Ashton, une dualité étrangement désagréable, toujours agaçante, jamais expliquée, toujours détestée. Comme un adulte jamais sorti de l’adolescence, tu suis un chemin que tu aimes penser avoir tracé, mais qui te mènera dans tous les cas à ta perte.

T’es un mec sympa, au fond. Et aussi en façade, selon ton humeur. Ton sourire est beau, chaleureux, et tu peux en charmer plus d’un avec tes yeux ambrés, tes doux cheveux blonds et ton visage joliment dessiné, aux expressions contrôlées. Tu fais attention à tes gestes, tout compte, chaque battement de paupière, chaque petit rictus de dégoût, chaque clin d’œil amical. Tout est calculé pour prétendre être quelqu’un que tu n’es pas réellement.  

Tu te caches derrière des vêtements amples pour éviter de montrer à quel point ton corps est mince. Tu n’es endurant, fort et rapide que grâce à la magie d’Artémis, et si ton métier est physique et te permet d'entretenir ton corps en le musclant légèrement, tu ne te sentiras jamais à la hauteur par rapport aux autres, et ça te ferait presque enrager si tu n’avais pas cette sorte d’indifférence par rapport à toi-même. Ton corps est devenu étranger. Ton esprit s’est fait envahir. Tu t’es pendant un moment laissé dépérir, parce que tu ne contrôlais plus rien, tu étais en roue libre et tu détestais ça. Tu aimes avoir le contrôle de la machine, être le capitaine du bateau. Mais l’influence de la déesse installée en toi t’a presque rendu fou, son jugement constant te retournait la tête.

Et pourtant, tu ne tiens pas réellement compte du jugement des autres. Tu es du genre à écouter les reproches des gens pour simplement les effacer de ton esprit la seconde suivante. Ils ne sont pas légitimes à tes yeux, ils n’ont rien à te dire, aucune raison de te critiquer. Ils vivent leur vie, pas la tienne, et rien ne changera ça. Ils n’ont aucune emprise sur toi.

Mais tu aimes avoir une emprise sur eux. Jouer avec leurs émotions, leur faire croire quelque chose et sa totale opposée l’instant d’après. Un « je t’aime » suivi d’un « tu me dégoûtes ». Tu ne suis pas de réelle logique dans ta façon d’agir, de jouer, de te divertir. Et le pire, c’est que tu sais que c’est mal, que c’est immoral. Néanmoins, tu ne te qualifierais pas d’injuste. Parce que tu vas faire chier les gens qui te font chier. N’est-ce pas une belle réciprocité ? Une justice à ta sauce ? Il y a des gens que tu ne peux pas supporter, c’est comme ça, c’est physique, c’est une question d’aura, n’importe quoi, tu ne peux juste pas les apprécier pour ce qu’ils sont. Tu ne les aimes que pour les détester. Tu ne les aimes que parce qu’au final, ils te divertissent, dans leur haine, dans leur peur, dans leurs pleurs. C’est ça qui est beau dans ton comportement, Ashton : tu finis par aimer tout le monde, d’une façon ou d’une autre.

Et ceux que tu aimes réellement, spontanément, alors ? Tu as du mal à être près d’eux, à agir normalement avec eux. Ça ne doit pas étonner grand monde, mais tu as des difficultés à exprimer ton affection et ton amour, tout comme tu hais parler de tes peurs, de tes faiblesses, de la tristesse qui ont élu domicile dans ton corps, suivant l’exemple d’Artémis. Alors au final, tu restes loin d’eux, tu préfères marcher seul. La solitude est plaisante, elle ne fait pas mal – la plupart du temps. C’est une lame à double tranchant que tu crois manier à la quasi-perfection, mais elle se retourne parfois contre toi. Ne sois pas trop arrogant, Ashton.

Tu te confines dans ta solitude pour une autre raison : tu n'aimes pas les fouineurs. Parce que tu sais que l'expression que tu aimes afficher - celle d'un mec sympa - ne peut pas tout cacher. Que les gens qui cherchent finissent souvent par trouver. Et que tu ne veux pas être trouvé. Tu veux qu'on te laisse tranquille. Mais tu es plein de contradictions, Ashton. Compris, incompris. Trouvé, perdu. Que veux-tu, à la fin ?

