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Can't Heal You [One Shøt]
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MessageSujet: Can't Heal You [One Shøt] Can't Heal You [One Shøt] EmptyLun 28 Sep - 18:13

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Cant' Heal You.

"Can't heal you, don't want to.
Cause you can't save your-fuckin'-self.
Can't heal you, don't need to.
Cause you won't save yourself !"




Je l'avais prise. Je l'avais prise cette décision de merde… Je m'étais enfin résolu à me dire que rien ne tournait rond dans ma tête. Il avait fallu combien de coups pour que je le comprenne ? Un bon nombre, c'est ça ? Il aura fallu que je tue mon père et envoie Vic à la morgue ou presque pour que je me réveille ? Il aura fallu que je blesse un nombre incalculable de gens pour que je comprenne l'étendu du danger que je suis ? Il aura fallu que je me retrouve face à ce même mur qui me suit depuis des années, morne, mort en morceaux pour comprendre que tout cela, oui TOUT cela, c'est de MA faute ? Qui était l'abruti qui avait dit il y a deçà quelques années, « c'est le mur ou moi ? Et étrangement le mur gagne toujours ? » ? Hein, qui ? Je ne l'avais pas eu, ce jackpot. J'avais tout simplement déraillé. Déraillé pour de bon. Pas de mauvais train, pas de mauvaise voie, juste un mauvais calcul de ma part. J'avais certes appris à relativiser. A rire de tout. De la mort, de sa mort aussi horrible soit-elle, de la douleur, de cette vie maudite qui veut ma peau, et même de lui et sa folie. Oh, que dis-je ? De ma folie. Allons, rions tous ensemble, comme de joyeux gosses devant leurs cadeaux de Noël ! Rions de cette belle comédie qui nous rongera tous jusqu'à la fin ! Non, je ne suis pas sain. Non je ne vais pas bien. Oui, j'ai un problème. Et j'en ris, merde, j'en ris ! Alors pourquoi moi, qui se rit de tout maintenant est pris une décision aussi difficile ? Parce que je ne suis pas con non plus. Ne pas dire que je ne suis pas fou, serait tout bonnement du pur foutage de gueule, vous ne trouvez pas ?


Je sais parfaitement que je ne pourrais pas vivre ainsi pour l'éternité. Que je ne pourrais pas supporter Muninn à vie. Que mon attitude n'est en rien normale pour une personne lambda. Sérieusement, qui rit de la mort de quelqu'un ? Aussi détestable soit la personne ? Ou aussi aimée fut-elle ? A part moi et quelques autres cas, je n'en vois pas. J'avais alors tergiversé plusieurs jours puis semaines avant de me décider à chercher un psychiatre. Je ne tenais pas à embêter Hansy avec ça. Elle est plus que compétente, mais je doute que ce soit la joie pour elle de traiter un proche,  si ? Et après ce que j'avais fait à Vic… Les gens étaient peut-être des pions, des pièces avec lesquelles je m'amusais, mais pas elle. Ni Jude. Ni Hansy. Je ne tenais pas à un jour perdre le fil qui sépare ces pions d'eux, et ne plus faire la moindre distinction. J'avais donc pris ce téléphone et appelé le meilleur psychiatre du coin. Qui l'eut cru qu'un petit trou paumé comme ici en logeait d'excellents ? J'avais, malgré mon sourire, une boule à l'estomac, appréhendant ce rendez-vous comme pas possible.Qu'allait-elle me sortir ? Que j'allais finir dans ces centres comme tous les autres ? Et moi, qu'allais-je lui dire ? Lui raconter ? Ou lui… conter plutôt ? Ah, j'ai tellement l'habitude de me foutre des gens, que je ne sais même plus si je suis dans le vrai ou dans le faux, voyez-vous ! Quelle est ma réalité ? Tout ce que je dis, c'est vrai ou bien… ? Je joue trop ce jeu. Et je m'y perds. Fallait croire que le peu de conscience que j'avais, avait pris le pas sur mon esprit joueur et m'avait forcé à prendre un rendez-vous pour me « soigner ». Comme si cette merde se soignait…


