Sujet: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Ven 17 Fév - 1:02
Le matin. Le moment préféré de la journée de Gyula. Son portable indiquait 3h34 lorsqu'il se réveilla. Parfait. Il traîna une bonne dizaine de minutes le temps de bien se réveiller puis se leva discrètement, prit quelques affaires et alla dans la douche commune. Il se lava rapidement et se sécha à la même vitesse avant d'enfiler ses vêtements et de se préparer devant le miroir. Une fois tout ceci fait, il s'observa un moment et poussa un soupir.
« Hm... Tu t'admires si tôt le matin ? En plein jour de congé?
C'est pas un jour de congé, c'est le week-end. Et je m'admire pas. Il soupira encore en se frottant le visage avec ses mains. Il passa du temps à brosser ses cheveux, c'était important pour qu'ils ne soient pas tout emmêlés et moches alors qu'ils étaient beaux. Il se pencha en avant et enfila ses lentilles cyans. Il se regarda et sentit ses yeux s'irriter et piquer, il grogna un juron et les retira. Il était déçu de ne pas pouvoir mettre ses lentilles. Il se frotta les yeux qui dont le blanc avait rougi et desquelles des larmes coulaient.
- Qu'est-ce qu'il y a ??
S'inquiéta le dieu nordique. Gyula se rendit compte que c'était la première fois que Freyr assistait à ça. Il lui expliqua plutôt calmement qu'il avait trop porté ses lentilles ces derniers temps et que ses yeux avaient besoin de se reposer. Il rangea sa petite boîte dans sa sacoche après avoir bien séché ses larmes et sortit une autre boîte, plus grande, d'une des poches de la sacoche. Il l'ouvrit et regarda ses nombreux piercings, se demandant lesquels il allait mettre aujourd'hui. Après quelques minutes de réflexion, il décida de prendre les classiques et les mit à ses oreilles. Il s'écarta du lavabo pour mieux se voir, son regard vagabonda sur son jean noir, remonta sur son t-shirt manches courtes blanc et sur sa tête. Il hocha doucement la tête et enfila son sweat rouge. Il prit le reste de ses affaires et retourna dans sa chambre pour les déposer. Il mit ses bottines noires et un sac dans lequel il mit le strict nécessaire.
Une fois en dehors du pensionnat, le Norvégien sortit un de ses masques à gaz qu'il plaça sur le bas de son visage puis attrapa son casque il mit correctement sur ses oreilles. La musique résonnait fort dans ses oreilles, c'était agréable. Il faisait encore nuit, l'air était humide et surtout, personne n'était là. Il était seul. Sauf si on prenait en compte la présence du dieu. Il sortit de l'académie, frissonnant. C'était la première fois qu'il allait en dehors de ce portail. La première fois depuis son arrivée. Son cœur battait de plus en plus fort, il avait l'impression de faire quelque chose d'interdit alors que ce n'était pas le cas. Il avait presque peur. Et si ça ne se passait pas bien ? Et si des gens « normaux » découvraient son secret ? … Il inspira profondément et poussa un long soupir pour se calmer. Il se ressaisit et continua son chemin qu'il éclairait avec la lampe-torche de son portable. C'était pratique ces trucs-là ! Le jeune homme marcha. Il marcha. Longtemps. Trop longtemps peut-être. Il fit un pause, essoufflé. Il retira son masque pour pouvoir mieux respirer l'air frais du matin. Il regarda devant lui et sentit la panique revenir. Est-ce qu'il allait dans la bonne direction ? Il regarda l'écran de son portable : pas de réseau. Il poussa un soupir. C'était sans doute bon signe. Il se remit en route, il n'était sans doute pas près d'arriver, mais il le fallait. Il y avait une chose qu'il voulait voir et c'était aujourd'hui qu'il voulait la voir.
Après avoir marché pendant un long moment, Gyula se retrouva enfin au sommet des collines. Il posa son sac sur l'herbe mouillée et s'assit, épuisé. Il n'avait vraiment pas l'habitude de marcher, encore moins en pleine nuit. Il avait même réussi à se perdre, heureusement qu'un groupe d'hommes passaient par-là et lui avaient indiqué le bon chemin. Il inspira l'air frais et pur, l'appréciant totalement malgré la présence de son masque à gaz devant son nez. Il se pencha en arrière et s'appuya sur ses mains, les matinées dans la nature étaient les meilleures. Il jeta un coup d’œil rapide à son portable. Il allait être 6h. L'humain sentit l'excitation de son dieu qui avait hâte de voir ce spectacle magnifique. Après un long moment d'attente, le ciel s'éclaircit petit à petit et les rayons du Soleil percèrent les nuages gris allant caresser les végétaux et les animaux qui peuplaient ce village. La vue était à couper le souffle. Le mélange des couleurs pâles, vives, chaudes et froides. Les nuages qui se dissipaient petit à petit. Le tout accompagner du son des cloches des vaches. C'était paradisiaque. Gyula en eut des frissons et Freyr s'excita de plus en plus.
- Tu fais un excellent travail ici... »
Le dieu nordique s'égaya davantage. C'était la première fois que son humain le complimentait. Ce dernier ressentit la fierté qu'avait le dieu et sourit. La nature était tout ce qu'il y avait de mieux en ce monde. Définitivement.
L'étudiant sentit son ventre gronder de faim, il ouvrit alors son sac pour en sortir des petits gâteaux qu'il grignota en observant la nature. La journée allait être bonne, il le savait. Une journée qui commençait comme ça ne pouvait être que bonne. Après avoir attendu quelques instants, il s'étira de tout son long et se laissa tomber en arrière, le ciel était vraiment beau et clair... Ses cheveux s'imprégnèrent de l'humidité de l'herbe, un peu de terre aussi, tant pis. C'était agréable... C'était comme faire la planche dans l'eau, comme s'il flottait et se laissait aller au gré des vagues. Sans qu'il s'en rende compte, son corps s'engourdit, ses paupières se fermèrent et il s'endormit profondément en plein milieu de la nature.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Ven 17 Fév - 22:59
Le week-end. Il avait toujours adoré. Parce que les deux journées étaient à lui. Entièrement et absolument. Dès sa plus jeune enfance, ses parents l’emmenaient se promener dans le parc du coin, à quelques minutes de leur domicile. D’abord à poussette, puis titubant sur ses petites jambes, et enfin avec assurance, le visage toujours levé en quête d’un bout de ciel entre le feuillage plus ou moins épais des arbres qui bordaient le chemin, parfois de terre, sinon de goudron, tendant l’oreille pour le chant merveilleux d’un oiseau, haut perché dans les arbres à la cime lointaine. Les jours de chance, on pouvait voir courir les écureuils le long des branches d’arbre, éclairs roux qui ravissaient le gamin qu’Ashton avait été. Par habitude et par envie, celui-ci avait continué à se promener durant son temps libre, dans une paisible solitude. Ayant passé trois années au pensionnat, Ashton connaissait les environs. Il avait en effet passé plusieurs heures à errer jusqu’à se familiariser avec les différents endroits autour de l’établissement. Et il avait découvert la magie de Knocksouth. Ashton préférait ce petit village, ses champs et ses pâturages au bruit et à la civilisation de Galway, bien que les Irlandais soient des personnes adorables. Disons que pour se promener, le calme et la tranquillité étaient les bienvenus. Et puis, si vous aviez vu les lieux ! Des lieues et des lieues, qui ne semblaient pas en finir. Et le retour à la nature. L’air frais accompagné du vent cinglant. Le truc qui cassait un peu l’image du mec qui se lève alors que tout est encore gris pour emprunter les petits chemins et prendre un bon gros bol d’air frais, c’était qu’Ashton dormait beaucoup trop et ne parvenait jamais à se lever seul. Surtout qu’il avait tendance à veiller tard le soir. Alors ses sorties se faisaient généralement en fin de matinée – très rare – ou en début d’après-midi.
Ce week-end là ne fit pas exception. Ce ne fut que lorsque le réveil du blond sonnait pour une énième fois qu’il se réveilla, grognant et se frottant les yeux, la lumière coulant déjà à flot à travers la fenêtre au rideau à moitié fermé. Il bâilla, grogna de nouveau et s’étira, pour s’asseoir au bord de son lit. ’Tu ressembles à un ours tout juste sorti d’hibernation. Mais je dois te confier que les ours sont bien plus mignons que toi.' Ashton lâcha une grossièreté et Artémis en glapît d’outrage, s’empressant de lui faire la morale. Il poussa un soupir qui se transforma en bâillement, et finit par se lever et se préparer sans se presser.
Il faisait étonnement beau. Enfin, tout était relatif. Pour Ash, en tout cas, le ciel était magnifique, d’un bleu pâle que l’on apercevait derrière les nuages cotonneux, d’un joli blanc. Le Soleil jouait à cache-cache, mais le jeune homme pouvait sentir sa caresse sur sa peau, prenant un pseudo bain de soleil devant le pensionnat. Il devait être plus de onze heures, et la journée était déjà bien entamée. Ashton replaça une des bretelles de son sac à dos, et passa la seconde sur son épaule de libre. Il y avait fourré une bouteille d’eau, un livre de poche, une pomme, des tomates cerise et deux barres de céréales.
- Pas de temps à perdre, une longue route nous attend ! s’exclama-t-il avec vigueur, s’élançant sans plus tarder vers le lourd portail d’Immortalia.
Ashton progressait rapidement, marchait à grands pas. Chaussé de rangers et vêtu d’un pantalon noir, d’un t-shirt anthracite à manches longues et d’une parka kaki, il allait sans ralentir, pressé de retrouver le lieu qu’il avait tant aimé, et qu’il aimerait encore tant. Un léger sourire aux lèvres, il appréciait le bruissement des feuilles des arbres autour de lui, il saluait à mi-voix, en passant le bonjour d’Artémis, les oiseaux qui pépiaient au dessus de sa tête, l’accompagnant dans sa quête. Ashton ne s’arrêtait pas de marcher, regardant autour de lui. Il eut un brusque sursaut mental de panique, craignant d’avoir oublié comment y aller et par conséquent, s’être perdu, mais il reconnut un couple d’arbres entrelacés, et sut qu’il allait bientôt arriver à destination. Poussé par l’enthousiasme et la joie, il se mit à courir, dévorant les derniers mètres qui le séparaient de son but, et finalement…
Les collines. Les collines de Knocksouth. Ashton s’arrêta un instant, ouvrant les bras en croix et inspirant un bon coup, un rire ravi s’échappant de ses lèvres et s’envolant vers le ciel doux et tendre. C’était comme revenir chez lui. Combien de fois était-il resté ici, au sommet de cette colline, se sentir le roi de tout, le roi du monde, admirer la vue et piquer des sommes dans l’herbe fraîche ? D’ailleurs, il repéra quelqu’un qui roupillait là-bas. Ashton éprouva d’abord une sorte de jalousie, mais se retint de crier à la colline – à sa colline – quelque chose comme « Tu m’as trompé ! Je te faisais confiance, et tu as amené cet inconnu ici ! ». Il était légèrement possessif, croyant que personne d’autre ne fréquentait ce coin perdu de Knocksouth, en dehors des habitants du village. Mais il fallait se rendre à l’évidence : quelqu’un avait investi l’endroit, et Ashton ne pouvait rien faire contre. Finalement, après quelques secondes, il éprouva même un peu de sympathie, car si la personne était là, à faire la sieste, c’était qu’elle aimait l’endroit. Et Ashton aussi aimait l’endroit. Coup de chance, uh ? Il s’approcha donc de l’inconnu, remarquant d’abord le masque à gaz Pourquoi un masque à gaz en plein jour, en dormant ? puis les piercings J’aime et j’approuve. L’inconnu ne devait pas avoir plus de vingt ans, à vue d’œil. Ashton ne l’avait jamais vu au village, mais peut-être s’y était-il installé durant son absence ? Ou bien un mec de Galway. Ou, tout simplement, un élève d’Immortalia. Un normal ou un M ? Ashton laissa son regard planer sur le garçon qui semblait toujours endormi, s’accroupit à trois mètres de lui et, les coudes reposant sur ses genoux, il prit son propre visage dans ses mains en coupe, réfléchissant. Le réveiller, le laisser dormir et apprécier la vue ? Partager à manger, peut-être ? Ashton sifflota un petit air guilleret, se releva et se mit à faire les cent pas, les mains sur la nuque et le visage vers le ciel. S’il était le garçon, il ne voudrait pas être réveillé. Alors il ne le réveillerait pas. Et… irait s’installer dans l’arbre. ’J’espère que tu tomberas, que tu te briseras la nuque et que tu mourras.’ Très gentil à toi de me souhaiter bonne chance. Mais je n’ai pas besoin de chance. Je suis doué de talent inné pour grimper dans les arbres, t’en fais pas. ’Meurs.’ Il eut un rire, qu’il étouffa rapidement, et en quelques gestes nets et précis, Ashton se retrouva debout dans le creux que formait le tronc d’un sycomore avant que ses branches ne partent chacune d’un côté. Il promena son regard autour de lui, souriant tandis que ses yeux rencontraient alternativement une branche, le paysage plus loin, une branche, le paysage encore plus loin, une branche, les arbres derrière, une branche, et après un beau tour complet… UNE FOUTUE TÊTE JUSTE LA QUI LE REGARDAIT. Ashton fit un bond – sur place – et manqua de se casser la figure, et pour éviter de perdre l’équilibre sauta à terre, puis se mit face à l’inconnu, celui qui était censé faire une sieste mais qui désormais le dévisageait.
- Salut ? Bien dormi ? Un peu compliqué, avec le masque à gaz, non ?
Il lui sourit, ayant retrouvé son calme et la maîtrise de soi.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Sam 18 Fév - 17:43
Ce fut d'abord le chant des oiseaux qui le réveilla à moitié. Des oiseaux ? Non... Un seul. En fait, ça ne ressemblait pas vraiment à un oiseau qui chantait... A moins que ce soit autre chose... Gyula ne se réveilla pas pour autant, appréciant le confort du sommeil et du sol. Les rayons de soleil caressaient et réchauffaient son corps tandis que le vent léger l'effleurait et faisait se mouvoir ses cheveux. Rien n'était plus parfait que cet instant. Mais quelque chose tracassait le jeune homme : l'intensité de lumière. Il poussa un faible grognement et ouvrit légèrement les yeux. Il se redressa alors qu'il essayait de s'habituer à la luminosité. Il regarda le paysage et sourit derrière son masque. Aussi beau que ce matin ! … Que ce matin ?.... Fæn* ! Il chercha son portable qu'il trouva dans sa poche et regarda l'heure. C'était déjà la fin de matinée. Fæn ! Fæn ! Fæn ! Instinctivement, il regarda rapidement dans ses affaires pour vérifier que tout y était. Au moins, personne vient ici...
« C'est ce que tu crois ! Je sens la présence de quelqu'un...
Les sens de l'humain se mirent en alerte. Il regarda autour de lui et remarqua directement l'autre dans l'arbre. Des cheveux blonds, entre courts et mi-longs qui volaient à chaque souffle du vent. Il semblait jeune mais un peu plus âgé que lui, à l'aise à sa place, gai aussi. S'il devait le comparer à quelque chose, ce serait sans doute à Adonis, de la mythologie grecque, bel homme en phase avec la nature... Inconsciemment, il s'approcha de lui, laissant son sac là où il était. Ce spectacle était beau, ça le touchait. Il voulait le voir de plus près, oubliant tout sauf les collines, cet arbre et cet inconnu. Ces trois éléments allaient tout à fait ensemble. Comme si la nature s'était imprégnée de lui, comme s'il s'était imprégné d'elle.
- Gyula !
Le rappel à l'ordre du dieu nordique fit tressaillir Gyula qui se rendit compte qu'il s'était beaucoup trop rapproché. Mais c'était trop tard, leurs regards se croisèrent, il remarqua que l'autre avait sursauté et s'était plus ou moins rattrapé en sautant par terre.
- Salut ? Bien dormi ? Un peu compliqué, avec le masque à gaz, non ?
Le Norvégien se retrouva là, comme un idiot, à ne pas savoir quoi faire. Ce n'était pas son genre d'aborder quelqu'un et encore moins de s'approcher de cette façon. Il ne put s'empêcher de le détailler du regard. Ils faisaient à peu près la même taille, ses yeux lui rappelaient l'ambre et son sourire dégageait une chaleur étrange. Il était sur le point de continuer son observation plus bas quand il se rendit compte de ce qu'il faisait. Il le regarda droit dans les yeux, neutre, et répondit quelque chose rendu incompréhensible par son masque.
- … Hm... Gyula... Si tu me permets cette remarque... Je ne pense pas qu'il puisse te comprendre avec ton masque...
L'étudiant ne broncha pas à sa remarque et baissa la tête pour défaire son masque. Il en profita pour passer ses mains dans ses cheveux, essayant de retirer un peu la terre qui s'y était accrochée. Il attacha son masque à sa cuisse pour plus de facilité et remarqua que son pantalon était mouillé et sale de terre mouillée et de brindilles. Il essaya alors de le « nettoyer » du mieux qu'il pouvait en frottant ses mains et poussant des grognements d'agacement. Après un court combat contre les brindilles et la terre, il déclara forfait et se redressa pour faire face à l'inconnu. Son regard était sérieux, son visage fermé.
- … T'es idiot si tu penses qu'on peut pas dormir avec un masque à gaz.
Il entendit son dieu soupirer. Gyula avait beau avoir été sous le charme du paysage avec cet homme, ce n'était pas pour autant qu'il perdait ses habitudes. Il se moquait bien que ce type soit plus âgé ou non, le tutoiement était tout ce qu'il connaissait. Après tout, c'était comme ça qu'on l'avait éduqué et qu'on éduquait tous les petits Norvégiens... A la différence que celui-ci se fichait totalement du respect envers les inconnus, surtout lorsque sa famille n'était pas là pour lui faire signe de bien se comporter. Il fourra ses mains dans les poches de son sweat pour réchauffer ses doigts encore humides et se tourna à moitié pour surveiller son sac et en même temps garder un œil sur le blond.
- Ça fait longtemps qu't'es là ?
Ajouta-t-il d'un ton suspicieux. Il avait de quoi l'être après tout. Il ne le connaissait pas, n'avait pas vraiment envie de le connaître (quoique), et ne savait pas s'il avait profité qu'il dorme pour toucher à ses affaires. L'humain le regard du coin de l’œil, le détaillant encore une fois, il remarqua le tatouage qu'il avait au cou et se rendit compte qu'ils avaient sûrement plus de points en commun que ce qu'il s'était imaginé. Tout le monde ne venait pas ici, sur ces collines. En tout cas c'était l'impression qu'avait eu le Norvégien. S'il était là, ce n'était pas pour rien et vu comme il observait la nature du haut de son arbre, il devait sûrement être venu pour admirer le paysage. Tout comme lui. Il détourna son regard et s'écarta un peu, trouvant leur proximité étouffante. Le vent souffla un peu plus fort et à cet instant précis, il ferma les yeux et inspira profondément. Croyant qu'il pensait, il murmura :
- Ça fait du bien... »
Son visage s'adoucit et il se détendit légèrement, oubliant presque la présence de l'autre. La nature avait ses propres charmes et il n'avait jamais su y résister...
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Dim 19 Fév - 14:20
Le temps que le garçon lui fournisse une réponse claire et audible, Ashton se rendit compte d’une chose qu’il n’aurait pas pu remarquer s'il ne s’était pas levé. Il était grand. Presque aussi grand que le blond. On pourrait comparer cette situation à la rencontre de deux chiens dans la rue, deux grands mâles. Et souvent, les grands mâles ne touchent pas aux petits mâles mignons, mais cherchent à déchirer les chiens qui sont aussi imposants qu’eux. Disons qu’Ashton aimait le fait d’être grand, déjà parce que les femmes avaient souvent un faible pour les mecs grands – et Artémis qui s’indigne en arrière-plan – et que dépasser, c’est dominer. Et il aimait dominer, se sentir important, les trucs comme ça. Ashton attendit cependant de se faire une petite idée du caractère de son interlocuteur dont l'apparence quelque peu singulière avait éveillé la curiosité du blond. D’ailleurs, il avait bien envie de rire, en voyant le garçon galérer à retirer la terre et les brindilles collant à ses habits. Il était divertissant. Hautement divertissant. Et son visage pâle était agréable à regarder, une fois qu’il avait enlevé son masque à gaz. D’ailleurs je continue de me poser la question mais pourquoi un masque à gaz ? ’Demande-lui, vous êtes entre mâles, vous parlez le même langage barbare.’
- … T'es idiot si tu penses qu'on peut pas dormir avec un masque à gaz. Ça fait longtemps qu't'es là ?
Ashton sentit qu’il serait amusant de converser avec un individu comme celui-là qui ne manifestait aucune marque de respect – bien que ça ne dérangeait pas vraiment Ashton – et restait dans une attitude complètement fermée. Il ne semblait pas être du genre à sociabiliser très très rapidement, contrairement au blond. D’ailleurs, il semblait garder un œil sur le sac posé sur l’herbe, sûrement le sien. Bien sûr qu’il était suspicieux. Il avait raison de l’être. C’était pas qu’Ashton était un mec louche – quand même un peu – mais il était toujours plus prudent de se méfier des inconnus.
- Ecoute, je n’ai jamais dormi avec un masque à gaz, je profitais de ta merveilleuse présence pour confirmer ou infirmer ma pensée. Et ne t’en fais pas trop. Je ne suis pas un voleur, je n’ai pas touché à tes affaires, si c’est ce que tu sous-entends. Et puis, j’suis là depuis seulement cinq minutes, à peine.
Il lui sourit brièvement puis se tourna vers l’horizon, les mains dans les poches, s’imprégnant de tout ce qui l’entourait et de la belle sensation de liberté qu’il ne cesserait jamais d’éprouver en face d’un si beau spectacle. Il était heureux d’être de retour en Irlande, n’empêche. La nature y était formidablement présente, et tous les coins paumés à découvrir, seul avec soi-même et en pseudo harmonie avec la nature ! Ashton ne pouvait s’empêcher de se sentir entier. Peut-être avait-il finalement fait le bon choix, en retournant au pensionnat. Une bourrasque de vent sembla lui confirmer cette pensée, et en même temps, il perçut un doux murmure, provenant d’à côté de lui.
- Ça fait du bien...
Ashton se félicita d’avoir eu raison, et félicita également son instinct qui lui avait fait comprendre que le garçon qu’il avait trouvé endormi appréciait l’endroit. Il était fier de lui, mais également heureux, heureux d’avoir trouvé quelqu’un charmé par la nature, tout comme lui.
- Tout à fait d’accord, répondit-il à mi-voix.Ces collines sont merveilleuses.
Et il ne put s’en empêcher, ne fit rien pour, les paupières closes, les bras dépliés et tendus imitant sans le savoir des ailes déplumées, le corps entier ouvert vers l’horizon ; Ashton se mit à rire, un rire contenant une joie profonde émanant de son âme, mais également de celle d’Artémis, une joie qui explosa en milliers de minuscules éclats brillants, immatériels mais bien présents, se dispersant dans l’air et dans le vent violent, éclats d’amour et de joie pour la Terre et ses enfants. Bon sang c’qu’il était heureux d’être de retour ! Il finit par reprendre son calme après une vingtaine de secondes, le visage illuminé. Il devait passer pour un fou, mais pour les retrouvailles avec sa colline de Knocksouth, il ne pouvait pas faire moins. Alors, pour revenir dans le monde qu’il avait quitté pour quelques instants, en harmonie avec la nature, il s’étira, bâilla – encore – et retira le sac de son dos, pour y fouiller. Il sortit sa bouteille d’eau et se désaltéra, n’en ayant pas eu l’occasion au cours de son périple pour arriver jusqu’ici. Il reposa ensuite son regard sur le garçon, et, tranquillement, lui demanda :
- T’as faim ? J’ai à manger, si tu veux. Comment tu t’appelles ?
Ashton ne savait pas si l’autre allait rester sur place encore longtemps, mais autant connaître son prénom s’ils devaient se partager la colline.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Dim 19 Fév - 22:28
- Ecoute, je n’ai jamais dormi avec un masque à gaz, je profitais de ta merveilleuse présence pour confirmer ou infirmer ma pensée. Et ne t’en fais pas trop. Je ne suis pas un voleur, je n’ai pas touché à tes affaires, si c’est ce que tu sous-entends. Et puis, j’suis là depuis seulement cinq minutes, à peine.
Ma « merveilleuse présence » ? Pff.. Qu'est-ce qu'il est con ! Gyula ricana intérieurement, ce type était donc un comique qui maîtrisait l'ironie ! Mais au moins il était clair dans ses propos ce qu'apprécia l'étudiant. Ce dernier aimait les personne honnêtes, il l'était lui-même, il trouvait alors que la moindre des choses était de lui rendre la pareille. Il l'observa sans vraiment chercher à être discret, après tout n'avait-il pas le droit de juger du regard la personne avec laquelle il avait affaire ? Il était comme fasciné par cet homme, pour une raison qu'il ignorait. Il l'intriguait vraiment.
Et alors qu'il avait fermé les yeux pour profité du vent, il l'entendit répondre à sa pensée.
- Tout à fait d’accord. Ces collines sont merveilleuses.
Le Norvégien se sentit bête de ne pas s'être rendu compte qu'il avait exprimé sa pensée à haute voix. Il ouvrit soudainement les yeux pour le regarder, se demandant quelle était sa réaction, mais elle ne fut absolument pas celle à laquelle il s'attendait. … Il s'prend pour un piaf ou quoi ? C'est alors qu'il se mit à rire ce qui le surprit encore plus. Il voulait lâcher un commentaire cinglant ou même se moquer de lui dans sa tête, mais à travers son rire, il ressentit quelque chose de vraiment particulier.
- Cet humain est fou, point à la ligne. Qu'est-ce que tu vas chercher d'autre ? - … J'sais pas...
