face. Incapable de fermer les yeux. Je suis bien un incapable, après tout... ?
Tu pleures, tu pleures, tu pleures. Tu pleures, Jude. Tu as vraiment très mal, mal pour lui et mal pour toi. Mal pour lui parce que tu te doutes bien, tu imagines bien ce que ça doit être pour lui. Tu as le pouvoir d'imaginer, et même si ce que tu imagines diffère de la réalité, ça n'en est pas moins éprouvant, pas moins douloureux. Il a perdu la voix, il a dû perdre Anubis, alors qu'il te semblait qu'il l'aimait bien, il a dû perdre confiance, aussi. Confiance en lui, en Anubis, en les autres peut-être ? Trahison. C'est le mot, le sentiment qui te vient en tête quand tu tentes de te mettre à sa place. Et c'est ça qui te fait pleurer. Tu pleures presque plus pour lui que pour toi, tu compatis, et c'est terrible.
Tu as aussi mal pour toi malgré tout, parce que tu l'apprécies énormément, Auen, et que le voir dans cet état n'est pas forcément ce qu'il y a de plus agréable. Tu as l'impression que ça ne va pas s'arranger maintenant, voire que ça va même difficilement s'arranger, et, en un sens ça te fait mal aussi. Tout comme ça te fait peur. Tu aurais simplement souhaité couler à l'avenir des jours paisibles, aussi paisibles que les jours passés en sa compagnie. Mais est-ce que ce sera encore possible ? Tu l'espères… Tu l'espères si fort. Et tu te dis que tu feras tout pour que ça puisse être possible.
À commencer par être là pour ton ami et le soutenir. L'aider à se relever, à ne pas tomber encore plus bas. C'est bien à ça que ça sert, les amis, hein ? être là quand ça ne va pas. C'est exactement ce que tu voulais faire en venant ici. Ce que tu as voulu lui dire à l'instant, avant d'exploser en sanglots. Sanglots que tu as bien du mal à retenir, et encore plus de mal à arrêter. Tu ne peux pas vraiment les arrêter, et comme ça soulage, et que de toute façon tu ne peux pas pleurer comme ça indéfiniment, tu laisses couler pour le moment. Ça finira bien par diminuer, puis s'arrêter. Pour le moment, tu as encore trop mal, c'est encore trop pour toi. Ça passera, ça passera, ce n'est qu'une question de temps. Alors pleure, pleure Jude, ça ira par la suite. Espérons-le.
Auen, tu l'entrevois s'activer, et écrire à nouveau. Il a l'air un peu plus… Enfin un peu moins… Euh… Mieux ? Tu crois ? Peut-être moins tendu, l'espace du court instant où il écrit. Tu regardes donc son ardoise, mais hm… Tu as les yeux trop embués de larmes pour arriver à lire. Alors tu les frottes un peu, un peu beaucoup même, pour essayer de lire.
❛Hey, roux-cool, souris. Merci d'être venu.❜, tu lis. ❛Roux-cool❜. Voir ce surnom, ça te réchauffe un peu le coeur. L'espace d'un bref instant, celui où tu lis, un minuscule sourire se forme sur ton visage. Auen reste Auen malgré tout.
Tu sanglotes encore pas mal, mais tu arrives à articuler, d'une toute petite voix, encore plus fragile que d'habitude : «P-Pardon…» Et tu voudrais rajouter quelque chose, mais tu ne sais pas vraiment quoi, en fait. Tu voudrais l'aider, le réconforter, lui montrer que tu es là. Parce que même s'il te dit ça, tu sais, tu sens qu'au fond il ne va pas bien. Mais qui irait encore bien après avoir traversé ça ? C'est pas possible.
Tu ne sais pas vraiment quoi dire, mais tu vas agir, pour lui montrer que oui, tu es là, qu'il peut s'appuyer un peu sur toi s'il en a besoin. Bon, c'est peut-être pas très crédible quand tu pleures encore comme un bébé, là, planté devant lui, mais tu es pétri de bonne intentions. Maladroitement tu te saisis d'une chaise non loin, prévue pour veiller les convalescents, et la rapproches tout près du lit. Pour être là.
Et puis, tu respires. Un, deux, trois.
Parce que tu veux lui parler, quand même, à Auen. Tu sais pas vraiment quoi dire, mais c'est pas le moment d'hésiter, tu le sens. Il faut parler, le soutenir, tout simplement.
«D-Déso… lé ? Malgré tes efforts, tu hoquettes, quelques larmes coulant un peu de tes yeux rougis. J'ai eu… Très peur… Et aussi, hm… Très… Mal… » Ta voix est à peine audible, mais au moins tu arrives à parler. Tu dis juste ce que tu as sur le coeur, ce qui te passe par la tête. Ce que tu veux lui confier, à lui, ton ami. Tu n'a pas vraiment envie de lui cacher des choses, car justement, c'est ton ami Auen. Tu as confiance en lui. Ça te soulage même un peu de parler, alors que tu penses que c'est lui qui devrait le faire, ou qui mériterait d'être soulagé. Non ?
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"The enemy is thrown into the sadness, For the enemy there’s only pain and sadness then death."
Tu voulais me lire et tu t'essuyais les yeux, un peu penaud. Tu ne changes pas, Jude. Devais-je sourire intérieurement ? Devais-je m'aveugler inutilement en me disant que quelqu'un avait pensé à moi ? Que quelqu'un avait été enfin sincère ? Ah ! J'n'arrive même plus à être positif. Aussi morose que ce maudit chacal. Quelle ironie. Et l'ironie voulait que je ne puisse définitivement plus me foutre de ma propre gueule. J'avais bon être sarcastique, à me bouffer du noir dans mon coin, à savoir parfaitement que je ne pourrais plus rire, je ne pouvais même pas mimer le moindre geste désinvolte.
J'avais vraiment tout perdu, hein ? Tout perdu de ce que j'étais ? Tout perdu du bon gars, le gentil "Auen" qui préférait s'arracher la gueule plutôt que de remettre les pendules à l'heure avec le monde. Le gros con d'"Auen" qui préférait s'enfermer dans son monde d'excès, à traîner à tout va, à faire le gosse... Aaah... Que je le hais ce "Auen" là. Ouais. Je le hais. Autant que ce foutu cachet de prozac qui me servait de "dieu". L'un comme l'autre... Des ennemis. Des ennemis que j'écraserais plus bas que terre. Que je traînerais dans la boue. La honte, la faiblesse, tous ces sentiments de merde, j'allais les éradiquer, rien de plus. Seuls les plus forts survivent n'est-ce-pas ? Alors pourquoi ai-je survécu, hein ? Ahlàlàlà... dites-moi ~.
«P-Pardon…»
Pardon, eh ? J'aurais aimé sourire physiquement comme intérieurement. Manie de merde, tiens. Manie de ce raté. Mais je notais. Sincère, c'est tout ce qui m'importait. J'allais devoir repartir sur de bonnes bases, moins bancales que les précédentes. Moins pourries, oui. Alors j'allais trier. C'est tout. Je ne permettrais pas qu'on me fasse chuter une fois de plus. Une fois de plus comme ce boulet là. Ce "Auen". Et tout ceux qui auront aidé, eux aussi, se casseront la gueule. Pff, comme si personne ne savait que je peux être autrement que sympa. Bande de cons. Tant mieux, j'aurais plus de marge, beaucoup plus... Je te fixais, toi mon roux-cool, une expression morne au visage. Toi, je ne te lâcherais pas. Du moins j'ose l'espérer. Si la réciproque se tenait, alors ça irait, hein, que ça irait ?
J'aurais voulu sourire... ~
Tu laissais les larmes tomber, et tentait d'expirer pour ne pas finir noyé par tout ça, hein Jude ? Bon moyen, en effet. Avais-je... toujours été ainsi... ? Deux faces, deux rôles à jouer... ? Bon sang, qu'en sais-je ! Je me pose trop de questions, bien trop ! C'était pourtant simple ! On t'as niqué, Auen. C'était simple, non ? Et maintenant je devais "fixer" tout ça, c'est tout ! Récupérer ce qui avait été perdu. Récupérer... ? Récupérer, hein ?!
Et tu me sortais de mes pensées en te mettant à côté de moi, Roux-cool. Cesse d'être adorable, ça va me tuer... Tu avais pris la première chaise du coin, et c'est de tes yeux gonflés par les larmes et ce visage timide que tu me lorgnais, triste. A mes côtés.
«D-Déso… lé ? J'ai eu… Très peur… Et aussi, hm… Très… Mal… »
Regardes-toi Jude, tu rougis. Tu rougis comme un gosse. Je t'avais inquiété à ce point... ? Oh. Que dire, une fois de plus ? Je ne sais plus que dire. Tout ça, je n'arrive plus à comprendre. C'est mort. Rien de plus. Mort. Mort. Mort. Mort comme je l'aurais été si on ne m'avait pas trouvé. La vie à l'humour gras, dites-moi ! Je me mordais les lèvres au sang, j'avais que ça à foutre, à répondre. Bien sûr que ça faisait mal. Ça serait une pure connerie de dire que non ! Peur... ? Hahahahah... ! Peur ?! Évidemment que oui, aussi. Ouais, j'm'étais peut-être bien pissé dessus dans ce rêve là, qui sait ? Je ne comprends pas tout ça. Je suis un inconscient, un con, la connerie c'est mon topo. OH. Rectifions. Ça l'était. C'est à cet abruti, tout ça, pas à moi. Qui sait ? Peut-être rirais-je de nouveau avec ça un jour ? Oui ! Qui sait !
Et toi aussi, tu t'étais morfondu là dedans, Jude ? Toi aussi tu avais eu mal et peur ? Ton visage à lui seul me le disait, que oui. Avais-tu l'esprit tranquille, hein... ? Que devais-je dire, encore ? "Désolé" ? "Je ne voulais pas" ? "Ne te fais plus de souci" ? J'aurais aimé. J'aurais sincèrement aimé. Pas la tête à mentir. Pas la tête à être conciliant. Pas la tête à me laisser éprendre par de telles âneries. Jude, tu restes mon protégé malgré tout, alors évite de m'en vouloir, hein ? Je suis paumé ? Carrément. J'ai pris le chemin pour un aller sans retour, dans le bon train mais sur les mauvais rails. Ah ! Souris, Auen, essaye, hein ? Allez, que j'essaye donc de sourire à en crever avec la douleur. Ce n'est pas bien grave, je la connais. J'encaisse, maintenant. Alors effaçons, et réécrivons su l'ardoise.
"Tu n'étais pas obligé de te faire un sang d'encre, Jude. Je pense aller bien, non ? ♪ Je n'arrive pas à être désolé pour ton état, je ne veux pas te mentir non plus. Je ne comprends plus, je crois..."
J'espérais un mauvais rêve, en fait. Un mauvais rêve pour le glandu que j'avais été et pour le renouveau que j'allais connaître. Mais toi, roux-cool, je te voulais toujours à mes côtés. Car je veux rire encore avec toi, dans tout ça.
Tu sens son regard sur toi. Tu ne le distingues pas très bien à cause des larmes qui coulent toujours, bien que moins. Tu ne le distingues pas nettement, mais tu le sens. Tu sens ce regard, tu sens qu'il ne va pas bien. Mais en même temps, comment aller bien ? Tu espères que tu vas l'aider à aller mieux, mais pour l'instant tu n'as pas fait grand chose. Surtout que te voir pleurer ne doit pas vraiment aider. Mais tu peux pas vraiment t'en empêcher, tu n'as pas assez de force, ou peut-être n'as-tu simplement pas assez de volonté. Parce que t'en empêcher, si déjà tu le voulais, ce ne serait pas un peu hypocrite ? S'il y a bien une chose que tu ne supportes pas, c'est de l'être. Alors tu montres tout ce que tu ressens, et tu essaies de transmettre aussi tout ce que tu penses, même si ça, ça a toujours été plus difficile. Tu le fais pour toi, car c'st un principe, mais aussi pour les autres, car tu penses qu'ils méritent de le savoir. Surtout Auen, surtout ton ami, auquel tu voues une immense confiance.
Pendant un moment, vous restez ainsi, chacun plongé dans vos pensées. C'est ce que tu as dit qui fait cet effet-là ? Probablement. Tu espères sincèrement qu'il ne t'en veut pas, en tout cas. Tu sais pas vraiment pourquoi il t'en voudrait, mais quand tu essaies d'imaginer, tu te dis que ça pourrait être possible. Tes sanglots seuls brisent le silence, un silence bien ironique. C'est toi qui dois parler, à présent. Mais c'est vrai que ce n'est pas très facile, quand déjà tu aurais presque du mal à respirer. Tu caches encore un peu ton visage derrière tes mains, aussi pour l'essuyer à nouveau. Si tu continues comme ça, tu vas finir trempé— Ah, mais c'est déjà le cas. Respire, respire encore, Jude.
Ton souffle est fébrile, chevrotant, et de légers spasmes te secouent de temps à autres. C'était quand la dernière fois que tu n'avais pas pleuré comme ça ? Ça remonte à des années, hein ? Tu devais être enfant… Mais, quand on regarde bien, tu restes encore en grande partie un enfant, même aujourd'hui. C'est comme ça, et ça ne te gêne pas. Tu ne peux rien y faire, tu crois. Tant que ça ne gêne pas les autres, ça va, hein ? Tu espères que ça n'énerve pas Auen, en fait. Tu espères aussi pouvoir rester à ses côtés le plus longtemps possible, tout simplement parce que tu l'adores, parce qu'il a toujours été gentil avec toi, parce que tu le considères un peu comme un grand frère, et que ça, ça n'a pas de prix.
Aujourd'hui, par contre, c'est toi qui dois être là, c'est toi qui dois soutenir, guider, parce que tu sais qu'il en a besoin, tu sens qu'il est encore plus paumé que toi. Eh oui. Tu sais pas si tu vas pouvoir être d'une grande utilité parce que tu ne sais toi-même pas vers où aller, mais tu vas faire de ton mieux. Tu es venu pour ça, après tout. Pour lui.
Et, doucement, il se met à réécrire. Ça aussi, il va falloir t'y habituer. Sa voix risque de te manquer, mais tant qu'il sourit, ça ira. Ça ira. ❛Tu n'étais pas obligé de te faire un sang d'encre, Jude. Je pense aller bien, non ? ♪ Je n'arrive pas à être désolé pour ton état, je ne veux pas te mentir non plus. Je ne comprends plus, je crois...❜
Il pense aller bien ? Physiquement, du moins. C'est vrai que ça a dû être pire, physiquement, en fait. Heureusement qu'on l'a trouvé avant que… Avant que… un sanglot plus gros, plus douloureux que les autres te secoue à présent. N'y pense pas, n'y pense pas. Ça ne sert à rien d'y penser, de toute façon, puisqu'il est là, puisqu'il va bien, maintenant. Alors retiens-toi, fais un effort pour une fois, un effort contre ton imagination. Ne pas te faire un sang d'encre ? Ce n'est pas gagné, hein…?
Entre deux sanglots, tu arrives à articuler, certes un peu péniblement et d'une voix toujours presque inaudible : «D-Désolé— Je… Je, euh… Plus fort— que moi… C'était… Pardon…»
C'est d'une grande aide pour lui, ça. Mais c'est vrai, tu n'y peux rien si tu t'es inquiété. Tu espères sincèrement qu'il ne t'en voudra pas. En relisant la suite, t'étant encore essuyé les yeux pour mieux voir, tu comprends que tu vas avoir un rôle important, hein ? Il ne comprend plus… Il n'arrive pas à être désolé que tu pleures ? Que tu aies eu si mal ? Mais… Mais…
«Mais… A-Auen, c'est… Rien— Pas ta faute, tu sais… Donc— Ça va, ça va—», tu commences, pour le rassurer.