Je n'y croyais pas. Mais je devais essayer, pour la beauté du geste, c'est ça ? Ooooh, pitié cessez avec toutes vos merdes bourrées d'altruisme et humanité ! Il n'y a rien a sauver chez moi. Je n'ai juste plus rien à perdre. Alors ce rendez-vous allait être comme une énième partie d'échec. Les mêmes que je joue tous les jours. Et j'allais prendre la reine et le roi comme d'habitude. N'est-ce-pas là le rôle du fou ? Ohhhh ? ~ Je lâchais un rire saccadé ; les piétons me dévisageant, continuant ma marche jusqu'au cabinet de la psy. J'avais dû prendre le bus et me lever tôt pour cette reine. La partie avait intérêt d'être prometteuse. Vraiment. Je n'étais pas du matin, et encore moins quand il s'agit d'un rendez-vous rien que pour ma petite personne et ses petits problèmes. Oui, « petits ». Puis merde. Arrivé devant le cabinet j'explosais de rire, évacuant la sensation de nervosité qui m'habitait depuis le début du trajet jusqu'ici. Je sonnais et ouvrais la porte, saluant d'un large sourire joueur les autres patients qui attendaient dans la salle. La reine et ses collègues avaient les moyens, dites-moi. Belle pièce, beaux tapis, une tapisserie impeccable et des fauteuils en velours. Eh bien, suis-je bien ici pour parler de ma vie ? Je défigurais chaque personne, amusé, mon sourire devenant de plus en plus carnassier à chaque visage. A voir la gueule de ma voisine de droite, si c'est pas pour un décès d'un proche ou une grosse dépression, elle est ici en vacance quoi ? Ses tics de regarder sans cesse à gauche et à droite comme pour chercher la confiance m'en disait si loooong. Oh ; voilà que l'envie de m'amuser me prenait. ~ Et si je te démolissais mentalement ma chère ? Après tout, tu ne vas pas bien, tu n'as plus rien à perdre, si ? ~ Je me levais, me plantant devant elle, avant d'aller chopper un magazine à lire, un monsieur m'interpellant me faisant une réprimande sur mon attitude. Calme mon vieux.


En plus d'être soit parano, dépressive ou en mode je fais un deuil à deux balles, ma chère petite voisine semblait ne plus être connectée à ce monde. M'avait-elle seulement aperçu, face à elle ? Oh, qu'elle me distrayait, qu'elle me distrayait ! ~ Lisant quelques pages pour passer le temps, je continuais d'analyser l'échiquier qui prenait place sous mes pieds. Mon voisin de gauche ? Un grand gaillard assez âgé, l'air rêveur. Mec, t'es encore d'ici. Alors toi, soit c'est une substance, soit t'es la bienvenue dans le club des merdes mentales. Tu me promettais d'être amusant, toi aussi, tu sais ? ~ Je le regardais d'un grand sourire, le saluant. Tant de pions dans une salle… Oh, je vais être malade, là. Mais vraiment… ♪ Je passais encore les pages, l'heure tournant. J'étais le dernier sujet de sa majesté la Reine cette matinée. J'espérais un accueil royal pour cette nouvelle partie. Je chantonnais calmement, me disant que je ne regrettais pas d'être venu avec tant d'avance. Les meilleures distractions sont humaines, voyons. Les humains sont comme des poupées de chiffons. Il suffit de brûler un endroit pour que tout le reste suive. Puis on les recoud, et on recommence ! C'est ça oui… Un échiquier de chiffon aujourd'hui oh…~ La pièce se vidait et je me retrouvais seul face à moi-même, me mordant les doigts pour passer le temps. Oh, ça ne fait pas bien mal. Entre ça et une lame traversant ma main, j'ai vite su la différence. Puis la porte s’entrouvrait, laissant apparaître une femme de taille moyenne, fine, âgée de la trentaine. Oh, jeune, dites-moi. Je la toisais d'un air sérieux, bien qu'un fin sourire trônait encore sur mes lèvres. Cette partie allait promettre, hahahaha, promettre. ~

« Monsieur Sørensen ? »


Je me levais, un sourire narquois aux lèvres. Pourquoi me nommer quand je suis le seul de cette salle, madame la reine. Elle m'invitait d'un geste du bras à entrer dans la pièce. Je regardais calmement autour de moi. Une pièce sobre, décorée de ce qu'il faut, ainsi que pas mal de dessins et diplômes. Oh, Miss est une prodige hein ? Commençons la partie ? J'ai bien envie de voir qui va détruire l'autre le premier, ma chère… ~ Me demandant de m’asseoir, je m’exécutais, plantant mes pupilles dans les siennes.

