Des forêts luxuriantes, le doux bruissement des feuilles dans les arbres, les rayons su doleil, chauds et accueillants. Un héros courageux, aux fins traits, devant affront sa destinée, rencontrant une douce aimée, prête à lui offrir son coeur lorsque le monde ne sera qu’un peu plus en paix. “Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants” aurai pu  être la fin d’une des ces histoires qui me plaisait tant ! Mais alors que je finissais la lecture de cette saga de Lancedragon, je ne pu que tirer une grimace. La fin n’était pas heureuse. un frère avide de magie tuant son jumeau protecteur, le mal avalant un à un nos héros, mourrant dans d’atroces souffrances, incapables d’empêcher le retour des dragons. J’avais pris tant plaisir à m’attacher à ce demi-elfe, aux princesses barbares et à l’humaine au caractère bien trempé !

Je refermai le live, attristé par cette fin, et je regardais la douce lumière de ma petite lampe. Moi aussi, j’aurais aimé vivre des aventures riches en émotions comme celle-ci ! Si… Si j’avais été moins faible. La lumière vacilla un instant avant de me plonger dans le noir complet. Les battements de mon coeur se faisaient entendre, alors que je sentais mon Mâitre chercher les mots, chercher les souvenirs qui pourraient me tourmenter. Mais une question me tracassait ces derniers temps. Mon Maître m’avait parlé de mes parents, une fois. Insinuant que je pourrais les revoir. A vrai dire, je connaissais très peu de choses sur lui,qui se contentait de me rappeler qui j’étais. Ses mentions se faisaient rares, et étaient toujours associées à Os…

« Tss….»
«Ex-Excuse-moi Maître… Mais je ne c-comprend p-pas...»

«Sache juste que je suis le dieu funéraire légitime. Je n’ai que faire de ces usurpateurs. As-tu d’autres questions dérangeantes, gamin? »

J’a… J’avais parlé trop vite. Mon corps me faisait mal et je me recroquevillais. Je me souvenais que mon Mâitre avait déjà mentionné sa légitimité auprès de mon ancien colocataire de chambre. Qui était vite parti. Il lui avait donc fallu attendre quelques mois pour devoir en accueillir un nouveau. D’ailleurs… Celui-ci ne devait pas tarder à arriver, non?

«Je suis sûr qu’on pourrait le briser, tu ne crois pas Justin?  »

Maître… Je serrais les poings. Ces derniers temps, il était difficile pour moi de ne pas éder à des crises de colère, provoquées en grande partie par lui. Mais un bruit de clé me tira de ma torpeur. Me recroquevillant de plus belle dans mon placard, j’attendais, et écoutais. Était-ce lui? Il n’allait pas le découvrir en cherchant à installer ses affaires, si? J’étais surement le plus piètre de tout les déchets.

Leila m’avait amenée jusqu’au couloir des chambres des garçons en me pointant du doigt un petit couloir menant à une porte légèrement plus élevée que les autres. Puis elle était repartie de son côté.
*Pourquoi on est obligés de partager la chambre de quelqu’un ?*
*Gain d’espace…*
*Et perte de sécurité personnelle ainsi que de vie privée… C’est vraiment idiot comme idée. Autant faire des petites chambres individuelles que des grandes communes à 5 personnes.*
*Écoute ce n’est pas moi qui décide mais le vieux, donc tu verras avec lui…*
*… j’espère que ce n’est pas un fou furieux meurtrier qu’on va avoir…*
*On va bien voir…*
À ses mots j’ouvre la porte de la chambre 213 sans toquer. Celle-ci s’ouvrit sur une pièce qui semblait dater du siècle dernier malgré les fenêtres modernes. La pierre du mur extérieur était apparente et les combles du bâtiment également. Il y avait deux lits de chaque côté de la pièce, dont un des deux était recouvert d’un drap pour le protéger de la poussière qui s’accumulait dans la pièce. Un de mes sacs et une valise étaient posés dessus, attendant mon arrivée.
*Personne ? Étrange…*
*Pourquoi ? On est en pleine journée… Il est probablement dehors…*
*Lampe de chevet encore allumée… fenêtre ouverte… lit défait… des fringues qui trainent…*
*Peut-être quelqu’un de peu ordonner.*
*…*
Sans plus attendre je m’approche de mon futur lit et ouvre la valise. À l’intérieur je retrouve avec joie les vêtements qui m’ont suivi à travers tous mes déplacements à travers le monde. Je porte alors mon attention sur mon sac à dos. Celui-ci avait vécu et en portait quelques traces, 2-3 trous et la peinture qui commençait à disparaitre par endroits, cependant je ne pouvais me résoudre à le remplacer. L’ouvrant, je retrouve mon OnePlus One flambant neuf de mes 18 ans que j’avais à peine eu le temps d’utiliser suite à ma mise en quarantaine. Je le glisse dans ma poche avant droite de pantalon. Je parcours rapidement mon sac retrouvant divers objets ayant une quelconque importance à mes yeux. Ayant fini d’inspecter mes affaires, je me dirige vers l’armoire à côté de mon lit et l’ouvre, celle-ci était vide et possédait énormément d’étagères.
*Va ouvrir l’autre armoire s’il te plaît…*
*Hein ? Pourquoi ?*
*Va ouvrir l’armoire…*
Je m’exécute et m’approche de l’armoire miteuse de l’autre côté de la pièce. Arrivant devant la porte j’entends alors une respiration, faible mais existante quand même.
*Bullseye…*
Ouvrant lentement la porte, je découvre alors une tignasse rouge que je ne connais que trop bien. Je sens alors mon souffle se couper et la surprise se peindre sur mon visage.
"Runner ?!"