On pourrait enfin dire qu’au fond, tu es devenu un justicier, après ta possession. Tu as vu toutes les failles du monde qui t’entoure, toutes les crasses que les gens se font. Tu détestes la possession, tu as une relation ambivalente avec Immortalia et tu voues une haine ardente au directeur. Et rien ne te fera changer d’avis sur le caractère horrifiant de ce rite barbare qui hante parfois encore tes nuits, malgré l’absence de souvenirs des événements qui se sont produits dans cette salle.

Alors, tu t’es dit que tu voulais renverser la hiérarchie. Faire cesser cette torture. Arrêter le directeur. Mais comment faire ? Bon sang, Ashton, tu es intelligent, manipulateur, mais tu ne te sers pas assez de ta tête sur ce genre de choses. Et puis, tu as peur, au fond. Parce que tu la sens. La main du directeur, toujours sur toi, son ombre autour de la tienne, son influence rampant dans ton cerveau. C’est lui qui t’a fait revenir à Immortalia, au final, n’est-ce pas ?

Tu essaies de te battre comme tu peux. Tu aides les possédés. Tu essaies d’en savoir plus, d’écouter ce qui se dit. Mais c’est dur. Tout est si contrôlé, si régulé. Et les gens ne savent rien. Tu n’es qu’un jardinier, tu n’as pas de pouvoir au sein de l’école, pas d’influence, ton rang est aussi bas que le gazon dont tu t’occupes. Alors tu es frustré, et tu es méchant, mais rien n’excuse ton attitude de bon gros connard pas bien dans ses baskets. Rien.

‹ Informations complémentaires
peur du noir et des pigeons | batifole dans les bars et les clubs | n'est pas encore à 100% calé sur le jardinage | déteste les gens qui abîment les plantes | fume plus ou moins souvent | ne boit pas d'alcool | terrifié par ses propres sentiments | au final, aime bien Artémis | le plus gros lâche du monde

‹ tatouages (de haut en bas, sur le bras gauche)
● une flamme bleue, embrasant un crâne, qui lèche la base de son cou pour mourir sur le bord externe de sa clavicule gauche,
● une autre flamme derrière l’épaule,
● plus bas, entre le biceps et le triceps, un Soleil englobant un M, un « family » prenant place à sa base,
● en dessous du coude, un œil ouvert accompagné d’un autre fermé, entourés des mêmes flammes bleues précédentes,
● ces yeux précèdent des barbelés qui serpentent sur le reste de l'avant-bras, rejoignant un « Mannock » inscrit en lettres majuscules,
● la série de tatouages se termine par le même type de flamme bleue, sur le dos de ta main.

(https://www.zerochan.net/284824 : donc, le C devient un M, le "famiglia" devient "family", le "baracca" accompagné de son cheval devient "mannock" accompagné des 2 yeux. ça reste cependant dans la même disposition, avec les mêmes couleurs, le même design.)

Rien d’intéressant à dire dessus. Tu es né à Birmingham. Ta mère est belle, si belle. Ton père est heureux, si heureux. Famille parfaite.

‹ Enfance
Tu t’épanouis tranquillement. Tu es un enfant facile, qui apprend vite et qui attire la sympathie des adultes, étonnés de voir un gamin si talentueux et si sage. Enfant précoce, tu as même sauté une classe. Tes camarades, eux, aiment bien t’embêter. Pour rire, ou parfois plus. Parfois pire. Mais tu es gentil, tu te laisses faire et tu endures. Parfois que ce n’est que parfois. Parce que ce sont tes amis.
Tu as neuf ans lorsque ton père meurt dans un accident de voiture. Sa voiture a été percutée par celle d’un conducteur ivre (c’est pour ça que tu ne t’es jamais bourré la gueule.). Il est mort sur le coup. Le matin, tu lui as simplement dit au revoir. Il t’a embrassé sur le front et il est parti. C’est le soir qu’on a téléphoné à ta mère. Elle s’est effondrée. Puis elle t’a vu. Femme forte. Elle a tout pris en main. C’est dur de perdre son mari. C’est dur de se retrouver seule à élever un enfant de neuf ans. Mais elle n’a pas abandonné. Elle t’aime tellement, et tu l’aimes tant.
A partir de là, tout dégringole.