« Et donc ? ~ »

La reine s'était assise, joignant ses mains, soutenant mon regard, calme. Oh, tu me jauges ? Hahaha… Je riais. Cette partie allait me plaire, vraiment. Celle-ci avançait légèrement ses épaules sur le bureau, un crayon posé à côté. Oh, j'allais devoir déballer, vraiment ? Tu ne voulais pas jouer un peu avant ? ~

« C'est à vous de me le dire, monsieur Sørensen... Ou alors puis-je vous appeller Auen? »

J'arquais un sourcil.

« Si cela vous chante. Nommez-moi comme vous le souhaitez ! »

« Si vous êtes ici, c'est que vous avez voulu y être... Alors je vous écoute : pourquoi être venu me consulter, Auen ? »

Je ne perdais pas mon sourire, surpris qu'elle s'accroche autant à mon prénom. Maaaah, les psy. Je me calais au fond de mon siège, satisfait d'un tel début de partie.

« Vous êtes en train de m'analyser, n’est-ce-pas ? Alors que suis-je censé dire ? »

Elle ne sourcilla pas à ma pique, se contentant seulement de me répondre avec le sourire :

« Je ne fais que ce pourquoi vous m'avez demandé, Auen. »


Oh. Oooh. Imperturbable. Je ne pu m'empêcher d'éclater de rire. Trop de joie, fiou. Enfin, enfin une personne intéressante dans ce foutu monde ! Enfin une personne où je vais m'amuser à chercher la faille ! Oh, cette reine je ne vais pas la prendre si aisément. Voilà qui me va parfaitement ! ~

« Je suis satisfaite de savoir que mes question vous amusent Auen... »

Hum ? Elle tapotait son stylo sur la crâne, un air trop posé, laissant ce silence peser volontairement. Je continuais de la regarder, curieux. Quelle reine…

« Tout n'est qu'un jeu ici, alors, profitons, non ? ~ »

« Et donc, à quel genre de jeu jouez vous ? »

Oh. J'élargissais mon sourire. Me déstabiliser ? Ou ? J'étouffais un court rire. Mon type de jeu ? Tant que il y a des pots cassés à la fin et que je m'amuse, absolument tous. Mais par dessus tout…

« Aux échecs. »

Je souriais sur ces deux mots soupirés, m'étirant dans mon siège. Tu m'amuses, toi.

« Et quelle pièce pensez-vous être, sur l'échiquier ? »

Habile, vraiment. J'avais bien fait de me retenir de m'amuser avec les patients de la salle. J'étais aux anges ici. Et moi qui appréhendait, quelle belle ânerie. Cette Reine était juste stupéfiante. Aucune faiblesse apparente, un calme parfait. Une analyse juste. Oh, tu me plais, toi, tu me plais… ~

« Le fou ? Et vous, êtes-vous la Reine ? »

Elle ne détachait pas ses pupilles brunes des miennes, gardant toujours son calme olympien. Amusant, vraiment.

« Elle joue bien, ta Reine. Es-tu sûr que c'en est au moins une ? ~ »


Un autre rôle ? Je n'y avais pas pensé en effet. Jusque là je voulais tomber la Reine. Et si aujourd'hui je prenais une autre pièce ?

« Je préfère la tour... Des bases plus solides, et moins de dépenses pour les belles chaussures. »

Bien tourné. Elle anguillait elle aussi. Ce dialogue me plaisait de plus en plus.

« Oh, intéressant. »

Je m'étais donc fourvoyé ? Trop habitué par ces petites parties sans intérêt ? Je ne savais donc plus reconnaître un bon jeu quand je l'avais sous les yeux ?! Tss...