C'est pas sa faute si tu pleures, c'est vrai. Et puis, tu dois parler et parler, ça t'aide à moins pleurer, ça mobilise ton énergie dans autre chose. Alors tu pleures moins, beaucoup moins qu'au début. C'est presque plus rien, maintenant. Aussi peut-être parce que tu commences à ressentir e soulagement, le soulagement de le voir là, de pouvoir communiquer avec lui, tu te dis «Il est là, il est là», et après la peur que tu as eue, rien n'est plus agréable. Il est là.
«Ne… Ne t'en fais pas— Si tu veux, euh p— Enfin… Ce que tu as sur le coeur… Je suis là. Pour hm… Si tu veux te… Confier ?»
C'est moi, où tu as du mal à trouver tes mots ? Tu sais ce que tu veux dire, mais lui ne peut pas parler, alors il faut faire attention à ne pas utiliser ce verbe — ça doit être très vexant pour lui. Du coup, tu as un peu galéré— Autant que d'habitude en fait. Mais tu lui as transmis ce que tu voulais dire, que tu es là, tu es prêt à écouter, tout simplement. Que s'il veut communiquer ses pensées, ses peurs, ses tourments, ou juste ses états d'âme, tu es là, tu es là. Tu seras toujours là. Pour lui, pour Auen, parce que tu tiens à lui.
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"There's just so much God damned weight on my shoulders. All I'm trying to do is live my motherfucking life. Supposed to be happy, but I'm only getting colder. Wear a smile on my face, but there's a demon inside."
J'étais vraiment con, hein ? A te causer du souci comme ça ? Ça faisait mal ? Ça me faisait quelque chose ? Qu'en sais-je, une fois de plus ? Une fois de plus, eh oui ! Ma tête a du mal à se connecter aujourd'hui. Je crois qu'elle aussi, n'aurait même pas voulu se connecter et être là. Ce foutage de gueule, aaah. J'avais l'impression d'être encore dans ce mauvais rêve. Enfin, qu’il continuait plutôt. Et qu'il n'allait jamais cesser. J'avais l'impression de couler, ouais. Mais je n'allais pas couler. Oh, ça non. J'allais les... NON.
Reprenons. Je vais LES couler. C'est tout ! Et toi, tu avais encore les yeux embués, tu tremblais la respiration gênée, submergé par tes émotions. Je n'aimais pas te voir ainsi. Et ne rien pouvoir y faire. Car je ne savais juste plus que faire. L'autre abruti t'aurais certainement consolé en faisant le con, mais je crois que lui, il y est resté quand Anubis a gentiment tenté de nous foutre dans un sarcophage. Pour une fois qu'il avait eu de l'humour ce con de chacal, on va pas lui reprocher, si ? SI, complètement. Je m'en serais bien passé de son humour ! Je m'en serais bien passé d'être là dans cette pièce à devoir supporter mon roux-cool qui va mal par sa faute ! Je m'en serais bien passé, de tout ça ! De tout ces gens, de toutes ces années, de ce monde ! De tout, oui de tout, clairement...
Et lentement je captais, que ma phrase t'avais probablement blessé Jude. J'étais vraiment con oui. Je ressentais le devoir de dire "Je suis désolé" mais pas la conviction qui allait avec. J'avais juste l'impression de ne plus comprendre toute ces notions. Tous ces sentiments. J'avais l'impression d'être comme cette fille, qui ne voyait que ce monde pour le faire ployer sous sa terreur. Qui ne voyait que ce monde comme une chose étrangère. Qui voyait que l'Homme comme... Autre chose qu'un homme... ? Sur le coup peut-être pensait-elle que je n'avais pas compris. Si, parfaitement. Je ne voulais juste pas voir cette manière d'entreprendre et percevoir le monde. Et finalement c'est un lâche dépressif, qui n'assumait même pas sa propre vie qui m'y contraint. Devrais-je le remercier de m'avoir rendu la vue ? De m'avoir ouvert les yeux ? Ou le haïr de m'avoir délogé de mon petit nuage rose ? Mah, qu'en sais-je ! Et toi, tu essuyais une fois de plus tes yeux, cachant ton visage, gêné des larmes. Ou honteux ? Tant de mots dont je ne comprends plus le sens...
«D-Désolé— Je… Je, euh… Plus fort— que moi… C'était… Pardon…»
Ne t'excuse pas. Ça, par contre je le pensais. Et j'en comprenais le sens. Le sens de la connerie et de l'erreur. OH, ça, je les comprenais encore très bien ! Tu n'étais pas à blâmer Jude, alors me sors pas de telles bourdes. Celui à blâmer, c'est moi-même. Moi et ma faiblesse. Moi et ma connerie. Moi et ma stupidité. Moi et ma niaiserie d'un monde tout rose. Non, je ne vais pas finir dans un océan de plaintes interminables et de larmes comme ce lâche. Je vais l'assécher. Voilà tout.
«Mais… A-Auen, c'est… Rien— Pas ta faute, tu sais… Donc— Ça va, ça va—»
Qu'ais-je dis ? NE t'excuse PAS, Jude. J'assumerais seul cette connerie, va pas t'en faire. Tant mieux si ça va, non ? Si je pouvais soupirer, et parler. Je te dirais à quel point ça m'ennuie que tu te fasses mal comme ça. A quel point ça n'arrange en rien mon humeur de voir un proche mal par ma connerie. A quel point ça me fait chier. Oui. A quel point j'avais envie d'haïr ce monde et à quel point je me hais. Enfin... "le" hais ? Quoi ? J'pète ma durite ? Haha... Que je la pète alors ! Je suis encore à l'hôpital, il n'y aurait aucun souci et danger, non ?
Le seul danger pour moi était ma faiblesse et ma connerie. Elles m'ont eu. Alors je me relève, pète mon coup, et ça ira forcément mieux !
Forcément mieux... ~
Et ce silence revenait. Car tes sanglots se calmaient. Tu tentais de calmer toutes ces émotions, d'apaiser ta respiration, de ne plus pleurer. Et de parler. Avais-tu compris qu'aujourd'hui tu serais le seul à parler... ? Je parlerais de nouveau, seulement dans quelques temps. Ce calvaire ne durera pas. Il sera bientôt fini, et eux, subiront le début. C'est pas beau tout ça ? ~
«Ne… Ne t'en fais pas— Si tu veux, euh p— Enfin… Ce que tu as sur le coeur… Je suis là. Pour hm… Si tu veux te… Confier ?»
Parler, hein ? Ce que t'es maladroit Jude. Peur de me chiffonner ? Oh non, pas ça, quoi. Tu pouvais le dire clairement, tu sais ? Je m'en moque. Certes ma voix me manque. Mais elle reviendra d'ici peu. D'ici là, ça me laisse le temps de réfléchir, de comprendre, d'appréhender tout ce qui ne m'est plus. Et de mettre tout à plat. De tout... prévoir ? ~
Me confier ? Dire ce que j'ai sur le coeur ? Tu es là, hein ? Voudrais-tu réellement entendre ce qui me passe en tête là ? Voudrais-tu réellement voir à quel point je me suis vautré ? Voudrais-tu entendre tout ça ? Oh, le supporterais-tu ? Je doute. Ton imagination te plomberas avant que j'eusse finis d'écrire une phrase. Et ça, j'ai pas trop envie, vois-tu Jude ? Mais bon, puisqu'il faut passer par là. Déjà un truc. L'ardoise en main, je te donnais un gentil coup sur le crâne, l’équivalent de cette bonne pichenette que je t'avais mis la première fois que l'on s'était rencontré. Reconnectes-toi, Roux-cool. Puis j'écrivais, puisqu'il faut en passer là, n'est-ce-pas ? ~
"Je pourrais bientôt parler, alors cesse de te faire du mal. Je dois juste me faire à mon état. Et à toutes mes faiblesses. Me faire à cette idée que je me suis fait avoir."
Je lui montrais ceci rapidement avant d'effacer et d'écrire la suite. En fait, parler, écrire, rien ne change, c'est la même chose. Tu n'as juste pas le ton qui va avec, c'est tout.
"Quand j'irais mieux, je mettrais tout au clair. Et à plat. Ça sera sympa, ne penses-tu pas ? ♥"
Sur ces mots écrits, je lui affichais un sourire, une expression que je qualifierais de "joyeuse". Elle n'en avait rien. Ce sourire me semblait à ma propre personne dérangeant. Ça ne tournait plus rond dans ma tête pour que je montre ce genre d'expression si souriante malgré la douleur ? Si souriante et pourtant si vache. Si cruelle. Oh ça oui, je crois que ça allait devenir mon nouveau tic, ce sourire étrange qui te fera comprendre que j'ai juste envie de te massacrer la gueule ? Oh, ne soyons pas si... méchants ? Il est juste naturel ce sourire, non ? ~
Oh ? C'est ou ou bien il… Hésite ? Réfléchit ? Peut-être qu'il ne veut pas te parler ? Tu comprendrais. tu as dit que tu étais là, mais en aucun cas tu ne veux le forcer ! C'est s'il veut, s'il se sent prêt, s'il a besoin… Toi, tu t'adapteras, tu aideras du mieux que tu peux. Oui. Aider, c'est tout ce que tu veux. Ça implique de faire ce qu'il y a de plus bénéfique pour lui, ce qui l'arrangera le plus et le soulagera. Donc c'est comme il veut, finalement. Oui, comme il veut. Toi, tu seras toujours là. À lui de décider de ce dont il a besoin, parce que tu ne penses pas que tu pourrais le faire pour lui.
Toi, entre temps, tu t'arrêtes pour de bon de pleurer. Enfin… Disons que les larmes ne coulent plus. Tes joues sont encore détrempées, tes yeux encore rougis, ton souffle encore tremblant. Mais tu ne pleures plus, tu es plus calme à présent, et tu vas continuer de te calmer à présent. C'est comme si le trop-plein d'émotion était passé, comme si tout retombait, à présent. Ça fait du bien, ça. Bon, il existe des possibilités pour que quelque que chose d'horrible se produise, et te fasse à nouveau pleurer, mais tu les penses faibles, pour le moment. Ce qui n'est pas plus mal. D'ailleurs, c'est vraim—
… Une pichenette. C'est une pichenette qui te tire des tes profondes pensées. Tu étais concentré, au début, si, si. Mais tu ne t'es même pas rendu compte que tu t'étais à nouveau déconnecté. Tout toi, ça. Et c'est comme lors de votre rencontre, cette pichenette. Un geste affectueux qui fait remonter de bons souvenirs, un geste propre à Auen. Un geste qui crée l'apparition d'un minuscule sourire sur ton visage encore fébrile. Un sourire certes petit, certes timide, mais on ne peut plus sincère. Jamais, jamais tu ne le forceras, ça. Tu ne pourrais pas de toute façon.
❛Je pourrais bientôt parler, alors cesse de te faire du mal. Je dois juste me faire à mon état. Et à toutes mes faiblesses. Me faire à cette idée que je me suis fait avoir.❜
On dirait qu'il n'a pas fini. Alors tu te concentres pour tout mémoriser, pour mieux comprendre quand il te montrera la suite. Il s'inquiète pour toi ? Mais il n'y a pas de raison… Tu ne te fais pas de mal… Tu crois ? Tu as eu mal, bien sûr, mais à ton sens tu ne t'es pas volontairement blessé. Et puis ça va un peu mieux. Oui, ça va un peu mieux. Et ça ira. Il ne faut pas qu'il s'inquiète pour toi, parce que comme il dit, il a d'autres choses à gérer.
❛Quand j'irais mieux, je mettrais tout au clair. Et à plat. Ça sera sympa, ne penses-tu pas ? ♥❜
Hm… Tu laisses quelques secondes passer, pour réfléchir, comme à ton habitude. Et pendant ces quelques secondes, tu le fixes. Il sourit. Enfin… On dirait, qu'il sourit. Ses lèvres s'étirent, oui, oui, aucun doute sur ça. Cependant, ce sourire te paraît différent de ceux que tu as l'habitude de voir orner son visage. Moins rayonnant, moins heureux, et c'est normal après avoir vécu toute cette douleur. Mais… Mais, comment dire ? Il n'y a pas que ça. Intrigué, tu te penches un peu pour mieux voir son visage. Parce que oui, il y a quelque chose qui te tracasse, alors tu veux essayer de comprendre — ça passe donc par l'observation.
Maintenant plus proche, tu plonges tes grandes prunelles aussi curieuses qu'innocentes dans les siennes, que tu tentes de sonder. Sonder, voilà un bien grand mot. Tu ne saurais pas expliquer ce que tu cherches, ni ce que tu trouves en le fixant ainsi. Mais tu le sens. Oui, tu le sens, simplement. Peut-être que ce n'est qu'une impression. Tu sens du malaise, tu sens comme… Comme s'il ne savait vraiment plus où il en était. Ses lèvres ont peut-être souri, mais pas ses yeux. Et ça, tu l'as bien vu.
Ça te perturbe. S'il n'a pas le soeur à sourire, tu préfèrerais qu'il ne sourie pas. Non ? C'est plus logique, et si ça visait juste à te rassurer, ça ne fait que t'inquiéter. Car tu n'es pas dupe — pour une fois. Il va vraiment gérer ? Tu l'espères pour lui, tu l'espères. Mais vraiment, tu es là, aussi. Peut-être qu'il n'a pas besoin de toi, mais si jamais il refoule simplement, ce n'est pas forcément bon non plus… Hm…
«Hm… Sûre… ment ? Ça ira, hein…?», tu demandes timidement, toujours penché.
Puis tu te redresses -tu aurais presque oublié-, faudrait pas le mettre mal à l'aise non plus. Mais voilà, tu voulais vraiment comprendre ce qu'il y avait de bizarre avec ce sourire. Et tu penses qu'il a aussi dû comprendre ton geste, alors autant ne pas le déranger en restant là, à le fixer d'aussi près. Et puis, tu veux aussi parler encore.
«Auen, si… Si jamais je hm, quel que soit le moyen, je peux aider… Dis-le moi, hein ? Et aussi… Moi… Ça va mieux, donc— donc ne t'inquiète pas.», tu dis maladroitement, mais sincèrement.
C'est ce que tu veux. Pouvoir l'aider sans l'inquiéter. Tu y mettras tout ton coeur, tous tes efforts. Et come tu veux lui montrer que ça va mieux, tu lui adresses à nouveau un de tes petits sourires, espérant que ça va l'aider. Ce n'est pas forcé, juste presque invisible, parce que tu te remets à peine de tout ça. Mais il est bel et bien là, ce sourire— pour lui.
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"Welcome destruction with open arms ! It's all too static ! Bring it on ! Bring it on ! Routine's so boring it makes me scream !"
Tu souriais, enfin. Ce petit coup t'avait-il rappelé la même chose ? Que c'est ironique. Que c'est ironique comme quoi l'Homme tient à si peu. Tient à si peu de choses qu'il perd si aisément. Si je pouvais rire, je rirais. Je rirais à m'en rendre aphone. Oh. Mais je le suis déjà, quel con. Et je peux rire ! Comment peut-on tomber si bas ? Comment peut-on se faire avoir comme ça ? Aussi lâchement. Aussi... C'était juste évidant mon petit Auen. Et comme à ton habitude tu avais nié en faisant le con. Cesse de nier, connecte-toi aussi la réalité, idiot !