Il n'avait cessé de l'observer, intrigué par son comportement, méfiant mais sans vraiment l'être. Il avait développé une sorte de compassion pour lui qui s'accentua quand il arrêta de rire. Il vit dans son expression faciale une sorte de sincérité pour quelque chose qui était inconnu au Norvégien. Il sentait son cœur battre plus fort, comme s'il venait de vivre une expérience extraordinaire... Tout était confus pour lui, il ne savait pas mettre de mots à ce qu'il ressentait et son dieu avait décidé de ne pas l'aider, trop méfiant envers cet inconnu qui subjuguait presque son humain. Ce dernier détourna son regard au bout d'un certain temps, profitant de ce dont il voulait profiter : la nature. Il la regardait, presque honteux de ne pas la regarder plus que ce qu'il avait imaginé. Elle était belle et sublime, elle l'apaisait un peu. Il ignora le bruit que faisait l'autre, il devait se concentrer sur ce qui l'avait poussé à venir ici. Il allait s'éloigner pour retourner vers son sac, décidé à totalement ignorer la présence du blond mais celui-ci l'interrompit.
- T’as faim ? J’ai à manger, si tu veux. Comment tu t’appelles ?
Gyula regarda son sac un moment, en pleine réflexion, avant de poser son regard sur l'autre. Il se contenta de hocher la tête et d'aller vers son propre sac. Il s'installa par terre, en lotus, son sac entre ses cuisses. Il l'ouvrit pour sortir un paquet de salmiakki, des réglisses salées finlandaises dont il raffolait.
- … J'ai d'quoi faire.
Répondit-il sèchement avant d'ajouter sur le même ton.
- Et puis ça t'servirait à quoi d'connaître mon nom ? - J'en reviens pas.. Tu vas manger avec ce type ?! - J'ai jamais dit que je mangerais avec lui alors ta gueule ! - Hé, l'humain, je te rappelle qu'on partage le même corps, alors fais un minimum pour me satisfaire. J'te rappelle aussi qu'ce corps est à moi, j'fais c'que j'veux. S'tu veux pas que j'crève, laisse-moi manger, j'm'en fous qu'il soit là ou pas. C'quoi ton problème ?!
Freyr poussa un grognement tellement fort qu'il fit grimacer l'étudiant qui lâcha d'une main son paquet de bonbons pour se masser la tempe. C'était vraiment pas le bon moment pour qu'il lui fasse ça. Il sentit sa gorge se nouer, il ferma alors les yeux, déglutissant mais sachant pertinemment que sa nausée ne passerait pas tant que son dieu ne se calmerait pas. Il fouilla dans son sac et sortit sa bouteille d'eau qu'il ouvrit et bue autant qu'il pouvait, espérant presque que ça l'apaise. Il expira bruyamment alors qu'il avait presque vidé sa bouteille et haletait un peu. Il serra les dents et essaya de faire des exercices de respiration pour se détendre. Le jeune Norvégien avait l'impression que la seule façon de calmer son dieu était de partir, mais il n'en avait aucune envie. Pourquoi devrait-il lui obéir ? Il avait le droit de faire ce qu'il voulait ! Après tout c'était son corps, c'était lui qui le contrôlait, pas cette ordure de dieu ! Il se rendit vite compte qu'il avait presque complètement oublié la présence de l'autre, il prit sur lui et fit comme si de rien était, il serra les dents alors qu'il détachait son masque de sa cuisse pour plus de confort et qu'il ouvrit son paquet de réglisses. Il en prit quelques unes et les mangea en regardant le paysage, faisant comme si de rien était. Il ne savait pas s'il était comme lui, un M, ou une personne ordinaire, il ne devait donc pas paraître suspect, même si pour le coup, c'était un peu loupé. Il se dit que si jamais il posait des questions, il feindrait être malade. Oui, c'était la meilleure solution qui lui était venu à l'esprit et c'était la plus censée.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Lun 20 Fév - 22:30
A la proposition d’Ashton, l’autre ne fit qu’acquiescer, sans trop donner de réponse. Faudrait savoir ! Soit il disait oui j’ai faim, soit il disait non merci j’veux pas de ta bouffe douteuse. Ah, les jeunes. Toujours indécis, uh ? ’Je te rappelle que tu es jeune toi aussi, garçon.’ Par rapport à une vieille mégère comme toi, Artémis, oui. Il se retint de rire, évitant de passer une fois de plus pour un toqué en face d’un inconnu, et écouta ce qu’il avait à dire alors qu’il sortait un paquet de… de bonbons ? noirs non identifiés.
- … J'ai d'quoi faire. Et puis ça t'servirait à quoi d'connaître mon nom ?
Toujours aussi suspicieux. Et fermé. L’intérêt d’Ashton pour le jeune homme ne faiblissait pas. Il voulait savoir s’il était toujours comme ça, froid et antipathique. Et puis, quelque chose chez le garçon intriguait et attisait la curiosité du blond : il s’était levé, sûrement assez tôt, pour aller faire un somme au sommet d’une colline. Ce n’était pas rien. C’était bien. Ashton ne pouvait que se reconnaître – à moitié – dans le garçon, qui semblait plutôt sensible aux charmes que la nature possédait. ’C’est pas parce qu’il aime les plantes et les montagnes qu’il devient intéressant. Je te rappelle que c’est un garçon.’ Je suis aussi un garçon. Il l’entendit soupirer et se sentit empli de satisfaction, comme chaque fois qu’il la contrariait.
Ashton s’apprêta à répondre, mais il ne commença pas sa phrase que le garçon lâcha son en-cas pour tenter de maîtriser ce qui semblait être une nausée accompagnée d’un mal de crâne sévère. Il ne semblait pas faire attention au blond, qui, après s’être assis, se servait de sa main pour soutenir son menton, le coude sur un de ses genoux. Il fronça les sourcils, se demandant si c’était grave et s’il avait besoin d’aide, mais avant qu’il ne lui propose d’appeler les pompiers, le garçon sembla se rétablir, le visage cependant légèrement crispé, ses muscles maxillaires presque saillants. Oh non, il n’allait pas si bien que ça. Que voulait-il cacher ? Le fait qu’il était malade ? Ou quelque chose d’autre ? Ashton inclina la tête sur le côté, pensivement.
- Tu as besoin de quelque chose ? T’évanouis pas, ça me ferait chier de te porter.
Le blond eut un sourire en coin, et se souvint de la question posée par l’autre, y répondant tout de suite après.
- Et très bien, ne me donne pas ton nom. En soit, ça ne me dérange pas qu’on reste en anonyme. Ca permet de garder une certaine distance entre nous, uh ?
Il cessa de le regarder, le laissant en paix pour un moment alors qu’il piochait dans sa boîte en plastique contenant des tomates cerise, les mangeant – proprement – tout en continuant de réfléchir. L’attitude du garçon lui avait été étrangement familière, elle ressemblait à celle d’Ashton lorsqu’il était en Terminale. Simple coïncidence, il semblait un peu vieux pour être encore au lycée. Ca devait être une sorte de touriste qui avait attrapé un truc pas commun, ici en Irlande.
Presque inconsciemment, son regard revint vers l’autre, et se fixa sur les confiseries ? qu’il mangeait. Ca avait l’air drôlement bizarre. Pas un truc d’ici, c’était sûr. ’C'est quelque chose d'aussi étrange que toi. Et ce n'est pas un compliment.' Merci quand même.
- C’est quoi c’que tu manges ? Je peux goûter ?
Toujours goûter à tout. C’était le meilleur moyen de découvrir tout plein de choses. Bon, ok, il ne s’était pas senti très bien après avoir goûté des escargots en France (’Mais quelle idée de manger des escargots ? Les pauvres ! D'ailleurs, garçon, arrête de manger des animaux. Ca ne sert à rien.'), mais fallait bien élargir sa culture, même culinaire ! Envisageant un refus catégorique, vu l’état dans lequel le garçon était, Ashton lui offrit un léger sourire. Il était important d’encourager les gens, et lorsqu’ils étaient en position de faiblesse, ne pas leur manifester de la moquerie – sauf parfois hehe – ni de la pitié, mais de l’empathie, ou de l’amabilité. Dans un sourire, dans un regard, dire « courage, je te soutiens », et au mieux, prouver cette implication avec des gestes, des actions. Pas forcément pour récolter une certaine gloire, mais juste pour aider. Enfin, Ashton suivait cette « règle » mais en même temps pouvait être une vraie pourriture. Une drôle de façon de vivre.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Mar 21 Fév - 20:54
Gyula sursauta presque lorsque l'inconnu lui adressa de nouveau la parole, trop concentré à essayer de paraître normal. Même s'il semblait honnête, il ne put s'empêcher de se demander pourquoi il s'inquiétait pour lui. Après tout ils ne se connaissaient même pas et il n'avait rien fait pour avoir sa sympathie. Avant qu'il ne puisse répliquer une de ses nombreuses phrases froides, l'autre continua de parler. Il le regarda un instant, ne sachant pas trop quoi faire, son regard se baissa sur la boite qui contenait des tomates cerises. A quand remontait la dernière fois qu'il en avait mangé ? Il poussa un soupir, ce n'était pas le moment de penser à ce genre de choses. Il tourna la tête pour voir le paysage et prit un autre salmiakki qu'il mangea.
« J'ai besoin d'rien. Surtout pas venant d'toi...
La fin de sa phrase était sortie toute seule. Décidément, vivre avec un dieu dans sa tête avait diminué la différence entre la pensée et la parole, ou en tout cas, c'était l'impression qu'avait l'étudiant. Au bout de quelques secondes, il se résigna à se justifier, après tout il ne lui avait rien fait de mal.
- … J'vois pas pourquoi j'devrais accepter l'aide d'un inconnu. Même si j'en ai pas b'soin maint'nant.
Il baissa son regard sur son paquet de réglisses. Il se demandait ce qu'il pouvait faire pour atténuer la colère de son dieu sans partir de ces sublimes collines mais aucune idée ne lui vint à l'esprit. Il mangea plusieurs salmiakkit d'affilé quand le blond attira de nouveau son attention en lui demandant ce qu'il mangeait et s'il pouvait en avoir. Gyula ne réagit pas vraiment sur le coup et le sourire qu'il lui offrait l'agaçait, lui faisant froncer les sourcils. Qu'est-ce qu'il avait horreur de ce genre de sourire. Tellement de gens lui en avaient offert des pareils quand il était au collège et au lycée. Enfin, surtout au collège. Même ses parents... Presque toujours accompagnés d'un « tout va bien ? » ou « Tu es sûr que ça ira ? » ou pire encore « Tout va bien se passer ». Mon cul, oui... Rien ne s'était bien passé à chaque fois. Si ce n'était pas accompagné d'une parole, c'était d'un regard plein de pitié ou des regards qui signifiaient « putain, mais qu'est-ce que je fous là, quand est-ce qu'on me laissera tranquille ? ». C'était un sourire d'hypocrites qui ne savaient pas comment gérer sa situation. Son cas, pourtant pas si unique que ça, mais qui dérangeait peut-être un peu trop. Ce qu'il n'aimait pas dans ce sourire, c'est surtout que ça le remettait à une place de faibles. Il n'était pas faible. Il avait tout fait pour ne plus l'être et ce n'était pas un fichu dieu qui allait le remettre dans la catégorie à laquelle il avait toujours voulu se tenir à l'écart. Il n'était pas faible. Peut-être... ? Un doute taquina son esprit. Peut-être que si un inconnu le sous-entendait à travers ce sourire, alors peut-être qu'il l'était vraiment. Il serra ses lèvres, contrarié. Il allait devoir à la fois gérer Freyr et dominer ce type, ou en tout cas bien lui faire comprendre qu'il n'était pas faible. Il s'était laissé avoir par son apparence agréable, mais ce n'était que le début et il comptait bien se rattraper. Se montrer désagréable n'allait pas arranger son cas, et puis il n'en avait pas vraiment envie, même si ça contrarierait sans aucun doute le dieu nordique. Il inspira puis expira silencieusement, entrouvrant ses lèvres.
- Des salmiakkit. C'est...
Il ne retrouva pas le mot anglais pour parler de réglisse et claqua sa langue contre son palais. Il lâcha dans un grognement un « Fæn.. ». C'était frustrant de ne plus se souvenir du vocabulaire, il savait qu'il devait le travailler davantage depuis son arrivée. Il soupira finalement et compléta sa phrase :
- Une sorte de bonbons salés. Très salés.
Il insista sur le « très » comme pour le forcer à refuser, même si ce n'était pas faux que ces bonbons étaient vraiment très salés. Il tendit tout de même le paquet à l'inconnu, entendant son dieu grogner une nouvelle fois. Le Norvégien fit attention cette fois-ci à ne pas montrer son malaise. Bon, arrête de faire la gueule, Freyr. J'ai b'soin d'toi là. Il l'entendit lâcher un ricanement plein de moqueries. Qu'est-ce que j'dois faire pour que t'arrêtes, sérieux ? Pas de réponse, il retint un soupir et insista. Bordel, à cause de toi ce type croit qu'on vaut rien ! Il eut un silence.
- Il croit plutôt que tu ne vaux rien vu qu'il ne connaît pas mon existence. Et puis, ce n'est pas tout à fait faux. Tu n'es qu'un simple humain qui n'a aucune volonté, ni aucune force. - ... Tu vas m'aider ? - Pour quoi ? Juste pour ton ego ? Ne te moque pas de moi. Je n'ai aucune raison de le faire, ça ne m'apporterait rien. - Mon ego est ton ego et inversement. Non ? - Nous partageons seulement nos corps, pas nos caractères, humain. Je te suis supérieur et- - Je sais ! T'es supérieur, t'es le dieu tout puissant du Soleil et de je n'sais quoi d'autres ! Mais comme tu l'as dit, on s'partage le corps ! S'il m'insulte, il t'insulte, s'il pense que not' corps est faible, il pense que t'es faible. Non ?
Il eut un autre silence, plus long. Beaucoup plus long. En fait, Freyr arrêta même totalement la conversation. Gyula se dit qu'il devait être en train de réfléchir à un compromis, comme souvent. Il avait pris un risque, attiser la colère de son dieu n'était pas la meilleure des idées, mais au moins les résultats étaient déjà là. La nausée disparut même si le mal de tête était toujours présent, ça lui permettait au moins de se détendre un peu plus. Il culpabilisait un peu, après tout ce type n'avait rien fait ni dit pour recevoir les foudres du dieu nordique. Il s'était vraiment montré égocentrique, surtout pour un simple sourire. Il réalisa à cet instant que son sourire n'avait peut-être pas eu la moindre intention de domination, mais juste un geste de compassion et de soutien. Soutien, pitié, ça revient un peu au même des fois... Mais « des fois » ne suffisait pas. Il eut un gros doute, peut-être qu'il n'avait eu aucune arrière-pensée avec ce sourire. Il espérait que Yngvi-Freyr ne l'écoutait pas réfléchir à tout ça et il se racla la gorge, mal à l'aise. Il regarda la boîte qui contenait les tomates cerises puis son propriétaire.
- … J'peux en avoir ? »
Il indiqua d'un geste bref du menton les petits fruits. Sa voix était moins sûre et beaucoup moins froide que précédemment. Il détourna vite le regard, embarrassé mais surtout culpabilisant de ses propres pensées. Il était tiraillé. Il voulait que Freyr se ressaisisse et l'aide à montrer leur force à l'inconnu, mais en même temps, il se mettait à la place de l'autre et se dit qu'il ne méritait pas ça. … C'est p't-être ça ma faiblesse...
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Jeu 23 Fév - 20:05
- J'ai besoin d'rien. Surtout pas venant d'toi... J'vois pas pourquoi j'devrais accepter l'aide d'un inconnu. Même si j'en ai pas b'soin maint'nant.
Ashton fronça les sourcils, étonné par cette sècheresse soudaine, et ces paroles peu aimables – quoique justifiées. Il ouvrit la bouche pour répondre, ne souhaitant pas laisser le jeune inconnu gagner, mais Artémis se mit subitement à lui parler de la joie qu’elle ressentait en le voyant se faire rembarrer par quelqu’un. Il semblait que la déesse privilégiait les autres mortels de type mâle à son hôte. T’es adorable. ’Evite l’ironie avec moi, gamin.’
Finalement, le garçon répondit à sa question à propos des choses bizarres qu’il mangeait.
- Des salmiakkit. C'est... (Ashton crut entendre un mot, qu’il ne put identifier. Peut-être une langue étrangère ? Le garçon ne semblait pas trouver ses mots. La théorie du touriste tenait. C’était une hypothèse qui ne satisfaisait pas le blond, cependant.) Une sorte de bonbons salés. Très salés.
Il accentua le « très », sûrement pour prévenir son interlocuteur, si celui-ci cherchait toujours à les goûter, et tendit le paquet à Ashton, qui en piocha une. Il posa le, la ? sali… salmi… bref, la confiserie salée sur le couvercle pour l’instant inutilisé de sa boîte de tomates cerise. Il avait décidé de la goûter après avoir terminé celles-ci, histoire que si elle lui coupait l’appétit, il aurait déjà fini sa collation.
De façon presque gênée, un silence s’installa. Ashton avait compris que l’autre ne souhaitait pas lui parler, même s’il restait sur la colline. Enfin, c’était tout à fait normal. Il était venu pour admirer, et de ce qu’Ashton pouvait constater, il ne semblait pas du genre hyper social. Contrairement au blond qui n’avait aucun mal à engager une conversation et qui par conséquent ne se privait pas de rencontrer de nouvelles personnes, histoire d’étendre son cercle de connaissances. Cependant, ayant pas mal bougé pendant la période de ses études, il n’avait pas de réels amis proches. Un peu triste, me diriez-vous ? Un peu. Mais Ashton n’avait pas besoin d’amis de confiance, étant assez indépendant et pouvant être presque qualifié de solitaire. Il avait juste besoin de divertissement et de victimes. ’En fait, tu es un salaud.’ Te fatigue pas à dire des choses que je sais déjà. Ah et ! pas de gros mots, ô grande et pure Artémis. ’Tu n’as pas à me dire quoi faire. Je te rappelle que tu n’es qu’un simple humain. Je suis une déesse. Et le mieux : j’ai accès à toute ta tête. Tu te rappelles, en 2010, la fois où-‘ Ok ferme-la, j’ai compris. Il entendit un ricanement satisfait et puis, silence radio de nouveau.
Mais pas de silence radio du côté du garçon, qui venait de se racler la gorge. Ashton n’était un professionnel quand il s’agissait de la gestuelle traduisant des états d’esprit, mais il pourrait parier que le présumé touriste ne sentait pas très très à l’aise, right now. Pourquoi ? Se sentait-il de nouveau mal ? Avait-il une envie pressante ? Ou bien, même, regrettait-il son attitude vis-à-vis d’Ashton ? Celui-ci arrêta de manger, reposa son coude droit sur son genou, et son menton dans la paume de sa main, pour observer le garçon alors qu’il prenait la parole.
- … J'peux en avoir ?
Etonnante parole. Ashton eut un grand sourire, alors que le garçon posa son regard ailleurs. C’était drôle. Très drôle. Il avait été curieusement froid – alors qu’il semblait être détendu et reposé juste avant ? – et là, il se rouvrait, voulant faire ami-ami ? D’accord, cette description était peut-être un peu exagérée, mais c’était ça, en gros. Ashton n’avait pas effacé son sourire alors qu’il tendait à son tour sa boîte à son interlocuteur, qui semblait toujours mal à l’aise.
- Bipolaire, ou quoi ? Si t’étais une fille, j’aurais demandé si t’avais tes règles. (grondement courroucé provenant d’Artémis) D’ailleurs, je suis vraiment désolé de devoir demander, mais je vais finir par croire que c’est ma présence qui te fait te sentir mal à ce point.
Oups, sorry not sorry. Ashton ne pouvait pas s’en empêcher. Mais, observant toujours le drôle de garçon qui lui faisait face – à quelques mètres cependant – il sentit la sympathie l’envahir, de nouveau. Non, fallait pas être désagréable comme ça. Ca ne favorisait pas le tissage des relations amicales, voyons ! ’Non, non, continue, enfin ! Ca commençait enfin à être drôle. J’attends le moment où vous allez vous déchirer, tels des sauvages – ce que vous êtes – et toi, tu commences à parler de relations amicales ? Enfin, Ashton Lucian Miller, tu me déçois beaucoup sur ce coup-là !’ Il se retint de rire. Elle était horrible. C’était connu, pourtant. Les divinités qui regardaient les humains s’entredéchirer, en faisant un spectacle, riant, pariant peut-être ? Ah, la belle vie. Ashton se rectifia immédiatement, se disant qu’au final, cracher sur les gens pour lesquels il éprouvait un début ou une pleine sympathie, ce n’était pas aussi divertissant que ça. Il ressentait un petit pincement au cœur, son petit ange prônant la vertu et la bonté lui répétant que ce n’était pas bien, allant même jusqu’à recouvrir la voix suave du petit démon qui le poussait à faire les pires choses dont il était capable. Mais Ashton aimait bien le petit ange. Une petite boule lumineuse au fond de lui, qui emplissait son être d’une agréable chaleur quand il faisait quelque chose de bienveillant.
- Attends, attends ! M’insulte pas. Désolé. C’était l’habitude. Désolé. Vraiment. Je sais que c’est dur de me croire quand je dis désolé alors que j’ai été pas mal désagréable, mais je dis généralement la vérité. J’aurais pas dû dire ce que j’ai dit. J’viens de répéter le verbe dire combien de fois là ? Bref.
Ok, il venait de s’enfoncer encore plus, là, non ? Allez hop, de nouveau pris pour un taré ! Si Ashton continuait comme ça, l’autre s’enfuirait assez rapidement. En soit, ça ne serait pas important qu’il s’en aille. Je serais tranquille sur ma colline, sans personne pour déranger la sérénité de l’endroit. ’Sauf qu’il t’intrigue encore. Et que tu voudrais obtenir les réponses à plusieurs questions qui traînent dans ton esprit depuis que tu l’as rencontré.’ Il s’empêcha de grimacer. Arrête de regarder dans ma tête, s’il te plaît. Ca me ferait énormément plaisir. ’Ta tête est ma tête, tu te souviens ? J’habite là.’ Il laisse échapper un soupir, presque automatique à chaque fois qu’elle gagnait la partie. Sale guenon.
Ashton, redevenant silencieux, laissa une demi-douzaine de tomates cerise dans la boîte, qu’il posa sur l’herbe entre l’autre et lui. Il venait de se rappeler le truc salé posé sur le couvercle près de lui. Sans réfléchir, il le jeta dans sa bouche, y croqua. Ses dents s’y enfoncèrent légèrement et le goût explosa dans sa bouche. Ashton écarquilla les yeux en grimaçant légèrement, s’arrêta de bouger, et attendit que le goût s’estompe un peu pour se risquer à suçoter le bonbon. Encore heureux, le blond aimait le réglisse. Mais le goût salé qui piquait la langue ? C’était surprenant. Très surprenant. Il avait un peu de mal, n’étant pas habitué à ce genre de saveurs, mais au moins ne l’avait-il pas craché sur l’autre. Ca ne lui aurait sûrement pas plu.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Dim 26 Fév - 0:11
Gyula lança un regard rapide du coin de l’œil en direction du blond et prit une tomate cerise qu'il mit dans sa bouche. Il croqua dedans et apprécia le jus qui éclata, le côté sucré de la tomate le fit légèrement frissonné. Il n'était vraiment pas fan du sucré, mais là, c'était vraiment agréable et frais, ça adoucissait tout le salé qu'il avait en bouche à cause de ses bonbons. Il sourit intérieurement, se disant que la prochaine fois qu'il viendrait, il devrait prendre des tomates cerises, c'était agréable, mangeable, et ça collait bien avec l'ambiance de la nature. Beaucoup plus que des réglisses.
- Bipolaire, ou quoi ? Si t’étais une fille, j’aurais demandé si t’avais tes règles. D’ailleurs, je suis vraiment désolé de devoir demander, mais je vais finir par croire que c’est ma présence qui te fait te sentir mal à ce point.
Le Norvégien fronça les sourcils, il admettait volontiers que son comportement était étrange, mais de là à le comparer à une fille en pleines règles, c'était trop. Il serra les dents et était sur le point de répliquer assez violemment quand l'autre se rattrapa :
- Attends, attends ! M’insulte pas. Désolé. C’était l’habitude. Désolé. Vraiment. Je sais que c’est dur de me croire quand je dis désolé alors que j’ai été pas mal désagréable, mais je dis généralement la vérité. J’aurais pas dû dire ce que j’ai dit. J’viens de répéter le verbe dire combien de fois là ? Bref.
Il le regarda surpris. Il s'excusait ? Déjà ? Un mélange de sentiments l'envahit, il était un peu déçu de l'entendre s'excuser aussi rapidement, mais en même temps ça le détendait voire rassurait, mais surtout, surtout... Sa culpabilité augmentait. Il baissa son regard et esquissa un sourire amusé.
- J'crois qu'tu l'as répété cinq fois, le mot « dire ».
Il se tourna un peu plus vers lui, se réinstallant et allongeant ses jambes. Il l'observa poser les tomates cerises entre eux, ce qui le fit se sentir mieux pour une raison qu'il ignorait. Ce geste lui rappelait en même temps les compromis entre deux camps ennemis, comme pour remplacer le drapeau blanc de paix.
- Tu dis qu'c'est moi l'bipolaire, mais t'es pas mieux.
Il leva les bras vers le ciel en s'étirant et poussant un soupir de bien-être, malgré le fait que son estomac se nouait un peu, sentant une certaine peur envers la colère provenant de son dieu. Il resta pensif un court instant avant de prendre son courage à deux mains et d'ajouter :
- … Et puis, c'pas ta faute si... J'suis comme ça...