« Je suis sûre que ce que vous avez à me dire. Fou est bien plus intéressant que des paires de chaussures en effet. »

On tournait chacun autour du pot, comme une danse parfaitement exécutée. Personne ne tombait, personne ne prenait de coups ou de blâmes. Une pièce magnifiquement interprétée jusqu'au bout. Je ne pouvais qu'être heureux d'une telle partie. Je croisais les bras derrière le crâne, regardant ma Tour d'un air défiant. Tape-donc, je veux voir.

« Vous marquez un point, je dois avouer. »

Je marquais une légère pause. Trop joyeux, mec ?

« Que dois-je vous dire mylady ? Ma vie ? Cette pièce de théâtre sans intérêt ? »

C'est terriblement vrai. Je hais ma vie. Elle n'est en rien passionnante, ni excitante. Un jeu nul, dépassé. Une mauvaise pièce répétée aux mauvaises heures aux mauvais endroits.

« Nous n'avons pas tous la même façon d'appréhender les arts subjectifs comme le théâtre, ou encore la poésie... Vu votre air, je dirais que vous vous complaisez dans la tragi-comédie... Ou alors peut-être que je fais fausse route et que vous versez d'avantage dans le dilemme Cornélien...hum. »


Bien lancé. Que pouvais-je répondre à ça ? Je souriais prenant de plus en plus mes aises dans mon fauteuil. Bien joué pour les fauteuils aussi, ils sont mortels.

« Ne serait-ce pas là une insulte de comparer de telles œuvres à ma vie ? Je ne prétends pas la hisser à de tels sommets. »

J'ai du respect pour ces illustres auteurs qui, eux, ont écrit de vraies tragédies. De vraies pièces qui prenaient aux tripes et te montraient à quel point notre misérable vie n'était qu'un passage. Une parodie.

« Vous savez, tous les jeunes d'aujourd'hui on apprit grâce aux séries télés comme Docteur Who que chaque être dans l'univers à son importance... »

Oh, la Tour souriait. Souriait de quoi ? Cette pique ? Tu pouvais faire bien mieux la Tour. J'attendais la suite de ta réponse, intrigué, voulant une suite à cette pique. Donne un manche.

« Il est toujours plus habile de savoir juger par soi-même... J’attends de voir votre mise en scène pour juger de la qualité de votre pièce. »

Oh… Que c'est bas. Vraiment bas, ma chère ! Je riais, me passant la main sur la gorge, sur ma cicatrice. Sale manie que j'aime. ~

« Je crois que vous risquiez d'être fort déçue. Je ne fais malheureusement pas parti de ces gosses. Et la mise en scène n'a jamais été mon fort, c'est un peu dommage, me diriez-vous. »

« Vous m'aviez pourtant l'air d'un un beau parleur... J'en serais presque déçue, me direz vous... »

Cesse ta provoc, on a la même, ma chère. Je ne perdais pas mon sourire, amusé de parler à une telle pièce. Si distrayante. Mes heures d'attente venaient d'être amplement remboursées, là !


« Tout n'est qu'un jeu d'apparence dans ce monde. Je ne crois pas faire exception à la règle. Mais si vous tenez tant à savoir, disons que je n'aime guère ma famille. »

Malgré mon amusement, mon ton sérieux reprenait le dessus. Elle ne voulait plus jouer. Si mon partenaire ne veut plus jouer, ça en deviens lassant, ennuyeux, et je coupe court. Il vrai que je peux forcer, mais là, face à un tel adversaire, je veux savourer. Ne gâchons pas les pièces. ~

« Est-ce parce qu'ils ne jouent pas le même jeu que vous ? »

Je soupirais, conservant toujours mon sourire, qui en devenait à chaque son que plus dérangeant. Je n'aimais pas ce terrain, mais il me divertissait fortement.

« Ils m'ont forcé à jouer au leur. J'ai reconsidéré la demande et leur ai rendu la pareille. »

Je devenais sérieux, là… Je n'aime pas ça.

« Tu tombes dans le panneau pauvre con. Ne me force pas à prendre les devants car tu n'as pas les couilles de gérer... »

Un frisson me parcourait. Je… Je refuse.

« Et bien alors... Racontez moi. Je suis tout ouïe, et persuadée que vous possédez de magnifiques talents de conteur... Vous avez un peu moins d'une heure pour me raconter l'Histoire... Je me demande si vous en serez capable, Auen. »

Provocation à la con… Je respirais, me calant au fond du siège, croisant les jambes. Muninn, ferme-là, pitié… Gâche pas cette partie.