Et toi, Jude tu n'avais guère eu le temps de lire ce que j'avais marqué, nan ? Alors tu avais mémorisé comme tu avais pu Jude. Ai-je tord ? Ce que je t'avais dit semblait te laisser dubitatif et pensif. Il y avait-il à mal à ce que j'exécute tes demandes ? Tu voulais le fond de ma pensée, hein ? C'en est qu'un bout. Un minuscule bout dans une immense mer qui ne se finit pas. Un grain de sable parmi tant d'autres, si tu préfères. Si je te crachais à la gueule le vrai fond, le supporterais-tu ? Ou fuirais-tu toi aussi ? Fuirais-tu toi aussi, m'obligeant à t'ajouter à ce tas qui va passer de très, très, très mauvais quarts d'heure bientôt ? Oh non, m'oblige pas à ça Jude, voyons. ~
Alors que tu te penchais, après avoir déconnecté de nouveau quelques instants, tu me défigurais. Oh, il y avait un problème ? Si c'était la propreté de la pièce, ouais je pigeais tout à fait. Mais ça ne l'était pas, je ne suis pas con à ce point. Alors quoi ? Tu restais penché un temps, là, comme ça. Que cherchais-tu sur mon visage, Jude ? Que cherchais-tu ? Je souriais et ? J'ai bon sentir ton regard se poser sur moi, me sonder, que suis-je censé rétorquer ? Je ne souriais pas pour te rassurer. Je te l'avais dis avant. Je n'ai plus l'âme à sourire. Pas un sourire débile, qui respire la joie. Pas ce sourire d'un enfant qui est là pour être là, à remplir sa fonction de sourire. Je ne suis pas un menteur, merci. Alors tu demandes de ce ton qui t'es si fidèle, timide :
«Hm… Sûre… ment ? Ça ira, hein…?»
Mec. T'es toujours penché. Redresse-toi. Ça me gonfle. Puis j'appréhendais ta phrase. Je ne sais pas pourquoi, mais elle eu effet de me faire aborder un sourire bien plus large que le précédent. Encore un sourire que je n'avais pas connu. Pardon ?! Que je ne connaissais plus plutôt.
Depuis combien d'années, oui combien d'années ne m'étais pas senti afficher ce genre d'expressions ? Ce fameux sourire qui t'intrigues tant, Jude. Ce sourire qu'on pourrait qualifier d'hypocrite mais qui ne l'est guère pour moi. Il est sincère. Mes pensées m'amusais. Alors j'en souriais. Un sourire amusé, cachant peut-être mes intentions. Mais amusé était si sincère. Car oui je savais que j'allais m'amuser dès lors que j'aborderai ce sourire. Alors pourquoi un autre sourire, plus dérangeant que celui-ci ? Car je ris, je ris, je ris, voilà tout ! Ouais, ce sourire c'est le pied. Je me souviens parfaitement l'avoir exhibé quand on se tartait avec Eiel. Car j'appréciais ce que je faisais. Autant de donner que de recevoir les coups. Ouais, j'ai un souci avec ça que voulez-vous ! Frapper ne me fait pas peur. Blesser non plus. Rire de ça, aussi. Ouais, j'aime même ça ! On peut toujours nier puis ça vous revient dans la gueule ! Naturellement j'avais baissé la tête juste plié de rire main sur le visage. Même si rire m'était impossible, j'en perdais pas la manie !
«Auen, si… Si jamais je hm, quel que soit le moyen, je peux aider… Dis-le moi, hein ? Et aussi… Moi… Ça va mieux, donc— donc ne t'inquiète pas.»
M'aider ? Comme c'est chou ! Devais-je cesser de rire, là ? Ça en devenait hilarant tout ça ! Tellement on tournait au ridicule lui et moi ! C'est louable Jude, très louable ! Seulement, ne vois-tu pas à quel point on est cons là ? Là à se parler comme on peut, alors que je coule ? Hahaha... Juste pathétique, mais tellement hilarant ! Soyons pas si pessimistes, voulez-vous ? Je ne coule pas. Je nage et voilàààà ! ~ Au fond, ta présence me relâchait un peu Jude, merci. Levant la tête vers le plafond, j'expirais comme je pouvais, voulant à tout prix me calmer. Alors je plantais à mon tour mes yeux dans tes pupilles, un large sourire aux lèvres, ce regard si amusé de ma part. Si amusé et tellement paumé. Paumé comme à l'époque.
Paumé comme dans ces périodes que j'ai dénié une fois de plus. Ces périodes où la violence était juste mon reflet, où j'y prenais un plaisir complet. Un parfait comédien. Un parfait... manipulateur ? Nooon, diriez-vous ? ~ Mais je ne suis pas ainsi, voyons ! Je suis gentil moi. Moi je ris, j'amuse la galerie. Je l'aide ! Hahahaha, no way. Cessons de jouer à tout ça ! TROP longtemps. Trop longtemps j'ai nié aller mal. Nié d'être ce mec si détestable. Mais tu l'es Auen, oui tu l'es. Fais-y toi ! Regarde, à force de jouer ton numéro, t'en es presque mort ! Alors, si on arrêtait ce numéro pour en commencer un nouveau ? Un nouveau plus véridique, plus violent. Oh, juste en somme réaliste, rien de mal ! ~
Je ne te lâchais pas du regard Jude. Tu attendais ma réponse ah oui ? Fallait que j'y réponde donc. Bien, bien soit ! Que dire ? Que veux-tu que je te dise ? Moi, je suis toujours interrogatif sur ton blocage sur mes lèvres et mon visage. Oh ça oui, toujours. Te demandais-tu ce qu'il me passait là-dedans, dans ma tête ? Ce qui avait bien pu y voir le jour ? Le petit déclic, hein ? Eeeh bien. Beaucoup de choses ! Te questionnais-tu sur mes réactions ? Sur ma vie ? Oh, ça je n'espère pas. J'aime pas étaler. Je n'aime pas faire pitié. Écris donc, Auen, allez, quoi.
"Je ne m'inquiète pas. M'aider ? Ta simple présence me suffit. Juste, que cherches-tu ?"
Bien que je ne perdais pas ce sourire qui était maintenant devenu une sorte de mini-manie; m’accommodant à la douleur, mon regard lui devenait inquisiteur. Tu m'avais bien défiguré pour une raison Jude, non ? Laquelle, dis, eh ? Ça m'agacerait de ne pas le savoir. Et ça m'agacerait de devoir forcer la réponse, vois-tu ? Que dis-je ! Je n'irais pas jusque là avec lui, ahlàlàlà. J'en suis tout bonnement incapable avec lui. Mais bon, cette réponse, j'aimerais bien l'avoir ! Puis j'effaçais de nouveau l'ardoise avant de marquer quelques mots dessus :
"Dis-moi, peut-on changer pour le pire à ce point, mon p'tit roux-cool ? ♪"
Bah ouais, je me questionnais malgré tout ça. Je savais pourtant déjà la réponse, mais au fond peut-être qu'un avis pouvait aider à appuyer l'idée. Ou à la disqualifier, qui sait ? Alooors, qu'en sera-t-il ? ~
Et lui sourit de plus belle. De ce sourire inhabituel, de ce sourire qui t'a perturbé, intrigué. Tu te demandes si c'est juste pour aujourd'hui s'il sourit comme ça, ou si tout ça l'a changé au point qu'il sourie de cette manière définitivement ? Ce sourire, il est bien différent de celui que tu connaissais. Tu le sens un peu plus… Enfin, un peu moins… Innocent ? Insouciant ? Tu ne saurais pas mettre de mots dessus. Ce ne sont que des impressions. Si tu devais utiliser des couleurs, tu dirais que celui-ci est moins lumineux, tout dégageant quelque chose de plus… Impur ? Comme quand on mélange deux couleurs pour en faire une troisième. Un mélange, oui, c'est sûrement comme un mélange d'émotions, que tu n'arrives pas toutes à identifier. Mais au moins, Auen, il sourit. C'est déjà ça, non ?
Il se remet ensuite à écrire — et ce n'est que quand il se détourne et te fais une fois de plus redescendre sur Terre que tu remarques qu'il te fixait. Il se pose des questions, lui aussi ? C'est fort probable. Est-ce que c'est ça qu'il écrit ? Tu sauras en lisant. Tu as fait quelque chose qu'il ne fallait pas ? Tu ne l'espères pas… Car c'est tout ce que tu ne veux pas. Mais en même temps, aujourd'hui tu t'es dit que tu agirais, sans trop réfléchir, en essayant de la mettre en veilleuse, ton imagination. C'est pas encore tout à fait ça, mais du coup tu agis un peu plus… Instinctivement ? Disons que tu fais ce qu'il te semble que tu dois faire. Pour lui comme pour toi.
❛Je ne m'inquiète pas. M'aider ? Ta simple présence me suffit. Juste, que cherches-tu ?❜
… Oh. D'accord, alors. Tu vas donc rester ici, si ça suffit. Et continuer d'espérer sincèrement qu'il aille mieux. Puis si tu peux faire autre chose en plus, alors tu le feras, tout simplement.
Ce qui t'intrigue le plus dans ce qu'il a écrit, c'est ce que tu… Cherches ? Comment ça ? Il se demande ce que tu cherches ? Hm… En fait, c'est une très bonne question. L'étonnement marque lentement ton visage à mesure que tu intègres cette question. Toi-même tu ne sais pas ce que tu cherches.
Ton regard se plonge dans le vide alors que tu te mets à y réfléchir. Est-ce que tu cherches Auen ? … Non. Auen, il est là. Il est peut-être différent de d'habitude, mais il est là. Et tu sais que c'est qu'une mauvaise passe, que bientôt tu t'amuseras encore avec lui. Oui, au fond de toi tu le sais, et ça te donne la force de continuer. Mais alors que cherches-tu ? Le comprendre ? Est-ce seulement possible ? Je veux dire, oui, avec ton imagination tu peux te figurer ce qui lui arrive, peut-être compatir, te mettre à sa place, mais tu pourras probablement jamais tout comprendre. Il te manque beaucoup de choses qui font qu'il est celui qu'il est, et que tu n'as pas, parce que tu as des traits qui te sont uniques à la place. Alors quoi…?
Cherchons autrement. Pourquoi tu fais tout ça ? Hm… Encore une question bien difficile. Tu pourrais lui dire «pour toi» ou bien «pour t'aider», mais il le sait, ça. Et tu es certainement déjà en train de faire tout ce que tu peux pour l'aider. Mais du coup… Toujours pas de réponse. C'est vraiment très étrange, tout ça. Et ça t'ennuie, comment tu vas lui répondre ? D'un côté, c'est bien fidèle à toi, cette hésitation, mais d'un autre côté, tu aimerais maintenant toi aussi savoir ce que tu cherches. Pour comprendre, pour mieux agir. Ça éclaircirait des choses, et ce n'en serait que mieux, n'est-ce pas ? Dans tout ça, ce que tu voudrais juste, c'est pouvoir repasser d'heureux moments avec lui. Mais ça viendra plus tard, ça, hein ?
Tu te sors toi-même de ta réflexion pour le regarder, bien embarrassé de ne pas avoir trouvé. Comment tu vas t'expliquer ? Sûrement encore très mal.
«Euh, je—… Je ne sais pas… vraiment ?, tu baisses les yeux, bien gêné — presque intimidé par cet Auen qui te regarde, souriant de cette façon inhabituelle. Il va falloir t'y faire ? Au moins pour aujourd'hui, oui. Je… Hm, je voudrais juste… Euh… Rester… Avec toi…», tu finis par bafouiller.
Puis il efface sa question -satisfait de ta réponse ?- pour en réécrire une autre. ❛Dis-moi, peut-on changer pour le pire à ce point, mon p'tit roux-cool ? ♪❜ Hm…? Changer ? N'est-ce pas passager, ce changement que tu vois en lui aujourd'hui ? En tout cas tu l'espères. Et puis… Pour le pire ? Tu ne penses pas que ce soit le pire. En fait, tu espères, tu espères sincèrement que ce n'est qu'une mauvaise passe.
Et tu prends le temps pour réfléchir à nouveau. En général, peut-être qu'un évènement comme ça peut changer du tout au tout une personne. Mais après, peut-être que ça dépend des cas, aussi ? Dans son cas, que tu connais un petit peu -car oui, tu es conscient que ne sauras jamais tout-, tu penses que… Que quoi ? Que ça pourrait être bien pire. Que pourrais ne pas le reconnaître, que tu pourrais souffrir à cause de lui, qu'il pourrait vraiment être devenu… Quelqu'un d'autre, pour ainsi dire. Mais il est là, Auen, et tu le reconnais encore. Certes changé un peu, mais pas défiguré, à ton sens. Alors ça pourrait être pire. Oui.
«À ce point… Hm… Tu fais «non» de la tête, pour appuyer tes pensées, lentement. Je ne crois pas ? Ça me semble… Difficile, en fait quand… Hm, quand on ne veut pas…? Enfin euuh, faut vraiment le vouloir pour hm, changer pour le pire… Non ?»
Encore une fois tu hésites. Tu sais ce que tu veux dire, mais tu peines à le dire. Tu espères qu'il va comprendre. Vraiment. Parce que ça te semble important, au même titre que la question devait être importante pour lui. Mais comment transmettre ce que tu penses, ce que tu ressens ? C'est vraiment quelque chose qui te pose problème. Mais tu aimerais bien y pallier — surtout aujourd'hui. Surtout pour Auen. Tu sens qu'il en a besoin, tu le sens. Pour que ça aille mieux après. Car c'est vraiment tout ce que tu souhaites.
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En fait... Toi aussi tu ne savais pas ? Tu ne savais pas ce que tu cherchais Jude ? Deviendrais-je parano ? Deviendrais-je fou ? Hahahah... Pourquoi ne suis-je même pas surpris ? A chacune de mes questions tu détournais la tête pensif et t'enfermais de nouveau dans ton monde. Tu réfléchissais à la meilleure issue possible à me pondre ? Cherchais-tu une quelconque phrase qui effacerait tous mes doutes ? Ou cherchais-tu à te rassurer toi-même ? Te rassurer toi-même que j'ai encore bien ma tête visée sur mon cou ? Que je suis bien encore ton "Auen"... ? Moi-même je ne sais plus... Qui suis-je en fin de compte ? Suis-je ce mec, violent, qui prends plaisir du malheur des autres, auto-destructeur à souhait qui ne veut juste que satisfaire ses propres désirs ? Ou suis-je "Auen", le petit con de service joyeux qui amusait la galerie ? Ouais ce clown qui sortait de sa boîte... Je me perdais moi aussi. Et je cessais de sourire. J'avais comme un gros coup de pompe. Comme une autre baffe en pleine gueule... Je prenais amplement conscience de ce qui m'arrivait et de ce qui allait suivre dans les prochains instants. De ce qui allait advenir de ma propre personne. Et ça, je ne voulais pas le voir.