Il se mordit la lèvre. Mauvaise idée. Il était sur le point d'en dire trop. Très mauvaise idée. En quelques secondes, il trouva comment il comptait se rattraper si l'autre insistait pour avoir des réponses. L'idée de maladie qu'il avait en tête à la base allait être utile, vraiment. L'étudiant posa ses mains sur l'herbe, un peu en arrière et croisa ses jambes allongées, tout en observant l'inconnu qui goûtait à un salmiakki. Il baissa alors la tête et pouffa de rire en tentant de ne pas éclater de rire, se moquant de sa grimace. Tout le monde n'aimait pas les salmiakkit, il le savait, ses proches de Norvège avaient tendance à aimer, apprécier plutôt, par habitude, tandis que ses connaissances irlandaises n'aimaient absolument pas, ou quelques uns faisaient parti des exceptions. Ces bonbons étaient spéciaux, et c'est ce qu'aimait le jeune homme.
- Pas la peine de t'demander si t'aimes ou pas, ça s'voit direct' ! - Et tu oses me demander de l'aide pour détruire l'ennemi. Ne me dis pas que c'est une autre technique pour mieux le faire tomber, je ne suis pas dupe, Gyula. Méfie-toi, je ne peux pas te faire de mal, mais je peux très bien faire de ta vie une misère quotidienne. Tu es ridicule, Gyula. Tu es faible, terriblement faible. Beaucoup trop faible pour un dieu comme moi ! - J'ai pas b'soin de ton avis. D'toutes façons, personne n'est assez bien pour toi.. - Pas besoin de mon avis ? Dois-je te rappeler que tu es venu en pleurant vers moi parce qu'on t'avait insulté ? Et maintenant tu fais ami-ami avec un incapable comme lui ? Tu me déçois tellement ! - J'te déçois quotidiennement, Freyr. Vis donc avec.
Il n'eut pas le temps de pousser un soupir que son mal de tête s'accentua le faisant grimacer légèrement. Ce dieu allait vraiment le tuer à force. Gyula attrapa une tomate cerise et la mangea pour se détendre du mieux qu'il pouvait et surtout cherchant une solution à cette situation. Il leva le regard vers le ciel bleu et ferma les yeux, appréciant le souffle doux du vent. Il faisait frais, mais bon. Très bon même pour lui qui avait l'habitude des températures beaucoup moins élevées.
Hey... Freyr.. Et si tu lui laissais une chance ? … - Je n'ai pas à t'écouter. - Et si j'te trouve quelqu'un contre qui t'énerver ? - Je ne veux pas m'énerver contre quelqu'un d'autre que lui et toi. - … Et si tu lui laissais une chance avec la possibilité d'le r'mettre à sa place si on voit qu'ça va pas ? - « Si on voit qu'ça va pas » ?
Yngvi ricana sarcastiquement et le jeune homme profita de cette courte pause pour manger une autre tomate cerise.
- Si tu vois que ça ne va pas, tu veux dire ! Non, ce n'est pas intéressant. - Très bien, si tu vois qu'ça n'va vraiment pas. Mais 'faut qu't'es des arguments qui tiennent la route ! - Tu y tiens vraiment, n'est-ce pas ? - … Plutôt, oui. - Soit. Je te trouverai ces arguments.
Gyula sentit un frisson glacé parcourir son corps, les paroles de son dieu étaient sèches et froide. Il était très sérieux et tenait étrangement à détruire cet inconnu. Pourquoi ? L'humain n'arrivait pas à trouver de raisons, ou en tout cas elles étaient trop nombreuses pour savoir laquelle ou lesquelles étaient les siennes. Il avait peut-être envie de combat, de divertissement... Les raisons étaient vraiment très nombreuses. Il ne put retenir un soupir. Quand est-ce qu'il arrêterait de soupirer autant ? Il commençait à penser qu'il ne faisait que ça de ses journées. Soupirer. Plus ou moins fort. Tout dépendait de son humeur. Il remarqua alors que son mal de tête et sa nausée avaient disparu, le dieu nordique allait donc vraiment tenir parole. C'était à la fois bon signe et mauvais signe. Au moindre petit défaut, à la moindre erreur de langage ou de gestuelle, c'en était fini de cet inconnu. Bon, ils n'allaient pas le tuer non plus, Gyu en était incapable de toute manière. Il chassa la pensée de ce qu'ils lui feraient, ou en tout cas la vague idée qu'il s'en faisait, et se concentra sur le moment présent. Il était enfin détendu, comme à son arrivée tôt le matin. C'était agréable et ça lui avait presque manqué. Son regard dévia et se posa de nouveau sur le blond. Il l'observa encore, comme s'il ne s'en lassait pas.
- Au fait j'm'appelle Gyula. J'suis étudiant dans l'pensionnat pas loin d'ici. Tu connais ? »
Il arqua vaguement un sourcil, l'interrogeant du regard. Est-ce que les gens des alentours connaissaient ce pensionnat ? Probablement puisqu'il avait souvent entendu des élèves parler de Galway. Mais Galway c'était Galway, ici c'était la campagne, alors peut-être que c'était différent ?
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Mer 1 Mar - 0:17
Ashton remarqua bien la tentative de pardon de l’autre. Il la nota, l’apprécia, tout en admirant le paysage, les collines voisines, les champs. On pouvait même voir le bétail, les animaux parsemant les prés qu’on apercevait au loin. C’était bien, la campagne.
- Pas la peine de t'demander si t'aimes ou pas, ça s'voit direct' !
Une voix aux inflexions presque joyeuses. Ca faisait plaisir à entendre, venant d’une personne qui paraissait désagréable et très, très asociale. En plus de cela, Ashton pouvait sentir que l’atmosphère s’était détendue, et qu’il était bien plus agréable, à présent, de rester assis à grignoter, accompagnés du vent qui passait de caressant à cinglant. Eh bien quoi ? C’était l’Irlande ! Ashton eut un sourire amusé, eut un rire étouffé car il se devait de garder le truc dans la bouche, et se força à suçoter le « bonbon ». La bonne nouvelle était qu’il commençait à s’habituer au goût d’abord ignoble qui l’avait énormément surpris, au premier contact, mais il finissait par s’atténuer, continuant cependant de piquer la langue du blond, qui portait une expression crispée. Et dire que l’autre n’avait pas arrêté d’en bouffer depuis qu’il avait ouvert le paquet ! Ca relevait de l’impossible. Sans doute était-il habitué à ces choses au réglisse dont il avait oublié le nom ; mais il se souvenait qu’il semblait être plutôt nordique. Le touriste était un viking ? Il sentit comme un frisson mental, non expliqué, et mit la faute sur le pauvre bonbon qui ne lui avait rien fait. A part concernant le goût. D’ailleurs, Ashton finit par le croquer, le truc ayant ramolli, et glurps, finit de le manger avec soulagement. C’était pas dégueulasse, mais il ne se ruerait pas sur un autre.
- Au fait j'm'appelle Gyula. J'suis étudiant dans l'pensionnat pas loin d'ici. Tu connais ?
« Youla » ? Un nom bien nordique, effectivement. Mais Ashton écarquilla les yeux, sans chercher à cacher son étonnement. Ah d’accord. La théorie du touriste, qui avait du sens, venait tout juste de s’écrouler. RIP. Il avait vraiment un pouvoir de déduction très intense et puissant et – Le blond fronça mentalement les sourcils – c’est effectivement possible – alors qu’il s’interrompit dans sa pensée pleine de sarcasme. Il s’attendait à ce qu’Artémis l’arrêtât sur ce coup-ci, et se mît à le fustiger. Il ne resta pas longtemps sur cette interrogation, se disant qu’elle était sûrement en train de faire une sieste.
- Ouaip, j’connais. C’est drôle, parce que j’y travaille.
Il afficha le sourire de celui qui vient de faire une révélation assez drôle, et avoua le fond de sa pensée.
- En vrai, j’ai cru que t’étais un pauvre touriste venu admirer le trou perdu de Knocksouth, qui voyageait avec rien mais un sac et des bonbons douteux. D’ailleurs, j’ai encore leur goût dans la bouche, c’est quand même assez dérangeant.
Le blond eut un rire joyeux, et, se rendant compte qu’il ne s’était pas présenté, finit par le faire, un sourire amical sur les lèvres ; le coude toujours posé sur le genou et le menton sur la paume, le regard rivé sur le jeune homme, il tendit son bras de libre pour serrer la main à son interlocuteur, dont l’identité se détachait de la foule floue qui correspondaient à tous les inconnus et connaissances du blond.
- Ashton, enchanté. J’suis jardinier – t’avise pas de rire – là-bas, à Immortalia.
Il garda son sourire chaleureux, ici signe de sa réelle bonne humeur. C’était pas tous les jours qu’on découvrait quelqu’un sur SA colline, qui aimait la nature les oiseaux le ciel le vent et toutes ces merveilles. Et puis, c’était drôle, cette coïncidence. Ashton resta silencieux, cependant, sur le fait qu’il avait une divinité partageant son corps. Il se souvenait de façon très vive l’avertissement du Directeur. Ne jamais révéler que l’on était possédé, même si la personne en face de nous était suspectée d’être elle-même possédée. Le blond s’était alors demandé comment savoir, comment se lier à des personnes comme lui ? Il avait donc supposé qu’il y avait des signes qui ne trompaient pas. Déjà, si la personne était un M, c’était facile. Mais après, pour les adultes, il s’agissait d’une tâche un peu plus ardue. Le blond laissa échapper un léger soupir, son regard toujours posé sur Gyula – il ne savait pas vraiment écrire son prénom, croyait qu’il commençait par un Y, hésitant cependant pour un G – mais ne l’observant pas vraiment. Il se souvint soudain d’une chose qu’il souhaitait lui demander dès le début.
- Au fait, pourquoi un masque à gaz ?
Ouaip. La question qui lui avait tourné dans la tête pendant un bon p’tit moment. Il était juste curieux, sans vouloir se moquer ou critiquer quoi que ce soit. Il ne prit pas la peine de le préciser à voix haute, songeant que le jeune homme serait assez intelligent pour le deviner seul.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Dim 5 Mar - 0:47
La réaction du blond surprit Gyula. Pourquoi s'était-il autant étonné de sa petite présentation ? Avait-il dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Il s'inquiéta légèrement, il n'était pas encore tout à fait habitué aux règles strictes concernant les étudiants M et avait peur d'avoir dit quelque chose qu'il n'aurait pas dû dire, même si, en y repensant, ses phrases lui avaient semblé plutôt banales. Est-ce que les gens de Knocksouth devaient à tout prix ignorer l'existence du pensionnat ? Ce serait étonnant, mais pas impossible. Il n'eut pas le temps de prolonger ses inquiétudes que l'inconnu déclara travailler au pensionnat ce qui le surprit beaucoup. Le monde était donc vraiment petit ! Même si en y réfléchissant bien, la surprise était moindre étant donné la petite taille du village et la proximité avec le pensionnat. Il écouta attentivement les suppositions qu'il avait eu à son sujet et ne put s'empêcher de sourire. Un pauvre touriste, hein ? J'ressemble autant qu'ça à un touriste ? Alors que l'autre riait, il détourna le regard pour observer la campagne comme pour se changer les idées puis remarqua, du coin de l’œil, la main que lui tendait... Comment avait-il dit ? Ashton ? Il tourna la tête et attrapa une tomate cerise qu'il mit dans la main qu'il lui tendait.
« Pour l'goût du salmiakkit, ça l'fera passer un peu.
Il lui adressa un regard malicieux avant de poser sa main dans l'herbe pour s'appuyer de nouveau dessus et pencha sa tête un peu en arrière pour profiter des petits rayons de soleil. Il regarda Ashton du coin de l’œil, un sourire amusé aux lèvres.
- Alors comme ça t'es jardinier ? Ouah !
Il ricana légèrement puis lui adressa un sourire un peu plus large et sincère.
- C'est... Cool ? T'as d'la chance de pouvoir travailler avec les plantes ! Ah, hm... J'le pense vraiment, c'tait pas ironique ou quoiqu'ce soit dans l'genre !
Il se redressa pour ne plus s'appuyer sur ses mains, frotta l'une d'elle sur son jean pour retirer la terre qui s'y était accroché puis poussa sur le côté sa frange qui lui chatouillait le coin des yeux de sorte qu'elle ne gêne plus son visage. Il détourna son regard, le laissant vagabonder sur son paquet de réglisses salées, sur la colline et les prés, il était mal à l'aise car il sentait le blond l'observer en silence. La gêne était d'autant plus grande qu'il n'aimait pas être le centre de l'attention. Il sentit un frisson le parcourir et se crispa un peu en se demandant quand est-ce qu'il allait arrêter. Il avait pourtant l'habitude que les gens le regardent avec insistance à cause de son physique « extravagant », mais là c'était différent, son regard n'était pas « agressif ». Il n'arrivait même pas à lâcher une des ses nombreuses répliques habituelles qu'il aurait dite depuis longtemps. Il était tellement embarrassé qu'une chaleur envahir ses oreilles, sûrement due à l'afflux sanguin. Il se sentait vraiment... Faible ? Non, il ne devait pas laisser la moindre ouverture à Freyr ! Il décida de se reprendre en main et inspira avant de regarder de nouveau Ashton, il était sur le point de prendre la parole quand ce dernier l'en empêcha en lui demandant pourquoi il avait un masque à gaz. Il leva les sourcils, surpris par sa question, il ne s'était pas attendu à l'entendre. Il baissa son regard sur le masque qu'il avait à côté de ses jambes et se mit à réfléchir à la réponse qu'il pouvait apporter. Pourquoi un masque ?... Il ne s'était jamais vraiment posé la question, ça avait été presque naturel pour lui d'en avoir, il tenta de se rappeler de la première fois qu'il en avait mis un, mais seuls quelques fragments de ce souvenir lui parvinrent. Il se frotta les cheveux et soupira.
- … J'sais plus trop... Si j'me souviens bien, c'mon grand-père qui m'a offert mon premier masque, parc'qu'il avait fait la guerre, et pis... J'voulais faire peur aux gens.
Il haussa les épaules comme pour insister sur le fait qu'il ne se souvenait pas tout à fait de ça. Il se rappelait toutefois de la première fois qu'il avait mis un masque à gaz, que c'était son grand-père maternel qui le lui avait mis, fier de le voir avec, pour une raison qui échappait encore à Gyula. Il se rappelait aussi de la première fois qu'il était sorti avec le masque, quand il était au collège, des regards inquiets, surpris, énervés, nerveux... C'était drôle. Sauf quand il s'était fait violemment réprimandé par son père qui voulait faire bonne figure face aux enseignants... Il poussa un soupir, esquissant un léger sourire en se repensant à tous ces événements.
- Ça date...
Murmura-t-il. Il reprit une tomate cerise qu'il mangea avec plaisir et regarda autour d'eux avant un instant. Il n'y avait personne, juste la nature et des animaux... Une question lui vint à l'esprit et il n'attendit pas une seconde pour la poser.
- Au fait, pourquoi t'es v'nu ici ? T'as plus une tête d'un gars des grandes villes.
Il pencha la tête sur le côté en arquant un sourcil. Il le détailla rapidement du regard et confirma l'idée qu'il avait de lui à savoir qu'il n'avait pas la tête d'un campagnard. Peut-être pas d'un campagnard, mais en tout cas pas celle d'une personne qui aime beaucoup la nature au point de sortir et aller dans un coin paumé comme celui-ci. Certes, il était jardinier, mais tous les jardiniers n'avaient pas cette âme de campagnard ! Le Norvégien baissa son regard sur son paquet de salmiakkit et en mangea une, il se perdit de nouveau dans sa réflexion, mâchant lentement tout en regardant Ashton, sans vraiment le regarder. Au bout d'un moment, il battit des paupières en détournant le regard et avalant son bonbon, manquant de s'étouffer. Il toussota et s'empara de sa bouteille d'eau, la vidant pour mieux faire passer le réglisse. Il se frotta doucement la gorge avec ses doigts en grimaçant puis inspira comme pour s'assurer que c'était bien passé. Il se racla encore la gorge et soupira. Il garda le silence un instant avant de lâcher d'un ton faussement assuré :
- Et donc... Tu travailles là d'puis combien d'temps ? »
Changer de sujet pour éviter de revenir sur son presque-étouffement ? Non, du tout... Gyula n'aimait pas ce genre de situations, avoir des maladresses comme ça face à des inconnus... Ou plus « précisément » face à des personnes autre que les membres de sa famille, incluant son meilleur-ami dans la famille. Et ce parce qu'il aimait être craint et une maladresse empêchait ça, rendant ridicule, faible et banale la personne maladroite.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Lun 6 Mar - 22:54
quand le soleil se lève
gyula & ashton
Ashton écouta la réponse du jeune homme avec attention. On aurait pas dit, mais le blond était du genre à écouter, à enregistrer les détails. Il se passionnait de la vie des gens, s’en nourrissait, en quelque sorte. Il n’était pas forcément fan de ragots, mais aimait connaître de petites choses sur les personnes qu’il connaissait ou dont il faisait la connaissance. C’était cool.
L’autre murmura quelque chose qu’Ashton ne put comprendre, et piocha une autre tomate cerise. La boîte était pratiquement vide, mais ça ne dérangeait pas le blond, qui était plutôt du genre à apprécier partager. Bon, sauf quand c’était vraiment, vraiment bon et qu’il n’y en avait pas beaucoup. Là, il était poussé par un élan égoïste, tout à fait explicable.
Au fait, pourquoi t'es v'nu ici ? T'as plus une tête d'un gars des grandes villes.
Ashton eut une expression un peu étonnée. Quoi, lui, un gars des grandes villes ? En soit, oui. Ouais. Il aimait bien déambuler dans les rues de Paris, errer un peu partout dans la capitale. Pareil pour Londres, en fait. Croiser les touristes et se foutre de leur gueule dans sa tête, pensées malveillantes accompagnées des remarques déplaisantes, ou admiratives d’Artémis. Artémis qui ne se manifestait plus depuis un moment. Quoi, elle était vraiment en train de roupiller, là ? Il eut un sourire mental et revint à ses moutons. Donc oui, il aimait bien les grandes villes, les métropoles polluées pleines de gens désagréables, à chaque coin de rue. Mais c’était vrai, il se sentait tellement mieux en campagne, avec les chemins de terre et de sables, avec parfois les cailloux qui se faisaient sentir sous la semelle des chaussures, les prés enfermant le bétail et les champs empestant le fumier. Il aimait tout, et s’adaptait aux deux environnements strictement différents.
J’ai pas l’air, ouais, mais j’aime beaucoup ces collines. J’pense que tu dois penser la même chose que moi, ressentir le même truc ? Ca fait du bien d’être perché ici, loin de toute civilisation – même si elle n’est pas si lointaine que ça – et entouré par la nature. Puis, j’ai pris l’habitude de venir ici.
Il espérait avoir été clair. Mais si l’étudiant était ici, c’était qu’il avait le même sentiment, non ? Ashton garda son menton sur la paume de sa main, et observa le garçon. Celui-ci avait le regard posé sur lui, mais ses yeux étaient ailleurs, dans le vague. Ses iris, remarqua Ashton, étaient d’une douce couleur noisette. Les yeux bruns (« yeux marrons, yeux d’cochon ») étaient connus pour être… banals ? Mais ce que la plupart des gens écartaient, c’était le fait que baignés de Soleil, lesdits yeux prenaient une teinte particulièrement charmante, non que leur couleur habituelle ne le fût pas, mais… c’était drôle. Alors Ashton se demanda si le noisette des iris de Gyula (Youla ?) resterait le même sans le rayon de Soleil qui l’éclairait. On disait que l’œil était la fenêtre de l’âme. Le jeune homme devait en avoir une plutôt belle, car une chaleur, bien que légère, semblait exister dans son regard. Ou peut-être était-ce juste une impression du blond, qui fut interrompu dans son observation par la cible de ses yeux qui commençait à s’étouffer. Ashton eut un petit rire, ne pensant pas à s’en empêcher, mais demanda à mi-voix s’il avait besoin d’aide. L’autre se débrouilla cependant très bien tout seul, et finit même par lui poser une question d’une voix qui témoignait de l’épreuve, ça se sentait, que le garçon venait de traverser. Ashton avait encore envie de rire, mais vu la tête de son interlocuteur, il se retint, histoire de lui laisser un minimum de fierté. Car Gyula ne paraissait pas être du genre à s’étouffer, ou à trébucher en public. Ou même, tout le temps. Il dégageait une impression de… fermeté ? De force ? Ashton ne savait pas trop comment définir ça, mais c’était comme si le jeune homme ne pouvait pas tomber, aussi bien littéralement que figurativement. Bon, le malaise et l’étouffement venaient de prouver le contraire, mais on avait vraiment cette impression en rencontrant l’étudiant.
J’viens d’arriver en tant que jardinier. Mais j’étais élève au pensionnat, aussi, quand j’étais au lycée. Mais… Attends ? T’as quel âge ? T’as redoublé combien de fois, si t’es encore là-bas ? A moins qu’ils… oh quel connard, ce dirlo. Il a ajouté des classes universitaires, c’est ça ?
Il ne perdait rien pour attendre. Histoire de garder un œil sur ses étudiants, il n’avait pas hésité à faire se développer une section universitaire. Ashton eut un sourire désabusé, mais n’ajouta rien. Il n’avait pas envie de se faire trucider par le vieux sénile qui le commandait. Non merci. Bien que ça ferait sans doute plaisir à Artémis. Qui gardait le silence. Moh, tant pis ! Au moins, elle lui foutait la paix, et Ashton en était drôlement heureux.
Il reporta son regard sur le paysage qui s’étalait au loin, mais dévia vers le Soleil. Il était presque au plus haut dans sa course, ce qui signifiait qu’il allait bientôt être midi. Ashton soupira. Il venait tout juste de se réveiller, et déjà la moitié de la journée était passée. Si c’était pas déprimant. Mais le problème, c’était qu’il ne pouvait rien y faire. A la pensée de son arrivée tardive dans son repère plus si secret, il questionna l’autre.
Au fait, depuis quand t’es ici ? J’veux dire, sur la colline. Et qu’est-ce que tu faisais, à dormir là ? Si tu veux mon avis, c’est un excellent coin pour roupiller, quand y’a personne. D’ailleurs, désolé de t’avoir dérangé.
Ashton lui offrit un sourire apparemment sincère. Il n’était que partiellement désolé, puisqu’il était également heureux d’être tombé sur lui. Fallait avouer que converser avec l’autre était plutôt sympathique, sans être la folie non plus. Il ne parlait pas beaucoup, mais lui posait quand même quelques questions, ce qui démontrait une volonté de faire la conversation – sauf si Ashton se trompait dans ses suppositions. Enfin, c’était agréable de parler à quelqu’un, sur cette colline, avec le sifflement du vent, le bruissement des feuilles et le pépiement des oiseaux.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Dim 12 Mar - 15:38
Gyula l'écouta silencieusement, un sourire aux lèvres. Oh que oui, il comprenait parfaitement où il venait en venir. La nature avait ce don de faire ressentir un petit quelque chose, faire manquer un battement de cœur, éblouir, émouvoir, réconforter, par exemple. Elle mettait en éveil tous les sens. La vue, avec toutes ses couleurs, ses nuances, ses formes, sa luminosité, sa simplicité ou sa complexité. L'ouïe, avec le bruit du vent qui faisait se remuer les brindilles, les feuilles et les branches, le son des végétaux plus généralement, celui des animaux, celui de l'homme, les petits craquements irréguliers et secs de certaines branches fines. L'odorat, surtout en cette splendide journée, l'odeur de la terre et des plantes humides, celle des vaches et du fumier... Le goût... Celui des tomates cerises mêlées aux salmiakkit, bien que la nature ne les avait pas apporté, pour le coup. Et le touché. L'herbe et la terre sous son corps, l'humidité qui envahissait lentement ses vêtements, le vent, le Soleil... Le Norvégien cherchait toutes ces sensations à chacun de ses déplacements dans des environnements naturels. Qu'est-ce qu'il avait été gâté en Norvège ! Les nombreuses forêts, les montagnes, les fjords, les îles et Lofoten. Oui... Ces paysages étaient sublimes, à chaque saison, une ambiance différente se mettait en place. Il se souvenait d'une de ses plus belles promenades en forêt, non loin de chez lui, un hiver. La nature était totalement blanche, un léger rayon de soleil se faufiler çà et là à travers les branches épaisses des grands arbres. Ah, la neige ! Il y en avait une quantité incroyable ! Il avait pleuré ce jour-là, il se rappelait de cette larme chaude qui contrastait avec sa peau glacée. Ce paysage l'avait ému et lui avait fait penser à un film dans lequel des enfants se retrouvaient dans une forêt magique après avoir traversé un placard. Oui, la forêt dans laquelle il avait été était féerique. Sans aucun doute. Il avait adoré cette sensation de solitude, d'être observé et emporté par la nature et de n'avoir aucun témoin autour de lui. C'était... Intime. Oui, ce sentiment était intime. Et avoir rencontré quelqu'un qui appréciait cette sensation lui faisait du bien. Beaucoup de bien. Une sorte de complicité silencieuse et discrète.