« Il m'en faudra moins. »

Elle haussait les épaules, ce petit sourire ne quittant pas ces lèvres. Avait-elle pigé qu'elle venait de me déstabiliser en appuyant là où il fallait pas avec ce écornifleur… ?


Respire vieux. Tu lui as dit moins d'une heure souviens-toi. Et si je ne le fais pas, je sais parfaitement bien ce qu'il va se passer. Plus le temps avait passé, plus la présence de Muninn me mettait mal à l'aise. Pourtant paradoxalement, il semblait plus… « calme » ? Où est le vrai ? Où est le faux ? Qui ment ? Qui dit vrai ? Je sais qu'elle se joue de moi. Mais je veux voir. Je veux comprendre. J'aime jouer. Seulement… Serrant mes mains, j'expirais longuement. Il m'avait eu. Et j'étais tombé, déstabilisé par le malaise qu'il me procurait. Merde, vieux, merde…

« Les jeux proposés par mon père variait entre des coups sur mon frère et moi, à des abus sexuels répétitifs. Seulement, il me semble que dans ce genre de cas, la famille se soude contre cette menace commune, non ? Mon frère m'a coulé avec. Il n'a rien fait pour. Et on est passé de deux victimes, à deux bourreaux. Quelle pièce de piètre qualité… Ma mère préférait fuir le foyer, subissant elle aussi les coups. Ah, rien de bien méchant, seulement quelques coups, abus, humiliations par-ci, par-là. Ouais, ce n'est vraiment pas une bonne pièce tout ça. Elle était tellement mauvaise, que mon enfoiré de frère et moi avons été placé dans différentes familles d'accueils. On aura au moins voyagé ! »

Je gardais un sourire plus « sage », mal à l'aise. L'autre écornifleur me rendait malade… L'ironie du mot, tch. La Tour tapotait une nouvelle fois de son stylo sur son carnet comme pour chercher une réponse. Moins d'une heure. Voilà. Elle ne me lâchait pas pour autant des yeux, reprenant une attitude stoïque et calme. Qu'allais-tu me dire ma chère ? J'attends toujours. Un clignement des yeux, puis elle inspirait. T'étouffes ?

« Et donc, vous affirmez vous même être un bourreau à ce jour... Vous identifiez vous à votre père de cette manière? »

Hein ? Je perdais un instant mon sourire. Ne me compare pas à cette merde, veux-tu ? Je serrais les dents, me redressant de mon siège, enfonçant mon regard dans le sien. Touché. J'avais enfin mal. Bah tien.

« A ce moment là, il y aurait 3 bourreaux. Et non deux. Mais disons 3, ce n'est qu'un peu plus vrai. Je ne m'identifie pas à ce écornifleur. »

Mon ton en devenait légèrement agressif. Elle avait tapé là où il ne fallait pas. Devais-je me réjouir de trouver une pièce qui me fasse enfin mal ? Ou me plaindre ? Ah, qu'en sais-je ! J'étais venu ici pour quoi à la base… ? M'amuser… ? Ressaisit toi Auen, merde ! Je secouais la tête. Elle acquiesçait, notant dans son carnet. Ah, ce carnet…


« Donc vous ne vous identifiez pas à votre père, qui était l'origine de votre maltraitance, et donc votre bourreau en quelque sorte. Cependant, vous vous définissez néanmoins avec le même mot. Quels ont été vos gestes, à vous, pour être qualifié de bourreau ? »

Ne pas rire. Ne pas rire. Ne pas ri-
J'explosais sur ma chaise, me donnant un coup sur la jambe plié. Mes gestes ?! A moi ? Ou à ce fou ?! Hahaha, non quand même pas ?! J'ai envie de jouer de nouveau, là… ~ Je relevais la tête, la lorgnant, mauvais, un sourire presque tendancieux aux lèvres :

« J'ai dit avoir reconsidéré le jeu. »

Une pause.

« Alors je l'ai tué. »

Je me croisais les bras, soupirant. Je revenais à la réalité. Et je n'aimais pas ça. C'est ennuyeux.