Alors comme un con je fermais les yeux, voulant juste mettre mon esprit sur pause. Juste oublier. Retourner en arrière où tout était bien. Où j'étais encore assez abruti pour sourire au monde. Si j'avais... ouvert les yeux dès le début, si j'avais rétorqué face à mon père, si j'avais rétorqué face à Eiel, si j'avais lâché toute cette violence... Aurais-je été différent aujourd'hui ? Verrais-je les choses différemment ? Les affronterais-je d'une meilleure façon ? Le supporterais-je mieux... ? Haha... Qu'en sais-je encore ? Toute ma vie n'a été qu'une succession de scènes innommables sans fin, de sévices, de coups, d'abus... D'abus... ? Je bloquais. Je me... souvenais... ? Non... NON ! Je n'avais pas pu... Pas pu... Par... par cet enfoiré... NON. NON. NON ! Brutalement je m'étais reculé au fond de mon lit, le souffle saccadé, la tête basse mains tremblantes dessus. Je ne voulais pas me souvenir de ça ! JE NE VOULAIS PAS !! Alors j'avais refoulé, inconsciemment. J'avais refoulé ça au plus profond de moi, afin d'oublier à jamais. Oublier... Et ça revenait...
«À ce point… Hm… Je ne crois pas ? Ça me semble… Difficile, en fait quand… Hm, quand on ne veut pas…? Enfin euuh, faut vraiment le vouloir pour hm, changer pour le pire… Non ?»
Je t'écoutais sans te regarder Jude, pardonne-moi. J'avais juste... déconnecté. Trop dur à supporter. Trop dur de supporter tout d'un coup. Je restais là, la tête dans les mains, tentant de me calmer comme je pouvais. Ça faisait mal merde. Ça fait mal. CA FAIT MAL ! OUBLIER. JE VOULAIS JUSTE OUBLIER ! ... Tu me disais que si l'on virait au pire c'était simplement par le fruit de notre volonté... ? J'ai donc changé car je le voulais... ? J'ai changé en cet enfoiré parce que je le voulais... ? C'est du délire hein... ? POURQUOI ?! Pourquoi voudrais-je que ma vie soit une fois de plus une suite d'échecs et de galères ?! Je déglutissais difficilement, la gorge douloureuse. J'avais mal, ouais. Tout ceci, j'en avais si marre, tellement marre. J'étais qui bon sang ? J'étais quoi ? J'avais vécu quoi ? C'était quoi ma réalité hein ? Fermer les yeux... Je veux juste ça.
Alors je sombrais calmement. Je t'avais écouté puis fermé les yeux. Je crois que mes mains étaient quant à elles bien ancrées sur ma tête. Cette foutue douleur ne voulait pas partir... Je tremblais probablement moins... ? Je sentais juste que je laissais tout là. Un simple vide. Ce n'était en rien désagréable... Était-ce seulement la réalité ou... ? Je planais et toi, mon roux-cool tu avais disparu de ma vue. Toute la pièce avait disparue... Où étais-je ? Je voulais rester avec Jude moi... Je voulais...
Tsk, tsk, tsk. Plane Auen, plane. Puis-je prendre le relais ? Oh, ai-je besoin de demander ? Pas vraiment. Ton avis je m'en branle bien, tu sais ? ~ Ton ami roux risque rien, rassure-toi. J'ai juste bien envie de lui taper causette. Tu sais, tu peux parler, non ? Ça fera juste mal ! ♪ Mais tu supportes n'est-ce-pas ? Tu es censé te taire pendant deux semaines. Cela ne veut pas dire que tu ne peux pas réellement parler. ~ Ça va juste être douloureux. TRÈS douloureux, mais bon, tu n'es pas maso mon cher Auen ? ♪ Tu sais, moi la douleur je m'en moque. Je vais seulement être gentil, pour ton petit ami roux. Cesse de t'affoler. ~
Je te regardais alors, toi, le roux. Il est vrai que t'étais sacrément amusant à te morfondre pour ce con. Que dire ? Ça me tord de rire, et je m'en privais pas devant toi. Je te souriais de nouveau. Ce sourire qu'Auen n'aime guère et qui est mien. Je ne le porte pas mieux ? ~ Dis-moi ! ♪ Autant répondre, meh ? J'écrivais quelques mots, histoire de jouer le jeu. ~
"Il va bien, t'en fais pas. Pourquoi es-tu si soucieux de ce con ? ~"
Je souriais de mon sourire habituel. Oups. J'ai menti. J'm'en fichais de jouer le jeu, moi. Je ne lui ferais rien, alors laisse-moi causer en mon nom à MOI. J'étais sympa en plus, je t'évitais toutes ces questions inutiles sur le fait qu'il s'est affolé comme un pauvre idiot en ce souvenant de son passé. Après tout, mensonge à demi-avoué et à demi-pardonné non ? ♪
Tu es donc sorti de ton monde, pour répondre. Et tu le vois, lui, s'enfermer dans le sien. Il a l'air de souffrir. Mais en même temps, il semble vouloir… S'isoler ? Oublier ? Il ferme les yeux, et ça te semble n'être point que physique, mais aussi métaphorique. Comme pour fermer les yeux sur la douleur, comme pour s'y soustraire quelques secondes. N'est-ce pas compréhensible ? N'est-ce pas ce que tu ferais, toi aussi ? Certainement. Mais tu n'as jamais vécu ça, alors tu ne peux l'affirmer. Mais tu te le figures, comme toujours. Tu te mets à sa place, tu essaies d'imaginer. Tu te perdrais presque à nouveau dans tes pensées, pendant que lui se plonge dans les siennes.
Presque. Car tu le regardes, et tu vois que, finalement, il relève la tête. Il te regarde. Et se met à sourire — encore ce sourire. Tu clignes des yeux, interpelé. Il ressemble à celui de tout à l'heure, tout en étant pourtant un peu différent. En quoi ? Pourquoi ? Tu ne saurais le dire. Mais il l'est. Tu le sens. Tu le sens, rien qu'en le voyant. C'est… Bizarre. Oui, bizarre.
Et puis, il réécrit. Il dégage vraiment une autre aura, d'un coup. Voilà quelque chose de bien curieux, à vrai dire. Tu ne sais pas quoi en penser. Alors tu ne cherches pas trop, tu restes comme tu es et tu lis. ❛Il va bien, t'en fais pas. Pourquoi es-tu si soucieux de ce con ? ~❜
Incompréhension. L'incompréhension se lit sur ton visage. Vraiment. Bon, tu restes toi-même. On peut voir tes sourcils se hausser, légèrement, et un expression surprise mais à la fois douce traverse ton visage, ton air absent ne te quittant pas. Pourquoi… Pourquoi il parle de lui-même à la troisième personne ? Que se passe-t-il ? Et pourquoi… Cette question ? Serait-ce… Quelqu'un d'autre ? … Anubis ? Étrange. Pourquoi prendrait-il le contrôle ? Pourquoi te parlerait-il ? Tu ne comprends décidément pas.
Mais il te semble que ce n'est vraiment pas Anubis. Toujours Auen, alors…? Te voilà encore en train d'avoir comme un bug, là, devant lui. Il te semble bien, oui, que c'est toujours Auen. Tu ne pourrais pas l'expliquer, mais ça l'est. C'est Auen. Tout en étant quelqu'un de… Différent ? Je veux dire, tout à l'heure c'était encore Auen, celui que tu connaissais, il était choqué encore, bouleversé, mais c'était lui. Là, on dirait un… Autre Auen ? Lui, mais pas lui ? Une deuxième personne ? … Oui, presque. C'est tellement étrange… Un minuscule frisson parcourt ton échine à cette pensée.
Mais c'est logique… Non ? Il te parle du hm, «précédent» Auen, donc il dit «il» en parlant de lui-même mais sans que ce soit lui-même non plus ? Voilà qui est bien compliqué, tu as presque du mal à suivre ton propre raisonnement, là, en fait. Mais tu te dis que ça doit être quelque chose comme ça. N'est-ce pas un peu… Effrayant ? Si c'est une autre personne, un autre Auen, qui sait ce qu'il peut penser ? Tu ne le connais pas, celui-là… Te voilà décontenancé par toutes ces pensées. C'e'st vraiment grave, hein ?
Malgré tout, il semble vouloir communiquer avec toi. Il se demande pourquoi tu te fais du souci… Euh pourquoi tu t'inquiètes pour Auen ? Le premier ? Tu ne vas jamais t'y retrouver, entre les deux… Ah… Et donc il te dit que l'autre va bien ? Vraiment ? Tu l'espères. En tout cas, pour toi, la réponse coule de source. Alors réponds, au lieu de t'emmêler les pinceaux à cause de ça.
Clignant une nouvelle fois des yeux, preuve que tu sors de ta bulle, tu réponds de ta petite voix : «Oh… ? Parce que je l'aime beaucoup.» Tout simplement. D'ailleurs, tu ne penses pas qu'il soit con. C'est pourquoi tu demandes, timidement car tu ne connais pas ce Auen : «Tu… Ne l'aimes pas ?» Ça montre que tu as plus ou moins compris qui il était, non ? À moins que tu ne sois complètement à côté de la plaque — ce qui est probable. Mais tu demandes quand même, car tu es du genre à dire ce qui te passe par la tête, comme ça, et aussi que tu n'as pas vraiment peur. Ce n'est pas rhétorique, tu te poses vraiment la question. Alors tu demandes, tout simplement, sans penser aux conséquences..
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Il était horriblement réceptif ton oiseau Auen. Je comprends mieux le pourquoi tu as tant désiré le garder à tes côtés. Car tu savais, pauvre idiot, qu'au fond de toi, il pourrait deviner sans que t'es à tout déballer. N'es-tu pas aussi lâche que cet enfoiré de chacal. Oh... ? J'ai tapé où il ne fallait pas ? Zut alors ! ~ Et toi, le roux tu avais capté, hein ? Mon sourire me crame à ce point ? Oh, ça peut être tout à fait compréhensible. C'n'était pas le genre de l'autre con, hein ? Tu semblais chercher à comprendre de nouveau pourquoi mon sourire. Que c'est adorable. Tu es vraiment amusant l'oiseau. Tellement amusant que l'envie de me divertir avec ta personne me passait en tête. Qu'en penserais-tu Auen ? Cela te ferait-il rire ? Ou pleurer ? Ou même... Souffrir ? ~ Oh, ne soit pas si impoli avec moi. Je ne lui ferais rien. Pour le moment. ~
Alors tu lisais cette phrase que j'avais écrite. Et ton visage parlait de lui-même. Tu ne comprenais pas, n'est-ce-pas ? L’incompréhension. Cela te définissait rudement bien le roux. Tu levais un sourcil, surpris de la phrase. Puis tu te déconnectais aussi. Ton visage malgré cela restait calme, seulement perdu. Oh. Je n'avais pas non plus écrit une énigme digne de Sherlock mec. Je t'observais calmement, étirant un sourire de plus en plus large. J'étais amusé, clairement. Puis t'analyser passait le temps. A voir ton visage, tes gestes, tes mimiques, tes réactions... Un grand rêveur eh ? Sensible et sensitif sur les bords ? Un poil intuitif ? Pas très doué pour exprimer le fond d'une pensée ? Mais cela, tu le faisais par tes expressions, alors c'n'était pas bien grave. Drôle de spécimen, oui. Voilà donc pourquoi c'était si bien passé avec l'autre bouffon. Pas mal de ressemblances, hum ? Je lâchais un léger rire, quelque peu silencieux avant de me préoccuper de mon environnement.
L'hôpital meh ? J'aimais pas ces endroits. Trop... Ça puait la mort ouais. Et ça me rappelait cet enfoiré de chacal. La pièce n'était pas d'une propreté extraordinaire, mais ça, l'autre con l'avait capté bien avant moi. La seule chose qui me sorti de cette rapide observation fut ton tremblement. Un léger frisson, presque indiscernable qui parcourait ta colonne. Et comment dire ? Je le sentais bien. Tout cela t'effrayais car tu ne comprenais pas ? Ou... était-ce mon sourire ? Que je t'affichais largement, satisfait. Le fait que tu ais eu ce frisson est... OH. ~ Je n'ai pas de mots pour ceci. Juste mon sourire. Large, peut-être bien carnassier. Tu me divertissais, l'oiseau. ~ Étais-tu perdu ? Entre ce con et moi ? Me prenais-tu pour ce lâche de chacal ? Comprenais-tu seulement ? Oh, laisse-moi rire, le roux. Tu cherchais à savoir ce que je te voulais, hein ? Tu cherchais à savoir si je pouvais être ce con ? M'insulte pas, veux-tu ? Ça serait mauvais pour toi si ma main atteignait ton visage, ne crois-tu pas ? ~
«Oh… ? Parce que je l'aime beaucoup.» Oh. C'était quoi cette petite voix si innocente ? Si... pure ? Cherchais-tu la pureté chez ce gosse Auen ? Me fais pas rire. Puis tu enchaînais timidement, comme intimidé. Fallait pas, mon cher... ♪ «Tu… Ne l'aimes pas ?»
Une courte pause. Si je l'aimais ce con ? Je me passais la main sur le visage, hilare. Quelle question !! Évidemment que non ! Je le hais ce con. J'ai encore le respect de le nommer Auen. Mais il ne valait pas mieux que ce maudit dieu. Un faible. Mais si... amusant. Mon joujou personnel ? ~ Je ne peux guère faire mieux que de lui faire mordre la poussière après tout, non ? ♪ Alors je plantais mes pupilles dans les tiennes, un large sourire aux lèvres, littéralement amusé de la situation. Et lentement je passais mon index sur ma gorge, affichant une expression joyeuse à ton oiseau Auen. Comprendrait-il ? Hum ? ~
Puis je répondais sur l'ardoise, même si l'envie d'user de ta voix m'aurait fortement amusé. "Je le hais. Ce con ne sait rien faire d'autre que nier. Alors je l'aide et je l'enterre, vois-tu ? ~"
Je regardais sur le côté amusé, avant de me lever et de m'assoir sur le lit, face à face avec le roux et d'enchainer au stylo :
"Comment peux-tu t'accrocher à lui ? T(h)ot ou tard il ne sera plus. Alors ne t'attaches pas à ce qui est déjà mort."
Puis je m'approchais de ton visage posant l'ardoise et te murmurait, qu'importe la douleur :
Troublé. Tu es vraiment troublé par ce Auen. Lui semble vraiment… Amusé par ta question. Qu'y a-t-il de si drôle ? Tu ne vois pas… C'est quelqu'un de bien différent de toi et de l'autre Auen, hein ? Est-ce que… Est-ce qu'il va juste prendre sa place ? Il va falloir t'y faire ? Qu'est-ce qu'il te veut ? Beaucoup de questions sans réponses fleurissent dans ta tête alors que tu le regardes. Les réponses viendront certainement avec le temps, hein ? Tu l'espères… Et tu espères aussi que le Auen que tu connais va revenir. C'est possible. Hein que c'est possible ?
Après quelques secondes, tu le vois qui plante ses prunelles dans les tiennes, et alors tu les fixes, tu essaies de les sonder — mais tu n'y vois pas grand chose si ce n'est… Un sentiment de… Comment dire ? Comme du rejet ? Il a l'air de ne pas prendre les choses au sérieux… Enfin non, plus que ça, tu sens comme si… Comme si tout était comme un jeu ? Un jeu, oui. Quelque chose qui n'a pas vraiment d'importance, alors que l'autre Auen en accordait plus aux différents aspects de la vie. Comme s'il y mettait plus de coeur. Il y a vraiment un fossé entre les deux.