Il l'entendit vaguement rire un peu et lui proposer de l'aide tandis qu'il s'étouffait, les bruits de sa toux couvrant les bruits qui l'entouraient. Il avait d'ailleurs remarqué une once d'amusement dans son regard, comme s'il voulait rire encore plus. Heureusement il n'en fit rien et le laissa poser sa question. Il écouta sa réponse, un sourire amusé en coin de lèvres, il trouvait sa réaction... "Veldig morsom"* ! Il s'abstint malgré ça de rire. L'envie était là, mais il... Ne faisait sans doute pas assez confiance à Ashton (ou peut-être était-ce autre chose ou à quelqu'un d'autre) pour rire pour une chose pareille. Il le regarda observer le ciel et fit de même. Le Soleil était haut. Gyula n'était pas doué pour déterminé l'heure à partir de la position de l'astre et pourtant, son père lui avait expliqué et montré des centaines de fois si ce n'était pas plus. D'après lui (et ses collègues), les vikings savaient faire ça, comme se repérer grâce aux étoiles et à l'aide d'une pierre dont le nom échappait toujours au garçon. Lui, ne s'était jamais considéré comme un viking, il ne voulait pas en être un, et puis les montres, les horloges, les ordis et les portables pouvaient très bien indiqués l'heure, et pour trouver son chemin, les GPS existaient. Sauf dans les coins paumés comme cette colline irlandaise... La voix claire du jardinier le sortit de ses pensées, il baissa alors son regard et remarqua immédiatement son sourire. Il nota mentalement que le blond souriait beaucoup, contrairement à lui, bien qu'en sa présence il s'était plutôt rattrapé. Le Norvégien entrouvrit les lèvres pour répondre puis remarqua qu'il n'avait pas répondu à ses premières questions.
« Ah, donc la fac c'est nouveau ? Hm.. Je vois.. Sûrement pour...
Il laissa sa phrase en suspens, la terminant dans sa tête et se rendant compte de l'erreur qu'il allait commettre Il se pinça la cuisse et détourna le regard, il devait se rattraper. Il releva alors les yeux et ajouta l'air de rien :
- J'ai pas r'doublé sinon, j'suis en deuxième année d'fac comme il s'doit ! Et pis... J'me suis l'vé tôt c'matin et v'nir ici m'avait un peu fatigué. J'suis là d'puis... j'sais plus... P't-être... 6h ?
En repensant à ça, il se rendit compte que sa petite sieste avait été plus longue que ce qu'il avait imaginé. Au moins, il se sentait mieux après avoir rattrapé ses heures de sommeil ! Penser à ça le fit d'ailleurs bâiller, il prit la peine de mettre le dos de sa main devant sa bouche alors qu'elle était grand ouverte. Ses parents avaient tout de même réussi à lui apprendre ce genre de bonnes manières. Il battit plusieurs fois des paupières en regardant l'herbe.
- En fait, j'suis v'nu pour pour voir l'lever du soleil. C'tait vraiment beau ! J'pense qu'tu l'as déjà vu ici, nan ?
Il le regarda de nouveau. L'observa, pour être plus précis. Le Soleil donnait une teinte particulièrement lumineuse à ses cheveux... Il se mit à envier sa blondeur. Ce n'était pas la première fois que ça lui arrivait, et sans doute pas la dernière. Il avait toujours envié les blonds et les roux, non pas qu'il n'aimait pas la couleur naturelle de ses cheveux, loin de là. Simplement, il avait développé un petit complexe, notamment depuis que son frère avait beaucoup grandi et prit en muscles. Son petit frère était un viking, brun, certes, mais un vrai viking. Lui, non. L'attente de son entourage, la pression sociale et tout le tralala qui accompagnait ça. Bref, il avait toujours voulu faire bonne figure quand son père le présentait à ses « collègues » et « amis » qui s'attendaient tous à voir un jeune homme grand, musclé, la mâchoire saillante avec une forte poigne. Ils n'attendaient peut-être pas qu'il soit blond ou roux aux yeux bleus, quoique, certains avaient fait la remarque en riant. Mais quand même ! C'était blessant et frustrant. Pour autant, Gyula n'avait jamais essayé de se teindre les cheveux dans ces couleurs. Elles devaient être naturelles... Il ferma les yeux en soupirant et secoua doucement la tête. Arrête ça, Gyu, c'pas bon pour toi...
- Et maintenant tu te mets à l'envier ? Il n'a pourtant rien d'un viking. - … Il est blond et grand. - Il n'est ni barbu ni musclé.
Son dieu était sec et sa colère semblait revenir.
- Qu'est-c'que ça peut t'faire que j'admire ou non ses ch'veux ? T'vas pas m'dire qu't'es jaloux ?! - Un dieu jaloux d'un humain ? Pour qui me prends-tu ?! - Ok, j'ai rien dit... t'énerve pas...
Pourtant la sensation que lui procurait son dieu était différente. Il l'avait vexé et il le sentait. Il grogna intérieurement. Sérieus'ment, c'tait ça ?! Il lui en voulait de s'être énervé de cette façon pour rien. De l'avoir fait souffrir pour rien. Il soupira d'agacement, mais, décidé à passer une bonne journée et poursuivre ce moment paisible et agréable avec Ashton, il prit sur lui et tenta d'ignorer ce qu'il s'était passé. Son regard noisette s'était posé sur le paysage. Il sentit une sorte d'incitation et d'inspiration en l'observant. Il inspira alors puis se mit à fredonner un air qu'il avait maintes et maintes fois entendu. L'air n'était peut-être pas exactement le même que l'original, ça faisait quelques années déjà qu'il ne l'avait pas entendu. Il sourit légèrement, cette chanson était pleine de souvenirs...
« Hljóðs bið ek allar helgar kindir, meiri ok minni mögu Heimdallar; viltu, at ek, Valföðr! vel framtelja forn spjöll fíra, þau er fremst um man. »**
Il s'était même mis à chantonner en vieux norrois, pas trop fort, ne voulant pas déranger le jardinier. Il s'arrêta après avoir fini la première strophe puis se tourna vers lui, une expression mi-désolée, mi-embarrassée sur le visage.
- Désolé, ça d'vait êt' bizarre !
Il ricana puis ajouta :
- J'ai pas l'habitude d'chanter comme ça, mais le paysage m'a donné envie... C'un chant viking qu'mon père chantait souvent, ça raconte la Völuspá, c'une vieille pro.... Pro... Hm... Prophétie ? sur la création du monde. »
Il ne quitta pas du regard le blond, comme à la recherche d'une compréhension de sa part. Ca ne lui arrivait que très rarement de se mettre à chanter des parties de sagas comme ça, c'était vraiment dû à une ambiance particulière qui le rapprochait de ce qu'on pourrait appeler « ses racines ». Il baissa finalement la tête, souriant un peu plus, et regarda son paquet de salmiakkit en attendant avec une légère inquiétude la réponse de l'autre. Qui sait, il allait peut-être partir en courant ou se moquer de lui. Il était prêt à recevoir toutes remarques possibles, vraiment toutes, mais vu comme ils avaient progressé et s'étaient étrangement rapprochés grâce à leurs points communs, il ne voulait pas tout gâcher aussi rapidement.
HRP :
Spoiler:
*"Veldig morsom" /veldi mochoum/ veut dire "très drôle" en norvégien. **1§ de la Völuspá en vieux norrois. Le chant donne quelque chose comme ça (jusqu'à 00:50) : https://www.youtube.com/watch?v=KnCYXDbeDlk
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Lun 13 Mar - 18:51
quand le soleil se lève
gyula & ashton
Le jeune homme en face de lui confirma sa supposition sur la création de la fac – enfin, il s’étonna plutôt du fait qu’elle n’existait pas avant – sans pour autant finir sa phrase. Ashton fronça les sourcils, mais ne prit pas le temps de relever, avec Gyula qui enchaînait, naturellement. Alors comme ça, celui-ci était en deuxième année de fac… Il avait quel âge, du coup ? Vingt ans, non ? Le blond n’avait jamais été bon en calcul mental, mais pour le coup, il pensait sérieusement avoir une réponse correcte. Mais la devinette de l’âge de son interlocuteur s’évapora quand celui-ci lui apprit qu’il était installé sur la petite colline depuis le lever du jour. Ashton ouvrit grand les yeux, admirant sa volonté, sentant la sienne vaciller à l’entendre de l’heure très, très matinale. Il avait fait ça, quelques fois durant sa jeunesse – il parlait comme un vieux, là, non ? – mais il l’avait regretté toute la journée.
En fait, j'suis v'nu pour pour voir l'lever du soleil. C'tait vraiment beau ! J'pense qu'tu l'as déjà vu ici, nan ?
Ashton eut un sourire ravi. Le lever du soleil, c’était l’une des plus belles choses de ce monde ! Il avait bien raison, le gamin. Le jardinier sentit le lien d’empathie, qui s’était progressivement créé entre eux deux, se renforcer, légèrement, à la réponse de l’étudiant. Il se retrouvait étrangement en lui, et c’était vraiment agréable de tomber sur quelqu’un comme ça.
Ouaip ! Quand j’étais au lycée, j’essayais de m’réveiller avant l’aurore et j’me ruais ici pour admirer à temps le lever du Soleil. Sinon, j’avais plutôt l’habitude de rester jusqu’au crépuscule, j’ai un p’tit faible pour les couchers de soleil.
Il se redressa, et s’étira, sentant ses os craquer, en laissant échapper un léger gémissement, celui que l’on poussait au réveil quand on s’extrayait du lit et qu’on étirait son corps entier en pensant à se recoucher, alors que non, on ne pouvait pas. Enfin bref, Ashton baissa les bras et posa ses deux mains sur l’herbe fraîche, en appui un peu derrière lui, et inclina la tête pour que son visage soit un peu plus ouvert vers le ciel, histoire de récolter quelques rayons, un peu chaleureux malgré le vent qui venait tout rafraîchir. Pour profiter encore plus, il ferma les yeux, et un doux sourire flotta sur ses lèvres, un sourire pas forcé ni trop exubérant. Non, juste une inclinaison à la commissure de ses lèvres, traduisant son bonheur d’être à cet endroit, à ce moment, empli de gratitude envers le monde. Il se sentait presque normal, à ce moment-là, ce qu’il trouva très rapidement étrange. Artémis. Elle était censée venir le provoquer, le déranger – enfin, peut-être pas alors qu’il se ressourçait, en quasi-harmonie avec la nature – mais… silence radio, toujours. Peut-être un petit frisson, un petit bourdonnement dans le fond de sa tête, mais pas une parole désagréable de la part de la déesse. Ce n’était pas qu’Ashton en réclamait, mais ça devenait un peu intriguant. Ca va pas, meuf ? T’es malade ? J’savais pas que les êtres immatériels comme ça pouvaient attraper la crève. Il entendit un ricanement sarcastique, et la voix de sa divinité préférée lui répondit. ’Garçon, c’est toi qui pourrais tomber malade si tu restais avec cette personne.’ Quoi, Youla ? Qu’est-ce que tu penses de lui ? ’Il est glacial. Je n’encourage pas votre relation. Sauf si vous vous entretuez, comme vous savez si bien le faire.’ J’suis sûr que c’est juste parc’que c’est un mec. Si ç’avait été une fille, t’aurais tout de suite approuvé. Artémis se replongea dans un silence buté, et Ashton rit intérieurement. Elle voyait le mal partout, et surtout chez ce qu’elle appelait haineusement les « mâles », alors bon !
Il soupira, les paupières recouvrant toujours ses yeux. Un fredonnement se fit alors entendre, venant de l’étudiant, si taciturne et asocial au premier abord, le faisant ouvrir les yeux. Alors comme ça, il était assez détendu pour chantonner devant un presqu’inconnu ? Le visage d’Ashton se fendit en un sourire, non pas moqueur ou amusé, mais quasiment attendri, et un peu admiratif, aussi, fallait l’avouer. Parce que, bien qu’il ne comprenait rien aux paroles – ça devait être la langue natale du jeune homme ? – il appréciait la mélodie, qui lui était pourtant inconnue. Il gardait les yeux rivés sur le garçon qui s’improvisait chanteur, son sourire toujours scotché aux lèvres, et sursauta presque quand la cible de son regard s’arrêta de chantonner pour regarder dans sa direction. Il était clairement embarrassé, et Ashton se retint franchement de rire, parce qu’il n’y avait pas de quoi l’être, enfin !
Désolé, ça d'vait êt' bizarre ! J'ai pas l'habitude d'chanter comme ça, mais le paysage m'a donné envie... C'un chant viking qu'mon père chantait souvent, ça raconte la Völuspá, c'une vieille pro.... Pro... Hm... Prophétie ? sur la création du monde.
Il chantait dans une langue étrangère, et il avait tant de mal que ça pour trouver certains mots en anglais ? Parce qu’Ashton n’avait pas oublié le coup du problème de traduction, avec les salmiakkit. C’était aussi pour ça, au départ, qu’il pensait avoir affaire à un touriste. A présent, il comprenait pourquoi : il avait des racines nordiques, donc ! C’était intéressant. Ashton n’avait jamais eu affaire à des personnes de cette origine, alors il était gâté, sur ce coup-là. Un viking amoureux de la nature ! Chouette. L’étudiant baissa la tête, attendant sans doute une certaine réaction de la part du blond. Celui-ci décida de rester sincère, dans un élan de générosité. Et puis, aussi parce qu’il commençait à bien apprécier l’autre.
Bravo !* Non, sérieusement, t’es sûr que tu chantes pas souvent ? C’tait cool. Et alors comme ça, t’es un viking ? Pour être honnête, je m’y attendais pas, mais si tu l’dis. D’ailleurs, j’suis jamais allé dans tous ces pays nordiques, qui vendent du rêve niveau paysage. Un jour, j’irai. J’t’enverrai une carte postale, haha !
Il était à moitié sincère sur ses derniers mots. Déjà, parce qu’il n’avait aucun problème à passer tous les stades de « amis mais pas trop » quand il le voulait bien, donc envoyer une lettre ou une carte à quelqu’un qu’il venait tout juste de rencontrer ? No problem. Mais en fait, il ne savait pas si Gyula voulait bien en recevoir de sa part. Peut-être le trouvait-il un peu bizarre, au fond, et qu’il préférait ne pas l’ajouter à son cercle d’amis ?
Et c’que t’as chanté, là, du coup, ça signifie quoi ? Désolé de t’prendre pour un traducteur, hein. Mais, ça veut dire que tu parles aussi bien l’anglais que le… c’était quoi la langue ? Désolé, j’suis pas très calé sur ce genre de sujets. En tout cas, c’était très beau. Et ça se prêtait bien à l’endroit, t’as raison. Les paysages comme ça te font des trucs, là.
Il pointa son propre cœur, puis reprit.
C’est fou c’que certaines personnes peuvent être insensibles à une merveille pareille – la nature, et tout c’qui nous entoure – c’aberrant. Heureusement, y’a des gens comme toi, qui m’redonnent un peu foi en l’Humanité.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Ven 17 Mar - 1:19
« Quoi ?! Cet humain préfère les couchers de Soleil ?! - C'un problème maint'nant ? J'suis sûr qu't'aurais dit ça peu importe c'qu'il avait dit... - Non. Je dis simplement qu'il ne sait pas apprécié Ma splendeur.
Gyula ricana intérieurement, étrangement, il n'avait plus peur de se moquer ouvertement de son dieu, c'était en soi un soulagement.
- Les couchers de Soleil sont les pires moments pour moi. - Ah ? Pourquoi ?? - Écoute-moi bien. Lorsqu'il se lève, je suis le plus Gracieux. Lorsqu'il atteint la moitié de son chemin, je suis le plus Somptueux. Mais lorsqu'il l'achève, je perds toute cette grâce et somptuosité à cause de tous les efforts de la journée qui m'épuisent... J'ai beau avoir essayé maintes solutions, je n'ai jamais su être présentable au moment du coucher du Soleil... Sauf quand il y avait des banquets, évidemment ! - Donc... Juste pour ça, 'faut pas aimer le coucher d'soleil ? - … « Juste pour ça », c'est quand même beaucoup ! - Mouais... Dis-toi qu'il t'aime bien même dans c't'état !
De nouveau un rire moqueur intérieur de la part du Norvégien. Son Dieu ne prit même pas la peine de rétorquer, de toutes façons, entre les deux êtres, les paroles n'avaient pas besoin d'être prononcées depuis la Possession. Ils sentaient les émotions de l'un et de l'autre. Ce qui était déstabilisant autant pour l'un que pour l'autre d'ailleurs. Ce que ressentait donc l'humain était que son dieu était en pleine méditation sur ses dernières pensées. Allait-il finalement changé d'avis sur l'adulte ? Il sentit une petite lueur d'espoir, tout allait s'arranger, finalement !
A croire que nan... L'envie de se taper la tête contre un mur envahit l'étudiant qui devait alors faire face à la réticence du dieu nordique qui n'avait aucune envie que son hôte explique ni traduise la Völuspá à l'inconnu. Jaloux ? A peine ! Qu'est-c'qu'il a à pas vouloir que j'lui réponde... Il soupira alors qu'il repensait au sourire que lui avait offert Ashton. Un sourire comme il en avait rarement eu de quelqu'un autre que sa famille proche. Ça lui avait fait chaud au cœur. Plus que ce qu'il avait pu s'imaginer. Peut-être que ses compliments y étaient pour quelque chose, bien que sa question sur le fait qu'il soit un viking l'ait mis légèrement mal à l'aise. Non, il était loin d'être un viking... Mais tant pis, sa curiosité soudaine, bien que présente depuis son réveil, l'amusait un peu. Gyula avait plutôt l'habitude qu'on lui pose des questions en tout genre sur son pays natal et tout ce qui l'entourait, parce que les gens ne savaient pas. Il ne leur en voulait d'ailleurs pas et était toujours content de pouvoir parler de ça. C'était le cas ici aussi. Il aimait beaucoup entendre les personnes parler de leur imaginaire de son pays. Ils n'avaient pas tort, la Norvège était splendide. Une perle, voilà ce qu'elle était. Non seulement il aimait les écouter fantasmer, mais en plus, il adorait les entendre dire qu'ils iraient chez lui. C'était une sorte de fierté qu'il avait. Son pays était beau. Son pays faisait rêver. Et depuis que Freyr était à ses côtés, ce sentiment s'était accentué. Étonnement. Le Norvégien ricana et rougit légèrement, oui, il sentait de nouveau cette vague de chaleur envahir ses oreilles, mais cette fois-ci ses joues étaient aussi atteintes.
- Dis pas n'import'quoi ! J'chante pas aussi bien qu'ça !
Il fit une pause le temps de calmer son embarras, puis reprit, une fois la chaleur dissipée. Le sourire qu'il avait alors arboré se dissipa. Ou plutôt diminua considérablement.
- … J'suis pas vraiment un viking... Mon père et mon frère l'sont, mais pas moi. M'enfin, j'suis Norvégien, alors ça change pas grand chose, nan ?
Il ricana de nouveau, mais moins naturellement. Il ne s'était toujours pas habitué à parler de ça, c'était tout récent il faut dire. En repensant à ce qu'avait dit le jardinier, son enjouement revint et son visage se détendit.
- … Pour la carte... J'ai hâte d'voir d'où t'l'auras prise ! J'te conseille Lofoten ! J'conseille c't'endroit à tout le monde, mais ça vaut vraiment l'coup ! C'est les Caraïbes version glacés !
Il baissa son regard en souriant légèrement, amusé.
- Tu réagis vraiment comme une adolescente à fleur de peau... - Quoi ?! Ta gueule, Freyr ! J'ai pas b'soin d'tes commentaires ! Et pis... j'ai bien l'droit d'me réjouir à l'idée qu'il aille en Norvège, nan ? - … Seulement te réjouir de ça ?
Il grogna intérieurement alors que son dieu ricanait. Ça lui faisait bizarrement du bien de l'entendre rire de cette façon. En d'autres circonstances, ça l'aurait vraiment énervé, mais là, après ce qu'il s'était passé, il ne pouvait qu'apprécié. Ce n'est d'ailleurs qu'à cet instant précis qu'il se rendit compte de la beauté du rire de son dieu. Cristallin malgré sa voix grave et sensuelle... Difficile à décrire, peut-être une de ces caractéristiques divines qui empêche tout homme de mettre des mots pour qualifier les dieux tant ils sont divins. Gyula se ressaisit et entreprit de continuer de répondre à Ashton en relevant son regard et en lui adressant un large sourire franc et enjoué.
- Y a pas d'souci, ça m'fait même plaisir d'parler d'la Völuspá ! Alors, la langue c'pas ma langue natale, c'du vieux norrois... L'ancien islandais.... La langue des vikings s'tu préfères. Hm.. Pour la traduction... Ce s'rait... « J'demande l'silence à vous tous sacrés, p'tits et grands fils d'Heimdallr ; Valfördr, t'veux qu'j'révèle les récits des hommes les plus anciens dont j'me souviens. »* 'fin un truc dans l'genre.
Le Norvégien lâcha un soupir en se laissant tomber en arrière. Il croisa ses bras sous sa tête et profita pleinement de la vue sur le ciel et le Soleil, bien qu'il l'aveuglait presque, il était obligé de plisser les yeux voire même de complètement les fermés ce qu'il fit sans la moindre hésitation. Bizarrement, il faisait presque confiance au blond alors qu'ils ne se connaissaient pas plus que ça.
- Les gens savent pas c'qu'ils loupent... 'Sont trop occupés par l'boulot, leur vie sociale, à foutre la merde partout... 'Pensent jamais à l'ver les yeux et r'garder la beauté du ciel... Ou même à s'émerveiller en voyant les premiers bourgeons d'l'année... C'triste...
Il soupira en repensant à la « civilisation », il s'était toujours dit qu'il préférerait être un sauvage plutôt qu'un homme civilisé, si « civilisé » revenait à être une personne trop « occupée » pour ne pas apprécier les dons de la nature. Et c'était pour ça que son père était fier de lui. Sa mère aussi, bien qu'elle s'inquiétait pour son fils, craignant qu'il quitte tout pour aller vivre en ermite dans un endroit inconnu et loin de toutes villes et de tous villages. Il ouvrit les yeux, faisant attention aux rayons de Soleil et regarda Ashton du coin de l’œil, un léger sourire se redessinant sur ses lèvres.
- J'suis content aussi d'voir qu'tout l'monde est pas comme ça. Frey- euh mon frère... 'fin ma famille aussi...
Fæn ! Un peu plus et j'me f'sais avoir ! Le stress monta d'un cran. Il savait que c'était risqué de parler des dieux et des classes M à des inconnus, mais il ne savait pas pourquoi. L'idée lui glaça le sang, il n'avait pas vraiment envie d'en avoir la réponse. Vraiment pas. Devait-il rentrer pour éviter ce genre d'accident ? Il n'avait pas envie de bouger. Certes la conversation était agréable avec le jardinier, mais c'était surtout parce que le sol était confortable. Mou mais pas trop, frais mais chaud en même temps... Qu'est-qu'il aimait dormir dans l'herbe... Non, il ne devait pas se laisser distraire et devait réfléchir au problème principal : Freyr. Enfin, sa possession. Devait-il donc partir ? Ou est-ce que se taire allait suffire ? Ou pouvait-il tenter le Diable ? Est-ce qu'il existe aussi ?
- Tu te proses de drôles de questions. - Tu l'connais ? - Qui ? - Le Diable. - … Non. - Il existe ? - … Qu'est-ce que j'en sais ? Je ne connais pas toutes les divinités ! | Ouah... T'nul... - Pardon ? Dois-je te rappeler la quantité de divinités que je connais ? - … Non, ça ira...
Gyula se rendit compte que les dieux devaient être bien plus nombreux que ce qu'il avait pu imaginer jusqu'à présent. Combien étaient-ils ? Et qui étaient-ils ? Il lança un regard interrogateur au blond, se demandant si lui aussi était possédé. Non, ce n'était que certains élèves qui l'étaient... Nan ? Il le regarda un certain temps comme ça, se posant et reposant et re-reposant la question, puis son esprit divagua encore sur les possibles dieux qu'il pourrait avoir en lui, s'il en avait, puis sur les divers dieux liés à la nature dans divers panthéons, bien qu'au final il n'en connaissait qu'un seul très bien (les nordiques) et un vaguement (les grecs). Bien évidemment, il avait entendu parler de certains grands dieux de certains autres panthéons, mais il ne se souvenait même plus de leur nom ni de leur localisation géographique.
- Tu t'éloignes de ta question principale, Eirikr. - Eh ? - Fuir ou ne pas fuir. Parler ou ne pas parler. Telles étaient tes questions. - Putain... On dirait du Shakespeare...
Le dieu solaire ne comprit pas la référence au dramaturge que lui expliqua très brièvement l'humain. Ce dernier repensa à ses hésitations et poussa un soupir en refermant les yeux. Tant pis, L'envie de bouger était loin d'être présente ! Flemmardise ? Totalement ! Et puis... Il ouvrit un œil et regarda Ashton, un léger sourire en coin de lèvres.
- Au fait, t'm'as dit un mot qu'j'ai pas trop saisi. C'tait... Bra... Brawo ? Bravo ? C'est irlandais ? J'crois l'avoir entendu mais... j'sais plus... »
Freyr le félicita vaguement de sa question qu'il n'avait pas pensé relever plus tôt. Lui non plus ne connaissait pas cette expression et était tout aussi curieux d'en apprendre davantage.
HRP :
Spoiler:
*Traduction de laquelle je me suis inspirée : "Silence je demande à tous Les êtres sacrés, Petits et grands Fils d'Heimdallr; Tu veux, Valfödr, que moi Je révèle Les anciens récits des hommes, Les plus reculés que je me rappelle." - Régis Boyer dans Edda Poétique
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Sam 18 Mar - 15:06
quand le soleil se lève
gyula & ashton
Ashton regarda l’étudiant avec amusement, alors que son visage prenait une jolie teinte rosée, contrastée sur le blanc de sa peau. C’était drôle qu’il réagît de cette manière, il ne devait pas recevoir tant de commentaires que ça. Enfin, ça pouvait se deviner, vu sa nature qui semblait principalement asociale.
J'suis pas vraiment un viking... Mon père et mon frère l'sont, mais pas moi. M'enfin, j'suis Norvégien, alors ça change pas grand chose, nan ?