« Et si je m'écoutais, mon frère serait bien le suivant. Mais je crois être là pour que vous m'en empêchiez, non ? »

Elle ne disait rien, se contentant de noter dans son carnet. Il allait être fourni lui.

« Mon travail n'est pas d'empêcher quoi que ce soit, sinon mon salaire serait bien supérieur à mes actuels honoraires... Mon travail est de savoir pourquoi vous ne l'avez pas encore fait, de tuer votre frère. Est-ce parce que vous exprimez un regret de l'avoir tué? Peut-être sur le coup de l'émotion, vous avez agit et réalisé trop tard ce qui se passait ? »

Un second rire. Regretter la mort de ce écornifleur ? A l'époque j'ai bien pu ? Maintenant je n'en savais plus rien. C'était juste un événement comme un autre de ma vie.


« Faites-le alors. Vous pourrez vous faire un encore meilleur cabinet. Je... Je ne sais pas si je dois le regretter. Puisque je ne sais même pas moi-même ce que j'en pense de sa mort. Juste un aléa ? Pour Eiel, disons que je crois que c'est mal ? »

Je crois oui… Je n'ai plus de notion de bien ou de mal. Puisque je ne sais même plus moi-même qui je suis… Je suis juste un pion parmi les pions qui avance en bouffant les autres.

« Vous croyez ? »

« Je suppose que ça l'est. »

Je supposais… Je n'en savais juste rien… Rien…

« Oh que si, tu le sais. Tu le sais parfaitement… ~ »

Son sourire se défilait dans mon dos, et j'expirais, les mains tremblantes. Pourquoi ? Pourquoi ai-je encore peur de toi, Muninn… ? Alors qu'en fin de compte… Je suis devenu un monstre à ton image… ? ALORS POURQUOI ?! Un bruit de griffonnement.

« Bien. Donc vous ne savez pas si vous regrettez le meurtre de votre père. Avez vous un exemple d'un événement que vous avez regretté? »

Hein… ? Regretté ? Je la regardais, écarquillant les yeux. Regret ? Je… hein ? Je secouais une seconde fois la tête, perturbé. Je… regretté ? Naturellement les prénoms de Vic et Jude me venaient en tête, et ma bouche les balançait saccadés.

« Vic… Et Judy... »

Je baissais la tête, me mordant les lèvres. Voilà donc mes seuls regrets… ? Je… Non, quand même pas ? Je ne regrette donc pas sa mort ? Je ne regrette donc pas ce que j'ai fais subir aux autres ? Ce que TU leur a fait subir, Muninn… ? Je…

« Je, vraiment ? Parce que je suis le seul fautif ? Ne me fait pas rire. La mort de ce écornifleur, tu la voulais. Regarde, tu souhaites même celle de ton propre-frère ! »


Je… J'ai dis ça… ? Non ! Je n'ai pas pu, je n'ai pas pu ! Je posais mon front contre mes mains, la respiration entrecoupée par de courts sursauts. Non, je n'ai pas pu souhaiter une telle chose… Tu mens, fessier en culotte de cheval, tu mens !

« Tu l'as tué. Dis-le. Dis lui que tu l'as tué de tes propres mains. Et que tu le tueras. Prends tes responsabilités, mon cher ! ~ »

Non. Je ne l'ai pas tué. Je ne l'ai pas tué. Je…

« FERME-LA MUNINN, FERME-LA ! »

J'hurlais tout bonnement, enfonçant ma tête dans mes mains. Merde… Merde, merde ! Je… Je déglutissais, inspirant et expirant bruyamment. Merde… MAIS MERDE ! La Tour se levait calment de son bureau, se décalant lentement vers la porte ? Je crois bien… ? Je ne comprenais rien, rien de rien ! Que voulais-je bon sang ?! Me parlait-elle… ? Je ne comprenais pas non plus. J'en venais à me boucher les oreilles, suppliant l'autre malade de fermer sa gueule.

« Je pense que vous avez besoin de vous calmer, je vais attendre dans la salle d'attente. Ouvrez la porte quand vous vous sentez prêt à nouveau. »

Pas compris. Juste une suite de sons vagues, coupés par mes mains et sa voix… sa voix. Son rire me rendait dingue, bon sang ! Secouant la tête, j'allais finir en boule sur ma chaise à lui hurler de se taire. Je devais être pitoyable à voir, hein… ? fessier en culotte de cheval… Calme-toi, mec, calme-toi !