Il pose l'index sur sa gorge blessée et le fait glisser doucement tout le long de celle-ci. Un signe bien funeste. Ça veut dire quoi, au juste ? L'autre ne reviendra pas ? Ou alors lui ne laissera plus le Auen que tu connaissais revenir ? Ce n'est guère rassurant, tu frissonnes encore. Il est vraiment intimidant, celui-là. Tu sens un léger malaise s'emparer de toi alors qu'il se met à écrire.
❛Je le hais. Ce con ne sait rien faire d'autre que nier. Alors je l'aide et je l'enterre, vois-tu ? ~❜
Ah… C'est bien ce que tu pensais. Ça te met comme un grand coup au moral, brusquement. Tu déglutis, sentant une boule désagréable se former dans ta gorge, se prendre à l'estomac. Ça fait mal. Vraiment mal. Parce que, comme tu viens de le lui dire, tu aimes vraiment beaucoup Auen…
Il s'assoit sur le lit, en face de toi, ce qui n'aide pas quant à ton malaise, d'autant plus que lui a l'air vraiment amusé, et il n'en a sûrement pas fini avec toi, hein ?
❛Comment peux-tu t'accrocher à lui ? T(h)ot ou tard il ne sera plus. Alors ne t'attaches pas à ce qui est déjà mort.❜
T'y attacher ? C'est déjà fait. Trop tard, tu ne peux pas revenir en arrière, et de toute façon tu ne voudrais pas. Car tu aimes vraiment beaucoup Auen, tu as passé de bons moments avec lui, et tu ne voudrais qu'une seule chose : recommencer. C'est vraiment un bon ami, pour toi, tu tiens à lui énormément, et lire tout cela ne fait que tu porter un nouveau coup (le pun ne faisant qu'alourdir l'atmosphère puisque ledit Thôt n'a pas apprécié, vous voilà deux à être de mauvaise humeur pour le prix d'un).
Mal. Tu te sens vraiment mal. Tu pourrais partir… Oui, tu pourrais. Tu ne sais pas si tu reverras le Auen que tu connaissais un jour, et d'après ce qu'il dit il y a vraiment peu de chances, mais… Mais tu espères. Tu ne peux pas t'empêcher d'espérer, tu y crois, et c'est ce qui te fait tenir le coup, pas vrai ? Tu ne pourrais pas t'empêcher d'y croire, et c'est ce qui te fait rester. C'est ce qui fait que tu t'efforces de ne pas perdre contenance devant lui, devant l'autre — même si ça se voit qu'il te met mal à l'aise, qu'il te fait mal. Tu ne peux pas le cacher, ça se voit sur tes traits, ça se sent, c'est tout.
«Muninn, pour la différence, Jude. ~»
Tu as un sursaut, et un mouvement de recul en même temps. Brusquement, tu te penches en arrière, très surpris de l'entendre te parler. Ça déséquilibre ta chaise, qui se retrouve alors sur deux pieds seulement, et tu manques de tomber, te rattrapant au dernier moment. Des sueurs froides ainsi que de nouveaux frissons arpentent ton dos, tu es définitivement choqué.
«M-Mu— ninn ?», t'entends-tu répéter maladroitement, te tenant toujours en arrière car lui s'est rapproché.
«Muninn», c'est… Son nom ? À lui, le «deuxième» Auen ? «Pour différencier», hein ? En même temps c'est vrai que c'est plus pratique. Mais d'un autre côté, ça marqué définitivement t concrètement la rupture entre les deux, amincissant encore plus les chances de revoir Auen…
Toi, tu es vraiment troublé, et tu ne sais plus quoi penser. Vraiment, tout se mélange, encore plus que d'habitude, tu n'arrives même plus à te perdre dans tes pensées, car elles ne tiennent pas, elles coulent, tout simplement. Il y en a trop à la fois, tout s'affole, c'est vraiment le bazar à présent, dans ta tête. Tu décides donc de mettre tout ça de côté, et te concentres sur lui, sur Muninn qui t'effraie de plus en plus.
«Tu… T— Euh… Qu'est-ce que— T-Tu me— veux…?» Ouch, ta voix est vraiment encore moins assurée qu'avant — elle tremble et chevrote sans que tu ne puisses rien y faire. Tout ça te perturbe, beaucoup, beaucoup trop…
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"So I ask why. But in my mind, I find, I can’t rely on myself"
Troublé à ce point ? Oh. Je n'imaginais pas que ma voix te mettrait dans cet état. Comment suis-je censé rester calme avec toi face à moi, hein le rouquin ? Tu es SI amusant. Ne m'en veux-pas, hein ? ~ Il semblait que ton esprit le soit vraiment, troublé. Tu cherchais toujours à comprendre ? Tu cherchais à savoir si ce con allait rester ? Oh, ça... Je ne sais pas vraiment. ~ Il y a beaucoup à faire ici. Beaucoup trop même ! ♪ Il reviendrait quand j'aurais réglé ce que j'avais à faire ici. Trop longtemps que j'attendais de pouvoir le faire de moi-même, alors ne gâchons pas ça. Oh, puis si tu veux tenter le coup, je suis ouvert. Je ne garanti seulement pas ton état. ~ Oh. Tu commençais donc à appréhender la différence entre nous deux ? Ce n'est pas trop tôt ! Être pris pour ce con m'aurait vraiment gonflé. Il y a un monde entre ce con et moi. Et je crois qu'il se voit assez bien, non ? ~
Tu me sondais toi aussi ? Vraiment ? Alors que vois-tu, l'oiseau ? ~ Je souriais à cette pensée. Tu me distrayais tant... ♪ Et visiblement ce que tu y avais trouvé ne te plaisait guère ? Ou cela te mettait-il mal à l'aise ? Ne me cache pas ça. Je le sens d'ici que tu aimerais te tirer d'ici. La différence fait donc si mal ? Est-ce-donc si effrayant ? Oh, en quoi ? ~ Ma conception des choses et du monde diffère juste de celle de l'autre bélître ! ~ Je ne crois pas au poneys roses, aux arcs-en-ciel, à une quelconque paix dans le monde ! Je ne crois pas en l'Homme, en son coeur, en son humanité en tant que tel ! Cela, c'est juste un énorme ramassis de conneries ! Croyais-tu réellement que l'Homme se soucie tant de son prochain ? Quelle est belle l'Histoire ! Je riais aux éclats, me tapant littéralement une barre devant tant d'innocence de ta part le roux. Auen t'appréciait uniquement pour cette connerie commune que vous aviez ?! Hahaha... Mon dieu.
Avais-je brisé tes espoirs ? Tes pensées ? Tout ce qui faisait que tu étais venu ici ? Tout ce qui faisait que tu te tenais encore face à moi ? J'esquissais un large sourire. Ce genre de situation me plaisait et me mettais à mon aise. Non pas que j'apprécie te voir te faire dessus le roux. C'est bien plus... particulier ? ~ Tes traits se dissolvait à chacune de tes pensées qui prenaient compte de la réalité. Amusant, vraiment. Ce genre d'expression a quelque chose de beau. Oui, beau. ♪ Tu es aussi franc qu'Auen pour ça. Je te comprends, j'ai malheureusement hérité de sa franchise. Enfin, "franchise"... ~ Au son de ma voix tu avais été pris d'un violent sursaut, manquant de te casser le gueule en arrière. Dommage j'aurais bien ris moi ! Sueurs froides ? A ce point ? Aurais-tu réagis de cette même manière si l'autre con t'avais fait le coup ? Oh, il ne l'aurait pas fait, ça fait bien trop mal. Il était vrai que le douleur ne faisait que croître, mais j'en riais. Quelque chose d'agréable ? Certainement. Je suis accoutumé à la douleur comme l'est ce con. Seulement moi, j'accepte. ~
«M-Mu— ninn ?»
Tu bafouillais timidement. Que c'est mignon. ~ Regarde-toi, tu trembles pauvre oiseau. Regarde ton oiseau Auen, n'est-il pas adorable ainsi ? Non ? ~ Alors tu essayais de vider ta tête non ? Trop de chose à la fois ? Remercie moi, le roux. Je te fais comprendre ce qu'a enduré l'autre con. A la différence que lui, a juste nié. Toi, tu mettais de côté tout cela, encore mal à l'aise. Tu m'amusais tant...
«Tu… T— Euh… Qu'est-ce que— T-Tu me— veux…?»
Cette voix. Adorable ? Carrément. ce genre de sonorité me faisait sourire. Alors je t'attrapais par le col afin de te redresser avec ta chaise d'un geste sec. On se pose mon cher. ~ Et je te souriais d'un sourire carnassier. Tout ici est affreusement plaisant, sauf le lieu. Mais bon, on peut faire fit de ça, non ? ~ Puis lâchant ton col, je riais légèrement.
"Muninn ouais. ~ Ce n'est pas si compliqué à concevoir, si ? L'esprit humain est une merveilleuse connerie, ne trouves-tu pas ? Ce con nie est voilà le résultat !"
Une courte pause. Ne forçons pas trop sur la voix. L'envie d'avoir une horde d'infirmière aux fesses pour que je me taise ne me plaisais pas. Enfin, ça m'occuperais... ~ La douleur ne s'estompait pas, bien au contraire. Mais j'appréciais la chose, alors, tout allait biiiien ! ~ Puis je te regardais de nouveau posant d'un geste calme ma main sur ta cage thoracique avant de t'appuyer au mur par pression de celle-ci. Je ne perdais pas mon sourire pour autant. J'avais juste envie de te taquiner, le roux. En fin de compte te redresser de ta chaise n'avait servi à rien, oups. ♪
"Ce que je te veux ? Pas grand chose, seulement m'amuser et discuter avec le petit favori de ce con. ~"
Tu l'amuses vraiment, on dirait. Oui, il se fend la poire, ne cessant d'afficher ce sourire qui te met si mal à l'aise. Mais il n'y a que lui qui s'amuse autant ici. Cette situation ne te plaît pas vraiment. Tu es effrayé, blessé, et pourtant tu n'oses toujours pas partir. On pourrait croire à un petit animal en te voyant, tout faible que tu es. C'est assez pathétique, non ? Tu te pensais plus fort. Mais tu as été tellement surpris, tellement désorienté, tu ne t'en remets toujours pas. Toujours pas de l'avoir rencontré, lui… Muninn. Si tu avais su. Qu'aurais-tu fait, si tu avais su ? Bien bonne question, tout ça. Aurais-tu seulement pu faire quelque chose ?
Le voilà qui t'attrape par le col, d'un coup, pour te redresser, te rapprocher encore de lui. Ça a failli te faire faire un infarctus, tout ça, et tu te mets à trembler quelques secondes, encore plus qu'à l'instant. Il est vraiment effrayant… Son sourire te fait penser à celui d'un prédateur qui pourrait ne faire qu'une bouchée de l'être insignifiant que tu es, s'il le voulait.
Te relâchant, il rit. Et toi tu ne peux t'empêcher de lâcher un gros soupir de soulagement. Tu n'aimes pas le contact avec lui, il faudrait t'en tenir un peu plus éloigné. Tu vas finir par l'éviter, tout simplement, si ça continue comme ça. Ça va te faire mal, surtout pour Auen, parce que tu l'aimais beaucoup, mais s'il ne revient jamais, ça vaudra mieux d'éviter Muninn, beaucoup mieux. Ce rire t'intimide vraiment, d'autant plus qu'il doit avoir très mal à utiliser sa voix, mais pourtant il continue… N'est-ce pas une preuve de… Démence ? Tu sens qu'il pourrait rire ainsi des choses les plus graves.
«Muninn ouais. ~ Ce n'est pas si compliqué à concevoir, si ? L'esprit humain est une merveilleuse connerie, ne trouves-tu pas ? Ce con nie et voilà le résultat !»
Non, ce n'est pas compliqué. Tu n'es pas d'accord avec lui, cependant. Peut-être que lui ne croit pas en l'être humain, et peut-être a-t-il raison pour certains, mais ce n'est pas ton cas. Tu t'es trop transposé, tu as trop réfléchi, tu t'es mis à la place de trop d'autres pour savoir que chacun a son coeur, ses sentiments, ses raisons. Lui aussi doit les avoir, non ? Pourtant tu ne pourrais pas vraiment t'imaginer à sa place — tu es bien trop mal à l'aise.
Pour une fois, tu es concentré sur la réalité, sur ce qui t'entoure, tu es alerte et connecté. Tu ne peux pas dire grand chose sur ce qu'il pense — en partie car tu as peur mais aussi car tu ne vois pas vraiment quoi répondre ? Que dira-t-il si tu ne vas pas dans son sens ? Tu n'en sais rien, mais tu ne préfères pas lui mentir non plus. Question de principe, entre autres. Puis, en un sens, c'est vrai que c'est assez terrible, de voir où vous en êtes arrivés.
«Ce que je te veux ? Pas grand chose, seulement m'amuser et discuter avec le petit favori de ce con. ~»
Cette fois, il te glace tout simplement le sang. Il n'a pas besoin de s'approcher autant ni de te plaquer au mur pour t'intimider… Mais du coup, là, c'est encore pire. Il est vraiment terrifiant, vraiment vraiment. Terrifiant. Tu te sens trembler, et pourtant incapable de bouger, incapable de le faire s'écarter. Ton souffle lui aussi tremble de plus en plus, et tu le fixes, tu le fixes. Malgré tout, tu le fixes, tes yeux toujours plongés dans les siens, tes yeux presque au bord des larmes plongés dans les siens emplis de haine.
Parler, hein…? Parler avec lui, c'est ce que tu fais depuis quelques minutes déjà, mais ce n'est pas une perspective très réjouissante… D'autant plus qu'il e cherche qu'à s'amuser, et tu ne sais même pas si c'est bon ou mauvais pour toi. En un sens, quand tu le lasseras, tu seras tranquille, non ? Peut-être pas, remarque… C'est incertain, impossible à prévoir, presque inimaginable. C'est ça qui te fait si peur : il te semble imprévisible.
«Hm d-d'accord—, tu bafouilles. «D'accord», dans le sens de «je vois», pas que tu sois réellement enthousiaste à l'idée de te laisser faire juste pour le divertir. Tu hésites vraiment, mais tu finis par demander : Tu pourrais m-me… Me lâcher…? S'il te plaît…» Qui ne tente rien n'a rien. Car tu es de plus en plus mal, rien que là, et ça se voit, de plus en plus nerveux dans tes gestes et mimiques. Tu ne vas pas tenir longemps si ça continue comme ça. Donc tu as demandé, peut-être qu'il te lâchera ? Tu en doutes, mais bon… Aaah, reviens, Auen, reviens… Qui sait combien de temps tu vas encore tenir en imaginant que ton ami va revenir.
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"Credulous at best, your desire to believe in angels in the hearts of men. Pull your head on out your hippy haze and give a listen. Shouldn't have to say it all again. The universe is hostile, so Impersonal, devour to survive. So it is. So it's always been."
Je voulais ouvrir les yeux. Je voulais voir Jude. Je voulais me réveiller. Sortir d'ici. De cet endroit si sombre et froid. Je... je ne voulais pas fermer les yeux cette fois. Je... Je me rendais compte que j'avais déconnecté, hein ? Si moi je ne suis pas là... Alors qui ? Qui est à ma place... ?!