Le blond haussa les épaules. Il ne connaissait pas trop la différence entre être un viking – qui semblait spécial – et être un Norvégien. Lorsqu’on était Norvégien, on était viking, non ? Après, il n’y avait pas réciprocité, étant donné que les vikings pouvaient venir de plusieurs pays nordiques autres que la Norvège, non ? En même temps, Ashton eut la réponse à une de ses questions : l’origine de l’étudiant ! La Norvège, donc. Ca devait être bien, là-bas. Le blond avait parfois terriblement envie de tout quitter, pour faire un tour du monde, avec un sac à dos et seulement les choses utiles pour voyager. Rien que le strict nécessaire, en fait. Mais, fallait l’avouer, il avait un peu la trouille. Même s’il avait Artémis pour l’aider, dans les contrées sauvages et inconnues, voyager en solitaire, rester avec la déesse et lui-même, c’était un parfait moyen de devenir timbré. Mais bon. Peut-être un jour, il aurait le courage, la totale envie, et rien pour le retenir – il n’avait déjà pas grand-chose auquel il s’attachait.
Pour la carte... J'ai hâte d'voir d'où t'l'auras prise ! J'te conseille Lofoten ! J'conseille c't'endroit à tout le monde, mais ça vaut vraiment l'coup ! C'est les Caraïbes version glacés !
Le visage d’Ashton s’illumina, une image magnifique se créant dans son esprit. Les Caraïbes, version glacés. Génial. Il attrapa son téléphone, créa un mémo sur lequel il nota le nom que Gyula venait de lui indiquer – sans faire de fautes – et le rangea ensuite, planifiant déjà son voyage là-bas avec enthousiasme, dans sa tête. Il entendit Artémis soupirer, en arrière-plan, mais il sentait également qu’elle était partante. Des émotions qu’elle laissait échapper, il comprit qu’elle était déjà allée en Norvège – si ça s’appelait aussi Norvège, avant ? – et qu’elle était curieuse de voir à quoi ça ressemblait, maintenant. Ashton se sentit drôlement content, à cette constatation. C’était cool de se sentir en accord avec l’être avec qui il partageait son corps.
L’étudiant finit par lui livrer sa propre traduction de ce qu’il venait de chanter, et Ashton, se penchant un peu en avant, écouta attentivement , comme à chaque fois qu’il apprenait quelque chose de nouveau. Il adorait découvrir, se cultiver, s’ouvrir au monde, et c’était une des raisons pour lesquelles il aimait se plonger dans des bouquins de toutes sortes. Apprendre, apprendre, apprendre. Toujours. Et alors qu’il continuait de l’écouter, Ashton se rendit compte qu’ils avaient encore plus en commun qu’il n’y paraissait. Les mêmes constats sur le monde en général, en plus des points communs déjà remarqués. Ashton se sentit sourire, sans pouvoir s’en empêcher, un sourire qui, étirant ses lèvres, atteignait également ses yeux ambrés. C’était vraiment trop beau pour être vrai. Une des premières rencontres qu’il faisait juste après son retour à Immortalia était magnifique. Le blond pensait sérieusement qu’il n’aurait, en fait, rien à se reprocher sur la décision de venir travailler là-bas.
J'suis content aussi d'voir qu'tout l'monde est pas comme ça. Frey- euh mon frère... 'fin ma famille aussi...
Ashton retint un rire à l’hésitation du jeune homme, croyant qu’il venait de repasser en mode nordique, et qu’il faisait un mélange de deux langues. Mais en même temps… Le mot qu’il avait prononcé à moitié lui disait bizarrement quelque chose, il lui semblait l’avoir déjà entendu quelque part. Il reposa son menton sur sa main, pensivement. Le Norvégien l’avait prononcé un peu différemment, mais… Le blond décida de laisser passer, ne voulant pas trop se casser la tête alors qu’il passait une agréable fin de matinée. Il chercherait plus tard.
C’est les racines norvégiennes qui refont surface ? J’comprends mieux pourquoi t’avais du mal, pour certains mots. C’est pas qu’la langue anglaise est difficile, mais pour un non-natif, ça peut poser quelques problèmes parfois.
Il blaguait un peu, mais en même temps, il était un peu ému. Son regard avait croisé celui de l’étudiant quand celui-ci était en train de parler, et une étincelle de compréhension qui semblait réciproque avait jailli. Mais Gyula s’était détourné, et maintenant, il paraissait de nouveau légèrement mal à l’aise. Quoi, c’était quoi ? Il était malade – puisqu’il ne semblait pas aller très bien au début – ou bien ? De la suspicion se déposa en couche fine dans l’esprit du blond, qui commença à élaborer des théories, certaines loufoques, et d’autres trop banales. Peut-être les salmiakkis lui avaient donné mal au ventre – le jardiner ne s’en étonnerait pas – ou bien qu’il ne supportait pas les tomates cerises – mais ça semblait complètement stupide aux yeux d’Ashton. N’aimait peut-être-il pas s’ouvrir à propos de sa famille ? Le blond avait déjà observé un certain malaise quand il avait parlé de sa famille viking. Ashton fronça un peu les sourcils, concentré dans ses réflexions et ses yeux posés sur le jeune homme sans, encore une fois, le regarder vraiment, mais son visage se détendit de nouveau alors que l’étudiant reprit la parole. Ashton évita de s’ébrouer comme un chien, et remarqua le sourire, bien que léger, de Gyula. Alors, de nouveau, il sourit, peut-être un peu rassuré. C’était qu’il était sensible aux changements d’humeur des autres, même s’il ne souhaitait pas vraiment le montrer. Mais là, aucun problème, y’avait rien à cacher avec lui, non ? Il croisa cependant machinalement les bras, se refermant légèrement. Il y avait quand même quelque chose de plutôt gros à cacher. Heureusement, c’était dans sa tête. Malheureusement, ça s’appelait Artémis. Et avec une divinité pareille, ça pouvait facilement dégénérer.
Au fait, t'm'as dit un mot qu'j'ai pas trop saisi. C'tait... Bra... Brawo ? Bravo ? C'est irlandais ? J'crois l'avoir entendu mais... j'sais plus...
Là, Ashton ne put s’empêcher de rire, sa tête s’inclinant légèrement en arrière et tout son corps se détendant avec soulagement. Irlandais ? Non, pas vraiment. Il entendit, en fond, Artémis rire également, mais elle se moquant presque méchamment de l’étudiant, satisfaite de sa bêtise, erreur qu’elle n’aurait pas fait. Enfin, c’était ce qu’elle pensait. Ashton décida de ne pas relever, et la laissant dans son coin, cessa progressivement de rire, un sourire joyeux encore collé à ses lèvres.
C’du français ! J’l’ai prononcé à la française, mais c’est l’même mot en anglais, bravo, ou well done. Oh, mais ouais j’oubliais, t’es pas encore complètement calé en anglais. D’solé.
Anticipant les questions, Ashton se redressa légèrement et ajouta.
Ah et, j’parle français, j’suis parti en France juste après avoir validé ma dernière année de lycée, j’voulais… m’enfuir, enfin, m’éloigner un peu. J’sais pas vraiment pourquoi j’ai choisi c’pays, peut-être parce qu’il semblait libre, il m’attirait. Et du coup j’ai fait mes études là-bas, mais bon, faut l’avouer, j’ai fait pas mal de choses qui me correspondaient pas vraiment, et j’ai juste galéré comme un fou. J’ai fini par abandonner et revenir ici, sans diplôme valable pour le métier de jardinier, mais l’dirlo m’a embauché.
Ashton se rendit compte qu’il avait l’air vraiment louche, et qu’il décrivait là une situation un peu bizarre. Pourquoi le directeur donnerait un métier à quelqu’un sans diplôme ? Le blond se disait qu’il avait peut-être fait une gaffe en racontant sa vie, mais fit tout pour garder une attitude détendue, tout en détournant le regard. Faites qu’il ne relève pas. Faites qu’il ne soit pas aussi curieux que moi. ’Eh bien, garçon, mon estime pour toi ne cesse de baisser. Elle doit être au stade de non-retour, désormais.’ Ouais, figurativement, au niveau du Tartare, quoi. ’Euh… si tu le dis. En tout cas, si tu te fais découvrir, j’espère que tu mourras rapidement.’ Si ON s’fait découvrir. Tu disparaîtrais aussi, non ? D’ailleurs, je sais même c’qui se passerait si on fait une connerie. Il supposa qu’Artémis ne le savait pas non plus, alors qu’un silence pensif s’installait dans sa tête. Et puis, comment le directeur pouvait savoir ce que faisaient et disaient toutes les personnes possédées ? C’était techniquement impossible. Mais derrière la technique, y’avait toute la folie, à commencer par la possession. Il devait le savoir, ne plus croire que quelque chose était impossible depuis l’installation d’Artémis. A part ça, tu vas m’dire pourquoi tu veux pas que j’me lie à un mec ? Elle ne lui répondit pas, mais à la place des mots, elle fit flotter à lui des émotions et des images. Alors, défilèrent à la suite les mythes en réalité réels des altercations d’Artémis et d’hommes. Il sentit la colère, le dégoût, le mépris. Actéon, mortel insignifiant et stupide tué par ses propres chiens. Orion, qui tenta de l’embrasser, idiot mais pitoyable. Et même Zeus, qui séduit une de ses chasseresses. Accompagnées d’autres épisodes moins connus, et même jamais racontés par les historiens et les poètes, ces images défilèrent en quelques secondes, courts instants cependant suffisants, tous représentant quelque chose ayant mal tourné. Ok, j’comprends pourquoi tu nous détestes. Enfin, y’a quand même plein de trucs injustifiés, t’avais pas forcément à les tuer, c’est un peu exagéré de buter des gens pour des raisons comme ça. Ah mais, j’oubliais qu’t’étais une déesse, et qu’il faut pas faire chier les déesses, hein ? ’Ne commence pas à m’énerver.’ Ok, mais c’est juste pour ça ? T’sais que Gyula va pas venir t’embrasser. Déjà, il peut pas, et en plus, il sait pas que t’existes ! Alors bon. ’Quand même. Je ne peux pas me réjouir à l’idée que tu sois ami avec un mâle. Ca signifie que je serai obligée de supporter sa présence, et-’ Merde Artémis ! Laisse-moi faire c’que je veux, non ? T’es pas ma mère, t’es juste une divinité immatérielle qui vient me soûler à chaque fois que j’me sens bien. Et il ferma son esprit, ne la laissant pas répliquer. Il créa comme un mur entre elle et lui, mais ça ne fonctionnait pas aussi bien qu’avant. Ils avaient, en quelque sorte, déjà échangé des parties d’eux-mêmes, ou du moins de leur esprit. Alors il pouvait encore sentir des filaments d’émotions qui appartenaient à la déesse. Et waouh, elle n’était pas de très bonne humeur. Mais un peu triste, aussi, de ce qu’il percevait. Quoi, elle allait pas se mettre à déprimer, non plus ? Il soupira, et recentra son attention sur Gyula.
C’est comment l’université à Immortalia ? Ca s’passe bien ? T’y étudies quoi ?
Il orientait la conversation vers l’étudiant, de nouveau, pour ne pas avoir à parler de lui, il risquerait de faire une plus grosse gaffe. Bordel, c’était chiant de devoir cacher des choses ! Ashton n’était pas de ce genre-là, et ça l’énervait de devoir se rétracter pour ne pas révéler sa particularité. Autant vivre en ermite ! Alors qu’il songeait à une vie en solitaire, son mur mental flancha et Artémis en profita pour abattre la séparation, comme on soufflerait sur un château de cartes. ’Ne refais plus jamais ça, garçon, c’est très malpoli ! J’essayais juste de te conduire sur la bonne voie, mais si tu t’énerves à chaque fois, nous ne pouvons pas avancer. ’ Très bien, tu veux qu’on fasse quoi, alors ? ’Que tu t’en ailles, et que tu cesses de t’attacher à cette personne.’ Attends, quoi ? Je- Il se retint d’écarquiller les yeux, se rendant compte d’une chose. En fait, t’es en train d’me dire que j’devrais pas faire ami-ami avec des gens parce que ça finirait par me faire mal ? T’es en train d’essayer de me dégoûter des gens ? En me montrant que toute ta vie, t’as rencontré des personnes qui t’ont déçue ? Mais j’y pense, y’a au moins quelqu’un qui t’a pas fait de mal. Edymon ? ’Endymion.’ Bah, il t’a rien fait lui. T’vois, y’a au moins une preuve que les gens sont pas aussi mauvais que tu l’crois. Et puis toi aussi t’es mauvaise ! Mais attends. T’as essayé de m’protéger, ou ? Elle resta silencieuse, plus une émotion ou une parole ne glissa vers l’esprit d’Ashton. Il eut une grosse envie de rire, et décida de laisser la déesse tranquille un instant. Fallait pas qu’il se connectât du monde réel, ça semblerait bien trop louche. Heureusement, les conversations mentales s’enchaînaient assez rapidement, ce qui permettait à Ashton de ne pas trop paraître plongé dans ses pensées.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Lun 20 Mar - 17:53
Gyula l'observa sortir son portable et y taper quelque chose alors qu'il venait de parler des îles de Lofoten. Était-il en train de le noter pour s'en souvenir ? Avait-il réussi à la convaincre d'y aller ? Il espérait bien et en était quasiment sûr à la réaction, ou plutôt à l'expression sur son visage qui semblait intéressé. Une chaleur étrange envahit son corps, sa joie était vraiment grande en le voyant faire ça. Rien que ça. Étrangement il se sentait... Normal. C'était bien ça le mot. Il se sentait normal avec lui. Il se sentait être lui-même, pas le type qui était possédé par un dieu étrange et loufoque, pas celui qui était humilié, rabaissé et harcelé, ni même l'enfoiré qu'il était. Non, il était loin de tout ça. Il avait l'impression que rien de tout ça ne s'était produit, que toutes ces parties de lui-même n'existaient pas, il était vraiment lui et ça lui faisait un bien immense. Pas de masque, pas de mensonges...
« Pas de mensonges, hein ?
Lui rappela Freyr. Le Norvégien se retint de lâcher un soupir de déception. Pour une fois qu'il était bien, il fallait que l'autre intervienne... Il vit Ashton ranger son portable et voulut presque l'en empêcher. Il avait bizarrement envie de lui donner son numéro pour qu'ils puissent rester en contact, pouvoir parler de nature, de voyages aussi... Mais il n'osa pas le lui demander, il pensait que ça ne se faisait pas surtout qu'ils ne connaissaient pas plus que ça, bien que ce qu'il ressentait envers lui était bien plus fort que ce qu'il pourrait ressentir pour une simple connaissance. Non, le blond était plus qu'un inconnu, plus qu'une connaissance... Ça ne pouvait pas être autrement... Il le regardait, se demandant si lui aussi pensait ça de lui, sans trop avoir d'espoir à ce sujet.
Il regrettait un peu de ne pas l'avoir fait alors qu'il était maintenant allongé dans l'herbe fraîche à gaffer en mentionnant presque Freyr.
- « presque » ? Tu plaisantes, tu l'as carrément dit mon nom. - A moitié... - « A moitié » ? Laisse-moi rire, il ne manquait qu'un son, un petit « -er » et c'était bon !
Il soupira mentalement, heureusement que le jardinier ne remarqua pas et crut qu'il s'était trompé de langue. J'ai d'la chance qu'tout l'monde parle pas norvégien... Il esquissa un sourire, se sentant mal à l'aise et hocha légèrement la tête.
- Hm.. C'est ça.. J'ai un peu d'ma avec le vocabulaire... Pourtant ça r'ssemble à l'anglais...
Fæn... Une autre boulette... - T'es doué dis donc ! - Oh la ferme ! C'pas toi qui dois te justifier à chaque fois qu'tu dis un truc en rapport avec un type qu't'as dans la tête ! - Ne t'énerve pas comme ça, je n'y suis pour rien, moi.
Il le savait, mais il ne pouvait pas s'empêcher de lui en vouloir, c'était plus fort que lui, et puis, c'était le dieu qui occupait son esprit et son corps, pas l'inverse. Il trouvait ça presque normal d'en vouloir à l'inconnu, au nouvel arrivant. Il se rattrapa finalement son erreur du mieux qu'il pouvait.
- Sauf pour certains mots... Comme frère...
Fæn... Il venait de s'enfoncer encore plus. S'il le pouvait, Freyr applaudirait, l'humain le sentait au niveau de ses bras, comme une démangeaison. Il sentait aussi que le dieu hésitait entre rire de sa bêtise ou s'énerver de sa stupidité. Mais il ne fit rien, il se contentait d'être observateur si ce n'était juge. Après tout, c'était un de ses rôles principaux, juger les faits avec les autres dieux...
Le rire du jardinier le détendit instantanément, bien qu'il avait quelques secondes avant réussi à mettre ses doutes de côtés. Cet homme avait un effet important sur lui, ce rire n'était certainement pas moqueur et Gyula le remercia presque mentalement. Il était quand même embarrassé de provoquer une telle réaction d'autant plus qu'à sa réponse, l'étudiant avait l'impression que connaître ça était une évidence. Désolé d'pas connaît'le français... Il souhaitait du fond de son être le lui dire mais se retint ne voulant pas casser l'ambiance qui avait pris du temps à s'installer. Une ambiance confortable quoiqu'un peu embarrassante. Il serra un peu les dents et l'écouta attentivement raconter son aventure en France. Alors qu'il expliquait avoir voulu s'éloigner de son pays, le Norvégien écarquilla les yeux et sentit son cœur se serrer. Non seulement ce type aimait la nature autant que lui, mais en plus de ça ils avaient vécu cette même envie d'échappatoire. Il se sentait plutôt proche de lui, de base, avec cette connexion à la nature, mais maintenant, cette proximité s'était encore plus réduite et de beaucoup. Il voyait soudainement en Ashton son futur. Allait-il aussi baver après la fac ? Surtout avec un dieu dans la tête ? Allait-il devoir vivre le restant de ses jours au pensionnat pour ne pas être découvert ? Au moins il savait que le directeur l'embaucherait même s'il n'avait pas de diplôme. Ce qui par ailleurs était un peu étrange, mais avantageux. D'ailleurs, il repensa au fait que non seulement il était jardinier à Immortalia, mais en plus il avait été lycéen là-bas. Connaissait-il des choses au sujet des M ? Non, probablement pas... Il se surprit à vouloir en apprendre davantage sur lui, sur les raisons qui l'avaient poussé à partir, sur ce qu'il avait vécu autant en France qu'au pensionnat. Il hésitait même à lui avouer qu'il vivait plus ou moins la même chose. Il en avait envie, comme pour lui montrer qu'ils se ressemblaient beaucoup plus que ce qu'ils avaient pu imaginer, mais en même temps, avouer ça signifiait parler de son passé. Et omettre les passages sensibles risquaient d'attiser la curiosité du blond. Et puis, il ne voulait pas l'ennuyer ni lui montrer ses faiblesses. Après tout c'était son objectif de base...
- C'marrant, si j'suis v'nu ici c'est aussi pour m'changer d'air !
Le jardinier allait devoir se contenter de ça, parce que le Norvégien n'avait pas la moindre intention d'expliquer quoique ce soit de plus à ce sujet. Quelle chose chatouillait son cou et l'empêchait de se concentrer davantage sur la conversation. Il se redressa un peu, se tenant sur un coude et passa sa main là où ce quelque chose le chatouillait. En observant la paume de sa main, il vit une fourmi qu'il venait d'écraser. Avoir du sang d'insecte sur lui ne le dérangeait pas tant que ça, mais en tuer un par inadvertance, oui, surtout une pauvre petite fourmi qui ne faisait que passer par là, alors que lui avait envahi son territoire.
- Elle repose en paix, ne t'en fais pas. - Est-ce qu'il existe un endroit pour les animaux, chez toi ? - Pas chez moi, mais oui, ce sont des êtres vivants que nous avons créé après tout.
Il était soulagé d'entendre ça mais continuait de regarder tristement l'animal sans vie sur ses doigts. Il tressaillit et leva son regard lorsque le blond lui adressa de nouveau la parole, lui posant des questions sur sa vie universitaire. Il baissa de nouveau son regard sur l'insecte et le posa délicatement sur l'herbe avant de retirer la trace de sang sur son pantalon. Il réfléchit aux questions qu'il venait de lui poser et s'allongea de nouveau, les bras croisés sous sa tête.
- … C'est chiant et nul... Comme tous les cours... J'étudie les langues mais bon... C'plus par obligation qu'aut'chose... D'jà qu'j'aime pas les cours, m'en plus c't'école est super louche !
Il retint un soupir alors que Freyr lâcha un grondement de mécontentement. Qu'est-ce qu'il avait du mal à cacher l'existence des élèves M ! A c'stade j'ai meilleur temps d'mourir comme ça plus d'soucis...
- Ne dis pas n'importe quoi, Gyula. Ne sois pas aussi égoïste. - J'suis pas égoïste, bien au contraire ! R'garde, si j'meurs tu... - Je quoi ? - … Il t'arriv'rait quoi ? - Je ne connais pas les détails, mais j'aurais probablement un autre corps, comme j'en ai eu avant toi.
Le cœur de Gyula se serra et sa gorge se noua. Il n'avait jamais songé que son dieu ait pu avoir d'autres hôtes que lui, l'idée d'être l'unique humain de son dieu se détruisit. C'est à ce même moment qu'il se rendit compte de cette même idée.
- T'vois, ce s'rait mieux pour toi.. T'aurais plus à supporter un type comme moi... - Gyula. Je te supporte pas, et tu le sais déjà. Mais ça ne veut pas dire que je te déteste complètement. Ton amour pour la Nature, ma création, me touche énormément, et puis, tu es le premier et sans doute le seul à pouvoir t'exprimer en vieux norrois comme tu le fais... Et même quand tu me parles en norvégien, tu ne t'imagines pas la joie que je ressens.
Le Norvégien imposa le silence, le temps de se remettre de ses émotions. Il inspira profondément puis s'efforça de sourire à Ashton ajoutant d'un air détaché :
- C'vrai quoi, quelle idée d'proposer différentes couleurs de cravate pour des élèves d'une même classe ! J'veux dire, l'vert c'moche, j'dois en porter... C'chiant, j'aurais préféré du violet !
Il lâcha un petit ricanement plus ou moins sincère. Il ne mentait pas vraiment, sa couleur préférée étant le violet, il aurait véritablement voulu que la cravate de son uniforme soit de cette couleur. Mais il n'en était rien. Mais ce n'était pas pour simple goût d'esthétique qu'il avait mentionné les cravates. Il espérait pouvoir découvrir si l'adulte savait quelque chose au sujet des M, des personnes comme lui. S'il ne savait rien, il ne relèverait pas ou se moquerait, mais s'il savait... L'étudiant ne put retenir un soupir. Cette situation devenait vraiment complexe et il commençait sincèrement à en avoir marre de devoir taire la présence de Freyr. Il voulait se lever et crier de toutes ses forces qu'il était possédé. Mais jamais il ne pourrait... Il le savait... Sans vraiment savoir ce qui arriverait, toutefois. Ça le démangeait, il voulait hurler, pleurer, se plaindre, se frapper... être réconforté. C'était ça qu'il cherchait, du réconfort. Il avait pourtant déjà rentré quelques personnes avec qui il avait plus ou moins discuter, mais en aucune d'elles il ne voyait une personne réconfortante, à part lui. Ashton. Peut-être que c'était dû à leur proximité, cette affinité qu'ils avaient... En tout cas, il voulait du réconfort venant de lui. Tant pis s'il paraissait faible. Il se sentait comme à la toute première semaine qu'il avait passé ici. Perdu. Apeuré. Énervé. Il rêvait de pouvoir s'enrouler dans ses draps, de s'y cacher et de ne plus y sortir. Ce s'rait d'jà mieux qu'sortir et risquer ma vie comme là... Pensant avoir été silencieux trop longtemps, il esquissa un sourire involontairement triste au blond.
- 'Fin... C'que des cravates... Alors... Ça va... Non ? »
Il sentit que sa gorge s'était nouée. Fæn... C'pas l'moment d'craquer... Il inspira profondément, essayant de se calmer, mais n'y arrivait pas. Il releva alors la tête pour libérer ses mains et ouvrir son sweat rouge, dévoilant son t-shirt uni blanc. Il replaça ses bras sous sa tête et apprécia la fraîcheur qui se glissant sous ses vêtements.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Jeu 23 Mar - 11:21
hrp :
désolée d'avance pour ce rp, j'avais plein de blocages, je savais pas quoi faire dire à Ashton, j'avais juste envie de hurler parfois devant mon clavier. xD du coup, j'sais pas si c'est bien. m'enfin.
quand le soleil se lève
gyula & ashton
Gyula se justifiait de son erreur et de nouveau, Ashton sentait qu’il était mal à l’aise. Quoi, faire une faute, alors qu’on n’était pas natif – et même en étant natif, oh – n’était pas grave. Peut-être le jeune homme était du genre à ne pas tolérer les fautes, Ashton n’en savait rien. En tout cas, il semblait bien s’embrouiller… Le blond décida de ne pas relever, il serait parfaitement capable de se moquer ouvertement, et ça ne plairait pas à Gyula. Et Ashton ne souhaitait pas le vexer, pas alors qu’il avait réussi à l’approcher.
Finalement, Gyula se remit à parler de lui, après l’explication du blond sur sa pseudo-fuite en France. Mais au grand dam d’Ashton, l’étudiant ne lui partagea qu’une seule phrase, qui ne satisfaisait pas vraiment sa curiosité grandissante. Allez quoi ! Il voulait en savoir plus, pourquoi est-ce qu’il avait le même sentiment que lui, ce qui l’avait poussé à partir. Changer d’air. Une belle expression, hein ? Changer d’air. Laisser derrière soi un oxygène souillé pour aller respirer plus librement dans un endroit pas forcément sain, mais déjà mieux que celui tout juste quitté. Ashton eut un léger soupir, et ses yeux se baladant tout autour de lui, il remarqua le geste de l’étudiant, qui observait sa main, une expression que le blond jugeait triste sur le visage. Un coup d’œil plus précis lui permit de comprendre que le jeune homme avait écrasé une bestiole, et vu son air, il ne devait pas l’avoir fait exprès. Le jardinier eut un sourire presque doux, se retrouvant un peu dans la personne qui se trouvait en face de lui. Il avait toujours détesté cette sorte de supériorité humaine sur les animaux et les insectes. Bien sûr, si ceux-ci faisaient deux mètres de long et un de hauteur, ça ne serait pas très rassurant, mais… quand même. Vous vous rendez compte ? On pouvait écraser une centaine de bestioles lors d’une balade en forêt ! Mais le besoin de respirer et de se perdre dans les bois pour mieux se retrouver en soi était bien plus fort chez Ashton que la détresse à la pensée de toutes ces choses qui mourraient sous les pieds des marcheurs.