‹ Adolescence
Tu deviens un peu plus hargneux, une fois passé au collège, mais les enfants sont cruels et imaginatifs. Il y a toujours une tête de turc, dans une classe. Heureusement pour toi, tu es souvent assez invisible. Immédiatement adoré par les professeurs, toléré par tes camarades, apprécié par quelques amis. Mais tu t’es senti poussé des ailes, parce que tu te sens grand, tu n’es plus en primaire ! Et tu es allé voler au secours de la fameuse tête de turc. Comme punition, tu as été contraint de prendre sa place. Et tu es resté seul. Tes amis ? Ils n’osaient plus te regarder en public, et ne te parlaient qu’en cachette. Quand ils te parlaient tout court. Tu es devenu amer, triste et isolé. Vengeance. Vengeance. Vengeance.
Et la vengeance est un plat qui se mange froid, n’est-ce pas ? Tu as dû attendre un an pour l’obtenir. Des informations sur tes harceleurs, informations croustillantes. Du chantage, vous dites ? En quelque sorte. Un canif, aussi, les dieux seuls savent où tu l’as trouvé. Ces choses combinées t’ont offert la victoire, associées à ce que tu es devenu. Ton esprit s’est tordu et ta nature s’est empoisonnée. Tu as fini par suivre la loi du plus fort. Manger, ou être mangé. Tu restes cependant piètre combattant, préférant utiliser les mots plutôt que les poings. Mais tu as compris une chose. Les mots peuvent faire plus mal que tout. Tu dois rester le plus fort, pour ne pas être piétiné. Tu dois devenir méchant, pour ne pas rechuter. Rester sur ton trône en carton, feindre la malice jusqu’à en être imprégné.

‹ Immortalia
La décision est venue de toi. Comme un coup du destin, une main invisible qui a forcé le choix dans ton esprit. Comme si ta vie suivait un chemin tout tracé. Tu as demandé à ta mère de changer d’établissement. De pays. Un besoin de renouveau, peut-être. Tu n’es pas majeur, mais tu as exigé ton émancipation. Tu ne lui as pas laissé le choix. Et elle s’est dit que ça te ferait peut-être du bien. Elle voyait ton état se dégrader : tes sautes d’humeur, tes coups de sang, tes apathies soudaines. Alors tu es parti. Elle n’aurait jamais dû te laisser y aller.  

Les deux premières années se sont bien passées. Bonnes notes, un peu de grabuge en dehors des cours, mais il semblait que tu t’étais calmé – seulement en apparence, cependant. Vient ensuite la troisième et dernière année. Tu t’es fait posséder le jour de la rentrée. Bon retour parmi nous !
Après ça, ça a été la descente aux enfers. Avec Artémis qui te hurlait dessus sans arrêt, la pression psychologique naturelle d’avoir un autre être dans son corps, toutes ces émotions enfermées en toi qui enflaient sans jamais pouvoir sortir, tu as vécu la pire année de ta vie. Le suicide était une des voies qui s’offraient à toi, si simple, si attirant. Mais tu aimais trop la vie, tu as encaissé, et tu t’es cassé d’Immortalia pour poursuivre les études supérieures dans une université aléatoire. Ça n’a pas trop fonctionné, tu y es resté deux ans avant d’abandonner, de suivre un autre cursus, de nouveau abandonner. Tu es devenu une loque humaine, Ashton, et alors que tu alternais entre trois jobs différents pour pouvoir survivre et que tu venais en fait de te faire virer de deux de ceux-ci, revenu dans le Connemara, tu as vu cette annonce dans le journal local. Recherche d’un jardinier au pensionnat Immortalia. Et c’est comme si la main invisible était revenue, pour te guider de nouveau vers cet établissement que tu as tant haï. C’est sans réfléchir que tu as appelé, et c’est sans réfléchir que tu es allé à l’entretien, tremblant de peur. Et c’est sans réfléchir que tu as accepté le contrat, devant des promesses de logement et d’une paye formidable, « parce que vous avez toujours fait partie d’Immortalia, monsieur ».

Possession
Tu te réveilles. Blanc, tout est blanc autour de toi. Tes yeux s’ajustent à la lumière, aux teintes aveuglantes des murs qui tanguent, et tu te rends compte que tu es dans une infirmerie. Mais pas celle que tu connais. Ton regard est perdu, tu ne comprends pas. Tu veux te redresser mais un mal de crâne foudroyant te fend ta tête en deux et tu grimaces en lâchant jurons après jurons, qui auraient fait froncer les sourcils à ta mère si elle t’avait entendu. Désolé, maman. ‘En parlant d’elle, je suis sûre que ta mère ne t’a pas élevé comme ça, sale chien.’