Tu tremblais ? Non... Réellement ?! Je te regardais toi, petit favori de ce con se dissoudre sur place. Où est le malaise ? Je n'en vois pas. Serais-je aveugle ? ~ Tu avais frôlé l'arrêt cardiaque car je t'avais remercié ? Qu'elle plaie. Il était hors de question que tu me claques entre les doigts parce que je t'avais redressé ! Si peu de self-control le roux ? Je te déséquilibre et tu chutes ? Je vois... ♪ Je retenais le coup. Je ne pensais pas te terrifier à ce point. Et dire que je me tenais particulièrement à carreau juste pour toi. Juste pour le faire espérer bêtement. Oh... ~
Jude... Jude bordeel... Réveilles-toi du con ! Réveilles-toi ! Je veux le voir. Je veux voir Jude ! Je veux me tirer de cet endroit glacé ! Je... Je ne veux pas que... J'ai peur ? J'ai peur pour Jude... ? Est-ce Anubis à ma place... ? Est-ce tout simplement mon imagination... ? Je ne vois rien... Jude !
Vraiment... Je te sentais qui tremblais. Cette sensation me donnais bien envie d'appuyer mon emprise sur toi le roux. Le sentais-tu ? Ton souffle saccadé, légèrement apeuré avait de quoi me combler. Sadique ? Malade ? Taré ? Je ne sais pas. ~ Disons que j'ai mon aisance avec ça, hum ? ♪ Lentement tu paniquais. Non ? Tu faisais tout pour ne pas céder à ceci. Dommage. Cela aurait fortement plaisant. Pesais-tu le pour et le contre ? Envisageais-tu ce qui allais advenir de toi ? De ce qui allait se passer ? Voyons, il ne faut pas ! Prévoir n'est guère amusant. Faire à l'instant, vivre à l'instant, réagir à l'instant ! Je pourrais très bien t'écraser la tête dans ce mur, vois-tu ? Mais cet instant ne m'est pas encore venu. L'envie n'y est pas encore. Oh non. J'avais encore quelque chose pour toi le roux. Tiens-tu mentalement ? Ce con semblait savoir que ton imagination et ton empathie jouait contre toi, hum ? ♪ Alors... Testons mon cher ! ~
«Hm d-d'accord— Tu pourrais m-me… Me lâcher…? S'il te plaît…»
Oh ? D'accord vraiment ? Ou chercherais-tu à te délaisser d'une quelconque réponse qui serait mauvaise pour ton statut ? Dis-moi ? ♪ Je te souriais. Pas pour tout de suite. ~
"D'accord, es-tu sûr ? Dis-moi, connais-tu son histoire à son con ? Ses points noirs, hum ? ~"
Je te regardais amusé, mauvais. Oups, je l'ai dit. Merde alors ! ~ Ne te lâchant ni du regard comme physiquement, j'enchaînais d'un ton doucereux :
"L'esprit humain nie les horreurs auxquelles il fait face quand elles deviennent trop lourdes à supporter. Violences, sévices, négligences, oh, tout ça il a connu ce con... ~ Par son père et son frère ! ♪"
Je ne te lâchais pas, je resserrais même doucement la pression. Voyons, il faut le vivre tout ça ! ~ Puis m'approchant près de ton oreille un sourire carnassier aux lèvres je te chuchotais :
"Seulement, savais-tu qu'il avais subis des abus de son père ? ~"
Ma voix. J'entendais ma voix ? Ces mots... non. NON ! Je ne veux pas qu'on... qu'on sache ça ! Non, bordeeel, non !! Je veux voir ! Je veux ouvrir les yeux ! Je ne veux pas que Jude en entende plus ! Je ne veux pas... Bon sang... Je refuse. Je refuse ! Il ne doit pas...
...
Je clignais des yeux. L'hôpital ? De nouveau ? Pourquoi étais-je appuyé ? Sur quoi plutôt ? Et là je te voyais. Jude ?! BOOOORDEL ! Lâchant un cri de surprise, je me reculais violemment sur mon lit, le souffle brusque. Je... je lui faisais quoi là ?! Je t'avais plaqué au mur de force... ?! Ma gorge. Ma gorge me fait mal ! Portant immédiatement les mains dessus, j'appuyais, tentant de calmer la douleur. Ça fait mal. Ça fait ma. Ça fait mal. CA FAIT MAL PUNAISE ! Cette douleur est insupportable. Je sentais mon estomac se nouer. Mes mains tremblaient, comme tout mon corps entier. Je respirais bruyamment, sous le choc. Pourquoi... ? Pourquoi ai-je fais ça à mon roux cool ?! Que... Que c'était-il passé ?! Anubis, c'était toi ?! Non, impossible il... Qu'en sais-je ?! Aussi bien il voulait envoyer Jude avec moi dans la tombe... Ne t'avais-je pas suffit, Anubis ?!
"Ce n'était pas moi Auen."
Cette voix... Toi, le chacal ?! Comment pouvais-je te croire, hein ?! J'avalais difficilement lâchant un râle de douleur avant de te regarder, Jude. J'étais complètement perdu. Et secoué. Je... Je suis tellement désolé... Je ne souhaitais pas ça... ! Et je baissais de nouveau la tête honteux, avant de frapper mon matelas. Que se passait-il ?! C'était quoi tout ça ?! Je veux comprendre ! Je veux... Je veux pas qu'il souffre. Pas toi, pas Jude, merde... Respire Auen. Respire. J'avais mal. Trop mal. Ma respiration devenait de plus en plus irrégulière et la douleur de plus en plus intense. Merde. Merde. Mais pour ce que je venais de faire à Jude... c'était un moindre rien.
"Dé... désolé. Je... je ne voulais pas Roux-cool ! Je ne comprends pas... ! Il se passe quoi bon sang... Que m'arrive-t-il ?!"
Je sentais de moi-même que mon ton flanchait à chaque mots sous la douleur. Tant pis c'était le prix. Tu sais encaisser Auen, alors encaisses. Il flanchait car j'avais peur. Peur de savoir. Peur de comprendre. Et cette fois-ce je ne devais pas fermer les yeux. Je devais... écouter et voir. Pour Jude... Pour lui, oui. Si tu me haïssais je comprenais. Si tu voulais partir, je comprenais aussi. Je tentais de soutenir ton regard, perdu, secoué, dévasté. Je ne comprenais rien à rien, décidément.
Tu le vois sourire. Encore, encore, encore ce sourire. Peut-être devrais-tu détourner le regard tant qu'il en est encore temps. «D'accord, es-tu sûr ?» Non— Non bien sûr que tu n'es pas sûr. Tu vas sûrement regretter d'avoir dit ça, mais en même temps que pouvais-tu répondre d'autre à ce qu'il a dit ? Tu ne sais pas, tu ne sais pas, tu es perdu, Jude… Vraiment perdu, perdu dans tes propres pensées.
«Dis-moi, connais-tu son histoire à son con ? Ses points noirs, hum ? ~» Son histoire…? Non. Pas plus que ses «points noirs». Mais c'est normal, peut-être qu'il ne voulait pas t'en parler, après tout. Tu ne lui demanderais jamais une telle chose de toute manière, tu ne veux pas le gêner, ou le mettre en colère, ou tu-ne-sais-quoi encore, alors non, non, tu ne demandes pas. Parce que ça doit être dur, de partager tout ça -si points noirs il y a, mais quelque chose (et ce n'est pas (trop) Thôt) te dit soudainement qu'il y en a-, pour lui comme pour toi. Alors non, non, tu ne sais pas. Et, à vrai dire, tu ne veux pas savoir… Ou… Pas de lui— Pas de Muninn.
Tu détournes donc la tête, tu ne veux plus avoir à en supporter ou en entendre davantage. Tu voudrais qu'il te lâche, tu voudrais partir, partir tant que tu peux encore, tant que tu sens que ça peut être pire, pour ne pas arriver à ce pire, justement. Tu voudrais qu'il te lâche. Mais il ne te lâche pas.
«L'esprit humain nie les horreurs auxquelles il fait face quand elles deviennent trop lourdes à supporter. Violences, sévices, négligences, oh, tout ça il a connu ce con... ~ Par son père et son frère ! ♪»
Aaah— Tais-toi, tais-toi, tais-toi— Tais-toi… Tu ne vas pas pouvoir tenir longtemps, à ce rythme. Non, non, vraiment, tu ne veux pas en entendre davantage. Tu serais bien capable de refouler ce qu'il pourrait te dire, comme il vient si bien de l'expliquer.
Et pourtant, pourtant, tout ça rentre dans ta tête un peu trop bien. Tu n'entends que ça, tu ne déconnectes pas, tu es là, et tu retiens… Tu retiens tout ce qu'il dit, un comble, n'est-ce pas ? Oui, oui un comble. Aaah, tu aimerais tellement, tellement qu'il s'arrête là, pouvoir partir, ou te réveiller d'un mauvais rêve… Tu aimerais tellement…
«Je me sens sincèrement désolé de ne pouvoir t'aider dans cette sorte de situation pour le moins éprouvante, Jude. Vois-m'en navré, je ne suis malheureusement pas en mesure d'agir comme je le souhaiterais, quand bien même je prendrais possession de notre enveloppe charnelle. Oh… Il se réveille, Thôt ? Ça faisait un moment que tu n'avais pas entendu sa voix traînante mais pourtant si familière. Le seul acte qu'il m'est possible d'accomplir est de réussir -je l'espère- à capter ton attention suffisamment longuement et efficacement pour que tu n'écoutes plus ce… Muninn. L'on appelle cela même ❛une diversion❜. De par ton caractère pour le moins distrait, il me paraît évident que tu dois être familier avec ce terme, n'est-ce p—»
Un cri de surprise interrompt Thôt. …? Ça te «réveille» en quelque sorte, toi qui étais comme paralysé, figé de douleur et de peur. Tu sursautes à nouveau alors que tu le vois reculer vers le lit. Tu ne comprends pas, tu ne comprends vraiment pas, mais il t'a lâché. Lâché. Enfin. Ni une, ni deux, tu en profites pour te recroqueviller sur ta chaise, les genoux contre le menton et les bras tout autour de ta tête, ta tête que tu enfouis le plus possible. Et tu te serres, tu te serres au maximum sur toi-même, tu veux te faire le plus petit possible. Tu devrais partir, tu devrais partir…
Mais tu n'en as plus la force. Là, tu sens que tu vas craquer d'une seconde à l'autre. Trop d'émotions— Trop de peur, trop de douleur, et le désespoir qui s'insuffle en toi. Tu remercies mentalement Thôt, qui t'a probablement évité le pire, et puis… Et puis tu te dis que peut-être il va revenir. Te faire encore pire, encore souffrir, juste parce que ça l'amuse… Eh bien tu vas l'amuser, là tout de suite. Roulé en boule comme un animal blessé, blessé au coeur. Tremblant, haletant, pleurant… Oui, tu t'es remis à pleurer. Trop de pression, trop de pression, il faut évacuer, il faut tout relâcher.
Ce n'est pourtant pas agréable, ça commence même à te faire sérieusement mal. Mal au ventre, mal à la gorge, mal au crâne. Mal au coeur. Tu ne pensais pas, tu ne pensais pas qu'on pouvait avoir aussi mal d'un coup. C'était quelque chose que tu ne pouvais t'imaginer, avant de l'avoir vécu. Et ça, ça Jude, tu t'en rappelleras.
«Dé... désolé. Je... je ne voulais pas Roux-cool ! Je ne comprends pas... ! Il se passe quoi bon sang... Que m'arrive-t-il ?!»
… Tu mets quelques secondes à réagir. «Roux-cool»…? Est-ce que… Ce serait… Auen ? L'autre ne t'appelle pas comme ça… Mais… C'est vraiment lui ? Vraiment vraiment ? Pas Muninn qui l'imite pour te faire encore plus mal…? Mollement, tu relèves la tête pour regarder dans sa direction. Tu espères encore.
Il… Il a l'air vraiment mal. Il a l'air de souffrir, de souffrir à chaque mot, ça s'entend. Ça ne trompe pas, ça. Auen… Auen est là… Ça va aller, alors, hein ? Ça va aller ? Tu voudrais lui dire, tu voudrais lui expliquer ce que tu as vu, ce que tu as entendu, qui tu as rencontré. Mais dans l'état actuel des choses, c'est impossible… Tu ne peux pas parler, trop mal à la gorge, trop de larmes, trop de douleur. Tu es encore bouleversé, et ça aussi ça se voit.
Et alors ton regard croise le sien. Il cherche à comprendre, il cherche ses repères et toi tu lui dis «Au secours».
Au secours…
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"Shouldn't have to say it all again. The universe is hostile. So it is. So it's always been."
Que t'avais-je fais... ? QUE T'AVAIS-JE FAIS POUR QUE TU SOIS DANS UN TEL ÉTAT JUDE ?! Tu tremblais comme une feuille, apeuré, en boule, les larmes aux yeux. C'en était trop... Que... Que t'avais-je fais ?! Je sentais tout le poids de la honte et du remord me tomber dessus. Me ronger de l'intérieur. Même ma gorge à coté aurait été une infime douleur comparé à ça... Je tombais une fois de plus. Je chutais sans rien pouvoir faire à part fermer les yeux pour oublier la réalité. Je ne pouvais... Rien faire. Tes yeux me faisaient mal. Un entre coup en pleine tête. Comme un poignard dans le coeur. Étais-je devenu taré ? Étais-je devenu un... monstre ? Pourquoi quand je te regardais sentais-je mon coeur me faire si mal... Pourquoi me voyais-je en toi... ? Pourquoi revoyais-je ce gosse, couvert de blessures et de coups, les larmes aux yeux tremblant, dans un recoin de sa chambre, complètement brisé... ? Pourquoi... Pourquoi avais-je reproduis la même chose que ce fils de fille de petite vertu ?! Pourquoi avais-je fais à Jude, à Jude ce qu'on m'avait fait ?! Pourquoi ai-je hérité de cette partie si horrible de toi, père, pourquoi ?!
Le remord me rongeait. Me bouffait. J'avais mal au ventre, un noeud, une boule. Ma gorge brûlait, et ma tête en devenait lourde. Toutes ses émotions allaient... Tous ses souvenirs... Je ne voulais plus les voir. Ni les ressentir. Et pourtant aujourd'hui, je les avais transmis à quelqu'un... Je ne voulais pas ! Je ne souhaitais pas une telle horreur ! Avait-il tout entendu... Jude... Jude tu es bien trop sensible pour supporter un tel fardeau... Je le savais ! Alors pourquoi t'ai-je dis tout ça ?! Je... J'ai honte ! Si honte ! Je ne pouvais m'empêcher de porter les mains sur mon corps, tremblant, mal à l'aise. Tous ses souvenirs remontaient à la surface. Ses coups, ses sévices, ses... abus. Je serrais les mains contre mes bras, à m'en faire mal. Sali. J'avais été sali. Et j'ai sali Jude. J'ai sali le seul à qui je tenais. Le seul en qui j'avais ma confiance. Le seul qui me partageait son inconscience... Jude... Ravalant ma salive, je tentais de me lever du lit, maladroitement encore sous le choc. Je posais ma respiration comme je pouvais bien que saccadée. Et je venais vers toi.
Je te décalais lentement de ta chaise avant de te blottir contre moi, honteux, le regard vide, blessé. J'étais un monstre hein ? Un écornifleur ? Un enfoiré ? Je ne sais plus... Et ce que je te faisais là, roux-cool, c'était la seule chose que je souhaitais quand j'étais enfant après ses moments horribles. Du réconfort. Quelqu'un sur qui m'appuyer...
"Je... Je désirais ça plus jeune... Je pensais que ça pouvait faire partir la douleur..."