… C'est chiant et nul... Comme tous les cours... J'étudie les langues mais bon... C'plus par obligation qu'aut'chose... D'jà qu'j'aime pas les cours, m'en plus c't'école est super louche !
Les yeux d’Ashton reprirent vie, rallumés par la voix de l’étudiant. Perdu dans ses pensées, il avait été momentanément déconnecté, et s’en voulu un peu. Quand on parlait avec quelqu’un, le mieux était d’écouter, non ? Enfin, l’autre ne semblait pas avoir remarqué, alors le jardinier reporta toute son attention sur lui. D’ailleurs, il songea qu’il avait tout à fait raison de trouver l’établissement louche. Ashton se retint de grimacer, en pensant à toutes les merdes que le directeur cachait dans son antre, aka la salle 3.4. ’Eh, je ne suis pas ce que tu appelles une « merde ».’ Non, c’est vrai, t’es un vrai parasite, toi. Il l’entendit soupirer et le maudire, une fois de plus, le faisant ricaner intérieurement.
Un court silence s’installa, laissant les deux interlocuteurs le temps de plonger dans leurs pensées. Du côté d’Ashton, les pensées fusaient à une allure impressionnante, ne le laissant pas établir de lien réel entre chaque chose. Ce qu’il entendait, ce qu’il voyait, tout se mélangeait. Malgré le fait qu’il fût au sommet de sa colline préférée, baigné de Soleil – si l’on pouvait employer cette expression sous le ciel irlandais… – et caressé par le vent, il n’arrivait pas à calmer le flux ininterrompu dans son esprit. ’Tu vois, il te fait du mal.’ N’importe quoi. C’est juste sa présence, je peux pas m’empêcher de trop penser quand y’a quelqu’un à côté. ’Oui, mais là, tu n’arrives pas à te calmer. Alors que normalement, rien que le fait de marcher pour venir ici te vide la tête et te fait du bien. La nature te fait du bien. C’est injuste qu’il trouble cette tranquillité.’ Oh écoute, tu m’soûles. Va voir ailleurs si j’y suis. Il se rappela soudain qu’elle ne pigeait aucune expression, et reprit rapidement. En gros arrête de m’déranger. Elle eut un cri rageur mais ne prononça aucun mot. Peut-être allait-elle se taire jusqu’à ce qu’elle trouve autre chose à dire ? Il sentit de nouveau ce frisson glacé dans son esprit. Ashton se sentit un peu coupable (juste un peu). Quand même, n’essayait-elle pas de le conseiller ? Et lui la recalait. Mais elle était une divinité, qui avait l’habitude qu’on lui obéisse. Et si on ne lui obéissait pas, elle se contentait de transformer la personne en animal. Mais là, elle ne pouvait rien faire, et le jardinier sentait la frustration divine frémissant au fond de lui. Allons bon ! Il ne pouvait pas tout faire pour plaire à mademoiselle Artémis. Buté, il décida de ne pas s’excuser, et de la laisser bouder dans son coin. Quel duo immature.
C'vrai quoi, quelle idée d'proposer différentes couleurs de cravate pour des élèves d'une même classe ! J'veux dire, l'vert c'moche, j'dois en porter... C'chiant, j'aurais préféré du violet !
Ashton ne vit pas le sourire un peu crispé du Norvégien, et fronça les sourcils à sa remarque. Quoi, il trouvait qu’Immortalia était louche pour ça ? Le jardinier ne comprenait pas. Pour de simples cravates ? C’était un peu ridicule, non ? Ashton sentit une certaine irritation le chatouiller, de façon désagréable. Alors lui, c’était les cravates qui le gênaient ? Un poids tomba sur sa poitrine, le faisant serrer les dents. Le jeune homme ne savait pas pourquoi il s’énervait de cette façon, alors qu’il se sentait si bien en présence de l’étudiant. La discussion avec Artémis lui pesait encore un peu sur le cœur, sans qu’il ne s’en rende vraiment compte, et sa propre frustration s’ajouta à celle de la déesse qu’il sentait de plus en plus. Le jardinier détourna le regard de son interlocuteur, ne souhaitant pas que celui-ci y lise la colère froide qui y croissait, presque contre sa volonté, serrant les poings et faisant saillir ses articulations. Pourquoi Immortalia ? Pourquoi la possession ? Pourquoi lui ? Ashton, une fois de plus, se sentit utilisé. Il ne ressentait cela seulement lorsqu’il était totalement seul. Parce qu’à ces questions, et à l’impuissance qui gonflait dans sa poitrine, résultaient une envie de frapper quelque chose, de se frapper, de se détruire, d’aller buter le dirlo, lui hurler de retirer la divinité de son corps, le forcer à faire de même pour les personnes possédées, lui faire jurer de ne plus faire de mal à tous ces gens, de les laisser tranquilles. Parce que le directeur, à sa connaissance, n’avait personne qui partageait son corps. Alors comment pouvait-il comprendre la détresse des possédés ? Le blond eut un rictus crispé, qu’il ne put contenir. Gyula ne pouvait pas comprendre non plus, hein ? Venu de Norvège, étudiant à Immortalia. Sûrement un pensionnaire normal, vu les remarques qu’il avait faites. Une colère froide grandissait en lui, le prenant à la gorge et menaçant de le briser, d’un seul coup. Cependant, la remarque de l’étudiant qui suivit fit redescendre ce sentiment glacial, et en quelque sorte, réchauffa le jardinier, qui reposa ses yeux sur Gyula. La voix de celui-ci était mal assurée, et lui fit comprendre que quelque chose clochait.
'Fin... C'que des cravates... Alors... Ça va... Non ?
Ashton rencontra un sourire qui était à deux doigts de lui briser le cœur. Parce que c’était une incurvation des lèvres qui lui semblait si familière, retrouvée chez beaucoup de ses camarades au lycée. Surtout lors de sa dernière année. La colère du blond reflua, glace transformée en eau qui allait se jeter dans une mer presque totalement lisse. Il se sentit un peu honteux de s’être énervé aussi rapidement.
Le jardinier ouvrit la bouche, voulut parler, sentit les mots se coincer dans sa gorge. ’Ashton, ne fais pas de bêtises.’ Il ne tint pas compte de son conseil, et regarda l’autre ouvrir son sweat. Le Soleil était peut-être un peu trop fort pour le Norvégien ? Ashton ne pouvait le quitter des yeux. Les légers doutes qui avaient traversé son esprit prenait un peu plus de sens, maintenant, et, s’étant regroupés, formaient à présent une grande bulle lumineuse qui flottait tranquillement, attendant que le blond trouve une réponse aux multiples questions qui s’inscrivaient dans son esprit pour éclater et éclairer Ashton. Celui-ci commençait déjà à supposer quelques petites choses, qui étrangement, le rassuraient. Il respira profondément, histoire de reprendre son calme, et ne pas sembler trop déstabilisé.
Si c’est que les cravates, ouais ça d’vrait aller. Mais non, ça va pas, ça va pas du tout, et-
Il se stoppa net, soudain envahi de doutes. Pas de la même nature que ceux à propos de Gyula, mais plutôt concernant ce qu’il devait dire ou pas. ’Fais attention. ’
Y’a pas qu’une histoire de cravates derrière tout ça, j’me trompe ? Y’a aussi le dernier étage du pensionnat. Y’a aussi les salles de classes pas comme les autres. Y’a aussi la salle. Y’a…
Sa gorge se noua. C’était trop bizarre de parler de cette façon, en sous-entendant tout. Le tabou subsistait. Devait-il laisser le flot amer couler ? Ca le libérerait, c’était sûr. Mais était-ce la bonne chose à faire ? Il en avait déjà bien trop dit, sur le coup. Ashton replaça son regard sur le paysage, censé l’apaiser, qui s’étalait jusqu’à l’horizon, et passa sa main sur ses yeux, brièvement, puis dans ses cheveux frappés par les rayons. Qui aurait cru que ça aurait été aussi difficile de dire quelques mots qui libéreraient un barrage au fond de son être ?
Pour une fois, il ne savait pas quoi faire, ni quoi dire. La plupart du temps, il avait une certaine répartie, et s’il se sentait en position de faiblesse, il attaquait, car l’attaque était la meilleure des défenses. Mais là, que pouvait-il faire ? Qu’y avait-il à attaquer ? Y’avait qu’un étudiant qui semblait se sentir bien trop mal devant lui, et si les personnes en état de fragilité donnaient à Ashton l’envie de les détruire encore plus, Gyula, lui, ne…
Le blond se retourna vers celui-ci et amorça un mouvement en avant, qu’il interrompit subitement. Quoi. Il venait juste de. D’être poussé par l’envie de le prendre dans ses bras. Ashton resta interdit. Il se reconnaissait étrangement dans le jeune homme avec qui il parlait. Et cette étrange sensation en voyant son sourire carrément triste ? C’était pas normal. Le blond n’était pas normal. Et le Norvégien, en fin de compte – Ashton jugeait un peu vite, il fallait l’avouer – ne l’était sans doute pas non plus. Enfin, c’était ce que le jardinier supposait, et même, espérait. Il espérait rencontrer quelqu’un comme lui, pouvoir parler sans cacher quoi que ce soit, sans avoir peur de dire une connerie sans faire exprès. C’était pas ça, être libre, malgré la possession par une divinité ?
Je peux te toucher ?
Ashton avait soufflé ces mots, ne voyant pas la nécessité de préciser de quelle manière. Il n’avait aucune intention louche. Juste un besoin de contact humain, rassurant. ’Tu es bien trop étrange.’
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Sam 25 Mar - 0:46
HRP :
Spoiler:
Désolé c'est vraiment pas génial comme réponse... Si jamais ça ne va pas ou c'est incohérent n'hésite pas à me le dire ! \o
L'attitude d'Ashton changea radicalement à sa remarque sur les cravates, le Norvégien le voyait bien, il avait détourné le regard et serré ses poings. Qu'est-c'que j'ai dit d'mal ? Il ne comprenait absolument pas ce comportement soudain. Il s'était attendu à ce qu'il s'étonne ou se moque ou encore à ce qu'il le questionne à ce sujet, mais il ne dit rien ce qui inquiéta Gyula. Il n'avait pas voulu casser l'ambiance agréable qui avait flotté autour d'eux, embellie par le cadre naturel. C'était un accident. Une mauvaise intonation, un mauvais mot, un mauvais sourire... Il ne savait pas ce qu'il devait se reprocher. Trop de choses peut-être. Beaucoup trop de choses... Ces questionnements alourdirent l'air que respirait l'étudiant, son cœur se serra davantage et sa détresse s'agrandit au fur et à mesure de ses pensées. Alors qu'il essayait de se rattraper en questionnant vaguement à propos de l'importance de la couleur de la cravate qu'il devait porter, alors que sa gorge était nouée, prête à lâcher un flot de sanglots, que son visage affichait un sourire triste, il remarqua que l'expression du blond changea immédiatement. Que s'était-il passé ? Pourquoi ces changements d'attitude ? Quand l'adulte ouvrit la bouche pour prendre la parole, le jeune homme fixa du regard ses lèvres, attendant avec une certaine impatience et inquiétude ses paroles qu'il espérait réconfortantes et douces. Ou peut-être allait-il être cassant ? Mais ce ne fut rien de tout ça. Et alors qu'il l'écoutait parler, qu'il réalisa qu'il l'avait peut-être plus ou moins compris et des larmes se figèrent dedans ses yeux, rendant sa vue floue. Il donna tout ce qu'il avait pour ne pas les laisser ruisseler sur ses joues.
« Y’a pas qu’une histoire de cravates derrière tout ça, j’me trompe ? Y’a aussi le dernier étage du pensionnat. Y’a aussi les salles de classes pas comme les autres. Y’a aussi la salle. Y’a… »
A ces mots, Gyula crut que son corps et son esprit s'embrouillèrent, comme une immense anesthésie ou un bourdonnement. Ses yeux s'écarquillèrent, il se força à respirer lentement et profondément de peur de ne pas y arriver naturellement. Il posa un de ses bras sur son visage, cachant ses yeux et ses larmes. Il garda le silence un instant puis inspira intensément pour se calmer. Le soulagement. Il avait compris... Ces sous-entendus, ce secret... Il ne pouvait que comprendre le malaise qu'ils créaient. Il retira son bras de devant son visage, profitant du frottement pour essuyer ses larmes, il se racla la gorge et se redressa pour s'asseoir, sans le regarder, n'osant pas le faire. On est donc pareil...
« A moins que les enseignants et autres membres du personnel soient au courant de ce qu'il se passe... Dans ce cas, profite de votre relation pour en savoir plus ! - … En profiter, uh ? - Oui, il nous faut des réponses ! Demande-lui ! - … Et s'il sait rien ? - Renseigne-toi auprès de lui, après tout il est là depuis plus longtemps que toi.
Le Norvégien savait qu'il avait raison, mais son cerveau l'empêchait de réfléchir correctement ou de se décider à faire quoique ce soit. Plusieurs interrogations s'enchaînaient, elles étaient très nombreuses, trop même. Elles arrivaient soudainement et repartaient tout aussi vite, sans même qu'il n'ait le temps de songer une seconde à une quelconque réponse. Cet afflux de questions lui donnait un léger étourdissement. Il posa ses mains dans l'herbe comme pour se maintenir et baissa son regard sur ses jambes. Il avait l'impression que son cœur battait de plus en plus vite... Une crise de panique ? Une hyper ventilation ? Ou rien de tout ça ? Il ne savait pas, il ne savait plus. Il était totalement perdu et avait comme l'impression d'avoir été poussé dans un puits sans fond, à tomber, tomber...Encore et encore... Freyr tentait du mieux qu'il pouvait d'aider son humain en lui transmettant des sensations plus douces et consolante les unes des autres, mais rien ne semblait l'apaiser.
« Je peux te toucher ? »
Il tressaillit en entendant sa voix, revenant à la réalité. Il leva son regard vers lui, surpris. Il n'était pas sûr d'avoir bien entendu sa question et son dieu non plus.
- Hein ?
Murmura-t-il en cœur avec le dieu nordique qui, lui, s'était écrié. Il eut une sorte de frisson qui parcourut son corps, probablement dû à l'air frais qui caressait sa peau sous ses vêtements. Il ne bougea pas pendant un moment, ne sachant pas ce qu'il devait faire ou dire. Il mourrait d'envie d'une étreinte réconfortante, mais en même temps, ce n'était pas dans ses mœurs de le faire, pas comme ça, pas avec une personne qu'il ne connaissait pas tellement. Bien qu'il ne le considérait pas comme tel, cette question le mis face à la réalité de leur relation. Ils n'étaient que des inconnus. Après tout, depuis combien de temps se connaissaient-ils ? Quelques minutes ? Quelques heures ? D'puis combien d'temps ? Il se retint de claquer sa langue contre son palais, se disant que ce n'était pas le temps de penser à ça. Mais si ce n'était pas le moment de songer au temps qui était passé depuis son réveil sur la colline, c'était celui de penser à quoi ? Il repensa à sa question. « Toucher »... C'était ce qu'il lui avait demandé... Son instinct scandinave le fit se crisper un peu et dévisager Ashton. Mais plus il le regardait, plus l'envie de se serrer contre lui devenait importante. Il était véritablement tiraillé et son dieu ne l'aidait pas, refusant catégoriquement que son hôte enlace cet adulte, qui plus est un homme. Il serra encore plus les poings dans l'herbe, enfonçant ses ongles dans sa peau, baissa son regard sans vraiment cibler quelque chose avec et finit par hocher très légèrement la tête. Un tout petit hochement de tête pour lui signifier qu'il pouvait. Son cœur battait à vive allure alors qu'il se décida à faire le premier pas, il prit une profonde inspiration avant de desserrer ses poings et de doucement se rapprocher de lui. Il leva les yeux vers lui, évitant toutefois de croiser son regard, au fur et à mesure que la distance entre eux se réduisait, son soulagement revenait, de plus en plus fort. Il laissa un léger espace entre eux, comme pour ne pas s'imposer, garder cette petite distance relationnelle. Il tendit alors le bras et se pencha pour se blottir maladroitement contre lui. C'était une sorte d'évidence que c'était ce dont voulait parler le jardinier, même si son dieu lui reprochait d'interpréter ses paroles, ce qu'il ignora étant totalement absorbé par cet instant. Malgré la présence de son parka kakis, il sentait une sorte de chaleur qui émanait de lui. Sa tête posée sur son épaule, il tentait de respirer calmement et de se détendre. Il sentit son odeur qu'il n'avait pas remarqué avant à cause de la distance et la trouvait douce. Il observa le tatouage sur son cou qu'il voyait finalement de plus près, sans réussir à se retenir d'esquisser un sourire, curieux de savoir à quoi il ressemblait entièrement découvert. Il déglutit pour humidifier sa gorge et sa langue et finit par murmurer :
- … Tu... As été dans la salle, non ? Est-ce que... Tu sais quelque chose... A son sujet ?
Freyr lâcha un grognement, lui suggérant de rester méfiant. Il avait beau avoir toléré la présence de l'inconnu, cela ne signifiait pas pour autant qu'il lui faisait confiance, loin de là. Gyula ressentait tout ça, mais il n'en avait rien à faire, il se sentait bien là même s'il n'osait pas se serrer correctement contre le blond. Il ne voulait plus penser aux possibles conséquences de ses paroles, ni de ses actes. Il voulait retrouver ces sensations de liberté et de normalité qu'il avait ressenti quelques instants auparavant, et à ce stade, le seul moyen d'y parvenir était de mettre les choses au clair. S'il s'était trompé, il partirait et retournerait au pensionnat d'une façon ou d'une autre. Ou en tout cas il essaierait.
- … T'avais raison... Y a pas qu'la cravate... Y a c'te salle... La séparation des élèves... Et surtout...
Il s'arrêta un instant, cherchant un moyen de ne pas explicitement parler des divinités. La sienne s'énervait de plus en plus contre son hôte, trouvant qu'il faisait une grave erreur en dévoilant autant de choses à propos des secrets d'Immortalia.
- T'sais... Y a des... hm... A l'école... Y a des... Parasites qui traînent... Et... A ce qu'il paraît... Ils... Font du bruit... Discret mais... Qui a force peut donner mal à la tête...
Il espérait être clair dans ses propos et se rendait compte de la difficulté de parler de cette étrange situation sans la mentionner explicitement. Il priait du fond de son être tous les dieux du panthéon nordique pour qu'Ashton comprenne et lui dise que lui aussi avait un dieu dans sa tête.
- … J'en entends... Des fois... Pas toi ? »
Il lui adressa un regard interrogateur du coin de l’œil, c'était la première fois depuis un petit bout de temps qu'il le regardait dans les yeux. Il crût que sa respiration et ses battements de cœur s'étaient arrêtés pour entendre clairement sa répondre qui allait être décisive sur ce qui allait se passer.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Lun 27 Mar - 11:33
quand le soleil se lève
gyula & ashton
Le jardinier pensait avoir demandé un peu trop. Ou peut-être Gyula avait-il mal interprété sa demande ? C’était que, hors contexte (et même dans le contexte), c’était drôlement bizarre de demander ça à quelqu’un qu’il connaissait depuis seulement quoi… même pas deux heures ? Et connaître ! Un bien grand mot. Ils avaient juste échangé leur nourriture et… et de quoi avaient-ils parlé, au fait ? Ashton ne se souvenait de rien, d’un coup. A part du goût du salmiakkit qui devenait d’un coup. Ouais, ça, il s’en rappelait bien. Surprenant, salty, mais au final, pas trop mal. Un peu comme Gyula, non ? ’Evite de faire des comparaisons comme ça, je t’en prie.’ Ashton n’eut pas le cœur à répondre, et la divinité le sentit bien. Elle n’était pas du genre à l’aider ou à le réconforter, alors elle lui laissa simplement de la place. Elle avait sa propre manière de montrer qu’elle faisait quand même attention à lui. Le blond avait toujours supposé qu’elle ne savait pas trop s’y faire en relations humaines, mais également que c’était juste contre ses principes moraux d’aider un homme, un mâle, soit l’ennemi. Mais à sa façon, elle faisait comprendre à Ashton qu’elle était, pour exagérer, préoccupée par lui, sans pour autant tomber dans la sollicitude. Mais c’était déjà une bonne chose, non, pour une déesse, misandrique par-dessus tout ?
Finalement, alors qu’Ashton commençait à réellement se frapper intérieurement pour avoir posé une question aussi débile, regardant avec inquiétude le Norvégien, celui-ci hocha la tête. C’était un geste quasi-imperceptible, insignifiant en temps normal, mais qui à ce moment précis, enleva un poids au cœur déjà bien lourd d’Ashton. Celui-ci avait retenu sa respiration, inconsciemment, et finit par respirer de nouveau, presque soulagé. Il s’apprêtait à se rapprocher du jeune homme quand ce dernier, à sa grande mais agréable surprise, décida de lui-même de se déplacer en sa direction. Ashton n’eut qu’à ouvrir les bras, tressaillant, ne le quittant pas du regard, puis à les refermer sur son dos avec douceur, dans une embrassade maladroite, accueillant le jeune homme entre ses jambes écartées [nda : pas ce que tu penses, c’est juste la position la plus logique pour un câlin]. Avec ce contact, il se rendait compte que l’étudiant était, comme lui, crispé et surtout… paniqué ? Non, pas paniqué. Bouleversé ? C’était un peu fort. Mais c’était l’idée. Alors, instinctivement, reproduisant le geste de sa mère lorsque, petit, il avait eu une frayeur, Ashton se mit à caresser lentement son dos, tentant de le calmer alors que lui-même était à la fois terrifié, submergé mais au fond, également rassuré. D’abord, terrifié de ce qui pourrait lui arriver, leur arriver. Même s’il savait que le dialogue entre deux possédés n’était pas proscrit, le jardinier sentait la peur le traverser, mais étonnement, il n’avait pas une seule seconde pensé que Gyula aurait juste pu se payer sa tête. Non, il était bien trop vrai, trop sincère dans ses mots dans ses gestes pour lui mentir, le blond le sentait. Mais terrifié, il l’était également à cause de la possession en elle-même. Disons qu’il n’en avait pas vraiment parlé avec qui que ce soit, alors là, même à demi-mots, il se rendait compte à quel point forcer la cohabitation de deux êtres naturellement différents pouvait être atroce pour le bien-être des gens. A cette terreur se rajoutait une pointe de révolte, à l’idée que le directeur continuait de gâcher la vie de personnes qui méritaient tout sauf une possession, mais également de frustration, car il ne pouvait rien faire. Allons bon, comment contrecarrer les plans du dirlo maléfique ? Il était également submergé, pas vraiment besoin d’expliquer pourquoi. A ce moment, le monde s’était réduit à la colline, et le temps, à l’instant présent. Et pourtant, malgré cette réduction de tout, les émotions d’Ashton prenaient des proportions extrêmes et coulaient en lui à torrent, comme les eaux libérées pendant une tempête trop forte, s’échappant du lit de la rivière pour s’enfuir sur les terres. Enfin, il était rassuré. Bien sûr, bien sûr qu’il l’était. Il avait trouvé quelqu’un. Quelqu’un dont l’âme résonnait en lui. Parce qu’il lui semblait comprendre, alors qu’il le tenait contre lui, qu’ils étaient bien trop semblables pour que ça soit une simple coïncidence. Et puis, pouvoir évoquer, même en sous-entendus, leur état était trop beau. Trop beau pour être vrai. Il avait espéré pouvoir en parler sans problème avec tous ceux qu’il croisait – même si au début, il souhaitait plutôt tout garder en lui, ça lui faisait encore trop… peur ? – et là… là, c’était bon. Il pouvait parler normalement à Gyula, non ? ’Non, quand même pas. Je te rappelle que tu n’es pas encore sûr de ce qu’il est. Attends encore un peu, si tu veux mon avis.’ Et pour une fois, il voulait bien son avis. Il l’accueillit avec discernement, et lui envoya une vague de reconnaissance, et il la sentit s’adoucir. Elle s’adoucissait toujours quand il était comme ça.
Ashton pouvait sentir le souffle irrégulier de l’étudiant quand il respirait, dans son cou, le faisant frissonner légèrement, et alors qu’il se mettait à parler, le blond porta son attention sur ses paroles. La salle. Il eut un sourire sans joie, repensant à la première fois qu’il en avait entendu parler – il y avait des rumeurs et des légendes à propos de ladite pièce parmi les élèves normaux – puis à la fois où il était entré. Son initiation. C’était charmant, mais ses souvenirs étaient très flous. Sans doute le choc de la possession. Le blond serra les dents, chassant les images de son esprit, et tenta de réguler sa propre respiration. Il sentait son cœur battre à un rythme élevé. C’est pas bon, ça… Il souffla et lâcha quelques mots qui, il l’espérait, auraient un sens.
Elle a un drôle de nom cette salle. Drôle de nom pour drôle de contenu, j’dirais…
Il se stoppa. Non, ne pas en dire plus. Attendre. Il ferma les yeux, tenta de remettre tout à sa place dans sa tête. Impossible de s’occuper de ses émotions, pour l’instant, elles fusaient de toutes parts et prenaient bien trop de place pour être contrôlées. Il devait faire le ménage dans ses pensées, pour l’instant, pour ne pas sortir une connerie qu’il regretterait. Artémis, pour une fois, était d’accord avec lui.