« Tu devrais te calmer en effet. On ne s’entend même plus parler ici… ~ »

Fous toi de moi enfoiré… Je serrais les dents, enlevant une main de ma tête, fouillant dans ma poche. Tu voulais qu'on s'entende parler, hein écornifleur ?! On va s'entendre crois-moi ! J'en sortais rapidement mon couteau, faisant une pression sur la lame avant de l'enfoncer violemment dans ma main gauche.

« Et maintenant, est-ce-qu'on s'entend, hein ?! »

La douleur n'atteignait pas mon cerveau. Seule ma voix qui hurlait après un être imaginaire m'atteignait. Je me rendais sourd à hurler.

« Oups. C'était pas la mauvaise main, ça ? »


Tu crois ça ? Tu crois ça ?! J'enfonçais qu'un peu plus la lame, laissant le sang couler sur le bureau, m'arrachant un léger râle de douleur. As-tu mal, enfoiré ? Où es-tu comme moi ? Un monstre qui rit de la douleur ? Allez, répond-donc !

« RÉPOND-DONC, MERDE ! »

Dans un geste, je donnais un second coup dans le couteau qui allait finir enfoncé jusqu'au manche dans ma main, me faisant mordre les lèvres. Silence. Oh… . ? Oh… ? Oh… ~ Je balançais légèrement la tête sur la droite puis la gauche, d'un mouvement désarticulé, cherchant la psy de l'oeil. Elle a filé où, la Tour… ? ~ Fih… rien de mieux, tien… Je planais ? Endorphines… ? Hahaha… Je lâchais un long rire, m'éclatant le crâne contre le bord du bureau, le sang de ma main ruisselant dessus. Que c'est joli ça… Vraiment… ! ~ Je restais un moment tête sur le bureau, à rire, avant de me dire que la psy devait être dans le coin.

« Je crois que je vais mieux... »

Lâchais-je entre deux rires, la tête toujours posée contre le bureau ma main gauche ne bougeant définitivement plus. Ahlàlàlà… Je plane, plane, plante ! Ouuuups… ~
Un bruissement d'une porte qui s'ouvrait. Puis des pas. Aucun soupir, rien. Elle semblait s'en contre-branler de l'état de son bureau. Mah, tant mieux ! Je riais encore un peu, emporté par tout ça. Un cliquetis, puis les pas vinrent vers moi. Je relevais la tête, voyant la Tour avec une trousse de premier secours en main. Je jetais un œil en biais à ma main, avant de retirer d'un coup le couteau laissant échapper un léger cri de douleur et lui tendre ma main. Je me sentais plus zen, mais pas mieux. Même pire… Je regardais le sol, fessier en culotte de cheval que m'a-t-il pris… ? Je le sentais qui passait une serviette éponge autour de la plaie béante. Je finirais encore à l'hosto pour des points de suture…

« Est-ce ce "Munnin" que vous avez tenter de faire taire en vous mutilant les mains? »



Je regardais le sol, silencieux.

« Non ça, c'était moi. Lui il a fait taire mon père... »

Je serrais les poings, laissant la blessure saigner de plus belle. Je ne lui facilitais pas le boulot, je le sais…

« Quel spectacle… ♪ »



« Ferme-là enfoiré... »

« Et est-ce aussi lui qui s'en est pris aux personnes dont vous me parliez ? »


Je lâchais un soupir, secouant la tête, oppressé. Non… Non…

« Aussi, je crois... ? Je ne fais plus la différence... »

Je ne la faisais plus depuis longtemps… Pourquoi étais-je là, hein… ? Je riais longuement, me mordant les lèvres. Je suis juste un monstre. Un monstre qui n'assume pas… Elle finissait de bander ma main avec une rapidité déconcertante. Diplômée, hein… Je la regardais dans les yeux, un air perdu et morne au visage. Envoyez-moi chez les fous, la Tour, pitié…
Pitié…