Je serrais les dents et gardait Jude contre moi le plus longtemps possible. C'est ce qu'un grand-frère était censé faire, non ? Je le savais qu'il me voyait comme tel, alors j'allais essayer... Je n'avais jamais connu ceci. Seulement des blâmes, des coups, des blessures, des abus... Quand bien même une partie de moi-même en rit et apprécie... J'ai encore mal. Et j'ai honte de ceci. J'avais tellement souhaité qu'un jour on me prenne ainsi dans les bras pour faire évacuer la douleur. Je ne souhaitais pas que Jude connaisse ça... Tant pis pour les questions... Je me les poserais plus tard. Je voulais juste voir mon roux-cool sourire. Ce visage dévasté par la peur et la tristesse fait si mal...
"Je... Je ne sais pas ce que j'ai pu te dire ou te raconter... Ni ce que j'ai pu te faire... C'était comme un cauchemar éveillé... Et ni Hans ni toi étaient là... Je n'ai jamais voulu te faire subir ça... ! Pardonne-moi d'être un monstre Jude, pardon..."
Et je lâchais aussi. Mon sourire si joyeux qui m'était fidèle était devenu la propriété d'un monstre. Je n'avais plus que mes yeux pour pleurer. Toutes ses années de fierté à ne pas pleurer face aux coups et aux horreurs que j'ai subis... Et finalement, voilà que je pleure sur les épaules d'un être cher que j'ai de mes propres mains blessé... Que faisais-je bon sang... ? Jude ne me pardonnera jamais, et il aura raison... Pardon. Pardon était la seule chose que je pouvais dire, et ce sincèrement. Ce pardon là était vrai... Je ne ressens certes plus rien après tout cela, trop d'émotions... Et pourtant toi, tu arrivais à faire jaillir le tout... Pardon, Jude, pardon...
Tu le regardes, tu le regardes quelques instants à travers tes larmes. Tu y vois flou, tu y vois mal, trouble, mais tu regardes quand même. Tu regardes avec les yeux de l'espoir. Tu vois Auen, Auen qui semble dévasté, vraiment, déchiré… Certainement bien pire que toi. En plus de souffrir plus, aussi bien physiquement que mentalement, il ne doit rien comprendre. Tu te poses beaucoup de questions, «Pourquoi ?», «Comment ?», mais surtout tu te demandes ce qu'il peut bien penser. Tu devrais t'inquiéter pour toi, au lieu de te soucier de lui, car toi non plus tu ne vas pas bien, et comment l'aider, comment lui expliquer si tu ne vas pas bien ? Mais tu ne peux t'empêcher de te faire du souci en le voyant ainsi. Car, comme tu le disais à Muninn, tu l'aime vraiment beaucoup.
Tu te demandes aussi s'il va venir, s'il va t'aider, te consoler. Et tu trouves ça assez égoïste de l'espérer alors qu'il va sûrement plus mal. Tu devrais y aller, toi, tu devrais y aller. Seulement, te voilà incapable de bouger, parler, ou même ne serait-ce que respirer correctement. Tu pleures trop, tu as trop mal… Alors, doucement, tu te recroquevilles à nouveau, le temps de te calmer, le temps d'avoir moins mal. Tu te caches de la réalité, tu te caches du monde, du te caches de la tristesse. Et tu sanglotes. Te voilà dans un bien bel état.
Tu l'entends bouger, tu te demandes l'espace d'une seconde ce qu'il se passe, mais pourtant toi, tu ne bouges pas. Tu ne peux pas bouger, tu ne peux pas. Tu te contentes de… De te laisser faire. … ? Oh… ? Ça… Ça, tu ne t'y attendais pas. Doucement, tout doucement, comme s'il avait peur de te briser, il est venu vers toi et il t'a pris dans ses bras. Il se fait du souci pour toi plus que pour lui…? Aaah.
Ça fait du bien. Vraiment, ça fait du bien. Ça soulage. Contre lui, tu te détends, ça fait du bien, oui. Tu te blottis et tu le serres à ton tour, tu ne voudrais pas qu'il parte. Tu sens son coeur qui bat, tu sens ses bras autour de toi, tu sens la chaleur de son corps. Oui, ça détend, vraiment, c'est agréable. Auen est là, il est là.
«Je... Je désirais ça plus jeune... Je pensais que ça pouvait faire partir la douleur...»
Tu l'entends, tu l'entends qui a mal et se fait mal en te parlant. Tu le serres donc d'autant plus fort, d'autant plus fort que ça te touche vraiment. Tu n'es pas encore capable de lui répondre en parlant, tu pleures encore toi, mais tu te sens mieux, c'est vrai. Tu te rappelles ce qu'a dit l'autre, que son enfance n'avait pas été facile… Et tu te rappelles la tienne, paisible, étant l'aîné de ta grande fratrie c'était toi qui réconfortais quand il le fallait, et tu te rends compte que toi aussi ça te manquait, quelqu'un sur qui te reposer. Mais Auen est là, il est là maintenant. Donc ça va, ça va aller.
«Je... Je ne sais pas ce que j'ai pu te dire ou te raconter... Ni ce que j'ai pu te faire... C'était comme un cauchemar éveillé... Et ni Hans ni toi étaient là... Je n'ai jamais voulu te faire subir ça... ! Pardonne-moi d'être un monstre Jude, pardon...»
Et puis tu le sens qui craque, qui lâche aussi. Mais tu ne peux pas lui en vouloir. Tu ne souhaites que lui prêter ton épaule pour pleurer, comme il vient si gentiment de le faire pour toi. Il a dû souffrir bien plus que toi. Maintenant qu'il est là, ça va aller… Hein ? Vous avez l'air malins, à vous pleurer l'un sur l'autre, comme ça.
Mais toi, déjà, tu te sens soulagé. Plus léger, ça fait de moins en moins mal. Tu pleures moins, aussi. Tu respires fort sans pour autant le lâcher, juste pour t'aider à te calmer. Tu veux lui parler, tu dois lui parler, tu veux le rassurer en quelque sorte, lui dire que tu lui pardonnes, bien sûr que tu lui pardonnes à lui, ce n'est même pas de sa faute, tout ce qu'il vient de se passer, après tout.
Entre deux petits sanglots, tu t'efforces de lever un peu la tête pour mieux te faire entendre, et articules doucement : «A-Auen, ce… C'était pas… Pas toi— Et, maladroitement, tu le serres un peu plus, pendant quelques secondes. Je… Toi, je ne t'en veux pas. M-Merci, merci d'être— Revenu…» Et tes pleurs recommencent un peu, parce que tu es ému, tellement, tellement ému, soulagé qu'il soit là. Tu ne veux plus le laisser repartir, tu veux qu'il reste là, tu ne veux plus jamais voir Muninn. Est-ce trop demander ? Tu n'en sais rien, vraiment rien.
Tu voudrais aussi tout lui expliquer, pour qu'il comprenne, pour qu'il sache ce qui lui arrive. Mais il va d'abord falloir vous calmer, sinon vous n'avancerez pas. Toi Jude, tu es vraiment mieux qu'il y a à peine quelques minutes. Tu n'as plus peur, presque plus mal, tu es simplement encore bien secoué par tout ça. Mais vraiment, tu pleures beaucoup moins, tu te sens plutôt bien, en sécurité. Tu te remets doucement, et ça se voit. Tu as cessé de trembler, tu es détendu, tu sens ces noeuds à la gorge et à l'estomac se défaire, tu sens ton coeur arrêter de saigner. Ça va, ça va.
Respire. Respire, un, deux. Ça va mieux. Merci, merci Auen. Merci d'être là, grand frère.
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"Cry my wicked soul. That I would never change ! Well that's ok, fine with me. Got a hundred sides... What the hell more do you need ?"
Sa respiration se calmait. Certes pas non plus d'un calme olympien (égyptien ? OH WAIT.). Mais elle se détendait. Étais-tu soulagé, Jude ? Que t'avais-je fais pour que tu sois dans un tel état... Tu te sentais comme... à l'abri là ? Tes sanglots se faisaient moins entendre eux aussi. J'avais réellement l'impression que tu allais mieux... Ne serait-ce pas mentir ? Comment peut-il aller mieux dans son état ? Que lui ai-je fais pour qu'il soit comme ça ? Comme un... enfant ? Comme un mort... ? Je... Alors je tentais de desserrer mon étreinte, mais mes bras étaient crispés. Tout mon corps l'était encore, sous le choc. Seul mon visage était encore en état de faire passer un quelconque message. Tel un S.O.S., quelle pitié... Pitié... Était-ce le sentiment que je te dégageais Jude ? Était-ce le sentiment que je devais ressentir ? Était-ce ce que je me devais d'hurler, perdu que je suis ? PITIÉ ? Qu'en sais-je... J'aurais aimé rire... Mais pas là... Je me perds. Je suis perdu.
Puis tu redressais timidement la tête comme à ton habitude. Tu ne changeais pas, même ainsi, Roux-cool. Je souriais intérieurement, trop coincé par mes larmes. Pleurer ainsi... Quelle honte, sérieux... Toutes ces années je m'étais démerdé pour ne pas pleurer, pour ne rien montrer si ce n'est qu'un sourire empli de joie. Emplie de joie pour cacher l'artifice... Étais-je seulement un... Un mensonge ? Ma vie n'avait-elle était que mensonge derrière ce sourire qui cachait mes pires côtés... ? Pourquoi je me questionne encore, hein ? Oublions. Jude est là, il est là. Alors... Oublions, oui.
«A-Auen, ce… C'était pas… Pas toi— Je… Toi, je ne t'en veux pas. M-Merci, merci d'être— Revenu…»
Et tu me serrais contre toi... ? J'écarquillais les yeux, surpris, avant de me laisser faire. Je... Je me sentais mieux ? C'était quoi... ça ? Ce sentiment bizarre ? Je souriais comme un glandu, un regard soulagé. Des larmes... ? Tu sanglotais de nouveau... ? Pourquoi ? Je... Est-ce mal... ? Je ne comprenais plus...
Puis tes mots arrivaient à mon esprit embrumé. Pas... moi ? Anubis... ? Était-ce toi, enfoiré de chacal ? Était-ce toi qui lui avait fait ça, à Jude ?! Hein ?!
"Que t'ai-je dit plus tôt... ? Je n'y suis pour rien. Celui qui a fait ça, ce n'est personne d'autre que toi-même."
He...in ? Encore une baffe. Tu causais juste pour me dire ça, Anubis ?! T'y es pour rien, vraiment ?! Et ma gorge ?! Et mon état ?! ET CETTE RAGE ?! T'Y ES POUR RIEN, C'EST CA ?!! Et tu disparaissais une fois de plus... Lâche ! Anubis, espèce de lâche ! ... Si... Si ce n'était ni toi ni moi... ? Alors qui ? Quoi ? Ce monstre... ? Étais-je devenu un monstre comme ça ? Je... Je ne comprends plus ! Je ne suis pas ! Je... BORDEEEL ! IL SE PASSE QUOI ICI ?! QU'EST-CE-QUI NE VA PAS AVEC MOI ?!! Je serrais les dents, fermant les yeux. Je ne supportais plus. Je voulais juste fuir, fuir tout ça. Courir au loin, retourner à avant où je souriais comme un pauvre idiot, à avant où... Tout allait bien... ?
Alors je te lâchais, restant face à toi, la tête basse. J'avais mal. Fuir. Je voulais juste... Et je te collais une seconde pichenette au front, roux-cool. Je crois que c'était la seule façon que j'avais pour me dire que... J'étais bel et bien là... Et peut-être bien te rassurer aussi... Bel et bien là, dans cet enfer béant... bel et bien là... Ramenant mes mains sur mes genoux, je lâchais un soupir sifflé, la respiration saccadée. Les chocs ne se calmaient pas eux. Et... j'avais envie de crier tout ça sur un mur. De teinter celui-ci de rouge à force de frapper dedans. A m'en briser chaque os de ma main. C'est ça, être vivant hein ? C'est ça être possédé par un lâche, hein ? C'est ça... d'être ce que je suis... ?
"Re... Revenu de, Jude... ? Revenu de quoi... Je ne comprends pas... De quoi pas moi ? De quoi ne pas m'en vouloir... ? Je... Je suis réellement un monstre ? Un taré... ? Je... Bon sang !"
Je tournais ma tête, dépité, horrifié, dégoûté de moi-même. Dégouté d'une vérité que je sais au plus profond de ma chair, dégouté de m'en cacher à en souffrir. Dégouté de moi-même... Dégouté de cette... folie... Qu'on m'aide... Voilà ce que je souhaitais... Qu'on m'aide...
Tu te sens mieux, et tu sens aussi qu'il va mieux, l'espace de quelques secondes. Tu crois que tes mots l'ont… Soulagé ? Même juste un tout petit peu ? après tout c'est ce que tu espérais, quand tu les as dits. Oui, tu voulais l'aider, le rassurer, c'est lui qui en a le plus besoin. À présent tu vas pouvoir y mettre tous tes efforts, puisque toi-même tu te sens plus calme, plus détendu.
Pendant qu'il semble réfléchir à tes paroles, tu l'observes simplement, essayant de lire quelque chose sur son visage, même si ce n'est qu'une trace, qu'un indice. On dirait que son soulagement ne dure pas, et toi tu te demandes ce qu'il peut bien se passer dans sa tête, pourquoi ce sentiment pourtant très agréable se dissipe déjà.
Il doit sûrement se poser tout un tas de questions, tu l'imagines très bien, ça, puisque tu le fais aussi. Mais c'est certainement plus grave dans son cas, au vu de la situation… Tu devras vraiment, vraiment lui expliquer. Mais comment faire ça ? Va-t-il comprendre ? Toi-même Jude, comprends-tu déjà ? Tu n'en es même pas sûr. Tu as identifié la situation, mais saurais-tu la définir, l'expliquer et donner ses causes ? Ses conséquences ? Probablement pas. Ton expression est elle-même très limitée, parce que même si tu te comprends, ce n'est pas forcément le cas de tout le monde. C'est ça le problème, à présent. Et c'est vraiment très embêtant.
Le voilà qui te lâche, doucement, et qui te fait une pichenette, pour une fois de plus te sortir de ton monde, ton monde dont les réflexions sont bien sombres en ce moment. C'est comme… Comme un moyen de vous reconnecter, tous les deux, de vous dire que vous êtes là, que ça va aller. Le pire est passé, hein ? Muninn étant parti, tu te dis que oui, le pire est passé.
«Re... Revenu de, Jude... ? Revenu de quoi... Je ne comprends pas... De quoi pas moi ? De quoi ne pas m'en vouloir... ? Je... Je suis réellement un monstre ? Un taré... ? Je... Bon sang !»
Surpris, tu écarquilles les yeux. Le message a mis encore plus de temps que d'habitude à monter au cerveau. Auen pense être un monstre, ou un fou ? Peut-être que ça semble normal, de penser ça, mais toi tu ne comprends pas. C'est juste pas lui, c'est pas lui… C'est pas sa faute, comment il pourrait être fou ? Certes, il y a Muninn en plus d'Anubis dans sa tête maintenant, mais Auen tu ne peux pas lui en vouloir… Ni le traiter de fou… Alors euh, tu es un peu paumé quant à comprendre pourquoi il dit ça. Il culpabilise, probablement ?