Les pas se rapprochaient. S’éloignaient. Parfois… Rien. Puis ils revenaient. L’inconnu semblait fureter légèrement dans la pièce, et chaque crissement de parquet… Étaient à la fois un doux son pour mes oreilles, et une terrible torture. Il allait me trouver ! Et qu’allait-il donc penser de moi? Il allait sûrement me prendre pour ce que je suis au quotidien: un être ridicule et indigne d’intérêt…

«Oh… Il s’approche Justin… Que vas-tu faire? »
*Je…*
«Ses pas se font proches, les entends-tu ? Il est juste devant...»
*N-non…*

Si… C’était vrai… J’entendais le crissement distinctif d’une personne se tenant immobile… Pourquoi avait-il fallu que je me trouve là? La malchance me suivait constamment. Au plus grand plaisir de mon Maître mais je…

La lumière. Elle fut vive. Intense. Par réflexe, je me tenais au plus profond du placard, roulé en boule en ne laissant plus que cette chevelure rousse si reconnaissable dépasser de la masse que je formais.

*S-S’il vous plait… S’il vous pl-plait… Rendez-moi invi-visible...*

Une supplication. Idiote. Irréfléchie. Qu’allait-elle m’apporter? Rien !

«Runner?! »

L’exclamation me fit pousser un cri de surprise. Il fallait que je sorte, je n’étais plus en sécurité ici ! Mais où? Je m’élançais hors de ce dernier en bousculant légèrement la source de ma frayeur. Je bondissais ensuite sur mon lit pour venir me cacher derrière mes oreillers, roulé en boule contre le mur. J’avais comme une armure d’oreillers. Me tenant face à l’inconnu, mon regard se faisait curieux et apeuré, tel un animal sauvage…

«Je… Je ne s-sais pas qui est ce … R-Rinder...»

Protégé par mes inoffensifs oreillers, je me préparais même à lui en lancer un pour me défendre d’un quelconque danger.

«V… Vous… Vous êtes mon nouveau co… c-colo… c… Coloca-cataire ?»

Flash d’images. Grand sourire avec un soleil éblouissant. Les toits des favelas. Le crâne explosé contre une caisse. Je tire une grimace et chasse ses pensées d’un mouvement de la tête.
*Ce n’est pas possible abruti...*
*En effet abruti.*
«Je… Je ne s-sais pas qui est ce … R-Rinder...»
Récupérant mon air neutre, je tourne la tête en direction du lit où mon colocataire s’était réfugié. L’observant, je ne peux m’empêcher de remarquer la peur qui transparaît sur son visage à moitié dissimulé par les oreillers.
*Aurait-on trouvé un petit lapin ?*
*De quoi tu parles ? C’est juste un gamin complètement paumer…*
*C’est bon les lapins…*
*…*
*Tststststssss*
*Arrête de te foutre de moi…*
Ignorant les ricanements de skouateur, je referme doucement la porte de l’armoire.
«V… Vous… Vous êtes mon nouveau co… c-colo… c… Coloca-cataire ?»
Je hoche lentement la tête tout en continuant d’observer Nathanaël.
"Nathanaël je présume. Le vieux m’a dit que je serai ton coloc’ le temps que je serai ici."
Sans plus un mot, je retourne à mes affaires et commence à les ranger dans mon armoire.
*Tu pourrais te présenter au moins…*
"Fergal le prénom." fis-je en haussant les épaules.