Ces personnes, elles étaient en train de se moquer. Pas de lui, elles n'avaient pas intérêt, mais les voir critiquer si ouvertement quelqu'un qui leur servait de gentil larbin/bonne à tout faire, c'était assez étrange aux yeux de Nate. Pourquoi elles se moquaient comme ça, alors que l'autre les faisaient passer avant elle, une gentillesse innée l'étreignant ? Il ne pouvait en supporter d'avantage, il fallait qu'il parte avant d'avoir des excès de violence dues à sa soudaine colère. Comment on pouvait être aussi affreux ? Non... Comment on pouvait supporter un tel traitement sans réagir ? Il serra les dents, son sourire toujours sur les lèvres. Oui, il devait partir, avant que le masque ne tombe. Il s'adressa rapidement à ses camarades.

« Désolé les filles, il faut que je vous laisse ! »

Des plaintes. C'est la seule chose qu'il entendait, comme si ses camarades de l'instant se fichaient pas mal de ce qu'il deviendrait dans les prochaines secondes. Encore heureux cela dit, il ne voulait absolument pas se retrouver confronté à elles alors qu'il était en train de passer ses nerfs sur le mobilier de sa chambre. Il tourna donc les talons, prêt à monter les quelques marches qui le séparait de l'étage des garçons. Il s'arrêta à la première marche. Les filles étaient toujours là, à se plaindre que leur larbin prenait trop de temps à revenir avec leur café. Le garçon serra le poing. Il avait une folle envie d'agir, mais en même temps il ne pouvait pas se permettre d'avoir quelqu'un à dos. Surtout pour une chose aussi bête, ça arrivait tous les jours ça, non ?

« Pourquoi ne pas juste aller leur parler de tout ça ? »

La voix dans sa tête avait encore frappé. Ça faisait un moment qu'il ne l'avait pas entendue, et malgré lui sa voix enjôleuse lui remit du baume au coeur. Isis était sa déesse. Depuis quelques mois qu'elle le possédait, elle avait réussi à cerner son hôte et mettre le doigt sur ce qui n'allait pas, ce qui le gênait et le déstabilisait. En même temps, jusqu'ici, personne n'avait eu l'occasion de vivre avec lui de manière si omniprésente. Il ne l'avouerait jamais, mais le simple fait d'entendre la voix de la déesse le faisait sourire. Il était content qu'elle soit là. Il avait vu à quel point cette divinité pouvait être maternelle et, pour lui, elle remplaçait un peu la mère qu'il n'avait jamais eu. Enfin, c'était l'impression qu'elle donnait. Il n'avait pas osé faire des recherches sur elle, préférant se fier à son instinct. Il adorait la déesse, savoir à quoi elle correspondait ne l'aiderait pas franchement. En soupirant, il se contenta de répondre.

« Pourquoi leur en parler ? Elles ne m'écouteront pas. Et puis, tant que tu es là, je n'ai besoin de personne d'autre. »

Le rire clair et cristallin d'Isis se fit entendre, renforçant la sensation de bien-être du garçon. Il n'osait même pas imaginer s'il était tombé sur un autre dieu, plus vil ou plus fourbe. Sûrement aurait-il perdu pied rapidement. Il ne voudrait changer sa place pour rien au monde. Il pouvait rester à écouter son rire des heures s'il le fallait, tant il était beau.

« Vil flatteur ! Mais il faudra bien que tu t'attaches à quelqu'un d'autre un jour... »

Le ton triste de sa voix serra le petit coeur de Nate. Non, elle le savait, il ne pouvait pas songer une seule seconde à l'abandonner. De toute façon, ce n'était pas comme s'il pouvait, si ?

« Jamais ! »
« C'est une promesse ? »
« Oui ! Profite, je n'ai jamais été aussi sérieux de ma vie. »

Son rire avait repris, tout doucement, mais il était là. Elle rendait ses colères moins violentes, arrivant la plupart du temps à les effacer partiellement. Il n'avait plus du tout l'impression d'être en colère contre ces filles. Pourquoi il s'était énervé déjà ? Il ne se souvenait plus. Les interventions de la déesse étaient rares et précieuses, inutile de les gâcher avec des états d'esprit négatifs. Pour Nate, Isis était merveilleuse et il ne pouvait rêver meilleure divinité avec qui cohabiter. Il en était presque arrivé au point de vouloir la suivre au bout du monde. Chacune de ses douces paroles étaient pour lui comme une bénédiction.