« Je comprends… Si vous acceptez, je voudrais ranger votre couteau dans mon bureau, pour éviter que vous ne vous mutiliez encore sur une prochaine crise. Je peux ? »

Hein… ? Je lui faisant non frénétiquement de la tête ? Jamais… Je… Je ne peux pas me séparer de lui, c'est comme une malédiction… Un truc que je ne peux virer de mon être… Il est toujours avec moi, alors que je le sais… Je le sais… Que… Que ce couteau l'a tué… Et en tuera d'autres… Mais je ne peux pas… Je…


« Je ne peux pas… ! »

Je baissais encore la tête, honteux, incapable de lutter… Je suis un lâche. Merci qu'elle ne me questionnait pas sur cette cicatrice au cou… Je me voyais mal lui dire qu'un lâche a voulu me tuer…


Elle hochait de la tête, ma main pansée, avant de s'installer de nouveau sur ce qu'il restait de son bureau, croisant les mains :

« Comme la séance va bientôt arriver à son terme, Auen, je vais vous proposer deux jeux très différents. Est-ce que vous êtes prêt à écouter mes propositions ? »

Je le regardais, la suppliant du regard de mettre fin à cette folie…

« Je suis un joueur contre mon gré… Alors allez-y... »

Plus la force de sourire. J'avais trop joué, et j'avais perdu pour la première fois.

Elle me regardait alors, confiante.

« Vous souffrez de toute évidence d'un sévère TPM, soit un trouble de la personnalité multiple. C'est une maladie mentale qui inclue le symptôme de l'apparition d'une personnalité indépendante de la votre. Aux vues de ces faits, j'ai deux options:
Je peux vous envoyer dans un centre de traitement. Cependant, je pense qu'il est encore possible d'éviter un cas aussi extrême qui ne pourrait en l’occurrence qu'aggraver les choses.
Voilà ma seconde option: Je peux vous laisser rentrer au pensionnat où vous séjournez, et faire suivre votre dossier avec mon analyse à votre CPE, ainsi que vous prescrire un traitement pour lutter contre votre maladie. Le corps enseignant sera prévenu de votre état, mais sera tenu au secret médical et donc ne pourra divulguer aucune information sur votre état de santé. Ensuite, tout ce qui est dit dans ce bureau n'en sortira pas. Il en sera de même chez votre CPE: une fois par semaine, vous devrez vous présenter à un rendez vous dans son bureau pour discuter un petit peu de comment ça se passe, et venir me consulter une fois par mois pendant toute la durée de votre traitement.
Je pense cette seconde solution plus arrangeante. Cependant, si un nouvel incident grave venait à arriver, le centre ne sera plus une option. »



Hein… ? Hein… ? Ma tête devenait lourde… Je… Comprenais pas ?

« Bien… »

Un traitement… ? Je… Hein… ? Pas de centre… ? Perdu… Je me levais morne, la main imbibée de sang par le bandage, regardant la Tour faire mon dossier. Je… Des tests ? Des trucs comme ça ? Je vais en avoir ? Mes jambes devenaient chancelantes. Reconnecte-toi. Récupérant mon couteau qu'elle venait de nettoyer, je me questionnais encore sur le comment j'allais pas finir en taule pour avoir avoué ce… Ce meurtre. Je… Je regardais la Tour, la remerciant d'un hochement de tête, prenant mon ordonnance, voulant juste sortir. Pas de questions, rien. Je ne veux rien savoir, je… Je… Déraille. Je la saluais, un  vague sourire aux lèvres. Plus envie de jouer. Juste rentrer… rentrer…
Je m'éloignais du cabinet, une démarche mal assurée, me calant dans le premier bus qui me tombait dessus. Et me revoilà reparti pour Immo, une nouvelle vie m'attendant là-bas. Un nouvel enfer… ? Vic, Judy… Que penserez-vous de ma décision… ? Ai-je bien fais… ?

« On va jouer un jeu, Auen. Celui qui va craquer le premier, que penses-tu ? »

Hein… ? Je fut pris d'un violent sursaut dans le bus, tremblant. Peur… ? J'ai peur… ? Muninn… sa voix… Non. Non, dans quoi ai-je foutu les pieds fessier en culotte de cheval… ? Je…

Souris mon vieux, on va s'amuser. ~

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