Tu veux le rassurer. Tu sais faire ça, normalement, non ? C'est vrai que là c'est plus grave que n'importe quand auparavant, et que toi-même tu te remets à peine, mais tu veux vraiment le faire. Alors, de ta petite voix douce et inoffensive, et d'un ton un peu plus posé que d'habitude, tu commences : «Non, Auen… Tu n'es pas un monstre, pas un taré… Et tu lui souris, tout timide et maladroit que tu es, mais avec tout ton coeur. En fait… Tu cherches tes mots, quelques secondes, plongeant tes yeux dans le vide. Il y a… Une autre personne. Pas toi, ni Anubis. Il dit s'appeler… Et tu as du mal à le prononcer. C'est lui, ce nom-là, cette personne-là qui t'a fait du mal. Muninn. Et c'est lui qui… Enfin, qui… Respire, respire. Tu baisses la tête, mordillant ta lèvre inférieure. Mauvais souvenirs. Il me fait… Très peur. Lui… Pas toi.»
Et tu as bien insisté sur le fait que c'est Muninn, le problème, pas lui. Parce que vraiment, tu ne veux pas qu'il culpabilise. Tu souffles un coup, tu as parlé et ça soulage, tu te rappelles que si tu peux en parler, tu peux surmonter ça, c'est fini, c'est passé. Vraiment, ça fait du bien. La seule chose que tu appréhendes à présent, c'est sa réaction. Tu ne peux pas l'imaginer, tu ne peux que l'espérer. Espérer que ça ira. Tu ne veux plus perdre Auen à nouveau, tu ne veux plus. Tu vas donc tout faire pour que ça n'arrive plus. Courage, Jude, courage.
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"Don't even try to find, A reason in your mind. You'll never understand, We are just like night and day !"
Comment faisais-tu, roux-cool ? Pour t'être "calmé" si rapidement ? Calmé est bien un bien grand mot, j'en ai amplement conscience... Mais tu semblais plus détendu, plus... connecté ? Tu ne semblais plus être mal comme il y a quelques instants. Est-ce une simple pichenette qui t'as rassuré à ce point ? Je pouvais au moins sourire et noter fièrement que malgré mon état mental pitoyable, Judy allait mieux. Quel con je fais... Je ne cessais de trembler, serrant mes mains pour éviter de céder. Éviter de me casser la figure en clait. Je ne sentais plus aucun de mes membres, plus aucun signal. Ma vie était comme sur pause. Mon cerveau. Mon esprit. Et pourtant cette douleur... Ce malaise, ça, ça n'était pas sur pause ! Les paroles de ce foutu chacal me travaillaient... Ni moi, ni lui ? Alors... quoi ? Je retombais une fois encore sur la même et douloureuse conclusion que j'étais devenu taré à souhait. Taré à en perdre la boule. Taré a en blesser mon roux-cool... Je restais ainsi, tête baissée par le poids de la honte. Je n'ai pas les épaules assez larges pour porter un tel poids avec beauté. Juste assez larges pour m'écraser au sol...
J'étais juste là, écrasé au sol par ce fardeau, à espérer bêtement que ce n'était qu'un cauchemar. A espérer bêtement que j'allais ouvrir les yeux dans ma chambre au pensionnat, revoir Jude, lui parler, revoir les autres pensionnaires et faire le con comme j'ai toujours fait. Mais au lieu de ça, j'attendais, comme crucifié, que mon temps vienne. Que mon heure vienne, qu'on vienne me sortir de ce néant de douleur et de ténèbres. J'avais sombré. Brisé par une vérité que j'avais longtemps nié. Longtemps refoulée. Longtemps vécu sans. A force de jouer avec le feu, on se brûle. Je m'étais immolé vivant. C'était bien plus probant. L'envie de faire comme ce lâche, de me jeter sous un train pouvait bien me passer en tête. Mais je tenais trop à cette vie. Je tenais trop à ce rêve de merde. Serais-je donc devenu maso en plus d'être cinglé ? Je lâchais un court rire, secouant la tête. No way, pas moyen...
Je redressais la tête vers toi roux-cool, un air morne au visage. Je ne pouvais sincèrement pas sourire. Je n'y arrivais pas. Je pouvais certes te mettre un nombre incalculable de pichenettes au front, ça ne changerait rien au fait que je ne puisse plus sourire. Je n'étais même pas censé pouvoir parler. Je suis juste assez con et maso pour me déchirer la gorge pour toi. Voilà le propre de l'être humain. Etre assez stupide pour souffrir par amour de son prochain, être assez stupide pour faire souffrir les autres, être assez stupide pour se croire Roi du monde... Cela ne me ressemblait-il pas, finalement ? Hahaha... Mais si, complètement... J'aimerais pouvoir me brûler des fois... Ahlàlàlà... Et toi, tu écarquillais les yeux, comme choqué de mes mots. Ils sont pourtant débordant de vérité, Jude... Malheureusement...
«Non, Auen… Tu n'es pas un monstre, pas un taré… Il y a… Une autre personne. Pas toi, ni Anubis. Il dit s'appeler… Muninn. Et c'est lui qui… Enfin, qui… Il me fait… Très peur. Lui… Pas toi.»
Et tu me souriais, tout timide et maladroit que tu étais roux-cool. Devais-je aussi sourire ? Je... Toi aussi tu cherchais tes mots comme j'allais devoir le faire ? Je me tapais une énième baffe mentale. Tes mots arrivés à mes méninges, celles-ci déconnectèrent pour de bon. Je me tétanisais sur place, ne comprenant guère ce que tu me disais. Mu... ninn ? Pas Anubis ? Pas... Les mots de ce chacal me revinrent eux aussi en pleine gueule, finissant de couper ma connexion avec le monde réel. Je buguais. Complètement. Ma respiration s'était coupée courte, et si j'avais pu m'écrouler au sol, je l'aurais fait. Mais non, au lieu de cela, même si extérieurement c'était encore error 404, mentalement, c'était un énorme foutoir. Pas... moi ? Je ne comprends pas ? Jude se serait-il amusé à me mentir pour me faire sourire ? Non... Alors j'étais juste barge... ? Barge au point que... Que... Qu'un autre moi fasse coucou, j'viens en vac ici ?! Ce... C'est impossible ! Je secouais violemment la tête, submergé par les émotions, me mordant le lèvre inférieure, me disant encore une fois, et de trop, que tout ceci n'était qu'un sacrebleu de cauchemar ! J'allais me réveiller ! J'allais... !
Déconnexion. Muninn ? Pourquoi ce nom me rapellait-il celui d'un des oiseaux d'Odin ? Mémoire, hein... ? Mémoire de quoi... ? Je restais là, livide, encaissant le choc comme je pouvais dans mon piètre état. La baffe mentale de trop. J'étais devenu taré. J'allais finir comme tous ces cas que j'avais vu dans les bouquins de médecine, cloué dans un lit, défoncé aux médicaments ? Comme... un vulgaire animal ? Je... Je refusais ! Un autre mouvement de tête de ma part, les dents serrées, rageur. Je refusais. Je refusais. Je refusais. Je niais. Pourquoi avais-je ce don de comprendre si bien les choses et ce si rapidement... ? Lâchant un râle, je te regardais, les yeux au bord des larmes, noyé par mon tourment émotionnel. Que devais-je dire ? Faire ? Réagir ? Fuir ? Nier ? Voilà pourquoi tout ce don j'avais fait le con. Celui qui ne comprends pas. Comprendre fait mal. Comprendre blesse. Comprendre te paralyse. Et te tue, à la fin.
"Je... Je vois. Merci Jude. Pardon... Pardon pour tout ça... Je ne tenais pas à t'effrayer."
J'en prenais naturellement la responsabilité. Quand bien même tu avais appuyé sur le fait que ce monstre n'était pas moi, si il l'est. D'un point de vu médical pour le peu que j'en ai vu, il l'est. Mentalement bien plus. Ce monstre c'est moi, Jude, moi...
"Et si je ne suis pas taré... Je suis quoi ? Sain ? Avec ce... cette chose dans mon crâne ?"
Alors je baissais les yeux, regardant le sol. Comme si une épée de damoclès avait pris place au dessus de mon cou, prête à s'abattre. Abat-toi alors, et vite pitié. Que je me réveille...
Ah— Il a vraiment l'air de… Comme d'avoir un bug, un énorme bug, en comprenant tes paroles. Mais c'est compréhensible, tu imagines bien ce que ça doit faire, d'apprendre ça. Surtout dans ces conditions. Un ami proche qui t'annoncerait que, d'une certaine façon, tu as des problèmes mentaux, et qu'en plus tu lui as fait du mal à cause de ça… Ça te détruirait, probablement. Mais tu ne peux qu'émettre des hypothèses, tu figurer. Beaucoup de choses peuvent être vécues par procuration, par imagination, mais pas ce genre de choses. Ça dépasse ton propre entendement, ta propre imagination. Tout ce que tu auras beau penser ou lire à ce sujet, jamais ça ne suffira. Pauvre, pauvre Auen…
Et toi tu t'en veux presque de lui avoir dit. Mais tu ne pouvais pas lui mentir — même pas par omission. Non, tu devais le lui dire… Qui sait si quelqu'un l'aurait fait, sinon ? Il a bien le droit d'être au moins informé de sa situation, non ? Ainsi, il pourra toujours essayer de s'en sortir… Tu crois… Ahem. C'est dur, tout ça. Vraiment dur. Et c'est pour ça que tu te dois de soutenir Auen du mieux que tu peux. Au risque de croiser à nouveau Muninn. Oui, pour Auen, tu ferais ça. Parce que tu tiens trop à lui pour le laisser tomber. Tu espères que ça ira, vraiment…
«Je... Je vois. Merci Jude. Pardon... Pardon pour tout ça... Je ne tenais pas à t'effrayer.», qu'il peine à articuler, les larmes aux yeux. Tu te dis qu'il ne devrait plus parler, si ça lui fait mal, eh…
Il… En prend la responsabilité ? Alors que ce n'est pas sa faute ? Tu lui as bien dit, pourtant, que tu ne lui en voulait pas, à lui. Et tu es prêt à le lui redire. Mais il semblerait qu'il ne perçoive pas la chose comme toi. Tu sens qu'ils sont deux personnes différentes, mais il semble… Perdu, à ce sujet. Il s'excuse pour ce que Muninn t'a fait, alors il doit certainement penser que c'est quand même lui, quelque part. Tu ne peux pas lui donner tort, tu n'es pas à sa place. Tu ne sais pas ce qu'il pense ou a vécu, alors peut-être que tu te trompes… Mais tu ne peux pas les percevoir comme la même personne. C'est tout bonnement impossible pour l'âme égarée que tu es.
«Et si je ne suis pas taré... Je suis quoi ? Sain ? Avec ce... cette chose dans mon crâne ?»
Là, il baisse la tête. Il est vraiment mal, hein…? Ça te fait tellement de peine. tu détournes toi-même les yeux. Tu ne saurais que répondre à cette question. Tu ne sais pas s'il est taré, tu ne penses pas qu'il le soit, mais que le seul taré, c'est Muninn. Mais Muninn fait en quelque sorte partie de lui, même si c'est une autre personne… Voilà une question bien compliquée.
Tu bafouilles d'une petite voix, moins assurée qu'à l'instant : «Je— Je ne sais pas… Mais, Auen… Je continuerai à te différencier de- de lui… To, je ne t'en veux pas, et— Et je t'aime beaucoup…»
Tu as honte de ne pas savoir t'y prendre, de ne pas pouvoir mieux le réconforter. Mais ces choses que tu viens de dire, tu tenais à lui rappeler, vraiment, parce que c'est important. Très important, pour toi. Et puis, tout doucement, timidement, à ton tour tu lui fais une petite pichenette. Un signe d'affection, un signe pour dire «Je suis là, et je le reste», pour dire qu'il peut aussi bien s'appuyer sur toi quand ça ne va pas que tu t'es appuyé sur lui tout à l'heure. C'est tout ce que tu peux faire, alors tu le fais. Sans hésiter.
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Et te voilà qui galérait de nouveau à trouver tes mots, roux-cool. Je restais seul à seul dans mes abîmes, cherchant une réponse. Une bonne réponse… Une… Une lumière, un chemin, une aide, merde ! Je serrais mes draps, nerveux. J'étais mal, si mal… Depuis combien d'années n'avais-je pas ressenti ce malaise… ? Hein… ? Pourquoi m'avais-tu fait ça, Anubis, pourquoi ? Je serrais les dents, m'efforçant de nouveau à regarder Jude dans les yeux. Lui, il avait eu les couilles. Les couilles de rester et de me dire tout ça. Alors tu allais bouffer ton mal-être, le mettre en boîte, et l'expédier sur Mars, ducon ! J'avais aussi des couilles, hein… ? Je ne savais même plus, mon esprit était trop… perdu pour ça. Je planais dans ce monde dévasté, de désolation… Que faire… ?
Je lâchais un soupire, perdu. Vraiment perdu. Où était ma tête ? Où étais-tu, esprit ? Je voulais ouvrir les yeux. Je ne voulais pas m’immoler en place publique… Juste… Juste… Être avec eux. Juste rire avec eux. Juste faire le con. Juste déconner. Revoir Hansy se foutre de moi. Revoir Jude me faire ses crêpes, revoir tout ça… Et maintenant qu'avais-je de ça ? De la douleur. Une horrible douleur. Si je pouvais virer ses bandages et voir ce qu'il me restait autour du cou… Quitte à avoir mal hein… Je passais les mains sur mon bandages, cherchant comment virer cette saloperies de mon cou. Il… Il me prenait quoi là ? Calme-toi, mec, calme-toi ! Je lâchais mon bandage, enlevant les mains de mon cou. Jude ets là, pauvre con ! Il est là !
«Je— Je ne sais pas… Mais, Auen… Je continuerai à te différencier de- de lui… To, je ne t'en veux pas, et— Et je t'aime beaucoup…»
Hein… J'arquais un sourcil, choqué. Pourquoi… ? Pourquoi me dis-tu ça, Jude ? Je détournais la tête, embarrassé… ? J'étais embarrassé ? Moi ? Ces mots m'avaient touchés… ? Je souriais sans m'en rendre compte, soulagé de telles paroles. J'avais à la fois peur, mais… Mais je me sentais soulagé d'un poids, d'une douleur que je n'aurais jamais supporté ? Puis… Une pichenette ? MA pichenette ? Je rentrais la tête dans les épaules, sourire aux lèvres. Jude, merci, merci ! Je me sentais rudement mieux, tellement mieux… Lui, il était encore là… Il était encore là. Je rendais alors sa pichenette à Jude, lui souriant et ce sincèrement depuis notre conversation.
« Merci, merci, vraiment ! »
Je devais retenir les larmes, ça faisait trop pitoyable pour le coup. Manquerait plus que les poneys et les arcs-en-ciel… Je le serrais contre moi de mon lit, avant de le lâcher, toujours ce sourire aux lèvres, le mien à moi cette fois.
« Je crois que je vais me reposer un peu Roux-cool… Merci d'être venu… mais je pense que c'est aussi usant pour toi que pour moi. Je reviendrais te voir dès que je serais sorti, promis. »
Je me laissais tomber de tout mon poids dans mon lit, ramenant les bras derrière mon crâne, regardant le plafond. Merci, roux-cool, merci. Tout n'est peut-être pas perdu, hein ?
« Cesse de rêver, Auen. »
Que foutais-je ici, encore ? Dans ce monde si froid… ? Non, je ne veux pas y retourner ! Je ne veux pas… ! Je… !
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