Gyula finit par reprendre la parole, pas assuré, cherchant ses mots. C’était dur de parler comme ça. Maintenant, c’était de plus en plus évident que l’étudiant n’était pas ordinaire. C’était évident, bon sang, et ils continuaient à… à… à parler à demi-mot ! Ashton brûlait d’envie de tout cracher, de tout laisser sortir. Mais il le savait, ce n’était pas prudent, oh non, pas prudent du tout, et Artémis lui glissait que s’il avait attendu six ans dans le silence, il pourrait patienter encore quelques minutes de plus, histoire de bien tout mettre au clair, après s’être assuré que l’étudiant était bien possédé. Mais les derniers instants étaient les plus durs, n’est-ce pas ?
T'sais... Y a des... hm... A l'école... Y a des... Parasites qui traînent... Et... A ce qu'il paraît... Ils... Font du bruit... Discret mais... Qui a force peut donner mal à la tête... J'en entends... Des fois... Pas toi ?
Ashton eut mal à la poitrine, son souffle se coupa. Une de ses mains, toujours délicatement, alla se poser sur le crâne du Norvégien pour caresser en douceur ses cheveux, à la fois agréables au toucher mais également un peu rêches. Néanmoins, le reste de son corps s’était tendu, luttant contre son envie soudaine de chialer. Ces sous-entendus étaient la dernière barrière à franchir avant la libération. Ils lui faisaient mal, également par le ton pris par Gyula. En fait, c’était surtout celui-ci qui injectait au jardinier ces émotions contradictoires. Il lui inspirait de l’empathie, de la forte sympathie même, et tout ce qu’il avait envie de faire était de le garder contre lui, ne pas le lâcher, non, pas tout de suite, attendre que l’étudiant se calme, le protéger. A ce moment, il était une personne qu’Ashton se devait de protéger, car il émanait de lui une impression de fragilité s’opposant à la solidité de la première impression. Le blond rapprocha l’étudiant de lui, dans une étreinte plus naturelle, moins bancale, et ferma les yeux, inspirant. Son odeur parvint à ses narines, l’étonnant par sa fraîcheur, et il réussit à faire un petit sourire.
Les parasites… je…
Quoi, c’était aussi dur à dire ? Ashton se gifla mentalement, sous la mi-approbation d’Artémis.
J’les entends pas que là-bas, ils… ils me suivent. Ils m’suivent partout où j’vais… Ils veulent pas s’en aller, même si j’crie, ou qu’j’hurle. Impossible d’s’en débarrasser…
Il prit une inspiration tremblante. Cette discussion le rendait bien trop émotif. Il n’était pas du genre à verser dans l’émotion aussi rapidement, aussi facilement. Mais là, que pouvait-il faire ? Au moins, il ne tremblait pas. Ca aurait pu être pire. Ses bras se resserrèrent autour de Gyula, toujours à la recherche d’un contact qui le rassurerait assez. Sa respiration ralentit légèrement, toujours irrégulière.
Ils ont commencé dans… dans la salle, t’sais. Avant, je… je les entendais pas… y’a des gens qui disent qu’il y a seulement certaines personnes qui les perçoivent… C’est drôle, non ?
Il avait rouvert les yeux, où au contraire, aucune lueur amusée ne brillait. Plutôt, ce qui ressemblait grandement à de la détresse y tremblotait. Ca faisait déjà trop longtemps qu’il survivait à cette cohabitation forcée. Y’avait bien des moments où il n’en pouvait plus. Eh bien, fallait qu’il choisisse ce moment précis pour craquer ! Artémis était bien d’accord. Ca faisait trop longtemps qu’elle était coincée dans un corps qu’elle n’avait pas demandé. Malgré la relation stable qu’ils avaient construite, elle ne rêvait que de posséder un corps féminin, et vierge de préférence. On ne change pas les bonnes habitudes.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Dim 2 Avr - 14:21
Gyula sentit les bras du blond autour de lui et le serrer contre lui. Il se crispa un peu. A quand remontait la dernière fois qu'on l'avait enlacé comme ça ? Des mois ? Des années ?... De ce dont il arrivait à se souvenir, c'était la fois où il s'était réconcilié avec ses parents, ce qui remontait à la fin de ses années collèges, donc environ cinq ans auparavant. Ils l'avaient embrassé si fort... Oui, ce devait être ça, la dernière grande étreinte qu'il avait eu avec eux. Même lors de son départ de Norvège, c'était lui qui avait enlacé sa mère et son père s'était contenté d'une tape dans le dos. Il n'arrivait pas à revoir la scène, bien qu'il l'ait visualisée un nombre incalculable de fois quand il avait le mal du pays. Ses pensées étaient toutes embrouillées, chamboulées, occupées, tout se passait très vite dans sa tête, pourtant ils étaient juste là, assis sur cette colline à s'enlacer. Il ne se passait rien de spécial d'un point de vue externe. L'étudiant oublia même le décor qui les entourait, il n'y avait que le jardinier et lui, cette étreinte, même leurs affaires n'existaient plus. Il tressaillit en sentant des douces caresses sur son dos. C'était étrange. Très étrange. Il n'appréciait pas mais ça ne lui déplaisait pas pour autant. Il lui fallait peut-être un peu de temps avant de s'y habituer. Il verrait bien. Freyr soupira avant de diffuser une vague d'une chaleur et d'une douceur qui impressionnait son hôte. Pourquoi faisait-il ça alors qu'il n'appréciait pas l'étreinte entre les deux hommes ? Il décida de ne pas questionner son dieu, ce n'était pas le moment. Il apprécia ce geste et lui renvoya une sensation douce, moins que celle reçue mais plus que celles qu'il lui avait volontairement envoyer depuis la possession. Il réfléchit un instant et se dit qu'il aimerait beaucoup faire la même chose avec Ashton, pouvoir diffuser ses sentiments par la pensée. Les choses seraient tellement plus simples, d'autant plus qu'il sentait que lui non plus n'était pas totalement à son aise, ou en tout cas il remarquait bien que quelque chose n'allait pas et qu'il n'était pas le seul à être désespéré par cette situation. Du désespoir ? Il ne savait pas si c'était vraiment ça, il ne voulait pas savoir car il n'avait pas la tête à réfléchir à ce genre de petits détails insignifiants à ses yeux. Ce qui l'importait à cet instant précis était qu'il n'allait pas bien. Il vit du coin de l’œil que sa mâchoire s'était serrée. A quoi pensait-il ? Était-il encore énervé ? A cause de quoi ? Avait-il encore dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Il sentit son soupir dans ses cheveux, frissonna un peu, et l'écouta répondre à son questionnement sur la salle. Enfin, il n'y avait pas tellement répondu, contournant un peu la chose. Gyula restait tout de même confiant et optimiste, certes c'était un petit pas, mais au moins il se rapprochait du « grand final » qui permettrait de déterminer s'ils étaient semblables ou non.
« Il te mène probablement par le bout du nez.
Il ne voulut par écouter ce que le dieu avait à lui dire, pensant que sa jalousie lui faisait dire des choses aussi négatives et méfiantes au sujet du blond.
- Il ne répond pas clairement à ta réponse. Soit il se contente de dire ce qu'il a entendu et ne sait strictement rien, soit il est au courant mais veut te manipuler. Enfin, dans les deux cas ça s'appelle de la manipulation.
Le Norvégien serra les dents, mécontent des paroles du dieu solaire. Il savait qu'il devait se méfier, mais à ce stade, n'étaient-ils pas quasiment sûrs qu'il était comme lui ? Il lâcha un soupir pour se détendre, mais encore perturbé par les paroles de Freyr et encore bouleversé par la grande avancée qu'ils avaient fait, sans parler de l'étreinte qui lui faisait, finalement, beaucoup de bien, sa gorge se serrait alors qu'il essayait d'être plus clair dans ses sous-entendus. Il le regardait, impatient d'entendre sa réponse. Avant de répondre, Ashton avait posé sa main dans ses cheveux noirs, les caressant. L'étudiant ne savait pas comment interpréter le geste, il se demandait si c'était uniquement par simple compassion par rapport à sa difficulté à s'exprimer ou bien au contenu de ses paroles. Il repensa alors à ce que lui avait dit le Vane. Et s'il avait raison ? Et si, malgré toute l'assurance qu'avait à présent l'humain concernant le fait que le blond était possédé, il s'était trompé ? Que se passerait-il ? Il s'était dit qu'il partirait, certes, c'était une option, même si partir subitement, comme ça, après s'être autant dévoilé... Et puis, qu'arriverait-il s'ils se recroisaient au pensionnat ou ailleurs ? Se salueraient-ils ? S'il était normal, qu'adviendrait-il de cette étrange relation ? La voix grave dans sa tête lui suggéra de l'ignorer, si ça venait à arriver. Il acquiesça intérieurement. C'était la meilleure solution... Mais en même temps, il ressentait de la peine en se disant qu'il le ferait, ils se ressemblaient tellement, ils avaient partagé tellement... Vraiment ? Non, ce n'était qu'une discussion banale, sans intérêt, rien de bien important, il ne savait plus trop, son esprit l'avait embrouillé. C'toi qui as fait ça ? Le dieu solaire nia toute implication dans cet oubli, lui expliquant qu'il était incapable de faire une chose pareille mais qu'au vu de la mémoire pas très fiable de son hôte, ce n'était pas très étonnant. Il sursauta presque quand il se serra encore plus dans ses bras, il avait presque oublié qu'il attendait sa réponse. C'est vrai, elle était capitale et n'avait pas fait attention. Il était pris au dépourvu par cette étreinte resserrée. Qu'était-il censé faire dans ce genre de situation ? Il osait à peine l'enlacer correctement... C'est alors que le jardinier se mit à parler. Enfin. Lui aussi semblait avoir du mal à trouver ses mots. Était-ce bon signe ? L'hôte de Freyr se tendit contre l'irlandais, prêt à se redresser pour le regarder en face et peut-être même à partir.
- J’les entends pas que là-bas, ils… ils me suivent. Ils m’suivent partout où j’vais… Ils veulent pas s’en aller, même si j’crie, ou qu’j’hurle. Impossible d’s’en débarrasser…
Un frisson. Les larmes revinrent, elles ne coulaient pas encore, elles stagnaient juste sur ses yeux. Il sentit l'étreinte se resserrer et baissa son regard, il écoutait attentivement ce qu'il lui racontait. Il serra les dents, comprenant très bien ce qu'il disait. Fæn ! Il se sentait horriblement misérable, il était si fragile d'un seul coup ! Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il parlait de la possession avec quelqu'un ! Il se mordit la lèvre, faute de pouvoir se pincer ou se griffer pour se ressaisir. Il inspira profondément puis frotta doucement son visage contre la parka, surtout pour essuyer ses yeux. Il se redressa ensuite, regarda Ashton et se blottit de nouveau sur lui, l'enlaçant correctement à son tour. Plus fermement aussi. Lui aussi devait en avoir besoin après tout. Ça aurait été égoïste et plutôt pathétique d'être le seul à profiter de cet instant. Il caressa son dos en mouvement circulaire. Finalement, il se rendait compte que ce genre de geste l'avait manqué. Serrer quelqu'un dans ses bras... Il le faisait tellement avec ses amis les plus proches, mais surtout son petit frère. Il réfléchit à ce qu'il pouvait dire. C'était bizarre, ils y étaient finalement arrivés, enfin ils savaient, mais il n'arrivait pas à savoir comment s'y prendre maintenant, comment continuer. Est-ce que le blond savait aussi ? Avait-il parfaitement compris ? Freyr continua de lui dire qu'il devait rester méfiant et ne pas tout déballer. Il semblait vraiment inquiet pour ce qu'il pouvait lui arriver à lui, pas à son hôte. Ou en tout cas c'est l'impression que ce dernier avait. Lui était soulagé, il n'avait plus à penser à l'ignorer, s'ils venaient à se croiser par hasard.
- … J'en ai un d'puis qu'j'suis arrivé... J'l'entends tout l'temps... Même maint'nant... J'l'ai app'lé Freyr... C'bête de donner un nom, nan ?...
Il poussa un soupir. Il n'aimait pas parler comme ça, hésiter, tourner autour du pot. Il lui lança un regard du coin de l’œil, comme pour vérifier qu'il suivait bien, qu'il comprenait surtout. Espérant sûrement que ça se lise sur son visage. Il ferma finalement les yeux et prit quelques secondes pour apprécier l'instant, pourtant pas si appréciable que ça.
- C'un dieu nordique.
Ajouta-t-il sur un ton détaché.
- 'fin, ça vient du nom d'un dieu. - Tu vas trop loin. - L'dieu des hommes. Des vrais !
Il esquissa vaguement un sourire méprisant, sentant son cœur se serrer tandis que son dieu soupira d'exaspération.
- Ironique quand tu m'vois maint'nant... »
Il lâcha une sorte de ricanement suivi d'un « pathétique ». Il se sentait comme ça, comme à chaque fois qu'il était dans une position de faiblesse. Il perçut une sorte de démangeaison sur ses avant-bras, non, il ne devait pas tenter à la tentation de recommencer. Pas encore. Pas tout de suite en tout cas. Yngvi-Freyr le réprimanda, criant presque qu'il devrait pas se refaire de mal. Il ne l'avait jamais vécu mais son hôte lui avait raconté, celui-ci grimaça un peu à cause de la puissance de la voix du Vane. Tant pis, ce sera peut-être pour une autre fois...
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Jeu 6 Avr - 16:23
hrp :
ok y'a rien de cohérent, j'sais vraiment pas comment j'ai réussi à écrire quelque chose d'aussi... "nul". en plus c'est plus court que d'habitude. dis-moi si y'a un truc qui va pas. xD
quand le soleil se lève
gyula & ashton
C’était bien trop bizarre. Le moment. La conversation. Tout. Ashton se sentait bien trop fragile, et il détestait l’impression d’être constitué de verre pouvant se briser à tout instant. Ashton Lucian Miller, en haut de cette colline, enlaçant un inconnu, se sentant au bord du gouffre ! Il se crispa, ferma les yeux. Il devait faire le vide dans sa tête, se calmer, se contrôler, ne pas dire n’importe quoi. Mais est-ce que ça importait, maintenant ? Les sous-entendus étaient allés bien trop loin déjà.
Il garda les yeux fermés, appréciant du mieux qu’il pouvait l’étreinte partagée avec l’étudiant. Ça remontait à pas mal de temps, la dernière fois qu’il avait pris quelqu’un dans ses bras de cette façon. Il avait échangé des tapes dans le dos, des bises et de brèves embrassades avec des connaissances, mais c’était juste un moyen de se saluer. Alors, là, le contact physique le rassurait un peu. Il lui faisait du bien au cœur, et Artémis pouvait bien ricaner et le traiter de fragile, cette étreinte était la bienvenue.
Ashton rouvrit les yeux alors que le Norvégien reprit la parole. Drôle de moment pour, mais il remarqua son léger accent, auquel il n’avait pas fait vraiment attention auparavant. L’ombre d’un sourire plana sur ses lèvres tandis que son regard se déposa dans le vague. Il n’avait pas besoin de ses yeux, juste de ses oreilles et de son cerveau. Et de son cœur. Celui-ci se serra aux paroles de Gyula, et en même temps, il se rendit compte que le nom du dieu était celui qu’il cherchait tout à l’heure. Tout se connectait. Mais bon sang ! Ça lui faisait du mal, et il ne savait même pas vraiment pourquoi. C’était con, les émotions, hein ? Ça vous retournait les entrailles, ça vous inondait le cerveau et ça vous déchirait le cœur. Super invention des dieux, ça ! Bande de salauds. Il se mordilla la lèvre inférieure, prenant une grande inspiration, puis expirant profondément. Il finit par baisser un peu la tête, posant sa joue contre le crâne de l’étudiant. Il ne pouvait plus tenir tout seul. Et tout ce qu’il avait envie de faire, là maintenant, c’était de s’allonger dans l’herbe en position fœtale et de se calmer comme il se devait. Il ne devait pas perdre contrôle. Bon, c’était un peu raté, puisque ses émotions et ses pensées fusaient dans tous les sens. ’Ouais, ce n’est pas très agréable. Je me fais percuter par des vagues de désespoir, alors calme-toi, pour l’amour de Zeus !’ Il grogna mentalement. Comment s’il pouvait faire quelque chose pour le moment ! Ce n’était pas elle, l’humaine. Ce n’était pas elle, la mortelle. Ce n’était pas elle qui était en proie à ses émotions débiles et encombrantes ! Elle ne pouvait pas comprendre, c’était une divinité. De nouveau, une colère glaciale l’envahit, mais il réussit cette fois à la réprimer. Pas besoin d’une tornade en plus de la tempête qui soufflait en lui. Elle était forte, puissante, et accompagnée d’un torrent grondant. Il se faisait emporter par le courant, suffoquant presque, aussi bien intérieurement qu’extérieurement. Il s’obligea de nouveau à respirer aussi calmement qu’il le pouvait. Et attendez, c’était quoi qui le bouleversait autant ? La possession. La détresse des hôtes. Les parasites qui leur grignotaient des coins du cerveau. Il avait également entendu des histoires à propos de possédés qui succombaient, qui ne survivaient pas… Au début, il ne cessait de faire ses cauchemars à propos de ça. Et s’il n’avait pas été assez fort ? Assez résistant ? Il se demandait parfois si ça n’aurait pas été plus pratique. Pouf, Ashton kaput ! Et pas besoin de tenter de survivre à cette cohabitation forcée. De nouveau, il inspira puis expira. Il se rendit compte que s’il ne tremblait pas physiquement, ses respirations, elles, étaient frémissantes. Merde alors.
Nordique. J’devais sans doute m’y attendre, uh ?
Il ne se risqua pas à rire. Non, c’était pas drôle, pas drôle du tout. Et puis, de toute façon, il n’aurait pu que sortir un éclat de rire chancelant qui aurait alourdi l’atmosphère. Que devait-il dire, maintenant ? Le torrent coulait, coulait, coulait, et la tempête se débattait à l’intérieur de lui. Il avait l’impression que s’il rouvrait la bouche, elle s’y engouffrerait immédiatement et ressortirait à l’air libre. Il n’avait plus envie de lutter contre… contre quoi ? Des menaces du directeur ? Il avait juste envie de parler librement. ’Garçon.’ Librement. ’Ashton !’ Li-
Artémis.
Le nom partit comme une balle. Il tomba comme un poids qu’on lâche soudainement. Ashton n’entendit plus rien pendant un instant, si le sifflement du vent, ni le pépiement des oiseaux, ni même le souffle de Gyula. Puis il y eut une explosion dans son esprit, et la voix de la déesse qui le traitait de tous les noms. Lui disant qu’il n’était pas prudent. Qu’il était stupide de révéler l’existence et l’identité de sa divinité à n’importe qui. Qu’elle n’avait peut-être pas envie, elle, que les autres sachent. Que c’était déjà bien trop honteux qu’elle fût forcée de rester dans un corps d’homme. Et elle continuait de râler, alors que c’était elle qui avait encouragé le blond à parler d’elle. Ashton ferma les yeux, son corps entier crispé, s’arrêtant de respirer quelques instants. La voix d’Artémis s’assourdit alors qu’il érigeait sa barrière mentale, et il avala une goulée d’air, extrêmement mal à l’aise. Mais au moins, le barrage s’était effondré, non ? Il n’avait plus envie de parler à demi-mots. Ce n’était vraiment pas son genre, en plus.
Elle s’appelle Artémis. Elle est chiante. Elle… c’est une déesse grecque. J’ai jamais rencontré quelqu’un du panthéon nordique. Et t’es pas pathétique.
Ses paroles ne connaissaient pas de réelle structure et coulaient de sa bouche, lentement. Une larme s’ajouta au flot, puis une autre. Il crut entendre un ricanement du côté d’Artémis mais il ne fit pas attention à elle. Il en avait assez de sa présence constante. C’était pesant, à la fin. Bien sûr, on s’y habituait, on y était obligé. Mais bon sang ce que c’était désagréable, tout de même ! Même avec une sympathique divinité, la possession ne pouvait pas être qualifiée de « bien » ou d’ « appréciable ».
Là, actuellement, elle m’crie dans les oreilles. C’est dur, avec elle. On est censé s’détester, t’sais. Eh, c’est pour ça que tu semblais pas aller très bien, quand on s’est rencontrés ? C’était à cause de Freyr ?
Il avait définitivement abandonné l’idée de sous-entendre quoi que ce soit. Ashton était du genre direct, quand il le pouvait. Et là, il le pouvait. Il n’y avait aucun risque, non ? Ils étaient tous deux des possédés. Pauvres d’eux. Pauvres choses.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Sam 1 Juil - 16:56
Quand le Soleil se lève - ft. Ashton L. Miller
Instinctivement, Gyula ferma les yeux en sentant le poids de sa tête sur la sienne, son cœur s'accéléra, la situation devenait de plus en plus... comment dit-on déjà... Awkward... Il se sentait étouffer par cette proximité, mais en même temps, il s'y sentait bien, comme un enfant dans les bras d'un adulte qui semblent si longs tant ils enveloppent le petit corps enfantin.
« Tu n'es plus un enfant, Eirikr. – Fiche-moi la paix... C'pas toi qui dois supporter tout ça... t'saurais qu’un câlin c'agréable dans c’genre d’moments...
Freyr lâcha un soupir d'agacement, son hôte sentait qu'il commençait à être las bien qu'il tentât toujours de le réconforter et le détendre à sa façon. Il était étrangement doux dans les sensations qu'il lui transmettait, bien que ses paroles étaient sèches et froides. Et malgré tous les efforts qu'il faisait pour que son humain aille mieux, le Norvégien sentit un frisson parcourut son corps et la nausée revenait. Cette peur – ou peut-être le soulagement – était trop importante et le malaise n'arrangeait rien. Il serra un peu ses doigts sur la parka du blond et tenta de se concentrer sur ce qu'il lui disait. C'donc normal qu'tu sois dans mon corps ?... Parc'que j'suis Norvégien ?... Il n'arrivait pas à prendre la parole pour poser la question directement à Ashton, peut-être qu'il avait la réponse à cette question. Peut-être que son dieu aussi, en tout cas ce dernier décida d'ignorer ce questionnement mais l'hôte n'avait pas la tête à insister là-dessus. Il ouvrit les yeux comme pour oublier ce silence, cette solitude qui lui imposait son dieu même si son aura était trop présente pour pouvoir se sentir ne serait-ce qu'une seconde, seul. Même quand il ne lui parlait pas, les sensations qu'il lui communiquait étaient constantes, ce qui était normal puisque tout être vivant en a. A part quand on meurt... Mourir… Ah… Combien de fois avait-il failli mourir ? Il se dit pendant quelques secondes qu’il aurait voulu mourir, ne plus avoir à supporter tout ça, tous ces sentiments et ces sensations qui se battaient dans son corps et son cœur, ne plus supporter ce secret – un poids considérable – ni même son dieu ! Son regard restait figé sur le cou de l'adulte, le fait de le visualiser lui rappelait la chaleur qui s'en dégageait et qui caressant son visage, une sorte d’allégorie de la vie, peut-être.... Malaise. Il voulut soudainement le repousser pour respirer l'air frais qu'il sentait à peine à cause de l'étreinte. La vie… Il s’avait qu’il y tenait, ce n’était pas pour rien qu’il n’avait jamais vraiment fait de tentatives de suicide – pas volontairement en tout cas. Il eut un léger sursaut lorsque le jardinier reprit la parole. Il avait donc une déesse... Hein ? Il ouvrit grand les yeux. Alors comme ça un homme pouvait avoir une déesse dans sa tête ?
– Donc Freyja peut être dans le corps d'un homme... Eirikr, cesse donc de faire ton enfant et retourne au pensionnat, il faut que tu fasses des repérages pour la trouver.
Il fronça les sourcils et serra les dents. Comme s'il avait que ça à faire là tout de suite ! Et puis, ça ne faisait qu’agrandir le nombre de personnes qui pouvaient être possédées par la déesse et il n’avait aucun moyen de savoir qui était cette personne, à moins d’un contact physique avec ces personnes. Mais l’idée de toucher chaque personne dans le but de savoir si oui ou non elle était possédée par la déesse nordique de l’amour ne plaisait absolument pas à l’étudiant. Le Vane, quant à lui, ne cessait de lui dire qu’il devait faire des efforts, car après tout, il le lui avait promis. Il tressaillit, tiré une nouvelle fois de ses songes et conversation par la voix d'Ashton, elle le rassurait, elle lui rappelait qu'il avait raison d'ignorer les paroles de son dieu capricieux. Ce dernier n'apprécia absolument pas ça, mais résigné à faire en sorte que son humain se sente mieux, il ne fit rien à part diminuer la sensation agréable qu'il propageait depuis un petit moment déjà. Pourquoi t'fais ça ?
– Tes sentiments m'écœurent, alors calme-toi.
L'étudiant garda le silence, comme le blond d'ailleurs. Quelque chose semblait ne pas aller, mais il ne savait pas quoi, il ne voulut pas bouger pour vérifier, comme coincé dans l'enlacement. Il reprit la parole et Gyula savait, sans trop savoir ce qu'il se passait. Sa voix paraissait différente, en quoi, il n'était pas sûr. L'entendre parler de ses problèmes avec Artémis et l'interroger sur les siens avec Freyr fit serrer son cœur. Après une petite hésitation, il se redressa finalement, penchant la tête pour la retirer de sous la sienne qu'il soutint avec son épaule. Il colla sa joue contre son cou, appréciant pleinement la chaleur qui en émanait et ferma les yeux un instant, inspirant son odeur qu’il commençait à vraiment apprécier. C’était sûrement dû à l’association qu’il faisait entre celle-ci et ce moment d’apaisement, ou en tout cas c’est ce que pensait le Norvégien. Il posa finalement sa main sur sa chevelure blonde et caressa un peu maladroitement ses cheveux puis murmura :
– Artémis... J’vous connais pas... Mais laissez-le tranquille... Au moins pour l’moment.. Vous pouvez pas vous imaginer à quel point ça fait mal...