« Hm hm… »

Attendez… quoi ? Tu te redresses péniblement en position assise, déclenchant de nouveau des éclairs douloureusement intenses dans ton crâne, et tu regardes autour de toi. Rien. Personne. C’est vide. Les lits sont inoccupés, la porte est fermée.

« Putain, c’est quoi le problème ? »

Ta voix basse se faufile hors de ta bouche asséchée, suivie par une voix indéniablement féminine, semblant venir de partout à la fois.

‘Tu es le problème principal. Tu n'aurais jamais dû naître. Et je n’aurais jamais dû me retrouver dans TON corps, profanateur écervelé. Par Zeus, les hommes sont tous les mêmes, ils ne se sont pas améliorés depuis ces quelques millénaires.’

Tu ne comprends pas. Tes yeux continuent de chercher autour de toi une preuve rationnelle de la situation aberrante dans laquelle tu te trouves, mais l’infirmerie reste désespérément vide, tandis que résonne encore dans ta tête la haine qui suintait des propos de la voix.

« Qui êtes-vous ? Où êtes-vous ? »

Tu es encore groggy, tu n’arrives pas à comprendre. Ou bien est-ce ton esprit qui ne veut même pas y penser ?

‘Tu n’as point besoin de crier. Je suis Artémis. Tu es mon possédé.’

**************************

Une vaste arnaque. Elle a passé les quinze minutes suivant cette déclaration à essayer de t’expliquer ce qui venait de se passer. La possession, tout ça. Tu n’y as pas cru, d’abord, mais tu as dû te rendre à l’évidence : ce n’était pas un canular. Pas une blague de tes pseudo-potes. Pas une fête surprise de bienvenue en dernière année de lycée. C’est la réalité, Ashton, et tu as intérêt à t’y faire.

**************************

A présent, te voilà en train de te battre avec Artémis. Ton corps est si faible, ton esprit si fragile. Elle a eu le temps de plonger dans tes souvenirs, de décrypter tes rêves, de boire tes pensées. Et maintenant, elle s’attaque à toi. Par pure méchanceté, par frustration, mais également par besoin de prouver sa domination. Tu comprends qu’elle est compétitrice, surtout contre les hommes. Elle veut t’asservir, faire de toi son animal de compagnie, qu’elle pourrait contrôler à son gré. Mais tu n’as aucune envie de te soumettre à cette vieille déesse arriérée. Alors tu te bats pour le contrôle, les mains accrochant tes draps à en faire blanchir tes articulations, les dents serrées pour retenir ce cri de rage qui menace de sortir. La sueur a trempé tes beaux cheveux et se mêle aux larmes perlant de tes yeux pour dévaler tes joues. Bon courage, Ashton. Le jeu ne fait que commencer.

Retour à Immortalia
‘Jardinier ? JARDINIER. Nous prendrais-tu pour Déméter ? Nous ne sommes pas Alma Mater, à ce que je sache !’
Ecoute. J’ai choisi ce métier parce que j’aime travailler au contact de la nature, et que j’ai découvert ce petit don que j’ai acquis avec la possession. Avec ton arrivée. Alors tu arrêtes de te plaindre, et tu te réjouis plutôt, vieille sorcière. C’est pas pour te faire plaisir, mais j’ai sélectionné un job qui nous convenait le mieux, à tous les deux. Alors ferme-la et laisse-moi profiter de ma première journée de travail TRANQUILLEMENT.

Un silence suit ta tirade silencieuse. Tu penses l’avoir calmée, ce qui n’est pas forcément la chose la plus simple à faire.

‘D’accord. Merci, garçon.’
Tu vois, quand tu veux.

Tu l’imagines ouvrir sa bouche immatérielle, puis la refermer. Un petit rire t’échappe tu te diriges vers le local renfermant tous les outils nécessaires pour s’occuper du vaste jardin d’Immortalia. Ça te fait bizarre d’être de retour ici. Et le contraste te frappe, d’un coup. Quand tu as quitté l’établissement, ta tête menaçait d’exploser et ta relation avec Artémis était encore un poil catastrophique. Et maintenant que tu es de retour dans ce trou à merde, tout a un peu changé. Tu as muri – juste un peu – et vous arrivez à cohabiter, maintenant. Les gens changent, la vie continue. Et elle ne vous attend pas. Alors il ne faut pas s’arrêter, toujours aller de l’avant. Survivre, comme on peut.