Il se tut et continua ses caresses, le plus doucement possible, comme si, avec ça, il pouvait soigner les maux du jardinier.
– Qu'est-ce que tu essaies de faire ? L'aider ? Pourquoi ? – Parce qu'un dieu comme toi comprendra jamais c'que ça fait d'se faire posséder... Vous saurez jamais tout c'qu'on subit par vot’faute ! – Vous devriez plutôt être honorés. Et puis, n'aimes-tu pas ça ?
Sa dernière phrase était presque murmurée, comme un souffle qui incitait et sous-entendait malicieusement que Gyula aimait souffrir. Il n'aimait pas ça pourtant. C'était juste son seul moyen d'extérioriser sa peine... Il serra les dents. Les souvenirs défilaient, comme si Freyr regardait un album photos et sélectionnait celles qu'il voulait voir en grand. Sauf qu'il s'agissait-là des souvenirs de l'humain. Du sang, encore et toujours, sa peau blanche qui rougissait, qui s’ouvrait. Le souvenir du liquide chaud, de l’odeur de fer, du sel de ses larmes et de la douleur.
– Arrête... – Oh ? C'est toi qui me dis d'arrêter ? N'est-ce pas moi qui t'incite à ne pas recommencer parce que tu es souvent en proie de le faire ? – J'ai pas b'soin d'les revoir... J'sais très bien c'que j'ai fait...
Le dieu solaire ricana et proposa un marché à son hôte en échange de son aide. Evidemment, tout lui était avantageux, alors l'humain tenta une négociation. Elle fut plus ou moins réussie même s’il n’approuvait pas forcément cet accord. Yngvi-Freyr lui donna donc un conseil, comme il était convenu, alors le Norvégien inspira profondément puis se racla la gorge pour essayer de parler comme si de rien était, comme si tout allait bien.
– Pardon... J'espère ne pas vous avoir blessée ou énervée en disant que j'vous connaissais pas. C'était pas vrai. 'fin... Pas vraiment faux non plus. Vous êtes quand même connue... Plus que Freyr... Si vous saviez comme il vous envie... Si... Si j'peux faire quelque chose pour qu’vous arrêtez d’crier dans la tête d’Ashton…
Il s'abstint d'ajouter "parc'que si vous aviez été à sa place, vous vous s'rez sans doute tirer une balle dans l'crâne", le but n'était pas d'envenimer les choses alors qu'il essayait de les arranger. Son dieu le félicita, lui faisant partager son envie que cela fonctionne. Le jeune homme déglutit, sachant ce qu'il devait faire même s'il n'en avait pas la moindre envie. Il posa donc ses mains sur les épaules du blond et l'écarta. Le regard détourné, il s'éloigna un peu de lui, se défaisant de l'étreinte. Il regarda autour d'eux, redécouvrant presque la colline, l'air l'atteignait enfin, il respirait de nouveau, se détendait un peu plus, il ferma toutefois son sweat et mit sa capuche sur sa tête, pour se sentir encore plus à l'aise, enveloppé dans quelque chose de familier.
– Tu vois, je te l'avais bien dit que ce n'était pas une bonne idée d'embrasser un homme comme lui. – Ça n'a rien à voir... – Vraiment ?
Il se mordilla plus ou moins fort sa lèvre inférieure, la douleur l'empêchant de s'enfoncer davantage dans une conversation sans fin avec le dieu nordique. Il poussa finalement un soupir et passa une main sur son visage. Ah, il se rappela ne pas avoir répondu à ses questions. Il le regarda enfin, un air presque las dans les yeux, non pas à cause de lui, mais à cause de son dieu qui ne s'était pas tu et qui continuait son long monologue sur le fait qu'il devait rester méfiant des inconnus et ne devait pas avoir ce genre de rapprochements avec des hommes, surtout s'ils n'étaient pas de sa famille.
– Freyr... N'en fais qu'à sa tête. Et... Oui... C'à cause d'lui qu'j'étais pas bien...
Il se retint de faire une remarque sur la jalousie de la divinité et baissa son regard, tirant ses manches pour ne laisser à découvert que ses phalanges.
– … Alors comme ça... T'as jamais rencontré quelqu'un avec un dieu nordique ? ... »
Il observa les brindilles d'herbe se mouvoir avec le vent, il ne voulait pas regarder l'autre possédé, non, c'était trop embarrassant après cette étreinte et puis, il devait se préparer... ça faisait partie de l’accord après tout, bien qu’il ne sût pas si ses paroles avaient eu l’effet souhaité. Il lança un regard à ses affaires et enfouit ses mains dans les poches de son sweat, caressant son portable en se demandant comment il ferait pour partir sans que ce soit trop soudain.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Sam 8 Juil - 19:30
quand le soleil se lève
gyula & ashton
Ashton était habituellement quelqu’un qui s’habituait à tout assez facilement, qui s’adaptait sans problème. Mais là. Là. Comment pouvait-il faire ? Il était totalement paumé, le pauvre enfant. Enfant, oui, parce qu’il lui semblait être revenu en enfance, ces moments à la fois beaux et cruels, comme dans un conte qui se passerait durant sa vie d’adulte. Un conte n’était pas une simple histoire merveilleuse. Il mettait en avant des choses pures et qui nous émerveillaient, mais derrière cela se cachait toute la cruauté du monde. Les contes étaient-ils véritablement destinés aux enfants ? La férocité dissimulée était horrifiante. Cependant, les contes étaient-ils réels ? Pouvaient-ils se passer dans ce qu’on appelait la « vraie vie » ? Oh, non. Non, surtout pas, ça pourrait effrayer les enfants, voyons ! Non, tout se passait dans un pays imaginaire, avec des sorcières, des princesses, des rois et des reines, des chevaliers, des dragons et d’autres créatures fantastiques qui n’avaient pas leur place dans notre réalité. Et pourtant. Le conte de la vie d’Ashton, et de bien d’autres, était parfaitement réel.
Le blond sentit la joue de l’étudiant contre son coup et il retint un sanglot alors que des mains qui se voulaient sans doute rassurantes caressèrent doucement ses cheveux. Quand est-ce que la mort viendrait le chercher ? Il l’attendait, ô avec une telle impatience ! Imaginez-vous, vous autres, devoir vivre avec un esprit antique dans votre corps, sans en parler à ceux que vous aimez, qui pensent que « ce n’est qu’une période difficile », ou bien qui croient que tout va bien, dans le meilleur des mondes. C’est terrible.
Artémis... J’vous connais pas... Mais laissez-le tranquille... Au moins pour l’moment.. Vous pouvez pas vous imaginer à quel point ça fait mal...
Ashton retint son souffle pendant qu’Artémis s’indigna bruyamment. Un simple mortel – enfin, un possédé, ce qui le gratifiait un statut légèrement plus élevé – qui lui parlait de cette façon ? Qui la prenait pour une simple d’esprit ? Elle grogna, mais elle dût subitement sentir toute la détresse du blond lui tomber dessus, car elle se calma instantanément. Il se détendit légèrement, sans pour autant être départi de cette envie de s’en aller se percher dans un arbre et d’attendre que la tempête passât. Mais devait-il abandonner Gyula ? Il le sentait assez mal en point, mentalement, ou du moins le devinait-il. Incapable de prononcer quoi que ce fût à moins d’éclater en sanglot juste avant, il resta silencieux et écouta le jeune homme continuer à parler, après un silence qu’il jugea plutôt long. Le garçon avait-il médité sur ses paroles ? Il semblait moins tremblant. Un faible sentiment de soulagement se propagea dans le corps d’Ashton, mais s’effaça assez rapidement alors qu’Artémis ricana. ’Un mortel ne pourrait rien faire pour moi. Pour qui se prend-il ? Pour un dieu ?’ Elle était terriblement cruelle, et malgré les émotions qui coulaient de l’âme d’Ashton et qui l’atteignaient, même en faible quantité, elle ne pouvait pas comprendre. Et peut-être ne voulait-elle pas non plus. Cela signifierait s’abaisser au niveau de ces pauvres humains, et ça, non non non. Quand même pas, ça serait insultant ! Gyula se retira de l’étreinte, si rassurante pour Ashton, et celui-ci ressentit comme un grand, un immense vide en lui et autour de lui alors que l’étudiant reculait d’un ou deux mètres, remettant comme une distance de sécurité entre lui et le blond, qui avait laissé tomber sa tête, le regard perdu dans les brins d’herbe écrasés, entre ses jambes. Il se sentait vide, et si lourd. S’écrouler et attendre que le soleil se couche, n’était-ce pas une bonne idée ? ’Lève-toi et pars d’ici. Je ne veux pas que mon possédé devienne une vraie loque à cause d’une réflexion stupide sur sa condition d’hôte, et à cause d’une embrassade prolongée que je ne cautionne pas du tout !’ Mais tu sais que… ’Bien sûr que je sais que c’est ce qui arrive à te calmer le plus efficacement. Mais parfois, les moyens ordinaires ne sont pas les plus fiables. Regarde, on dirait que tu es accro à ce stupide sens qu’est le toucher ! Je sais que je dois ressembler à Athéna quand je dis ça, mais la raison est la meilleure chose que tu puisses choisir. Alors maintenant, éloigne-toi de ce stupide garçon, de cet endroit et va te consoler à ta manière, c’est-à-dire en écoutant du vieux… jazz ? et en mangeant tes putains de bâtonnets de carotte ! Ou dans le pire des cas, suicide-toi, qu’on en finisse ! Au moins, on sera libérés tous les deux dans ce cas-là. Mais ce n’est pas la meilleure solution, en effet, j’ai désormais l’habitude d’être dans ton corps, qui a l’avantage d’être plutôt résistant, tout comme ton esprit et…’ Elle continua à parler, sans chercher à réconforter plus que ça son possédé. Elle croyait en l’indépendance de chacun, et elle ne souhaitait pas le dorloter. Non, qu’il fasse ces preuves, en ces temps difficiles !
Le corps d’Ashton fut secoué d’un sanglot retenu et se contracta en réponse aux stupides tentatives des sentiments de prendre le dessus sur toutes les autres choses. Il inspira et expira profondément, sa respiration tressaillante. Sa main gauche quitta l’herbe pour se placer sur son visage et en cacha une grande partie, tout en redressant sa tête pour qu’il ne ressemblât pas totalement à une épave humaine. Il n’était pas désespéré à ce point, uh ? Il était Ashton Lucian Miller, tout de même, messieurs ! D’une oreille distraite, il écouta l’étudiant lui poser une question anodine. Il n’eut pas à réfléchir très longtemps. Le panthéon nordique ? C’était vraiment pas tous les jours qu’il en croisait des membres…
Jamais. A part toi, du coup.
Il se félicita de sa voix neutre, seulement dérangée d’un léger frémissement que l’autre ne devait sûrement pas avoir remarqué. Pas assez fin pour ça, sans doute. Et pourtant, le blond sentait venir le moment où son cœur ne pourrait plus se contenir, et qu’il déverserait tout pour le laisser vide, une simple coquille. Vive la catharsis ! Vive la purification par les larmes ! Les tragédiens grecs étaient géniaux. Il eut un sourire cassé. Oh, ce qu’il avait besoin d’un contact physique là maintenant, qui pût lui servir d’ancre dans ce monde qui se décomposait. Le Norvégien semblait avoir abandonné toute envie de le prendre dans ses bras. Ashton ressemblait-il à un enfant perdu qui cherchait les bras de sa maman ? Tout à fait, et ça ne faisait que renforcer le mépris de la divinité qui l’accompagnait. ’Les humains ne cesseront jamais de m’étonner. Ils sont capables d’autant d’émotions, de bien trop de sentiments qui ne peuvent être contenus dans leur enveloppe charnelle. Alors ils se débattent, en proie à toutes ces choses inutiles, j’ai nommé l’amour, l’inquiétude, la joie, la haine, la peur, l’envie, et tant d’autres encore !’ Et pendant que la déesse dissertait sur la complexité des êtres humains, Ashton rassemblait le peu de dignité qu’il lui restait et releva la tête, l’air un peu hagard. Il était encore profondément enfoncé dans son désespoir existentiel, mais était déjà plus lucide. Artémis s’arrêta de déblatérer pour le féliciter. Il était presque digne d’être son hôte. Enfin non, il était encore si loin.
Le blond se remit sur ses pieds, beaucoup moins lestement que d’ordinaire, manquant de tituber. Il semblait ses jambes trembler et il pesta dans un souffle contre ce corps qu’il croyait fort. Il fit quelques pas, récupéra son sac, s’assura qu’il était bien fermé, et passa une bretelle, puis l’autre. Tout allait bien. Il pouvait le faire. Il ne devait juste pas regarder Gyula. Il éprouvait une terrible empathie pour lui, en partie car il se retrouvait dans l’étudiant un peu paumé qui avait fait un tour dans la salle interdite il n’y avait pas si longtemps que ça. Et il savait que s’il posait ses yeux sur lui, il se sentirait mal de le laisser. Il se mordilla la lèvre inférieure.
Bon, bah. J’vais te laisser, si t’as plus de questions à me poser. T’as sûrement des choses à faire, vu que t’as roupillé toute la matinée. On s’reverra peut-être à Immo. A plus.
Partir partir partir partir partir était le maître mot à cet instant précis. C'était carrément urgent. ’Tu me fais tellement pitié.’ A toi aussi ça te fait ça ? J’ai envie de vomir quand j’me vois comme ça, haha… Regardant un peu au-dessus de Gyula, il fit un sourire qu’il voulut léger et indolent et le salua d’un geste de la main avant de se détourner. ’J’espère que tu n’espères pas qu’il va te courir après et te dire que tout va bien aller, que la vie est laide mais que le monde est si beau, comme toi tu le ferais avec les gens dont tu es attaché ? ‘ Il ne répondit pas.
Sujet: Re: Quand le Soleil se lève [PV : Ashton] Mar 25 Juil - 16:18
Quand le Soleil se lève - ft. Ashton L. Miller
Il n’y avait pas un bruit comme lorsqu’on coupe le son d’une télévision, Gyula n’entendait rien, pas même le bruit des cloches des vaches ni celui des feuilles qui bougeaient au gré du vent… Et encore moins la voix d’Ashton. Il voulait l’entendre, pas seulement parce qu’il aimait le son de sa voix, mais surtout pour savoir si son discours – qu’il trouvait embarrassant et futile – avait eu les effets espérés. Il ne savait pas s’il devait prendre ce silence comme un signe d’une longue discussion avec la déesse grecque afin d’aboutir à un compromis – comme lui auparavant avec Freyr – ou bien si c’était mauvais signe, c’est-à-dire qu’Artémis refuse de coopérer et torture davantage l’esprit de son hôte. Il craignait vraiment que ce soit la deuxième option qui se soit réalisée, surtout au vu de l’expression de l’homme quand ils se retrouvèrent de nouveau loin l’un de l’autre. Il avait l’impression que le jardinier était perdu, vide de tout, une vraie coquille vide. Le Norvégien baissa son regard, cela lui faisait presque de la peine de le voir dans cet état, il se rendait aussi compte qu’il appréciait vraiment cette nouvelle liberté mais qu’en même temps l’étreinte et la chaleur humaine lui manquait presque. Il poussa un soupir avant de répondre aux questions concernant sa relation avec le dieu nordique et lui demander s’il avait déjà rencontré d’autres personnes possédées par des dieux nordiques. Il remarqua son comportement, sa main sur son visage, son regard détourné, peut-être même perdu – où il ne savait pas et ne voulait pas savoir, car de ce qu’il pouvait constater, cet endroit inconnu ne devait pas être des plus magnifiques, bien loin de là. Il fut déçu par sa réponse, rapide et courte. Il avait l’impression qu’il ne voulait plus parler et se demanda pendant un instant s’il avait envie partir immédiatement en le laissant en plan sur la colline.
« Ce serait parfait ! Au moins nous aurions la colline pour nous et ça t’éviterait le long trajet !
L’étudiant grogna intérieurement. Certes, il avait promis de s’éloigner du jardinier, mais ce genre de fin ne lui plaisait pas pour autant, de plus il préférait largement être celui qui partait, encore une question de domination, bien qu’à cet instant ce n’était pas le sujet et que c’était parfaitement inutile vu l’état des deux humains. Gyula observa le ciel un instant, respirant pleinement l’air pur que lui offrait l’endroit. Il remarqua que le temps n’était pas passé aussi vite qu’il avait cru, ni aussi lentement en fait. Il ne savait pas trop si c’était l’un ou l’autre, mais en tout cas il n’était pas tard comme il l’avait, pendant un instant, imaginé. Durant son observation, il se questionna sur ce qui allait se passer à présent. Il voulait demander au blond si son discours faussement héroïque (plus ridicule qu’héroïque…) avait fonctionné ou non, mais en même temps, il n’osait pas en le voyant tel qu’il était à présent. Il s’interrogea sur le fait que le blond ait été dans cet état pendant l’étreinte ou non, mais il n’avait pas la question et trouvait ça finalement trop personnel, il ne souhaitait donc pas pousser son peu de curiosité jusque-là. Il lança un regard à Ashton, très brièvement comme pour ne pas être pris sur le fait, mais suffisamment longtemps pour pouvoir l’observer et en tirer des conclusions. Ses cheveux étaient toujours éblouissants grâce aux rayons de soleil, mais sa posture ne permettait pas de faire attention à ce « détail ». A ses yeux, il avait perdu ce qui l’avait tant intrigué et attiré, cette splendeur, cette puissance et cette confiance en soi qui lui avaient fait faire le premier pas. Cet Adonis était bel et bien humain, capable de flamboyer comme de faner. Cette image de lui le décevait presque, mais en même temps, elle le rassurait, non pas qu’il prenait plaisir à le voir dans un tel état, mais cela lui faisait du bien, dans un sens, car lui n’était pas mieux. Son regard retrouva alors l’herbe, à croire que c’était la meilleure vision qui soit dans les moments embarrassants et particulièrement silencieux comme à cet instant précis. Enfin, silencieux extérieurement. Car, bien évidemment, Freyr ne cessait de parler dans un très long monologue. Il semblait n’en avoir rien à faire que son hôte l’écoute ou lui réponde, ce dernier l’imaginait en train de faire les cents pas, plein d’impatience, en marmonnant des choses incompréhensibles pour essayer de trouver une quelconque solution à un quelconque problème. Et le problème actuellement était le fait que son humain ne se bougeait pas et ne semblait pas vouloir bouger, ni « l’autre type » d’ailleurs. Gyula lui assura ne pas pouvoir partir maintenant, qu’il devait attendre encore un peu et que de toute façon ils n’avaient pas défini de moment pour son départ lors du compromis.
- N’en abuse pas non plus ! Je veux bien être compatissant et généreux, mais j’ai des limites, humain.
Le jeune homme soupira avant de tressaillir en remarqua du mouvement du côté du jardinier. Il le regarda se lever et mettre son sac sur ses épaules, il sentit son cœur se serrer d’un coup dans sa poitrine et un nouveau mélange de sentiments l’envahir : de l’étonnement, de l’inquiétude, un peu de soulagement et beaucoup de la peine. Il voulait croiser son regard car son silence (qui lui pesait beaucoup sur la conscience) l’inquiétait et il espérait y déceler un indice ou une réponse entière. Son regard fixé sur son visage, il tressaillit quand il vit ses lèvres s’ouvrir et l’écouta très attentivement, s’accrochant à chaque son, à chaque mot puis se laissant complètement aller, vide et étrangement très déçu. Il avait voulu discuter plus avec lui, se réconforter avec sa voix, peut-être encore une embrassade, ressentir de nouveau cette chaleur humaine qui lui avait tant manqué mais qu’il n’avait pour autant pas rechercher avant cette rencontre des plus surprenantes et marquantes. Il allait donc partir. Il lui adressa un sourire et un geste de la main avant de se retourner. Il allait donc vraiment partir. Le laisser là. L’abandonner là, seul et malheureux, pas encore remis de toutes ces émotions. C’était beaucoup trop brusque pour lui, après tout ne venaient-ils donc pas tout juste de s’avouer leur statut de possédés ? Ne venaient-ils pas de révéler l’identité de leurs dieux ? Et ce sourire… Il cassait totalement avec l’idée que Gyula avait eue de lui pendant ce temps ! Avait-il eu tort de penser qu’il n’allait pas bien ? Qu’il avait besoin de réconfort lui aussi ? Il se demanda s’il s’était confié à la mauvaise personne et commençait presque à angoisser.
- Je te l’avais dit. Tu ne peux pas lui faire confiance ! Il t’a utilisé, il cherchait probablement à savoir qui te possédait, peut-être qu’il attendait quelqu’un d’autre. Si ça se trouve il complote avec le Directeur et cherchait à te tester. Si c’est le cas, tu es fichu ! - LA FERME !
Les mâchoires de l’étudiant se serrèrent tout comme ses poings dans l’herbe. Ses veines ressortaient très légèrement tant il y mettait de pression et il ignora la douleur provoquée par ses ongles s’enfonçant dans la paume de ses mains. Il enrageait à cause de sa divinité et parce qu’il avait peur. Il avait peur qu’il ait raison, peur d’être encore seul, peur de laisser échapper cette possibilité de parler de ses peurs concernant la possession. Il tentait de réfléchir du mieux qu’il pouvait et surtout le plus rapidement possible. Il ne pouvait pas le laisser partir comme ça, pas aussi vite, pas aussi soudainement. Ce n’était pas à lui de partir ! Non ! Ce n’était pas dans les plans qu’avait prévus l’étudiant étranger.
- Ecoute, ça ne faisait pas partie du plan, à proprement parlé, mais le résultat reste plus ou moins le même. - … - … N’essaie pas de rentrer au pensionnat, vous risquez de prendre le même chemin ce qui serait fort déplaisant. Et n’essaie en aucun cas de l’arrêter, suis-je bien clair ? - … - Gyula, je ressens tout et j’entends tes pensées, même celles que tu veux me cacher. Ne le retiens pas.
L’humain retint un grognement se leva d’un bond et fit deux pas en direction de l’adulte. Il le regarda à la recherche d’un mot ou d’une phrase à dire. Quelque chose, il lui fallait quelque chose pour le retenir même s’il n’était pas sûr que ce soit ce qu’il voulait vraiment. Que lui avait-il dit déjà ? Ah, oui, que s’il n’avait pas de question il partait. Une question… Il lui en fallait une. Il en avait plein à lui poser, mais il ne savait pas par laquelle commencer. Ses yeux s’agitaient, cherchant quelque chose de stable à regarder, quelque chose qui pouvait lui redonner de l’assurant. Ils posèrent sur l’arbre où il avait pour la première fois vu Ashton. Il serra davantage ses poings avant de finalement inspirer profondément et lâcher un long soupir discret.
- … Tu… M’as dit qu’tu v’nais juste d’rev’nir ici… A Immortalia… Nan ? Qu’est c’que tu f’sais avant ? Où est-c’que t’étais ?
Il n’avait pas fait attention au fait qu’il avait rapidement enchaîné ses questions, il n’avait pas voulu s’arrêter dans son élan comme s’il craignait que son interlocuteur disparaisse à la moindre pause. Il garda le silence une seconde, comme pour reprendre son souffle, le regard fixe sur le dos du blond.
- … Comment tu f’sais avec Artémis ?
Sa voix était plus basse et plus incertaine, son rythme plus lent. Ses bras pendaient le long de son corps, ses mains étaient desserrées, il se sentait incapable de faire quoique ce soit avec. Il déglutit, mal à l’aise, il avait l’impression que sa question était hors sujet comparé à ce qu’il venait de se passer, comparé à l’étreinte, au malaise et au silence long silence gênant. Il passa une main dans ses cheveux, sous sa capuche et joua nerveusement avec son piercing de la langue. Ses pensées allaient et venaient – encore une fois – trop vite, il n’arrivait pas à clairement faire le point et il savait qu’il devait sortir de cet état mais comment ? Il n’avait pas la réponse à cette question.
- Eirikr ?? Gyula ?? Qu’est-ce que tu fais ? Pourquoi tu restes planté comme ça sans rien dire ? - Huh ?
Il cligna des yeux sans trop comprendre.
- Hé bien ? Qu’est-ce qu’il te prend ? Tu t’es levé d’un coup mais tu n’as rien fait après. Tu n’as même pas posé les questions que tu voulais, non pas que je les approuve, mais bon, c’est assez stupide de rester planter là comme ça… Un peu comme quand tu l’admirais tant. »
Gyula serra les dents avant de pousser un long soupir, le Vane avait insisté sur ses derniers mots pour rappeler son mécontentement. L’humain se contenta de frotter doucement son visage avec ses mains puis se laissa tomber à genoux par terre, s'excusant vaguement auprès de son dieu en ajoutant un « c'est rien » peu convaincant. Faen… Il avait été incapable d’agir comme il l’avait souhaité, il était persuadé qu’il était trop tard pour arrêter le blond et il s’en voulait. Il regrettait presque de ne pas être le genre de personne à courir après les autres. Tant pis… Il lâcha un autre soupir et s’assit en tailleur en tournant le dos au chemin qu’avait pris Ashton. Il se dit qu’il aurait sûrement d’autres occasions de le rencontrer. Il l’espérait sincèrement car il savait qu’une rencontre comme celle-là n’arriverait pas deux fois et qu’il n’aurait pas la chance de rencontrer quelqu’un d’aussi doux et réconfortant que lui. Il avait bien retenu son nom et sa fonction, il essaierait vraiment de le revoir.